21 décembre 2005

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2039 du 21.12.2005

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Plusieurs embarcations de clandestins au large de Lampedusa

Le Figaro: Razzye Hammadi, des banlieues de Toulon à la tête des jeunes socialistes

Bilel: L’acte et la procédure Orar: Petit jeu de représentation ou la tunisie-image
Liberté chérie: La culture non grata
Le Quotidien: Les Tunisiens et les fêtes de fin d’année : Le Père Noël est en or dur … JA/L’Intelligent : Ben Ali et l’après-SMSI JA/L’Intelligent : Au vrai chic islamique JA/L’Intelligent : Du malheur d’être une femme JA/L’Intelligent : Janvier 1943, à Tunis

Henry A. Kissinger: How to Exit Iraq

 
 

Plusieurs embarcations de clandestins au large de Lampedusa

    AFP, le 21.12.2005 à 11h05                       ROME, 21 déc 2005 (AFP) – Une embarcation transportant entre 150  et 180 personnes cherchant à gagner clandestinement l’Italie a été  prise en charge mercredi près des côtes de l’île de Lampedusa, au  sud de la Sicile, et trois autres ont été repérées au large, ont  annoncé les autorités portuaires.                       La première embarcation a été signalée aux autorités par un  bateau de pêche à un mille de l’île et plusieurs vedettes des  garde-côtes se sont portées à sa rencontre pour la prendre en charge  et l’escorter jusqu’au port de Lampedusa.                       Selon les premières informations, 177 personnes seraient à son  bord, dont des femmes et des enfants.                       Deux autres embarcations ont par ailleurs été signalées par un  cargo à une quarantaine de milles de Lampedusa et une troisième a  été repérée par un hélicoptère des garde-côtes à 50 milles au  nord-est de l’île. Le nombre des passagers n’a pas été communiqué.                       Des navires de la marine italienne et des garde-côtes sont en  route pour les intercepter.                       Les côtes siciliennes et la petite île de Lampedusa, dans  l’extrême sud de l’Italie, sont le théâtre quasi quotidien  d’interceptions par les forces de l’ordre italiennes d’immigrants  clandestins entassés sur des embarcations précaires parties des  côtes libyennes ou tunisiennes.                       Selon des chiffres du ministère italien de l’Intérieur, plus de  15.000 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’année. Les  traversées s’étaient interrompues depuis plusieurs semaines.                       Les candidats à l’immigration sont hébergés dans un premier  temps dans un centre de rétention de Lampedusa d’une capacité de 200  personnes.                        Peu sont autorisés à demander à bénéficier du droit d’asile.                       La grande majorité sont renvoyés dans les pays d’où ils ont  embarqué pour l’Italie, où invités à quitter le territoire sans être  expulsés, alimentant ainsi les rangs de l’immigration clandestine.  

 


((Un jeune franco-algéro-tunisien à la tête des Jeunes socialistes français.. Il connaît les geôles de Ben Ali.. Même le très conservateur Le Figaro utilise le mot « dictature » pour désigner le régime politique anachronique qui sévit encore en Tunisie à la veille de l’an 6 du 21e siècle de notre ère, an 18 de l’ère primitive ‘Ben Ali’..

Félicitations au jeune responsable socialiste qui défendra sans doute une autre vision des rapports entre les deux rives de la Méditerranée et de l’amitié entre les peuples d’Europe et du Maghreb.. AW Hani))

 

Razzye Hammadi, des banlieues de Toulon à la tête des jeunes socialistes

 

A 26 ans, le jeune Toulonnais a été élu président du Mouvement des jeunes socialistes.

 

 

 N. B. (Nicolas Barotte, service « Politique »)

 

Avec son curriculum militant, Razzye Hammadi ferait rougir de jalousie bon nombre d’adhérents du Parti socialiste : enfant d’immigrés, premier engagement politique à Toulon, alors que la ville vient d’élire un maire Front national… Il le sait, en joue, conscient, quelques semaines après les phénomènes de violence dans les banlieues, que son «profil» tombe à pic pour un PS qui parle «renouveau» et «intégration». Dimanche dernier, il a été élu, à 26 ans, président du Mouvement des jeunes socialistes.,

La politique ça s’apprend. Le parcours de Razzye Hammadi en est l’illustration. Tout commence en famille : «Le journal télé, c’était une messe», se souvient-il en évoquant ses discussions avec son père, ancien militant du FLN. Sa mère, elle, est originaire de Tunisie. C’est la «misère» dans son pays qui a conduit sa famille à immigrer. Les parents se rencontrent en France. Son père monte une entreprise de fruits et légumes. «L’ascenseur social fonctionnait encore».

 

La famille vit correctement dans le quartier du Jonquet, à Toulon, près des cités. «Mes copains c’était baskets-casquette», raconte le jeune homme. Dans son lycée, il «gère le foyer», se fait élire au conseil d’administration. Premier fait d’armes : «En 1995, on a mis le bahut en grève.»

 

Révolte juvénile et pragmatisme politique

En dehors de l’école, c’est l’association de quartier : soutien scolaire, équipe de foot… Mais après la victoire de l’extrême droite aux municipales, le jeune homme, qui ne mâche pas ses mots contre le FN sur la radio locale, expérimente la réalité du pouvoir politique : «La mairie a supprimé notre subvention pour la donner à l’association des amis des chats…»

Son bac en poche, il part un an et demi dans une université tunisienne et, là, est confronté «à la dictature». Un soir, des militants étudiants recherchés par la police croient trouver refuge chez lui. «Ils ont pensé que la police ne fouillerait pas parce que j’avais un passeport français.» Razzye Hammadi passe «une nuit dans les geôles tunisiennes» et le raconte avec fierté. A son retour, il s’engage au PS : la révolte juvénile n’empêche pas le pragmatisme politique. Autour de lui, on se moque. «On me demandait : «Combien ils t’ont payé ?» ou alors «Est-ce que tu peux m’embaucher ?». Peu importe. Il se satisfait aussi de l’accueil mitigé qu’il reçoit dans sa section. Depuis il a pris les choses en main.

Aujourd’hui, il a adopté les tics du politique. Sa nouvelle fonction le fait parler de «responsabilité» et de «propositions», il manie les formules forgées par ses aînés, essaie les siennes sur la «colère» de la jeunesse. Dans trois ans, il sera atteint par la limite d’âge pour rester adhérent du MJS. Son parcours pourra se poursuivre dans la cour des grands, au PS. «Pas sûr», répond-il. Sa formation est complète : il manie maintenant la rhétorique des fausses hésitations.

