Tunisie : Les procès du bassin minier de Gafsa continuent – Communiqué commun Amnesty International: nisia: Journalist faces imprisonment for covering Gafsa unrest Association des Tunisiens en France: Liberté et justice pour les militantes et les militants du Bassin minier de GAFSA Liberté et Equité: Arrestation de l’ex prisonnier d’opinion Ridha Kossa, le jour de son mariage Khémaïs CHAMMARI: Suspension de la grève de la faim Khémaïs CHAMMARI: « GENERATIONS » Un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France
Nawaat : Exclusif : “La question Tunisienne à la veille des élections de 2009”, images de la conférence qui s’est tenue à Sciences Po le 10octobre 2009.
AFP: Mali: 4 islamistes réclamés par Al-Qaïda “libérés” (source sécuritaire)
Reuters: Le Maroc va doubler le budget 2010 pour l’entretien des mosquées
AFP: Meurtres de Dubaï: l’UE proteste contre l’utilisation des passeports
AFP: Turquie/complot anti-gouvernement: plus de 40 arrestations (Erdogan)
Reuters: Plusieurs ex-généraux turcs arrêtés pour un complot présumé / TV Le Monde: L’épopée tumultueuse des musulmans de France
Fahem Boukadouss, correspondant de la chaîne Al Hiwar Attounoussi, et Hassan Ben Abdallah, coordinateur du comité local des diplômés enchômagés à Redeyef, vont comparaitre le mardi 23 février 2010 devant le tribunal d’appel de Gafsa. Tous les deux, avaient fait opposition à leur condamnation par contumace dans le procès des animateurs du mouvement social du bassin minier de Gafsa. Ils avaient été condamnés à des peines de prison ferme, 10 ans pour Hassan Ben Abdallah et 6 ans pour Fahem Boukadouss.
Fahem Boukadouss et Hassan Ben Abdallah risquent la prison pour de longues années à l’issue de ce procès. Leur seul tort étant d’avoir exercé librement son métier de journaliste pour le premier et d’avoir exigé le droit au travail et à une vie digne pour le second.
La libération conditionnelle des détenus du bassin minier le 4 novembre dernier, est loin de signifier une volonté d’apaisement et de dialogue avec la population de la part du pouvoir tunisien. Bien au contraire, les jeunes de M’Dhilla qui ont fait opposition aux peines prononcées à leur encontre par contumace, se sont retrouvés en prison. Adnane Hajji et les autres animateurs du mouvement subissent filature et harcèlement policiers au quotidien. Aucun des détenus renvoyés de son travail n’a été réintégré dans son emploi. La misère et la pauvreté continuent à sévir dans la région.
Nous exprimons notre entière solidarité avec Fahem Boukadouss, Hassan Ben Abdallah et l’ensemble de la population du bassin minier de Gafsa dans leur lutte légitime.
Nous exigeons :
– L’arrêt des poursuites à l’encontre de Fahem Boukadouss, Hassan Ben Abdallah et de toutes les personnes poursuivies dans le cadre des procès du mouvement du bassin minier.
– La promulgation d’une amnistie en faveur des détenus du bassin minier et leur réhabilitation dans leurs droits.
– La mise en place des moyens nécessaires pour une véritable politique de développement dans la région au profit de l’emploi, de l’amélioration des conditions de vie de la population et du respect de l’environnement.
Paris, le 22 février 2010
Premiers signataires :Ligue des Droits de l’ Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), Association pour la Taxation des Transactions Financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC), Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie(CRLDHT), Assemblée de la communauté originaire de Turquie (ACORT), Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Association des Marocains en France (AMF), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des Tunisiens en France de Paris (ATF-Paris), Union syndicale Solidaires, Confédération Nationale du Travail (CNT), Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Les Verts, Parti Communiste Français (PCF), La Voie Démocratique Maroc, Parti Démocratique et Progressiste (PDP), Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT), Ettajdid France, Le Congrès pour la République (CPR).
