21 janvier 2012

TUNISNEWS
11 ème année, N°4223 du 21.01.2012
archives : www.tunisnews.net
 


FIDH – Tunisie – Envoi de deux observateurs au procès contre Nessma TV

Jeune Afrique: Tunisie – Libye : signature d’un mémorandum d’entente sur la sécurité

Business News: Un enseignant retrouvé pendu à Séjenane (mise à jour)

Slate Afrique: Tunisie: la vraie-fausse interview de Ben Ali

Business News: Le Qatar accorde un petit prêt à un taux d’intérêt relativement élevé

Investir en Tunisie: Tunisie : pourrait-on parler d’une ingérence du Qatar ?

La Magazine Du Manager: Tunisie/Turquie : 2012, l’année du rapprochement

Tunisie Numerique: Le Département d’Etat américain prévient ses ressortissants voyageant et résidant en Tunisie

Business News: Mustapha Kamel Nabli : l’homme qu’Ennahdha veut abattre

Kapitalis: Tunisie. Y a-t-il une main secrète derrière les sit-in et grèves?


FIDH – Tunisie – Envoi de deux observateurs au procès contre Nessma TV

 
Bonjour,
 
Nous vous informons que la FIDH enverra deux observateurs au procès intenté à l’encontre du directeur de la chaîne Nessma TV qui s’ouvrira ce lundi 23 janvier. Il s’agit de Karim LAHIDJI, (avocat iranien, président de la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme et vice-président de la FIDH) et d’Antoine GARAPON (Magistrat, docteur en droit, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la Justice en France).
 
Communiqué de la FIDH en réaction à l’ouverture de l’enquête judiciare à l’encontre de Nabil Karoui : http://www.fidh.org/Tunisie-L-enquete-a-l-encontre-de
 
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter :
A Tunis à partir de lundi 23 janvier : Karim LAHIDJI / Antoine GARAPON : + 216 71 332 666
A Paris : Arthur MANET / Karine APPY : +33 6 72 28 42 94 / + 33 6 48 05 91 57


Tunisie – Libye : signature d’un mémorandum d’entente sur la sécurité  

La Tunisie et la Libye ont trouvé un accord pour lutter contre le terrorisme, l’immigration clandestine et les trafics d’armes et de drogue à leur frontière. Un mémorandum d’entente et de coopération a été signé jeudi à Tripoli.

Sécurité, la lutte contre le terrorisme et gestion des frontières : dans ces trois domaines, les autorités libyenne et tunisienne ont trouvé des accords de coopération qui ont été enregistrés dans un mémorandum d’entente signé jeudi à Tripoli. Sont prévus des « échanges d’informations sur les activités et crimes des groupes terroristes (…), leurs sources de financement et les déplacements de leurs dirigeants », selon le texte de l’accord.

« Redoubler d’efforts »

Par cet accord, la Libye et de la Tunisie ambitionnent de « redoubler d’efforts » pour lutter contre l’immigration clandestine et la contrebande d’armes, de drogue ou de voitures volées, tout en facilitant les mouvements de personnes et de marchandises aux points frontaliers.

La Tunisie, qui reçoit en temps normal plus d’un million de visiteurs libyens par an a accueilli plusieurs centaines de milliers de réfugiés pendant la guerre qui a conduit à la chute du régime de Mouammar Kaddafi.

Source: “Jeune Afrique” Le 20-01-2012

Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20120120104042/libye-drogue-securite-tunisietunisie-libye-signature-d-un-memorandum-d-entente-sur-la-securite.html


Un enseignant retrouvé pendu à Séjenane (mise à jour)

Un berger a retrouvé en début de l’après-midi du jeudi 19 janvier le corps inerte d’un homme, pendu à un arbre dans la montagne proche de Séjenane. Le berger a alerté les forces de l’ordre. Vérification faite, il s’agit d’un professeur de technique, enseignant au collège de Séjenane et père de famille. Selon un résident du village, dans une déclaration à Business News, ledit enseignant a été vu en ville deux heures plus tôt et il a acheté un paquet de cigarettes. Il n’a pas donné de cours ce jeudi. Une enquête a été ouverte et le corps a été transporté à Tunis pour les besoins de l’autopsie. Selon des proches de la victime, le défunt serait un adepte de l’alcool et il aurait été menacé de mort s’il ne s’arrêtait pas de boire. Selon certaines sources, non vérifiées, on l’aurait trouvé les mains ligotées. Affaire à suivre.

