Le Figaro :Manifestation à Tunis contre l’ambassadeur de France Europe1:Boris Boillon, persona non grata à Tunis
Le Parisien:Manifestation «pour une Tunisie laïque» après des incidents avec les islamistes
Le gouvernement et ”Ennahda” condamnent l’assassinat d’un pretre polonais
Le Figaro :Tunisie: l’école du prêtre était menacée
Le Telegramme:Quand un député UMP défend le bilan de Ben Ali
Le Inrocks:Rencontre avec Moncef Marzouki: l’opposant de Ben Ali est de retour en Tunisie après un exil de 10 ans
cyberpresse:Saisie des biens de Ben Ali: la Tunisie tarde à fournir des renseignements à Ottawa
wmc:Tunisie : La presse classique à l’épreuve du journalisme citoyen
Kapitalis :Tunisie. Les ministres de Ben Ali: responsables et/ou coupables?
Jeune Afrique:Révolutions en Tunisie et en Égypte, même combat
Le Temps:Six magistrats démis de leurs fonctions
Le Temps:Les priorités économiques et sociales de la transition: Huit points incontournables
Afrik.com:Le Maroc à l’heure de la révolution arabe
AFP:Hundreds demonstrate for secular Tunisia
Manifestation à Tunis contre l’ambassadeur de France
Le diplomate, fraîchement nommé, fait les frais de propos assez secs tenus jeudi à des journalistes tunisiens. Les images ont circulé sur internet.
Des centaines de Tunisiens ont manifesté samedi devant l’ambassade de France à Tunis pour réclamer le départ du nouvel ambassadeur, Boris Boillon. Le diplomate, qui s’est montré arrogant lors de sa première rencontre avec la presse jeudi, a choqué une partie de la population, déjà échaudée par les déclarations controversées de Michèle Alliot-Marie en pleine révolution «du Jasmin».
Boris Boillon a refusé de répondre jeudi à des journalistes qui l’interrogeaient sur la ministre des Affaires étrangères. Il leur a reproché d’essayer de le faire tomber dans «des trucs débiles ». «Vous croyez que moi, l’ambassadeur de France en Tunisie, je vais répondre à cette question ?!», a lancé l’ex-ambassadeur de France en Irak. «Vous croyez que je suis dans la petite phrase débile ? Moi, je suis là pour exposer une philosophie».
La manifestation pour condamner le ton et les propos de cet ancien conseiller de Nicolas Sarkoy a réuni environ 500 Tunisiens sur l’avenue Habib Bourguiba, dans la capitale samedi.
«M. Boillon, vous occupez un poste diplomatique et vous n’avez rien d’un diplomate», «dégagez, petit Sarko !», «Boris dégage !», «C’est vous qui faites honte à la France», pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants, mobilisés par des appels sur Facebook.
«Je suis très choquée, c’est la première apparition de l’ambassadeur, il a paru très agressif pour un diplomate. C’est dommage, on espérait une nouvelle coopération sur des nouvelles bases mais cette personne a créé une tension avec la presse, il s’est cramé!», a déclaré Houria, 50 ans.
Des extraits de cette rencontre ont été diffusés à la télévision tunisienne ainsi que sur Facebook. Une page du réseau social a été ouverte sous le titre : «Boris Boillon, dégage !». Parmi les commentaires, on peut lire : «Le dégage tunisien n’épargne personne. Le peuple tunisien choisit ses ministres et il est mûr pour juger les ambassadeurs étrangers».
Agé de 41 ans, Boris Boillon remplace Pierre Ménat, 60 ans, qui a fait les frais des erreurs d’appréciation de la diplomatie française lors de la révolution tunisienne.
Source : « Le Figaro » Le 19-02-2011
Lien : La manifestation pour condamner le ton et les propos de cet ancien conseiller de Nicolas Sarkoy a réuni environ 500 Tunisiens sur l’avenue Habib Bourguiba, dans la capitale samedi.
Boris Boillon, persona non grata à Tunis
Des manifestants ont réclamé le départ du nouvel ambassadeur de France à Tunis.
Près de 500 manifestants se sont rassemblés samedi devant l’ambassade de France, avenue Bourguiba à Tunis pour réclamer le départ du nouvel ambassadeur de France, Boris Boillon. Les Tunisiens mobilisés devant le bâtiment dénoncent ce qu’ils qualifient de “manque de diplomatie” du représentant. Jeudi déjà, lors d’une conférence de presse, des Tunisiens avaient critiqué l'”agressivité” du diplomate arabophone, qui était jusqu’alors en poste en Irak.
“Boris Boillon, dégage !”, clament des manifestants
Les banderoles des manifestants sont très virulentes. “M. Boillon, vous occupez un poste diplomatique et vous n’avez rien d’un diplomate”, “dégagez, petit Sarko !”, “Boris dégage !”, “C’est vous qui faites honte à la France”, pouvait-on effectivement y lire.
“Je suis très choquée, c’est la première apparition de l’ambassadeur, il a paru très agressif pour un diplomate. C’est dommage, on espérait une nouvelle coopération sur des nouvelles bases mais cette personne a créé une tension avec la presse, il s’est cramé!”, a lancé Houria, 50 ans, à l’agence France-Presse. Elle faisait allusion à la première rencontre du diplomate français avec la presse, le 17 février, au cours de laquelle Boris Boillon avait refusé de répondre aux questions de certains journalistes.
Des extraits de cette rencontre ont été diffusés à la télévision tunisienne et reprise sur Facebook. Une page a d’ailleurs été ouverte sur le réseau social et baptisée “Boris Boillon, dégage !”. Parmi les commentaires, on peut lire : “Le dégage tunisien n’épargne personne. Le peuple tunisien choisit ses ministres et il est mûr pour juger les ambassadeurs étrangers”.
Le Quai d’Orsay réagit
Le ministère des Affaires étrangères est venu samedi après-midi à la rescousse de son diplomate. Boris Boillon “est dans l’action, pas dans la polémique”, a rappelé le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero.
.”Le dynamisme de M. Boillon est un gage de résultat dans cette période cruciale où nos relations sont en train d’aborder une nouvelle étape, de prendre un nouvel élan, en s’appuyant sur une nouvelle ambition partagée”, a-t-il ainsi défendu. “C’est vers cet objectif que porte l’effort de notre ambassadeur. Il y consacre toute son énergie”, a-t-il également fait valoir.
Source : « Europe1 » Le 19-02-2011
Lien : http://www.europe1.fr/International/Boris-Boillon-persona-non-grata-a-Tunis-420207/
Manifestation «pour une Tunisie laïque» après des incidents avec les islamistes
«Arrêtez vos actes extrémistes», «Laïcité = liberté et tolérance»… Des centaines de manifestants manifestaient ce samedi à Tunis «pour une Tunisie laïque», sur l’avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la contestation qui a provoqué la chute du président Ben Ali. Cette manifestation a été organisée au lendemain d’incidents avec des islamistes, qui ont attaqué une rue dédiée à la prostitution, et de la mort d’un prêtre.
Vendredi après-midi, dans le centre de la capitale, des dizaines d’islamistes ont tenté de mettre le feu dans la rue Abdallaah Guech où travaillent des prostituées. «Des habitants les ont empêchés de rentrer dans cette rue jusqu’à l’arrivée des agents des forces de l’ordre qui ont bloqué l’entrée en interdisant tout passage. Ils ont ensuite réussi à disperser ces manifestants», a raconté un policier tunisien sous couvert de l’anonymat le policier.
