20 juillet 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2250 du 20.07.2006

 archives : www.tunisnews.net


El Maoukef : Derrière les barreaux – Noureddine Arbaoui Parti Tunisien du Travail: Du siège de Beyrouth à l’encerclement du Liban Tunis Journal: Opposition et droit d’expression AFP: Amnesty critique le rôle des trois géants de l’internet en Chine AP: De nombreux fans accueillent Mariah Carey à Tunis, où elle doit faire son retour sur scène  Astrubal: Quand va-t-on enfin honorer les attentes réelles d’un peuple qui n’en finit plus d’attendre ? Jeune Afrique: D’un congrès l’autre Jeune Afrique: Les universités privées au service de l’emploi Le blog de Zizou: Zizou from Tunis Taïeb Moalla : Liban-Israël: Le chemin de tous les dangers

 
 Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens    

Sauvez la vie de Mohammed Abbou Sauvez la vie de tous les prisonniers politiques   Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 860, Fax : 71 351 831   Tunis, le 18 juillet 2006  

Communiqué  IL EST A L’AGONIE

 

Il y a aujourd’hui quarante jours que le militant politique Mohammed Akrout, actuellement incarcéré à la prison civile du 9 avril, a commencé une grève de la faim pour exiger ses droits les plus élémentaires, garantis par la loi sur les prisons. Cependant l’administration générale des prisons ne lui a pas répondu, le conduisant à poursuivre son mouvement. L’état de santé de monsieur Mohammed Akrout empire et sa famille craint pour sa vie. Elle a été empêchée de lui rendre visite la semaine passée ce qui n’a fait qu’exacerber ses doutes et son angoisse. L’AISPP a appris que le fils du prisonnier politique Mohammed Akrout avait envoyé des télégrammes à la présidence de la République et aux ministères de la Justice et de l’Intérieur. L’Association a reçu également des informations répétées émanant de familles de prisonniers politiques qui ont rendu visite aux leurs récemment accréditant le fait que l’état du militant prisonnier Mohammed Akrout est très grave, d’autant qu’il n’absorbe plus rien et que sa grève de la faim ne se limite pas à ne pas prendre de nourriture, mais qu’il n’absorbe non plus ni eau, ni sucre. L’AISPP lance un cri d’alarme et demande à toutes les associations de droits de l’homme, nationales ou internationales, d’intervenir d’urgence pour sauver la vie de monsieur Mohammed Akrout, pour que soient satisfaites ses revendications légitimes, qu’il ait droit à des soins et à une libération conditionnelle. Elle attire l’attention des responsables sur le fait que le maintien en prison d’un grand nombre de prisonniers politiques depuis quinze ans et plus entraîne chez ces derniers affaiblissement, amaigrissement et complication des pathologies. Les prisonniers politiques perdent leur immunité et sont désespérés, refusant d’accepter leur état de prisonniers. Ce désespoir les amène à entreprendre des grèves de la faim qui aggravent encore leur état, et certains ont frôlé la mort. Rappelons que le refus de leur prodiguer des soins en temps voulu aggrave les maladies et rend les soins rendus par la suite inutiles, car dispensés trop tard. Plusieurs prisonniers sont décédés : Ali Dridi, Abdeljaouad Abboud, et récemment, Hechmi Mekki.   Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri   (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)


 

Derrière les barreaux  Noureddine Arbaoui

 

Le prisonnier politique Noureddine Arbaoui est enfermé en prison depuis 1991, année de son arrestation. Il a été accusé d’appartenance au mouvement de la Nahdha. Il est né le 10 novembre 1960 à Tala. Il a fini en 1984 ses études à la section psychologie de la faculté de littérature et de sciences humaines à Tunis, et les a poursuivies en France en vue du doctorat. Mais il a été pris de court par une interdiction de voyager et de renouveler son passeport lors d’un retour au pays au cours de l’été 1986.  Il a exercé en tant que psychiatre dans des institutions spécialisées jusqu’à son arrestation. Il a publié un livre intitulé « l’éducation et l’enseignement en Tunisie » en 1990. Il a été condamné à l’emprisonnement à perpétuité par le tribunal militaire en 1992 lors d’un procès dont toutes les associations nationales et internationales se sont accordées à dire qu’il était entaché de nullité. Quant à son épouse, qui n’avait vécu que deux mois de vie conjugale, les brimades se sont abattues sur elle, ce qui l’a contrainte à se séparer de lui au terme d’années d’endurance. Sa famille, et au premier chef, son père, ont tout enduré. Ils sont allés de la prison du 9 avril, à celles de Nadhor, Roumi, Mehdia et enfin Kasserine où il est depuis quelques mois. Arbaoui a fait de nombreuses grèves de la faim pour voir améliorer sa situation et pour que soit levée l’injustice qui le frappe, lui et ses frères. Les conditions d’incarcération épouvantables qui ont été les siennes depuis quinze ans ont eu des répercussions sur sa santé. Il est atteint de plusieurs maladies chroniques. Actuellement, il souffre d’asthme et de sinusite. Sa famille affirme que son état est critique et requiert sa libération d’urgence, avant qu’il ne soit trop tard.   (Source : El Maoukef n°368 du 14 juillet 2006) (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

Petition SAVE THE LEBANESE CIVILIAN

 

http://epetition.net/julywar/index.php http://fromisraeltolebanon.info  

PARTI TUNISIEN DU TRAVAIL

Du siège de Beyrouth à l’encerclement du Liban

Le Parti Tunisien du Travail ( PTT ) adresse à tous les combattants et à l’ensemble des peuples libanais et palestinien son salut et l’assure de sa solidarité indéfectible.. Ces peuples indomptables qui ont forcé l’admiration du Monde entier grâce à l’immense courage dont ils font preuve face à un ennemi sans foi ni loi et soutenu par toutes les puissances impérialistes.
Chaque fois que les sionistes croient avoir atteint leur but et hurlé une prétendue victoire, ces merveilleux peuples réussissent à démentir leurs prétentions et la terre de Palestine s’embrase pour brûler les pieds des occupants et pour témoigner, aux yeux de tous les peuples du Monde, de son arabité éternelle et invariable.
Le PTT rappelle ces vérités:
• Si le siège de Beyrouth en 1982, dont les massacres et les destructions témoignent de la rage du criminel sioniste, était dans le but de liquider physiquement la résistance palestinienne, l’encerclement de tout le Liban, aujourd’hui, dont les carnages insoutenables de la population civile dépassent les pratiques nazies, est méthodiquement planifié et programmé avec le concours et le soutien des puissances occidentales pour liquider la glorieuse résistance du peuple libanais.
• La propagande du sionisme cherchant désespérément la paix est une fallacieuse illusion, car l’établissement de l’entité d’occupation sioniste sur les terres arabes est en contradiction totale avec les aspirations légitimes des peuples arabes et la paix:
l’entretien et la provocation des guerres de destructions et les répétitions des massacres sont les seuls procédés pour sa survivance. • Tous les plans de la politique des régimes arabes ont désastreusement failli.
Embrigadés dans la stratégie anti-arabe et anti-musulmane des USA depuis Camp David, ils ne peuvent que servir leurs intérêts dans la région comme ils l’ont fait avec l’Irak et réitéré avec la Palestine et le Liban. S’ils ont réprimé dans le sang toutes expressions populaires de solidarité avec les peuples palestinien et libanais, désormais leur collaboration avec les criminels américano-sionistes est totale.
Qu’ils sachent que la résistance libanaise et palestinienne, par la noblesse et la justesse de sa cause, est immensément plus grande que la puissance logistique de leurs maîtres.
Les vaillants combattants libanais et palestiniens, par leur immense courage et leur détermination, continuent à éclairer le chemin à la résistance arabe dont la victoire sur l’ennemi et ses infâmes collaborateurs est inéluctable.
Le Parti Tunisien du Travail joint sa voix à toutes celles, qui en Tunisie et de par le monde, se sont élevées pour dénoncer la barbarie des sionistes. Il s’incline devant toutes les victimes libanaises et palestiniennes, nouveaux martyrs de la cause sacrée arabe et dont les sacrifices ne seront pas vains, car ils ont contribué à gagner de nouvelles forces pour la cause palestinienne et libanaise et celle de tous les peuples arabes qui affrontent le sionisme et l’impérialisme.
Tunis, le 15 juillet 2006  

Opposition et droit d’expression

Le FDTLT : Forum démocratique pour le travail et les libertés qui est un parti Tunisien d’opposition légal et reconnu, se contente face à la censure qui sévit à Tunis par distribuer un journal électronique « El Bawwaba ». le dernier message annonçant le dernier numéro dit : « Bonjour, vous trouverez en cliquant sur le lien ci joint l’intégralité du numéro 11 de la bawwaba : http://www.fdtl.org/article.php3?id_article=150 Cordialement. » Seulement si vous êtes en Tunisie inutile d’appuyer sur le lien, le site est censuré. Le FDLT n’est pas le seul parti politique dont le site est censuré en Tunisie. Le PDP, le CPR et le POCT le sont aussi sans parler des associations indépendantes de la société civile dont aucun de leurs sites ne peut être hébergé ou gérer en Tunisie. Dans ce numéro on trouve publié Le texte d’un droit de réponse envoyé depuis le mos de mai et jamais publié à un journal hebdomadaire « Akhbar al Joumhouria » par lequel le secrétaire général cherche à répondre à l’accusation faite à son parti par le journal « de tenir un discours blessant, primaire et inacceptable du tout par le gouvernement tout en se lamentant de ne trouver aucun moyen de dialogue avec elle » Le SG du FDLT qui met le journal au défi de trouver le moindre propos de ce genre dans les documents de son parti se dérange pour peut. Lui qui est un vieux routier de l’opposition semble oublier qu’on est en dictature en Tunisie pour disserter sur la nuance entre la diffamation et l’expression de différence… Peut on être insulté autant que de subir la dictature de cette façon ? (Source : « Tunis Journal » N° 2, le 20 juillet 2006) Lien : http://www.webzinemaker.com/admi/m6/page.php3?num_web=38559&rubr=3&id=305885
 

