18 juin 2011

 

TUNISNEWS
11 ème année, N°4043 du 18.06.2011
archives : www.tunisnews.net

AFP: Tunisie: Ben Ali conteste les accusations, avant son procès qui s’ouvre lundi

AP: Biens de Ben Ali et Moubarak: le parquet de Paris ouvre des informations judiciaires

AP: Tunisie: 182 affaires criminelles transmises aux tribunaux militaires

Slate Afrique: Tout ce qu’il faut savoir sur le procès de Ben Ali

AP: Visite à Tunis du président du Conseil national de transition libyen

Parti Tunisie Verte: El Bhiri (Ennahdha) nous provoque

Parti Al Watan: La semaine en France du parti Al Watan

Tunisie Numerique: Leïla Trabelsi et Kadhafi projetaient de ramener Ben Ali au pourvoir en février dernier

La voix du Nord: Tunisie : « Ont-ils bien compris que nous avons fait une révolution ? »

Kapitalis: Tunisie. Portrait d’Intissar, la fille de Rached Ghannouchi…

Tekiano: Avec Captain Khobza, la Tunisie a son Superman

Tunisie Numerique: D’après Vincent Geisser, en Tunisie, « Un débat politique vraiment nouveau n’a pas encore émergé »  


Tunisie: Ben Ali conteste les accusations, avant son procès qui s’ouvre lundi


(AFP) – Le 18 juin 2011 DUBAI — L’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali voit dans son procès, qui s’ouvre lundi à Tunis, « l’illustration d’une justice des vainqueurs bâtie sur de fausses accusations », selon un membre de son entourage. Ce procès, aux yeux de Ben Ali, champion de l’ordre et de la sécurité, « n’a pour but que de détourner l’attention des Tunisiens des troubles qui agitent le pays », a indiqué à l’AFP ce proche de l’ex-président s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Zine El Abidine Ben Ali s’est réfugié en Arabie saoudite après avoir fui le pays le 14 janvier à l’issue d’une révolte sanglante d’un mois qui a été réprimée au prix de 300 morts. Depuis, il s’est fait très discret probablement en raison des restrictions des autorités saoudiennes qui avaient bien souligné en l’accueillant qu’il ne serait autorisé à aucune activité politique. Les Saoudiens sont restés sourds aux appels des nouvelles autorités tunisiennes à extrader l’ancien président qui vit avec son épouse Leïla Trabelsi, sa fille Halima, 18 ans et son fils Mohamed Zine El Abidine, 6 ans. Les autorités saoudiennes ont une longue tradition d’accueil pour les présidents et les dirigeants déchus dont ils n’ont extradé aucun. Le plus connu parmi eux est l’ancien dictateur ougandais Idi Amine Dada qui y est mort. Devant le tribunal de première instance de Tunis, Zine el Abidine Ben Ali, ne sera jugé que pour une petite partie des 93 affaires instruites contre celui. Lui et son épouse sont poursuivis, ensemble, à la suite de la découverte de faramineuses sommes d’argent et de bijoux dans un palais à Sidi Bou Said, près de Tunis. M. Ben Ali l’est aussi, seul cette fois, pour de la drogue et des armes retrouvées dans le palais présidentiel de Carthage. Pour sa défense, l’ex-président nie en bloc, selon le membre de son entourage, avoir eu connaissance de la présence de drogue au palais de Carthage. Il affirme, selon la même source, que les armes et les bijoux trouvés dans un autre palais étaient des cadeaux de dirigeants étrangers à sa personne et à son épouse et récuse d’avoir caché des sommes en liquide que les autorités tunisiennes disent avoir découvertes. Pour lui, il ne s’agit ni plus ni moins que de « preuves fabriquées » pour le faire condamner, selon cette personne qui lui est proche. L’ancien président espère malgré tout que « justice lui soit rendue par ses concitoyens avec lesquels il a fait un chemin de 23 ans », selon cette source. Ces déclarations recoupent la ligne qui sera adoptée probablement par la défense de l’ancien président qui a été la première à s’exprimer en son nom le 6 juin.  

Biens de Ben Ali et Moubarak: le parquet de Paris ouvre des informations judiciaires


Publié le 18-06-11 à 10:31 Modifié à 10:29 PARIS (AP) — Le parquet de Paris a ouvert deux informations judiciaires contre X pour blanchiment en bande organisée pour examiner les allégations visant les présidents déchus de Tunisie, Zine el Abidine ben Ali, et d’Egypte, Hosni Moubarak, a-t-on appris vendredi de source judiciaire. Selon cette source tenue à l’anonymat, l’entourage de MM. Ben Ali et Moubarak est également concerné par ces informations judiciaires, qui ont été ouvertes mardi. Le parquet de Paris a ouvert le 24 janvier une enquête préliminaire confiée notamment à la Plate-forme d’identification des avoirs criminels afin d’identifier les biens qui pourraient appartenir à Zine el Abidine ben Ali en France ou ses proches. Deux associations ont déposé plainte en France contre M. Ben Ali et son entourage. Dans un communiqué, l’ex-président tunisien, parti en exil en Arabie saoudite le 14 janvier après 23 ans au pouvoir, avait assuré ne posséder « ni biens immobiliers, ni avoirs bancaires en France non plus que dans un autre pays étranger ». AP  