Par alleurs, sans désigner nommément les islamistes, les autorités ont attribué à des «extrémistes» le meurtre d’un prêtre polonais près de Tunis vendredi. Marek Rybinski, 34 ans, a été retrouvé «égorgé» dans le garage d’une école religieuse privée de la région de Manouba, où il était chargé de la comptabilité. C’est le premier meurtre annoncé à la fois d’un religieux et d’un étranger depuis la chute du régime de Ben Ali, le 14 janvier.
Un mois après la chute du président Ben Ali, la peur d’une poussée de fièvre islamiste est dans tous les esprits.
«Nous risquons un dérapage vers l’obscurantisme»
Ce samedi après-midi, les manifestants mobilisés après un appel sur Facebook scandaient : «Pour un pays laïque». «Nous avons appelé à cette manifestation pour montrer que la Tunisie est un pays tolérant qui refuse le fanatisme et afin de renforcer la laïcité dans la pratique et dans la loi», a déclaré un blogueur de 29 ans, Sofiane Chourabi. «C’est le combat de demain car nous risquons un dérapage vers l’obscurantisme», a affirmé un écrivain sexagénaire, Fraj Chouchan.
«Il y a une montée des islamistes qui ont manifesté pour faire fermer les maisons closes et devant la synagogue», s’est inquiété un étudiant de 19 ans, Amine Zidi. Le 11 février, juste avant le début de shabbat, un groupe d’hommes avait scandé devant la grande synagogue de Tunis : «Allez les Juifs, l’armée de Mohammed est de retour», selon des images diffusées sur internet.
«Cela ressemble à une manipulation des bénalistes pour semer la zizanie»
En revanche, plusieurs manifestants interrogés ont estimé que le meurtre du prêtre devait être le fait de personnes restées fidèles à l’ancien régime de Ben Ali. «Egorger, ce n’est pas dans l’habitude des Tunisiens. Cela ressemble à une manipulation des bénalistes pour semer la zizanie, à une propagande pour montrer que la nouvelle Tunisie n’est pas tolérante», jugeait Kaouther, 42 ans, employée d’un établissement occidental. Le régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, qui avait fait arrêter des milliers d’islamistes durant les années 1990, se présentait comme un rempart au fanatisme.
Source: “Le Parisien.fr” Le 19-02-2011
Le gouvernement et ”Ennahda” condamnent l’assassinat d’un pretre polonais
L’assassinat, vendredi près de Tunis, du prêtre polonais Marek Marius Rybinski, continue de susciter la réprobation, tant dans les milieux officiels que de la société civile en Tunisie, y compris le mouvement islamiste “Ennahdha”.
Emboîtant le pas au ministère de l’Intérieur, le département des Affaires religieuses a, à son tour, condamné samedi cet “acte criminel” et appelé “instamment les hommes de religion et les composantes de la société civile à agir avec détermination pour éviter que de tels actes se reproduisent”.
Dans un communiqué diffusé par l’agence gouvernementale TAP, “le ministère des Affaires religieuses réaffirme son attachement au principe de coexistence entre les races et les nationalités et à la liberté du culte aussi bien au niveau des croyances qu’au niveau des pratiques”, et ce “conformément aux idéaux et à l’esprit de la grande révolution du peuple tunisien”.
Le ministère “regrette que de tels agissements aient eu lieu dans un pays qui s’attache au principe du respect d’autrui et au droit à la différence”.
Le prêtre, âgé de 34 ans, a été retrouvé mort, égorgé dans le parking d’une école catholique située dans la localité de la Manouba, à une quinzaine de kilomètres de la capitale, dont il était l’économe.
C’est la première fois, depuis le soulèvement populaire qui a conduit à la chute le 14 janvier dernier du régime du président Zine el Abidine ben Ali, que l’on enregistre la mort d’un ressortissant étranger et un homme de religion.
Vendredi, le ministère de l’Intérieur a accusé “un groupe de terroristes fascistes d’obédience extrémiste d’être derrière ce crime, comme l’attestent la façon dont il a été assassiné”. Il a assuré que les auteurs de ce “crime odieux” et leurs complices seront “sévèrement punis “.
De son côté, “Ennahdha” a “vigoureusement condamné ce meurtre quels qu’en soient les mobiles et les auteurs”.
Dans un communiqué transmis à l’Associated Press, le mouvement islamiste met en garde contre les manoeuvres visant à détourner l’attention sur les objectifs fondamentaux de la révolution”.
Mettant l’accent sur “les valeurs d’ouverture et de tolérance dont le peuple tunisien, toutes catégories confondues, est imprégné”, le communiqué “appelle les autorités compétentes à faire la lumière sur les circonstances réelles de cet acte et ses auteurs afin d’éclairer l’opinion publique avant d’adresser des accusations” à quelque partie que ce soit.
Le communiqué signé par le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, exhorte à “la vigilance pour parer à tout ce qui peut semer l’anarchie dans la société”.
Dans un autre communiqué, il se démarque par ailleurs des incidents antisémites survenus dernièrement devant la grande synagogue de Tunis ainsi que des manifestations d’éléments islamistes ayant ciblé des points de vente de boissons alcoolisées et des maisons closes, y voyant des “atteintes aux fondements de la démocratie qui sous-tendent notre société”
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 19-02-2011
Tunisie: l’école du prêtre était menacée
L’école privée dirigée par trois prêtres de la communauté salésienne à Manouba, près de Tunis, dont un a été retrouvé égorgé hier, avait reçu des menaces de mort dans une lettre confuse adressée aux “Juifs”, a déclaré aujourd’hui son directeur à l’AFP.
“Attention les Juifs. On a mis des caméras et des micro chez vous. Mettez tout ce que vous avez d’argent dans un sac rouge et donnez-le à un ouvrier de chez vous (…) avant midi. Aucun coup de téléphone sinon ça sera la guerre entre nous et la mort”, dit la lettre de menace anonyme avec une croix gammée glissée entre les barreaux de la grille de l’école le 30 janvier et transmise par le père Mario Mulestagno.
Une plainte avait été déposée à la police. “Nous nous sommes sentis visés comme des étrangers: il y a eu un amalgame avec les Juifs qui, pour ceux qui ont écrit la lettre, constitue une insulte. C’est mauvais pour la communauté juive et mauvais pour nous”, a déclaré le père Mario.
Le prêtre polonais Marek Rybinski, 34 ans, a été retrouvé mort égorgé vendredi dans un hangar de l’école qui accueille plus de 700 élèves tunisiens essentiellement musulmans. Les autorités ont attribué son meurtre à “un groupe de terroristes fascistes ayant des orientations extrémistes, (…) compte tenu de la façon dont il a été assassiné”.
Le fait que rien n’ait été volé et “la façon dont il est mort rappelle la méthode des islamistes mais c’est aussi peut-être une imitation, il y a une possibilité de provocation” de la part des personnes restées fidèles à l’ancien régime “ou bien c’est tout simplement un crime malgré les apparences”, a estimé père Mario.
Marek Rybinski, qui était responsable financier de l’établissement, avait disparu depuis jeudi matin alors qu’il jouait avec des élèves pendant la récréation. Comme il avait l’habitude de couper son téléphone portable, le personnel de l’école n’avait signalé sa disparition que le lendemain matin lorsqu’il n’a pas réapparu, a raconté à l’AFP son aide-économe Neji Khedhiri, 39 ans.
Son corps a finalement été retrouvé dans un hangar de l’école par du personnel. “Je suis venu avec deux policiers, il était allongé sur le dos égorgé comme un mouton. C’était horrible. Il y avait aussi des traces de coups sur la tête. Rien ne manquait, il y avait ses clés, son argent”, a témoigné M. Khedhiri.