 

Amnesty critique le rôle des trois géants de l’internet en Chine

    AFP, le 20 juillet 2006 à 13h37     LONDRES, 20 juil 2006 (AFP) – Amnesty international a dénoncé jeudi la collusion des géants de l’internet Yahoo!, Google et Microsoft avec les autorités chinoises, qui selon l’ONG basée à Londres pose la question de la « collaboration » de telles entreprises à des violations des droits de l’Homme.
    « En Chine, Microsoft, Google et Yahoo! aident le gouvernement à réprimer les libertés fondamentales », écrit l’organisation de défense des droits de l’Homme qui publie un rapport intitulé « l’attaque de la liberté d’expression en Chine, le rôle de Yahoo!, Microsoft et Google ».
    « Les trois compagnies ont d’une manière ou d’une autre facilité ou été de connivence avec la pratique de la censure en Chine », écrit Amnesty.
    Yahoo! a « procuré aux autorités chinoises des informations privées et confidentielles sur ses utilisateurs, dont des données personnelles qui ont été utilisées pour condamner au moins deux journalistes ».
    Microsoft a lui « admis avoir fermé un blog à la demande du gouvernement », et Google, rappelle Amnesty, a lancé en Chine une version censurée de son moteur international de recherches.
    Selon Amnesty, les actions de Yahoo!, en particulier, ont eu « de graves conséquences pour les personnes affectées », dont « au moins deux ont été condamnées à de longues peines de prison ».
    Il s’agit d' »une violation des principes largement reconnus sur les droits de l’Homme », dénonce Amnesty, dont le rapport sur les trois géants de l’internet en Chine est publié dans le cadre du lancement d’une campagne internationale contre la répression de l’internet.
    « Ils affirment qu’ils obéissent aux lois locales, mais en fait, ils succombent à la pression politique », a estimé la directrice d’Amnesty au Royaume Uni Kate Allen.     Selon Amnesty, les trois géants de l’internet « facilitent et entérinent la censure du gouvernement ».
    Plus généralement, les requêtes adressées par les gouvernements à de telles entreprises « posent la question de la collaboration de ces entreprises à des violations des droits de l’Homme commises par ces Etats », ajoute Amnesty.
    Dans cette optique, l’ONG publie huit recommandations à destination de Yahoo!, Microsoft, Google et des autres acteurs de l’internet en Chine.
    Elle leur demande notamment d’être « transparents concernant leur processus de filtrage (…) en rendant publics les mots et phrases qui sont filtrés, et comment ces mots sont choisis ».
    Selon la nouvelle campagne d’Amnesty, un nombre croissant de mesures sont prises dans le monde pour restreindre l’utilisation de l’internet.
    Amnesty mentionne notamment l’Arabie saoudite, l’Iran, la Chine, la Syrie, la Tunisie et le Vietnam.      AFP  

De nombreux fans accueillent Mariah Carey à Tunis, où elle doit faire son retour sur scène

Associated Press, le 20 juillet 2006 à 02h31  TUNIS (AP) — Des centaines de fans ont réservé un accueildébordant de chaleur à la chanteuse américaine Mariah Carey à sonarrivée mercredi tard dans la soirée à Tunis, où elle doit donnerdeux concerts, pour son retour sur scène après une éclipse de troisans.  Vêtue d’une courte robe noire courte mettant en relief sesdésormais célèbres jambes, la star a été ravie de rencontrer au basde la passerelle de l’avion spécial à bord duquel elle a fait levoyage avec son équipe, le « ballet des anges », un groupe de dansede la chorégraphe tunisienne Sihem Belkhodja. Selon lesorganisateurs, Mariah Carey désirait être accueillie par desenfants.  Les représentants des associations caritatives auxquelles seraversée une partie des recettes des concerts étaient également venussaluer la vedette américaine.  « Je suis très contente d’être en Tunisie et de rencontrer ces gensgentils et accueillants », a-t-elle déclaré à la presse.  A sa sortie du salon d’honneur de l’aéroport international deTunis-Carthage, la diva new-yorkaise a tenu à se mêler à la foulequi attendait de la voir depuis plusieurs heures.  Collier de jasmin autour du cou, elle a bravé le cordon desécurité pour serrer la main à ses fans et poser avec les troupesde musique populaire en tenue traditionnelle. « Mariah, Mariah »,criaient, enthousiastes, ses jeunes fans en brandissant desportraits de la vedette et des pancartes colorées avecl’inscription « welcome Mimi in Tunisia ».  « Je suis une inconditionnelle de Mariah Carey, j’adore seschansons et je la trouve très belle », a confié Najla Mhamedi. « Jevais la voir samedi avec ma sœur, c’est une occasion rêvée pour moi », s’est réjouie cette lycéenne de 13 ans.  Safia, étudiante, était quant à elle exténuée par la longue attente aux alentours de l’aéroport. « Enfin, je lui ai serrée la main et je l’ai vue en chair et en os, elle est ravissante »,s’est-elle exclamée.  Pour sa première apparition en terre africaine, la chanteuse aux´160 millions de disques vendus dans le monde chantera exclusivement à Tunis, avant d’entamer une tournée estivale aux Etats-Unis et au Canada. Elle se produira samedi et lundi prochains au stade d’El Menzah de la capitale tunisienne, dont la capacité est d’environ 40.000 personnes.  Auparavant, elle fera du tourisme dans la station balnéaire huppée de Yasmine-Hammamet, à 70 km de Tunis et dans le village pittoresque de Sidi Bousaïd qui surplombe la cité antique de Carthage avec ses célèbres vestiges romains.
Associated Press  

Quand va-t-on enfin honorer les attentes réelles d’un peuple qui n’en finit plus d’attendre ?

 

Par Astrubal

 

À première vue, si l’on observe la scène politique tunisienne, du moins ses canaux d’expression sur l’Internet, l’on ne peut que constater un vide de plus en plus étouffant – au sens propre comme au sens figuré – qui s’y installe.

Si on prend Tunisnews, tout comme d’autres lettres d’information à l’instar de celle du PDP, si on prend les autres sites et forums engagés et qu’on les expurge de tous leurs contenus en rapport avec les communiqués de dénonciations des violations humanitaires et les commentaires qui s’y réfèrent ; si en outre l’on écarte les reprises des dépêches des médias étrangers, il ne reste alors plus grand-chose en rapport avec le destin politique de la Tunisie.

Les échanges fougueux et non moins intelligents se sont taris, les débats pertinents sur l’avenir de la Tunisie sont devenus rares. Tout au plus, assiste-t-on, épisodiquement, à quelques échanges sur des questions ponctuelles qui laissent nos concitoyens quelque peu indifférents… à l’image du contexte atone au sein duquel ces échanges ont lieu.

Pourtant, il n’y a jamais eu autant de monde qui fréquente les espaces publics du net tunisien. Sur les forums de Nawaat, pour ne citer que les forums que je connais le mieux, il est remarquable de constater le nombre de personnes quotidiennement connectées avec aussi peu d’interventions. Et, encore, je ne parle pas des invités, ni des lecteurs qui accèdent aux messages du forum par la page d’accueil, je parle uniquement des membres inscrits qui se connectent en s’identifiant par leurs noms ou pseudos et dont on peut voir la liste sur les pages du forum.

Je reconnais que, pour beaucoup, cet aspect est très décourageant. Pourtant, et comme je l’ai souvent évoqué avec des amis exaspérés par ce vide asphyxiant qui ne cesse de prendre de l’ampleur, cette apathie n’est peut-être pas aussi négative dès lors qu’on la considère comme un indicateur d’une mutation du paysage politique tunisien. Car au fond, pour que les débats aient lieu, encore faut-il qu’il y ait des thèmes sur lesquels l’on éprouve le besoin et l’envie de débattre. Or, sur ce point, l’on constate depuis un certain temps que les sujets prioritaires de nos concitoyens ont été largement débattus, du moins sur les supports de l’Internet. Aussi « bateau » que cela puisse paraître, ces priorités relèvent de tout ce qui est en rapport avec l’abolition de la dictature. Et sur ce point, et s’agissant des grandes lignes du régime démocratique souhaité, tout ou presque a été dit. Et sauf à se mettre à radoter, il y a quasiment unanimité sur la nature d’un régime qui consacre les libertés fondamentales et assure la suprématie des règles de fonctionnement d’une République démocratique authentique. Et à cet égard, les consensus sont établis.

Ainsi, cette apparente apathie n’est peut-être que le reflet de l’arrivée à maturité des conditions nécessaires vers une transformation d’envergure de la situation politique tunisienne. En effet, de nombreux indices poussent à croire que nous sommes en phase de traverser ce type de périodes très singulières précédant les grands changements. C’est donc une attitude générale d’attentisme propre à la fin d’une époque. Et, sûrement, il appartient à tout le monde de faire en sorte qu’elle ne s’éternise pas. Et pour ma part, derrière cette apparente apathie concernant le destin national, je perçois en réalité une grande impatience pour que les choses changent. En tout cas, sur le plan des luttes syndicales et associatives, tout observateur qui scrute attentivement les évènements, ne peut que relever les indices flagrants d’un ras-le-bol généralisé qui n’attend qu’à s’exprimer d’une façon plus conséquente et, surtout, plus collective.

