AISPP: Le tribunal militaire prononce un non lieu à l’endroit d’un Tunisien de retour de Bosnie
Reporters sans frontières: Confirmation en appel de la condamnation de Slim Boukhdir : “une décision politique”
Bakchich : La mise en bière des Trabelsi
Mokhtar Yahyaoui: Dessous et aboutissements du scandale politico judiciaire de Lockerbie Wicem Souissi: QUAND LES DROITS DE L’HOMME SONT VULGARISÉS PAR LE POUVOIR Hmida Ben Romdhane: En attendant le jugement de l’histoire Le Temps : Le retour des écoles coraniques en Tunisie
Le Temps :Mémoire collective : Janvier 1970:Le problème de la borne 233 et son dénouement…
AFP: Réunions lundi et mardi à Rabat de l’UE et des pays du Maghreb
AFP: Droits de l’Homme: L’Egypte rejette la résolution du Parlement européen
Babelmed: Bouteflika brigue la présidence à vie
Le tribunal militaire prononce un non lieu à l’endroit d’un Tunisien de retour de Bosnie
Confirmation en appel de la condamnation de Slim Boukhdir : “une décision politique”
Journalist’s one-year jail term upheld on appeal in “political decision”
La mise en bière des Trabelsi
La nièce de l’épouse du président Ben Ali, la délicieuse Leila, a mis le grapin sur la vente des bières de la société Heineken en Tunisie.
Un milliardaire tunisien, Hamadi Bousbii, coulait des jours heureux à la tête de la SFBT, la société de distribution de la bière et du coca au pays du jasmin. Au point d’envisager le rachat des licences de la société Heineken en Tunisie. Tout allait pour le mieux pour son prospère commerce. Jusqu’au jour, récent, où le neveu préféré de Leila Ben Ali, le plus très jeune Imad, s’est pris le chou avec le distributeur de boisson.
Le chouchou de la présidente gère un commerce fort lucratif de vente d’alcools dans un grand hangar proche de Tunis ouvert 24h/24. Hélas, le jeune Trabelsi devait une grosse facture d’impayés à Hamadi Bousbii : près de 2,8 millions de dinard tout de même.
Le jour où le directeur financier de Bousbii s’enquiert du paiement de la douloureuse, le neveu de la présidente lui raccroche au nez. Comme chez les Trabelsi, on a l’esprit de famille, quelque temps après, Leila en personne décroche son téléphone. « Monsieur Bousbii, tu as fait fortune grâce à nous et tu oses t’en prendre à un membre de la famille », lui hurle la Présidente. « Mais non, c’est mon directeur financier qui a mal compris », répond le Bousbii. « Ne fais pas le faux jeton », lui rétorque Leila, hors d’elle.
Du Jasmin pour les arbitres internationaux
Le régime de Ben Ali organise, dans les mois qui viennent, un vaste congrès mondial de l’arbitrage. Histoire de se concilier les bonnes grâces de ces nouveaux faiseurs de paix de la mondialisation heureuse. Avec, à la clé, des décisions d’arbitrage entre des intérêts financiers colossaux qui valent de l’or.
Pas de chance, les amis du général-président Ben Ali viennent pourtant de perdre un arbitrage décisif. L’ancien ministre et proche du pouvoir, Houidi, avait été nommé à la tête du groupe Tunisiana, une boîte de téléphonie financée par les Egyptiens d’Orascom et les gens du Golfe. Or la brouille, l’été dernier, entre Leila Trabelsi et Souha Arafat, la veuve du feu leader de l’OLP, a créé quelques ennemis à Ben Ali dans le monde arabe. Les principaux actionnaires de Tunisiana ont exigé la démission du Houidi en question. Et ces mauvais coucheurs viennent de remporter l’arbitrage international demandé par la Tunisie. Les Tunisiens doivent même rembourser les trente derniers mois de salaires de l’ex-pédégé. Un cas d’école pour le congrès de l’été prochain ?
Trois jours après ce charmant échange, les représentants de la société Heineken débarquent à la SFBT. Plus question de conclure le moindre accord, le contrat est rompu. Quelques jours plus tard, on apprend qu’une nièce de Leila, qui s’est mariée avec un descendant du clan Boujbel, fort bien implanté au Cap Bon, a pu négocier avec Heineken. Résultat : les Allemands prennent 49 % de la nouvelle société, les Trabelsi le reste.
Ainsi vont les affaires dans une Tunisie où Jacques Chirac avait cru déceler un véritable « miracle économique ». Avec Sarkozy, la France en fait moins en faveur du pouvoir mais fait en sorte de ne pas fâcher l’ami des Français quand il s’insurge contre les papiers subversifs parus dans un petit opuscule, L’Audace, vendu dans l’Hexagone à quelques centaines d’exemplaires. Les services français ont fait en sorte de faire taire ce modeste canal de la liberté d’expression des opposants tunisiens à Paris. Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume des droits de l’homme.
(Source : « Bakchich » (Satirique – France), le 18 janvier 2008)
Lien : http://www.bakchich.info/article2263.html
Dessous et aboutissements du scandale politico judiciaire de Lockerbie
Mokhtar Yahyaoui
La révision en appel du procès de l’affaire dite de Lockerbie par la Cour d’appel écossaise Se tiendra le 26 février 2008. En vertu du jugement prononcé le 31 janvier 2001 le citoyen libyen, Abdelbasset Al-Megrahi, a été condamné à une peine de prison à perpétuité. Abdelbasset Al-Megrahi purge sa peine dans la maison d’arrêt de Greenock, à une quarantaine de kilomètres de Glasgow, la capitale écossaise.
Cette révision a été décidée par la Commission écossaise chargée de réviser les affaires juridiques sur la base d’erreurs judiciaires le 28 juin dernier. la Cour suprême écossaise revoit la base du verdict et ordonne le transfert de cette affaire sous ses compétences, afin de se prononcer sur l’appel interjeté par Al-Megrahi.
Les avocats du détenu accusent dans leur pourvoi une manipulation d’enquête pour incriminer la Libye. Cette thèse étayer par le journal français Le Figaro et partagée par de nombreuses personnes, journalistes, magistrats et même des parents des victimes se fond sur des rétractations ultérieurs du principal témoin à charge, le suisse « Ulrich Lumpert a assuré qu’il avait volé dans le laboratoire de la société suisse Mebo où il travaille, la pièce principale à conviction dans cette affaire qu’il avait remise à un policier écossais lié à l’enquête ». Le témoin suisse a affirmé au journal qu’il se sentait soulagé par cette rétractation, « après avoir vécu dans un état indescriptible de dépression nerveuse et de peur », à la suite de son faux témoignage.