Source : « Le Figaro » Le 19-02-2011
Quand un député UMP défend le bilan de Ben Ali
Le député-maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis) Eric Raoult a tenu ce matin un discours à contre-courant de celui de la classe politique française sur le président déchu de Tunisie, Ben Ali.
Si aujourd’hui en France il fait bon taper sur le président déchu de Tunisie Ben Ali, que ce soit à droite ou à gauche, le député-maire UMP du Raincy, Eric Raoult, tient à se démarquer, en défendant un bilan “contrasté”, sur Europe 1. A noter que le maire du Raincy est membre du groupe d’amitié France-Tunisie à l’Assemblée nationale.
Ben Ali, un “progressiste”
Eric Raoult considère Ben Ali comme un “progressiste”. Il explique : “C’était quelqu’un qui avait accueilli Yasser Arafat sur son territoire, qui protégeait les Juifs de Tunisie, qui avait une vision du tiers-monde qui plaisait à la droite et à la gauche.” Et de tacler ceux qui, aujourd’hui, ont un discours assassin sur le président déchu : “Si on devait publier les listes de ceux qui nous ont accompagnés là-bas… Quand on crie contre Ben Ali, c’est souvent parce qu’on a beaucoup à faire oublier.”
“Un homme qui aimait son pays”
Il défend le “nationalisme” de Ben Ali, arguant qu’il y avait en Tunisie “l’ordre et la sécurité, alors qu’il y avait des attentats au Maroc et une guerre civile en Algérie”. Et de reconnaître, tout de même, la corruption qui règnait dans les plus hauts lieux du pouvoir : “On fermait les yeux là-dessus, et on aurait dû les avoir grand ouvert. Il y a d’autres états autoritaires dans le Maghreb, mais jamais avec un tel niveau de corruption…”
Il appelle à modérer la vision déplorable qui est faite du bilan de Ben Ali : “Dans le Coran, il y a le pardon. J’espère que l’histoire fera un bilan contrasté de son action. Il y a eu le dirigeant et le militant. C’était un homme qui aimait son pays […] Il y a aussi des Tunisiens qui se rappellent qu’il a fait du bien à son pays.”
Source : « Le Telegramme » Le 19-02-2011
Rencontre avec Moncef Marzouki: l’opposant de Ben Ali est de retour en Tunisie après un exil de 10 ans
Les droits de son dernier livre, Dictateurs en sursis – Une voie démocratique pour le monde arabe, ont été rachetés par une maison d’édition tunisienne et il est désormais disponible en Tunisie. Moncef Marzouki a dorénavant droit de cité dans son pays.
Opposant historique de Ben Ali, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme et aujourd’hui chef du Congrès pour la république, un parti laïc de gauche, il avait dû s’exiler il y a dix ans pour se réfugier en France. Le 18 janvier, quelques jours après le départ de Ben Ali, il est revenu chez lui.
entretien > Un mois après la fuite de Ben Ali, quel est l’état d’esprit des Tunisiens ?
Moncef Marzouki – Ce qui saute aux yeux, c’est la libération de la parole. Ils parlent, disent réellement ce qu’ils pensent, ne craignent plus que le voisin soit un sbire de Ben Ali. La révolution des esprits est faite, elle est partout. L’autre jour à l’aéroport de Tunis, c’était un foutoir incroyable. D’un côté du terminal, les bagagistes manifestaient, de l’autre, les femmes de ménage brandissaient leurs feuilles de paie de 80 euros par mois.
Puis la police des frontières est arrivée, et eux aussi étaient en grève. Ils ont expliqué qu’un passager à qui ils avaient demandé de donner son adresse avait répondu : “Ça te regarde pas, sale con !” Voilà, c’est la révolution ! Pendant des décennies, nous avons eu peur de la police. Aujourd’hui, la police a peur de nous.
Sur le terrain, la situation semble assez complexe.
On ne sait absolument pas ce qui va se passer l’instant suivant. Les nervis de Ben Ali sont toujours là et essaient de garder leur pouvoir. Le gouvernement de transition est un facteur énorme d’instabilité. Personne ne comprend que Mohamed Ghannouchi, le Premier ministre de Ben Ali, soit encore au gouvernement. Personne ne comprend non plus que des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) aient été nommés ministres ou gouverneurs de région. C’est de l’incompétence politique et cela ne peut pas passer auprès du peuple, devenu ultravigilant.
Quand je suis rentré en Tunisie, j’ai immédiatement suivi le chemin de la révolution. Je voulais rendre hommage à Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, et j’ai dû traverser de nombreuses villes du pays, où des gens sont morts pour la révolution. L’accueil a été extraordinaire, les Tunisiens se sentaient revigorés, ravis. Dans le même temps, certaines personnes se sont montrées très hostiles. J’ai été attaqué, molesté, on m’a craché dessus.
Il s’agissait en fait des milices du RCD, des sbires de Ben Ali. Elles m’ont traité comme il y a des années de cela. J’ai compris que ce n’était pas encore gagné. Les hommes de Ben Ali tentent actuellement de discréditer la révolution en semant le chaos.
Vous a-t-on reproché d’arriver après la bataille et de vouloir en quelque sorte récupérer la révolution ?
Oui, certains l’ont ressenti ainsi. Mais ce ne sont pas eux qui m’ont molesté. Il faut que nous expliquions aux jeunes qui ont fait la révolution que pendant des années, nous avons nous aussi lutté contre le régime de Ben Ali. Avant mon départ forcé pour la France, j’ai passé vingt ans à militer, à théoriser la révolution. Des milliers de personnes ont lutté contre Ben Ali, ont été violentées, emprisonnées ou exilées. Les partis d’opposition ont joué leur rôle. Les jeunes le comprennent. Il faut à tout prix éviter l’affrontement des générations. C’est le peuple dans sa totalité qui a fait la révolution.
Comment fonctionne le pays aujourd’hui ?
On assiste à un très lent retour à la normale. Dans certaines régions, les administrations fonctionnent à nouveau mais c’est loin d’être le cas partout. Pour maintenir l’ordre, l’armée a dû faire appel aux réservistes. Mais cela doit rester provisoire. Il faut qu’une police honnête et saine puisse fonctionner normalement afin d’instaurer très vite un climat de confiance. Puis il faudra se tourner vers le combat suivant : les élections. J’ai déjà annoncé que j’étais candidat à la présidentielle au nom du Congrès pour la république. L’enjeu pour le moment n’est pas de se faire élire mais d’obtenir l’assurance que les élections seront transparentes.
Aujourd’hui, il y a de quoi être inquiet. Les hommes de Ben Ali ont l’habitude des élections, ils savent comment s’y prendre. Les voir voter des lois électorales dans notre dos, comme ils le font actuellement, n’est vraiment pas rassurant. Dans ce contexte, l’opposition doit, comme nous le faisons, prendre des positions politiques à chaque instant. Le RCD est en voie de dissolution. Nous manifestons très fréquemment et avons accès aux médias nationaux. C’est nouveau pour nous.
Vous doutez de la capacité du pays à organiser des élections saines ?
Il y a soixante ans, les Indiens ont été capables d’organiser des élections. Pourquoi les Tunisiens n’y arriveraientils pas ? Il faut cesser de se demander si le pays est prêt pour la démocratie. Ça y est, elle est là, l’Occident doit se faire à cette idée. Pendant des années, on nous a répété que la démocratie était un régime occidental, que les pays arabes n’étaient pas faits pour ça.