Tunisia: Journalist faces imprisonment for covering Gafsa unrest
Liberté et justice pour les militantes et les militants du Bassin minier de GAFSA
Arrestation de l’ex prisonnier d’opinion Ridha Kossa, le jour de son mariage
Des agents de la police politique ont arrêté au matin du lundi 22 février 2010 le jeune Ridha Kossa, âgé de 30 ans, demeurant cité du 9 avril à Sousse pour le conduire dans un lieu inconnu. Monsieur Ridha Kossa se prépare aujourd’hui à fêter son mariage. Son arrestation a créé un climat de désorganisation, de tristesse et de désespoir parmi les membres de la famille et les invités qui ont été choqués de cette méthode inhumaine trahissant de la haine enfouie, de la vindicte et une volonté de torturer inédites empêchant cette famille de fêter son fils. Sa mère, âgée et malade, a perdu connaissance. Les modalités de cette arrestation sont illégales, accréditant que le jeune Ridha aurait commis ou serait sur le point de commettre un crime, qu’il serait dangereux au point que seule son arrestation solutionnerait sa dangerosité. En réalité, il n’est pas dangereux ni menaçant, il était à son domicile pour préparer son mariage et la seul mobile de cette arrestation est à mettre en relation avec le feuilleton de la vindicte et de la torture qui n’autorisent pas la joie au sein de cette frange de la société. Le jeune Ridha Kossa a passé deux ans et demi en prison pour des accusations en relation avec la « loi sur le terrorisme », non constitutionnelle. Depuis sa sortie de prison en 2008, il est en butte à toutes formes de harcèlement perpétrées par des agents de la police politique. […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Je viens de décider, le lundi 22 février à 17h, de suspendre la grève de la faim que j’avais entamée samedi 20 février en protestation contre le blocus policier arbitraire et illégal de mon domicile avec interdiction de toute visite ( hors les membres de ma famille) , la cessation de la filature massive, ostensible et « collante » dont je fais l’objet, et l’interdiction qui m’est faite d’accéder aux locaux des partis légaux non vassalisés et des associations non gouvernementales indépendantes.
Au terme de trois journées d’une grève éprouvante en raison de mon état de santé, et compte tenu de l’évolution de la situation qui s’est amorcée, hier dimanche à 14h, je suspends cette grève de la faim que j’ai entamée avec détermination mais contraint et forcé. Durant l’après midi d’hier 31 personnes ont, en effet, pu me rendre visite. J’ai attendu d’avoir confirmation, aujourd’hui, de cette levée du « blocus » pour prendre ma décision. Plusieurs amis, dont certaines personnes interdites d’accès à mon domicile avant la généralisation de l’interdiction ( M° Ayachi Hammami et M° Radhia Nasraoui) ont pu me rendre visite ce matin. En fin de matinée, j’ai pu me rendre, sans filature ostensible et « collante », aux sièges des trois partis, « Attajdid », le PDP et le FDTL, auxquels j’ai été interdit d’accès depuis 8 jours.[1]
J’ai enfin pu me rendre, comme prévu, en compagnie de Madame Sana Ben Achour, Présidente de l’ATFD, M° Mokhtar Trifi, Président de la LTDH, et M° Mohamed Abbou, à une rencontre à la délégation de l’Union Européenne à Tunis. Des agents en civil, au nombre de cinq, continuent certes à être en faction devant mon domicile et, en me rendant au siège de l’UE, nous avons été suivis par une voiture de police banalisée et un motard qui assurent depuis plusieurs jours la filature renforcée de M° Abbou. En dépit de ces éléments, j’ai tout de même décidé de suspendre la grève de la faim.