Cela étant, et lorsque plus haut on parle de « régime qui consacre les libertés fondamentales … » et tout le toutim qui va avec, d’aucuns peuvent, peut-être, à la lecture de ceci hausser les épaules tant on peut être agacé par la nature redondante, et désormais creuse de ces phrases que l’on entend à satiété. Car, dans le context actuel de la Tunisie, ce type de propos est devenu « langue de bois verbeuse » vis-à-vis de laquelle on est susceptible d’éprouver la même allergie que les discours officiels. Et c’est peut-être là où réside tout le problème. Car, depuis le temps qu’on le dit, ce n’est plus ce type de phrases qui va transformer le régime. Et à l’égard de l’attentisme généralisé que l’on observe, ce type de discours n’apporte plus rien et ne répond pas, en tout état de cause, à l’incompréhension vis-à-vis de la carence d’un projet institutionnel en vue d’une alternative à la dictature (I). Et l’absence d’un projet démocratique fédérateur (II) est d’autant plus dommageable que tout semble mûr pour l’accueillir, y compris le « système » actuel, malgré ses travers, et lequel ne demande pas mieux qu’à muer pour accompagner le changement démocratique (III).

I .- La carence « désormais » inintelligible d’une alternative à la dictature.

En quoi les revendications d’une démocratie et d’un Etat de droit deviennent-elles, comble de la situation, une langue de bois verbeuse ? Parce que la langue de bois et le verbiage sont le propre des discours qui ne veulent plus rien dire. Depuis plus de 20 ans, en effet, c’est les mêmes discours et revendications que l’on entend : « Plus de démocratie par le respect de l’indépendance de la justice, de la séparation des pouvoirs mais également par le respect de la liberté d’expression et d’association, tout comme de toutes les garanties constitutionnelles ».

Autant, durant des périodes incertaines avec des acteurs incertains, il est normal d’afficher ses intentions, de les clamer et de les défendre. Il y a un temps où l’on martèle les slogans, les phrases et les idées. Celui où l’on cherche à débattre, à expliquer, à rassurer et à proposer sommairement la vision que l’on se fait de l’avenir du pays et de ses institutions. Ensuite, vient le temps du passage au concret par des engagements élaborés, écrits noir sur blanc. Des engagements sur des réformes claires qui écartent le doute concernant l’avenir desdites institutions.

Parfois, certains de nos concitoyens se plaignent de l’absence des programmes des partis politiques. Il est fréquent en effet de lire sur les espaces publics de l’internet des reproches faits à ce sujet. Pourtant, ces reproches, tels qu’ils sont formulés, sont souvent infondés. Car des programmes, il y en a eu et il y en a. Il y en a même à foison lors des périodes électorales. Parmi ces programmes, certains sont d’une telle richesse que l’on y trouve de tout. Du taux de plomb dans l’essence à la couleur de la peinture des bâtiments publics, en passant par le taux d’augmentation du SMIG ou l’âge du départ à la retraite.

Ce ne sont pas ces programmes « d’intendance et de gestion des affaires du pays » qui incarnent l’urgence. L’attentisme généralisé que l’on observe n’est pas en quête de la mesure qui va décider du calibre des melons de Béja ou des ingrédients des teintures pour les cheveux à mettre sur le marché. Il s’agit plutôt du seul et unique pan ultra prioritaire de tout programme qui aspire à mobiliser. Du programme destiné à exposer en détail les mécanismes institutionnels de rechange devant garantir la démocratie et l’Etat de droit. Et sur ce plan, rendons hommage à Monsieur Marzouki ou à M. Yahyaoui qui ne cessent d’attirer l’attention sur l’aspect ridicule de ceux qui se gargarisent de programmes politiques d’intendance lors des échéances électorales en faisant mine d’ignorer que ces programmes n’ont d’utilité que pour les gargotiers et les « hammassas ».

En effet, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, hormis les slogans et les belles phrases, nous ne savons rien quant aux projets relatifs aux réformes institutionnelles envisagées par les uns et par les autres. Du reste, l’on se demande même si ces projets existent. Nombreux sont ceux qui de temps à autre ont exprimé le doux rêve d’une « révolution du jasmin » à la manière de ce qui s’est produit ailleurs. Et à cet égard, beaucoup de choses ont été écrites sur le succès initial de la Grève de la faim ou de Yezzi. Mais également tant de voix ont exprimé de l’amertume sur le devenir de ces actions. Quoi qu’il en soit, ces actions démontrent que dès lors qu’une quelconque initiative pouvant donner de l’espoir émerge, aussi attentiste qui puisse être l’opinion publique, une adhésion certaine se manifeste. C’est à croire que les Tunisiens n’attendent qu’à être mobilisés pour agir.

Mais alors une question se pose : pourquoi ces initiatives échouent-elles à devenir plus conséquente ?

Parce que, tout simplement, l’on ne transforme pas un régime UNIQUEMENT par une grève de la faim ou une manifestation en ligne. On ne balaye pas un régime pour du vide. On balaye un régime pour lui substituer un autre. Certes, toute initiative peut faire boule de neige, mai encore faut-il que le lit d’une transformation d’ampleur voit le jour. Or, ceci n’a pas été le cas… et ne l’est toujours pas. Et en disant cela, je ne cherche pas à dénigrer la grève de la faim. Et pour cause, je considérais, dès le mois d’avril 2005 déjà, qu’une telle grève de la faim à l’occasion du SMSI était en mesure d’incarner l’une des actions les plus spectaculaires pour dénoncer le régime tunisien. Ce fut en tout cas le sens des propos que j’avais échangés avec M. Yahyaoui sur les forums de Nawaat [1].

Et, effectivement, cette grève de la faim fut des plus spectaculaires en terme de retombées médiatiques. En outre, ce qu’il y a eu de remarquable avec cette action, c’est que, pour la première fois depuis des décennies, une formidable communion a pu avoir lieu sur des idées claires et simples sans que cela ne soit réellement parasité (ou si peu) par des noms de personnalités. La composition hétérogène des grévistes de la faim, mais également l’adhésion massive et non moins hétérogène qui s’est manifestée à l’égard des revendications formulées auraient pu augurer d’une suite sérieuse. Les conditions étaient réunies pour que l’après grève de la faim mène tout droit vers ce projet commun tant espéré en matière de réformes des institutions. Lequel projet destiné enfin à nous sortir des slogans et donner aux Tunisiens la raison d’être de leur mobilisation. A ce jour, c’est ce projet mobilisateur pour la démocratie qui fait toujours défaut. C’est ce même projet qui a manqué à Elkarama pourtant porteuse d’espoir. C’est ce même projet qui manque, encore et toujours, dramatiquement aux programmes des partis politiques. Et il est utile de préciser ici qu’il ne s’agit évidemment pas d’une dissolution des partis dans un front commun, mais d’une union sur les dénominateurs communs du régime au sein desquels évolueront les partis politiques et les activités de la société civile. En somme, le cadre qui va permettre une compétition politique saine, le travail associatif et l’alternance pacifique pour la gestion des affaires de l’Etat ; tout ceci en respectant les différences de chacun.

Autant le relatif échec d’Aix à cet égard pouvait être imputé à un contexte non encore mature, autant l’absence de suites sérieuses à la grève de la faim paraît incompréhensible. Car, faut-il le souligner encore, l’épisode de la grève de la faim avait réussi là où tout le monde avait échoué par le passé, y compris la rencontre d’Aix : IMPOSER des revendications détachées des noms des personnalités qui les portaient. Enfin, on ne soutenait plus des hommes ou des partis politiques, mais on se battait collectivement pour les mêmes principes républicains, quelles que soient les orientations idéologiques de chacun.

Or, pourquoi s’est-on arrêté en si bon chemin ? Pourquoi ne sommes-nous pas passés des revendications sommaires sur le plan de la forme, à quelque chose de plus conséquent en matière de propositions communes supra-partisanes ? Des propositions qui matérialisent enfin, ce, pour quoi on désire mobiliser les Tunisiens, quitte à envisager cette mobilisation sur le moyen et le long terme. Est-ce parce que, prises individuellement, les différentes forces politiques en présence ignorent elles-mêmes ce qu’elles veulent précisément ? C’est possible …

Ou alors, est-ce que les différentes forces politiques de l’opposition démocratique sont si peu ambitieuses au point de n’envisager leur action que dans le cadre de revendications mineures ? N’arrivent-t-elles toujours pas à se voir dans un cadre autre que celui de forces subalternes constamment quémandeuses de « réformettes », au lieu d’être les porteuses des grands changements politiques ? Sont-elles si timides au point de ne pas oser mobiliser pour des changements d’envergure des institutions de notre pays. Sur ce plan, en tout cas, le bilan de certains partis qui existent depuis plus de 20 ans est singulièrement vide.

On ne peut qu’avouer notre perplexité devant l’absence de tels programmes détaillés envisageant la transformation de l’actuel régime vers plus de démocratie. Et c’est d’autant plus troublant que derrière les éternels slogans, l’on est toujours dans une configuration d’une demande d’un « chèque en blanc » devant être fourni par les citoyens. Car ceux-ci ignorent toujours de quoi sera fait l’avenir en matière de gouvernance.

II.- A quand un projet national pour une alternance démocratique ?