J’ai entendu ça pendant des années, chez vous, en France, de la bouche de décideurs comme Hubert Védrine, par exemple. Aujourd’hui, ces propos aux relents colonialistes, voire racistes, ne tiennent plus. Il est ridicule aussi de dire que la menace islamiste guette le pays. Nous ne sommes pas condamnés à un choix entre dictature militaire et dictature islamiste. C’est du pur fantasme.
En Tunisie, les islamistes et leur parti, l’Ennahdha, n’ont rien à voir avec les talibans. Ce sont des bourgeois. Ils resteront des interlocuteurs aussi longtemps qu’ils respecteront le processus démocratique. La Tunisie est un pays multiple, avec des opinions diverses, il faut l’accepter. En France, vous acceptez bien l’extrême droite tant qu’elle s’inscrit dans le processus démocratique.
Source : « Le Inrocks » Le 19-02-2011
Lien : http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/60294/date/2011-02-19/article/-5d24939a6b/
Saisie des biens de Ben Ali: la Tunisie tarde à fournir des renseignements à Ottawa
Les autorités tunisiennes tardent à soumettre au gouvernement canadien les renseignements pertinents qui lui permettraient de saisir, comme elles le réclament, les biens que détiendraient au Canada l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali, sa famille et ses associés.
Le ministère canadien de la Justice a envoyé le 3 février une lettre au doyen des juges d’instruction de la Tunisie, Igrahim Eloueslati, pour lui demander de fournir les renseignements dont Ottawa a besoin pour donner suite à la requête de saisie tout en respectant le droit canadien.
Les autorités tunisiennes n’ont toujours pas répondu, a appris La Presse hier.
«En droit canadien, l’aide sollicitée par la Tunisie peut être accordée sous réserve de respect de certaines exigences juridiques. Malheureusement, les demandes, telles qu’elles ont été présentées, ne fournissent pas au Canada suffisamment de renseignements pour lui permettre d’y acquiescer», écrit le ministère de la Justice dans sa lettre, que La Presse a obtenue.
Trois notes diplomatiques
Essentiellement, la demande d’assistance formulée par les autorités tunisiennes se résume à trois notes diplomatiques dans lesquelles on dit vouloir obtenir des dossiers bancaires et des renseignements sur des actions ainsi que la saisie des biens de la famille Ben Ali.
«L’Autorité centrale canadienne s’efforcera de travailler avec les autorités tunisiennes afin de leur expliquer quelles sont les lacunes que comporte leur demande et de leur décrire les renseignements additionnels qu’elles doivent fournir pour réussir à obtenir l’aide demandée du Canada», ajoute-t-on dans la lettre.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traité d’entraide juridique entre le Canada et la Tunisie. Il faut donc que les autorités tunisiennes précisent au Canada l’entente internationale sur laquelle elles fondent leur demande, soit la Convention des Nations unies contre la corruption ou encore la Convention des Nations unies sur la criminalité transnationale organisée. Les deux pays sont signataires de ces deux traités.
Dans sa lettre, le ministère de la Justice demande aussi aux autorités tunisiennes de préciser les allégations qui pèsent sur la famille Ben Ali et ses associés et de présenter un sommaire des éléments de preuve à l’appui de l’enquête. «Il ne suffit pas de simplement indiquer dans votre demande qu’il y a une enquête en cours et que divers types de preuve/d’aide permettront de faire avancer l’enquête», dit la lettre, signée par Janet Henchey, avocate principale et directrice générale du service d’entraide internationale.
Numéros de comptes
En ce qui a trait aux dossiers bancaires, les autorités canadiennes demandent que l’on précise les numéros des comptes visés par la demande de saisie ainsi que le nom et l’emplacement de l’institution financière canadienne où les dossiers devraient se trouver. «Il n’est pas suffisant de demander les dossiers concernant «tout» compte bancaire détenu par les suspects. Le Canada ne possède pas de base centrale de données sur tous les comptes bancaires détenus par des individus au Canada.»
Le Canada demande aussi à la Tunisie de lui fournir une ordonnance de saisie ou de blocage de biens rendue par une cour criminelle tunisienne. «La personne dont les biens seraient bloqués ou saisis doit faire l’objet d’une accusation dans votre pays», écrit-on.
La valeur totale des avoirs de la famille Ben Ali au Canada est inconnue, mais on sait que la famille possède une maison évaluée à plus de 2 millions de dollars à Westmount.
Depuis quelques jours, le Bloc québécois talonne le gouvernement Harper pour qu’il gèle, même provisoirement, les avoirs de la famille de Ben Ali au Canada. Le Bloc soutient que d’autres pays ont agi rapidement et juge inacceptable la lenteur du gouvernement canadien.
L’ambassadeur de la Tunisie en poste à Ottawa, Mouldi Sakri, a aussi montré des signes d’impatience cette semaine. Il a affirmé que le gouvernement Harper met en jeu l’image du Canada à l’étranger en traînant les pieds dans ce dossier.
Le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur jeudi pour lui faire expliquer les étapes juridiques qui doivent être respectées pour qu’Ottawa donne suite à la requête, selon nos sources.
Source: “cyberpresse” Le 19-02-2011
Tunisie : La presse classique à l’épreuve du journalisme citoyen
Le journalisme citoyen a constitué le principal fer de lance de la révolution tunisienne, depuis l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. Un mois après, alors que les médias officiels restaient dans leur mutisme, cet événement fut relayé par les réseaux sociaux, essentiellement, poussant Ben Ali à fuir le pays. Leurs réactions, d’ailleurs, n’ont fait qu’alimenter le feu de la révolte populaire en Tunisie. Alors que les réseaux sociaux, en l’occurrence facebook et twitter, inondaient de vidéos et de photos montrant l’ampleur des manifestations et des confrontations à Sidi Bouzid et Kasserine, nos médias se limitaient à dire que ces événements sont des actes isolés et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Pour les médias étrangers, le black out médiatique exercé par le gouvernement tunisien les a amenés à recourir aux réseaux sociaux. Les vidéos qui circulaient sur facebook étaient diffusées sur les télévisions étrangères. Ce qu’on appelle désormais le journalisme citoyen l’a emporté sur la presse classique. La majorité des médias s’appuyait sur les témoignages d’observateurs citoyens. Certaines télévisions étrangères ont réussi aussi à couvrir les événements, quelques jours avant la chute de Ben Ali, bien qu’ils n’aient pas eu l’autorisation de l’ATCE pour le faire. «Nous avons pris le risque d’aller à Sidi Bouzid alors que la situation sécuritaire était très fragile. La veille du dernier discours de Ben Ali, la situation s’est d’autant plus aggravée. Les partisans du président déchu étaient partout et nous avions vraiment eu peur», nous raconte la correspondante d’une chaîne étrangère.
Le rôle des observateurs était édifiant dans la couverture des événements. France 24, l’une des chaînes télévisées étrangères ayant suivi au jour le jour la révolution tunisienne, a recouru à une panoplie d’observateurs qui constituait sa principale source d’information, essentiellement avant le 14 janvier 2011. Elle a organisé, le 17 février 2011, une rencontre avec ces observateurs pour apporter leurs témoignages sur leur vécu, à cette date. Pour Sofiène Chourabi, sa couverture des événements découlait de son rôle de journaliste. Les vidéos qu’ils prenaient étaient diffusées sur France 24. «Pour moi, c’était un challenge. A maintes reprises, ma caméra a été confisquée par la police, alors j’ai trouvé une astuce. Dès que je terminais de filmer, j’enlevais la carte mémoire pour la mettre dans mes chaussettes, ce qui me permettait d’avoir toujours mes films en cas de confiscation de la camera», se rappelle-t-il.