Je me fixe, toutefois, comme délai le mardi 2 mars 2010, pour considérer que, cette levée des principales mesures arbitraires qui m’ont frappé, mettra un terme à ce long épisode d’atteinte à mes droits fondamentaux relatifs à la protection de ma vie privée et de ma liberté de circulation
Je tiens pourtant, sans triomphalisme aucun, à prendre acte de ce recul des autorités à la suite de la déplorable, et contre productive escalade répressive dont j’ai fait l’objet depuis des mois ( tracasseries systématiques à l’aéroport, domicile mis en état de siège, filatures ostensibles, interdiction d’accès aux sièges des partis légaux d’opposition et interdiction d’accès de tous visiteurs, hors les membres de ma famille, à mon domicile). Mais je ne peux passer sous silence la tentative de désinformation dérisoire orchestrée, hier après midi, à partir d’une « source autorisée », anonyme bien entendu. Ce commentaire, quasi officiel, a été diffusé aux agences de presse internationales accréditées en Tunisie. Il y est démenti que je fasse l’objet d’une quelconque mesure restrictive, en dépit des témoignages des président(e)s et dirigeant(e)s des associations et des partis légaux, mais aussi des dirigeant( e)s des associations et des partis arbitrairement non reconnus ; et surtout en dépit des preuves photographiques déposées depuis plusieurs mois pour conforter ma plainte devant le Procureur de la République prés le Tribunal de Première instance de Tunis, et celles toutes récentes, diffusées sur la toile par des journalistes démocrates. Cette mise au point de la sempiternelle « source autorisée » ne peut tromper quiconque .Elle est, toutefois, révélatrice de l’état d’esprit qui prévaut dans les milieux de l’information officielle. J’observe, d’ailleurs, que ce matin même- et alors que la compagne abjecte de diffamation de ces derniers mois avait quasiment cessé depuis trois semaines, que le journal « Assarih » (un titre qui évoque la franchise ce qui est un comble pour un organe pas du tout « franc du collier »), a publié une philippique immonde signée d’un pseudonyme et dont l’auteur est, en réalité, un certain Ali ben Nessib, ancien prisonnier et renégat de l’islamisme politique auquel j’ai eu affaire, au mois de décembre 2009, dans un débat houleux sur France 24 en langue arabe. Cette diatribe lamentable s’en prend, avec la protection de son directeur affidé du pouvoir, à moi-même et à Mmes Naziha Rejiba-Om Zied – et Sihem Ben Sedrine livrées depuis des années au lynchage médiatique. Et cela en toute impunité puisque, faut il le rappeler, j’ai déposé rien que pour l’année 2009 cinq plainte en diffamation restées sans suite contre la presse de caniveau et aux ordres.
Je voudrais enfin remercier pour l’expression de leur solidarité active les centaines de militantes et de militants, dirigeants et animateurs d’associations et de partis et intellectuels indépendants qui m’ont manifesté à partir de Tunis ,de l’Intérieur du pays, d’Europe, du Maghreb et du Machrek , si chaleureusement, leur sympathie et leur soutien depuis trois jours. Leurs appels téléphoniques (sous écoutes), leurs SMS et leurs courriels sont la preuve de la volonté des partisans du changement et de l’ouverture démocratique – et de leurs amis- à ne pas céder au découragement et à ne pas abdiquer leurs droits légitimes. Ma reconnaissance va en particulier, à l’épouse et à la famille de mon ami, le journaliste et poète dissident, Taoufik Ben Brik, qui continue, malgré son état de santé inquiétant, de purger une peine den prison injuste à la suite du traquenard dont il a fait l’objet en représailles à ses écrits non conformistes. Et je me joins à lui, pour reprendre le cri de poète Essaghaier Ouled Ahmed :
« Oui, Nous aimons le pays comme nul ne l’aime ».
Tunis le 22 février 2010
Khémaïs CHAMMARI.
[1] Sur les motifs présumés de cette ultime palier de l’escalade, cf le « flash- info » du CRLDHT et le communiqué du REMDH et de l’Observatoire international pour la Protection des droits de l’homme _ programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT (en dte du 19 Février 2010)
Dédié à Saïd Bouziri[1], dont il fut l’un des inspirateurs à côté de Driss El Yazami qui en a été la cheville ouvrière, ce très beau livre de 350 pages est édité aux Editions Gallimard (France) par l’association « Génériques » et la « Cité nationale de l’histoire de l’immigration » qui accueille du 17 novembre 2009 au 18 avril2010, dans l’ancien « Musée des Arts tropicaux » (Porte Dorée à Paris), l’exposition du même nom dont ce livre tient lieu de « catalogue » d’une extrême richesse.