Tunisie: 182 affaires criminelles transmises aux tribunaux militaires


Publié le 17-06-11 à 20:20 Modifié à 20:17 TUNIS (AP) — Les tribunaux militaires tunisiens auront à statuer sur 182 affaires à caractère criminel dans lesquelles sont impliqués l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, son ministre de l’Intérieur Rafik Haj Kacem et d’autres responsables de l’appareil sécuritaire, a révélé vendredi le directeur de la justice militaire, le colonel-major Marwane Bouguerra. Ces dossiers s’ajoutent aux 93 affaires relevant des tribunaux civils mettant en cause le président déchu, son épouse Leïla et leur entourage. Les deux premières affaires seront jugées à partir de lundi prochain en l’absence du couple présidentiel qui a fui en Arabie Saoudite le 14 janvier dernier, chassé par un soulèvement populaire après un règne totalitaire de 23 ans. Elles portent notamment sur des faits d’abus de pouvoir, de malversations, de trafic de drogue, de recel de pièces archéologiques et de détention d’armes. Les affaires du ressort de la juridiction militaire seront examinées par le tribunal de Tunis (130 affaires), de Sfax (sud/51 affaires) et du Kef (nord-ouest/une affaire) en vertu de leur compétence territoriale, a précisé le colonel-major Bouguerra. « La plupart sont dans une étape préliminaire et leur instruction prendra du temps que nous essaierons de réduire du mieux que nous pouvons », a-t-il noté. Selon lui, « il importe d’établir les faits en toute clarté: qui a tué, qui a exécuté, qui a donné les ordres? ». « Il s’agit de délimiter les responsabilités de manière à ce que la justice prenne son cours normal dans le cadre de procès équitables où toutes les garanties sont assurées », a-t-il dit. Il a néanmoins annoncé qu’un premier procès aurait lieu le 27 juin à Sfax sur la mort d’un citoyen, Slim Hadhri, dont l’auteur présumé est un agent de l’ordre. Evoquant le mutisme observé par les autorités saoudiennes face à la demande d’extradition de Ben Ali et de son épouse, il a indiqué que la Tunisie continuerait de s’employer pour obtenir gain de cause en s’appuyant sur l’accord inter-arabe signé à Ryad en 1983 qui prévoit l’extradition des personnes accusées de crimes. AP  

