23 août 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3014 du 23.08.2008

 archives : www.tunisnews.net  


Amor Harouni:REFLEXION  SUR LES DROITS DE L’HOMME EN TUNISIE

Ouest-France: Le Tunisien de Nantes est toujours en prison
AFP: JO-2008 – Tunisie: Oussama Mellouli accueilli en héros à Tunis AFP: Italie: nouvelles arrivées de clandestins, le centre de Lampedusa surpeuplé Le Monde diplomatique: Une vie singulière et multiple Le Quotidien d´Oran: Siné, Badiou et Fallaci, ou les indignations sélectives


REFLEXION  SUR LES DROITS DE L’HOMME EN TUNISIE

Ecrit par Amor père de Abdelkarim et de Hend Harouni  

Tunis le 23 août, 2008-21 chabane 1429 D’après le journal LA PRESSE du 23.08.2008, « l’état ne cesse d’entreprendre des réformes et décisions pour que chaque Tunisien et chaque Tunisienne partout où ils se trouvent bénéficient de leurs droits politiques, économiques, sociaux et culturels et pour que ces précieuses valeurs universelles soient respectées par tous. Nous avons entendu et ce, à maintes reprises que depuis le changement des droits de l’homme sont intimement liés à notre identité, à notre dignité et à notre bien-être à l’autonomie de notre décision politique et à l’invulnérabilité de la nation à la faveur de l’état de droit et des institutions de la république citoyenne. La promotion, le renforcement et l’enrichissement des droits de l’homme sont dans notre pays un dispositif qui se construit au quotidien ». Or, ce que l’on constate actuellement et cela dure depuis belle lurette, cette orchestration assourdissante du Comité Supérieur des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales qui dit généralement qu’en la matière, tout beigne dans l’huile et alors là on se demande s’il n’y a pas contradiction.  Dernièrement, (un cas parmi tant d’autres) un citoyen ancien prisonnier politique, Monsieur Lotfi Ouerghi a demandé à ce Comité Supérieur d’intervenir (20 demandes adressées) pour la réhabilitation de ses droits les plus élémentaires, tels que le droit au retour à son travail pour subvenir aux besoins de sa famille, l’accès aux soins médicaux, l’obtention du passeport et dédommagements et autres droits civils. Mais malheureusement, rien ne s’est pointé à l’horizon et point de réponses. Par ailleurs, la plupart des anciens prisonniers politiques se trouve dans des cas similaires sans oublier ceux qui croupissent  encore en prison depuis voilà 18 années, sans parler des grèves de la faim, dernier recours de certains d’entre eux  et n’engendrant aucune réaction de la part des autorités, harcèlements policiers quotidiens, interdiction de certains déplacement dans la république, ni de visites chez les amis exception faite en cas de présentation de condoléances et encore, à l’invitation à une noce sans oublier le muselage du droit à la parole ainsi que l’interdiction de contacts audiovisuels, filatures policières quotidiennes pour la majorité des cas. Tout ceci est inconcevable surtout en ce qui concerne la censure de l’internet, écoutes téléphoniques et j’en passe. Il s’avère que dans ce contexte que certains partis politiques et les activistes des organisations des droits de l’homme ne sont pas également épargnés et aucune prise de conscience pour le retour des exilés à la mère patrie. Finalement, il s’avère qu’entre théorie et pratique, il n’ya pas de crédibilité dans les discours raisonnants que dans les faits. En conclusion, il ne reste plus qu’une seule solution que je crois la meilleure, c’est la concrétisation d’un réel changement qui englobe toutes les catégories Tunisiennes sans aucune discrimination ni exclusion (pain quotidien du pauvre peuple à l’heure actuelle) mais  l’histoire retiendra que de tels procédés anticonstitutionnels et inhumains ne sauraient durer éternellement et ALLAH saura reconnaitre les siens. Démocratiquement Votre. Amor Harouni-Tunisie 


Le Tunisien de Nantes est toujours en prison

Naceur veut remuer ciel et terre pour faire libérer son frère, « condamné de manière arbitraire ». Il compte notamment sur la mobilisation des Nantais.

 

Ess’ghaier Belkhiri, Nantais originaire de Redeyef, croupit depuis trois semaines dans les geôles tunisiennes. Ses proches restent sans nouvelles.