 

Mise à jour vendredi 20 janvier à 11:47 :

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’enseignant retrouvé pendu est un militant du parti Al Watad. Il est âgé de 50 ans. Il n’y a pas de traces sur ses mains, ce qui laisse croire qu’il n’avait pas les mains liées privilégiant ainsi la thèse du suicide. Il faudrait attendre encore quelques jours pour obtenir les résultats de l’autopsie et voir l’état d’avancement de l’enquête.

Source: “Business News” Le 20-01-2012

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Un-enseignant-retrouv%C3%A9-pendu-%C3%A0-S%C3%A9jenane-(mise-%C3%A0-jour),520,28868,1


Tunisie: la vraie-fausse interview de Ben Ali

Voilà une interview ou une fausse interview qui aura fait couler beaucoup d’encre. Dans son édition du lundi 16 janvier, le quotidien Attounisia a titré sur un entretien exclusif de l’ex-président, en fuite en Arabie saoudite depuis le 14 janvier 2011. L’interview de l’ex-raïs Ben Ali avait alors fait la une du quotidien tunisien en langue arabe.

Sauf que depuis, l’interview ne passe pas et semble ressembler à une farce. D’autant plus que l’un des avocats de Ben Ali dément, écrit le magazine tunisien Kapitalis.

«J’ai été contacté par un journaliste qui m’a posé une série de questions. J’ai répondu à celles auxquelles j’ai des réponses et je me suis gardé de répondre à celles auxquelles je n’ai pas de réponses. Mais, le président Ben Ali n’a fait aucun entretien avec aucun journal, ni directement ni indirectement par mon intermédiaire, car il refuse de donner la moindre déclaration aux médias», a déclaré l’avocat

«L’interview de Ben Ali publiée par Attounissia serait-elle donc purement imaginaire? Du bidonnage de mauvais journalistes pour frapper un grand coup et faire du buzz comme on dit?», s’interroge le magazine tunisien Kapitalis.

Pour résoudre l’énigme, les journalistes de Kapitalis ont donc décidé d’enquêter. Ils déclarent avoir obtenu les échanges de mails entre le journaliste d’Attounissia et l’avocat de Ben Ali, Akram Azoury qui confirme l’authenticité de l’entretien réalisé avec l’ex-président.

Toutefois, les pièces du dossier montrent également soit une manipulation soit un malentendu entre les deux parties, remarque Kapitalis.

Le magazine observe effectivement l’existence d’une demande d’interview et la réponse positive de l’avocat qui a pris son temps pour renvoyer les réponses aux questions proposées à l’ex-raïs. Dans un email daté du 5 décembre, Me Azoury écrit à Mohamed Boughalleb:

«La réponse à votre questionnaire est en préparation et vous comprenez évidemment que ça prenne un peu de temps.»

Dans un second email en date du 29 décembre, il note clairement:

«Comme convenu, je vous prie de bien vouloir trouver les réponses du président à votre questionnaire.»

Sauf que dans le texte, c’est bien l’avocat libanais qui parle: «Le président a dit…» Nulle ne sait qui a trompé l’autre. C’est en tout cas une bonne opération de com!

Source: “Slate Afrique” Le 20-01-2012

Lien: http://www.slateafrique.com/81281/ben-ali-a-t-il-vraiment-donne-une-interview


Le Qatar accorde un petit prêt à un taux d’intérêt relativement élevé

Ni dons, ni subventions. Juste un petit prêt à un taux relativement élevé. Tel est le bilan de la visite de l’émir du Qatar. De quoi désenchanter fortement le gouvernement. Selon des sources proches du dossier ayant requis l’anonymat et rapportées par African Manager, le gouvernement de Hamadi Jebali aurait préparé un dossier demandant un don de cinq milliards de dollars du Qatar. Le Qatar n’en accordera que 10% et sous forme de prêt, soit 500 millions de dollars. Un montant déjà annoncé depuis le gouvernement de Béji Caïd Essebsi lors de la visite du Premier ministre qatari, cheikh Hamad Bin Jassim al-Thani, à la tête d’une délégation qatarie le 28 septembre dernier. Le prêt du Qatar sera accordé à un taux de 2,5%, soit un taux classique voire légèrement supérieur à ce qu’offrent certaines institutions européennes. Ce prêt sera remboursable sur cinq ans alors qu’Ennahdha, nous dit-on, voulait un financement arabe non rémunéré.