Tout ce qu’il faut savoir sur le procès de Ben

Ali


La comparution en justice tant attendue du clan Ben Ali s’ouvrira lundi prochain, le 20 juin 2011, une date confirmée par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi le 13 juin 2011 sur la chaîne qatarie al Jazeera. Alors que les informations concernant ce procès sont rigoureusement filtrées, que le climat tunisien actuel n’est pas au beau fixe et que les tensions dans les rues sont palpables, le gouvernement provisoire ne souhaite pas voir se réitérer les débordements autour du procès d’Imed Trabelsi. Nombre de Tunisiens se désolent que l’ex-président soit jugé par contumace. Toujours en fuite en Arabie saoudite, son avocat français Jean-Yves Le Borgne a déclaré qu’il ne faudra pas compter sur la présence de Ben Ali aux prochaines audiences. Voici en détails ce qu’il faut savoir sur ce procès historique. Combien de temps durera le procès? La première audience du 20 juin 2011 ouvrira le volet civil. Cette échéance a été décidée à l’origine par le tribunal saisi: la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Pour les magistrats tunisiens, il est difficile d’estimer la durée du procès, même si, suivant l’avancement des audiences, certains d’entre eux pensent qu’il serait préférable que l’essentiel de la procédure se termine avant l’élection de l’Assemblée constituante (reconduite au 23 octobre) —ce qui reste toutefois peu probable. Compte tenu des accusations, les différents jugements sont susceptibles de faire l’objet de plusieurs recours en appel. Où aura-t-il lieu? Ce premier volet aura lieu à la chambre du tribunal de première instance de Tunis. Ensuite, la majorité des audiences seront déférées devant les tribunaux de la capitale, Tunis. D’autres affaires ont été inscrites auprès des tribunaux de Sousse, Monastir, La Manouba, de Gabès, Ariana, Sidi Bouzid et Gafsa. Qui jugera-t-on? Pas moins de 111 personnes sont impliquées dans ces procès, parmi lesquelles Zine el-Abidine Ben Ali, sa femme Leïla Trabelsi, des membres de la famille Ben Ali, mais également des proches et des collaborateurs et membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de l’ex-président. Les magistrats tunisiens rappellent également que plusieurs ex-ministres du gouvernement Ben Ali devraient être entendus dans plusieurs affaires. Qui sont les avocats de Ben Ali? L’accusation sera menée par le procureur de la République. La défense comptera une équipe d’avocats désignés par le tribunal, sauf si l’ex-président engage un ou plusieurs avocats tunisiens. A ce jour, l’ex-président ne s’est manifesté que par la voix de ses avocats étrangers, le Libanais Akram Azouri et le Français Jean-Yves Le Borgne. Ceux-ci ne s’occupent que de l’ex-président. Mais voilà: le ministre tunisien de la Justice Lazhar Karoui Chebbi a rappelé que selon la législation en vigueur, un avocat d’une autre nationalité ne peut pas assurer la défense d’un Tunisien. De plus, la convention bilatérale signée entre la Tunisie et la France en 1979 stipule que pour qu’un avocat français puisse défendre un Tunisien, il doit obtenir au préalable l’autorisation du ministère tunisien de la Justice et être accompagné d’un avocat tunisien inscrit à l’Ordre national des avocats de Tunisie. Par ailleurs, un avocat étranger peut plaider seulement sous condition de la présence de son client au procès, ce qui n’est pas le cas dans cette affaire. Les avocats étrangers n’étant donc pas reconnus, le tribunal se réserve le droit de nommer des avocats assignés à la défense. Quels sont les chefs d’accusations? Bien que l’ex-président ne soit personnellement concerné que par 18 chefs d’accusation, Le Premier ministre Essebsi a indiqué que l’ensemble des procès comprenait 93 chefs d’accusations, dont 35 relevaient de tribunaux militaires. Les procès seront donc entamés, le 20 juin 2011, par deux affaires: Dans la première, relative au palais de Sidi Dhrif, les chefs d’accusation consistent en «l’accaparation de fonds publics et détournement de ces fonds de l’objectif initial par un agent public, pour son compte personnel ou pour le compte d’un tiers, de tous biens meubles ou immeubles, titres et valeurs appartenant à l’Etat, afin de porter atteinte à l’administration publique, en plus du vol et du transfert illicite de devises étrangères». La deuxième affaire, dite du palais de Carthage, concerne la «détention de stupéfiants à l’usage de consommation, de l’acquisition, de l’importation, et du trafic, l’aménagement et l’exploitation d’un local pour le stockage et l’usage de stupéfiants, la détention d’armes et de munitions et la non-déclaration de possession de pièces archéologiques». Dans ce premier volet des procès civils, Ben Ali encourt de 5 à 20 ans de prison. Ensuite, les accusations les plus importantes, celles qui relèvent des tribunaux militaires, sont, entre autres: haute trahison, l’homicide avec préméditation, la torture et soumission d’individus à la torture, l’accaparation de fonds publics et détournement d’argent public, vol et transfert illicite de devises étrangères, malversation financière, blanchiment d’argent, trafic de pièces archéologiques, trafic de visas de pèlerinage et corruption immobilière, ou encore, affaire d’octroi d’un marché public à une société française pour l’installation de réservoirs de gaz naturel. Pour les accusations de haute trahison, d’homicide et d’actes commandés de torture, l’ex-président encourt la peine capitale. Le procès sera-t-il rendu public? Le 14 juin 2011, lors de la 8e rencontre d’information avec les représentants des ministères, le représentant du ministère de la Justice, Kadhem Zine el Abidine, a déclaré que «les journalistes seront libres d’assister à n’importe quel procès en Tunisie». Concernant la première audience, le juge d’instruction a autorité pour déterminer ce qui convient le plus dans l’intérêt du tribunal et de la justice. Comment juger un président en exil? Les 20 et 21 février 2011, la Tunisie a demandé l’extradition de Ben Ali et de son épouse à l’Arabie saoudite (où se trouverait actuellement le président déchu), qui a refusé. A noter qu’il n’existe aucune convention d’extradition entre l’Arabie saoudite et la Tunisie. A l’origine, les autorités saoudiennes avaient accepté d’accueillir Ben Ali et de lui offrir l’asile politique, à une seule condition: qu’il s’abstienne d’accorder des interviews ou de parler des affaires tunisiennes sur le territoire saoudien. Le président aurait pourtant tenté d’adresser un message audio au peuple tunisien —aussitôt intercepté par les autorités saoudiennes. Le 26 janvier 2011, un mandat d’arrêt international est émis à l’encontre du couple Ben Ali. Le ministre tunisien de la Justice assure des efforts déployés en vue de constituer un dossier juridique permettant d’extrader le président déchu. Pour justifier (en partie) son absence, l’ex-président plaide la maladie: il serait en effet atteint d’un cancer de la prostate et se rendrait régulièrement à l’hôpital. Qu’en pense l’intéressé? Le 6 juin, soit quatre mois après sa fuite de Tunisie, Ben Ali, jusque-là muet, s’était exprimé par l’intermédiaire de ses avocats libanais et français, fustigeant le procès dont il est la cible en le qualifiant de «mascarade», avec des procédures «dont le seul sens est d’illustrer une rupture symbolique avec le passé». Le président a affirmé ne détenir «aucun bien en dehors de la Tunisie». Son avocat Jean-Yves Le Borgne a ensuite déclaré: «Si ces autorités ne disent pas de quels avoirs il s’agit, c’est considéré comme un acte de diffamation». Le représentant du ministère de la Justice s’est étonné de ces déclarations, «surtout que nous n’avons pas la preuve que cet avocat ou autre ait eu connaissance ou demandé à prendre connaissance du dossier des deux procès intentés contre le président déchu.»
Source : « Slate Afrique » Le 18-06-2011