(Source: Le Figaro, le 17 décembre 2005, p. 10)


Tunisie

Le grand malentendu sexuel

  Une touriste suisse vient de subir un viol collectif, sur la route entre Monastir et Tunis. Un cas horrible, mais exceptionnel. Un acte infâme que rien n’excuse.    Mais comment ne pas se demander si cette femme n’est pas une victime collatérale du tourisme sexuel pratiqué par les Européennes ?   Reportage sur des plages et dans des hôtels ou tout le monde cherche bonheur et amour ‘ mais sans forcément en avoir la même définition.   Florence Schmidt   (Le reportage est publié dans le dernier numéro du magazine suisse « Femina » diffusé le dimanche 18 décembre 2005)   Site du magazine: http://www.femina.ch/


Blogs Tunisiens : Des Zones Touristiques !

Sami Ben Gharbia

 

http://nawaat.org/portail/news_dernieres_nouvelles.php3?postid=31212&react=4&tpcref=10249

 

(Source : nawaat.org, le Mercredi 21 décembre 2005 à 02h34 )

 


 

L’acte et la procédure

Par Bilel.

 

Notre culture millénaire ,cette entité physique , intellectuelle et bien sûr religieuse , ce consensus omnium , ce consentement universel prouvé, vécu , vivant et toujours retrouvé , cette réalité dogmatique et désormais naturelle qui est la civilisation arabo-musulmane par-dessus toutes les autres qui ont formé ce qu’est la Tunisie contemporaine , n’en déplaise à certains ,elle est aujourd’hui la plus lisible dans la socialité inhérente à l’être tunisien , cette aptitude qui contribue à la complexité du social, caractérise le plus le renouveau contexte postmoderne dont les valeurs naissent de la saturation des valeurs de la modernité , occulter cette réalité par manque de rigueur et de pragmatisme , c’est se préparer à d’autres désillusions dramatiques une fois la Tunisie débarrassée de la dictature .Comprendre cette réalité , l’analyser et s’engager , non pas à la nier , voire à l’éradiquer , mais plutôt à rassurer ses valeurs et à désarmer ses doutes et ses peurs , c’est édifier dans l’absolu une Tunisie paisible et démocratique.

 

La modernité renvoie au mécanique, au rationnel, au linéaire, au tranché , tandis que notre postmodernité comporte du baroque, de l’organique, de l’ambiguïté . C’est ainsi qu’au social rationalisé que certains veulent nous greffer par tous les moyens, à la rationalité orientée et instrumentale , lobotomisée et plus qu’aseptisé aux normes des « marchés », à la vision aliénée, à la distinction de la modernité, s’opposent la socialité empathique, la culture du présent non finalisée, la centralité souterraine, le vitalisme, l’agrégation sociale de la postmodernité.

 

La postmodernité est pour nous les arabo-musulmans , comme une donnée spirituelle permettant de rendre compte de la saturation d’une épistémè permettant de comprendre le moment précaire , celui qui se situe entre la fin d’un monde , et la naissance d’un autre , c’est comme un mélange organique d’éléments supposés archaïques , parce que défaits par des forces plus puissantes , plus homogènes , et d’autres on ne peut plus contemporains , c’est si peu dire , plus furtifs .

 

Elle est comme une nouvelle phase dans le processus dialectique de l’Histoire, ou comme un moment dans la grande marche impitoyable du progrès, mais aussi comme notre sensibilité spécifique qui, toujours et à nouveau, renaît en des lieux et des époques différents, c’est le destin arithmétique des grandes civilisations qui ne meurent jamais, mais doivent évidement être adaptés au rythme de l’histoire.

 

Penser la culture postmoderne, par exemple , exige une attitude évolutive et curieuse à plus d’un titre de son temps, pour notre salut nous devons être attentif à l’instituant, au souterrain, à l’intelligence du présent, à la passion et pour réaliser une « vérité du dedans »,sûre , reposant sur des piliers référenciés et enracinés dans le subconscient collectif accentuant la socialité, l’imaginaire et le quotidien dans une quête inachevée, relativiste, faite d’une humilité scientifique et intellectuelle authentique, rompant avec le terrorisme de la cohérence du mode de pensée marchand et dominant , du prêt à penser universel.


Petit jeu de représentation ou la tunisie-image

 

 

« Le côté en demi-teinte de la force. »

 

La Tunisie était vierge/’adhrâ, on en a fait une verte/khadrâ.

L’endroit le plus emblématique du pays et de ses habitants est me semble-t-il le « village Star Wars » à Tataouine : un décor en carton-pâte d’un produit indigeste de consommation de masse. C’est çà la Tunisie en ce début de troisième millénaire. Ou plus exactement, c’est çà la Tunisie (pré)fabriquée par presque deux décennies de ben ali.

Un pays et une société déshumanisés, qui se donnent en spectacle, qui jouent au petit jeu de la représentation, qui, consciemment ou pas, croient vivre mais ne sont que les pantins d’une tragi-comédie de vie.

La vie en Tunisie est une théâtralité. Le pays est un décor grandeur nature. Le tunisien un mauvais acteur qui cabotine, s’auto-manufacture et se voile d’artifices.

Les jeunes de plus en plus laids, dans des stations balnéaires de plus en plus laides, draguant des touristes de plus en plus laides, sont en représentation.

Les enfants qu’on habille de plus en plus chèrement le jour de l’aïd sont en représentation, pantins de la représentation que jouent leurs parents.

Les jeunes-femmes qui mettent un voile et les jeunes-hommes qui portent la barbe sont en représentation.

Les mères de familles qui voyagent et reviennent sans rien connaître de plus des autres pays que les boutiques où on peut faire de bonnes affaires sont en représentation.

Ainsi de suite…

 

 

« ben ali créa une société à son image. »

 

Yasmine-Hammamet : mil milliard de laideur, d’opulence et de luxure, une insulte à tout un peuple, une honte pour toute une civilisation. Ce régime n’est pas seulement entrain d’étouffer un peuple, il met aussi à mort, une civilisation, une culture, il met un terme à une Histoire. Il nous faudrait nous souvenir un jour ou l’autre que nous sommes descendants de l’Andalousie, de Samarkand et de Kairouan (à la limite de la colonisation française) et non pas d’un quelconque piètre Georges Lucas.