Source: “Business News”” Le 20-12-2012

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%E2%80%93-Le-Qatar-accorde-un-petit-pr%C5%BAt-%C4%85-un-taux-d%E2%80%99int%C3%A9r%C5%BAt-relativement-%C3%A9lev%C3%A9-,520,28876,3


Tunisie : pourrait-on parler d’une ingérence du Qatar ?

La crainte pour la souveraineté de la Tunisie est artificielle. Le Qatar n’est pas une puissance qui dispose de bâtiments de guerre pour occuper la Tunisie. C’est ce qu’a précisé M. Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères.

Pour le journaliste Tawfik Ben Brik, la présence de l’émir du Qatar à l’occasion de la célébration du premier anniversaire de la Révolution n’a fait qu’alimenter de nouveau la polémique concernant une éventuelle ingérence du Qatar… Le Qatar influence-t-il vraiment la Tunisie ? Certains ont évoqué ce sujet. Il y a des réserves autour de la relation actuelle avec le Qatar, sur la base que Doha s’immisce dans les affaires de la Tunisie. Le peuple tunisien a refusé, catégoriquement, cette intervention étrangère dans les affaires internes du pays. Samedi 14 janvier, des manifestants ont scandé le célèbre « Dégage! » à Hamad Ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar qui a effectué une visite officielle de deux jours à Tunis. Ainsi, plus de 3.000 manifestants se sont réunis pour protester contre la venue de l’Emir. Selon M. Abdessalem, notre pays a une approche concernant les relations arabo-arabes, pas seulement avec Qatar : « Nous accordons une priorité à nos relations avec les pays voisins maghrébins, puis avec nos frères arabes, et il n’y a pas de mal à cela. Le fondement des usages diplomatiques fait que nous devons avoir des relations remarquables avec le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, le Koweït, et l’ensemble des pays arabes. Les rumeurs qui ont augmenté la tension et créé la polémique ne font que paralyser nos relations extérieures ». Et le ministre d’ajouter : Ces agissements touchent les intérêts de la Tunisie et ses relations, et œuvrent à troubler nos relations avec nos frères et amis. Quant à nous, nous faisons la distinction entre ce qui est politique, et ce qui relève du sens de l’Etat et de son intérêt ». M. Ben Brik a un autre avis. Pour lui, le Qatar aurait joué un rôle de premier plan dans la gestion de la transition politique tunisienne. « Le scandale allait éclater dès le départ. On a vu en direct le char sur lequel on nous a amené la pièce maîtresse qui est Ennahda et son chef Ghannouchi. Aussi, tout le monde sait que c’est avec l’argent du Qatar que ces gens-là se sont implantés, ont mené leur propagande et donc acheté les voix », a précisé M. Ben Brik dans une interview accordée au journal El Watan : « J’irais plus loin en disant que le Qatar ne fait qu’appliquer les plans des Etats-Unis. Ces derniers louent pour cette région des régimes rétrogrades et retardataires pour mieux s’implanter ». Qu’en est-il au juste ?

Source: ”Investir en Tunisie” Le 20-01-2012

Lien: http://www.investir-en-tunisie.net/index.php?option=com_content&view=article&id=13033


Tunisie/Turquie : 2012, l’année du rapprochement

Un communiqué du ministère des Affaires étrangères turc a annoncé la visite en Tunisie le 23 janvier prochain de Zafer Gaglayan, le ministre turc de l’Economie. Cette visite annoncée, succédant à celle de Rafik Abdessalem, le ministre tunisien des Affaires étrangères les 10 et 11 janvier derniers en Turquie, atteste de la volonté de rapprochement et de coopération des deux pays. Zafer Gaglayan sera à la tête d’une délégation forte d’une centaine d’hommes d’affaires opérant dans les secteurs de l’investissement, de l’infrastructure et du tourisme. La présence dans cette délégation du directeur général de ZLE (Zones de Libre Echange) suggère que des discussions sur un mémorandum d’entente de coopération dans ce domaine devraient avoir lieu avec en ligne de mire la création d’une zone industrielle de libre-échange turco-tunisienne.