Visite à Tunis du président du Conseil national de transition libyen


AP Publié le 18-06-11 à 16:02 Modifié à 15:51 Réagir TUNIS (AP) — Le président du Conseil national de transition libyen (CNT) Moustapha Abdelajalil est arrivé samedi à Tunis où il a été reçu par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi, a-t-on constaté sur place. Cette entrevue n’a pas été suivie de l’annonce de la reconnaissance officielle du CNT par le gouvernement tunisien comme certains s’attendaient. Lors d’un entretien en début de semaine avec la chaîne qatarie Al-Jazira, le chef du gouvernement tunisien avait pourtant déclaré que Tunis était disposé à reconnaître l’instance des rebelles si une demande lui était faite dans ce sens. « Notre venue en Tunisie à l’invitation du président (par intérim Fouad Mebazzaâ) est en soi une reconnaissance », a déclaré samedi à la presse M. Abdelajalil. Il a exprimé sa « reconnaissance pour l’accueil hospitalier réservé par le peuple et le gouvernement tunisiens aux réfugiés libyens qui ont fui les affres de la guerre en Libye ». Selon lui, « les mesures et les faits sur le terrain dépassent la question de la reconnaissance ». Il a noté que la Ligue arabe avait admis que « le régime de Kadhafi a perdu toute légitimité et que le CNT était désormais l’interlocuteur légitime », ce qui, à ses yeux, constitue de fait « une reconnaissance par tous les pays arabes ». C’est la première visite en Tunisie du CNT, qui représente l’insurrection contre le régime de Moammar Kadhafi. Elle coïncide avec la présence dans la capitale tunisienne de l’émissaire russe Mikhaïl Marguelov, venu plaider pour un règlement politique de la crise libyenne, et d’un émissaire de Tripoli, Mohammed Ahmed Boukraâ, porteur d’un message dont la teneur n’a pas été révélée. En réponse à une question d’un journaliste, le président du CNT a nié qu’il y ait des discussions avec des représentants du gouvernement libyen. « La seule solution réside dans le départ de Kadhafi », a-t-il martelé. Après s’être entretenu vendredi avec le Premier ministre tunisien, le diplomate russe, qui venait de Libye, s’était dit persuadé que « des chances existent pour un règlement politique » du conflit libyen. Estimant que Tunis est à même de jouer « un rôle important » pour mener « avec succès » un dialogue entre les parties libyennes, il a annoncé le report de son départ à samedi soir en attendant la visite du président du CNT.
AP

Parti Tunisie Verte

El Bhiri (Ennahdha) nous provoque


Tunis le : 17/06/2011 Suite aux discussions houleuses du Jeudi 16/06/2011 au sein de l’instance supérieure de sauvegarde de la révolution ainsi qu’aux agressions verbales adressées par Noureddine El bhiri représentant d’Ennahdha à l’encontre de la société civile et politique de cette instance, agressions qui ont touché particulièrement notre présentant le professeur Faouzi Hadhbaoui, El bhiri, cédant à son tempérament impulsif et provocateur a calomnié notre parti en le qualifiant d’être un parti de l’ancien régime et des familles qui gouvernaient le pays. Nous rappelons à El bhiri, le signataire du pacte du 7 Novembre de Ben Ali, que notre parti a subi la répression du général déchu, qu’il lui a refusé la légalisation pendant sept ans. Notre parti a été le premier parti légalisé par la révolution de 14 Janvier 2011. Nous lui rappelons aussi, lui qui cherche une virginité politique chez Ennahdha, ses rapports douteux avec le régime Ben Ali qui a voulu lui octroyer après sa signature du « pacte 7 novembre » un parti «Islamiste modéré » à l’image du « parti vert de khammassi ».
Abdelkader Zitouni, Coordinateur National du parti « Tunisie Verte »  

Parti Al Watan La semaine en France du parti Al Watan


Tunis le 15/06/2011 Lors de sa visite en France, du 3 au 7 juin 2011, M. Mohamed Jegham, Secrétaire Général et co fondateur du parti Al Watan a eu un agenda chargé enchaînant les rendez-vous dans plusieurs villes de France. Le 3 juin 2011 M. Mohamed Jegham a été reçu par M. Bertrand Delanoë, maire de la ville de Paris, avec qui il a eu un entretien sur la situation actuelle en Tunisie ainsi que les défis à relever avec les premières élections libres attendues par tous les Tunisiens. La rencontre a également porté sur les relations bilatérales ainsi que sur la ferme volonté de la France de soutenir cette transition et d’être aux côtés du peuple Tunisien. Cette visite a également conduit M. Mohamed Jegham à tenir deux réunions avec les Tunisiens résidant en France. La première a eu lieu à Paris le 4 juin 2011 et la deuxième à Lyon le 5 juin 2011. Les deux réunions ont porté sur la position du parti vis-à-vis de la situation actuelle de la Tunisie et la nécessité de travailler main dans la main, plus que jamais unis pour reconstruire et faire progresser la Tunisie. Ces réunions ont été également l’occasion de présenter le parti Al Watan et les grandes lignes de son programme et de rassurer la communauté résidant à l’étranger quant au rôle qu’elle aura à jouer dans cette transition et de l’importance de son implication dans cette phase cruciale. Cette visite a enfin servi à préparer un calendrier pour l’organisation du grand meeting du parti Al Watan en France.
CONTACT MEDIA : Ahmed BOUAGILA EMAIL : media@parti-alwatan.tn  

