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Déclaration à l’occasion du Congrès Constitutif de Manfiyoun Tounes
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Tunisie:Les dossiers de la deuxième guerre mondiale en Tunisie : Moncef Bey et lesAllemands
22-06-2009
Par Adnan et Saadeddine Zmerli
Sadok Zmerli, le célèbre homme de lettres tunisien, était l’ami intime et le Directeur du Protocole du grand monarque Moncef Bey. Ses enfants Adnan, ancien doyen de la Faculté des Sciences de Tunis, et Saadeddine, chirurgien urologue et Premier président de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, témoignent des rapports qu’a entretenu Moncef Bey avec les forces du 3ème Reich allemand en Tunisie.
«Un souverain courageux, loyal et chevaleresque », c’est ainsi que Moncef Bey est décrit par son ami et directeur du protocole, notre père Sadok Zmerli, dans son livre “Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43”.
Moncef Bey méritait sans conteste ces qualificatifs à cause de ses qualités humaines, de ses courageuses prises de position et de ses initiatives politiques.
— Ses qualités humaines : ses élans de générosité, sa sollicitude pour les plus démunis, sa défense de la veuve et l’orphelin et cette inébranlable volonté de s’immerger dans la population pour faire corps avec elle.
— Ses prises de position : son attitude ouvertement réprobatrice des lois raciales en vigueur, son refus catégorique de contresigner tout décret d’application des lois iniques de Vichy aux Juifs tunisiens et de les entraver quand l’Amiral Esteva, le Résident Général, en portera seul l’entière responsabilité ; enfin, la neutralité de la Tunisie internationalement proclamée et strictement observée pendant tout le conflit.
— Les initiatives politiques qui feront de lui le symbole de l’union nationale – sa fierté – et du nationalisme tunisien et qui justifieront pleinement sa décoration à titre posthume dans l’Ordre de l’Indépendance, en mars 1989, par Son Excellence Zine El Abidine Ben Ali, Président de la République. Moncef Bey a prouvé qu’il méritait ces qualificatifs en recevant en octobre 1942, Hooker Doolittle, le Consul général des États-Unis, pour lui exprimer ses penchants pour les démocraties anglo-saxonnes. En guise de confirmation, cette assertion relevée dans un télégramme chiffré parti de la Résidence générale le 21 octobre 1942 : « Le Souverain aurait ces derniers jours exprimé ses sentiments démocratiques et dit que la Grande-Bretagne et les États-Unis étaient des pays libres où le peuple avait ses droits ». Cette même assertion laissait pressentir que les troupes de l’Axe ne seraient pas accueillies avec enthousiasme ni chaleur par Son Altesse. Au cours de son règne, Moncef Bey a reçu les dignitaires allemands, à quatre reprises : — à leur arrivée en Tunisie le 18 novembre 1942, — après les bombardements alliés de Tunis et deses environs, le 14 mars 1943, — lors de la néfaste remise de décorations le 11 avril 1943, — juste avant l’imprévisible bataille d’Hammamlif en mai 1943. Le coup d’éclat de Moncef Bey du 18 novembre 1942 Le premier contact a été la visite de courtoisie sollicitée par deux dignitaires allemands de première importance : Rudolf Rahn, le représentant plénipotentiaire d’Adolf Hitler pendant toute l’occupation allemande, et le Général Nehring, le premier chef d’Etat major des forces allemandes. Au cours de cette cérémonie, Moncef Bey exprima sans détour ses sentiments, sous l’œil attentif de l’Amiral Esteva et de ses principaux collaborateurs dont Jacques Vimont. Pour décrire cette entrevue, nous disposons des écrits de Rudolf Rahn et de Jacques Vimont, du témoignage de notre propre père et des confidences de ce dernier recueillies par Annie Rey-Goldzeiger. Donnons la parole en premier à Rudolf Rahn :
« Ma première rencontre avec le Bey fut placée sous le signe d’un malentendu comique. Dès les premiers jours de notre présence, j’avais convenu avec le général Nehring que nous ferions ensemble une visite de courtoisie à Hammamlif, la résidence du bey. Tout avait été préparé ; une garde d’honneur en grande tenue nous accueillit. Un petit trône se trouvait dans une grande salle avec une rangée de fauteuils à droite et à gauche : un côté pour les dignitaires du pays, l’autre pour nous. Le bey nous salua ; c’était un homme de taille moyenne avec une grande barbe piquante et un visage coléreux. Dans mon enfance, je me représentais ainsi un potentat asiatique. Je fis un petit discours dans lequel j’insistais sur nos sentiments amicaux — et déjà pendant que je parlais, je n’étais pas à mon aise, car le visage du bey prenait une coloration violacée ; il était, le cou gonflé et les yeux brûlants, effroyable à voir. J’avais à peine terminé que le bey commença à me répondre de sa voix rauque et gutturale, il poussa un flot de sons violents et explosifs en langue arabe que nous ne comprenions pas. Il roulait de gros yeux et agitait des poings. On était dans l’impasse ! Apparemment, le bey protestait contre l’occupation du pays par les Allemands ou nous accusait de toutes sortes de méfaits. C’était très pénible et je réfléchissais à la façon de parer l’attaque inattendue. Nehring me jeta un coup d’œil qui pouvait signifier «eh bien, vous m’avez mis dans une belle situation, cher monsieur ! Voyez comment vous pouvez vous tirer d’affaire”.