Le rapprochement de la Turquie et de la Tunisie ces dernières années a permis l’établissement d’une soixantaine d’accords et de protocoles de coopération ainsi que la mise en place d’une commission mixte permanente présidée par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. D’autres commissions turco-tunisiennes sur différents domaines tels que l’agriculture, le transport ou encore le tourisme se réunissent périodiquement. La Turquie a déjà manifesté son intérêt, à l’occasion de la visite du ministre tunisien des Affaires étrangères, pour les opportunités de coopération offertes par la Tunisie. Rafik Abdessalem s’est convenu avec son homologue turc sur un plan d’action dans plusieurs domaines bilatéraux et un calendrier et un calendrier de visites pour 2012. 23 entreprises turques, principalement dans le domaine textile-habillement sont actuellement implantées en Tunisie. Elles emploient 1 189 personnes.

 

Source: ”La Magazine Du Manager” Le 20-01-2012

Lien: http://www.lemagazinedumanager.com/actualites/2786-tunisieturquie-2012-lannee-du-rapprochement.html

 

 


Le Département d’Etat américain prévient ses ressortissants voyageant et résidant en Tunisie

Un rapport officiel a été publié sur le site travel.state.gov, le 13 janvier 2012, par Le Département d’État américain portant sur une alerte aux citoyens américains sur les risques de troubles en Tunisie.

Le rapport exhibe : La situation sécuritaire dans la plupart des centres touristiques et d’affaires reste calme. Cependant, des événements spontanés et imprévisibles, comme les arrêts de travail et des manifestations se produisent encore, un état d’urgence reste en vigueur, et de couvre-feu peut être rétabli à court préavis.

Le Département d’État américain continue de conseiller les citoyens américains actuellement en Tunisie pour rester attentifs aux évolutions de la sécurité locale et d’être vigilants quant à leur sécurité personnelle.

Les voyageurs qui envisagent se rendre à l’intérieur du pays devraient évaluer les conditions locales et des itinéraires en faisant des plans de voyage, car les conditions peuvent changer rapidement. Cette alerte Voyage remplace l’alerte de Voyage pour la Tunisie en date du 5 Octobre 2011, de mise à jour des informations sur la situation sécuritaire et les voyages en Tunisie, et expire le 12 avril 2012.

Les forces de sécurité gouvernementales, notamment la police, l’armée et la Garde nationale, sont visiblement présentes sur toute la Tunisie. Les voyageurs doivent tenir compte des directives données par les agents de sécurité en uniforme, et doit toujours montrer une copie de leur passeport comme preuve de la nationalité et l’identité. Le personnel de sécurité, y compris les fonctionnaires en civil, peut parfois placer les visiteurs étrangers sous surveillance. Il est contre la loi tunisienne de photographier les bureaux du gouvernement et d’autres installations sensibles. Incidents suspects ou des problèmes doivent être signalés immédiatement aux autorités tunisiennes et à l’ambassade américaine.

L’ambassade est située dans Les Berges du Lac de Tunis. Le numéro de téléphone de l’ambassade est le +216 71 107 000 et le numéro du fax de l’ambassade est le +216 71 963 263. La section consulaire peut aussi être contactée par e-mail à ConsularTunis@state.gov.

Source: “Tunisie Numerique” Le 20-12-2012

Lien: http://www.tunisienumerique.com/le-departement-detat-americain-previent-ses-ressortissants-voyageant-et-residents-en-tunisie/97683