Leïla Trabelsi et Kadhafi projetaient de ramener Ben Ali au pourvoir en février dernier


C’est confirmé. Leïla Trabesli était à Tripoli les 9, 10 et 11 févier 2011, soit seulement une semaine avant le déclenchement de la révolution libyenne.Il s’agit d’une information exclusive dévoilée ce matin par Lahbib Missaoui, correspondant de Radio Mosaïque FM à Dhehiba – gouvernorat de Tataouine. L’épouse du Président déchu avait préparé avec le Colonel Kadhafi un plan diabolique pour atteindre la capitale « Tunis » pendant le mois de février et préparer la reprise du pouvoir à son époux en fuite à Jeddah. Pour la concrétisation de ce plan, Kadhafi avait préparé 30 000 milices bien armés. Ces informations ont été dévoilées par un officier militaire libyen proche de Kadhafi qui était supposé apporter l’aide et la sécurité militaire à Leïla Trabesli pour atteindre Tunis. Selon la même source, Kadhafi avait l’intention de cibler spécifiquement la ville de Sidi Bouzid, symbole de la Révolution tunisienne Le correspondant a ajouté que le plan Kadhafi – Leïla avait été totalement bouleversé suite à la Révolution du peuple libyen le 17 février dernier. Ainsi cette Révolution glorieuse avait sauvé les Tunisiens d’un scénario sanguinaire extrêmement dangereux. Source : « Tunisie Numerique » Le 18-06-2011 Lien :http://www.tunisienumerique.com/2011/06/leila-trabelsi-et-kadhafi-projetaient-de-ramener-ben-ali-au-pourvoir-en-fevrier-dernier/

Tunisie : « Ont-ils bien compris que nous avons fait une révolution ? »


« Ici, on ne connaissait pas la liberté. Maintenant, on n’est pas près de la lâcher ! » Deux jeunes Tunisiens partagent une pizza, à la terrasse d’un café de Sidi Bouzid, à la nuit tombante, en se délectant de « pouvoir simplement parler à voix haute de quoi bon nous semble ». De ne pas craindre d’être surveillés, voire dénoncés pour une parole malheureuse qui vous enverrait en prison. Un pas énorme a été fait sur la voie de la démocratie Mais il reste du chemin… Ici, on ne veut pas entendre parler de « la révolution du 14 janvier ». À Sidi Bouzid, on y tient : « La révolution, elle a commencé le 17 décembre 2010, quand la population s’est soulevée après l’immolation de Bouazizi. Ce sont les politiciens de Tunis qui veulent nous la voler en lui donnant la date du départ de Ben Ali. » Il ne faut pas s’y tromper : c’est tout sauf un détail. Moez Afi, géologue trentenaire au chômage, donne peut-être l’impression de pinailler, mais il en est loin. S’il s’accroche à son symbole, c’est qu’il mesure le fossé entre l’enthousiasme et la soif de vivre de la jeunesse et la… prudence des générations plus installées. Comme preuve, il veut montrer l’hôpital de Sidi Bouzid. Quatre-vingt-seize lits pour toute une région de quatre cent mille habitants, deux urgentistes, pas de médecin réanimateur, des pièces de soin en réel état de délabrement. Moez se sent ici chez lui : « Pas besoin d’autorisation, on visite. C’est nous qui avons fait la révolution ! » Il est de ceux qui ont chassé les troupes spéciales de Ben Ali à coups de pierres, maintenant, il veut aller plus loin. « Cet hôpital, c’est le symbole du mépris dans lequel on nous tient. Il est indigne. » Le directeur est un homme affable d’une soixantaine d’années : le discours de Moez le gêne. « On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de changement depuis six mois. Nous avons eu de nouvelles dotations, en hommes et en matériel. Le ministère a signé. » Avec Moez, Mastouri Khadhraoui, prof de philo lui aussi au chômage, durcit un peu le ton, lui d’ordinaire si pondéré : « Mais rien n’est encore arrivé. Ou alors, montrez-les nous. Si vous parlez du matériel venu de France, laissez-nous rire… » Il s’agit de lits, entre autres, portant la marque de l’association d’amitié franco-tunisienne. Ils sont rouillés. Les linges déchirés. « Vous croyez la France capable de nous envoyer ça ? » Le directeur ne répond pas. Moez et Mastouri ont leur explication : « Les stickers ont été décollés, cela se voit. Le vrai matériel a été détourné vers des cliniques privées qui nous ont envoyé leur rebut. » « Période de transition » Des décennies de corruption ne s’effacent pas en six mois. « C’est vrai que nous sommes dans une période de transition. Cela pourrait se passer beaucoup mieux », dit Sphaier Noury, un retraité qui a pris fait et cause pour sa jeunesse. « La patience des gens commence à s’essouffler. Ils voient que ceux qui ont un pouvoir continuent de vouloir leur imposer leurs vues. » Alors, parfois, les jeunes hurlent à nouveau : « Ont-ils bien compris que nous avons fait une révolution ? » Et comme à Sidi Bouzid ou Kasserine, ces jours derniers, ils viennent le rappeler aux hommes de pouvoir. En barrant les routes, en manifestant dans les rues. « Pour alerter ceux qui ont le pouvoir de décision et qui ne sont pour rien dans la révolution. Il faut qu’ils sachent que nous sommes prêts à nouveau à les chasser », dit M. Noury. Mais il est lucide : « On ne pourra pas chasser dix fois le gouvernement. »
Source : « La voix du Nord » Le 18-06-2011