Deux journaux écossais « Scotsman » et « Herald » avaient dévoilé récamment, que les principaux services de renseignement américains, la CIA et le FBI, ont soudoyé les deux principaux témoins dans l’affaire de Lockerbie avec une somme de 8 millions de dollars, pour effectuer de faux témoignages. « Scotsman » a écrit que le témoin, Edwin Bollier, directeur de la société suisse qui a fabriqué le rétardateur, a informé Dr Hanz Kotchler qui a été chargé par les Nations unies de la surveillance du procès intenté contre Abdelbasset Al-Megrahi en Hollande, de la proposition qui lui avait été faite de bénéficier d’une résidence aux Etats-Unis s’il confirmait que le retardateur retrouvé dans les débris de l’avion a été vendu à la Libye.
Abdelbasset Al-Megrahi qui continue de clamer son innocence dans cette affaire avait reçu dans sa prison la visite de Nelson Mandela prix Nobel de la paix et ancien président sud-africain dans sa prison. Indépendamment de la suite que va connaître la révision de son procès il doit normalement être transféré en Libye pour passer la suite de sa peine si elle vient être confirmée sur la base de l’accord bilatéral d’entraide judiciaire signé par Tony Blair avant son départ du pouvoir.
La Libye a du accepter d’indemniser les familles les 259 victimes à hauteur de 10 millions de dollars par victime sans jamais reconnaître sa responsabilité sur l’attentat qui à causé la chute de l’avion PAN-AM américain le 21 décembre 1988 sur Lockerbie en contre partie de la lever d’un embargo décidé par l’ONU qui a imposé à la Libye un siége international total pendant plusieurs année digne des moyens ages.
La Libye qui a refuser jusqu’à présent de payer la seconde partie des indemnisations après avoir obtenu la levée de l’embargo. Le pays est entré dans un second long bras de fer avec l’occident autour d’une affaire de sang contaminé remontant à la fin des années 90. Cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien ont étés condamnés à mort « pour avoir inoculé sciemment le virus du sida à 426 enfants libyens ». Leur libération été obtenu suite à l’intervention du nouveaux président français Sarkozy qui à dépêcher sa propre femme pour parvenir à ce résultat. L’accord prévoyant la conversion de la peine de mort en prison et le transfert des cinq infirmières et du médecin naturalisé lui aussi en Bulgarie pour passer leur peine à rendu caduc par une décision de grâce prise par le président Bulgare dés le départ de leur avion de Tripoli pour être accueillie officiellement en liesse à leur arrivée.
La dernière visite du dirigeant Libyen Mammar Kadhafi en France et la récente rencontre de son ministre des affaires étrangères avec la secrétaire d’Etat Gondoleeza Rice à l’occasion de la cession de la présidence du conseil de sécurité au représentant libyen semblent marquer la fin d’un triller politico judiciaire dans les rapports des deux parties. Les révélations qui ne manquent pas de voir le jour prochainement sur ces rapports après ceux déjà connues sur les dessous du conflit irakien concordent à dévoiler la scandaleuse nature des rapports qui ont marqué toute une époque entre l’occident d’une part et le monde arabe et l’Afrique du nord d’un autre coté. Des rapports qui ne sont pas étrangère aux graves problèmes dans lesquels se débat aujourd’hui toute cette région malgré toutes ses potentialités.
YAHYAOUI Mokhtar – Tunis le 16 Janvier 2008
(Source: le blog Tunisia Watch, le 16 janvier 2008)
Lien: http://tunisiawatch.rsfblog.org
QUAND LES DROITS DE L’HOMME SONT VULGARISÉS PAR LE POUVOIR
Wicem Souissi
Curieux, de prime abord, le récent communiqué du Haut comité des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Le 15 janvier, via «Le Temps», un quotidien on ne peut plus indépendant, le président de ce Haut comité, on ne peut moins officiel, reproche à la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) de l’avoir assimilé au «pouvoir».
Mais la curiosité cède déjà à l’hilarité. Moncer Rouissi, un vieux routier de la langue de bois, sermonne le président de la LTDH, Mokhtar Trifi, coupable, à ses yeux, de l’avoir désigné dans la presse comme un représentant du pouvoir, ce que, bien entendu, il n’est pas.
L’hilarité concède, cependant, plusieurs points au sérieux.
Car qu’en est-il au juste?
Cela fait plusieurs années que la LTDH est contrainte de n’avoir pas d’activité. Une minorité de ses membres, qui n’ont, certes, aucun lien avec le pouvoir, l’en empêche. Et cela sans que cette dite minorité bénéficie du moindre appui des autorités, au contraire. Ces dernières ont agi au mieux. Elles se sont ainsi efforcées de permettre à la justice, aussi indépendante que la presse en Tunisie, de rendre la vie des défenseurs des droits de l’homme aussi paisible que possible: n’avoir rien à défendre.
Tout à sa pondération, à sa modération et à son calme, qualités qu’il conseille d’ailleurs à Mokhtar Trifi d’adopter, Moncer Rouissi invite la LTDH à retrouver sa «vocation originelle», c’est-à-dire, selon lui, «vulgariser» les droits de l’homme.
Ce qui, à vrai dire, est assez vulgaire.
Cela rappelle son prédécesseur à la tête du Haut comité…, un certain Zakaria Ben Mustapha, ancien maire de Tunis, et qui, à la veille des émeutes du pain en 1984, expliquait sans rire pour justifier la hausse des prix que les services municipaux de la capitale ramassaient dans les bennes à ordure des baguettes à la pelle.
Il y a deux ans, lui aussi avait été chargé par le chef de l’Etat d’établir des contacts avec la société civile. Avec le succès que l’on sait. Une vocation qui, avec Moncer Rouissi, perdure.
(Source: le blog Tunisia Watch, le 16 janvier 2008)
Lien: http://tunisiawatch.rsfblog.org
Article de Hmida Ben Romdhane censuré par le directeur de « La Presse »
17 janvier 2008
En attendant le jugement de l’histoire
Par Hmida Ben Romdhane
Le président américain vient de terminer une longue tournée au Moyen Orient et dans le Golfe qui a duré huit jours. Tout au long de cette tournée, il n’a cessé de se présenter comme un promoteur de paix et de stabilité et comme inspirateur de liberté et de démocratie.