Si un état-mafia bâtard n’a rien d’autre à proposer aux étrangers pour se remplir les poches, si des touristes abâtardis y trouvent leur compte, est-il possible que la classe moyenne tunisienne lui sacrifie tout, que se soit çà son opium ? En disant qu’une dictature tarit les contestations et les revendications d’un peuple sous Yasmine-Hammamet, es-sandouk, des flots de lignes téléphoniques G.S.M., des hordes de centres-commerciaux, etc., je ne sais pas si celui à blâmer le plus est le régime ou le peuple en question ? 

Serge Daney écrit que « La condition sine qua non pour qu’il y ait image est l’altérité. » Observant la société tunisienne, on se rend compte que c’est un miroir vide qui ne réfléchit rien. L’ « image » dont je parlerai dorénavant est donc à comprendre dans le sens de celle qu’on croit refléter et qu’on a l’illusion de percevoir.

La « génération ben ali » est à l’image du modèle : inculte, déculturée, superficielle, artificielle et fière de l’être (si tant est que tout ce beau monde saches vraiment ce que cela veut dire, d’être fier). Ne nous leurrons donc pas : elle prend du plaisir à ce complaire dans cette image, il lui arrive même de se masturber en regardant sa propre image dans un miroir.

D’autre part, on arrive à voir l’Autre, mais on le rejette, sinon on le hait, rien que parce qu’il est Autre. La différence fait peur. Alors, à l’inverse, on ferme les yeux et on vit dans le noir pour mieux fantasmer une Lumière future.

Ces deux postures sont inauthentiques et problématiques d’autant plus que le reste de la population oscille entre les deux.

 

 

« Il y a du pourri au royaume de ben ali. »

 

ben ali est en représentation.

Quand il dort tout le jour puis qu’on lui injecte quantités de médicaments pour se mettre quelques minutes devant une caméra, il est en représentation.

Mais sa plus grande représentation est celle qui a commencé la nuit du 6 au 7 novembre 1987 : une mauvaise adaptation tunisienne d’ « Hamlet » dans laquelle il joue le rôle de Polonius, celui qui tue son grand frère pour être roi à sa place, qui n’a pour but que rester le plus longtemps possible au pouvoir et qui ne fait que propager la corruption, la décadence  et la pourriture au sein de son royaume.

Sommes-nous Hamlet ?

Pouvons-nous être Hamlet ?

Désirons-nous être Hamlet ?

 « Pas juste une architecture, mais une architecture juste. »

 

Quartiers populaires de Tunis et d’ailleurs : constructions anarchiques, barbares et désordonnées. Par manque de moyens, la grande majorité des maisons restent inachevés, des tas de sables et de ciments devant elles devenant avec le passage des saisons, des sculptures involontaires. Ou plus généralement, c’est la peinture qui est sacrifiée. Les maisons ressemblent alors à un corps décharnés sur une planche d’anatomie. La combativité et l’engagement du peuple est à l’image de sa demeure : toujours étouffés dans leur élan.

Cependant, cet in-accomplit a du bon, car s’il manque une porte ou une fenêtre à une maison, cela permet aux amis et au vent d’y entrer plus facilement, ainsi qu’aux odeurs de cuisines des voisins et à Tunis depuis deux ans, aux moustiques innombrables nés des inondations. Ainsi, si les corps des hommes sont aseptisés par la tyrannie, leurs maisons, elles, par l’effet de cette même tyrannie, gardent ce qu’il faut de naturel, d’organique, de chaleureux, pour perpétuer l’espoir. Il faudrait seulement que l’in-finit des demeures se mut en infini des êtres qui y habitent.

Il nous faudrait nous dépecer nous-même pour refaire de la Tunisie une vierge/’athrâ au lieu d’une verte/khathrâ.      

 

orar

 

21/12/2005 17:14

 

www.u-blog.net/amarades

 


 

La culture non grata

Liberté chérie

 

Depuis 18 ans une vraie entreprise de démolition n’a cessé de dilapider un patrimoine culturel riche de plusieurs traditions culturelles. Cette politique systématique a un double objectif, le premier consiste à réviser le passé culturel du pays et notamment son histoire, le deuxième vise à favoriser l’émergence d’une génération culturellement vide, une génération qui tient le livre pour un ennemi mortel.

 

Le dernier exemple en date est celui de l’annulation de la venue de Marcel Khalifa, le chanteur de l’amour et de la dignité. La encore on est dans la logique du régime, une logique aussi vieille que son établissement au sommet de la pyramide.

 

Le révisionnisme culturel : il consiste tout d’abord à purger les instances culturelles de leurs éléments les moins serviles, pour les remplacer par d’autres bien plus à même de mettre en application la politique révisionniste. Pour illustrer le propos nous allons nous référer à trois secteurs (théâtre, musique et livre), le premier est celui du théâtre, une fierté tunisienne depuis Ben Ayed jusqu’à l’aube du 7 novembre.

 

Ce théâtre qui a connu une effervescence extrêmement créative dans les années 70/80 (-3) se trouve aujourd’hui monopolisé par un « moustakrich » le dénommé Moncef Souissi qui a purgé l’art dramatique de tous les éléments « subversifs » en faisant la pluie et le beau temps en terme de financement et de création et en écartant toute personne susceptible de lui faire concurrence. Le résultat : tant de créateurs et de créations sont évacués de la scène culturelle tunisienne et tant de visions et de lectures des maux de notre société sont tuées dans l’œuf.

 

Où sont les théâtres de Gafsa, et du Kef, tous rangées sous la coupe du ministère de « l’inculture » pour n’autoriser que les productions serviles ou au mieux celles qui ne traitent que des sujets « consensuel » adultère, showbiz, modernité et ruralité. M. Souissi règne aujourd’hui en maître sur un théâtre devenu l’ombre de lui-même, vide de sens et sans aucune perspective au profit d’une vision négationniste de notre histoire culturelle et révisionniste puisque le théâtre aussi bien que les autres expressions culturelles doivent subir le même toilettage pour ne laisser apparaître que les productions soit politiquement orientés soit vide de toute consistance tout en faisant l’impasse sur le patrimoine aujourd’hui réduit au rang d’archives inexploitables. Ainsi M. Souissi peut encore venir à la télé nous parler de son théâtre et vanter les mérites de ses maîtres qui l’ont intronisé premier responsable. Exit Jaziri, Jaibi et les autres.