Bientôt une offensive commerciale américaine en Tunisie


Jose W. Fernandez, secrétaire d’Etat adjoint, s’est rendu cette semaine en Tunisie où il a conduit la délégation américaine officielle au Forum de Carthage sur l’Investissement (16-17 juin). Optimisme, opportunités et défis Notant qu’en Tunisie «il ya aujourd’hui de l’optimisme, des opportunités et beaucoup de défis», Fernandez a dit que lui et la délégation qui l’accompagne sont là pour des opportunités d’affaires et pour promouvoir les investissements en Tunisie et dans le pays du Maghreb, notamment à travers le Partenariat nord-africain pour les opportunités économiques (Napeo). «Nous avons des plans ambitieux pour les mois à venir et nous réunirons les acteurs du secteur privé des Etats-Unis et du Maghreb», a-t-il dit jeudi après avoir rencontré des représentants du gouvernement et du secteur privé tunisiens. Cette visite, la deuxième après celle de décembre dernier, n’est qu’un début. «Une délégation d’homme d’affaires américains viendra en Tunisie l’automne prochain, annonce-t-il. Elle comprendra notamment des investisseurs de la Silicon Valley (le secteur des technologies de l’information et des télécommunications), des universités et de la technologie. Nous privilégions le secteur privé car il est générateur d’emplois et la priorité sera donnée aux secteurs de l’énergie, du transport, du tourisme et des télécoms. Le niveau d’instruction des Tunisiens et la proximité de la Tunisie avec plusieurs marchés énormes «sont autant d’incitations pour les investisseurs américains». Le sénateur John McCain conduira bientôt en Tunisie une délégation d’éminents hommes d’affaires et des dirigeants d’entreprises américaines de renom». Open-skies, tourisme et franchises Une première en Tunisie. Les États-Unis sont aussi intéressés par des négociations imminentes concernant des accords sur l’ouverture des espaces aériens (open-skies agreement). Fernandez a rappelé que son pays a jusque là signé 102 accords de ce genre (les derniers en date étant avec le Brésil et la Colombie) et ne voit pas pourquoi ne pas le faire avec la Tunisie. Le tourisme est aussi un secteur très intéressant pour les investisseurs américains. «Vous avez l’histoire, la culture et les plages, dit-il. Que y a-t-il de mieux pour attirer les touristes et les investisseurs ?», s’interroge-t-il. Il précise qu’un accord sur des open-skies serait un atout supplémentaire et se demande pourquoi un bon nombre de chaines hôtelières ne sont pas basées en Tunisie. «Nous devons les convaincre pour venir ouvrir ici et faire valoir l’expérience de l’hospitalité américaine». Fernandez ne veut pas entendre parler d’insécurité et d’instabilité en Tunisie. Il affirme que ses compatriotes «ont une grande estime de ce qu’a réalisé la Tunisie, et ça fait vendre». L’ambassadeur Gordon Gray a tenu à signaler «qu’aucune entreprise américaine n’a quitté la Tunisie après janvier» et que la délégation commerciale qu’il a lui-même conduite aux États-Unis «commence à donner des fruits». Mais Fernandez reconnait que la destination Tunisie «n’est pas bien connue pour les Américains». Tout comme la franchise, d’ailleurs. A cet effet, il pense qu’il faut trouver des moyens pour convaincre les franchises (notamment celles du secteur de l’alimentation, qui sont déjà implantées en Egypte et au Maroc) venir ouvrir en Tunisie. L’aide à la Tunisie Fernandez a déclaré que les montants et les modalités de l’aide financière américaine à la Tunisie «sont encore à l’étude» mais à évoqué les montants suivants: – 2 milliards de dollars (annoncés par l’Opep durant el G8) pour l’Afrique du Nord ; – 20 millions de dollars alloués par le Middle East Partnership Initiative (Mepi) à la société civile tunisienne; – et 55,5 millions de dollars pour faire face aux besoins des réfugiés libyens en Tunisie. Le responsable américain est affirmatif quand au soutien du soi-disant «Plan Jasmin» pour relancer l’économie tunisienne, lequel s’étale sur 5 ans. «C’est un plan crédible et nous étudierons, avec le gouvernement tunisien actuel et celui qui suivra, la possibilité de le réussir». Il n’a pas, toutefois, caché le besoin à «de réformes législatives» que la Tunisie doit entreprendre pour convaincre les investisseurs américains, notamment dans le secteur de l’Ict. Selon lui, les États-Unis sont prêts à collaborer à la promotion de «la gouvernance, la transparence» en Tunisie.