Pour la bloggueuse Lina Ben Mhenni, elle est intervenue à plusieurs reprises sur France 24, à visage découvert. «Je ne cherchais pas à me protéger. J’étais déjà très suivie, donc il ne servirait à rien de me cacher», explique-t-elle. Lina a, d’ailleurs, été très active avant et après la révolution, en visitant les villes les plus touchées par les événements et en rapportant son témoignage sur la situation dans ces régions mais aussi en partageant vidéos et photos.
De son côté, le lycéen Rami Zaatour, originaire de Gabès, faisait partie des observateurs de la chaîne, en rapportant ce qui se passait dans son lycée. Sahbi Khalfaoui, un militant d’opposition, qui a témoigné sur la chaîne, a été incarcéré trois jours avant le 14 janvier 2011.
Plus d’un mois après la fuite de Ben Ali, nos médias sont certes devenus plus libres, bien que cet usage de la liberté soit controversé par les uns et les autres. Mais une chose est sûre, ce sont les réseaux sociaux qui ont façonné la révolte populaire en Tunisie. Ces médias alternatifs étaient le seul recours en absence de médias officiels crédibles. Les journalistes citoyens ont mené la révolution à leur façon. Une révolution contre la censure, contre le black out et contre la dictature. Le journalisme citoyen a eu le mérite d’ouvrir la voie au journalisme classique, lui permettant de tirer les leçons des fautes du passé.
Alors, peut-on parler de la naissance d’une nouvelle presse? La réponse est aussi controversée puisque la confiance ne s’est pas encore restituée du côté des Tunisiens envers les médias officiels essentiellement. Reste que le rôle de la presse classique est primordial pour entamer le processus démocratique en Tunisie. Une presse libre et responsable est un pari à gagner. Le journalisme citoyen aura certainement toujours sa place comme partenaire de cette évolution vers un avenir meilleur de la presse tunisienne.
Source: “wmc” le 18.02-2011
Tunisie. Les ministres de Ben Ali: responsables et/ou coupables?
Les ministres des gouvernements successifs de Ben Ali étaient-ils de simples exécutants des décisions prises au Palais de Carthage ou des acteurs actifs du système? Le débat est ouvert…
La Commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption, dirigée par Abdelfattah Amor, commence à démonter les mécanismes du système de corruption mis en place par les proches de l’ex-président.
Ben Ali et les siens sont-ils seuls coupables? Sur la base des premières constatations, le président de la commission a souligné, au cours de sa conférence de presse d’hier, que la mode de gouvernement en Tunisie n’était ni présidentiel ni présidentialiste mais plutôt totalitaire, en ce sens que tous les pouvoirs, y compris les moindres détails, étaient décidés personnellement par le président déchu. Ces pouvoirs concernent les décisions relatives à la souveraineté, à l’octroi des agréments et des concessions ainsi qu’aux autorisations relatives à l’entrée des voitures de luxe, destinées à la famille du président et qui ne remplissent pas le plus souvent les conditions juridiques. Ben Ali intervenait même dans l’interdiction de délivrer un visa pour l’entrée des citoyens au territoire tunisien. Selon M. Amor, le rôle des ministres et des responsables, qui ont été auditionnés par la commission, a été marginal et même inexistant. Ce rôle était limité à l’exécution et à l’information de l’exécution qui se transforme en une menace, en cas de réticence de certains ministres vis-à-vis de certains dossiers.
Un vide institutionnel et gouvernemental A l’appui de sa démonstration, M. Amor a mis l’accent sur l’existence d’un vide institutionnel et gouvernemental, à la lumière des pouvoirs illimités et des privilèges dont jouissaient les familles de Trabelsi et de Ben Ali, ce qui a porté atteinte au dispositif des droits de l’homme et à la structure économique du pays. En d’autres termes, les ministres de Ben Ali sont responsables, mais pas coupables. Ce raisonnement a une conséquence: il dédouane les membres du gouvernement et les soustrait à la justice. Ce qui nous semble pour le moins inacceptable. Les enquêtes doivent être poussées pour que les responsabilités soient délimitées et tous les coupables dénoncés et sanctionnés. Car il serait commode de faire tout endosser par le clan de Ben Ali alors que les corrompus – qui profitaient du système en sous-main – sont à tous les étages, y compris au sein du gouvernement. On ne peut, bien sûr, juger et sanctionner tous les hauts cadres de l’administration qui auraient trempé dans des malversations en relation avec les intérêts de l’ex-clan au pouvoir. Cela ne doit pas aussi aboutir à la banalisation de l’impunité pour raison d’Etat. Car on risque de retomber dans les mêmes travers. Les hauts cadres corrompus doivent être démasqués et dénoncés. Ils doivent, tout au moins, reconnaître leurs méfaits et demander pardon.
Source : « Kapitalis » Le 19-02-2011
Révolutions en Tunisie et en Égypte, même combat
Mokhtar Zannad, ancien diplomate (1979-1987) et ex-gouverneur de Nabeul (nord-est de la Tunisie), fait le parallèle entre les révolutions tunisienne et égyptienne.
Depuis le 11 février 2011, la révolution tunisienne n’est plus isolée. Elle a désormais une petite sœur en Égypte. En obligeant leur dictateur de président à quitter le pouvoir, les masses tunisiennes puis égyptiennes ont signifié au monde entier que la démocratie est à leur portée.
Dans ces deux pays, une telle situation a été rendue possible par le courage et la détermination inébranlable des manifestants ainsi que par l’attitude de l’armée.
Seule force effective et crédible lors des soulèvements, elle s’est rangée du côté des insurgés, refusant de les réprimer, les protégeant même contre les nervis des autocrates et contraignant les deux dictateurs à se retirer définitivement.
Il s’agit à présent de transformer l’essai et de rendre irréversible le processus démocratique en cours. Les gouvernements de transition sont appelés à agir rapidement mais sans précipitation pour mettre en place les structures chargées de préparer les étapes suivantes :
– rétablir l’ordre et la sécurité afin que la population active se remette au travail et que les jeunes reprennent le chemin de l’école.
– réviser la Constitution et les lois électorales pour organiser des élections libres et transparentes sous contrôle international devant conduire à l’instauration d’un État de droit.
Dans ce processus, les dirigeants transitoires des deux pays pourront se concerter et se soutenir mutuellement afin de réussir cette étape cruciale de leur histoire.
Puissances occidentales
Les puissances occidentales, pour leur part, après avoir au cours du siècle écoulé accepté et parfois soutenu l’abolition de la domination coloniale, favorisé la chute du mur de Berlin, la réunification de l’Allemagne, l’émancipation de l’Europe centrale et orientale et l’élargissement de l’Union européenne, sauront-elles maintenant apporter leur aide à l’émergence de démocraties authentiques et pérennes en Tunisie et en Égypte aujourd’hui et dans d’autres pays demain ?
Les nombreuses interventions médiatiques, diplomatiques et probablement stratégiques du président Obama au cours des événements le laissent augurer.
Ces puissances occidentales sauront-elles, en dépit de la crise économique mondiale et peut-être pour contrer celle-ci, aider massivement ces pays à retrouver les chemins du développement, du progrès et de la justice sociale par la création d’un fonds dédié et par l’effacement d’une partie de la dette publique de ces États ? Sauront-elles, une foi la confiance restaurée, encourager dans ces pays, les Investissements directs étrangers (IDE) et le retour rapide des touristes ?