 

Quant à la musique, non seulement elle est soumise à la déferlante commerciale avec son calibrage et sa recette bien ficelée associant voyeurisme, rythme binaire rapide et saccadé, et bien entendu aucun intérêt pour le texte qui doit rester creux, lascif, et vide de sens à ce mouvement général s’ajoute une particularité tunisienne qui a fait du champ musical le seul espace de « liberté » toute relative pour disserter sur la manière dont Amina Fakhet prépare ses pâtes, et les derniers potins sur les lèvres en silicone de Nancy Ajram et pour couronner le tout, le ministère de « l’inculture » vend littéralement le festival de Carthage à Rotana pour qu’elle décide de son contenu « culturel » et s’en sert comme plateforme de lancement de ses chanteurs « kleenex » ou jetables. En parallèle de cela on écarte le docteur et musicologue tunisien Mohamed Garfi pour avoir osé dire qu’il n’y a pas de « politique culturelle dans le pays »

 

Le troisième exemple est celui du livre. Et c’est là où le bas blesse. Non content d’avoir formé une génération d’inculte et d’ennemi du livre, le régime investi l’association des écrivains tunisiens en la confiant à M. Midani qui a perdu tout sens de la responsabilité en opérant la même purge faite par Souissi au théâtre et en réduisant le livre tunisien à une série de romans photos sur « l’Ere nouvelle et ses réalisations » les vrais écrivains sont écartés et réduits à la clandestinité comme c’est le cas de Jelloul Azouna.

 

L’édition est sévèrement contrôlée et les livres d’histoire sont révisés, et la mémoire du peuple tunisien est effacée pour être de nouveau envahie par une nouvelle « littérature » aussi propagandiste que le théâtre et aussi écervelée que la musique. Quand on veut tuer un peuple on lui efface sa mémoire et quand veut rendre le génocide culturel irréversible on inculque à ce peuple des fausses valeurs et on oriente sa « culture ». Il en va de même pour l’enseignement mais là c’est une autre paire de manches.

 

(Source : www.tunezine.com, le 20 décembre 2005)


Elloumi en Roumanie

Le groupe Elloumi (câbles et électronique), qui travaille pour de nombreux constructeurs automobiles européens, va prochainement s’implanter en Roumanie. « Dans ce pays, explique Hichem Elloumi, son patron, le salaire minimum ne dépasse guère 100 euros et les coûts de production sont moins élevés que dans la plupart des pays du sud de la Méditerranée. » Le groupe, qui réalise un chiffre d’affaires de 293 millions de dinars (181 millions d’euros), est présent en Tunisie (Chakira câbles), mais aussi en Égypte, au Portugal et au Maroc (Coficab).  (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)


Les Tunisiens et les fêtes de fin d’année :

Le Père Noël est en or dur …

Noël et la Saint-Sylvestre font de plus en plus d’adeptes dans nos murs . Une aubaine pour les commerces qui rivalisent d’ingéniosité et usent de toutes les tentations pour inciter à la consommation. Tunis – Le Quotidien Nous sommes à quelques jours de la fête de Noël. Et nous sommes à une dizaine de jours d’une autre fête totalement “importée” à savoir la Saint Sylvestre. Toutes deux clôturent chaque décembre une année pour en accueillir une nouvelle. A Tunis, tout le monde parle de ces fêtes de fin d’année. Les préparatifs vont bon train et nos concitoyens ne veulent pour aucune raison rater le réveillon du Nouvel An et à un degré moindre celui de Noël. A El Menzah VIII, un grand magasin de jouets a compris que les gens des quartiers huppés sont partants pour les fêtes quelles qu’en soient leur “confessions”. Depuis plus d’une semaine, le gérant a décoré un sapin de Noël très alléchant et il l’a posé devant la boutique. Les enfants se chargeront de convaincre leurs parents à chaque passage si jamais ceux-ci ne programment pas déjà de célébrer la naissance du Christ. Chez Mme Jamila. A, la petite fille doit trouver chaque année son sapin dans sa chambre. “Je l’emmène à une grande surface et elle choisit elle-même la décoration de son petit arbre”. Et il faut avouer que cette grand-mère ne lésine pas sur les moyens. L’essentiel c’est que le 25 décembre, au petit matin, la fillette aura son cadeau de Noël au pied du sapin. Par ailleurs, cette même dame avoue qu’elle ne prépare pas laâssida à tous les Mouleds et qu’elle ne se souvient pas d’une ambiance particulière durant cette fête. Les familles ou les couples qui se réunissent pour le réveillon de Noël sont de plus en plus nombreux dans nos murs. Certes beaucoup d’entre eux adhèrent à une dynamique commerciale plutôt qu’à une fête religieuse. Mais c’est au bout du compte une manière d’être entre deux chaises. C’est à dire que ces gens là semblent avoir créé de nouveaux repères qui leur sont propres et leur permettent surtout d’être de toutes les parties. * Catalogues attractifs Les grandes surfaces orchestrent de leur côté aussi ces différents événements. Engagées dans toutes les sauces, ces enseignes se précipitent pour matraquer les consommateurs à travers des catalogues attractifs mettant en exergue des produits ciblés et événementiels. Ces derniers jours les promotions se multiplient. Elles portent essentiellement sur les articles de fête dont notamment les bougies de toutes sortes, les guirlandes, les boules colorées, les portes-bougies, les objets décoratifs pour les sapins, les articles de cadeaux et les produits alimentaires spécifiques à Noël et à la Saint-Sylvestre. Autant de produits qui allèchent les clients et leur donnent l’embarras du choix. Le tout à des prix très corrects. Par la même occasion, les promotions portent également sur d’autres produits divers qui n’incitent qu’à davantage de consommation. En effet, ces fêtes commerciales sont une aubaine. Les moins “in” des Tunisiens ne s’empêchent pas tout de même d’acheter un poulet ou une dinde sans compter l’incontournable gâteau de fin d’année. Les autres, en l’occurrence ceux qui sont résolument plus dépensiers claquent de l’argent à chaque fin d’année. Les parfumeries, les opticiens, les bijoutiers, les boutiques de prêt-à-porter et tant d’autres commerces profitent de ces temps de fête pour installer une mascotte du père Noël et inviter les clients à délier leurs bourses. Car ces fêtes sont synonymes de cadeaux. Décidément, les Tunisiens sont des adeptes invétérés des fêtes. Qu’il s’agisse de Noël, du Nouvel An, de Halloween, de la Saint-Valentin ou autres, ils adhèrent pleinement sans réserve pour concilier l’agréable à … l’agréable même si leur budget pourrait en prendre un coup. M. Kada (Source : « Le Quotidien » du 21 décembre 2005)