Tunisie. Portrait d’Intissar, la fille de Rached Ghannouchi…


The City Circle, un espace de rencontres et de dialogue et d’œuvres caritatives sis à Crawford Place, la banlieue de Londres à forte présence arabe et musulmane, accueille chaque vendredi un événement culturel, scientifique ou politique organisé ou animé par des jeunes musulmans originaires de plusieurs pays arabes et islamiques. Vendredi 10 juin, Abrar a ouvert ses portes à deux jeunes activistes, un Egyptien et une Tunisienne, pour parler des récents changements dans leurs pays respectifs et l’implication des jeunes pendant et après les deux révolutions. La Tunisienne, Intissar Kheriji, n’est autre que la fille de cheikh Rached Kheriji (dit Ghannouchi), leader historique du mouvement Ennahdha, dont elle a hérité la culture de l’engagement et du militantisme. Je suis apolitique» 26 ans, jeune avocate, parfaitement trilingue, voilée, charmante et dynamique, Intissar a vécu à Londres dès l’âge de 8 ans. Elle avait alors rejoint son parti, parti en exil en Grande-Bretagne à la fin des années 1980 pour fuir les purges effectuées par Ben Ali dans les rangs du mouvement islamiste. C’est dans un accent londonien parfait, sans la gesticulation connue chez les Méditerranéens du sud, et avec beaucoup d’émotion et de lucidité, qu’elle s’est exprimée durant plus d’une heure sur le printemps tunisien. Intissar prétend être «apolitique» à cause notamment de ce qu’ont vécu son père et plusieurs de ses proches sous le régime tunisien déchu. Elle se voit «plus utile en tant qu’activiste des droits de l’homme». «Je sais que le légal et le politique se mélangent souvent, nous dit-elle. Mais la politique en soi ne m’attire pas». A cet effet, elle est convaincue que «la société civile tunisienne a un énorme rôle à jouer dans la construction de la nouvelle Tunisie». Bien ancrée dans la tradition anglo-saxonne et forte d’une formation approfondie dans le Center for the Study of Human Rights, London School of Economics, Intissar croit beaucoup en l’apport de la société civile dans la défense des libertés fondamentales et des droits de l’homme. C’est pourquoi elle propose de profiter des réseaux associatifs très développés (Ong, activistes des droits de l’homme, experts des médias…, dont plusieurs originaires des pays arabes et islamistes) «pour apprendre de leur expérience et de leur savoir-faire dans tous les domaines». Pour une Tunisie autonome… mais ouverte sur le monde Les stages d’études et les part-time jobs qu’Intissar avait effectués à la House of Lords, aux Nations-Unis à New York et au Parlement européen à Bruxelles, ont beaucoup contribué à renforcer sa personnalité et ses convictions. Elle souhaite ainsi voir les Tunisiens, autorités et peuple, «revoir leurs rapports avec l’Europe». Autrement dit, se comporter désormais «en une nation libre et autonome». Mais sans se renfermer sur soi! Lectrice régulière de Kapitalis, Intissar Ghannouchi appelle les journalistes et les activistes tunisiens à privilégier la langue anglaise. «C’est indispensable aujourd’hui, dit-elle, pour atteindre et convaincre beaucoup plus d’interlocuteurs de tout genre dans le monde». Intissar n’a pas eu l’occasion de rentrer en Tunisie avec son père à cause de ses engagements professionnels. Elle ne le fera que le mois d’août prochain, quand son premier contrat de «Trainee Solicitor» avec la prestigieuse firme d’avocats Clifford Chance aura expiré. Soit 18 ans après.

Avec Captain Khobza, la Tunisie a son Superman


Néjib Chebbi et son affiche publicitaire, Moncef Marzouki, Ahmed Brahim en passant par Rached Ghannouchi (roulant en limousine), toute la classe politique en prend pour son grade face au superman tunisien et son franc parler. Delà à espérer que tous nos problèmes soient réglés d’un coup de la baguette magique du capitaine… Captain Khobza, tel est le nom d’un des personnages qui fait actuellement fureur sur le web tunisien, plus particulièrement sur le réseau social Facebook où notre héro national possède déjà sa propre page fan. Issu de la révolution tunisienne, en hommage à l’un des manifestants mimant une arme à l’aide d’une baguette en direction de la police (image qui a d’ailleurs fait le tour du monde), ce personnage déjanté qui fait figure de super-héros national a déjà fait l’unanimité chez les facebookeurs tunisiens! Pas étonnant qu’il compte près de 98000 fans sur Facebook! Surtout que la page fan du capitaine ne manque pas du tout d’animation! En effet, il suffit de s’y rendre pour s’apercevoir qu’on peu pratiquement s’y amuser durant de bonnes heures grâce à toute une série de montages vidéos à chaque fois en rapport avec l’actualité du moment. Intitulées « Démocratie Khobziste » ces 11 montages vidéo plutôt originaux dénoncent le méli-mélo qui subsiste actuellement au sein du gouvernement, en parodiant plusieurs personnalités issues aussi bien des médias que de la sphère politique! Tarak mekki (vendant des cacahuètes) , Ahmed Néjib Chebbi et son affiche publicitaire, Moncef Marzouki, Ahmed Brahim en passant par Rached Ghannouchi (roulant en limousine), bref, tout le monde en prend pour son grade face au superman tunisien et son franc parler. Dernier fou rire en date: Abderrahman Souguir voulant attaquer le palais de Carthage! Arrivent ensuite Foued Lembaza3, actuel président du gouvernement tunisien par intérim, Captain Khobza et Khmais Boubtan, célèbre reporter de la chaine télévisée Tunis1! Cette cours des miracles improvisée finit même par chanter en cœur le célèbre refrain…. Quant aux adeptes de jeu vidéo de baston, ils auront également de quoi s’occuper avec un jeu flash où les personnages, parmi lesquels figurent le capitaine avec sa baguette, font tous partie de la famille du président déchu, avec chacun des caractéristiques de combat différents. On aura ainsi la possibilité de combattre dans la peau de Leila Trabelsi contre Sakher El matri, le tout arrosé de coups de pieds et d’enchainements spectaculaires! Fou rire garanti!
Source : « Tekiano » Le 18-06-2011

