23 février 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2468 du 23.02.2007

 archives : www.tunisnews.net


AFP: France: des associations saluent le procès d’un ex-consul tunisien

AP: Un ancien diplomate tunisien sera jugé pour torture en France

Alain Gresh: Lepénisation des esprits, Tunisie, séries télévisées et torture

Taoufik Ben Brik: Qui écrit encore à Tunis ?

Le Monde: Les musulmans britanniques veulent que l’école s’adapte à la « morale islamique »

Réalités: Un combat pour chaque Tunisien

AFP: Pays-Bas: la burqa « pas souhaitable » dans certains métiers (ministre)

AFP: GB: la justice refuse à une collégienne de 12 ans le port du Niqab à l’école

AFP:Le gouvernement suisse refuse d’interdire la burka dans les lieux publics

ATS:Interdiction générale de la burka dans les espaces publics en Suisse: Le Conseil fédéral est contre, au nom de la liberté religieuses


France: des associations saluent le procès d’un ex-consul tunisien

AFP, jeudi 22 février 2007 PARIS – Des associations de défense des droits de l’Homme ont salué jeudi à Paris la « valeur symbolique » du prochain procès aux assises en France d’un ancien diplomate tunisien pour des actes de torture et barbarie commis en Tunisie. Khaled Ben Saïd, 44 ans, ancien vice-consul de Tunisie à Strasbourg (est), est accusé par une Tunisienne de l’avoir torturée alors qu’il était fonctionnaire de police en Tunisie en 1996. En poste en France au moment du dépôt de plainte en 2001, M. Ben Saïd est aujourd’hui en fuite. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle. Il devrait être jugé par défaut d’ici un an en vertu du principe de « compétence universelle » qui permet de poursuivre toute personne se trouvant en France au moment de l’engagement des poursuites et s’étant rendue coupable de tortures à l’étranger. La compétence universelle, prévue par la Convention contre la torture adoptée à New-York en 1984, a été introduite dans le Code pénal français en 1994. Elle a déjà été mise en pratique en France lors de la condamnation en juillet 2005 d’un officier mauritanien à dix ans de réclusion pour des tortures commises dans son pays. « C’est un succès dans le cadre général de la lutte contre l’impunité », s’est félicité devant la presse Patrick Baudouin, avocat de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), parties civiles. Le procès servira de « caisse de résonance » en Tunisie « où règne de façon constante l’impunité, où toutes les libertés sont confisquées et où l’on pratique la torture et les mauvais traitements », a affirmé Me Baudouin au cours d’une conférence de presse jeudi à Paris. Ayachi Hammami, de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, « aurait préféré que le tortionnaire soit traduit devant la justice tunisienne » mais, a-t-il dit, « la Tunisie a ratifié sans réserve la Convention contre la torture (qui permet l’application de la compétence universelle, ndlr) et doit en assumer les conséquences ». La victime présumée de M. Ben Saïd, Mme Z., vit en France depuis 1997. Son mari est un opposant tunisien. Elle a « espéré qu’à travers cette affaire, les tortionnaires ne se sentiront plus impunis ». Interrogée le 11 octobre 1996 sur les activités de son mari, elle avait été torturée dans les locaux de la police de Jendouba par des hommes dirigés selon elle par le commissaire Khaled Ben Saïd. C’est après avoir appris qu’il avait été nommé vice-consul de Tunisie à Strasbourg en 2000 que cette femme a déposé plainte en France en mai 2001. Un mandat d’arrêt international ainsi qu’une commission rogatoire internationale ont été diffusés contre le diplomate, en fuite depuis fin 2001. Sans résultat. L’avocat de la victime, Me Eric Plouvier, a critiqué les « tergiversations » et la « frilosité » des autorités françaises tout en rendant hommage au juge d’instruction, qui a décidé de traduire aux assises le tortionnaire présumé, plus de dix ans après les faits. AFP