Ben Ali et l’après-SMSI

par ABDELAZIZ BARROUHI Discours offensif du président, apparition d’un pôle contestataire… Un mois après sa tenue, le sommet de Tunis continue de marquer la scène politique. Chaque année, le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali célèbre l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Chaque année, il reçoit, à cette occasion, des mains d’une personnalité étrangère, un prix en rapport avec les droits de l’homme ou un doctorat honoris causa. Le 10 décembre, au palais présidentiel de Carthage, il a reçu les deux à la fois : le prix de la Fondation mondiale des bonnes initiatives en faveur de la paix attribué par le Parlement mondial des enfants, et le titre de docteur honoris causa en sciences humaines et éducatives décerné par l’université italienne de Macerata. Par les temps qui courent, cela donne du baume au coeur. Peut-être cela explique-t-il aussi l’assurance du chef de l’État lorsqu’il a prononcé son discours. Celui-ci était d’autant plus attendu qu’il était le premier depuis la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), trois semaines plus tôt à Tunis, et la polémique concernant l’état des libertés en Tunisie. Ben Ali n’a pas escamoté le sujet. Sûr de lui et de son bon droit, offensif, il a balayé les critiques de « certains détracteurs et d’autres parties ayant la nostalgie du passé que la pudeur n’empêche même pas d’utiliser l’expression « anciennes colonies ». Ils ont tenté de noyer cette brillante réussite [du SMSI] dans un flot de propagande. » Des commentateurs affirment-ils que le développement économique et social en Tunisie s’est réalisé à un rythme plus rapide que le développement politique et démocratique ? Ils commettent une « injure à la réalité », réplique le président. Ils le font soit de bonne foi, auquel cas ils sont « excusables », soit de mauvaise foi, et alors leur jugement est rejeté. Pour ceux qui le font de mauvaise foi, toujours selon Ben Ali, cela relève soit de « l’absence de sens patriotique » [dans le cas des Tunisiens, NDLR], soit d’un « attachement nostalgique [pour ce qui est des étrangers, NDLR] à un passé à jamais révolu depuis que ce fier et vaillant peuple a conquis son indépendance et sa souveraineté ». Debout, les quelque deux cents invités applaudissent, d’autant que l’orateur a tenu des propos de la même veine pour rejeter « le modèle étranger prêt à l’emploi [et] des conceptions théoriques sans racines dans nos réalités ». Pour démontrer encore que ses détracteurs ont tort, Ben Ali dresse un bilan flatteur de ses dix-sept ans à la tête de l’État et du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), reprenant à son compte le discours universaliste sur la démocratie et les libertés. « Nous considérons, dit-il, que la démocratie, incarnée par le scrutin libre, direct et garanti par les dispositions de la Constitution et de la loi autant que par les règles de transparence et de crédibilité, constitue un fait établi… » Conclusion du chef de l’État : « Nous réaffirmons à tous que la Tunisie est le pays des libertés, des droits de l’homme, de la primauté de la loi et du progrès démocratique continu. » Tout va bien, donc, mais cela n’empêche pas d’aller encore de l’avant. « Nous sommes déterminés à avancer encore plus sur cette voie, à travers la modernisation des lois et les initiatives successives… », ajoute le président. Des initiatives, Ben Ali en a pris deux depuis le SMSI. Toutes deux concernent des conseils consultatifs dont il nomme les membres. D’une part, il a chargé Zakaria Ben Mustapha, président du Conseil supérieur des droits de l’homme, d’une mission consistant à recueillir les doléances des représentants des partis politiques et des associations légalement reconnus et à les lui transmettre. D’autre part, le 10 décembre, il a élargi la composition du Conseil supérieur de la communication en y nommant des représentants des partis politiques et de la société civile pour conforter « son rôle en tant qu’espace de dialogue, de concertation et de proposition » (voir ci-contre). Rien de spectaculaire. Zine el-Abidine Ben Ali n’aime pas agir sous la pression de l’opinion. Et, surtout, comme à l’accoutumée depuis le début des années 1990, il ne veut pas prendre les risques encourus dans d’autres pays, qu’il ne cite pas. « Le plus important dans une réforme, de notre point de vue, c’est de la prémunir contre les risques de retour en arrière et d’échec qui ont compromis tant d’expériences dans le monde. Que dire, a fortiori, lorsque la précipitation se transforme en saut dans l’inconnu qui peut donner lieu au retour de l’extrémisme, de la violence et des luttes confessionnelles… » Au stade actuel, il n’est donc pas question d’un changement de cap. L’ouverture sur davantage de libertés sera-t-elle donc en conflit perpétuel avec les craintes sécuritaires ? Reste que, sur le terrain, l’après-SMSI est marqué par des bouleversements dans la société civile. Les partisans du pouvoir ont marqué un point avec la conquête de la direction de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) lors d’un congrès extraordinaire qu’ils ont convoqué – avec l’appui d’une décision de justice. Les dirigeants indépendants ainsi écartés ont, toutefois, déposé une plainte pour demander l’annulation du congrès. L’actuelle direction de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) se trouve quant à elle empêchée de tenir son congrès ordinaire du fait de l’opposition d’une dizaine de partisans du pouvoir qui ont eu eux aussi recours à la justice pour régler le différend. Un tribunal de Tunis doit se prononcer sur l’affaire le 24 décembre. Mais ce qui marque la scène politique nationale, c’est l’apparition d’un pôle contestataire. Vingt-quatre personnalités de diverses tendances, allant des libéraux aux islamisants, ont annoncé le 7 décembre la constitution d’un « Comité du 18 octobre pour les droits et les libertés » né du mouvement de solidarité autour de la grève de la faim d’un mois qui a eu un grand écho dans la presse internationale à l’occasion du SMSI. Parmi eux, plusieurs personnalités indépendantes comme l’avocat Ayachi Hammami, le journaliste Lotfi Hajji et l’ancien député Khemais Chammari, dont c’est la première apparition sur le devant de la scène depuis son retour en Tunisie en février 2004 après près de sept ans d’auto-exil. Ce comité, a-t-il indiqué, va « poursuivre le combat pour [obtenir] la liberté d’expression et d’association et la libération des prisonniers politiques ». On y retrouve aussi deux dirigeants de partis politiques particulièrement actifs : Nejib Chebbi, pour le Parti démocratique progressiste (PDP), et Mustapha Ben Jaafar, pour le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL). Début décembre, quatre des ex-grévistes de la faim, les avocats Abderraouf Ayadi, Samir Dilou et Ayachi Hammami, ainsi que le journaliste Lotfi Hajji, étaient en tournée en Europe pour expliquer aux organisations humanitaires le sens de leur mouvement. Ils ont été reçus par la responsable du département suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, qui a déclaré que son pays allait suivre la situation en Tunisie. Le ministère tunisien des Affaires étrangères n’a pas manqué de qualifier cette audience d’inopportune, inacceptable et inamicale. L’apparition de ce pôle contestataire dans lequel, pour la première fois, des hommes de gauche et des indépendants s’allient à des personnalités proches des islamistes dans une action commune et minimale pour les libertés, est une nouvelle donne qu’il sera difficile au pouvoir d’ignorer dans le processus d’élargissement des espaces de liberté. Après tout, ne les considère-t-il pas comme une minorité infime ? (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)