Ensuite le grand vizir fit la traduction:? Puissants amis, chers messieurs et hôtes, enchantement de mes yeux”, etc. Et il poursuivait : «Lait délicieux, miel, soleil” — aucun terme agressif dans tout cela, si ce n’est quelques petites requêtes et le souhait d’un traitement plein de sollicitude pour son peuple.
Ce fut mon tour de porter le regard vers Nehring et à lui de sursauter. Nous avions peine à dissimuler notre amusement devant une fausse interprétation comique des paroles d’accueil ardentes du maître de ce pays » .
Voici comment à partir de ses propres confidences et quelques notes retrouvées dans ses archives, le directeur du protocole (le « grand vizir » pour Rudolf Rahn) a traduit les propos du Souverain : « Excellences, je tenais à vous remercier vivement pour cette visite de courtoisie qui me touche beaucoup. Nous aurions tellement aimé vous recevoir, Honorables visiteurs, dans d’autres circonstances et déployer devant vous tous les raffinements de l’hospitalité orientale avec toutes ses évocations paradisiaques. Mais les nuages qui s’amoncellent à l’horizon nous contraignent à plus de retenue car la guerre qui s’annonce avec son cortège de malheurs et ses linceuls de misère nous angoisse au plus haut point pour nos sujets. Chers Messieurs, sans préjuger du sort des armes, nous serons encore plus heureux quand vous partirez. Monsieur le Ministre, Général, je vous saurais gré de bien vouloir prendre toutes les mesures que vous jugerez les plus appropriées pour éviter le maximum de souffrance à toute la population de la Régence ». Cette traduction en langage diplomatique des propos tenus par Moncef Bey reste fidèle à l’esprit de son intervention. Elle a donné satisfaction au Souverain, qui avait extériorisé ses sentiments, et a calmé les appréhensions de deux dignitaires allemands, qui les avaient plus ou moins pressentis. La traduction littérale aurait conduit à l’impasse politique. En effet, le Souverain, dans un de ses jours d’exaltation, s’est permis de dire leurs quatre vérités aux dignitaires du Troisième Reich sans le moindre égard. Il leur a notifié combien la présence des troupes était indésirable et qu’elle lui était personnellement insupportable. L’absence d’un diplomate maitrisant la langue arabe dans la délégation allemande a permis d’éviter le pire.
Tournons-nous maintenant vers Jacques Vimont qui ne tarit pas d’éloges sur le comportement exceptionnel de Moncef Bey dans de telles circonstances :
Au cours d’une interview accordée à Annie Rey-Goldzeiguer, il a révélé que Moncef bey a donné « une leçon de dignité et de courage aux assistants français » . Dans son propre journal, il souligne que «cette réception a été la seule note réconfortante de cette période difficile à supporter» . Annie Rey–Goldzeiguer nous a entièrement confirmé cette version des faits. Plus que des penchants, les propos de Moncef Bey traduisent son souci majeur : protéger par tous les moyens son peuple contre les malheurs d’un conflit imminent. Moncef Bey refuse de flétrir les bombardements alliés.