« Je n’ai plus aucune nouvelle d’Ess’ghaier… Même ses avocats n’en ont pas… » La voix de Vanessa s’étrangle lorsqu’elle évoque son compagnon. Voilà un peu plus de trois semaines que ce maçon de 29 ans, qui réside à Nantes depuis une dizaine d’années, se morfond dans une prison « sans confort », à Gafsa, en Tunisie (Ouest-France du 8 août). « On devait se marier le 12 août, raconte Vanessa. Il était parti quelques jours avant pour tout organiser à Redeyef, où vit le reste de sa famille. »

Depuis plusieurs mois, cette petite ville minière de 30 000 habitants, située à 400 km au sud de Tunis, est en ébullition. Sur fond de grande pauvreté et de flambée des prix, le « peuple des mines », comme on l’a surnommé là-bas, se bat contre le chômage et la corruption du pouvoir en place.

« Prisons pleines »

C’est dans ce contexte exalté que la police tunisienne a arrêté Ess’ghaier Belkhiri à sa sortie du bateau, le 1er août dernier. Accusé de « financer la rébellion » à cause d’une petite somme d’argent retrouvée sur lui, il attend d’être jugé. « Il risque vingt ans de réclusion, poursuit son frère Naceur. Mais l’argent retrouvé n’est qu’un prétexte. En fait, le pouvoir de Ben Ali ne lui pardonne pas d’avoir participé, à Nantes, aux manifestations de soutien à la population de Redeyef. »

Depuis l’arrestation d’Ess’ghaier Belkhiri, les initiatives se multiplient. Un courrier a été adressé à Rama Yade, la secrétaire d’État en charge des Droits de l’homme, pour lui demander d’intervenir « fermement » auprès des autorités tunisiennes. Vanessa s’est également déplacée quelques jours à Redeyef.

« Les visites en prison m’ont été refusées parce que nous ne sommes pas mariés,précise-t-elle, les larmes aux yeux. L’ambassade de France m’a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir. Tout en m’affirmant que l’affaire prenait une tournure très politique… »

Sur place, Vanessa a été frappée par le climat qui règne à Redeyef. Elle évoque le rouleau compresseur d’un régime policier, « des militaires à tous les coins de rue, une population qui vit dans la peur, des prisons pleines, des gens qui ont fui dans les montagnes pour échapper à la répression… »

Si Ess’ghaier n’est pas libéré dans les prochains jours, Vanessa et Naceur comptent sur la mobilisation des Nantais. Sous quelle forme ? « Nous ne le savons pas encore… Mais il faut qu’Ess’ghaier sache qu’on ne l’oublie pas ».

Joël BIGORGNE.

(Source: le site www.ouest-france.fr le 23 août 2008)

 

 

 


 

 

JO-2008 – Tunisie: Oussama Mellouli accueilli en héros à Tunis

23.08.2008 21:46 Le Tunisien Oussama Mellouli, médaille d’or du 1500 m nage libre des jeux Olympiques de Pékin, a fait un retour triomphal dans son pays, où une foule en fête l’a accueilli à son arrivée samedi à Tunis. “C’est un triomphe, j’ai relevé le défi!”, a lancé le nageur, disant sa “fierté” d’offrir à la Tunisie la toute première médaille d’or en natation de son histoire. Oussama Mellouli, 24 ans, est le premier Tunisien à remporter un titre olympique, 40 ans après l’athlète Mohamed Gammoudi (sur 5000 m) aux JO de Mexico en 1968. Ce vétéran était à l’accueil du nouveau champion. “Nous avons réalisé un rêve qui a duré plus de 40 ans, grâce à Oussama plus de complexes, la voix est ouverte”, a-t-il affirmé. Suspendu pour un contrôle positif aux amphétamines en novembre 2006, Oussama Mellouli s’est entraîné dans le sud de la Californie pour son retour concluant en compétition. Massés devant l’aéroport, des centaines de supporteurs en délire ont acclamé le “nouveau champion” agitant banderoles de bienvenue et des drapeaux rouge et blanc de la Tunisie, au milieu de cavaliers et de troupes de musiques. “Par son talent, Oussama a fait honneur non seulement à la natation et à son pays mais à l’Afrique entière”, a lancé ému, Larbi Janhani, dirigeant de la fédération tunisienne de natation. Venant de Pékin, Oussama Mellouli a reçu un accueil officiel par le ministre des Sports Abdallah Kaabi, et devait être reçu au palais de Carthage par le président Zine El Abidine Ben Ali. (AFP)