Youssef Alouane
par ABDELAZIZ BARROUHI Nommé par le chef de l’État tunisien à la tête du Conseil supérieur de la communication (CSC), Youssef Alouane s’est distingué à la fois par son indépendance d’esprit et par le soutien qu’il a apporté à plusieurs occasions au président Ben Ali. Mais cette double caractéristique est aussi un gage de réussite si elle est mise au service du changement dont ce dernier se fait le chantre. Tout en le désignant à ce poste, le chef de l’État a exprimé son désir de voir le CSC, dont la composition est renouvelée, renforcé dans son rôle d’espace de dialogue, de concertation et de proposition pour améliorer le niveau des médias audiovisuels et de la presse écrite. Professeur émérite de management des ressources humaines et ancien président de l’université de Tunis-Manar, homme de dialogue au tempérament profondément modéré, Alouane, 66 ans, bénéficie d’un grand crédit tant au sein des cercles du pouvoir et des médias qu’auprès de ses anciens amis de la gauche estudiantine et de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) dont il a été l’un des dirigeants. C’est ce crédit – rare au sein de l’élite proche du pouvoir – que Ben Ali compte utiliser pour introduire le changement dans les médias. Encore faudrait-il que le CSC ne soit plus une institution où l’on siège juste pour le prestige, et que sa mission soit élargie pour englober, notamment, la liberté de la presse. Il faudrait aussi qu’il ait les moyens de mener à bien sa mission, et surtout, si jamais il ose faire des propositions courageuses, que celles-ci soient suivies d’effet. (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)

Au vrai chic islamique

par FAWZIA ZOUARI Sites Internet, boutiques, magazines… Quand le hijab tourne à l’article de prêt-à-porter. Eh oui ! les temps changent. Même l’uniforme islamique sacrifie aujourd’hui à la mode. Les « sœurs » succombent à la tentation de la coquetterie qu’elles abandonnaient naguère avec horreur aux kâfirât (« mécréantes »). Il suffit de consulter le site www.thehijabshop.com , fournisseur des mille et une manières de se couvrir le chef, pour s’en persuader. Les tissus, les motifs et les poses varient d’une annonce à l’autre. L’on peut ceindre son crâne de rouge ou de bleu indigo, agrémenter le foulard de franges ou de drapés, le porter en cloche ou en couronne, serré par un diadème sur la poitrine ou du velcro autour du cou. Les motifs vont des rayures au paysage floral, en passant par les carreaux ou l’imitation léopard. Outre le fichu, le costume lui-même évolue. Le voile bascule de l’hermétique abaya à l’élégante chasuble. On allie volontiers tchador et Nike, foulard et pantalon fuseau. À Tunis, l’été dernier, nombre de moutahajjibat (« celles qui portent le hijab ») se baignaient dans un étrange costume : tunique, pantalon, voile et casquette assortis, le tout étudié pour, une fois mouillées, ne point trop coller au corps… Pourtant, la tenue islamique peut, à l’occasion, prendre des allures franchement sexy. On exhibe son voile comme on le fait d’une belle chevelure, on met sa féminité en valeur sous des tissus souples et soyeux, des djellabas fendues laissant deviner des pantalons en satin. Le voile sert sinon à montrer, du moins à laisser deviner son corps. Le phénomène n’est pas nouveau. En Égypte, depuis une décennie, les revues de mode islamique pullulent. Au Maroc, la presse féminine oriente la tendance vers le traditionnel caftan, et les jeunes branchées se distinguent par leur façon d’assortir leur foulard à leur jean. En Belgique, les Créations Saouli organisent des défilés de « vêtements islamiques ». Et, depuis peu, des hijab shops voient le jour un peu partout. De l’art et de la manière de se voiler « mode » sans culpabiliser, puisqu’une partie des bénéfices est souvent reversée à des oeuvres caritatives. Bref, le marché du voile a le vent en poupe. Pourquoi pas ? Après tout, le Coran ne prescrit pas de modèle unique ni ne précise la forme ou la couleur du voile. Fini le temps de l’austérité, quand les intégristes tentaient d’imposer un uniforme à toutes les musulmanes. Une vraie atteinte à la diversité culturelle. Car la texture, la couleur et la coupe du voile ont toujours varié d’un pays musulman à l’autre. Et parfois d’une région à l’autre. En Palestine, par exemple, sa couleur indique si la jeune femme qui le porte est mariée ou célibataire. Et le tissu, soie ou coton, dans lequel il est taillé révèle son milieu social. En Tunisie, le safsari, le voile traditionnel que les femmes mettent pour sortir, couvre le corps de la tête aux chevilles. Il est parfois en soie et toujours de couleur blanche ou beige. Le haïk, le voile traditionnellement blanc des Algériennes, lui ressemble beaucoup. Le port de voilettes cachant une partie du visage est courant au Maghreb comme au Machreq (qu’on les appelle qina, litham, nassif, lifam ou tcharchaf), mais exceptionnel en Malaisie ou aux Philippines. Dans le monde asiatique, en Inde et au Pakistan notamment, le voile consiste le plus souvent en un grand pan de tissu jeté sur les cheveux et les épaules, à la manière d’une Benazir Bhutto. Dès les années 1960, les islamistes ont tenté d’imposer le hijab, un vaste foulard blanc ou noir qui couvre les cheveux et le cou, accompagné d’une ample robe en tissu opaque proche de l’abaya saoudienne. S’y adjoint parfois une voilette qui ne laisse à découvert que les yeux – ces derniers parfois cachés derrière des lunettes ! -, des gants et des bas pour dissimuler les pieds. Ce curieux accoutrement vise évidemment à différencier les « sœurs » des musulmanes laïques, accusées de céder aux modes vestimentaires occidentales. Mais les islamistes se voient à leur tour accusés d’importer des mentalités et des modes vestimentaires totalement étrangères au Maghreb et au Proche-Orient. Aux yeux des Kabyles, par exemple, le hijab est un « uniforme arabe » qui n’a rien à avoir avec le traditionnel haïk algérien. Et les tchadors qui pullulent désormais dans les couloirs des universités du Caire ou de Rabat révoltent de nombreux Arabes, qui croient voir l’Iran à leurs portes ! En Algérie, il n’est pas rare qu’une femme vêtue d’un chatri noir soit traitée de black widow (veuve noire) – ce qui est aussi le nom d’une variété d’araignée. Et qu’un turban « à l’afghane » soit plaisamment comparé à un disque « 33 tours » ! L’identité religieuse entre ainsi en conflit avec l’identité ethnique. Le style militant avec la pratique séculaire. (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)  