Cette exposition et le livre éponyme évoquent, pour la première fois, par le biais de l’ « histoire culturelle » – entendue comme une «histoire sociale des représentations » selon la formule d’Antoine Prost- les grands moments de l’installation des populations en provenance du Maghreb, du XIXème siècle à nos jours. Elle revisite les principales séquences historiques du siècle, les deux guerres mondiales, le Front populaire (1936) ou la période des «Trente glorieuses » (1950-1980) , du point de vue des Maghrébins.
A travers des archives, le plus souvent peu connues ou inédites, sont ainsi évoqués les pratiques culturelles, la vie intellectuelle, la créativité artistique (littérature d’expression française, chansons de l’exil, arts plastiques, danses, théâtre, cinéma), le militantisme social (syndicats, étudiants, combats contre le racisme et pour l’égalité) , le nationalisme maghrébin, enfin, dont l’un des paradoxes est qu’il s’appuiera, dans sa prise de conscience et au cours de sa radicalisation anticoloniale, sur les apports des « élites » installées ou de passage dans l’ « hexagone » ( le territoire de la puissance tutélaire et occupante).
Une pépinière du mouvement nationaliste
En octobre 1926 est inaugurée, en effet, en grande pompe, la Mosquée de Paris et , en 1927, est créée l’Association des Etudiants Musulmans Nord Africains ( AEMNA) dont le siège au 115 Bd St Michel, si cher à nos cœurs (nostalgiques de nos vingt ans), constituera jusqu’à la fin des années 1960 une pépinière du mouvement nationaliste, puis des trois Etats nouvellement indépendants.
L’exposition regroupe ainsi plusieurs centaines de documents (affiches, photos, tracts, catalogues et archives audio-visuelles) et des témoignages dont près de quatre cents (répertoriés à la fin du livre) illustrent cet ouvrage publié sous la direction de Driss El Yazami,Yvan Gastaut et Naïma Yahi.
Ce sont tout au long de l’exposition, et à chaque page du livre, de surprenantes et fascinantes découvertes que le visiteur – et le lecteur- est appelé à faire.
L’aventure migratoire des Maghrébins vers la France n’a , réellement, commencé de façon significative qu’avec la « mobilisation militaire » de 1914-18 de 300.000 soldats maghrébins envoyés – chair à canons- dans les « tranchées » , où 30.000 périront. Dans le même temps, ce sont, à l’arrière, 130.OOO maghrébins qui remplace dans les champs et les usines, les français partis en guerre. « La noria de l’émigration »est définitivement enclenchée. Entre 1921 et 1939, en dépit des entraves administratives et des vagues d’expulsions (déjà !), 400 .000 hommes et quelques milliers de femmes auraient ainsi franchi la mer vers ce qui fut « la Métropole ». Et ce sont ces destins individuels et cette aventure collective que l’exposition et le livre retracent au fil des générations. Une histoire faite de larmes , de sang, de désarroi de« la plus haute des solitudes » mais aussi de formidables réussites – telles celles des pionniers de l’hôpital franco-musulmans de Bobigny dont certains s’engagèrent en 1942 dans la résistance anti nazie – et de rencontres conflictuelles et fraternelles à la fois autour de « la casquette et la chéchia », « la faucille et le croissant » et, plus tard, « la graine et le mulet ».
Il faut visiter cette exposition et parcourir ce beau livre pour mieux comprendre les propos tenus la semaine dernière par le comédien et humoriste Jamel Debouze expliquant – et ce n’est pas une provocation quoiqu’en pensent les « Dupont- la-joie » et les « Le Pen père et fille » : « La France a aussi un nouveau visage, et il ressemble étrangement au mien. Il faut que ça rentre dans les cerveaux ».