C’est offciel : Facebook est mort !

par Escalier7 Ce matin samedi 23 Août 2008, facebook le plus populaire des réseaux sociaux en Tunisie vient d’être censuré par notre vieil ami Ammar. Merci à tous ceux et celles qui regardent internet se rétrécir tous les jours sans piquer une crise. (Source: le blog « Escalier7 », le 23 août 2008 à 08h30) Lien : http://escalier7.blogspot.com/2008/08/cest-offciel-facebook-est-mort.html


Italie: nouvelles arrivées de clandestins, le centre de Lampedusa surpeuplé

AFP, le 23 août 2008 à 10h40 ROME, 23 août 2008 (AFP) – Près de 300 clandestins ont été secourus tôt samedi près des côtes italiennes, dont un groupe de 245 personnes en provenance d’Erythrée, a-t-on appris auprès de la police de Palerme (Sicile). Le bateau de pêche sur lequel se trouvaient 245 personnes dont 29 femmes et six enfants, a été secouru par une vedette de la police financière et le groupe a été débarqué à Syracuse (côte est de la Sicile), selon la même source. Un autre groupe de 45 immigrés a été secouru dans la nuit de vendredi à samedi au large de Lampedusa, à l’extrême sud de l’Italie où le centre de premier accueil des réfugiés comptait samedi matin 1.500 personnes pour 850 places, a indiqué un responsable à l’AFP. “La situation est tranquille, des transfèrements doivent avoir lieu dans l’après-midi de samedi” vers d’autres centres de rétention en Italie, a précisé par téléphone Federico Miragliotta. Plus de 500 immigrés étaient arrivés vendredi à Lampedusa, porte de l’Europe pour les clandestins qui s’embarquent en Libye. Le record de surpopulation au centre de Lampedusa, où les immigrés ne restent pas plus de 72 heures, a été battu le 31 juillet dernier avec 1.700 personnes. Le nombre d’immigrés clandestins débarqués par la mer sur les côtes italiennes a quasiment doublé au cours des sept premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2007, dépassant les 15.000, selon le ministère de l’Intérieur. AFP


Une vie singulière et multiple

Par Marina Da Silva

Journaliste.

« Mais à qui pourrais-je bien parler ? Qui serait prêt à m’écouter à une heure pareille ? » C’est la nuit. « Une lente nuit » qui laisse le narrateur, un jeune immigré tunisien, « le corps brisé, l’esprit atteint de mille coups ». Ce beau titre, La Nuit de l’étranger, déjà nous interroge : y aurait-il dans la nuit de l’étranger quelque chose d’autre que dans la nuit de tout un chacun ?

Né à Kairouan (Tunisie) en 1951, Habib Selmi est agrégé d’arabe et vit à Paris depuis 1983. Il a publié six romans et deux recueils de nouvelles. Il est considéré comme un des meilleurs écrivains tunisiens de langue arabe. Cette expérience de la Nuit de l’étranger, c’est aussi la sienne.Singulière et multiple. Comme celle de ses personnages, constituée dans le déracinement, cette avancée sur un fil lorsque les amarres ont été rompues, les repères balayés et qu’il faut se reconstruire des amis, une langue, un pays qui ne seront jamais tout à fait les siens. Faire le deuil de ce que l’on a quitté, se fabriquer une nouvelle vie. Etre d’ici et de là-bas au risque de n’être ni de là-bas ni d’ici.

La nuit agit comme un révélateur. Elle est le lieu d’accueil de tous les souvenirs et donne des indications sur la manière d’être au monde du narrateur. Dans sa chambre parisienne, il a pour seul antidote à l’angoisse et à la solitude un petit carnet d’adresses défraîchi où les noms qu’il a jetés sont pour la plupart ceux de compatriotes exilés comme lui.

Hamouda et sa femme Hadhria : « Ils étaient comme la plupart des émigrés qui se réfugient dans la parole pour lutter contre le temps qui passe, contre une vie qu’ils n’ont pas choisie. » Souad, qui ne se remet pas du changement d’attitude de son père lorsqu’elle est devenue une jeune fille : « Comme si ça ne lui était jamais venu à l’esprit, comme si j’appartenais à un temps immuable. » Hamouda et Hadhria ont quitté Haoureb parce que « les spermatozoïdes d’Hamouda n’avaient pas assez de force pour atteindre les ovules de Hadhria ». Le traitement en France, long et coûteux, sera leur seule solution de rechange. Souad se laissera appeler « la putain de Belleville » comme une provocation assumée envers ce père aimant et aimé qui s’est érigé en gardien d’une vertu qu’elle ne veut pas lui céder.