Avant d’entamer cette tournée, Bush a accordé le 4 janvier dernier une interview à la deuxième chaîne israélienne dans laquelle il a affirmé: »Je peux prévoir que les historiens diront que George W. Bush avait décelé les menaces du 21eme siècle, les avait clairement définies, avait eu une grande foi en la capacité de la liberté de transformer le désespoir en espoir, et avait jeté les bases de la paix en prenant quelques décisions terriblement difficiles ».
Les Irakiens, les Palestiniens, les Libanais et, d’une manière générale, les Arabes et les Musulmans ont sans doute une idée sensiblement différente de celle que se fait Bush de lui-même. Une majorité des populations des pays européens, alliés ou non des Etats-Unis, ne croient pas un mot de ce qu’a dit Bush au début de ce mois à la télévision israélienne. Plus de 70% des Américains ne croient pas que l’histoire sera aussi tendre avec leur président dont le taux de popularité chez lui est descendu sous la barre des 30% Le seul endroit au monde où l’on croit Bush sur parole est Israël, et ce n’est pas un hasard que le président américain choisisse une chaîne israélienne pour lui confier ses prédictions quant à la manière dont ses deux mandats seront jugés par l’histoire. C’est aussi très probablement la seule télévision au monde qui aura écouté ses prédictions avec sérénité, sans penser à lui rappeler les centaines de milliers d’innocents morts en Irak et en Afghanistan, les millions de réfugiés et de déplacés, la tragédie de Fallouja, le massacre de Haditha, le scandale d’ Abou Ghraib, etc…
Convaincu que l’histoire le jugera comme l’homme qui tiré la sonnette d’alarme et entrepris à terrasser les « menaces du 21eme siècle », qui guettent l’humanité, Bush a entamé sa tourné au Moyen-Orient avec, selon lui, la volonté de poursuivre la construction des « bases de la paix ». Seulement voilà, entre ce que dit Bush et la réalité, il y a comme un hiatus vertigineux.
Même si l’on oublie toutes les décisions, y compris les plus désastreuses, prises par le président américain durant les sept années qu’il a déjà passées à la Maison blanche et qu’on le juge seulement à travers son comportement et ses déclarations durant sa tournée moyen-orientale, il est difficile de croire qu’il était venu avec l’intention de « jeter les bases de la paix ».
Bush a commencé sa tournée par Israël. Les Palestiniens et les Arabes ne peuvent oublier les 30 milliards de dollars d’aide supplémentaire promise aux Israéliens pour « maintenir l’avantage stratégique » de ceux-ci dans la région, comme le président américain ne cesse de le rappeler, y compris pendant sa récente rencontre avec Olmert et ses ministres. Plutôt que de s’engager à assurer la « supériorité stratégique » d’Israël, celui qui veut « jeter les bases de la paix » devrait exiger que l’occupant s’engage à quitter les territoires qu’il occupe depuis plus de quatre décennies. Or, non seulement le président américain n’a rien exigé de tout ça pendant sa tournée, mais il a rempli ses hôtes israéliens d’aise en répétant ce qu’il avait confié à Sharon en 2004, c’est à dire qu’il n’y aura pas de retour aux frontières du 4 juin 1967, puisqu' »il faut prendre en compte la situation sur le terrain », et qu’il n’y aura pas de retour de réfugiés, car « un fonds international » se chargerait de les dédommager.
Si la visite de Bush en Israël a rempli d’aise les dirigeants israéliens, sa visite à Ramallah n’a pas eu le même effet sur les dirigeants palestiniens, tant s’en faut. Car enfin, comment Mahmoud Abbas et ses ministres peuvent-ils se sentir à l’aise quand le président américain, après avoir observé la multitude de postes de contrôle israéliens avec leurs blocs de béton et leurs soldats armés jusqu’aux dents, après avoir longé le mur qui charcute la Cisjordanie, il confie à ses hôtes palestiniens que tout ça « est nécessaire pour la sécurité d’Israël »!
Comment les Palestiniens peuvent-ils être convaincus qu’en venant à Ramallah, le président américain a l’intention de « jeter les bases de la paix » alors qu’il n’a pas montré la moindre compassion vis-à-vis des enfants de Gaza qui manquent de nourriture et de médicaments à cause de l’embargo israélien, alors qu’il n’a pas prononcé la moindre petite déclaration en leur faveur, même pour la forme, alors qu’il n’a même pas pris la peine de demander à ses alliés israéliens d’arrêter leurs bombardements quotidiens des territoires occupés au moins pendant son séjour dans la région, alors qu’il n’a pas jugé nécessaire de proférer même à travers sa secrétaire d’Etat une condamnation, même formelle, des massacres de Gaza et des violentes interventions de l’armée israélienne à Naplouse et Djénine…
Enfin, pour dire un mot de l’autre grand sujet de la visite de Bush dans la région, on ne peut s’empêcher de se demander comment le président américain peut-il à la fois « jeter les bases de la paix » tout en exhortant les pays du Golfe à se préparer à une éventuelle confrontation avec l’Iran? La visite de Bush dans les pays du Golfe a montré que ceux-ci ont une conception de la paix sensiblement différente de celle de Bush. Celui-ci a visiblement échoué à les convaincre que l’Iran est leur ennemi. La preuve est que le Koweït par exemple, le pays le plus proche de Washington, n’a cessé de marteler qu’il ne permettra pas à l’armée américaine d’attaquer l’Iran à partir de son territoire. C’est la position de tous les pays du Conseil de Coopération du Golfe, y compris et surtout celle de Qatar que le président américain n’a pas inclus dans sa tournée pour cause, dit-on, de « profondes divergences » sur la question iranienne.
Bush a terminé sa tournée dans la région avec une visite de quatre heures à Charm el Cheikh alors que les rues du Caire étaient sillonnées par les manifestants qui conspuaient le président américain et brûlaient ses effigies. L’histoire prendra-t-elle en considération cette tournée dans son évaluation des deux mandats de George Bush. Une chose est certaine: cette tournée est peu historique ne serait-ce que parce qu’elle a été quasiment absente des premières pages de la presse américaine. Il est vrai que les Américains se penchent actuellement sur la question de savoir qui sera leur prochain président plutôt que de soucier de ce que fait l’actuel chef de l’exécutif dont le compte à rebours a déjà commencé.
HBR
Le retour des écoles coraniques en Tunisie
Un enseignement moderne et basique : on y apprend même les maths…Mais autour d’un corollaire : le coran
Difficile de le louper avec sa Jellaba blanche et sa canne qui lui sert à la fois de béquille pour l’aider à marcher et de bâton pour punir ses disciples.