Un ancien diplomate tunisien sera jugé pour torture en France

Associated Press, le 22 février 2007 à 12h24 Un juge d’instruction de Strasbourg a ordonné le renvoi d’un ancien vice-consul de Tunisie en poste dans la capitale alsacienne, Khaled ben Saïd, devant les assises du Bas-Rhin pour des faits de torture commis à Jendouba en 2002, a annoncé jeudi l’avocat de la victime, Me Eric Plouvier. En fuite, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, l’ancien diplomate devrait être jugé par défaut. Il est poursuivi au titre de la Convention contre la torture de 1984 qui confère une compétence universelle aux Etats. Il est accusé d’avoir soumis une femme à des actes de tortures et de barbarie les 11 et 12 octobre 1996 dans les locaux de la police de Jendouba dans le nord-ouest de la Tunisie. Cette décision « est un succès dans le lutte contre l’impunité », s’est félicité jeudi Me Patrick Baudouin, l’avocat de la Fédération internationale des droits de l’Homme lors d’une conférence de presse à Paris. « Ce procès permettra de mettre en lumière l’utilisation de la torture, systématisée par le régime tunisien qui en porte ainsi la responsabilité », ajoute la FIDH dans un communiqué. La FIDH, la Ligue des droits de l’Homme et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, soutenant toutes la victime, soulignent aussi la durée anormale de six ans de l’instruction. Cela ne « s’explique que par la volonté délibérée de l’Etat français de faire obstruction afin de préserver la qualité de ses relations avec la République de Tunisie au détriment de la nécessaire primauté de la lutte contre l’impunité », s’indignent les ONG. Selon la plaignante, son mari a été détenu et torturé dans les locaux de la police de Jendouba en 1991. Il a par la suite quitté la Tunisie pour la France où il a obtenu le statut de réfugié politique le 6 mai 1996. Son épouse, restée en Tunisie avec les cinq enfants du couple, a été arrêtée à son tour le 11 octobre suivant et conduite au poste de police. Dans sa plainte, elle indique y avoir retrouvé quatre femmes de prisonniers qui avaient manifestement été torturées. Elle-même dit avoir fait l’objet d’insultes et d’humiliations, puis Khaled ben Saïd lui aurait ôté son foulard, l’aurait giflée à plusieurs reprises, puis l’aurait confiée à ses subordonnés pour la torturer. Elle aurait ensuite été contrainte de signer sous la menace une déposition avant d’être finalement libérée le 12 octobre. Ayant rejoint son mari en France, elle a appris en 2001 la nomination de son tortionnaire présumé à Strasbourg et a porté plainte. Associated Press  


Lepénisation des esprits, Tunisie, séries télévisées et torture

par Alain Gresh Lepénisation des esprits (suite). La campagne présidentielle est propice à toutes les dérives, et on ne peut douter que les musulmans et l’islam seront un argument « vendeur » pour mobiliser l’électorat. On a déjà vu Nicolas Sarkozy évoquer les musulmans qui égorgeaient les moutons dans les baignoires ; Philippe de Villiers parler des 70 000 mariages forcés en France (quelques jours plus tard il parlait de 120 000 mariages forcés). Nul doute que cette surenchère ne s’arrêtera pas et que la lepénisation des esprits fera quelques progrès. Dans un entretien accordé à Libération le 19 février, Erwan Lecoeur, sociologue, qui a coordonné un livre à paraître le 6 mars, Dictionnaire de l’extrême droite (Larousse), explique que les adversaires de Le Pen se servent du même vocabulaire que lui : « La lepénisation a toujours fonctionné par insertion progressive d’un champ d’idiomes inventés par Le Pen. Or, quand on reprend le vocabulaire de Le Pen, on court le risque de faire entrer dans un discours majoritaire quelque chose qui demeurerait minoritaire. Sarkozy le fait ouvertement, Royal d’une autre manière quand elle parle de « centres fermés » pour les primo-délinquants avec « encadrement militaire ». Ces éléments de langages peuvent servir à la « lepénisation des esprits ». D’autant qu’un nouveau clivage s’installe, celui qui oppose « eux » et « nous ». On le voit dans les « groupes quali » de nos travaux. A propos de l’immigration, soit les gens se lâchent violemment, soit ils refusent d’évoquer le sujet. La lepénisation sémantique de la société va de pair avec l’ethnicisation du social. » On peut se demander si ces prises de position des responsables politiques sont en accord avec celles de l’opinion. La BBC vient de publier un sondage réalisé dans 27 pays du monde, musulmans et non musulmans, qui indique que 52% des personnes interrogées pensent que ce sont des problèmes de pouvoir et de rivalités politiques qui créent des tensions entre l’Occident et l’islam ; seuls 29% pensent que ce sont les différences religieuses et culturelles. En France, ces pourcentages sont respectivement de 56% et de 29%. Dictature tunisienne. Les apologistes du régime de Ben Ali continuent de prétendre que celui-ci s’est engagé dans la bonne direction, qu’avec un peu de patience on verra enfin surgir en Afrique du Nord une vraie démocratie. Ces espoirs sont sans cesse démentis par la réalité, comme le rappelle cette dépêche de Reuters du 17 février, qui relate qu’une cour tunisienne a interdit à la Ligue des droits de l’homme de tenir une conférence. Le même jour, selon d’autres sources, une autre cour a obligé les journalistes et les parents de quatorze inculpés pour « terrorisme » de quitter l’enceinte du tribunal. Le président de cette cour n’est autre que le juge Tarek Braham, qui a été « désigné » comme président de l’Association des magistrats, après que le bureau légalement élu ait été démis par les autorités. Ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le régime ubuesque qui règne à Tunis, avec l’appui déclaré du gouvernement français, pourront lire, dans Le Journal (3 février), hebdomadaire francophone marocain, l’article de Catherine Graciet, « Le régime de Ben Ali à la dérive ». En voici la conclusion :