Et puis, il y a encore Adel, rencontré dans un Airbus A300, avant son arrestation pour interrogatoire, puis dans un café, et qui va devenir son ami. Adel, qui a perdu le goût de devenir médecin, « ce grand rêve sans lequel il n’aurait pas émigré en France ». Il médite sur son itinéraire et sur celui de son père avant lui. Tous ont une raison de fuir, qui n’est pas forcément d’ordre économique. On entre dans cette histoire pleine et dense par petites touches, avec des allers-retours entre ici et là-bas.

La structure narrative du roman, qui s’ancre dans quatre histoires de vie, les esquisse, les découvre, les emmêle, se révèle captivante et vient donner une consistance commune aux personnages. Elle déroule les événements tragiques sous une fausse insignifiance, hors de tout misérabilisme. Ce parti pris, qui amène le lecteur à partager le déplacement géographique et existentiel des personnages, est aussi une invitation au déplacement hors de ses propres frontières, pour aller à la rencontre de l’Autre.


La Nuit de l’étranger de Habib Selmi, traduit de l’arabe (Tunisie) par Evelyne Larguèche et Françoise Neyrod, Actes Sud, coll. « Mondes arabes », Arles, 2008, 190 pages, 19 euros.

 

(Source: “Le Monde diplomatique ” (Mensuel – France) juillet 2008) Lien: http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/DA_SILVA/16198