Le 10 mars 1943, La Marsa, paisible et riante localité de la Banlieue Nord de Tunis, subissait un bombardement allié en règle, qui se traduisit par plus de deux cents victimes. Craignant le même sort pour Hammamlif, où il résidait avec toute la Cour, Son Altesse décida d’entreprendre une démarche auprès des autorités allemandes, pour éviter le pire. Le 14 mars 1943, en effet, le Général Zmerli, Directeur du Protocole, se rendit, dans la matinée, auprès de Monsieur Moelhausen, Consul général d’Allemagne pour le pressentir sur l’opportunité d’une démarche à faire auprès du Commandement des Forces Anglo-Américaines à Alger, en vue de délimiter une zone de sécurité qui échapperait à tout danger aérien et où résiderait le Souverain et la Cour. Cette démarche serait faite par des personnalités musulmanes, choisies parmi les hauts dignitaires et les notables. M. Moelhausen objecta que la délégation risquait d’être retenue à Alger […] Le Général Zmerli émit des doutes sur la possibilité de la part des Alliés d’une pareille éventualité, contraire aux usages internationaux. M. Moelhausen affirma que les Anglo-Américains étaient bien capables de se comporter comme il le redoutait et déclara que, de toute façon, la démarche proposée risquait de ne pas aboutir au résultat escompté. Un seul recours, à son avis, offrait des chances d’efficacité : le recours à l’opinion mondiale à laquelle les Anglo-Saxons seraient très sensibles. Il pria, en conséquence M. Zmerli de faire part à Son Altesse le Bey de sa suggestion.
Dans la même journée, soucieux de battre le fer tant qu’il était chaud, et saisissant au bond l’opportunité qui lui était offerte pour faire pression personnellement sur le Souverain, dans l’espoir de le convaincre, le Consul se précipita pour informer la Cour de son désir d’être reçu à 16h 30, le jour-même par Son Altesse sans utiliser le canal habituel de la Résidence Générale. Au cours de cette audience, « le Consul Général d’Allemagne renouvela en présence du Souverain sa proposition et lui déclara que les Autorités allemandes mettraient volontiers à sa disposition tous les moyens techniques de diffusion et de publicité, s’il consentait à lancer personnellement une proclamation flétrissant les bombardements des civils musulmans par les Forces Alliées. Il fit ressortir le retentissement énorme qu’aurait dans le monde entier pareille déclaration et souligna l’heureuse impulsion qu’elle donnerait aux puissances de l’Axe, en vue de la réalisation des aspirations du peuple tunisien» . Le Souverain fit preuve d’un sang-froid exemplaire et sut trouver les arguments suffisamment étayés pour ne pas céder aux exigences allemandes. Par trois fois Moncef Bey refusa diplomatiquement d’obtempérer aux requêtes trois fois répétées du Consul Général d’Allemagne. Que retiendra l’Histoire de cette entrevue exigée par le Consul Général d’Allemagne ? Moncef Bey a refusé de flétrir les bombardements alliés en s’incluant dans la propagande allemande. Pendant toute l’occupation de la Tunisie par les forces de l’Axe, il s’est systématiquement tenu à l’écart de toute collaboration. L’épisode précédent en est la preuve la plus éclatante.