« Pour se maintenir en poste, le président Ben Ali a mis en place un système répressif digne de l’ex-Allemagne de l’Est : 140 000 policiers (pour 10 millions d’habitants), des indicateurs par centaines de milliers et des comités de quartiers où les citoyens se surveillent eux-mêmes. Ce système a aussi permis à Ben Ali de faire croire qu’il était un rempart contre l’islamisme. Un argument mis à mal par l’attentat de Djerba en 2002 (15 morts dont 11 touristes) et les récents affrontements entre des islamistes armés et des forces de l’ordre dans la banlieue de Tunis. Un argument maintenant périmé au vu de l’islamisation rapide de la société tunisienne qui s’explique notamment par l’absence de libertés et la perte des valeurs traditionnelles (cf. interview de Moncef Marzouki). « Ce retour à la religion se nourrit aussi de la situation en Irak et en Palestine, largement relayée par les chaînes satellitaires arabes. Les Tunisiens se perçoivent d’une part comme une citadelle assiégée et, d’autre part voient le régime de Ben Ali comme un allié des Etats-Unis et de l’Occident », souligne Pierre Vermeren. Une situation délicate pour le président Ben Ali qui tient exclusivement par son emprise sur l’appareil policier. Dans un pays en cours de ré-islamisation dont l’économie s’enrhume, il ne bénéficie plus de légitimité politique et encore moins d’une légitimité religieuse. » Torture et télévision. Le quotidien Libération publie un intéressant article sur les conséquences que les séries américaines, notamment « 24 Heures chrono » (et son héros Jack Bauer) ont sur la banalisation de la torture. Le texte est d’Isabelle Duriez, « Quand »24 Heures chrono » donne des cours de torture » La journaliste écrit : « De 1996 à 2001, 102 scènes de torture ont été diffusées aux heures de grande écoute, et pas moins de 624 de 2002 à 2005. Les bourreaux ne sont plus les méchants, tueurs en série et trafiquants de drogue, mais les gentils, les héros : les patriotes. Cette banalisation a des conséquences particulièrement perverses. Selon l’association américaine de défense des droits de l’homme Human Rights First, elle ne rend pas seulement la torture plus acceptable aux yeux des téléspectateurs, elle influence aussi jusqu’à ceux qui mènent des interrogatoires sur le terrain : les soldats en Irak. « Nous avons un faisceau de preuves qui montre que les jeunes soldats imitent les techniques d’interrogation vues à la télé », alerte David Danzig, qui dirige la campagne Primetime Torture. » Le problème, comme l’expliquent des « spécialistes », c’est que la torture « ne marche pas ». Et la journaliste explique que « c’est ce qu’un petit groupe de vétérans de l’interrogatoire, issus de l’armée et du FBI, ainsi que le doyen de l’académie de West Point, est allé expliquer aux auteurs de 24 Heures chrono. La rencontre inhabituelle a eu lieu sur le plateau, à Hollywood. « Nous leur avons expliqué que les meilleures techniques demandent du temps et de la patience, par exemple, établir une relation personnelle avec l’interrogé, raconte Joe Navarro, un agent du FBI retraité qui a conduit des milliers d’interrogatoires. La torture n’a jamais conduit à la vérité, seulement à la souffrance. Au mieux, l’interrogé vous dira ce que vous voulez entendre. Au pire, vous n’obtiendrez rien. » Les scénaristes ont pris des notes, posé des questions sur les méthodes « douces ». Et argumenté que ce n’est que de la fiction et que les téléspectateurs le savent. « Ils ont été surpris par l’impact de leur série sur les soldats, souligne Joe Navarro. » (Source : le blog d’Alain Gresh, Rédacteur en Chef du « Monde Diplomatique », le 21 février 2007) Lien :  http://blog.mondediplo.net/2007-02-21-Lepenisation-des-esprits-Tunisie-series


L’écrivain Taoufik Ben Brik dénonce la disparition des lieux de parole et d’écriture dans son pays

Qui écrit encore à Tunis ?

Taoufik Ben Brik (*)

 

Jusqu’au quart de siècle dernier, le siècle des siècles, les caïds étaient légion à Tunis.

 

Ali Chewereb, Kamel M’bassia, Ouled Hnifa… Ils régnaient sur des quartiers populaires. Halfaouine, Bab Souika, Bab Jedid…

 

Ils mettaient une certaine agitation dans notre ville. Chicago n’était pas très loin.

 

 Paraître était un devoir. Le Tunisois, même pauvre, pouvait tout perdre à une table, sauf sa gaîté. Il tirait sur la corde en pensant : « Demain, Allah le débrouille… ». C’était l’époque où l’on avait parfois rayé Dieu de la carte du ciel, mais où on croyait encore au diable. Salah Garmadi, le plus tunisois des écrivains tunisois écrivait : « Le garçon se met à ranger les chaises de la terrasse, aperçoit de nouveau le mendiant et lui fait :

 

– Tu es encore là, toi ! Arrête ton éternel « Pour l’amour d’Allah ! ». Qu’est-ce que tu veux encore ? Que je te donne ma tête à bouffer ou quoi ? Je n’ai plus rien à t’offrir, mon vieux, sauf peut-être ce fond de verre de vin.