Quotidien- Oran: Siné, Badiou et Fallaci, ou les indignations sélectives

par Akram Belkaïd De manière régulière, la France est secouée par une polémique dont seul ce pays semble posséder le secret. Souvent, tout part d’un événement particulier qui enflamme en quelques jours l’Hexagone. À moins d’éteindre la télévision, de ne plus lire la presse écrite et d’éviter Internet, il n’est plus possible d’y échapper. C’est « le » sujet du moment et tout le monde doit dire ce qu’il en pense. Comme dans les histoires de famille, nombre de ces inflammations médiatiques réveillent d’anciennes rancœurs, en créent de nouvelles tout en remettant au goût du jour des procès que l’on croyait soldés. C’est ce qui fait que l’observateur étranger a du mal à comprendre l’ampleur et la virulence des empoignades. Prenons, par exemple, le cas de Siné qui vient d’être débarqué de Charlie-Hebdo pour avoir commis un article jugé antisémite à l’encontre du rejeton de Nicolas Sarkozy. Si l’on ne sait pas que cela fait des années que plusieurs personnes – journalistes, écrivains ou hommes politiques – rêvent d’avoir la peau de ce dessinateur, on ne comprend pas pourquoi ce licenciement fait couler tant d’encre. Et cette affaire n’est que le énième avatar de la lutte qui oppose en France, depuis les années 1970, pro et anti-Palestiniens puisque, en réalité, ce n’est pas son article que Siné paie mais son engagement pour la cause palestinienne. Pendant que les souris s’étripent, le chat rafle le fromage… Parfois le tintamarre s’annonce comme un gros orage d’été. Ce fut le cas après le jugement annulant un mariage pour cause de « mensonge » sur la virginité de l’épouse. Il ne fallait pas être devin pour comprendre, à la lecture de la dépêche, que le roulis médiatique allait faire tanguer l’opinion publique pendant plusieurs jours. Nous avons eu droit à de belles envolées indignées, à des appels au sauvetage de la République laïque, à des analyses sévères sur la psychologie du mâle musulman. Puis, soudain, sans même que l’on s’en rende compte, le silence sur ce dossier s’est installé. Puis, le répit terminé, nous avons eu droit à une nouvelle polémique : nouveau vacarme et nouvelles transes… On me dira, à raison, que c’est la marque des pays où la liberté n’est pas un vain mot. Prendre la plume et pouvoir s’exprimer sur n’importe quel sujet sans se retrouver embastillé est effectivement quelque chose de précieux et ce ne sont pas certains de mes confères algériens (salut notamment à Chawki Amari) qui diront le contraire. Le problème, c’est qu’on est en droit de se demander si toute cette agitation ne sert pas à détourner de l’essentiel. J’ai promis à Madame et à d’autres amis de cesser de taper sur Sa Majesté le président Nicolas Sarkozy. Mais il y a tout de même des moments où il faut revenir sur sa politique. Actuellement, c’est le modèle social français qui est en passe d’être démonté dans une indifférence étonnante. Chômeurs, syndicats et même les malades sont dans le viseur du gouvernement et personne ou presque ne réagit. Révision de la constitution, réforme de la sécurité sociale, fin des 35 heures, tout passe sans provoquer de remous. Où sont les prises de positions, les appels à la mobilisation ? Silence radio. De même, le fichage prochain d’une grande partie de la population n’effraie personne. Est-ce le fait de s’être habitué à la liberté – et de la considérer comme éternellement acquise – qui fait que l’on ne bouge guère quand remonte à la surface ce qui est un indéniable remugle vichyste ? « Les rats » : non pour Badiou Mais revenons aux indignations chroniques. Plutôt que de les dénoncer, je pense finalement qu’il faut faire avec et se souvenir constamment de l’histoire de Pierre et du loup. Quand quelqu’un hurle à l’antisémitisme, il faut l’écouter, quoi que l’on pense de lui. Bien sûr, dans le lot, il y aura toujours des arrière-pensées politiques, des manœuvres dilatoires ou des stratégies opportunistes. C’est ainsi, sauf que cela ne doit pas faire perdre de vue l’obligation d’être impitoyable non seulement avec les antisémites mais avec tous les racistes. Mais il faut tout de même dénoncer les indignations sélectives. Celles dont les auteurs estiment qu’il y a racisme et racisme ou qui établissent avec cynisme une hiérarchie en matière de victimes. Dans une autre affaire récente, on a ainsi reproché au philosophe Alain Badiou l’emploi d’un vocabulaire zoologique pour critiquer les socialistes félons qui ont plongé dans la soupe sarkozyenne. Plus que tout, c’est l’utilisation du mot « rat » qui a alimenté ces reproches. On le sait, c’est par ces termes, entre autres, que les nazis désignaient les juifs. Le procès médiatique intenté à Badiou, notamment par Bernard-Henri Lévy, a tourné court, étant étrillé par la blogosphère. Mais pour ma part, je veux bien admettre que des personnes soient révulsées par l’emploi du mot « rat » pour désigner des êtres humains. Le génocide des juifs – mais aussi le souvenir du langage colonial – m’impose cette empathie, même si l’accusation d’antisémite à l’encontre de Badiou me paraît hors de propos. Facile pour Fallaci Pour autant, et pour revenir à l’indignation sélective, je pose cette question simple : où étaient ceux que les propos de Badiou ont choqués quand Oriana Fallaci a affirmé en 2002 que les musulmans se multiplient comme des rats ? Propos écrits puis réitérés à au moins deux reprises. Qui, parmi l’élite intellectuelle française, a brandi alors l’accusation d’antisémitisme à l’encontre de la journaliste italienne ? N’avait-t-elle pas repris à son compte une formule utilisée par les nazis ? À l’époque – et je crois que nous sommes nombreux à ne pas l’avoir oublié -, une grande partie de la bonne conscience médiatique française, tout en encensant Fallaci, nous a certes concédé que son texte contenait quelques outrances, mais elle s’est empressée de nous enjoindre de nous soumettre au principe sacré de la liberté d’expression. Des outrances… Tu parles, Charles ! Plus grave encore, on nous a aussi expliqué que, quelque part, nous méritions, de par notre comportement (c’était après les attentats du 11 septembre), ce genre de critiques virulentes. En fait, on nous a tenu un discours essentialiste comparable à celui qui a fait le lit de l’antisémitisme aux XIXe et XXe siècles et cela n’a pas perturbé grand monde. C’est cela l’indignation sélective et c’est son existence qui me fait observer certaines polémiques hexagonales à la manière d’un Algérois qui assiste à une bagarre dans la rue : avec curiosité, mais avec peu d’illusions quant aux motivations des uns et à la sincérité de l’indignation des autres. (Source: “QUOTIDIEN D’ORAN” (Quotidien- Oran – Algérie), le 2 août 2008) Lien : http://www.lequotidien-oran.com/?archive_date=2008-08-02&news=5107303

 

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