Mustapha Kamel Nabli : l’homme qu’Ennahdha veut abattre

Par Raouf Ben Hédi – Adem Ben Ammar

Sale journée pour le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli. A entendre ce qui se dit, dans le sit-in organisé dans la matinée du jeudi 19 janvier, l’ancien expert de la Banque Mondiale doit « dégager » les lieux. L’intensité des protestations par rapport aux revendications syndicales semble toutefois exagérée. A s’interroger sur les causes réelles de ce sit-in que le contexte actuel ne justifie point ! A voir qui est derrière le sit-in et la disproportion entre les revendications et le mouvement de protestation, l’interrogation devient sérieuse et il devient (presque) évident que l’on cherche à éjecter, par le biais des syndicats, un gouverneur un peu trop gênant pour le parti au pouvoir. Le maintien de Mustapha Kamel Nabli à la tête de la Banque Centrale de Tunisie a suscité beaucoup de remous durant les tractations de la troïka des mois d’octobre et de novembre précédant la composition du gouvernement. Ennahdha, parti vainqueur des élections, avait son idée (et son homme) et voulait mettre la main basse sur cette institution qui, de par sa nature, se doit d’être indépendante. La volonté d’Ennahdha s’est manifestée par son projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics proposé à l’Assemblée nationale constituante. Dans ce projet de loi, le président de l’exécutif (soit le chef du gouvernement, maintenant que les choses se sont éclaircies) voulait obtenir le pouvoir de nommer le gouverneur, le vice-gouverneur et les membres du conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie. C’était la première semaine du mois de décembre. La réaction ne s’est pas fait attendre. Toute la place économique et financière tunisienne a crié au scandale. Des signes d’inquiétude et d’interrogation du FMI et de la Banque Mondiale ont même été adressés aux autorités tunisiennes. Le conseil d’administration de la BCT s’est réuni en urgence, en session extraordinaire, et a rappelé que l’indépendance des Banques Centrales et des autorités de contrôle et de régulation demeure l’une des principales orientations et évolutions ayant pour but d’assurer la stabilité financière et de consacrer les principes de la bonne gouvernance dans les systèmes démocratiques développés et dans plusieurs pays en développement qui ont connu une nette avancée dans ce domaine . Le personnel de la BCT a envoyé, pour sa part, une lettre ouverte à la Constituante et ont affirmé que la BCT ne peut assumer entièrement son rôle si elle ne bénéficie pas d’une entière indépendance dans la prise de décision. L’indépendance de la BCT est, d’après eux, la condition sine qua non de la réussite de la politique financière publique et la garante d’un contrôle impartial et objectif des institutions de crédits. Mustapha Kamel Nabli n’a pas, non plus, mâché ses mots et a rappelé, plus d’une fois, les fondements de la bonne gouvernance qui exigent une séparation des pouvoirs et d’appliquer ces principes à la Banque Centrale de Tunisie comme l’une des institutions importantes dans le système économique et financier. Il a rappelé les dangers d’une main basse du gouvernement sur l’Institution d’Emission et a indiqué lors d’un Congrès organisé le 8 décembre 2011 par la Fondation Temimi : « Le recours à la bonne gouvernance pour organiser la relation entre le gouvernement et la Banque centrale, dit-il, est expliqué par des études qui ont relevé la tendance des gouvernements à utiliser la politique monétaire aux objectifs de court terme, souvent lié à des échéances élections » Toutes ces réactions ont fait « reculer » Ennahdha et ont abandonné le projet de loi. Mieux encore, Mustapha Kamel Nabli a été maintenu à son poste, une fois le gouvernement composé. On croyait le problème résolu et que tout est rentré en ordre pour que la Banque Centrale tunisienne soit gouvernée sans aucune interférence gouvernementale. Jusqu’à ce jour de jeudi 19 janvier 2012, date du sit-in. Dans leur communiqué, les représentants syndicaux revendiquent la révision des résultats de promotions et ont exprimé leur mécontentement quant au refus du Gouverneur de la BCT à prendre en compte la liste de rattrapage préparée par le bureau syndical. Quant aux nominations, le bureau du syndicat appelle à l’objectivité, à l’innovation et à l’élimination des figures du régime déchu. Le même communiqué appelle à l’intégration directe des contractuels, demande réfutée par le gouvernement de la BCT qui privilégie le recours aux concours. Aussi, il s’agit de maintenir les bons d’achat en faveur des retraités, le recrutement des enfants des salariés et de différentes autres réclamations fantaisistes ou ne reflétant aucune urgence. Rien, en tout cas, ne justifiait le recours aux grèves et les sit-in et les propos blessants au gouverneur et son équipe. D’autant plus que le personnel de la BCT figure parmi les mieux payés en Tunisie (par rapport à la fonction publique) recevant entre 17 et 18 salaires par an. Quelle mouche a donc piqué le syndicat de la BCT pour hausser le ton à un moment où quasiment toutes les parties appellent au calme ? Parmi les grévistes qui ont manifesté durant la matinée du jeudi 19 janvier 2012, on retrouve plusieurs militants d’Ennahdha, nous indique un cadre de la BCT. « Ils ne s’en cachent même pas, ils le revendiquent haut et fort et avec fierté, nous dit-il. Or si Ennahdha multiplie d’un côté les appels au calme et que, de l’autre, ses militants observent des sit-in et des grèves, c’est qu’il y a clairement anguille sous roche et non de simples revendications sociales qui n’ont rien d’urgent. »