 

– Oui, donnez-le-moi, pour l’amour d’Allah !

 

– Comment ! Le vin aussi, c’est pour l’amour d’Allah ! ?

 

– Vous allez le jeter, non ? Alors tant qu’à faire, il vaut mieux le jeter dans la bouche plutôt que par terre, vous ne trouvez pas ?

 

Le mendiant arrache le verre de la main de l’hilare garçon, en ingurgite le contenu rosé et se pourlèche les lèvres !

 

– C’est bon ! C’est très bon ! Merci Allah. »

 

A l’époque le Tunisois faisait le siège des femmes et portait un fauve pour faire la java. Il ne pensait qu’à mettre un animal dans les draps de ses conquêtes. Jouer à « la brute » avec des gamines de bonne famille ne l’empêchait pas d’être un bon père. Il était capable de traverser quatre pays pour faire « manger sa marmaille ».

 

Un excès de vie s’abritait dans le ventre de ces citadins voraces, capables à eux seuls de faire flamber toute la ville. Partout Tunis s’amusait. La Marsa, Sidi Bou Saïd, l’Ariana, Jebel Lahmar…

 

Errboukh, la Zerda, l’archi-fiesta durait trois jours et trois nuits. Le baroud tonnait pour annoncer l’apothéose des réjouissances. La place se remplissait de convives, ils se déversaient en poussant des cris de joie et en dansant le Fazani Mertah.

 

C’était quand la dernière Zarda à Tunis ? La dictature a servi de clap de fin à des années d’insouciance, de dolce vita. La saveur des choses, paraît-il, n’est plus la même.

 

Tunis avait tenu son rang au grand concert du plaisir. Le ciel faisait à la ville un habit de lumière. Elle avait glissé deux cartes maîtresses dans sa manche azur. Sur la première, quatre couronnes : Carthage, Rome, Bagdad, Paris. Cet atout écartait Tunis de la province pour longtemps. Les racines de la ville s’abreuvaient au meilleur sang. Sur la seconde, la reine, mer Méditerranée. Les longs plis de sa robe formaient autour de la ville un cercle bleu et immobile. A l’intérieur de ce cercle, le temps semblait passer moins vite. Il fallait plus de cent ans pour épuiser un siècle.

 

Tunis joue les prolongations, la lenteur. Elle se farde, se repoudre, se redore, elle s’étire au soleil. Elle déguste à petites gorgées la fin d’une époque. Dans une maison près du port de plaisance de Sidi Bou Saïd, de gros bébés échangent quelques propos au fond de leurs berceaux. Ils rêvent à haute voix d’Ali Baba et des quarante voleurs : leur babil inventera des noms étrangers. Hannibal, Jughurta, Al Kahina, Salambo. La guigne marche sous les voûtes de son sésame. Tous les tonneaux sont vides. On réussit pourtant à tirer une dernière bouteille de vin. Sur l’étiquette, il est écrit : Autrefois.

 

La dernière fiesta de Tunis fut un enterrement. Personne ne s’y trompa. Le jour qui se leva sur les invités du palais de Carthage eut les couleurs d’un suaire. Il n’éclaira que des visages de cire. Il n’y eut pas de temps à perdre. Tunis se décomposa. Il fallut l’enterrer au cimetière El Jallaz.

 

Tunis se tasse sous un soleil africain, venu après le sirocco de la nuit. La lumière détaille son abandon.

 

Allongée dans sa tombe de lumière, Tunis se fane. Elle a la beauté des jeunes veuves ou des femmes abandonnées. Les Phéniciens, les Romains, les Arabes, les Normands l’ont autrefois couverte d’or et de céramique. Ils ont accroché sur son buste des palais et des Colisée. La ronde infinie des soupirants semble pourtant ne jamais devoir finir. Flaubert se jette à ses pieds avec sa prose. Pour elle, Mahmoud Darwich a oublié sa Palestine. Cette croqueuse de talents est loin d’être une sainte-nitouche et elle s’affiche encore avec des puissants personnages en costume sombre et se roule sans pudeur dans leur lit. Elle a connu l’argent, la force, l’esprit, la canaille. Mais la mauvaise affaire de sa très longue vie, elle l’a connue avec un homme trapu, aux cheveux gominés.

 

Le gominé éclipsa tous les autres. Il périmait les plus modernes, déclassait les plus élégants, condamnait ses successeurs à n’être que des ayants droit.

 

Le président Ben Ali a mutilé l’organe le plus précieux des Tunisois : la langue.

 

Plus de cris ni de chuchotements, juste des grognements de muets. L’âme de Tunis a été brisée sur un récif d’acier. Il n’y a plus de théâtre, plus de poésie, plus de roman, plus de musique, plus de danse. Un nulle part au sud. Qu’est devenu Mohamed Guerfi, le plus grand musicien tunisien, l’égal des frères Rahabani ? Interdit de festival pour son franc parler légendaire. Depuis six ans, il ne vit plus de sa musique. Il est contraint de brader ses biens pour survivre.