A M. Najib Chabbi du PDP, à M. Mostapha Ben Jaafar du Forum Démocratique, à M. Moncef Marzouki du CPR, à M. Rached Ghannouchi d’Ennahdha, à M. Hamma Hammami du POCT et à toutes les autres forces politiques que compte le pays, jeunes ou moins jeunes, d’Elkarama à la Tunisie Verte -et lesquelles aspirent à gouverner un jour le pays-, dites ce que vous envisagez de faire. Sollicitez l’engagement en faveur d’un avenir politique fédérateur par ses dénominateurs communs. Clarifiez vos positions vis-à-vis de cet avenir. Formulez des engagements fermes sur des dispositions de nature à nous sortir du bourbier dans lequel la Tunisie s’est enfoncée. La Tunisie entière est en attente d’être mobilisée. Elle est même fatiguée d’attendre. Elle n’aspire qu’à faire sa « révolution du jasmin ». Mais pour cela, encore faut-il lui donner des gages pour qu’elle sache vers où elle va. Que les gens sachent précisément pourquoi ils vont devoir descendre dans la rue. Qu’ils sachent surtout qu’ils ne vont pas remplacer un système par un autre. Bref, qu’ils aient la certitude de pouvoir faire triompher des principes quelles que soient les personnes qui seront en charge de les faire respecter.

 

A.- Les institutions, ces grandes absentes …

En effet, et avant même de nous exposer les volets de vos programmes destinés à faire bonne figure en parlant de justice sociale, à faire sérieux en proposant les réformes touchant au marché boursier et au secteur bancaire, à faire l’écolo en dissertant des mesures à prendre pour la préservation du lac Ichkeul ou des chênes-lièges de Tabarka, à faire « l’authentique » en proposant des dispositions pour la sauvegarde des Médinas et du patrimoine culturel, à faire le « moderne » en reprenant le registre devenu si litanique du « renforcement des acquis de la femme tunisienne »,etc. bref avant d’exposer ce catalogue qui donne le même espoir que permet tout « bon torchon » apte à rendre la transparence des vitres pour une vision limpide vers l’azur porteur d’espérance, il est peut-être plus utile de commencer par s’arc-bouter sur des propositions sérieuses et détaillées sur l’avenir de nos institutions. En sommes, les mécanismes qui vont servir, entre autres, à rendre un tant soit peu crédible le baratin relatif à la gestion du quotidien.

Car, aussi « experts » que puissent être les rédacteurs de ces programmes d’intendance, la situation actuelle de la Tunisie démontre que l’expertise des rédacteurs de ces programmes est proportionnelle à l’ampleur de leur imbécilité. Sinon :

-  Comment peut-on parler de justice sociale alors que, hormis les slogans, il n’y a rien ou presque dans les programmes pour garantir la justice tout court par des mesures détaillées afin d’assurer son indépendance ?

-  Comment peut-on parler du « renforcement des acquis de la femme tunisienne », alors qu’il n’y pas de proposition pour garantir, quoi qu’il en coûte, l’indépendance d’un conseil « gardiens des libertés et droits fondamentaux », fussent-ils ceux des femmes ou des hommes ; en l’occurrence un Conseil constitutionnel souverain, organe incontournable, pour lutter contre les lois scélérates ?

-  Comment peut-on parler de réformes touchant au secteur économique sans proposer des dispositions incarnant une sorte de préalable absolu pour assurer la neutralité de l’Etat et de son administration, et ce, afin d’éviter la concussion, la corruption et le népotisme, comme tout ce qui est de nature à gangrener la vie économique ?

-  Comment peut-on détailler des programmes politiques d’intendance, voire oser les évoquer, sans se pencher au préalable sur les mécanismes propres à engager d’une façon sérieuse la responsabilité politique de ceux qui auront la charge d’appliquer lesdits programmes politiques, à commencer par le président de la République et le premier ministre ?

-  Comment paraître sérieux en proposant des programmes, sans commencer par évoquer les mesures indispensables destinées à garantir la liberté d’opinion et d’expression, à même de permettre de pouvoir diffuser, discuter et critiquer ce qui est proposé sans crainte ni contrainte ?

Et on peut continuer ainsi à s’interroger longtemps sur la légèreté de ceux qui nous proposent des programmes ne servant à rien tant que l’essentiel, c’est-à-dire les mesures d’un modèle alternatif à la dictature, ne soit pas proposé. Des mesures urgentes devant être assorties d’engagements fermes et solennels pour les faire appliquer quoi qu’il en coûte.

 

B.- Des clarifications toujours attendues, mais jamais encore solennellement satisfaites.

Tout le monde est d’accord pour mettre fin à la dictature. Mais quant à savoir quels sont les moyens envisagés, quels sont les mécanismes préconisés pour que cesse ce que tous dénoncent, on ne sait toujours rien. Et c’est d’autan plus incompréhensible lorsque l’on constate l’unanimité au niveau de l’opposition démocratique pour dire que le principal drame de la Tunisie est la dictature. Or, pourquoi, face à cette unanimité, le principal cheval de bataille de l’opposition ne repose-t-il pas sur les mesures destinées à mettre fin à ce drame ? Pourquoi n’articule-t-elle pas toute sa lutte sur ces mesures de nature à mettre fin à cet état de fait ? En l’occurrence pourquoi l’opposition ne concentre-t-elle pas toute son énergie pour faire prévaloir ce qui relève de l’urgence absolue, si changement il va y avoir un jour … et notamment :

1.- La description des mécanismes qui assurent l’indépendance réelle du pouvoir judiciaire. Des propositions détaillées également pour émanciper le Conseil supérieur de la magistrature afin de reléguer le cadre actuel qui fait que, hormis deux juges élus par leurs pairs, l’actuel CSM ressemble plus à une antichambre du palais présidentiel qu’à autre chose. Et à ce propos, pourquoi pas des propositions dans le sens d’une élection de l’intégralité des membres du CSM par les magistrats eux-mêmes ?

2.– La limitation des mandats présidentiels. Et en l’état actuel des velléités des « ogres tyranniques » pourquoi ne pas aller encore plus loin et proposer à limiter les candidatures à un mandat unique de 5 ans. Une limite qui réduit les risques des glissements vers le despotisme. N’est-ce pas ces glissements que la Tunisie a connus tant avec Bourguiba qu’avec Ben Ali. Alors pourquoi laisser la porte ouverte au suivant ? Et est-ce que les inconvénients d’un mandat unique de 5 ans font réellement le poids face aux risques despotiques que nous avons connus et que nous connaissons encore ? Et face à la situation exceptionnelle en matière de risque d’accaparement du pouvoir, pourquoi (même symboliquement) ne pas songer à inclure dans le libellé du serment présidentiel « que rien ne sera entrepris pour contourner cette limitation » ? C’est bien de dénoncer la confiscation du pouvoir par Ben Ali, mais il serait encore plus utile de la part de celui qui aspire à le remplacer de proposer des éléments concrets pour que cela ne soit plus envisageable par tous ceux qui « goûteront » au pouvoir suprême et chercheront à le prolonger.

3.- La soumission du président de la République à la loi comme tous les citoyens, soit par une procédure spéciale durant son mandat soit/et par la procédure de droit commun après la fin de son mandat.

4.- La clarification des positions vis-à-vis de la Chambre des conseillers qui est une insulte permanente à la souveraineté populaire et à la démocratie.

5.- La soumission du chef de l’exécutif à une véritable responsabilité politique. En d’autres termes, soumettre le réel auteur de la politique nationale à une responsabilité politique devant la Chambre des députés et non de son « fusible », un premier ministre fantoche. N’était-ce pas la solution adoptée par la Tunisie depuis 1976, et ce, jusqu’à l’arrivée de Ben Ali qui a supprimé ce schéma de la Constitution dès 1988 ? (Un mécanisme qui avait le mérite d’exister, même s’il n’a jamais été mis en application, car trop rigide pour permettre une telle mise en cause de la responsabilité du président).

6.- La soumission de tous les actes réglementaires du gouvernement, président de la République compris, au contrôle de la juridiction administrative.

7.- Un Conseil constitutionnel dont la nomination des membres ne dépendrait plus si étroitement ni de l’exécutif ni du chef de l’Etat. Et si l’on écarte le mimétisme ridicule des régimes occidentaux, il n’y a pas d’obstacle à ce que la nomination des membres du Conseil constitutionnel puisse relever d’une procédure élective. De surcroît, envisager un Conseil constitutionnel pouvant être saisi par voie d’action lors de la procédure législative et par voie d’exception, pour les lois déjà votées. Ceci pour écarter progressivement l’application de tout un arsenal répressif accumulé sur des décennies aux mépris des droits fondamentaux. Enfin, un Conseil avec une compétence élargie à toutes les lois quelles que soient leurs natures.

8.- L’élection des gouverneurs de région (Wali) par les maires et les conseillers municipaux. Les gouverneurs devant être les représentants de la loi républicaine et de leurs électeurs et surtout pas des intérêts patrimoniaux de certaines familles, ni des intérêts du parti politique au pouvoir.

9.- Le Renforcement substantiel des mécanismes de l’immunité parlementaire pour que l’opposition parlementaire ne relève plus du rôle guignolesque qu’elle a. Et pour éviter que les députés ne deviennent juges et parties, conférer le pouvoir de lever cette immunité à la fois au Conseil supérieur de la magistrature, au Conseil constitutionnel et à la Chambre des députés. En somme, pour que la levée de l’immunité n’ait plus lieu pour permettre les règlements de compte ordonnés par le chef de l’exécutif, il n’y a rien de choquant à envisager que le Conseil constitutionnel ou/et le CSM confirme l’acte de la levée de l’immunité. Lequel acte devant être motivé et rendu public.

10.- Des propositions concrètes et détaillées pour que les discours qui stigmatisent le monopole actuel d’Etat -de fait- en matière de médias audio-visuels, ne soient pas de simples manœuvres pour prendre la place des despotes actuels afin de perpétuer les mêmes pratiques. C’est bien de dénoncer la situation présente, mais encore faut-il proposer de nouveaux schémas instituant des organes de régulations indépendants du pouvoir politique pour le contrôle a posteriori des contenus et l’octroi des fréquences.