Du malheur d’être une femme

L.A., Ancien magistrat à la cour suprême

Alger, Algérie J’ai lu avec attention et intérêt la chronique intitulée « Pleurez, musulmanes », (voir J.A.I. n° 2342). Même si l’islam est souvent caricaturé, il ne faut pas occulter ses nombreuses dispositions discriminatoires à l’égard des femmes. Le mariage forcé est, hélas ! une triste réalité subie par de nombreuses Algériennes et Marocaines. Certaines ont témoigné de leur calvaire (Djamila Aït Abbas, etc.). Faut-il qualifier les témoignages de ces souffrances de « chasse à l’islam » de la part d’éditeurs qui ne voient en « Allah qu’un misogyne accompagné de fatmas martyres » ? Vous avez la chance de vivre dans un État de droit. Le code de statut personnel tunisien vous protège en tant que femme et citoyenne. Mais, l’Algérienne subit encore, au nom de l’islam, la loi du tutorat, du divorce par khül et de la polygamie. La condition de la Saoudienne est-elle plus enviable ? La musulmane qui n’enfante pas de garçons est exhérédée [déshéritée, NDLR] dans presque tous les pays musulmans. En 1991-1992, en Algérie, une femme magistrat a failli être renvoyée devant ses fourneaux à cause d’un hadith que les islamistes de l’ex-FIS sortaient de son contexte : « Un peuple dirigé par une femme ne connaîtra pas la prospérité. » Les islamistes ont perdu et il y a actuellement 572 femmes juges en Algérie. L’association Ni putes ni soumises a le mérite de se battre contre le machisme justifié par l’islam. Les « tournantes » dans les cités, les violences conjugales justifiées par un verset coranique (sourate IV « Les Femmes », verset 324) il y a beaucoup à faire. Le vrai débat n’est pas de s’insurger contre la condition de la musulmane en dénonçant celles qui se battent contre l’inégalité contenue dans l’islam, mais d’encourager une relecture du Coran sans passion mais sans concessions. Nous n’en pouvons plus d’être coupées en rondelles : majeures et citoyennes lorsqu’on a besoin de nos voix ; mineures le reste du temps. Ce combat contre les discriminations ne peut être mené que par les femmes elles-mêmes. Si j’étais homme et musulman, je ne souhaiterais absolument pas que les choses changent. Alors oui, si nous devions pleurer, ce ne serait pas à cause de ces ouvrages que vous trouvez trop nombreux et excessifs, mais plutôt en raison de la triste condition qui nous est faite tant par les États que par les sociétés. (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)  


Janvier 1943, à Tunis

par AZZEDINE CHADI, COLONEL RETRAITÉ, TUNIS, TUNISIE Votre article paru dans J.A.I. n° 2343 intitulé « Ce que les juifs tunisiens doivent à Moncef Bey », m’a rappelé quelques souvenirs. En janvier 1943, j’avais 10 ans. Nos voisins de la rue de Soukharas à Tunis, étaient pour la plupart des juifs : les Berrebi, les Gabison, les Chemmama, les Sfez… Deux amis de mon père étaient venus à la maison, euphoriques, pour nous raconter leur terrible mésaventure et nous exprimer leur fierté d’être des Tunisiens à part entière. Tous deux venaient d’être libérés du Travail obligatoire organisé par l’armée allemande d’occupation, pour la construction, non loin de l’aérodrome d’el-Aouina, d’une piste d’envol, qui a d’ailleurs donné naissance à l’actuelle route de Raoued-La Marsa. (On remarque encore aujourd’hui, un tronçon de route parfaitement rectiligne, de plus de 2 km, orienté face au vent dominant.) Des alvéoles creusées dans la colline en bout de piste, devaient servir d’abris lors des bombardements alliés. Ces deux amis, très au fait des événements de l’époque, racontaient que Moncef Bey était intervenu dès décembre 1942, sans résultat, auprès des généraux allemands Van Arnim et Kesselring et de l’amiral pétainiste Esteva, pour que les juifs tunisiens soient dispensés du travail obligatoire et considérés, comme il est de tradition, comme des citoyens de la Dhimma, c’est-à-dire subir aucune humiliation et que leurs droits soient sauvegardés. Ce n’est qu’après l’entretien de Moncef Bey avec le feld-maréchal Rommel, à la faveur d’une visite protocolaire rendue par ce dernier au Bey de Tunis, que la décision d’exonérer les juifs tunisiens du Travail obligatoire en Tunisie, fut définitivement prise. Je me réjouis aujourd’hui, avec le Dr. A. Nahum, de la position très honorable que la Tunisie a su prendre dans les moments tragiques de son histoire. (Source : JA/L’Intelligent N°2345 du 18 au 24 décembre 2005)

How to Exit Iraq

At First, Iraqi Soldiers Should Augment U.S. Forces, Not Replace Them

 

By Henry A. Kissinger

 

The administration and its critics seem to agree that the beginning of an American withdrawal from Iraq will mark a turning point. What divides them is the speed and extent of the drawdown and whether it should be driven by a timetable or by a strategy that seeks to shape events.

 

Though often put into technical terms, the issue is not the mechanics of withdrawal. Rather, the debate should be over consequences: whether, in the end, withdrawal will be perceived as a forced retreat or as an aspect of a prudent and carefully planned strategy designed to enhance international security. Whatever one’s view of the decision to undertake the Iraq war, the method by which it was entered, or the strategy by which it was conducted — and I supported the original decision — one must be clear about the consequences of failure. If, when we go, we leave nothing behind but a failed state and chaos, the consequences will be disastrous for the region and for America‘s position in the world.

 

For the phenomenon of radical Islam is more than the sum of individual terrorist acts extending from Bali through Jakarta to New Delhi, Tunisia, Riyadh, Istanbul, Casablanca, Madrid and London. It is an ideological outpouring by which Islam’s radical wing seeks to sweep away secularism, pluralistic values and Western institutions wherever Muslims live. Its dynamism is fueled by the conviction that the designated victims are on the decline and lack the will to resist.