Des « pépites » et d’étonnantes « découvertes »
On ne se lasserait pas d’égrener les « pépites » et les étonnantes « découvertes » qui jalonnent cette exposition et ce livre : sur le chanteur tunisien Mohamed Jamoussi, la « musique judéo-arabe », les « peintres pionniers », les « enfants de la bulle »( la BD), les journaux satiriques, le « rêve masculin des femmes dominées et soumises » , l’Etoile Nord africaine ( Messali Hadj) ,le « Mouvement des Travailleurs Arabes , la marche des «beurs » pour l’égalité (1983), les figures emblématiques (Kateb Yacine, Mohamed Dhib, Essia Djebbar et tant d’autres) de la littérature maghrébine d’expression française, l’ « humour ethnique à la française ». Et puis, il y a les tragédies de la guerre d’Algérie, les morts de la station du métro « Charonne » et les « ratonnades » du 17 octobre 1961 à Paris, et les combats contre le racisme et…pour le droit de vote.
Un florilège et une petite encyclopédie qui est bien plus qu’un catalogue commenté. Car- et c’est là l’une des originalités de ce livre – « Générations »est, sur le fond, un ouvrage de référence avec les apports d’une cinquantaine de chercheurs ( sociologues avec la figure de proue toujours actuelle d’Abdelmalek Sayad, historiens avec- entre autres- Mohamed Harbi et Benjamin Stora, anthropologues, islamologues, critiques et historiens de l’art , cinéphiles et chroniqueurs sportifs).
L’ensemble s’articule autour de six grands chapitres : Violence et fascination ; A l’épreuve du nationalisme ; Créations d’exil ; Au pinacle, au pilori ; L’enracinement ; Maghrébins de France.
Avec, en ouverture, une introduction de Driss El Yazami, directeur de « Génériques », et en fin de parcours, une passionnante réflexion à deux voix du même Driss et de Smaïn Laacher (Centre d’études des mouvements sociaux- EHESS ) qui mérite le détour pour situer les véritables enjeux de cette rétrospective sur l’histoire culturelle de l’immigration maghrébine dont le « bénéfice premier est d’obliger [au-delà de la nostalgie et du folklore] ,à penser et à repenser les fondements légitimes de la citoyenneté et la relation entre nationalité et nation ». Car, « ce qu’il s’agit de penser par la médiation de l’immigration, c’est le sens du politique qui se joue dans l’existence et le statut ( ou le non-statut) des laissés-pour-compte ; ceux qui comptent pour rien et dont le compte n’est pas possible ».
Au-delà de la figure de Saïd Bouziri, l’absent-présent de ce livre et de l’exposition qui l’a inspiré, c’est à celles là et à ceux là qu’est dédiée cette initiative historique de « Génériques » et de la « Cité Nationale de l’histoire de l’immigration » qui ,pour la première fois, a puisé – comme le rappelle en préface Jacques Toubon ( ancien ministre et président du Conseil d’orientation de la Cité) – « au cœur même des émotions, de l’imaginaire et du discours des maghrébins en France »
K.C.
[1] AT-Tariq Al Jadid n°163 du 16 janvier 2010.
Nawaat : Exclusif : “La question Tunisienne à la veille des élections
de 2009”,images de la conférence qui s’est tenue à Sciences Po le 10octobre 2009.
Quelques jours avant les dernières élections présidentielles et législatives tunisiennes, l’Association des Elèves de Sciences Po pour le Monde Arabe (SPMA), présidée par Selim Ben Hassen, avait crée l’évènement en réunissant opposition et représentants du pouvoir pour une journée de débat autour de « La question tunisienne à la veille des élections présidentielles et législatives de 2009 ». Sur le papier, la journée s’annonçait intéressante, historique même. Et dans une certaine mesure, elle le fut. En effet, la liste des invités comptait les chefs de fils des principaux protagonistes de ces élections, ainsi que les intervenants habituels de la société civile tunisienne. Ce qui a poussé certains à la qualifier, à tort, d’« assise de l’opposition ». Le but affiché, dès le départ, par les organisateurs, était de permettre un débat contradictoire entre l’opposition et le « régime ». Et c’est une nouveauté notable. Certains représentants « respectables » du régime ont accepté de jouer