En tout état de cause, sans de telles mesures incarnant un préalable absolu et sans l’engagement solennel de tous pour les garantir par les actes, rien ne changera. Ben Ali disparaîtra tôt ou tard, et si rien n’est fait en ce sens, inutile d’espérer un quelconque changement de la part de tous ces sots qui nous proposent des programmes ridicules. Ce n’est pas tant une question de programmes d’intendance, voire d’hommes du changement dont il est besoin (sur ce point, les Tunisiens ont assez donné), il est surtout question d’un projet national qui consacre la démocratie par d’authentiques institutions démocratiques –consacrées par le droit et non par des discours- et la volonté de TOUS de les faire respecter. D’aucuns peuvent penser que les choses ne sont pas aussi simples et que le système dictatorial actuel, de par son inertie, est difficile à bousculer tant les résistances internes peuvent être coriaces.

Nul doute que ce sentiment recèle d’une part de vérité, du moins concernant les quelques familles qui vampirisent actuellement la Tunisie. Cependant, à observer le peuple tunisien, l’on ne peut manquer de déceler cette schizophrénie propre à un peuple à la fois suffisamment éduqué pour revendiquer le matin la liberté d’expression, l’indépendance de la justice et la démocratie et d’avoir recours, l’après-midi même, à la décadence des passes-droits, de la corruption et du népotisme pour valider un permit de construire ou obtenir une licence de taxi. Et cette schizophrénie s’observe du plus bas de l’échelle sociale jusqu’à son sommet. Une schizophrénie imputable à l’incapacité de tous à répondre aux aspirations de ce peuple pour une démocratie digne de ce nom. Et en disant cela, c’est n’est pas pour minimiser la part de responsabilité du citoyen ordinaire, mais pour affirmer que les Tunisiens ne demandent pas mieux que de pouvoir mettre en pratique les beaux discours. Dans leur ensemble, ils ne demandent pas mieux que de pouvoir se passer des pratiques dégradantes pour peu qu’on les sollicite sérieusement en ce sens par des actes et des garanties et non par des formules creuses, tout aussi lénifiantes que celles de l’actuelle dictature.

Bien plus encore, car même les Tunisiens de l’intérieur du « système » ne demanderaient certainement pas mieux que de voir les choses changer. En un sens, c’est même un comble pour l’opposition qui se dit « démocratique » que d’observer que les tentatives les plus significatives depuis ces 20 années pour transformer le système sont venues non seulement de l’intérieur dudit « système », mais qu’en outre, l’opposition démocratique n’a pas dépensé, ne serait-ce qu’une once d’énergie pour soutenir et appuyer des impulsions, et non des moindres, initiées en leur temps par des commis de l’Etat.

III.- Même le « système » n’en peut plus d’attendre !

Personne, parmi ceux qui connaissent bien l’administration tunisienne, ne peut contester le fait que celle-ci recèle de gens extrêmement compétents à tous les niveaux. Des gens en mesure de vous expliquer à quoi doit ressembler l’organigramme du ministère des transports et de l’équipement, le sens et la portée d’une justice indépendante et comment la banque centrale pourrait être plus efficace dans son travail. L’écrasante majorité des commis de l’Etat sont des personnes bien formées. Les hauts cadres de l’administration tunisienne et des services publics en général n’ont rien à envier à leurs collègues des pays développés. Plus encore, car nombreux parmi eux ont fait leurs études dans les plus prestigieuses universités occidentales. Et c’est cette même administration tunisienne qui a éprouvé un grand espoir à l’issue de la destitution de Bourguiba en manifestant, à l’époque, sa bonne volonté pour accompagner une mutation profonde de notre pays. A l’aube du 7 novembre, les différents services de cette administration bouillonnaient d’enthousiasme. Même celui qui paraissait comme le plus sclérosé, voire en l’état de mort clinique, en l’occurrence le service public de la RTT, s’est soudainement mis, durant un laps de temps, à « gazouiller ». Certains appellent cela l’état de grâce. Peut-être bien. Mais pour nous, il s’agit surtout de l’avènement d’un formidable espoir mobilisateur qui fut à l’origine d’initiatives d’une audace qui paraît aujourd’hui, avec le recul, extraordinaire. Si extraordinaire du reste, que l’on se demande à quoi l’opposition démocratique a-t-elle bien pu servir ses 20 dernières années, sinon à décevoir d’une façon détestable toutes les initiatives audacieuses en n’y participant pas.

Et afin de mesurer à quel point l’opposition démocratique fut absente en matière d’initiative pour le renouveau démocratique et à quel point les personnes issues du « système » ont été paradoxalement entreprenantes avec un courage qui force l’admiration, je citerai deux exemples remarquables illustrant la volonté « des enfants du système » à dresser un barrage contre la tyrannie des gouvernants.

 

A.– Les magistrats aux initiatives magistrales dès 1988.

Le premier exemple qui suit démontrera, en effet, qu’en matière d’initiatives démocratiques, les institutions de l’appareil d’Etat étaient largement en avance, aussi bien sur le pouvoir politique en place que sur tous les discours de l’opposition démocratique. On remarquera aisément, qu’à ce jour, ce n’est ni le pouvoir politique, ni la pression de l’opposition qui ont impulsé les tentatives d’avancée démocratique les plus concrètes qui aient pu avoir lieu. C’est bel est bien le « système », par lui-même, qui a cherché à se transformer dans un contexte de brimades permanentes. Au niveau du pouvoir politique, celui-ci, quand il ne brimait pas purement et simplement les ardeurs qui surgissaient de l’intérieur du système, il légiférait pour encadrer et contenir ce qui pourrait devenir dangereux pour lui. Quant à la pression de l’opposition démocratique, non seulement elle fut inexistante, mais ne proposait rien à la hauteur de ce que le « système » pouvait attendre et espérer.

Concrètement et s’agissant des faits relatifs à ce premier exemple, assez tôt à l’issue du 7 novembre 1987, l’un des premiers actes de la comédie Benalienne fut de concéder une caricature de « contrôle de la constitutionnalité des loi ». Par un décret du 16 décembre 1987, Ben Ali institue un « Conseil constitutionnel de la République » [2]. Or, contrairement aux apparences de nom, cet organe n’était qu’un simple comité consultatif. Ses membres, nommés par le président de la République, émettaient des avis sans aucune portée exécutoire et ne pouvaient, en outre, incarner aucune contrainte de quelque nature que ce soit. Car, les avis de ce Conseil de l’époque n’étaient rendus public, le cas échéant, que par décision présidentielle.

Lorsque les magistrats, mais également les avocats et les juristes de tout bord ont découvert ce décret, ils se sont probablement interrogés « mais de qui se moque-t-on ? ». D’autres ont dû aussi s’interroger « mais où sont les opposants qui réclament la démocratie… Pourquoi ne dénoncent-ils pas avec vigueur ce décret qui relève de la mascarade ? ».

Qu’à cela ne tienne…, les magistrats tunisiens n’ont pas dit leur dernier mot. Ils vont, en effet, décider de faire le « sale boulot » de l’opposition en s’opposant à la volonté de Ben Ali d’être le maître en matière du contenu législatif, quand bien même en violant les principes fondamentaux. Ainsi, à peine une semaine après la promulgation du décret présidentiel instituant le Conseil consultatif, les juges du Tribunal correctionnel de Kairouan vont avoir une occasion en or pour reconnaître, et ce, pour la première fois dans les annales judiciaires tunisiennes, la compétence du juge judiciaire pour contrôler la constitutionnalité des lois par voie d’exception [3]. Ainsi, lorsqu’une loi (en vertu de laquelle une personne est poursuivie) viole une garantie prévue par la Constitution, les tribunaux en écartent l’application pour non-conformité à ladite Constitution et prononcent ainsi un non-lieu. Du coup, ce n’est pas uniquement les lois à venir qui risquaient d’être remises en cause par les juges, mais tout l’arsenal répressif de l’ère bourguibienne qui va également en pâtir. Et, à cet égard, la décision des juges de Kairouan incarne une véritable révolution démocratique à l’échelle du judiciaire. D’autant plus que cette décision va être confirmée par la Cour d’appel de Sousse le 11 avril 1988 (affaire n° 58519) [4].

Hélas et comme chacun peut le deviner, la Cour de cassation dont nous savons de qui dépendent les nominations de ses juges, a brisé net cet élan si courageux. Cette dernière a, dans son arrêt du 1er Juin 1988, censuré les juges de Kairouan et de Sousse en niant au juge judiciaire le pouvoir de contrôler la constitutionnalité des lois. Cette percée révolutionnaire avortée a laissé un goût certain d’amertume, lequel d’ailleurs a été fort bien exprimé par la doctrine.

Où étaient alors les partis de l’opposition à l’époque pour soutenir cet élan si audacieux venu de l’intérieur du système ? Audace qui pouvait, faut-il le préciser, risquer la carrière de ses auteurs ? En fait, les partis de l’opposition étaient en train de préparer une carrière, la leur, en aiguisant leurs ambitions pour les élections qui allaient avoir lieu dans quelques mois. Et plutôt que de les voir manifester pacifiquement dans la rue pour appuyer la magistrature en revendiquant une justice indépendante, plutôt que de les voir proposer et insister sur des mesures destinées à empêcher ce qui est arrivé sous Bourguiba d’avoir lieu sous le nouveau régime de Ben Ali, on les voyait parader au palais de Carthage avec leur futur fossoyeur ; avec lequel, il ne fallait surtout pas se brouiller à ce moment-là.