Jadis, en le croisant dans la rue, les enfants rougissaient et devenaient raides. Imposant le respect et la crainte pour quelques uns, le « Mouaadeb », est toujours là aujourd’hui, mais on ne le reconnaît plus, il s’est dissous dans la société : il a troqué son habit typique pour une tenue de ville décontractée, quand à son bâton, rangé quelque part, il n’a plus le droit de l’utiliser…
Un personnage d’antan qui continue avec un brin de modernisme et un air de changement à éduquer les enfants et surtout à leur apprendre par cœur le Coran.
Un métier aussi qui survit aux vicissitudes du temps, et peut être aussi à l’instrumentalisation des versets coraniques.
Certains jardins d’enfants se sentent menacés, les écoles coraniques marquent un retour timide mais capable de détourner plusieurs inscriptions. Une concurrence réelle et menaçante dans la mesure où on n’apprend plus que le Coran, les maths et plusieurs autres disciplines font désormais partie de tout un programme élaboré par l’Etat.
Les parents aspirent toujours à donner le meilleur à leur progéniture, c’est pourquoi lorsqu’un enfant atteint l’âge de la scolarité, le seul souci des parents est de lui garantir le meilleur cadre et la meilleure institution. Allant jusqu’à débourser leurs économies pour leurs études et leurs formations.
Et cette première école que l’enfant fréquentera, qui le marquera le plus, représente l’un de ses premiers contacts avec le monde extérieur et avec la société et forgera sa personnalité à partir de ces quelques heures qu’il passera seul loin de sa mère ou son père… L’école ou le jardin d’enfants dans lequel il passera quelques heures dans la journée sera sa deuxième famille.
Un choix réfléchi pour certains, spontané pour d’autres sinon imposé…Mais parfois la tendance et la frime prennent le dessus…
Mais de nos jours, les écoles coraniques sont à la mode.
Plusieurs parents décident d’inscrire leurs enfants dans des écoles coraniques.
Certes, le décor a changé, tapis sur lequel s’assoit par terre, le prêcheur entouré de ces disciples a disparu. Désormais, la séance se déroule dans une salle de classe salubre, les murs ornés d’illustrations et de photos, un programme élaboré par une équipe pédagogique et le prêcheur est soumis de temps en temps à un contrôle et une inspection de la part d’un prédicateur.
L’apprentissage du Coran reste le pilier fondamental de cette institution.
Autre symbole invariable : les écoles coraniques ont toujours été des espaces mitoyens à la mosquée.
Aujourd’hui, rassurés par les réformes et la restructuration de cet établissement, plusieurs parents de la ville de Sfax par exemple y inscrivent leurs enfants.
Il y a aussi ceux qui désirent se retremper via leurs enfants dans les souvenirs de l’époque d’antan, en effet, amener chaque jour son fils à son école coranique, devient une source de méditation et évocatrice d’une identité authentique voire un retour aux origines….
Il y a aussi le profil des parents conservateurs, conformistes et traditionalistes motivés par une foi ardente, ils sont convaincus de résultat positif de cette ancienne structure. Ils manifestent même leur refus quant à la fréquentation des jardins d’enfants…
Loin de vouloir se faufiler dans les prétentions des uns et des autres ou de s’immiscer leurs convictions, aujourd’hui les faits divulguent la réalité.
Phénomène de mode ou retour à la religion, basé sur un Islam modéré, le secteur n’est plus anarchique. L’Etat restructure les écoles coraniques et y apporte une touche de modernisme.
Fathi Haj Brahim, Prédicateur régional, Sfax.
« L’Etat restructure cette institution vu qu’elle est désirée de plus en plus par les parents »
La mission d’un prédicateur est d’inspecter les prêcheurs répartis dans le Gouvernorat de Sfax et qui sont au nombre de 33. Nous, les prédicateurs en sommes 16. Notre tâche est de rendre des visites inopinées à ces lieux d’enseignement afin de constater de visu plusieurs détails quant à la propreté du local, la tenue vestimentaire du maître, son apparence et ses fiches avec lesquelles il présente son cours.
C’est presque la même fonction d’un inspecteur pédagogique qui s’assure perpétuellement au cours d’une année scolaire que l’instituteur dispense un enseignement approprié à ses disciples.
Mis à part la vérification des supports éducatifs dont il dispose tels que : le cahier de présence, les fiches d’enseignement, nous nous assurons aussi de la qualité de préparation du cours, l’application du programme prescrit pour les écoles coraniques, la relation prêcheur/ enfants et les qualités pédagogiques utiliséespour inculquer cet enseignement…
Depuis mai 2005, pour pouvoir remplir la fonction d’un prêcheur dans une école coranique, un niveau bac et plus est exigé.
L’évolution du nombre de ces moralisateurs : 13 en 2001 et 33 en 2008 pour l’ensemble de la région de Sfax, reflète une demande accrue pour ce type d’éducation. Aujourd’hui, ce nombre est constitué de 19 femmes et 14 hommes. Ce n’est plus un secteur réservé exclusivement aux hommes comme autrefois.
Les réformes ont atteint également la qualité de cet enseignement.
A présent, il n’est plus question d’inculquer uniquement le Coran et ses sourates, en effet, l’enfant bénéficie d’un programme d’éducation diversifié et semblable à une année préparatoire dans une école étatique, la seule différence réside dans le fait qu’au cours du volume horaire programmé pour chaque classe, le Coran accapare une part plus importante. En résumé, l’école coranique est un enseignement basique et multidisciplinaire axé essentiellement sur le Coran.
D’ailleurs, ce programme est élaboré en collaboration avec le Ministère des Affaires Religieuses, le Ministère de l’Education, et le Ministère de la Femme, la Famille et l’Enfance.
Les écoles coraniques ne se limitent pas à l’apprentissage du Coran comme était le cas jadis, aujourd’hui, le programme de ces écoles comporte plusieurs matières : l’éducation religieuse, les mathématiques, l’expression orale, le dessin, la récitation, et quelques activités sportives.
On rappelle que les enfants sont inscrits à partir de l’âge de 4 ans.
Cependant, le programme préconise un volume horaire hebdomadaire de 22 heures et 30 minutes réparti sur 9 séances dans la semaine.
La séance ne doit pas excéder 2 heures et 30 minutes.
Pour une année scolaire qui débute en septembre et s’achève en juin, un enfant aurait normalement accumulé des connaissances pendant près de 675 heures.
Le recrutement des prêcheurs se fait selon un concours. Certes sont privilégiés, les maîtrisards de la faculté de charia et théologie.
Les personnes qui ont un niveau bac s’inscrivent en première étape à un concours au cours duquel leurs connaissances sont mises à l’épreuve.