le jeu. Il faut dire qu’ils n’avaient pas le choix. Les organisateurs ont refusé les troublions habituels : barbouzes déguisées en contradicteurs et autre stakhanovistes de la langue de bois tel Borhan Bsayess qui, pour l’anecdote, ne l’avait pas supporté et est allé déverser sa frustration sur tous les médias « amis » qui voulaient bien de lui. A part quelques défections, dont notamment celles de Ahmed Brahim candidat de parti Ettajdide, finalement représenté par Samir Taieb et de Mokhtar Yahyaoui, privé de passeport et sensé intervenir à travers un enregistrement vidéo, tous les invités étaient présents pour des débats qui ont duré plus de 8 heures et qui ont vu défiler dans l’amphithèatre de Sciences Po plus de 300 auditeurs. Selim Ben Hassen que j’ai rencontré à Sciences po nous livre dans cet entretien les dessous de cet événement qui fera date : Pourquoi une conférence sur la Tunisie, pourquoi à Sciences Po et pourquoi vous Selim Ben Hassen ? Une conférence sur la Tunisie parce qu’à quelques mois des élections, je voyais bien que tout le monde était disposé à discuter des élections et à donner son avis, mais que personne n’avait l’intention de faire quelque chose de concret. Pourquoi à Sciences Po ? D’abord parce qu’il était assez clair que ce genre d’initiatives ne pouvait pas avoir lieu en Tunisie, et puis parce que l’école à laquelle j’appartiens a accepté de me mettre à disposition tous les moyens pour que cette conférence soit réussie. Pourquoi Sélim Ben Hassen ? Parce que le citoyen que je suis estime avoir des obligations envers son pays.. Comment se sont passés les contacts avec le pouvoir et l’opposition ? Les deux camps était très courtois et j’ai été très bien reçu, et de la part du pouvoir, et de la part de l’opposition. J’ai rencontré chez les deux parties des gens intéressants, mais tout de même assez sceptiques sur la possibilité d’organiser un tel événement, où régime et opposition discuteraient ensemble pour la première fois. Le résultat m’a donné raison, c’est surtout cela qui compte. Y a-t-il eu des conditions de la part du pouvoir ou de l’opposition pour participer à ce débat ? Contrairement à ce que vous pourriez penser, beaucoup plus de conditions de la part de l’opposition que de la part du pouvoir. Ce qui est assez regrettable, c’est qu’elles portaient surtout sur le fait de pouvoir parler avant ou plus longtemps que tel ou tel camarade. Pour ce qui est du pouvoir, une fois que le régime a compris que j’étais déterminé à ce que cette conférence voie le jour, ils ont plutôt joué le jeu, même s’ils auraient pu dépêcher un plus grand nombre d’intervenants. Dans le programme initial, les participations de Hama Hammami, Ahmed Brahim et Mokhtar Yahyaoui (à travers un témoignage vidéo) étaient prévues. Le premier a été empêché de voyage à Tunis, pourquoi les deux derniers se sont finalement rétractés ? C’est à eux qu’il faut poser la question. Mais pour le parti Ettajdid, Samir Taieb qui a remplacé Brahim s’est très honorablement acquitté de sa tâche. La plupart des invités ont fait le voyage depuis la Tunisie, qui a pris en charge les frais des déplacements ? Je ne sais pas qui a financé les déplacements de chacun, mais nous n’avons pas pris en charge les intervenants pour le voyage et l’hébergement. La conférence a duré près de 8 heures, pourquoi avez-vous fait le choix d’en montrer que 50min ? L’idée était d’avoir une photographie de la situation politique de la Tunisie pour 2009. 50 minutes est un format documentaire qui permet de balayer de manière satisfaisante un sujet complexe. Le montage de la vidéo est bien entendu subjectif, mais il traduit la manière dont beaucoup de Tunisiens perçoivent la scène politique de leur pays. Selon vous, qui a été l’invité le plus difficile à gérer ? Je ne répondrai pas à cette question, mais la vidéo le fera certainement. Et quelle a été la meilleure intervention ? Il y a eu beaucoup de bonnes interventions. J’ai apprécié celle de Chedly Ben Younes, avocat et qui est venu apporter la contradiction aux thèses de l’opposition. Même si je n’étais pas d’accord