D’après Vincent Geisser, en Tunisie, « Un débat politique vraiment nouveau n’a pas encore émergé »


Des élections législatives reportées au 23 octobre, une économie en crise, un climat social tendu… Six mois après la mort du jeune chômeur Mohammed Bouazizi, le chercheur Vincent Geisser fait le point sur la situation en Tunisie. Le 17 décembre 2010, le jeune vendeur ambulant Mohammed Bouazizi s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie, donnant naissance au mouvement de contestation qui allait conduire, quatre semaines plus tard, à la chute du Président Zine el-Abidine Ben Ali. Six mois plus tard, où en est le pays ? Quel bilan peut-on dresser de son évolution politique et économique ? Selon Vincent Geisser, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM/CNRS), la transition constitue avant tout « une longue période d’incertitudes ». FRANCE 24 : Les difficultés économiques, notamment le chômage et la hausse des prix, ont joué un grand rôle dans le déclenchement de la révolution tunisienne. Six mois plus tard, la situation n’est-elle pas encore plus critique ? Vincent Geisser : La situation est effectivement encore très dure sur le plan économique. L’appareil productif recommence à fonctionner très doucement, le tourisme ne repart qu’à peine. En outre, la Tunisie connaissait des difficultés en matière de développement régional, de chômage des jeunes diplômés… Or ces problèmes sont loin d’être résolus. Il est trop tôt pour que des mesures, des plans de réformes aient été adoptés. Le pays connaissait une crise quasi-structurelle à laquelle s’ajoutent désormais des éléments conjoncturels, liés à l’incertitude politique et à l’effondrement du tourisme. Sur le plan politique, les progrès sont-ils plus probants ? V. G. : Les Tunisiens ont aujourd’hui un discours assez pessimiste. Après l’euphorie révolutionnaire, ils connaissent une sorte de gueule de bois. Ils sont avant tout inquiets et à la recherche d’ordre. Mais si l’on prend un peu de recul, à l’échelle du pays et de l’Histoire, la Tunisie n’a connu ni chaos, ni politique de la terre brûlée de la part de l’ancien régime. Il n’y a pas eu de vengeances post-révolutionnaires, d’assassinats, de guerre civile… Une arène démocratique s’est mise en place, avec des institutions de lutte contre la corruption, des comités de réformes, etc., qui doivent accompagner la transition. Un paysage politique pluraliste s’organise. Il y a donc une certaine normalisation de la vie politique, même si des difficultés et des violences sporadiques persistent. Sur quoi portent aujourd’hui les débats politiques ? V. G. : Les discussions se focalisent sur deux courants anxiogènes, occultant d’autres problèmes politiques et économiques majeurs. Il y a d’un côté la peur d’un retour des élites de l’ancien régime, de l’autre la peur de l’islamisme. La dictature est tombée, mais ses structures n’ont pas complètement disparu. Des enclaves autoritaires de l’époque Ben Ali sont toujours présentes dans le domaine de la sécurité, des relations entre les différents ministères, entre les élites et le peuple… Le pays n’a donc pas complètement dépassé ce traumatisme et a du mal à trouver une routine démocratique. Par ailleurs, les acteurs politiques n’arrivent pas encore à considérer les islamistes comme des adversaires politiques et non plus comme un ennemi de l’intérieur. Ils ne parviennent toujours pas à traiter cette question dans le cadre d’un paysage politique pluraliste. En conséquence, un débat politique vraiment nouveau n’a pas encore émergé. Les nouveaux acteurs politiques n’ont pas non plus trouvé leur place. La Tunisie se reconstruit sur un système « élitaire », constitué de la génération qui a fait ses classes dans les années 1960 et 1970. Ces élites apportent un certain climat d’apaisement, mais elles n’ont pas encore pris conscience de la nécessité d’intégrer d’autres acteurs – et notamment des jeunes -, comme ceux qui ont été à l’origine du mouvement de protestation. Le procès de Zine el-Abidine Ben Ali s’ouvre lundi prochain. Est-ce une bonne nouvelle ? V. G. : Sans être un expert en droit, j’ai le sentiment que l’on va assister à un procès bâclé. Une instruction judiciaire et une enquête policière sur les dérives affairistes du régime Ben Ali nécessitent beaucoup de temps. On ne peut pas travailler sur 23 années de règne en 3 mois ! Ce procès de Ben Ali rappelle un peu le procès de Saddam Hussein : c’est un procès exutoire, éminemment émotionnel, passionnel. On donne l’ancien dictateur en pâture pour personnaliser le mal, mais cela risque d’occulter le fait que le système ne reposait pas sur un seul homme. La responsabilité était collective.
Source : « Tunisie Numerique » Le 18-06-2011

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