Un minimum de récitation de quatre Hezb est exigé (de sourate al Molk jusqu’à al Nass) tout en respectant la diction et l’élocution nécessaires que requiert l’articulation des mots et des lettres composant les versets coraniques pour une psalmodie adéquate .
Puis, ces candidats suivent une formation intense pour acquérir les outils indispensables à la transmission de leurs connaissances.
Outre cette formation, et une fois qu’ils sont engagés, des séminaires pédagogiques tous les deux mois, sont organisés et auxquels ils doivent assister.
Etre un prêcheur n’est pas une fonction mais une mission, d’ailleurs un prêcheur perçoit une aide mensuelle de l’Etat d’un montant de 132,500 dinars, outre les cotisations des élèves inscrits dans la classe.
La loi a plafonné cette contribution à 15 dinars. De plus, le nombre des élèves dans une classe ne doit pas dépasser les 35 enfants. Nous incitons aussi le prêcheur à inscrire à titre non lucratif et gratuitement un minimum de trois enfants issus des familles pauvres.
Pour cette année scolaire en cours, les inscriptions dans le Gouvernorat de Sfax varient entre 1000 et 1200 enfants.
Bien que la demande ne cesse d’augmenter et les personnes qualifiées pour remplir cette charge, sont disponibles, l’ouverture d’une école coranique n’obéit pas à ce précepte.
Même si la demande ou la nécessité de la région en école coranique continue à croître, l’Etat préfère prendre pleinement le temps pour garantir des espaces salubres. C’est pourquoi la décision d’ouvrir une nouvelle école coranique exige plusieurs critères.
Autrefois, le prêcheur et ses disciples s’assoyaient par terre.
Les écoles coraniques aujourd’hui suivent l’évolution et se modernisent.
Une salle de classe doit être équipée de bancs, des tables, un tableau, des supports éducatifs, des illustrations et des dessins…
L’école doit aussi être équipée d’un espace sanitaire et réunir tous les dispositifs nécessaires pour l’instauration de cette unité éducative.
Mounir Zouari, 34 ans, prêcheur
« Je fais partie de l’ancien régime, j’enseigne avec un niveau bac parce que j’avais appris le Coran par cœur »
Avec un niveau 4ème année secondaire, il enseigne depuis 1996 à l’école coranique « al Faleh », route de Tunis à Sfax.
Il assure l’enseignement de deux classes, une la matinée et l’autre l’après midi, chacune comporte quelques dizaines d’enfants venant des environs.
Il affirme que la formation dans les écoles coraniques est meilleure que celle d’une école préparatoire ordinaire.
« Bien que les enfants ne comprennent pas, à cet âge là, le sens réel et profond des phrases coraniques et des sourates, l’apprentissage leur servira dans le futur.
Néanmoins, parfois les enfants, intrigués par l’ambiguïté d’une prononciation d’un mot ou d’un vocable, posent des questions et il est de mon devoir de procéder à une explication simple et abrégée.
D’autant plus que, le programme est diversifié, les enfants n’apprennent pas uniquement le Coran mais ils apprennent aussi les ABC de quelques sciences, telles que les mathématiques, les sciences naturelles, l’écriture, les activités sportives… »
Mouna Ayadi, 27 ans, Prêcheuse.
« Etre un prêcheur n’est plus un métier exclusivement masculin »
Avec un niveau bac, elle enseigne depuis plus de trois ans aux enfants âgés de plus de quatre ans
Elle confirme avoir suivi une formation de trois mois après avoir réussi au concours.
Elle affirme également que l’intérêt des parents s’accroît davantage quant à l’inscription de leurs enfants dans les écoles coraniques.
Ce n’est plus un métier réservé exclusivement aux hommes, la preuve en est ; j’ai pu percer dans ce domaine.
La salle de classe qu’occupe Mme Ayadi avec les enfants est identique à une salle de classe ordinaire.
Des décorations, des dessins, des illustrations ornent les murs de la salle.
Nour, 33 ans, mère d’une enfant, Sfax
« Entre un jardin d’enfants et l’école coranique, je préfère de loin la deuxième ! »
J’ai préféré inscrire ma fille dans une école coranique, une année après avoir tenté l’expérience d’une année avec une école maternelle privée. J’avais opté au départ pour la maternelle dès que ma fille avait atteint l’âge de 4 ans. Puis, l’année d’après, j’ai décidé de m’occuper moi-même de son enseignement et son éducation étant donné que la classe préparatoire est facultative.
J’étais très déçue par la qualité de leur enseignement. Malgré la renommée et la bonne réputation de cette maternelle dans la région et les droits excessifs des inscriptions, je pense que c’est complètement différent. J’aurais même dû inscrire ma fille à l’école coranique dès ses 4 ans. Je regrette son passage à la maternelle… je me souviens qu’elle avait appris de mauvaises habitudes pour finalement ne rien apprendre…
D’autant plus, ils tablaient essentiellement sur la danse, le chant et les spectacles… des futilités et des frivolités. La connaissance et les bases de l’enseignement sont transmises à pas d’escargot. Pis encore, pour chaque activité supplémentaire, les parents doivent encore payer… le personnel use des ruses marketing pour remplir la caisse…
Et voilà, il ne passe pas un mois ou deux, sans que la petite réclame une activité proposée par le jardin d’enfants moyennant une dizaine de dinars…
A l’école coranique, nous payons mensuellement 15 dinars et ma fille assimile un cours consistant et dense. Elle a appris des sourates et des versets coraniques, c’est vrai qu’elle les récite (machinalement) mais lorsqu’elle grandira elle s’en servira je suis certaine.
La différence dans la qualité de l’enseignement est absolument flagrante.
Dossier instruit par Lina Kamoun
(Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 18 janvier 2008)
Mémoire collective : Janvier 1970
Le problème de la borne 233 et son dénouement…
Les pays du Maghreb avaient toujours été concernés par le même problème : l’occupation étrangère. Aussi étaient -ils solidaires pour mener une lutte tendant à leur libération du joug de l’occupant.
Ce fut pour cette raison que l’idée de l’Union du Maghreb a toujours tenté aussi les militants que les dirigeants des pays le composant, et au fil du temps cette idée devenait, à un moment donné où les colonisateurs tentaient de les diviser pour mieux régner, de plus en plus préoccupante voire pressante.
Les colonisateurs avaient toujours créé des séparations fictives entre les pays du Maghreb selon ce qui allait avec leurs intérêts du moment.