sur le fond, le discours était structuré et précis. Avec le recul, pensez-vous que cette conférence a été utile ? Je ne l’aurais pas faite si j’avais un instant pensé qu’elle ne serait pas utile. Je crois surtout que la vidéo permettra aux Tunisiens de se rendre compte de ce qui se passe dans leur pays pour éviter de dire, dans quelques années, qu’ils ne savaient pas. Propos recueillis par Malek Khdhraoui Selim Ben Hassen qui a réussi ce tour de force, a décidé de rendre publiques les images de cette journée et nous fait le plaisir de choisir Nawaat.org pour en diffuser, en exclusivité, un résumé de 50 minutes. Pour des questions de confort nous vous les présenterons en 3 parties. En attendant la première partie que nous diffuserons le lundi 22 février, on vous en livre aujourd’hui quatre courts extraits : http://www.youtube.com/watch?v=rnqtRVXuzjs http://www.youtube.com/watch?v=1DZMVCyI_mE http://www.youtube.com/watch?v=6bkCWqne3ys http://www.youtube.com/watch?v=jbb5jNi-pm0 http://www.youtube.com/watch?v=oQ2_VX3hS-c
Meurtres de Dubaï: l’UE proteste contre l’utilisation des passeports
AFP, le 22 février 2010 à 13h14 Par Alain JEAN-ROBERT BRUXELLES, 22 fév 2010 (AFP) L’Union européenne s’est déclarée “extrêmement préoccupée” lundi par l’utilisation de passeports européens par des membres présumés du commando qui a assassiné un responsable du Hamas à Dubaï, augmentant la pression sur Israël, commanditaire supposé de l’opération. “Nous sommes extrêmement préoccupés que des passeports européens, qui sont des documents légaux rigoureux, aient pu être utilisés à des fins différentes de leur usage” normal, a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. Il s’exprimait en marge d’une réunion avec ses homologues de l’UE à Bruxelles. “Nous allons en discuter et j’espère qu’il y aura un communiqué exprimant l’inquiétude (des Européens) à ce sujet”, a dit M. Moratinos. La chef de la diplomatie de l’UE, la Britannique Catherine Ashton, “partage les préoccupations au sujet de l’utilisation frauduleuse de passeports”, a indiqué en parallèle son porte-parole, Lutz Güllner. Et ce point “sera confirmé dans la déclaration” des Européens. Mme Ashton comme le ministre espagnol devaient s’entretenir dans la journée avec le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, en visite à Bruxelles, alors que le service secret israélien, le Mossad, est soupçonné d’avoir assassiné à Dubaï un cadre de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas. Prévue de longue date, la visite lundi à Bruxelles du ministre israélien intervient à un moment très délicat. Londres, Dublin, Berlin et Paris ont haussé le ton la semaine dernière face à Israël en réclamant des explications dans l’affaire des passeports. Selon la police de Dubaï, des membres du commando qui a assassiné l’un des fondateurs de la branche armée du Hamas, Mahmoud Al-Mabhouh, retrouvé mort le 20 janvier dans un hôtel, détenaient des passeports britanniques, irlandais, français et allemand. A ses yeux, il ne fait guère de doute que le Mossad est derrière ce meurtre. Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, ainsi que son homologue irlandais Micheal Martin, ont également prévu de rencontrer M. Lieberman à Bruxelles. AFP
Mali: 4 islamistes réclamés par Al-Qaïda “libérés” (source sécuritaire)
Le Maroc va doubler le budget 2010 pour l’entretien des mosquées
(Reuters) -Lundi 22 février, 16h14 Le gouvernement marocain, sous le feu des critiques après la mort de 41 personnes dans l’effondrement d’un minaret vieux de quatre siècles, envisage de doubler le budget alloué cette année à la reconstruction des mosquées vétustes, a déclaré à Reuters le ministre des Affaires religieuses. Le responsable marocain, Ahmed Toufik, chargé des quelque 50.000 mosquées que compte le pays, a toutefois précisé que des tragédies similaires pourraient à nouveau se produire avant que le long et délicat travail de restauration ne soit achevé. Toufik a indiqué que son ministère allait dépenser près de 60 millions de dirhams (5,35 millions d’euros) cette année pour la reconstruction ou