 

Qu’est devenue cette conscience morale qu’était la troupe du Nouveau Théâtre de Fadel Jaïbi et Fadel Jaziri ? A chaque nouvelle représentation, elle attirait des spectateurs de Suède, du Liban, du Maroc, d’Egypte. Qu’est devenu le plasticien Habib Chebil ? Qu’est devenu Ouled Ahmed, le poète du vin et de l’amour ? Il n’écrit plus.

 

Mais qui écrit encore à Tunis ? Se balader du côté des bars, des cafés tels que l’Univers, le Florence, la Rotonde, le Kilt, c’est entrer dans le monde des ex. Ex-journalistes, ex-écrivains, ex-comédiens. Les anciens temples de la parole et de l’écriture ont été brûlés en fumée de pétard. Les survivants de cette fellouja ont vendu leur âme ou se sont exilés dans d’autres langues.

 

Ce Tunis doit tout à Ben Ali. Il est son professeur et lui a appris à se déposséder de sa mémoire. Et c’est la fin de la fin, le coup de grâce. Seules des silhouettes immobiles animent encore cet univers de cénotaphe. Des femmes au sourire de marbre, des vierges à l’abdomen de carton, empaillées. La nature achève le travail du temps et tord le cou à ces frêles beautés. Mais alors, dites-moi, que nous reste-t-il de ce Tunis disparu ?

 

Quelque chose qui, assurément, est plus beau que la gloire de ces époques si vite enfouies, plus beau que la vie même : la prière de l’absent.

 

(*) Taoufik Ben Brik est journaliste et écrivain tunisien.

 

(Source : « Le Monde » du 23 février 2007)

 


Les musulmans britanniques veulent que l’école s’adapte à la « morale islamique »

 

LONDRES CORRESPONDANT

 

Les jeunes musulmans doivent pouvoir porter la barbe à l’école, les jeunes filles revêtir le foulard islamique pendant tous les cours, y compris ceux d’éducation physique, les étudiants doivent pouvoir être dispensés des leçons d’éducation sexuelle. Telles sont quelques-unes des demandes faites par le Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), la principale organisation représentative des 1,6 million de musulmans qui vivent dans le royaume.

 

Dans un document de 72 pages rendu public le 21 février, le MCB demande au gouvernement de permettre aux 400 000 jeunes musulmans d’exprimer plus librement leurs pratiques religieuses dans les écoles publiques, où 96 % d’entre eux étudient. Les autres fréquentent des écoles privées, ou l’une des cinq écoles d’Etat musulmanes. Le MCB regrette que certaines écoles n’aient pas été « réceptives aux revendications légitimes et raisonnables des parents et des enfants musulmans quant à leurs préoccupations dictées par la foi ».

 

Le document du MCB tient à la fois du catalogue de recommandations et du cahier de doléances. Son importance politique découle de l’influence du MCB. Cette organisation, fondée en 1997, chapeaute plus de 400 associations religieuses, culturelles, sociales et professionnelles musulmanes. Elle veut parler au nom de la principale minorité religieuse du Royaume-Uni. Le gouvernement de Tony Blair a fait du MCB son interlocuteur musulman privilégié, notamment depuis les attentats de Londres en juillet 2005.

 

Le MCB souhaite que garçons et filles puissent exprimer leur fidélité au concept musulman de haya (« pudeur ») dans leurs tenues vestimentaires. Les étudiantes doivent pouvoir être coiffées à tout moment du foulard islamique ou revêtir le jilbab, une longue robe qui descend jusqu’aux chevilles. Le MCB ne dit pas un mot du niqab, le voile intégral qui ne laisse apparaître que les yeux. Lors des cours d’éducation physique, le MCB recommande aux élèves de porter un survêtement, et aux jeunes filles de se coiffer du foulard islamique « en le nouant d’une manière sûre ».

 

La mixité doit être exclue des sports collectifs impliquant des contacts physiques, comme le football et le basket-ball. Le MCB demande que les élèves puissent se changer dans des cabines individuelles, et non en groupe, et qu’ils soient dispensés de douche après le sport si celle-ci expose leur corps à la vue des autres enfants, car « l’islam interdit d’être nu devant les autres ou d’apercevoir la nudité des autres ». Les leçons de natation enseignées aux garçons et aux filles ensemble sont « inacceptables pour des raisons de décence, aux yeux des parents musulmans ».

 

« PERSPECTIVES MORALES »

 

Si l’école ne peut séparer les sexes, les enfants doivent pouvoir être dispensés de ces cours. Même chose pour les leçons de danse, cette dernière n’étant pas « une activité normale pour la plupart des familles musulmanes ». La danse, souligne le MCB, « n’est pas compatible avec les exigences de la pudeur islamique, car elle peut revêtir des connotations et adresser des messages sexuels ».