Jadis, avec l’hégémonie Ottomane, les pays du Maghreb étaient considérés comme des provinces turques. Le Dey d’Algérie mandataire du Sultan de la Sublime Porte s’étendait dans le sahara comme bon lui semblait et la délimitation des frontières entre l’Algérie et la Tunisie changeant au gré des circonstances.
L’Ile de Djerba était au 16ème siècle rattachée à la Libye ; c’était le Sultan qui avait la latitude de changer les frontières comme bon lui semblait.
En 1881, à l’avènement de la colonisation, les occupants qui avaient déjà la main mise sur l’Algérie depuis 1830, avaient conçu de nouvelles frontières entre les trois pays qu’ils occupaient à savoir l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.
Les Maghrebins qui défendaient une cause commune restaient de plus en plus solidaires.
Les drames engendrés par les multiples agressions du colonisateur dans les pays du Maghreb, encourageaient davantage à l’union du Maghreb afin de mieux combattre l’agresseur
Cette idée persista même après l’indépendance en Tunisie.
Les Tunisiens, peuple et dirigeants défendaient avec ferveur la cause algérienne, surtout que la Tunisie fut touchée par les agressions perpétrées par les colons sur la frontière tuniso-algérienne de Sakiet Sidi Youssef en 1958.
Toutefois, et tout paradoxal que cela puisse paraître, après l’indépendance des trois pays du Maghreb, des tensions commençaient à surgir entre eux à cause des frontières.
En effet, un an après l’indépendance de l’Algérie, un incident surgit entre ce pays et le Maroc en septembre 1963, à propos de la frontière au sud de Oued Dhraâ à Hassi Berda. Il y eut alors tensions entre Algériens et Marocains à ce propos. Les deux pays entraient presque en guerre.
Il avait fallu les bons offices de l’empereur Haïlé Sélassié, Negus d’Addis Abeba qui était président de l’OUA à l’époque, pour que le problème fût résolu.
Le problème, à propos de la frontière Tuniso- Algérienne, concernait ce qu’on appelait la borne 233.
En fait, c’était le tracé frontalier tel qu’il fut conçu par les colonisateurs ; et qui empiétait sur l’espace saharien tunisien. Ce qui lésait notre pays par rapport à l’Algérie.
Mais à l’époque ce tracé avantageait ce pays qui était considéré comme un département français. Il était donc normal qu’il eût d’après la conception du colonisateur, la part du loin dans l’espace saharien.
Cependant les choses avaient changé, une fois que la Tunisie devint un pays libre et souverain. Il était normal qu’il recouvrît ses droits, notamment en ce qui concerne le territoire constituant l’une des composantes de sa souveraineté
Soumis d’abord à Ben Bella, celui-ci opposa un refus net, incité notamment par ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères.
Il a fallu attendre le 6 janvier 1970 pour qu’enfin un accord intervînt sur un tracé de la frontière tuniso-algérienne à cet endroit du sahara appelé borne 233, pour résoudre équitablement le problème.
Ahmed YOUNES
(Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 18 janvier 2008)
Bouteflika brigue la présidence à vie
Yassin Temlali
Début d’opposition au projet de «présidence à vie» pour Abdelaziz Bouteflika
Les appels lancés à Abdelaziz Bouteflika pour qu’il brigue un «troisième mandat» à la tête de l’Etat se multiplient depuis quelques semaines. La première organisation à avoir demandé au président de la république de «répondre positivement aux attentes populaires» en présentant sa candidature aux présidentielles d’avril 2009 a été, naturellement, le FLN (1). L’ancien parti unique n’a pas tardé à être suivi par l’UGTA, l’UNJA et l’UNPA (2), organisations qui ont ainsi signé symboliquement leur réintégration totale dans le giron du régime.
Le secrétaire général du FLN, le Chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, a justifié son soutien à un troisième mandat d’Abdelaziz Bouteflika par les «résultats» obtenus par celui-ci en neuf ans de règne, «tel le retour de la paix civile». Naïveté ou cynisme, cette déclaration a été faite à peine quelques jours après les sanglants attentats kamikazes du 11 décembre qui ont fait des dizaines de morts à Alger. Le patron de la centrale syndicale UGTA, Abdelmadjid Sidi Said, a, quant à lui, expliqué son appui à la candidature du Président en 2009 par l’écoute attentive du monde du travail qui aurait caractérisé ses deux mandats. Quelques jours plus tard, comme pour le démentir, de très officielles sources gouvernementales annonçaient que depuis 2000, au moins 300.000 salariés des entreprises publiques ont perdu leurs emplois!
Le FLN a invité ses alliés de l’«alliance présidentielle», le RND et le MSP (3), à soutenir sa démarche, allant jusqu’à insinuer que cette coalition déjà branlante éclaterait complètement s’ils ne lui emboîtaient pas le pas. L’indécision semble, toutefois, marquer l’attitude de ces deux alliés. S’ils se sont dits favorables à l’«adaptation de la Constitution au nouveau contexte» – contexte dont ils ne précisent pas l’impérative «nouveauté» -, ils ne se sont pas engagés à soutenir un autre quinquennat de Bouteflika. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, lui-même considéré comme présidentiable, a rappelé que «la Constitution de 1996 est toujours en vigueur» et qu’il serait «prématuré», tant qu’elle n’a pas été amendée, de parler d’un autre mandat bouteflikien.
«Ce serait aussi choquant», aurait dû ajouter le patron du RND. Car ce qui est frappant dans ce qui s’appelle depuis quelques semaines la «campagne pour le troisième mandat» est son caractère foncièrement anticonstitutionnel, l’article 74 de la Constitution limitant le nombre de quinquennats présidentiels à deux. Le FLN et ses satellites prennent bien sûr la précaution d’appeler à «l’adaptation de la Constitution à l’évolution du pays» mais, pour eux, cette adaptation paraît n’avoir d’autre but que la modification du problématique article 74 et, probablement, dans la même foulée, de quelques autres relatifs aux prérogatives des instances législatives et exécutives. La Constitution est évoquée presque comme un obstacle à la réalisation de leurs vœux, un obstacle qu’il faudra enjamber sans excessif souci de «légalité constitutionnelle».
Renforcement de l’autocratie présidentielle
Depuis son accession à la Présidence en 1999, Abdelaziz Bouteflika a plusieurs fois exprimé son «insatisfaction» de la Constitution actuelle, héritée de la période – à la fois riche et trouble – consécutive aux émeutes d’octobre 1988 et qui, depuis 1996, limite le nombre de mandats présidentiels. Le 4 juillet 2006, il a expressément appelé à sa révision dans un long discours devant les hauts commandants de l’armée. A d’autres occasions, sans l’évoquer, il s’était montré irrité des quelques prérogatives qu’elle accorde au Parlement, critiquant notamment le pouvoir – tout théorique, au demeurant – dont dispose celui-ci pour censurer le gouvernement d’un «Président élu par le peuple».