La néfaste remise de décorations du 11 avril 1943
Conscients que le sort des armes ne leur était pas favorable et pressentant un départ inéluctable à court terme, les officiels civils et militaires allemands n’ont rien trouvé de mieux pour pérenniser un souvenir de leur éphémère séjour dans la Régence, que d’exiger de se faire décorer par le Bey de Tunis. Ne pourrions-nous pas évoquer ici le nez de Cléopâtre, quant au destin de Moncef Bey ? Ils l’avaient fait savoir par le canal du Lieutenant-colonel de Jonchay, le chef de cabinet du Résident Général, sans l’aval préalable, ni oral ni écrit de ce dernier. Par un soir du début d’avril 1943, notre père est revenu atterré du Palais pour nous annoncer cette fâcheuse nouvelle. Après avoir débattu de cet épineux problème avec Hassen Hosni Abdelwahab, personnage emblématique de la culture tunisienne, qui nous avait rejoint à Hammamlif pour plus de sécurité, notre hôte et notre père convinrent d’un commun accord de rejoindre sur le champ le Palais beylical. Ils voulaient convaincre le Prince Hassine, le cerveau de la famille beylicale, selon Jacques Vimont, d’obtenir l’aval écrit du Résident Général. Ce faisant, Moncef Bey pourrait bénéficier d’un double avantage : il confirmerait sa fidélité à la Nation Protectrice et il atténuerait sa responsabilité dans un acte qui lui était imposé et dont il avait mesuré la dangerosité et pressenti les conséquences néfastes. L’âge, l’ancrage dans un traditionalisme religieux quelque peu archaïque et leur légitimité altérée par la présence allemande politiquement omniprésente avaient fini par rapprocher Moncef Bey et Esteva. Des relations régulières, concrétisées par plusieurs visites hebdomadaires, à l’heure du thé, s’étaient instaurées petit à petit entre les deux personnages. Les autorités tunisiennes avaient nourri, à cause de cette amitié apparente, l’espoir de voir l’Amiral les aider à présenter une excuse valable pour ne pas décorer les officiels allemands. Elles disposaient d’un argument qui aurait pu justifier ce refus : la remise de décoration était incompatible avec la neutralité ouvertement et internationalement proclamée par la Tunisie depuis novembre 1942, mais il fallait pour cela que cette incompatibilité fût avalisée par le Résident Général. Mais leur espoir sera déçu, car l’Amiral, ayant perdu tout contrôle de la situation, était devenu politiquement parlant un simple figurant, une marionnette entre les mains de Rudolf Rahn qui, fin politique, avait facilité le départ vers la France de ses collaborateurs les plus compétents et avait su lui imposer comme chef de cabinet le Lieutenant-colonel de Jonchay, qui lui était dévoué corps et âme. Contrairement aux espérances des Autorités tunisiennes, l’Amiral officialisa les exigences allemandes, le 9 avril 1943 et statua le lendemain, au cours d’un échange de correspondance, qu’il n’y avait pas incompatibilité entre cette remise de décorations et la neutralité reconnue de la Tunisie, tout en élargissant cette distinction aux dignitaires italiens. Bien plus, pour satisfaire aux exigences allemandes, il fera preuve d’un zèle suspect qui, aujourd’hui encore, soulève de nombreuses interrogations. Que répondre à cette question lancinante: pourquoi a-t-il agi ainsi ? A-t-il agi ainsi par hargne personnelle pour se venger de Moncef Bey, à cause des affrontements auxquels ce dernier l’avait acculé au début de son règne, avant l’arrivée des Allemands ? A-t-il agi ainsi pour détériorer l’image de Moncef Bey, symbole de l’union nationale et du nationalisme tunisien ?
A-t-il agi ainsi pour discréditer Moncef Bey et préparer sa destitution sur les injonctions, par personne interposée, de Marcel Peyrouton, ancien Résident Général voué aux gémonies par tous les Tunisiens, Marcel Peyrouton qui a toujours voulu, par allergie personnelle, tuer dans l’œuf toute velléité d’émancipation de la Tunisie ?
A-t-il agi ainsi pour ménager ses arrières parce qu’il se sentait menacé ? La suite des évènements donnerait un certain crédit à cette hypothèse. L’Amiral sera effectivement arrêté le 7 mai et embarqué deforce, les mains derrière le dos, dans l’avion, selon le témoignage de Sadok Zmerli qui a assisté officiellement à ce départ comme représentant de Son Altesse le Bey de Tunis. A-t-il agi ainsi tout simplement à cause de sa vision obsédante de l’empire français et de sa prétention à le maintenir envers et contre tous ?
A-t-il agi ainsi parce qu’il souffrait à cette période précise de troubles graves et douloureux avec des réactions nerveuses imprévues ; crises habituelles selon le témoignage de Jacques Vilmont, son collaborateur le plus direct ?
Une autre interrogation s’impose : pourquoi rejeter l’entière responsabilité de cette remise de décoration sur le seul Amiral Esteva, si elle était mûrement planifiée par les Autorités allemandes et si elle était conforme à leur programme de laisser, à l’arrivée des Alliés, un pays totalement désorganisé, vidé par leurs soins de tous ses hauts fonctionnaires, et un Bey devenu suspect malgré une neutralité proclamée et strictement observée?