 

L’éducation sexuelle, obligatoire dans le secondaire, doit, selon le MCB, être enseignée aux élèves par des professeurs du même sexe. Le recours à des objets ou à des « schémas représentant les organes génitaux » pour illustrer des leçons sur la contraception ou sur les préservatifs est « totalement inapproprié, car encourageant un comportement moralement inacceptable ». Les écoles doivent prendre en compte « les perspectives morales islamiques ».

 

La publication du manifeste du MCB a suscité une mise au point du ministère de l’éducation. Ce document, a-t-il déclaré, ne cadre pas avec « le code de conduite » officiel en vigueur dans les écoles publiques, et n’a donc « aucun caractère obligatoire ». Un porte-parole du syndicat des chefs d’établissement a critiqué « cette liste de demandes » qui risque de provoquer « un retour de manivelle ».

 

Jean-Pierre Langellier

 

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La Haute Cour contre le port du voile intégral à l’école

 

Un arrêt de la Haute Cour de justice a donné raison, jeudi 22 février, à une école qui avait expulsé une élève musulmane de 12 ans qui exigeait le droit de porter le « niqab », le voile intégral, pendant les cours. Par ailleurs, lors de la comparution devant la justice des accusés des attentats manqués du 21 juillet 2005 à Londres, la vidéo d’une caméra de surveillance a attesté que l’un d’eux s’était enfui, dissimulé dans une robe islamique.

 

(Source : « Le Monde » du 24 février 2007)

 

 


 

Un combat pour chaque Tunisien

Par Foued Zaouche C’est en écoutant Tarik Ramadhan, un idéologue des Frères musulmans, à une émission récente de «Ripostes », que j’ai compris pourquoi les islamistes imposaient le voile comme une obligation absolue… Je veux dire auparavant combien, lors de cette émission, j’avais été surpris par la haine exprimée par cet homme envers la Tunisie qui avait été citée comme un exemple de modernité et d’ouverture, une haine suintante de rage et de hargne envers notre pays qui a su conjuguer une foi sereine et moderne, une haine que l’on retrouve, sur les chaînes satellitaires, dans tous les sermons télévisuels de ces imams qui s’approprient une parole qui ne leur appartient pas car la grande modernité de l’Islam est qu’il n’y a pas, au sein de notre religion, de clergé. Il n’empêche que ces hommes s’approprient une identité dont ils ont fait leur fond de commerce car tous ces discours ne se résument qu’à une ambition politique, une voie pour conquérir le pouvoir et cela n’a rien de spirituel. Il ne faut pas voir dans ces imams des hommes différents et particulièrement doués, ce ne sont que des hommes ordinaires avec leurs faiblesses et leurs passions qui trop souvent s’accaparent la religion à leur seul profit. La grandeur de l’Islam est d’avoir supprimé toute forme de clergé et de laisser le fidèle seul face à sa conscience et face à Dieu. Pas d’intermédiaire, ni d’intercesseur, le chemin du Bien est tracé pour chacun d’entre nous et seuls comptent nos actes réels. Les islamistes n’ont pour unique programme que la chape de plomb qu’ils font peser sur les consciences. Il suffit d’observer les pays où ils exercent le pouvoir : plus de paraboles, plus de musique, plus de théâtre, plus de cinéma, plus de journaux… Un âge des ténèbres semblable à une prison mentale car ces gens ont peur du libre arbitre, de la notion d’individu libre et singulier, de l’expression d’un esprit critique… Ce sont les mêmes gens qui ont fait tomber durant des siècles la brillante civilisation islamique en décadence dans un obscurantisme douloureux. Leur vision n’est pas de construire un avenir mais de perpétuer un passé qui n’est que le reflet de leurs propres privilèges. Pourquoi donc les islamistes font-ils du voile un impératif à leur combat politique? Dans notre pays et dans plusieurs pays arabes, les femmes s’étaient affranchies des pesanteurs culturelles et s’étaient émancipées avec les mouvements d’indépendances, le port du voile avait été abandonné comme une pratique désuète dans une compréhension nouvelle de l’Islam qui est la religion de la tolérance et de la modernité. Qui peut nier que le retour de l’obligation de porter le voile est un phénomène récent qui date des années 70 et qui a correspondu à la prise de pouvoir de Khomeiny en Iran ? Il n’y a pas si longtemps, je regardais à la télévision un concert des années 60, au Caire, de l’immense Om Kalthoum et je constatais avec étonnement qu’à cette manifestation aucune femme présente dans la salle n’était voilée, la grande cantatrice elle-même ne l’était pas. Est-ce à dire que celle qui dans sa jeunesse psalmodiait les textes religieux n’était pas une bonne musulmane ? Pour celui qui observe aujourd’hui la rue du Caire, il est consternant de constater que l’immense majorité des femmes égyptiennes est voilée. On mesure alors le travail et l’habilité de tous ces manipulateurs et démagogues qui ont su conditionner des esprits en mal de certitudes, c’est aussi la démonstration de l’échec des intellectuels égyptiens qui n’ont pas fait de ce combat leur première priorité car il y va maintenant de leur propre survie. Pourquoi donc les islamistes font-ils du voile un impératif ? Une fois accepté que ces gens-là mènent un combat strictement politique en vue de la prise du pouvoir, le port du voile devient un slogan politique et une manière de se compter, une forme d’étendard servant à créer un effet d’entraînement et donc à convertir par mimétisme. Ils profitent de la naïveté et de la sincérité d’êtres fragiles pour asseoir leur pouvoir sur les consciences. Il faudra bien pour ces gens accepter que la femme et l’homme sont deux êtres égaux en droits et en devoirs, chacun empli d’une génétique féconde et plurielle et qu’il n’y a aucune raison, ni religieuse ni culturelle, qu’un sexe prenne l’ascendant sur un autre, sinon pour l’homme en obéissant à la force brute et brutale de sa nature animale. Une relation m’a rétorqué un jour : Pourquoi, nous les hommes, serions-nous concernés par le port du voile ? Après tout, il n’y a que les femmes qui le soient et peut-être les salons de coiffure !… » ajouta-t-il en éclatant de rire. Voilà le drame de ces personnes qui ne parviennent pas à globaliser un phénomène et qui ne l’appréhendent que par le petit bout de la lorgnette. Le voile est symptomatique d’un état d’esprit. On commence par l’instauration du voile, qui peut sembler dérisoire, pour ouvrir la porte à un pouvoir dogmatique et sans nuance au profit de ceux qui le prônent, on reconnaît un pouvoir à ceux qui veulent interpréter la religion d’une manière dogmatique et obscurantiste. C’est sur ce pouvoir, que certains leur reconnaissent, qu’ils bâtissent leur stratégie de conquête. Ils s’approprient une parole qui ne leur appartient pas, en commençant par le voile, pour insidieusement pénétrer tous les domaines de la pensée. Voilà pourquoi il faut dire non au voile car il est le socle sur lequel s’appuient ces démagogues pour asseoir leur pouvoir, c’est le fil qui permet de défaire la pelote. Voilà pourquoi les islamistes de tous bords nourrissent envers la Tunisie cette haine tenace car nous sommes pour eux le contre exemple qu’il faut détruire, le contre exemple d’un pays musulman qui vit sa foi en toute tranquillité, celui d’un Islam serein et moderne dans lequel le Tunisien a su refréner ses instincts primaires pour cohabiter avec la femme en bonne intelligence. Il faut bien comprendre que cette singularité de la Tunisie, qui fait sa grandeur, a un prix que chacun de nous doit assumer comme un devoir absolu. C’est le devoir sacré de chaque Tunisien de défendre sa mère, sa femme, sa fille, sa sœur de l’emprise de ces démagogues politiques, c’est le combat de chacun de nous pour promouvoir un Islam tolérant et serein contre les tenants d’un Islam rigoriste et archaïque, qui voudraient nous replonger dans une lecture aveugle et formaliste des textes sacrés, une lecture qui a déjà sonné une fois, il y six siècles environ, le glas d’une brillante civilisation qui avait comme priorité la recherche de la connaissance. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1104 du 22 février 2007)  