Ces critiques ont été globalement endossées par le FLN qui, depuis près de trois ans, considère le régime constitutionnel algérien comme «hybride, ni parlementaire ni présidentiel» et propose qu’en plus de l’article 74, ceux définissant les prérogatives des instances législatives soient modifiés dans le sens du renforcement du pouvoir présidentiel.
Le renforcement du pouvoir présidentiel a été un des principaux objectifs politiques d’Abdelaziz Bouteflika depuis 1999. En témoignent non seulement le nombre de lois décisives qu’il a décrétées par ordonnance en profitant des intersessions parlementaires, mais aussi la réduction sensible des prérogatives réelles de l’autre «tête» de l’Exécutif, la Chefferie du gouvernement. Avec lui, la Présidence a reconquis une importante partie de son ancienne puissance, qui s’était perdue dans les années 90 caractérisées par une irruption plus directe de l’armée dans les affaires politiques.
La volonté de renforcer le pouvoir politique de la Présidence a pris, en neuf ans, plusieurs formes dont la moins spectaculaire est la nomination par décret présidentiel de catégories entières de fonctionnaires, des plus hauts commis de l’Etat aux directeurs départementaux de l’éducation, de l’hydraulique et jusqu’aux secrétaires de mairies ! Plus que l’identité des personnes nommées et leurs allégeances, c’est ce fait lui-même qui renseignait sur l’obsession d’Abdelaziz Bouteflika de régenter l’ensemble de la vie nationale et, surtout, de se défaire de la tutelle de l’armée en se dotant de ses propres relais dans l’administration, la justice, le corps diplomatique… Ce désir de puissance s’est étendu à tous les domaines, y compris celui de l’économie. Le président définit lui-même, quasiment seul, la politique économique du pays en marginalisant la chefferie du gouvernement, le Conseil national des participations de l’Etat et d’autres instances encore et en attribuant à certains de ses lieutenants des prérogatives au moins aussi larges que celles d’un premier ministre !
Affaiblissement du rôle politique de l’armée
Le renforcement du pouvoir présidentiel s’est fait essentiellement au détriment des pouvoirs – réels bien qu’informels – acquis par l’institution militaire dans le feu de l’instabilité qu’a connue le pays après les émeutes d’octobre 1988. Dans un contexte de pression internationale intolérable pour la «vérité sur les événements de la guerre civile», cette institution n’avait, fin 1998, d’autre choix que de s’accommoder d’Abdelaziz Bouteflika. Elle préférait au chaos institutionnel consécutif à l’annonce de la démission du président M. Zeroual en septembre 1998 ce personnage turbulent, peu disposé au rôle de «marionnette» mais assez charismatique et bon parleur pour redorer le blason du régime, terni par de longues années de répression et de gabegie économique.
Les patrons de l’armée nourrissaient l’espoir d’affecter Abdelaziz Bouteflika principalement aux tâches de représentation internationale, avec la consigne de tout entreprendre pour rompre «l’isolement diplomatique du pays». S’ils ne comptaient pas l’exclure des domaines de souveraineté intérieure, ils n’en entendaient pas moins les partager avec lui, dans un harmonieux ménage qui obéit au schéma de cohabitation en vigueur depuis la disparition du père fondateur de l’institution militaire, le président Houari Boumediene.
Abdelaziz Bouteflika, qui savait quel cadeau de la Providence il était pour le système en crise, se promettait de profiter de l’affaiblissement politique de l’armée suite à la démission du président Zeroual. Il suggérait à celle-ci qu’il la défendraient mieux contre les accusations d’atteintes aux droits de l’homme si elle lui cédait une parcelle de pouvoir supplémentaire. Au prix de clashs muets ou retentissants, il a réussi à l’épurer des principaux hauts gradés opposés à sa politique de réconciliation radicale avec l’islamisme armé et, surtout, à son ambition d’être, pour citer ses propres mots, «un président entier et non les trois quarts d’un président». La purge a d’abord ciblé quelques influents chefs de régions militaires ainsi que le stratégique commandement des forces terrestres, à la tête duquel il a nommé un homme peu susceptible de s’opposer à lui, le général Gaid Salah. La dernière étape en a été la nomination de ce même général au poste très sensible de Chef de l’état major, en remplacement du général Mohamed Lamari, une des têtes pensantes de la conjuration qui a abouti, en janvier 1992, à la démission forcée du président Chadli et à l’interdiction du FIS, victorieux au premier tour des législatives de décembre 1991.
Début d’opposition au «troisième mandat»
L’armée acceptera-t-elle le forcing mené par le FLN afin de permettre à Abdelaziz Bouteflika de briguer un autre mandat ? La facilité avec laquelle se déroule la campagne de l’ancien parti unique laisse à penser qu’elle ne s’y oppose pas, du moins pas ses secteurs les plus influents. Si elle compte certainement des hommes irrités par la volonté du président d’accentuer leur marginalisation, ils ne paraissent plus avoir de porte-parole après la mise à la retraite des principaux généraux «éradicateurs».
Si l’armée ne semble pas disposée à faire barrage à la réélection d’Abdelaziz Bouteflika, beaucoup de partis, eux, s’y sont déjà opposés : le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Front des forces socialistes (FFS) et le Front national algérien (FNA), petit parti nationaliste qui a le vent en poupe depuis les élections législatives de mai 2007 (4).
Le refus du troisième mandat paraît mieux s’organiser dans les milieux politiques indépendants. Une «initiative pour le respect de l’alternance au pouvoir» est en voie de lancement. Elle a été prise par des journalistes, des universitaires et des intellectuels, qui se disent outrés de voir la Constitution soit foulée aux pied et assimilée à un vulgaire obstacle sur la voie d’une «nouvelle présidence à vie» sur le modèle bourguibien. Une campagne de signatures sera bientôt lancée pour la «défense de la légalité constitutionnelle» et du «principe d’alternance» garanti par l’article 74. Le mouvement égyptien Kefaya est déjà donné comme un exemple de cadre qui fédérerait autour d’un minimum démocratique l’ensemble de l’opposition.
Yassin Temlali
(11/01/2008)
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Notes
(1) FLN : Front de libération nationale, présidé par le Chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. Ancien parti unique, héritier du FLN historique.