Le rapport de Saumagne et Le Règne de Moncef Bey de Casemajor confirment l’implication d’Esteva dans cette affaire et Le livre blanc tunisien apporte une preuve irréfutable de son zèle en soulignant qu’il était « d’usage à la Cour que lors d’une remise de décorations, le Souverain les apportât lui-même. Or, en cette occasion, l’Amiral Esteva arriva porteur de deux corbeilles d’insignes, montrant ainsi son entière responsabilité dans cette affaire » .Pour clore le sujet, laissons le mot de la fin à Sadok Zmerli : « Ainsi, ce n’est pas de son plein gré, ni sur l’initiative de son Gouvernement, comme d’aucuns se sont plu à le faire entendre, que le Souverain avait conféré ces distinctions, et moins encore, ainsi que Tunisie Journal a osé l’écrire, en témoignage de sa satisfaction d’une collaboration à laquelle il s’était systématiquement dérobé, mais bien à contre cœur et avec l’intention évidente de conjurer par ce geste, les effets qu’un refus de sa part eût coûté à son pays déjà si éprouvé». Il est plus que probable que, sans cette remise de décoration, le destin de Moncef Bey aurait suivi un autre cours. L’imprévisible bataille d’Hammamlif
Le 15 avril 1943, le Consul Général d’Allemagne informa les Autorités tunisiennes que les gouvernements allemand et italien avaient institué avec effet immédiat une zone neutre englobant Hammamlif et ses alentours les plus proches. Mais le 7 mai 1943, coup de théâtre sous la poussée irrésistible des troupes alliées : l’Etat-major allemand est acculé àorganiser une retraite précipitée vers le Cap Bon et pour en assurer le bon déroulement, décide de faire d’Hammamlif la dernière défense de l’Axe en Tunisie. Un officier général allemand, dépêché par le Haut Commandement, demande audience au Souverain et il est reçu sur le champ. « J’ai l’honneur, lui dit-il, de communiquer à Votre Hautesse la décision de notre Grand État-Major de faire d’Hammam-Lif la dernière ligne de défense de l’Axe en Tunisie , et pour vous éviter , ainsi qu’aux vôtres, les risques de la bataille qui s’y engagera bientôt, vous proposer de sa part de vous rendre à La Marsa ou à toute autre localité de votre choix, afin que nos troupes organisent sans retard les fortifications qu’elles devront défendre contre les Alliés » .
« Général, lui répondit le Bey, sur un ton qui ne pouvait laisser aucun doute sur le sentiment que cette démarche insolite lui avait inspiré, respectueux par tradition de la parole donnée, je n’aurais jamais supposé qu’un grand pays comme le vôtre déchirerait de sa propre initiative l’engagement formel et écrit que, par la voix de son représentant ici, il avait pris de s’interdire toute action militaire dans la ville d’Hammamlif et de sa zone. En agissant ainsi, votre commandement contrevient tout à la fois aux lois de l’hospitalité et à celle des convenances internationales. Quant à abandonner mes sujets et quitter ma résidence pour un asile plus sûr, je n’y veux pas songer, ni les délais que vous m’avez accordés pour ce déplacement hâtif, ni la conscience de mes responsabilités à l’égard de tous ceux qui ont cherché refuge auprès de moi, ne me permettent de l’envisager. Puisqu’il y a risque à demeurer, je veux le partager avec la population que la décision imprévue et injustifiable de votre commandement l’a condamnée à subir » . La réaction du Souverain est suffisamment éloquente pour estimer à sa juste valeur le sens des responsabilités de Moncef Bey, son dévouement exceptionnel à ses sujets, et son enracinement dans le peuple tunisien. * * * Les contacts directs de Moncef Bey avec les représentants du Troisième Reich confirment incontestablement son refus de toute collaboration en se conformant à la stricte application d’une neutralité ouvertement et internationalement proclamée, sa réprobation envers les régimes autoritaires et dictatoriaux et son penchant pour l’esprit démocratique. Malheureusement, ces prises de position et ces bonnes dispositions ne lui permettront pas d’éviter ni sa destitution – qui contrevenait au traité de Bardo – par le général Juin ni son exil.
Bibliographie 1- ZMERLI, S. : Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, Maison Tunisienne de l’Édition, Tunis 1971. 4ème de couverture.