Profitant de cette dynamique et de cette situation géopolitique nouvelle, sauront-elles peser de tout leur poids en vue d’un règlement équitable et durable du conflit israélo-arabe en vue de l’instauration d’un État palestinien démocratique, viable et prospère. Ce faisant, ces puissances rendraient possible et crédible le projet relatif à l’Union pour la Méditerranée (UPM) actuellement en panne et que certains qualifient d’illusoire et démagogique.
Sauront-elles enfin agir avec détermination pour élaborer et faire adopter de profondes réformes au sein de l’Organisation des nations unies et de son Conseil de sécurité dans lequel l’Afrique disposerait d’un siège permanent ?
Des réponses positives à toutes ces interrogations favoriseraient sans doute l’émergence d’un monde plus juste et plus stable.
Source : « Jeune Afrique » Le 19-02-2011
Six magistrats démis de leurs fonctions
Notre consœur Assabah rapporte dans une information parue aujourd’hui que six magistrats ont été démis dont le premier substitut du procureur de
Cela s’est fait sur décret signé par le Premier ministre du gouvernement provisoire a paru sur le journal officiel.
Commentant cette décision M. Ahmed Rahmouni, président de l’Association des Magistrats l’a jugée « unilatérale » surtout, affirme-t-il, que cette décision n’a pas été circonstanciée. « Cette décision ajoute-t-il, va à contre-courant du principe de l’indépendance de la magistrature… L’Association, ajoute-t-il, va créer une commission pour étudier les changements survenus dans la profession.
Les magistrats démis sont :
MM. Lotfi Daouas, Zied Souidane, Mohamed Amira, Manoubi Ben Hmidane, Mehrez Hammami et Mohamed Ali Ben Chouikha.
D’après des sources fiables lesdits magistrats porteraient plainte auprès du Tribunal administratif.
Source: “Le Temps” Le 19-02-2011
Lien: http://www.letemps.com.tn/article-53171.html
Les priorités économiques et sociales de la transition
Huit points incontournables
Par Béchir CHEBBAHI et Chérif FERJANI
S’agissant de
L’objet de cette réflexion est d’identifier les risques économiques et sociaux qui pèsent sur l’économie tunisienne inhérents à la conjoncture que va traverser notre pays en 2011, afin que l’aide apportée réponde aux besoins de la population qui s’est soulevée contre le régime de Ben Ali avec un mot d’ordre central repris dans toutes les manifestations qui ont conduit à sa chute et qui continuent à réclamer le démantèlement des rouages de son système : TRAVAIL, LIBERTE, DIGNITE.
Ce mot d’ordre résume les aspirations politiques, économiques et sociales d’un peuple qui ne veut plus ni de la dictature d’un Parti-Etat, ni de la corruption, qui veut une Police au service du citoyen (comme l’a démontré l’Armée), une Justice intègre et indépendante ; en un mot le peuple tunisien veut un ETAT DE DROIT démocratique digne de ce nom.
Nous n’aborderons pas en détail dans notre propos les aspects politiques des réformes à entreprendre en Tunisie pour démanteler les rouages de la dictature et instaurer une démocratie à la hauteur des espoirs suscités par la chute des régimes de Ben Ali, il y a tout juste un mois.
Nous notons avec satisfaction que des mesures importantes ont été prises dans ce sens par le gouvernement de transition (libération des prisonniers politiques, retour des exilés, projet d’une amnistie générale, reconnaissance des partis et associations qui en ont fait la demande, levée de beaucoup d’entraves à la liberté d’expression, dissolution du Parti-Etat sur lequel reposait la dictature, ratification de conventions internationales concernant les droits humains dont celles abolissant la peine de mort, interdisant la torture, créant le tribunal pénal international, levée des réserves sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes, etc.).
Le débat sur ces réformes, dans les commissions mises en place pour faire des propositions dans ce sens comme dans les medias, permet d’entrevoir les pièges et les impasses à éviter, les options qui limitent les risques de détournement de la révolution de ses objectifs démocratiques soit par la restauration de l’ancien système ou par l’instauration d’une nouvelle dictature (d’où l’importance d’un système électoral à la proportionnelle, ou avec une dose de proportionnelle qui permet d’éviter qu’un courant accapare tous les pouvoirs, réforme de la constitution ou élection d’une constituante pour élaborer une nouvelle constitution et dans quels délais, instauration d’un système parlementaire ou semi parlementaire, sécularisation et statut de la religion pour éviter son instrumentalisation politique par quelque parti que ce soit aussi bien dans les mosquées que dans d’autres espaces, etc.).
L’objet de cette contribution, réalisée en rapport avec une démarche auprès du Parlement Européen et de
Sur invitation de
C’était aussi une occasion pour insister sur les risques économiques et sociaux qu’il ne faut pas négliger, car le problème crucial en Tunisie est l’emploi et notamment celui des jeunes.
Il est important de rappeler à cet égard, que la question de l’emploi, notamment dans les régions défavorisées du Sud et de l’Ouest du pays, était l’origine principale du soulèvement qui a conduit à la chute de Ben Ali. Cette question dépend étroitement de la situation économique qui était déjà précaire avant la révolution, entre autres à cause de la mise des richesses du pays sous la coupe de clans mafieux, mais aussi en raison des effets de la crise globale et de l’essoufflement du ” modèle économique ” tunisien.
Quels que soient les efforts qui seront déployés durant la période de transition, et même après, il faut s’attendre à une conjoncture difficile qui, si des solutions pour la sauvegarde des emplois existants et la création de nouveaux emplois ne sont pas trouvées, risque d’aggraver la crise sociale.
Durant la période de transition, le pays doit s’attendre aux difficultés suivantes :
1) La saison touristique pour l’année 2011, au moins, risque d’être compromise; alors que le tourisme fournit entre 350 à 400 000 emplois directs ou indirects (pour 2010 les recettes en devises sont estimées à 1.8 milliard d’_uros)
2) Beaucoup d’investissements directs étrangers qui étaient prévus avant le soulèvement, risquent d’être annulés, ou au moins reportés, jusqu’à la stabilisation définitive. Aucun nouvel investissement direct étranger significatif ne se fera pendant l’année 2011. Les investissements directs étrangers emploient près de 150 000 personnes,
3) La plupart des sociétés d’Etat, vont être déstabilisées par des changements de direction nécessaires et devront être réorganisées, les nouvelles directions vont se focaliser sur les dépenses courantes de fonctionnement, et sur la gestion des relations sociales dans ces entreprises ; elles vont très probablement différer les investissements prévus en 2011. Cela risque de réduire à zéro toute croissance envisageable.
4) Pour éviter l’aggravation des conditions de vie des couches sociales les plus fragiles, l’Etat devrait accroître les subventions pour les produits de base, par le biais de la caisse de compensation ; ces subventions sont aujourd’hui de l’ordre de 1.7 Milliards de dinars / an, auxquelles s’ajoutent les subventions sur les hydrocarbures, qui s’élèvent à 900 Millions de dinars / an. Cet accroissement paraît inéluctable compte tenu de la conjoncture mondiale qui se traduit par des hausses généralisées des prix des matières premières, notamment ceux des produits alimentaires et des hydrocarbures. Cette augmentation va impacter le budget de l’Etat, et probablement accroître, au moins pour 2011, le déficit budgétaire.
5) Le rating de
6) La baisse de l’activité économique prévisible en 2011 aura nécessairement comme conséquence une baisse des recettes fiscales.