la restauration de 13 mosquées, soit plus du double des sommes allouées en 2009 à ce programme. “Nous avons déjà terminé la restauration ou la reconstruction de 148 mosquées pour un coût total de 119.8 millions de dirhams (10,6 millions d’euros)”, a-t-il ajouté, évoquant les premières réalisations d’un vaste plan de restauration des lieux de culte marocains lancé en 2006, qui concernait 641 mosquées. Vendredi, le minaret de la mosquée Lalla Khenata dans le vieux quartier de Bal el Bardiyine, à Meknès, à 140 km à l’est de Rabat, s’est effondré alors que 300 fidèles étaient réunis pour la prière. Il est relativement fréquent que de vieux bâtiments s’effondrent dans les quartiers anciens de villes marocaines, mais la chute d’un minaret est rare. Certains habitants ont fait part de leur irritation parce qu’ils avaient signalé aux autorités la présence de fissures dans les murs de la mosquée. REUTERS
Turquie/complot anti-gouvernement: plus de 40 arrestations (Erdogan)
Plusieurs ex-généraux turcs arrêtés pour un complot présumé / TV
Lorraine Rossignol
On les appela d’abord des “Indigènes” (1904-1945). Puis ils furent les “Immigrés” (1945-1981). Aujourd’hui, ils sont des “Français” (1981-2009) : les titres choisis pour chacun des épisodes (3 × 52 minutes) de l’émouvante série documentaire “Musulmans de France”, réalisée par Karim Miské et coécrite par l’historien scénariste Emmanuel Blanchard, résument à merveille l’histoire de ces Français originaires du Maghreb ou d’Afrique noire et l’évolution de leur identité sur le territoire national. “C’est peut-être le moment d’écrire leur histoire. Elle fait partie de la nôtre”, annonce le commentaire de la trilogie en guise de préambule.
En effet. De la poignée de Kabyles colonisés venus pour la première fois d’Algérie en 1904 pour travailler dans les mines du Nord, jusqu’à la nomination symbolique au gouvernement par Nicolas Sarkozy de trois femmes “issues de l’immigration” en 2007, le film de Karim Miské retrace avec clarté et pédagogie les moments clés d’une véritable épopée qui, ainsi synthétisée, trouve la lisibilité qui lui manquait.
Les intervenants – historiens et sociologues, mais aussi imam, scénariste, éducateur retraité -, choisis pour leur regard éclairé mais aussi pour leur propre appartenance à cette histoire, ajoutent à la fresque de Karim Miské, ainsi incarnée, une dimension attachante, un sentiment de proximité. Le genre historique en est revivifié, tandis que chaque spectateur se sent bel et bien concerné par “cette histoire qui est aussi la sienne“.
DES LIENS SOCIÉTAUX PUISSANTS
Une histoire qui, longue déjà de plus d’un siècle, semble pourtant s’être curieusement faite à son insu. Année après année, Algériens d’abord, puis Marocains, Tunisiens, Maliens et Sénégalais, venus en métropole dans l’idée d’en repartir un jour, découvrent qu’ils vont en fait rester, l’immigration familiale puis la naissance d’enfants sur le territoire contribuant à les y fixer. De même, les Français de souche, vaguement conscients, pendant des décennies, de la présence d’immigrés à leurs côtés, réalisent avec stupeur, au cours des années 1960 et 1970, que ces derniers ont désormais autant de légitimité qu’eux à vivre en France.
C’est qu’entre-temps, des liens sociétaux puissants se sont tissés qui ne pourront plus jamais être dénoués. C’est l’un des intérêts de cette trilogie documentaire que de les évoquer, avec discernement mais évidence, quand elle n’en révèle pas certains : outre la participation des immigrés, enrôlés dans l’armée française, aux deux guerres mondiales, le documentaire rappelle leur rôle – qui reste encore à explorer – dans la Résistance, le Front populaire ou encore en Mai 68. Toutes ces facettes, comme les débats contemporains portant sur le voile ou l’excision, seront discutées au cours d’une soirée spéciale animée par Carole Gaessler.
« Musulmans de France », mardi 23 février à partir de 20 h 35 sur France 5. Sortie en DVD le 11 mars 2010.
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 21 février 2010)
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