2- RAHN, R. : Un diplomate dans la tourmente, trad. de G. Levy, Éditions France-Empire, Paris 1980, pp. 266 267. Nous remercions notre collègue historien le Professeur Mohamed Lotfi Chaïbi, de la Faculté des Sciences sociales et humaines de Tunis, de nous avoir remis ce document.
3- REY-GOLDZEIGUER, A. : «L’occupation germano-italienne de la Tunisie : un tournant dans la vie politique tunisienne », dans Les chemins de la décolonisation de l’empire français, 1936-1956, Éditions du C.N.R.S., Paris 1986, pp. 325-340, ici : p. 336, note 1.
4- REY-GOLDZEIGUER, « L’occupation germano-italienne de la Tunisie », p. 336, note 1.
5- REY-GOLDZEIGUER, « L’occupation germano-italienne de la Tunisie », p. 325, note 1.
6- ZMERLI, S. : Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, p. 33.
7- ZMERLI, Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, p. 34.
8- ABOU LAHRASS, M., alias ABED BOUHAFA : Le livre blanc tunisien, Tunis 1946, p. 41.
9- ZMERLI, Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, pp. 38 39.
10- ZMERLI, Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, p. 46.
11- ZMERLI, Espoirs et Déceptions (en) Tunisie 1942-43, p. 46.
(Source: “Réalités” (Hebdomadaire- Tunisie) le lundi 22 juin 2009)
La vidéo de la mort de la jeune Iranienne “Neda” bouleverse la Toile
Iran: les Gardiens de la révolution menacent, l’Occident accusé d’ingérence
La burqa “pas la bienvenue sur le territoire” français, affirme Sarkozy
AP Lundi 22 juin, 16h28 La burqa est un signe “d’asservissement” de la femme qui “ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République”, a déclaré lundi Nicolas Sarkozy devant le Congrès. Mais le président a soutenu l’idée que le Parlement se saisisse de cette question, “la meilleure façon de procéder”. “, a-t-il lancé lors de son discours devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. “La burqa, ce n’est pas un signe religieux, c’est un signe d’asservissement, c’est un signe d’abaissement”. “Je veux le dire solennellement: la burqa ne sera pas le bienvenue sur le territoire de la République française. Nous ne pouvons pas accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité, ce n’est pas l’idée que la République française se fait de la dignité de la femme”. “Le Parlement a souhaité se saisir de cette question, c’est la meilleure façon de procéder”, a-t-il constaté. “Il faut qu’il y ait un débat et que tous les points de vue s’expriment. Où ailleurs qu’au Parlement pourraient-ils mieux s’exprimer?”. Le chef de l’Etat ne s’est toutefois pas prononcé ni sur la forme de ce débat, ni sur l’opportunité ou non de légiférer sur cette question. “La laïcité, ce n’est pas le refus de toutes les religions (…) La laïcité, c’est un principe de neutralité et un principe de respect”, avait-il insisté. “Nous ne sommes pas menacés par le cléricalisme, nous le sommes davantage par une forme d’intolérance qui stigmatiserait toute appartenance religieuse”. “Je le dis en pensant en particulier aux Français de confession musulmane, nous ne devons pas nous tromper de combat. Dans la République, la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions”. Le débat sur une éventuelle interdiction de la burqa avait été relancé la semaine dernière par une proposition signée par une soixantaine de députés de tous les groupes qui réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire. Déposée le 9 juin dernier, cette proposition de résolution, rédigée par le député-maire communiste de Vénissieux André Gerin, demande la création d’une commission d’enquête sur le port de la burqa pour dresser un état des lieux et définir des préconisations pour mettre un terme à cette “dérive communautariste”. Plusieurs membres du gouvernement se sont exprimés sur le sujet, apparaissant divisés sur l’opportunité d’interdire ou non la burqa et sur la question de légiférer ou non. AP
Belgique: une femme voilée siégera pour la première fois dans une assemblée
Sarkozy Says Full-Body Muslim Gowns a ‘Symbol of Enslavement’
By DOREEN CARVAJAL
Published: June 22, 2009
VERSAILLES — President Nicolas Sarkozy of France addressed a restive parliament on Monday, laying out a vision of France that included a withering critique of burqas as an unacceptable symbol of “enslavement.”
Speaking from the royal grounds of Versailles, Mr. Sarkozy directly confronted one of the most hotly debated social issues in France, saying there was no room in the French republic for the burqas, full-body garments that envelope women and mask their faces.