 

Any event that seems to confirm these convictions compounds the revolutionary dynamism. If a fundamentalist regime is installed in Baghdad or in any of the other major cities, such as Mosul or Basra, if terrorists secure substantial territory for training and sanctuaries, or if chaos and civil war mark the end of the American intervention, Islamic militants will gain momentum wherever there are significant Islamic populations or nonfundamentalist Islamic governments. No country within reach of jihad would be spared the consequences of the resulting upheavals sparked by the many individual centers of fanaticism that make up the jihad.

 

Defeat would shrivel U.S. credibility around the world. Our leadership and the respect accorded to our views on other regional issues from Palestine to Iran would be weakened; the confidence of other major countries — China, Russia, Europe, Japan — in America‘s potential contribution would be diminished. The respite from military efforts would be brief before even greater crises descended on us.

 

A disastrous outcome is defined by the global consequences, not domestic rhetoric. President Bush has put forward a plausible strategy. It acknowledges that policy has been leavened by experience. But the crescendo of demands for a timetable suppresses the quality of patience that history teaches is the prerequisite for overcoming guerrilla warfare. Even an appropriate strategy can be vitiated if it is executed in too precipitate a manner.

 

The views of critics and administration spokesmen converge on the proposition that as Iraqi units are trained, they should replace U.S. forces — hence the controversy over which Iraqi units are in what state of readiness. But strategy based on substituting Iraqi for U.S. troops may result in perpetuating an unsatisfactory stalemate. Even assuming that the training proceeds as scheduled and produces units the equivalent of the U.S. forces being replaced — a highly dubious proposition — I would question the premise that American reductions should be in a linear relationship to Iraqi training. A design for simply maintaining the present security situation runs the risk of confirming the adage that guerrillas win if they do not lose.

 

The better view is that the first fully trained Iraqi units should be seen as increments to coalition forces and not replacements, making possible the deployment of forces toward the frontiers to curtail infiltration, as well as accelerated offensive operations aimed at the guerrilla infrastructure. Such a strategy would help remedy the shortage of ground forces, which has slowed anti-guerrilla operations throughout the occupation. While seemingly more time-consuming, it would present better opportunities for stabilizing the country and would thus provide a more reliable exit route.

 

The combat performance of new units cannot be measured by training criteria alone. The ultimate metrics — to use Pentagon terminology — are to what extent they are motivated toward agreed political goals. What they fight for will determine how well they fight.

 

Aresponsible exit strategy must emerge from the systematic integration of political and security elements — above all, the consolidation of the national government. Real progress will have been made when the Iraqi armed forces view themselves — and are seen by the population — as defenders of the nation’s interest, not sectarian or regional interests. They will have become a national force when they are able to carry the fight into Sunni areas and grow willing to disarm militias in the Shiite regions from which the majority of them are recruited.

 

To delegate to military commanders the judgments as to the timing of withdrawals therefore places too great a burden on them. Their views regarding security need to be blended with judgments regarding the political and collateral consequences that a major initiative inevitably produces. Such a balance presupposes that all sides in our domestic debate adopt a restraint imposed on us by awareness of the grave consequences of failure.

 

The psychological impact, most immediately on the Iraqi political structure, will be crucial. Will the initial reductions — set to begin sometime after last week’s elections — be viewed as the first step of an inexorable process to rapid and complete withdrawal? Or will they be seen as a stage of an agreed process dependent on tangible and definable political and security progress? If the former, the political factions in Iraq will maneuver to protect their immediate assets in preparation for the expected test of strength between the various groups. The incentive to consider American preferences for a secular and inclusive government in a unified Iraq will shrink. It will be difficult to broaden the base of a government at the very moment it thinks it is losing its key military support. In these circumstances, even a limited withdrawal not formally geared to a fixed timetable and designed to placate American public opinion could acquire an irreversible character.

 

If the experience of Vietnam is any guide, the numbers of returning troops could, in such an atmosphere, turn into the principal domestic test of successful U.S. policy. Pressures to continue or accelerate the withdrawals could be magnified so that the relationship to the political criteria of progress would be lost. A process driven by technical or domestic criteria might evoke a competition between Iraqi factions to achieve nationalist credit for accelerating the U.S. withdrawal, perhaps by turning on us either politically or with some of their militia.

 

The United States intervened in Iraq to protect the region’s security and its own. But it cannot conclude that process without anchoring it in some international consensus. Geopolitical realities will not disappear from a region that has lived with them and suffered from them for millennia and that has drawn U.S. military forces into their vortex in Lebanon in the 1950s and 1980s, in Afghanistan in 2001 and in the Persian Gulf in 1991 and 2003 — and has caused two U.S. military alerts (over the Syrian invasion of Jordan in 1970 and the Arab-Israeli war in 1973). The passions, convictions and rivalries of the factions in Iraq will continue. A regional system will emerge in that country in one form or another through our interaction, either with these forces or through our default. In that sense, Americans must accept the reality that their country can never make a total political withdrawal, though the size and location of the military presence will vary. It will always have to meld political and security objectives if the predominance of radical states is to be avoided.

 

The countries that are relevant to Iraq‘s security and stability or that consider their security and stability affected by the emerging arrangements must be given a sense of participation in the next stage of Iraq policy. The developing political institutions in Iraq need to be built into an international and regional system — not out of obeisance to a theoretical multilateralism but because otherwise America will have to function alone as the permanent policeman, a role that any projected Iraqi government is likely to reject in the long run and that the very debate discussed in this article inhibits.

 

The time has come not only to define the strategic future in Iraq but also to broaden the base of political consultation in the region at large. A political contact group including key European allies, India (because of its Muslim population), Pakistan, Turkey and some neighbors of Iraq should be convoked after the Iraqi election. Political discussions between the U.S. ambassador in Baghdad and Iranian authorities regarding Iraq have already been approved.

 

These cannot be the sole contacts with Baghdad‘s neighbors. The functions of the contact group would be to advise on the political evolution of Iraq, to broaden the basis of legitimacy of the government and to reflect a broad international interest in the stability and progress of the region. As time goes on, the group could become a forum to deal with other issues affecting Middle East stability, including some of the causes of Islamic radicalism. A political framework is not a substitute for a successful military outcome, but military success cannot be long sustained without it.

 

The writer, a former secretary of state, is chairman of Kissinger Associates.

 

(Source: The Washington Post , Sunday, December 18, 2005; B07)


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