 

B.- La solitude désarmante des « enfants du système » jouant à la rébellion silencieuse.

Le second exemple est tout aussi spectaculaire par le courage de ses deux auteurs Yadh Ben Achour et Abdelfattah Amor [5] . Ces derniers vont en effet essayer vigoureusement de tenir tête à Ben Ali en défendant la liberté d’association telle que garantie par l’article 8 de la Constitution. Pour rappel, cette liberté constitutionnelle et non moins fondamentale, longtemps ignorée par la loi de 1959 [6] fut enfin reconnue avec l’amendement du 2 août 1988 [7]. Mais à peine quatre années plus tard, de graves restrictions réapparaissent au mépris de la Constitution. La liberté d’association est littéralement vidée de sa substance par la loi organique 2 avril 1992 [8]. Or, cette loi, étant donné sa nature organique, devait être déférée, avant d’être soumise au vote des députés, à l’avis du Conseil constitutionnel [9]. Et, pour une fois, le Conseil comptait parmi ses membres deux éminents juristes, pour lesquels il était impensable qu’un texte aussi inconstitutionnel puisse avoir le visa de conformité à la Constitution. Or, le président de la République était déterminé à faire aboutir le projet de loi organique. Aussi, face au refus catégorique et si courageux des deux membres du conseil, Yadh Ben Achour et Abdelfattah Amor, un double bras de fer s’engage entre la présidence de la République et le Conseil, d’une part, et entre les membres dudit Conseil, d’autre part. Et l’on se mettrait presque à rêver d’observer les deux professeurs tunisiens réussir une révolution juridico-politique qui amorcerait en Tunisie également l’avènement d’une vraie « ère nouvelle » en consacrant l’effectivité de la Constitution. La réalité fut tout autre hélas. Le bras de fer étant par trop inégal, le droit d’association a été bafoué et les deux « apprentis rebelles, enfants du système » ont démissionné.

Rafâa Ben Achour (frère de l’un des démissionnaires) précisera à propos de ces démissions, que le Conseil constitutionnel, malgré la résistance des deux membres, a octroyé le visa de conformité à la Constitution. Ceci a eu lieu lors « d’une séance à laquelle n’ont pas pris part les membres soutenant l’inconstitutionnalité du projet et qui fut convoquée par le président du Conseil dans des conditions douteuses ». Refusant de cautionner une telle attitude « [et] en guise de protestation contre cette loi et contre les conditions de convocation de la séance au cours de laquelle le Conseil a rendu son avis […], [les] membres ont décidé de démissionner » – [10].

Là encore, où étaient les partis politiques de l’opposition ? Que proposaient-ils dans leurs programmes pour remédier au glissement infernal (au vrai sens du terme) vers lequel la Tunisie s’était engagée. Qu’ont-ils fait pour soutenir et appuyer ces « enfants du système » qui se sont exposés et mis en danger ?

Les deux exemples que nous venons de mentionner inspirent, le moins que l’on puisse dire la grande consternation. Ce n’est pas rien que de relever qu’il aura fallu entre 15 et 17 ans pour que l’opposition démocratique, par sa participation et son soutien à la grève de la faim, se mette enfin à revendiquer vigoureusement ce que le système lui-même à chercher à défendre, en l’occurrence la liberté d’association et la légalité constitutionnelle, et ce, malgré la volonté de Ben Ali.

Et aujourd’hui, que propose l’opposition démocratique aux magistrats rebelles de l’ATM, que propose-t-elle de concret à tous ceux qui attendent la délivrance par un renouveau institutionnel ? Que propose-t-elle à ceux qui sont tentés de s’inspirer de l’acte si courageux de M. Yahyaoui par sa lettre ouverte ou président de la République ? Que propose-t-elle aux banquiers virés pour avoir refusé de cautionner des malversations financières, aux douaniers insultés et avilis par des voyous auxquels tout est permis, aux membres des commissions de dépouillements des appels d’offres refusant les tricheries et abandonnés à leurs sorts… tout comme à tous les autres qui ne demandent pas mieux que de sortir des infamies qui leurs sont imposées.

Ce n’est pas seulement les opposants à Ben Ali qui attendent la délivrance, c’est toute cette Tunisie du plus bas au plus haut de l’échelle qui attend et qui désespère d’attendre. Or, ce n’est sûrement pas l’habituel baratin sur la justice sociale, ni le calfeutrage du déficit budgétaire ou la question de la résorption du chômage, malgré sa gravité, qui sont l’objet de l’attente principale. C’est une initiative d’envergure portant sur un destin national commun qui est attendue. Un même destin aux travers d’institutions solidement démocratiques. Or, on ne nourrit pas la démocratie par les slogans, on la confectionne par des mesures concrètes et détaillées. Nous sommes en 2006, et nous ne savons toujours pas ce que proposent les partis politiques de concret pour que l’on ne puisse plus glisser vers l’avilissement, malgré les bonnes intentions de départ.

Au pire, je peux bien admettre –malgré mon incompréhension- que le tour de table entre les différentes forces politiques n’ait toujours pas eu lieu pour élaborer un document commun détaillé, avec des engagements fermes sur l’avenir de nos institutions. Des engagements qui proposent des mesures claires, à ratifier le moment venu par le peuple ou ses représentants. Des engagements pour que plus jamais un président ne soit en mesure d’hypothéquer l’avenir de notre pays.

En revanche, je ne comprendrai jamais pourquoi ces partis dits démocratiques ne l’ont toujours pas fait chacun de son côté.

Enfin et pour conclure ce papier, on reproche souvent aux démocraties occidentales de ne pas soutenir suffisamment l’opposition démocratique tout comme on leur reproche une forme de soutien à la dictature. Pourtant, malgré la réalité de ce constat, le reproche est quelque part infondé. D’une part, comment peut-on reprocher un manque de soutien à des partis dont on ignore l’essentiel quant à leur projet en matière de mode de gouvernement ? D’autre part, comment peut-on reprocher le soutien à la dictature, alors que, en face de cette dictature, aucune réelle alternative, détaillée par un projet commun, n’est présentée.

Comme tous les Tunisiens, moi aussi je suis devenu schizophrène ; car bien que ces reproches soient quelque part infondés, je persiste à croire que nous devons continuer à les formuler… néanmoins, et pour être moins bêtes, sans jamais cesser de nous demander au profit de qui et de quoi.

 

Astrubal, pour le 25 juillet 2006 www.nawaat.org

 


[1] Propos adressés à M. Mokhtar Yahyaoui sur le les forums de Nawaat 6 mois avant le déclanchement de la grève de la faim du 18 octobre 2005. « […] En disant « passer sur nos cadavres », j’entends par là l’utilisation de l’arme la plus redoutable et la plus noble à la fois, car la plus pacifique, de celle qui ne fait verser aucune goutte de sang, de la seule et unique qu’aucune législation au monde ne pourra jamais interdire, l’arme de la grève collective de la faim. Messieurs, si vous êtes sincères dans votre combat pour la dignité et la démocratie en Tunisie, pour que les institutions démocratiques ne soit plus violées impunément… je vous laisse imaginer l’impact d’un telle grève de la faim, ferme et déterminée, et à laquelle, ne serait-ce qu’une centaine de personnes participent. Et je vous laisse encore imaginer l’impact d’une telle grève de la faim qui sera entamée -et afin que le monde entier sache ce qui se passe en Tunisie- deux semaines avant l’organisation du SMSI à Tunis. » – Le 3 avril 2005, Forum de Nawaat « Débat avec Mokhtar Yahyaoui »

[2] – Décret n° 1414 du 16 décembre 1987.

[3] – Affaire n° 51883 du 24 décembre 1987.

[4] – À ce sujet voir Rafâa Ben Achour : « La question du contrôle de la constitutionnalité des lois et ses évolutions à la fin de l’année 1987 ». En arabe, in Revue Tunisienne de Droit, 1988, p. 9 à 28. Voir également du même auteur : « Le contrôle de la constitutionnalité des lois à la lumière de la décision de la Cour d’appel de Sousse ». En arabe, même revue, 1989, p. 11 à 27. Les articles cités contiennent en annexes les décisions du Tribunal de Kairouan et de la Cour d’appel de Sousse.

[5] – Les prises de position ultérieures de A. Amor, notamment son soutien détestable et décevant à la réforme constitutionnelle de 2002, n’affectent en rien le sens de ses actes en 1992.

[6] – Loi n°59-154 du 7 novembre 1959 relative aux associations. Journal officiel de la République tunisienne, 1959, p. 1534 à 1536.

[7] – Loi n° 88-99 du 2 août 1988. Journal officiel de la République tunisienne, 1988, n° 52, p. 1100 à 1104.

[8] – Par la loi organique n° 92-25 du 2 avril 1992, d’une part, un nouvel alinéa est ajouté à l’article 1er de la loi n° 59-154 du 7 novembre 1959 qui supprime le droit aux associations de choisir leurs adhérents. Cet alinéa disposant que « les associations à caractère général ne peuvent refuser l’adhésion de toute personne qui s’engage par ses principes et ses décisions […] ». D’autre part, un autre alinéa qui sera ajouté à l’article 2 va supprimer le droit à « ceux qui assument des fonctions ou des responsabilités dans les organes centraux de direction des partis politiques » d’être « dirigeants d’une association à caractère général ». Cette « disposition s’applique aux comités directeurs des associations sus indiquées, ainsi qu’aux sections, filiales ou organisations annexes ou groupes secondaires visés à l’article 6 bis de la loi [loi n° 59-154] ».

[9] – Lequel Conseil, entre temps, a été réformé.