(2) UGTA : Union générale des travailleurs algériens, principale centrale syndicale du pays. Bien que sa direction exécutive, à majorité FLN et RND, soit inféodée au régime, elle compte beaucoup de syndicats de base combatifs.
UNJA : Union nationale de la jeunesse algérienne, ancienne «organisation de masse» du parti unique, aujourd’hui association proche du FLN.
UNPA : Union nationale des paysans algériens, proche du régime.
(3) RND : Rassemblement national démocratique. Autre Parti gouvernemental, concurrent du FLN. Il a été créé en 1997, à un moment où le FLN avait pour position officielle de défendre la réconciliation nationale avec le Front islamique du Salut. Le RND est présidé par l’ancien Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia.
MSP: parti islamiste modéré, représenté au Parlement. Détient plusieurs portefeuilles ministériels.
(4) FFS : Front des forces socialistes, présidé par Ait Ahmed. Membre de l’internationale socialiste, implanté principalement en Kabylie.
RCD : Rassemblement pour la culture et la démocratie, présidé par Said Sadi. Parti démocrate anti-islamiste, implanté essentiellement en Kabylie.
FNA : Front nationale algérien. Dirigé par Moussa Touati, un ancien responsable d’une organisation semi-officielle des enfants de chouhada (martyrs de la révolution), il détient une dizaine de sièges à l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du Parlement).
(Source : article repris par « Babelmed » (Site des cultures méditerranéennes – France), le 17 janvier 2008)
Lien : http://www.babelmed.net/Pais/Méditerranée/bouteflika_brigue.php?c=2903&m=34&l=fr
Réunions lundi et mardi à Rabat de l’UE et des pays du Maghreb
AFP, le 18 janvier 2008 à15h27
RABAT, 18 jan 2008 (AFP) – Deux réunions auront lieu lundi et mardi à Rabat entre l’Union européenne (UE) et les cinq pays du Maghreb pour favoriser la coopération entre les deux rives de la Méditerranée, ont indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères et la représentation européenne.
La réunion du groupe 5+5, rassemblant cinq pays du sud de
l’Europe (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) et cinq pays du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) se tiendra lundi et aura pour thème « la coopération renforcée comme vecteur de
stabilité et de prospérité ».
Outre des réunions régulières des ministres des Affaires étrangères, le dialogue 5+5 a établi de nombreuses coopérations sectorielles, notamment dans les domaines de la défense, du
transport ou de la lutte contre le terrorisme et les trafics.
L’UE sera représentée par Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de la politique européenne de voisinage.
Par ailleurs, mardi se réuniront l’Union du Maghreb arabe (UMA) et la Troïka de l’Union européenne (représentation des trois pays
ayant présidé, présidant actuellement et allant présider l’UE, soit le Portugal, la Slovénie et la France).
Cette rencontre fait suite à une première réunion informelle qui avait eu lieu en novembre 2007, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Processus de Barcelone, précise un
communiqué de l’UE.
« Ces réunions ont pour objectif de définir un programme de travail commun afin de soutenir l’intégration régionale au Maghreb, notamment dans les domaines de la facilitation du commerce, de la libéralisation commerciale, de l’interconnexion des réseaux d’énergie », selon le texte.
Mme Ferrero-Waldner participera également à un séminaire sur le « statut avancé » organisé par le gouvernement marocain lundi. Il s’inscrit dans le mandat du Conseil d’association UE-Maroc, qui a
demandé le 23 juillet aux deux parties d’entamer un exercice de réflexion sur les moyens de renforcer les relations bilatérales.
Dimitrij Rupel, ministre des Affaires étrangères de Slovénie, pays présidant l’UE, et Javier Solana, Haut représentant de l’UE, participeront notamment à ce colloque, précise le ministère.
L’Egypte n’exclut pas d’annuler des discussions avec l’UE
REUTERS, le 18 janvier 2008à 15h06
LE CAIRE, 18 janvier (Reuters) – Agacé par une résolution du parlement européen le rappelant à ses engagements en matière de droits de l’homme, le gouvernement égyptien a dit envisager
vendredi d’annuler une réunion prévue la semaine prochaine avec de hauts responsables de l’UE.
Le ministère des Affaires étrangères a également riposté aux accusations des eurodéputés en dénonçant les discriminations croissantes dont sont victimes, selon lui, les minorités religieuses et ethniques en Europe.
Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit étudie plusieurs types de réponse et n’exclut pas une annulation pure et simple de la réunion, prévue mercredi et jeudi, de la sous-commission des affaires politiques née de l’accord d’association UE-Egypte signé en mars dernier, ont déclaré ses
services dans un communiqué.
Les députés européens ont invité jeudi l’Egypte à respecter les droits de l’homme et les règles démocratiques conformément aux engagements souscrits avec l’Union européenne dans le cadre
de cet accord.
Ils demandent la libération immédiate de l’opposant Ayman
Nour, principal adversaire du président Hosni Moubarak à l’élection présidentielle de 2005, et la réforme de la loi sur
les tribunaux militaires, parfois utilisés contre l’opposition.
Les déclarations du Caire laissent entendre que le gouvernement a particulièrement été courroucé par une allusion au problème des tunnels qui servent à la contrebande d’armes entre l’Egypte et la bande de Gaza.
QUESTION SENSIBLE
La résolution du parlement européen se félicite des efforts de sécurisation de la frontière et encourage toutes les parties à empêcher les trafics.
Cette question des tunnels de contrebande est d’autant plus sensible que le Congrès américain a posé comme condition à l’octroi d’une aide militaire de 100 millions de dollars des preuves que l’Egypte fait de son mieux pour régler le problème.
L’Egypte estime qu’Israël a poussé les élus américains à poser cette condition. L’allusion aux tunnels « soulève beaucoup de doute quant aux motifs qui ont inspiré certains parlementaires européens et des liens qui les unissent à ceux qui bénéficient de l’exagération constante de cette question », déclare le ministère égyptien des Affaires étrangères.
Selon un autre communiqué du ministère diffusé jeudi soir, « l’Egypte est profondément préoccupée par la détérioration de la situation concernant les droits des minorités religieuses et ethniques et des immigrés sur le continent européen ». « (Le porte-parole) a condamné l’existence de ce phénomène de
xénophobie et de discrimination à l’encontre des musulmans dans différentes parties de l’Europe ».
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères cite un rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE) de 2006 faisant état de discriminations à l’encontre des musulmans pour le logement et l’emploi dans les pays européens.
Droits de l’Homme: L’Egypte rejette la résolution du Parlement européen