Autre point, les grévistes de ce matin ont brillé par leur absence lors du sit-in organisé il y a quelques semaines par le personnel de la BCT pour défendre l’indépendance de la BCT. Bon à rappeler, ceux qui défendaient l’indépendance de la banque étaient qualifiés de RCDistes. Quant au retour des figures du régime déchu, décrié ce matin par les syndicalistes, on ne les voit dans aucun organigramme ! Enfin, on ne peut pas oublier cette caricature parue dans le journal El Fejr (organe d’Ennahdha qui publie rarement de caricatures pourtant) montrant Kamel Nabli derrière un masque de Satan. Plus grave encore, une source autorisée de la BCT nous indique qu’il y avait des éléments étrangers à la banque ce matin, au 8ème étage, lors du sit-in devant le bureau du gouverneur. Caméras de surveillance à l’appui ! Les motivations des syndicalistes-manifestants du jeudi 19 janvier 2012 semblent donc être politiques et cela s’explique. Ennahdha n’a pas pu éjecter Mustapha Kamel Nabli pour mettre un des siens, ce sont ses militants qui s’en chargent ! Et, par le biais des syndicats, il y a des chances que cela passe comme une lettre à la poste. Mais il n’y a pas que cela. Dans les coulisses et les salons, le nom de Mustapha Kamel Nabli est de plus en plus cité en tant que futur leader d’un nouveau grand Pôle politique qui pourrait représenter la véritable opposition à Ennahdha. L’ancien expert de la Banque Mondiale s’est bien exercé à la chose politique depuis son retour en Tunisie, il y a moins d’un an. Ses détracteurs évoquent son lien de parenté avec le lobbyiste Kamel Eltaïef, bien que celui-ci soit lointain. D’autres déclarent qu’il est déconnecté de la scène économique tunisienne. Remarque formulée après son intervention lors des Journées de l’Entreprise en décembre dernier à Sousse. Candidat non encore déclaré des démocrates républicains, Mustapha Kamel Nabli fait peur aux Islamistes parce qu’il est l’une des rares figures capables de les affronter et de gagner. N’ayant pas de casseroles, sans passif, son passé joue véritablement en sa faveur et son carnet d’adresses comporte plusieurs grands noms de dirigeants et de puissants mondiaux, en Europe, aux Etats-Unis (où il vivait), mais aussi dans le monde arabe. Autant d’éléments qui font que son profil ne sied guère à nos gouvernants actuels qui auraient bien aimé l’avoir à leurs côtés. Et puisqu’il n’est pas avec eux, ils le considèrent comme s’il était contre eux. Ce qui est, peut-être, vrai !

Source: ”Business News” Le 19-01-2012

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Mustapha-Kamel-Nabli–l%E2%80%99homme-qu%E2%80%99Ennahdha-veut-abattre-,519,28861,1

 


Tunisie. Y a-t-il une main secrète derrière les sit-in et grèves?

Par Jamel Dridi

Y a-t-il une tentative de déstabilisation médiatique du gouvernement tunisien ? Y a-t-il des forces de l’ombre qui tentent d’organiser le chaos dans les régions intérieures du pays ? Et si oui, pourquoi ?