[10] Cf. Rafâa Ben Achour : « Tunisie : Les hésitations du Conseil Constitutionnel tunisien ». Pages 669 et 670. In Annuaire international de justice constitutionnelle. Chroniques Maghreb ( Algérie, Maroc, Tunisie ). vol. VIII, 1992, p. 659 à 670. Paris, Économica, 1994.

 

(Source : nawaat.org, le 20 juillet 2006 à 07h24)

Lien : http://www.nawaat.org/portail/article.php3?id_article=1062  


J.A. en Tunisie : l’art de la patience

 

TUNISIE – 16 juillet 2006 – par DOMINIQUE MATAILLET Pour répondre aux interrogations de lecteurs tunisiens qui se plaignent de ne pas trouver Jeune Afrique dans les kiosques de leur pays dès le dimanche ou en tout début de semaine, nous vous tenons régulièrement informé de la question. À trois reprises depuis le début de l’année (voir J.A. n° 2348 du 8 janvier, n° 2358 du 19 mars et n° 2367 du 21 mai), nous vous avons indiqué le délai qui s’écoule entre l’arrivée du journal à l’aéroport de Tunis (le samedi ou le dimanche) et l’autorisation de diffusion. Sachez que le délai moyen pris par l’administration, qui était de 2,32 jours pour le premier trimestre de 2005, est passé à 2,72 jours pour celui de 2006. Dominique Mataillet

(Source:  « Jeune Afrique » N°2375 du 16 au 23 juillet 2006)


D’un congrès l’autre

TUNISIE – 16 juillet 2006 –
par RIDHA KÉFI Fondée le 20 janvier 1946, l’UGTT est devenue au lendemain de l’indépendance, en 1956, le principal contre-pouvoir face à un régime monolithique et hostile à toute forme d’opposition. L’omnipotence du Parti socialiste destourien (PSD), ancêtre de l’actuel Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et l’absence d’une opposition structurée et dynamique ont longtemps contraint la centrale syndicale à outrepasser sa vocation initiale pour servir d’espace de contestation. Cela n’est pas été sans conséquence.

« Citadelle de l’opposition », l’UGTT n’a pas tardé à essuyer les foudres d’un régime imperméable à toute critique. Les crises de 1978 et de 1984-1985, qui ont tourné à la confrontation ouverte avec le pouvoir, l’ont beaucoup affaiblie. Conséquence : au congrès de Sousse, en 1989, la centrale a fini par se doter d’une direction aux ordres du gouvernement. Ismaïl Sahbani a été réélu au secrétariat général en 1994 et 1999 à l’issue de congrès pour le moins controversés. Fort de l’appui du régime, ce dernier a cru pouvoir évincer tous les cadres opposés à sa « ligne consensuelle », faite d’alignement systématique sur les positions officielles et d’abdication face aux diktats du patronat.

Grisé par le pouvoir et se croyant intouchable, cet ancien ouvrier métallurgiste a vidé la centrale de ses forces vives. Ses errements ont fini par être sanctionnés. Accusé de malversations et de mauvaise gestion, Sahbani a été contraint, en septembre 2000, à la démission, puis traduit en justice et condamné, en octobre 2001, à une peine de prison, avant d’être amnistié deux ans plus tard.

C’est dans ces conditions troubles qu’Abdessalem Jerad a pris en main les rênes de l’organisation. Contesté par une partie de la classe ouvrière, ne serait-ce que parce ce qu’il n’a pas dénoncé à temps les graves erreurs de son prédécesseur, cet ancien agent de la Société nationale de transport (SNT) s’est néanmoins fait élire au congrès de Djerba, en février 2002, par 307 voix sur 457 votants. À défaut de légitimer son leadership, il a pu s’imposer à la tête du bureau exécutif, où siègent neuf de ses partisans et trois élus sur une liste rivale emmenée par Ali Romdhane. Au sortir d’une longue traversée du désert (1989-2002), ce dernier est devenu le numéro deux de l’organisation. Et un probable candidat à la succession.

(Source:  « Jeune Afrique » N°2375 du 16 au 23 juillet 2006)


Les universités privées au service de l’emploi

TUNISIE – 16 juillet 2006 – par RIDHA KÉFI Depuis 2000, ces établissements travaillent à redorer leur blason. Fini les boîtes pour fils à papa. Le bac est obligatoire pour y accéder et la qualité de l’enseignement supporte la comparaison avec le public. Ils multiplient les spécialités et les avantages, comme l’ouverture à l’entreprise. « Le meilleur critère pour mesurer la qualité de notre enseignement, c’est l’accès de nos diplômés à l’emploi. Or, nous n’existons que depuis quelques années. Il faut attendre encore un peu pour nous juger », explique Slah Ben Turkia, patron de l’Université centrale, établissement d’enseignement supérieur privé fondé en 2001, spécialisé dans l’administration des affaires et la technologie. Cet ingénieur reconverti dans l’enseignement et les affaires soutient cependant que les établissements privés offrent généralement un plus qualitatif par rapport à leurs équivalents publics. Et pour cause : « Nos classes sont trois fois moins peuplées. Nos salles sont climatisées, chauffées et disposent de matériels électroniques préinstallés (ordinateurs, connexions à Internet, travail en réseau, vidéo-projecteurs, etc.). Chaque étudiant y dispose d’un ordinateur individuel. Quant à nos laboratoires, ils sont dotés d’équipements de pointe ». Autre avantage du privé sur le public, selon Ben Turkia : « Nos diplômés ont le savoir, le savoir-faire et une bonne maîtrise de l’anglais. Ils sont souvent mieux armés pour affronter le monde du travail ».

Pionnier de l’enseignement supérieur privé en Tunisie, Mohamed Bouebdelli, patron de l’Université libre de Tunis (ULT), insiste lui aussi sur cette proximité des établissements privés avec la vie professionnelle. « Nous assurons à nos étudiants des stages en entreprises. Près de 60 % d’entre eux reçoivent une proposition de recrutement avant même l’obtention de leur diplôme. De même, des offres d’emploi parviennent régulièrement à la direction, qui ne sont pas toutes satisfaites », explique-t-il.

Même son de cloche chez Mohamed Damak, président de Time Université (TU). Son établissement, spécialisé dans les technologies de l’information et de management de l’entreprise, a ouvert ses portes en 2002. De 20 étudiants la première année, il est passé à 200 aujourd’hui. Son capital social est détenu par 70 actionnaires, dont 20 sociétés et groupes privés. Le fait d’être ainsi intégré à un faisceau d’entreprises permet à TU de placer ses diplômés (de 1er, 2e et 3e cycles) et d’offrir des masters spécialisés aux cadres soucieux de parfaire leur formation. Ces derniers, qui représentent près du tiers des effectifs de TU, ne sont pas insensibles au fait que l’établissement est lié par une convention de partenariat avec le leader mondial de la formation continue, Dale Carnegie Training.

La première université privée tunisienne, l’ULT, a été créée en 1992. Dans la décennie qui a suivi, le secteur s’est développé de manière spontanée, donc anarchique. Les établissements ont accueilli, pêle-mêle, les étudiants ayant raté leur baccalauréat, ceux qui ont été déçus par leur orientation universitaire ou encore des « cartouchards » (qui ont échoué à tous les examens dans le public). Certains établissements ont fait (à peu près) n’importe quoi. Cela a beaucoup nui à l’image de marque de toute la profession.

Il a fallu attendre l’année 2000 pour qu’une loi réglementant le secteur soit enfin promulguée. Avec l’institution du baccalauréat obligatoire à l’entrée, l’enseignement supérieur privé a beaucoup gagné en crédibilité. Par voie de conséquence, le nombre d’établissements a augmenté. On en compte désormais 20, tous agréés par le ministère de l’Enseignement supérieur. Ils proposent les mêmes programmes que leurs homologues publics et délivrent des diplômes agréés par l’État et souvent acceptés par les employeurs.

Cependant, la part des privés dans l’enseignement supérieur tunisien reste très faible. Ainsi, sur un total de 365 000 étudiants tunisiens, 3 000 seulement sont inscrits dans les établissements privés. Pourquoi ces derniers n’exploitent-ils actuellement que 10 % de leur capacité d’accueil, qui s’élève à plus de 30 000 ? En d’autres termes, pourquoi n’attirent-ils pas davantage d’étudiants ? Cette question mérite d’être posée, d’autant plus que 13 000 étudiants tunisiens sont inscrits dans des universités étrangères, souvent aux frais de leurs parents, et que 40 000 nouveaux étudiants frappent, chaque année, aux portes de l’université.

Parmi les handicaps qui empêchent le développement de leur secteur, les promoteurs citent, le plus souvent, l’image négative héritée des années où il fonctionnait sans cadre légal. Il y a aussi le système de gratuité auquel sont habitués les Tunisiens. « Les pouvoirs publics voudraient bien encourager l’enseignement supérieur privé, afin qu’il puisse contribuer à l’effort national dans ce domaine, mais ils n’arrivent pas à défendre ce choix stratégique, ni à faire cohabiter les deux systèmes, gratuit et payant », ajoute Damak, de TU.

Les promoteurs du privé reprochent aussi à l’État de ne pas appliquer les incitations prévues par la loi, comme la prime d’investissement ou la prise en charge d’une partie des salaires et des charges sociales des enseignants. « L’État tarde aussi à mettre en place un mécanisme de soutien financier aux parents qui désirent inscrire leurs enfants dans les établissements privés », explique, de son côté, Ben Turkia, de l’Université centrale. Car, selon lui, « les pouvoirs publics pourraient, dans une phase de démarrage, partager avec les parents les coûts d’inscription de leurs enfants qui suivent leurs études dans le privé. Ils aideraient ainsi à rétablir la confiance dans ce secteur. »

Parmi les propositions avancées pour renforcer la complémentarité entre le public et le privé, les professionnels citent la sous-traitance de certaines formations spécifiques, le chèque-formation ou le crédit-formation pouvant être octroyés par l’État aux étudiants désirant poursuivre leurs études dans le privé.