7) Le secteur bancaire risque d’avoir des difficultés liées au contexte économique évoqué ci-dessus, ainsi qu’aux nombreuses opérations douteuses réalisées souvent sans garanties réelles par les clans déchus et leurs alliés ; cela va peser sur les comptes des banques et leurs capacités à financer l’économie.
8) L’Etat sera tenu d’apporter des aides d’urgences à des couches sociales en difficultés (aide au chômeur, aide aux personnes déshéritées…), aide aux entreprises en difficultés pour maintenir l’emploi, coût de réparation des dégradations sur des biens publics, tout cela contribuera à accroître les dépenses publiques.
Ces difficultés vont très probablement limiter fortement les capacités de l’Etat et des opérateurs économiques privés à répondre à la revendication principale du mouvement qui s’est transformé en révolution. Nous avons, peut-être là une des raisons pour lesquelles cette question est peu abordée dans les débats actuels. Parmi les commissions mises en place, aucune, à notre connaissance, n’est consacrée à cette question des défis économiques et sociaux qui nous attendent et qui doit être la priorité des priorités si on ne veut pas aller vers de nouvelles déceptions et des explosions de désespoir.
Pour relever ce défi, les pouvoirs publics et les opérateurs économiques privés doivent mobiliser toutes les énergies et tous les moyens pour préserver les emplois existants et créer rapidement de nouveaux emplois notamment pour les jeunes et dans les régions défavorisées de l’Ouest et du Sud d’où le soulèvement est parti. L’UGTT doit jouer un rôle essentiel pour organiser le dialogue social et canaliser les demandes souvent légitimes des salariés, mais en tenant compte des possibilités actuelles du pays. La protection de l’outil du travail et de la continuité des services, la sécurité des biens et des personnes qui sont la base de toute démocratie sont les conditions fondamentales pour l’avenir de la société tunisienne. Dans la conjoncture actuelle, la priorité n’est pas à l’augmentation rapide et massive des salaires, aussi légitime soit-elle, mais à la préservation des emplois existants et à la prise en compte de la demande de travail de celles et ceux qui n’en ont pas.
Pour faire face à la situation que connaît le pays, les idées et les propositions ne manquent pas. Il est important de rappeler qu’il y a deux ans un autre soulèvement, pour les mêmes raisons, a duré plusieurs mois dans la région des mines de Gafsa (particulièrement à Rédeyef). Malgré les appels des syndicats, des expressions autonomes de la société civile pour répondre aux revendications de ce soulèvement, le pouvoir a répondu par la répression, le mépris et des promesses non tenues. Le Bureau des Etudes Economiques et Sociales de l’UGTT et des partis de l’opposition qui ont soutenu ce mouvement ont fait des propositions concrètes pour le développement des régions concernées et prendre en compte les revendications légitimes de la population. Un grand nombre de ces propositions rejoint le plan présenté par le ministre Afif Chelbi, reconnu pour son intégrité et sa compétence, mais le plan fut rejeté d’un revers de main car jugé trop couteux et ne correspondant pas aux priorités du palais de Carthage. Le coût social et politique de son rejet n’était pas pris en compte malgré les mises en garde des syndicats, de l’opposition, de
Il est urgent de revenir aux propositions et au plan rejetés il y a deux ans, pour les actualiser, s’en inspirer et répondre sans trop tarder aux attentes d’une population qui n’accepte plus d’être exclue du développement du pays. Pour cela, le gouvernement de transition doit réviser ses priorités, mobiliser le maximum de ressources internes et externes pour créer les conditions qui encouragent l’installation d’entreprises et d’activités pourvoyeuses d’emplois dans les régions concernées, donner l’exemple en consacrant une part importante des investissements publics à un développement plus équitable entre les régions et capable de créer rapidement des emplois là où le besoin est des plus urgents.
Il est certain que
La communauté internationale et notamment l’Union Européenne et plus particulièrement
L’Union Européenne doit montrer pour cela toute la générosité dont elle a fait preuve pour aider à la transition démocratique dans l’Europe du sud après la chute des dictatures de Franco, de Salazar, et des colonels grecs, et dans l’Europe de l’Est après la chute du mur de Berlin.
La dette publique tunisienne est estimée à fin 2010 à 25 milliards de dinars (moins de 13 milliards d’euros) dont près de 90 % de dette extérieure, elle représente moins de 40% du PIB (en France la dette publique représente plus de 80 % du PIB en 2010).
Pour relever le défi de l’emploi et du développement des régions défavorisées,
Ce Grand Emprunt de
La récupération de tout ou partie des avoirs détournés par Ben Ali, son épouse et leurs clans (estimés par Forbes à au moins 5 milliards de dollars, soit près du tiers de la dette extérieure tunisienne et l’équivalent de la moitié du budget du pays) sera longue, malgré la bonne volonté affichée par toutes les capitales européennes où ces avoirs sont investis, mais elle pourra servir dans le futur à alléger la dette de l’Etat.
Sans aide extérieure sérieuse la situation économique de 2011, voire de 2012, sera critique. Nous espérons que les réponses des pays qui vont participer à la réunion de Carthage dans les prochains jours, à l’invitation du gouvernement de transition, soient à la hauteur des défis que
L’Union Européenne en général et
Il faut anticiper les situations et agir vite, de nombreux chefs d’entreprises, des syndicalistes, des salariés, une grande partie de la société civile en Tunisie et de la diaspora tunisienne dans le monde, sont prêts à relever tous ces défis. Ils ont besoin de l’aide de
Source: ”Le temps” Le 19-02-2011
Lien: http://www.letemps.com.tn/article-53165.html
Le Maroc à l’heure de la révolution arabe
Trois points de vue sur l’appel au soulèvement populaire prévu le 20 février
Au Maghreb, la contestation passe par la toile. En Egypte et en Tunisie, les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter sont devenus les fers de lance d’une jeunesse en colère. A l’instar de ces pays, le Maroc lance sur internet un appel à manifester le 20 février contre le régime. Une initiative qui est loin de faire l’unanimité dans le royaume chérifien. Pour Afrik.com, trois jeunes Marocains s’interrogent sur le bien-fondé de ce soulèvement.
Après la Tunisie et l’Egypte, c’est au tour du Maroc de manifester son mécontentement vis à vis du régime en place. Un groupe de Marocains a appelé sur Facebook à se rassembler le 20 février pour une large réforme politique dans le pays. Dans son sillon, une vidéo postée lundi sur Youtube et Facebook, mettant en scène quatorze Marocains mécontents de la monarchie, a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures pour appeler à manifester dimanche à travers le royaume. Au Maroc, les jeunes semblent vouloir en découdre avec les autorités et rêvent d’une révolution comme en Tunisie, et en Egypte. Si certains souhaitent le départ de Mohammed VI, d’autres ont des aspirations plus modérées telles que la mise en place d’une monarchie parlementaire. Mais un tel scénario est-il possible ? Quoi qu’il en soit, les Marocains ne veulent pas être « les laissés-pour-compte de la révolution arabe ». Regards croisés de trois Marocains sur cette manifestation du 20 février.
Oussama El Khlifi, 23 ans, à l’initiative de l’appel à la manifestation du 20 février sur Facebook
Pourquoi avez-vous décidé de lancer ce mouvement de contestation ? Le Maroc comme les autres pays doit accéder à la démocratie. Il fait partie intégrante de l’Afrique du Nord et doit lui aussi lutter. Le régime refuse d’écouter les revendications du peuple. Pourtant, des mesures doivent être prises. Notre message est clair, l’appel du 20 février est un mouvement de jeunes marocains qui souhaitent accéder à la démocratie. Il appelle à la poursuite des fonctionnaires corrompus. Il est indépendant et ouvert. Toutes les personnes qui le souhaitent, islamistes, de gauche ou libéraux peuvent y participer.