Pays-Bas: la burqa « pas souhaitable » dans certains métiers (ministre)

AFP, le 23 février 2007 à 12h16 LA HAYE, 23 fév 2007 (AFP) – La nouvelle ministre néerlandaise de l’Intégration Ella Vogelaar a estimé vendredi que le port de la burqa n’est « pas souhaitable » dans des « fonctions où les contacts humains sont importants ». Le port de la burqa, voile couvrant le visage et le corps, « n’est pas souhaitable lorsqu’il forme un obstacle dans des fonctions où les contacts humains sont importants, lorsqu’un contact direct entre personnes, de visu, est important », a déclaré à la télévision publique NOS la ministre, citant comme exemples l’enseignement et les soins de santé. Mme Vogelaar n’est pas ailleurs pas opposée au port de la burqa « en rue ». Issue du parti travailliste (PvdA) et nommée jeudi au sein du nouveau gouvernement néerlandais, Mme Vogelaar occupe un ministère, de l’Intégration et de la Ville, spécialement créé pour mettre en oeuvre et accomplir le programme du gouvernement en matière d’intégration et d’amélioration de quartiers défavorisés dans les grandes villes néerlandaises. Mme Vogelaar ne dispose pas de l’infrastructure classique d’un ministère, mais ses compétences s’étendent sur les départements de plusieurs de ses collègues. Elle a un budget de 3,3 milliards d’euros, selon la télévision. Le nouveau gouvernement souhaite interdire le port de vêtements qui couvrent le visage lorsque ces vêtements peuvent entraver le maintien de l’ordre public.  