Des partenariats peuvent aussi être développés entre les deux secteurs, comme, par exemple, la délivrance de diplômes nationaux. L’offre de formation des privés a déjà été intégrée au guide de l’orientation universitaire publié chaque année par le ministère de l’Enseignement supérieur. Le département de tutelle pourrait, dans une seconde phase, envisager d’orienter lui-même les étudiants vers les établissements privés, comme il le fait déjà pour ceux du public.

« Le développement à l’international est un créneau porteur », estime, de son côté, le patron de Time. Et pour cause : « Plus du tiers de nos effectifs sont des étrangers, venus pour la plupart d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Nous pourrions fixer comme objectif de porter ce taux à 50 % et plus. Cela doperait nos recettes en devises, qui ont atteint 10 millions de dinars au cours des cinq dernières années », ajoute Damak. Pour cela, le ministère des Affaires étrangères pourrait mieux aider les privés à faire connaître leur offre de formation dans les pays émetteurs d’étudiants. Il le fait déjà, mais de manière ponctuelle et non structurée. Là aussi, beaucoup reste à faire…

(Source:  « Jeune Afrique » N°2375 du 16 au 23 juillet 2006)


zizou from Tunis

Je vous remercie vivement pour vos messages de soutien ! ca m’a permis de tenir le coup et rester optimiste et objectif. Merci vraiment ! du fond du coeur!
Je suis de retour a Tunis mais mon esprit est toujours a Beyrouth! au Liban ! Ce pays Martyr ! Ca pays auquel j’aimerai revenir le plutôt possible.
Suite du post précèdent :
Le passage du point frontière de Masna3 fut sans beaucoup de problèmes. On a du quand même se débrouiller seul, sans l’aide de l’ambassade. on s’est rassemble et on a remis nos passeports ensemble. et en 45 minutes tout était dans l’ordre.
En revenant dans le bus on s’est rendu compte que Rahma, une jeune fille de 20 ans, manquait a l’appel. On est reparti la chercher ! on n’a pas trouvé sa trace ! On est resté bloqué à l’attendre et à la chercher ! on l’a cherche partout ! et soudain elle est réapparue ! elle était partie faire des photocopies et là voila finalement de retour.
Tout le long du trajet j’étais assis à la place du convoyeur ou du guide, juste a coté du chauffeur. J’étais plus ou moins tendu et l’irresponsabilité de certains membres du groupe qui avaient exigé un arrêt pour une pause café m’avait tendu encore plus.
Au passage du point frontière de masna3 cette tension était descendue d’un cran. Les affiches du genre « Bienvenue en Syrie » ou  » roam with syriatel » confirmaient notre présence en territoire syrien.
Dans ces derniers kilomètres de No man’s land J’ai appelé mes proches pour leur annoncer la bonne nouvelle ( on était en territoire sûr). Les petites filles (10 et 14 ans) voyageant seules ainsi que d’autres voyageurs ont demandés qu’on mette de la musique histoire de changer d’ambiance.
Il faut dire que pendant toute la durée du trajet un silence de mort a régné sur le bus. Un silence qui s’estompait au fur et a mesure de notre éloignement de Beyrouth. Ce silence est maintenant parti et la musique joyeuse du genre  » el wawa » et « tabtab » donnait vraiment un air d’excursion à cette évacuation. Je ne pus retenir mes larmes devant cette scène. Les voyageurs applaudissait  » Bouss El wawa… » comme si ne rien n’était et le Liban meurt à petit feu sous un déluge de bombes et de feux. J’ai pleuré ce pays qu’on consomme et on jette quand ça tourne mal. Ce pays que tout le monde a lâché. Ce pays millénaire damné et destiné a souffrir au nom de causes qui ne concerne pas que lui. Ce pays qui a toujours payé pour tout le monde. Mes larmes descendaient et « el wawa » continuait…. Nous voila au point frontière syrien. Le personnel de l’ambassade de Tunisie était là. Ils se sont occupés de tout. On passe rapidement et on arrive 40 minutes plus tard a Damas. J’ai passé 10 mois au Liban et je n’ai jamais eu véritablement le temps pour aller a Damas. Me voici finalement fi biled Echam sans l’avoir vraiment voulu. On arrive à l’ambassade de Tunisie qui se trouvait dans un quartier résidentiel. Une armada de tunisiens travaillant à l’ambassade nous accueille et à leurs tête Mr Mohamed Ben Youssef ( le remplacent de l’ambassadeur, ce dernier étant en vacances). L’accueil fut vraiment très chaleureux. Notre Ambassade à Damas est énorme comparée au petit appartement de Beyrouth. Une Villa de trois étages aux couleurs de la Tunisie avec des dizaines de bureaux. La halte n’a pas duré longtemps et nous voila prenant la route pour la résidence de l’ambassadeur. La résidence de l’ambassadeur de Tunisie à Damas jouxte le palais présidentiel. Le quartier est ultra surveillé et on est interdit de sortie de la résidence. Les quartiers de l’ambassadeur étaient fermés et on nous a ouvert les salons réservés au cocktails et réceptions. On s’installa dans le jardin. On posa nos valises et on a bu des rafraîchissements. L’ambiance excursion continuait et du Whiskey fut même servi. Le délégué de Tunisair était arrivé pour prendre la liste des passagers et vendre les tickets à ceux qui n’en avaient pas. L’aller simple pour Tunis coûtait 370US$. Ceux qui étaient dans l’incapacité de payer le billet avaient la possibilité de laisser leurs passeports à l’ambassade et le récupérer a Tunis une fois qu’ils se sont acquittés des frais de transport.
Le dîner fut servi dans le jardin, rien de vraiment exceptionnel mais le tout fut dévoré en qlq minutes. Des liens se sont tissés entre les différents tunisiens. Même s’ils étaient issus de différentes couches sociales, les rapatriés étaient solidaires et soudés. L’atmosphère était vraiment transformée. Des blagues fusaient par ci et par là. On riait ! et les anciens réflexes ont fini par prendre le dessus et comme le personnel de l’ambassade était aux petits soins, les demandes « traditionnelles » de Shopping et de sortie en boite ont été exprimés.
L’ambiance « Khle3a » (vacances) s’était encore une fois confirmée au moment d’aller au lit. Plusieurs membres du groupe ( on était 32 en tout) ont été invités a dormir aux maisons du personnel de l’ambassade qui nous avaient ouvert leurs portes. Le reste (dont moi et ma petite soeur) a dormi a même les tapis (Sur notre tapis on était 7). Les gens semblaient avoir déjà oublié le Liban et la nuit a ressemblé a aux celles passés dans les maisons de grand mères lors des grands événements ou celles passés dans les maisons de vacances quand toute la famille débarque.
Le matin, le petit déjeuner fut servi ( l’ambassade a un chef cuisinier et un serveur à son service). Les bagages furent rassemblés et le bus est arrivé a 11h30. On arriva à l’aéroport a 13h. L’avion Tunisair Istambul-Tunis a été détourné de son trajet initial pour venir nous récupérer. L’avion était plein. Le personnel de Tunisair à bord de l’avion était à la limite du supportable. Ils n’étaient pas aimables. Ils nous parlaient d’un air hautain et quasi humiliant  » Barra ched korsik ». Les voyageurs rageaient pour ce détour et pour le retard. Le service était catastrophique et la bouffe également.
A l’arrivée, nos familles étaient là pour nous accueillir et personne d’autre (on nous avait prévenu que des officiels ainsi que la télé serait la pour l’arrivée) et tant mieux.
(Source : le blog de Zizou From Djerba, le 19 juillet 2006 à 01h43 AM) Lien : http://zizoufromdjerba.blogspot.com/

 

Liban-Israël

Le chemin de tous les dangers

(Journal de Montréal) Taïeb Moalla Le Journal de Montréal   Faute de pouvoir obtenir une aide canadienne pour fuir le Sud-Liban, une mère et ses quatre enfants, âgés de 3 à 12 ans, s’apprêtent aujourd’hui à quitter la ville de Saïda à leurs risques et périls.
Le Journal a pu joindre la mère, Wided Al-Bilani, hier après-midi. Elle venait de recevoir un appel de l’ambassade canadienne lui enjoignant de se rendre à Beyrouth pour le début des opérations d’évacuation. Le rendez-vous était fixé à 2 heures du matin (hier à 19 heures, heure d’ici).
En temps normal, les 45 km qui séparent Saïda de Beyrouth nécessitent une trentaine de minutes en voiture. «Comme les routes sont très dangereuses, nous allons opter pour un chemin détourné plus sécuritaire. Nous risquons donc d’avoir besoin de trois bonnes heures avant d’arriver à Beyrouth», explique Mme Al-Bilani.
En fin de compte, Wided et ses enfants ont choisi d’entamer leur périlleux voyage ce soir, en espérant obtenir une escorte de la Croix-Rouge.
Le mari de Wided, resté à Montréal, ne tient plus en place. Lorsque Ameur Al-Saoudi arrive à parler à sa famille, il entend surtout les suppliques de ses enfants. «Viens nous chercher papa. Sinon, on va tous mourir ici», lui a dit son fils aîné Ibrahim, dans la nuit de lundi à mardi. (Source: Journal de Montréal le 19/07/2006 07:46 )


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