On pourrait tout de suite dire ici que la colère actuelle d’une partie des Tunisiens tire uniquement sa force de la misère dans laquelle elle se trouve. Cette idée à laquelle on adhère totalement est vraie, et nous l’avions écrit ici à plusieurs reprises. Même si, tout en acceptant le droit de manifester pacifiquement, on doit souligner que l’excès de sit-in et de grèves est nuisible pour la cohésion du pays et la reprise souhaitée de son économie. Cela aussi a été écrit ici et ce longtemps avant la victoire électorale de la «troïka» qui compose le gouvernement actuel. Il y a quelques mois, Kapitalis publiait deux textes allant dans ce sens, ‘‘Ces révolutionnaires qui tuent la révolution tunisienne’’ et ‘‘Ces sit-in qui tuent un peu plus la Tunisie’’.

Des hommes de l’hombre sont-ils à la manœuvre ?

Pourtant si la colère populaire est légitime et doit s’exprimer, certains événements actuels, mêmes s’ils semblent naturels, semblent douteux, comme «forcés». A vrai dire notre religion n’est pas faite sur ce point mais l’instant est grave et quel que soit son camp politique on est en droit de s’interroger sur la spontanéité de certains actes et ce afin de protéger notre pays qui s’approche du précipice.

Nous n’évoquerons même pas ici l’odieuse tentative de déstabilisation médiatique du ministre de l’Intérieur, avec la diffusion sur les réseaux sociaux de cette pseudo-vidéo pornographique montée en son temps par les services de Ben Ali pour porter atteinte à la réputation de l’homme et, à travers lui, au mouvement islamiste Ennahdha.

Là, on n’est même plus dans le combat politique. On n’est même plus dans les coups bas. On est au-delà, c’est-à-dire dans l’irresponsabilité et l’absence totale de scrupules qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Attention à ceux qui vont trop loin dans ces pratiques douteuses de désinformation et de manipulation pernicieuse de l’opinion. Quand on lance un combat où tous les coups sont permis, même ceux au-dessous de la ceinture, on risque d’en recevoir aussi !

Nous évoquerons plutôt ici la multiplication des débordements et sit-in qui ont lieu de manière anarchique et dont émerge parfois des revendications pour le moins bizarres.

Dernière «perle» revendicative surprenante, quelques villageois des terres de l’intérieur tunisien ont demandé ou plutôt exigé qu’un gouvernorat soit créé pour eux. Rien que ça ! Et pourquoi ne pas demander carrément la création d’un Etat indépendant avec des frontières et une monnaie différente en plein centre de la Tunisie ?

On connaissait certaines régions du monde – très riches – qui se sont permises de négocier et d’obtenir leur indépendance contre un gros chèque, comme Monaco par exemple vis-à-vis de la France. Mais là, sauf erreur, les quelques villages qui demandent à se réunir en gouvernorat ne sont pas riches, ni ne possèdent une spécificité particulière.

Alors, d’où vient cette revendication pittoresque ? Sans doute pas de ces pauvres manifestants frappés par l’enclavement économique et l’angoisse du «no future». Et c’est là que la vision panoramique de tous les sit-in, grèves, etc., qui se multiplient face à un gouvernement qui n’a même pas fêté son premier mois d’anniversaire, permet de penser qu’ils sont peut-être le fruit de la manipulation.

Y a-t-il des précédents ?

Dans le passé, des dizaines d’exemples montrent qu’il y a bien eu des gouvernements qui sont tombés en raison d’actions secrètes de déstabilisation. L’exemple qui ressemble sans doute le plus à celui de la situation tunisienne actuelle remonte aux années 1970 en Amérique du Sud, au Chili. Les Etats-Unis et les militaires chiliens étaient très mécontents de l’arrivée au pouvoir d’un homme de gauche. Les deux parties, animées par le même objectif, ont, par le biais de la Cia, les services de renseignement américains, financé, formé et organisé des grèves et des manifestations dans tout le pays. Ce fut, surtout, le mouvement dit de la grève «des camionneurs» qui entraîna un pourrissement tel que le gouvernement, dépassé par les événements, fut violemment écarté par un coup d’Etat

Si, aujourd’hui, en Tunisie, les Etats-Unis semblent «amis» avec la «troïka» au pouvoir et que leurs agents ne sont sans doute pour rien dans la situation actuelle, rien n’empêche d’autres services de pays hostiles au gouvernement actuel d’agir. Cette hypothèse nous paraît assez peu plausible, mais faut-il pour autant l’écarter totalement ? Qu’il y ait des parties étrangères, opposées à la montée de partis islamistes en Afrique du Nord et soucieux d’empêcher le succès d’une transition démocratique menée par Ennahdha, qui tirent les ficelles de «clients» ou de marionnettes locaux, cela devrait être considéré comme une possibilité à ne pas négliger.