“The issue of the burqa is not a religious issue, it is a question of freedom and of women’s dignity,” Mr. Sarkozy said. “The burqa is not a religious sign, it is a sign of the subjugation, of the submission of women.”
“I want to say solemnly that it will not be welcome on our territory,” he said to enthusiastic applause.
His speech, a sober, wide-ranging address during which he frequently looked at his notes, marked the first presidential appearance before Parliament since Charles Louis Napoleon Bonaparte.
Under French tradition, presidents have been barred from entering the parliament since 1875 to protect the independence of lawmakers. But with reforms instituted last summer through Mr. Sarkozy’s party, the parliament opened the way for him to speak directly to them.
For that rare visit, Mr. Sarkozy entered the parliament through rows of French guards in plumes and raised swords, then delivered an American style state of the Union address that sketched out his view of France’s future.
Though he also spoke at length about the economy, Mr. Sarkozy’s strongest comments came in reference to the wearing of burqas. France has the largest Muslim population in Western Europe, estimated at 5 million, and the wearing of traditional Islamic garments has been a divisive issue, especially since 2004 when the country passed legislation prohibiting head scarves and conspicuous religous symbols from public schools.
Mr. Sarkozy noted that”In the republic, the Muslim religion must be respected like other religions.”
But he declared that “the burqua is not welcome in France. We cannot accept in our country women imprisoned behind bars, cut off from social life, deprived of identity. That is not our idea of maintaining the dignity of women.”
Mr. Sarkozy gave his public support to a cross-party initiative by close to 60 legislators, who proposed a parliamentary commission to review the burqa and methods to combat its spread.
Mohammed Moussaoui, the president of France’s Representative Muslim Council, said he agreed with Mr. Sarkozy’s position on burqas, calling them “an extremely marginal phenomenon.” He said his group promotes a moderate practice of Islam. “When we meet women who wear it, we try to educate them, and explain to them that moderation is a better choice,” he said.
The Council, however, has spoken out against the need to conduct a study on burqa, saying that it risked stigmatizing Islam and Muslims in France.
The burqa issue was the most volatile of his 45-minute address, in which he pledged measures to alleviate the economic crisis, among them establishing a loan fund to finance the nation’s strategic priorities such as investments in education and training.
The “crisis is not finished,” he said. “We don’t know when it will end.” He pledged to guarantee the “stability of our banking system” and the “most fragile citizens who are suffering the most.”
He ruled out austerity measures for the nation to dig itself out of an economic crisis, pledging to give laid off workers the benefit of a year’s salary.
“I will not increase taxes because an increase in taxes would delay the end of the crisis, and because by increasing taxes, when we are at our level of taxation, we would not reduce deficits, we would increase them,” he said.
Throughout his speech, he also took up the cherished French notion of early retirements at age 60, noting that by 2010 “all options will be examined,” including raising the age for retirement.
While Mr. Sarkozy spoke, his critics were grumbling that his visit had cost more than 500,000 euros, or $692,000, to fund a lavish event designed to burnish his own image. The left leaning newspaper Liberation splashed its front page with a cartoon of Mr. Sarkozy with a scepter and orb in his hand and the headline “Nicolas II.” About 50 lawmakers from the Green and Communist parties boycotted the speech, delivered at the parliament’s ornate red and gold hemicycle.
But almost a thousand lawmakers and visiting dignitaries gathered in the hemicycle to hear the speech, including members of his cabinet. Mr. Sarkozy’s wife, Carla Bruni, also attended. Because of the special occasion the chateau was closed to tourists. And officials revived an old tradition from the court of Louis XIV, placing potted orange trees outside the meeting of congress that brought together lawmakers from the Assembly and Senate.
Mr. Sarkozy’s comments were generally met with polite applause, absent whistles and jeers that some lawmakers expected because his appearance was so controversial. The Socialist party, for instance, had debated whether to boycott the event as well, but ultimately showed up to hear his speech. But then they staged another boycott, by shunning the debate that followed Mr. Sarkozy’s departure.
Maïa de La Baume contributed reporting from Paris
(Source: “New York Times” (Quotidien- USA) Le 22 juin 2009)
Lien: http://www.nytimes.com/2009/06/23/world/europe/23france.html