 

GB: la justice refuse à une collégienne de 12 ans le port du Niqab à l’école

 

AFP, le 21 février 2007 à 12h25

 

LONDRES, 21 fév 2007 (AFP) – La justice britannique a confirmé mercredi la décision d’un collège d’interdire à une élève de 12 ans le port en classe du niqab, qui ne laisse visible que les yeux.

 

La Haute cour de justice a rejeté les arguments de la défense selon lesquels l’interdiction était « irrationnelle ». Dan Squires, l’avocat de l’adolescente, avait également fait valoir que cette interdiction violait sa liberté de « pensée, de conscience et de religion », en vertu de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme.

 

Le père de la collégienne avait saisi la justice après la décision de cette école du Buckinghamshire (nord-est de Londres).

 

Cet établissement pour filles autorise en revanche le port d’un simple voile (hijab), couvrant les cheveux, les oreilles et le cou, mais laissant le visage à découvert. Quelque 120 des 1.300 filles scolarisées dans l’établissement mis en cause sont musulmanes, et plus de la moitié d’entre elles portent le foulard islamique.

 

La collégienne avait commencé à porter le niqab en septembre dernier. Mais en octobre, elle s’est vu expliquer que les enseignants y étaient défavorables, pensant que cela rendrait la communication difficile.

 

L’an dernier, dans une affaire similaire, la plus haute instance judiciaire britannique, les Law Lords, avait à l’issue d’une longue bataille judiciaire donné raison à un lycée de Luton (nord-est de Londres) qui avait refusé à une lycéenne le droit de porter une longue robe islamique.  


Interdiction générale de la burka dans les espaces publics en Suisse

Le Conseil fédéral est contre, au nom de la liberté religieuses

ATS, le 16 février 2007 Berne (ats) La Suisse ne va pas interdire le port de la burka dans les espaces publics. Le Conseil fédéral refuse cette mesure au nom de la liberté religieuse. Pas question non plus de recourir à des sanctions si davantage de femmes se couvraient entièrement le corps et la tête. Contrairement au voile, la burka cache entièrement le visage. Le gouvernement néerlandais envisage son interdiction générale. Le pas a déjà été franchi par quelques villes belges. Invité par le conseiller national Christophe Darbellay (PDC/VS) à dire s’il comptait suivre cette ligne, le Conseil fédéral a répondu par la négative, évoquant la liberté religieuse inscrite dans la constitution. De nombreux musulmans pratiquant déduisent du Coran l’obligation religieuse pour les femmes de couvrir leur corps et leur tête, écrit-il dans sa réponse publiée vendredi. Or la liberté religieuse ne peut être restreinte que s’il existe une base légale, qu’un intérêt public ou la protection d’un droit fondamental d’autrui le justifie, que la restriction soit proportionnée et que l’essence de la liberté religieuse demeure intacte. Ainsi nul ne peut être contraint d’accomplir un acte religieux. Interdiction ciblées Une interdiction générale du port de la burka dans les espaces publics ne répond en revanche pas à ces critères. Les cantons restent toutefois libres de prononcer des interdictions ciblées. Le gouvernement genevois a ainsi interdit à une enseignante musulmane, dans une école primaire publique, de porter le foulard islamique pour donner cours. Cette décision était liée à la neutralité confessionnelle de l’école et avait pour corollaire l’interdiction d’influencer les convictions religieuses des élèves. (Source: www.romandie.com, le février 2007)  


Le gouvernement suisse refuse d’interdire la burka dans les lieux publics

AFP, le 16 février 2007 à 18h19 BERNE, 16 fév 2007 (AFP) – Le gouvernement suisse s’est prononcé contre l’interdiction du port dans les lieux publics de la burka, un vêtement qui cache entièrement le corps et le visage des femmes, dont le port est préconisé par certaines traditions islamiques intégristes. Une interdiction de la burka dans les lieux publics serait contraire à la liberté religieuse garantie par la constitution suisse, a estimé le gouvernement dans une réponse à la question d’un député, publiée vendredi. « De nombreux musulmans pratiquant déduisent du Coran l’obligation religieuse pour les femmes de couvrir leur corps et leur tête », relève le gouvernement. « Or la liberté religieuse ne peut être restreinte que s’il existe une base légale, qu’un intérêt public ou la protection d’un droit fondamental d’autrui le justifie, que la restriction soit proportionnée et que l’essence de la liberté religieuse demeure intacte », poursuit-il. Si « nul ne peut être contraint d’accomplir un acte religieux », une interdiction générale du port de la burka dans les espaces publics ne répondrait pas non plus à ces critères, conclut l’exécutif fédéral. Les cantons suisses restent toutefois libres de prononcer des interdictions ciblées: le gouvernement du canton de Genève a ainsi interdit à une enseignante musulmane, dans une école primaire publique, de porter le foulard islamique pour donner ses cours. Cette décision était liée à la neutralité confessionnelle de l’école et avait pour corollaire l’interdiction d’influencer les convictions religieuses des élèves. AFP


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