Pourquoi le pourrissement est-il recherché ?

Cela dépend de l’agenda secret des parties qui poussent à ce pourrissement et leurs objectifs.

Sur le court terme, l’objectif serait de pousser le gouvernement à démissionner. Le problème est que si cela arrivait, la situation ne s’améliorerait pas rapidement car il faudrait qu’il y ait d’autres élections avant d’avoir un nouveau gouvernement désigné. A moins que, dans l’ombre, l’on nous prépare déjà un gouvernement avec des «hommes providentiels» capables de sauver la Tunisie. Bref, on reviendrait au bon vieux temps où l’on choisissait à la place des Tunisiens leurs dirigeants.

Après la démission du gouvernement Mohamed Ghannouchi, on nous avait déjà fait le coup. On avait dégainé plus vite que Lucky Luke pour mettre en place un gouvernement tout frais tout prêt. Pour quel résultat d’ailleurs ? Si le pays a été tenu plus ou moins, il n’y a eu aucune amélioration économique notable. On le voit d’ailleurs aujourd’hui avec les sit-in et grèves.

 

Sur le moyen terme, ce pourrait être de faire pourrir la situation afin d’envoyer un message clair aux Tunisiens pour les prochaines élections. Un message du type «Avec Ennahda, le Cpr et Ettakatol au pouvoir, la Tunisie sombrera dans le chaos. L’économie n’ira pas mieux et vous ne récolterez que le chômage et la misère». On imagine vite quel serait le résultat des urnes pour ces trois partis lors des prochaines élections.

Dans tous les cas, le but est de se débarrasser de ce gouvernement issu d’élections démocratiques parce qu’il remet trop en cause une géopolitique nord-africaine reposant sur d’énormes intérêts. Qui peut en effet penser que les dictatures en place dans la région accepteraient de bon cœur une évolution positive en Tunisie ? Elles qui font la sourde oreille alors que leur peuple frappe, d’une main, à la porte de la démocratie montrant, de l’autre, l’exemple tunisien ? Qui pourrait penser que les puissantes multinationales qui pillent les richesses des pays africains, dans le dos et aux dépens de leurs peuples, laisseraient un petit pays comme la Tunisie donner le «mauvais exemple» à ces peuples spoliés pour qu’ils se révoltent et profitent un peu de ce qui leur revient de droit ?

 

Ne nous trompons pas : de la réussite de la transition démocratique tunisienne découleront des conséquences dont on ne mesure pas, aujourd’hui, l’ampleur.

Le gouvernement doit rétablir l’ordre

Dans tous les cas, pour en revenir au désordre actuel en Tunisie, le gouvernement doit agir même si sa marge de manœuvre est limitée. Car, s’il ne fait rien, souhaitant apparaître comme un gouvernement qui «discute», la vague contestataire, qu’elle soit spontanée et légitime ou artificielle et alimentée par des forces obscures, risque tôt ou tard de l’emporter. Au contraire, s’il agit trop durement sur le terrain, ses adversaires diront qu’il ne sait utiliser que la force, comme du temps de Ben Ali. Les organisations internationales et les pays défenseurs des droits de l’Homme ne manqueront pas de le lui reprocher, en disant qu’il faut protéger les civils (bref le fameux droit d’ingérence que certains appellent «la colonisation humanitaire»). Et ce serait peut-être le but recherché in fine par ses adversaires, à l’intérieur et à l’extérieur.

En fait la voie est sans doute entre les deux. Tout en négociant sincèrement, le gouvernement doit prendre des mesures pour assurer l’ordre public en ne recourant à la force qu’en cas d’extrême nécessité et de manière mesurée.

Quoi qu’il en soit, le salut de la Tunisie passe par une gestion rationnelle, raisonnable et solidaire de cette phase délicate de son histoire.

Source. ”Kapitalis” Le 20-01-2012

Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/7911-tunisie-y-a-t-il-une-main-secrete-derriere-les-sit-in-et-greves.html

 

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