Ibtissame Betty Lachgar, co-fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali). [1]
Une révolution est-elle possible au Maroc ? La jeunesse marocaine et beaucoup d’autres mouvements et associations ont témoigné leur soutien aux manifestants tunisiens (et égyptiens). Les revendications sociales et/ou politiques commencent à émerger. La “bénalisation” du Maroc est une expression courante ces dernières années. La comparaison se situe au niveau du pouvoir économique, politique, de la corruption, du rôle de la police, de l’espace de liberté de plus en plus réduit, des diplômés chômeurs, de la domination du pouvoir sur l’économie, et enfin d’une réelle demande de démocratisation. Toutefois, au Maroc, il ne s’agit pas de renverser un chef d’Etat, c’est une revendication en faveur d’un changement de Constitution limitant les pouvoirs du roi et la mise en place d’une monarchie parlementaire.
Sans Internet, l’apparition de réseaux sociaux, ce genre d’actions auraient-elles eu lieu ? Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les médias officiels qui informent le “sujet” marocain. Ceux-ci se focalisent sur les déplacements du roi et des inaugurations qu’il effectue. Les Marocains se nourrissent d’informations sur les chaînes étrangères mais surtout sur le Web et les réseaux sociaux (FB et Twitter notamment). Internet est une réelle alternative de communication dans un pays où la liberté d’expression est muselée. Nous avons de la chance de ne pas voir celui-ci censuré, ce qui permet des échanges et la “fièvre” qui saisit des individus (ou groupes) partageant les mêmes idées, les mêmes combats. De plus, les réseaux sociaux permettent facilement et rapidement la mobilisation d’individus autour d’un “thème” ou d’une cause donnée.
Anas El Filali, fondateur de Big Brother Maroc, élu meilleur blog 2010.
Que pensez-vous de ce mouvement ? Une majorité de Marocains, et surtout les plus jeunes qui n’ont pas connu l’époque de Hassan II ou les libertés étaient quasi inexistantes, sont en colère contre l’injustice sociale, les partis politiques, qui n’offrent aucune voix à la jeunesse, et le clanisme qui règne au sein de notre gouvernement. C’est une colère que je partage. J’ai moi aussi envie d’apporter le changement nécessaire pour que cela n’arrive plus. Sauf que pour résoudre ces problèmes, il faut bien plus qu’une manifestation : un travail quotidien sur tous les plans. D’autant plus qu’une manifestation dans le contexte actuel de soulèvement populaire en Egypte ou en Tunisie risque de prendre une tournure assez négative qui ne sert pas le but noble du changement.
On sent dans vos propos une certaine appréhension face à ce genre d’actions… Non, je ne suis pas contre la manifestation, mais je suis pour une manifestation qui soit utilisée en dernier lieu après avoir essayé toutes les autres méthodes démocratiques. Sauf que dans ce cas, les jeunes Marocains ne se sont jamais mobilisés de façon démocratique pour faire valoir leurs droits. Le Maroc compte de nombreux groupes radicaux d’anarchistes, d’extrême gauche… qui ont et continuent à utiliser la violence pour faire passer leurs messages : chaque semaine connait son lot d’affrontements violents entre les radicaux Anars et de gauche avec les islamistes et les libéraux dans les universités marocaines. Certains des organisateurs font partie de ces groupements, ce qui constitue un risque de passage à la violence qui corrompra tout acte de changement dans le futur. En plus, ce que ce groupe réclame, c’est notamment la dissolution des partis. On va faire un grand bond en arrière si cela est appliqué : plus de pluralité… Retour au parti unique ? Pas possible. Même si les partis sont incompétents, on n’a nullement le droit de les dissoudre. Je me battrai jusqu’au dernier souffle contre un mouvement aussi totalitaire.
Source: “Afrik.com” Le 19-02-2011
Lien: http://www.afrik.com/article22079.html
Hundreds demonstrate for secular Tunisia
Hundreds of Tunisians demonstrated Saturday for a secular state following the murder of a Polish priest, verbal attacks on Jews and an attempt by Islamists to set fire to a brothel.
Rallied by a call on social network Facebook, they gathered in the main Avenue Bourguiba in Tunis waving placards reading, “Secularism = Freedom and Tolerance” and “Stop Extremist Acts”.
“We’ve called this demonstration to show that Tunisia is a tolerant country which rejects fanaticism and to strengthen secularism in practice and in law,” blogger Sofiane Chourabi, 29, said.
Police stood by as military helicopters circled overhead.
Earlier Saturday the Tunisian authorities and the country’s main Islamist movement denounced the murder of the priest who was found with his throat slit.
Marek Rybinski, 34, was found dead Friday in the garage of the private religious school at Manouba near the capital where he was responsible for the accounting.
“The ministry of religious affairs condemns this criminal act and calls on all men of religion and civil society to act with determination to prevent such acts happening again,” the ministry said in a statement carried by news agency TAP.
It emphasised that “Tunisia has always been a place of peaceful coexistence between races and nationalities and of dialogue between civilisations, religions and culture.”
The priest in charge of the school, Mario Mulestagno, revealed Saturday that it had received a death threat at the end of January in a confused letter stamped with a swastika and addressed to “the Jews”.
The main Islamist movement in Tunisia, Ennahda (Awakening), also “strongly” condemned the murder Saturday, saying it was “a tactic to distract Tunisians from the objectives of Tunisia’s revolution.”
“We denounce what happened and we condemn all those who are behind it. We call on the Tunisian authorities to discover the real circumstances of this murder and find the people who did it to enlighten public opinion,” the president of the movement’s founding assembly, Ali El-Aryath, said.
The murder was the first of a foreigner or priest since the regime of Zine El Abidine Ben Ali was toppled by mass protests on January 14. An interim government has been installed but the situation in the country is still extremely volatile.
The interior ministry blamed “fascist terrorists with extremist attitudes,” without making it clear if it was referring to religious radicals or loyalists of the ousted regime.
The priest’s body was found as hundreds of Islamists rallied in Tunis Friday calling for the closure of brothels in the city. A march on a street housing one of the best-known brothels was thwarted by police.
Ennadha, which was banned and crushed under Ben Ali and is seeking authorisation to resume its activities, called the demonstration a “violation of the principle of liberty which we want to see rooted in our society.”
Anti-Jewish slogans were shouted outside the main Tunis synagogue earlier this month.
Meanwhile, a general amnesty for thousands of political prisoners held under Ben Ali’s regime came into force Saturday, the state news agency TAP said.
It applied to “all those who were imprisoned or prosecuted for crimes as a result of their political or trade union activities,” TAP reported.
Elsewhere some 500 Tunisians rallied outside the French embassy condemning newly-appointed ambassador Boris Boillon protesting at remarks they deemed insulting and calling for his departure.
While calling for a “new page” in relations between France and Tunisia, Boillon, 41, refused to take questions from some journalists at a press conference on Thursday and dismissed others as “stupid”.
Extracts from the encounter were broadcast on Tunisian television and sparked a Facebook page calling for Boillon to go.
France, the former colonial power, failed to realise the strength of the opposition to Ben Ali and Foreign Minister Michele Alliot-Marie is under pressure to resign over her links to the deposed regime.
The foreign ministry in Paris said Saturday that Boillon was concerned with “action, not polemics” in pursuing new shared objectives.
Source: “AFP” Le 19-02-2011