Liberté et Equité: Communiqué
Le Pouvoir Tunisien veut tuer Al-Mawkef principal journal d’opposition
Atterrissage en Tunisie pour Latécoère ?
C’est à la fin du mois d’avril, au plus tard début mai, que le groupe français Latécoère officialisera son choix entre le Maroc et la Tunisie pour sa future usine au Maghreb. Soit en pleine visite de Nicolas Sarkozy (du 28 au 30 avril) en Tunisie, où Latécoère possède déjà deux sites de production…
« Rien n’est joué, affirme Jean-Pierre Robert, le porte-parole du groupe. Nous analysons de manière approfondie les deux offres. » Sans démentir d’éventuels contacts pour ce projet avec la Banque tuniso-koweïtienne (BTK), rachetée par la Caisse d’épargne en 2007. L’investissement, évalué entre 50 et 100 millions d’euros, dépendra des avantages (aides à l’implantation, statut fiscal…) proposés par les deux pays mis en concurrence.
Pour diminuer l’impact d’un euro fort dans ses coûts de production, Latécoère cherche 20 hectares en zone offshore sous douane avec une provision de 10 hectares pour une extension future. Il compte y attirer une dizaine de sous-traitants locaux et français.
L’investissement industriel s’élève à 50 millions d’euros pour un bâtiment de 60 000 m2 où seront fabriquées des pièces de tôlerie et assemblés des sous-ensembles venus de France. Le projet prévoit la création de 800 emplois directs et 700 indirects.
(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2466 du 13 au 19 avril 2008)
Disparition d’Aimé Césaire
L’Otan prête à une “nouvelle ère” dans ses relations avec l’Irak
AFP, le 17 avril 2008 à 15h32
par Mark John
BRUXELLES, 17 avril (Reuters) – L’Otan est prête à renforcer son aide à l’Irak en lui fournissant formation et équipement militaires, ce qui ouvrirait une “nouvelle ère” dans leurs relations, mais a exclu toute implication dans les opérations de combat, a déclaré jeudi le secrétaire général de l’Alliance.
L’Otan a été profondément divisée quant à une éventuelle participation à l’invasion de l’Irak en 2003 par les forces sous commandement américain, et sa présence dans ce pays s’est limitée à de petites missions de formation des forces de sécurité irakiennes.
Le Premier ministre irakien Nouri al Maliki a officiellement demandé un accroissement de l’aide dont bénéficie son gouvernement lors d’une visite au QG de l’Alliance à Bruxelles, et le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a dit que cette dernière était, sur le principe, disposée à le faire.
“C’est le début d’une nouvelle ère. (…) Tous les alliés de l’Otan aimeraient voir un Irak stable, sûr, prospère”, a déclaré de Hoop Scheffer lors d’une conférence de presse conjointe avec Al Maliki après leurs discussions.
“L’Otan ne remplacera pas les forces de la coalition en Irak, mais elle va renforcer ses activités de formation.”
Maliki n’a pas précisé dans quels secteurs l’Irak souhaitait l’aide de l’Otan mais a dit qu’ils pouvaient inclure la formation aux activités anti-terroristes pour les soldats d’infanterie.
“Nous ne sommes pas venus ici aujourd’hui pour demander des soldats supplémentaires. Nous sommes venus demander davantage de formation et d’équipement”, a déclaré Maliki, qui achevait une
visite de deux jours qui lui a permis de rencontrer des responsables de l’Union européenne et de l’Otan.
Lors du déclenchement de la guerre en Irak, la France et l’Allemagne ont mené le front de l’opposition à ce conflit, suscitant parmi les membres de l’Otan des divisions d’une ampleur inédite depuis sa création, 59 ans plus tôt.
Dans le cadre des efforts déployés pour surmonter ces divergences, l’Alliance, qui compte 26 Etats membres, avait accepté en 2004 de former des militaires irakiens.
L’Irak demande à l’Otan de former ses forces à la lutte anti-terroriste
AFP, le 17 avril 2008 à 15h30
BRUXELLES, 17 avr 2008 (AFP) – Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a demandé jeudi à l’Otan d’étendre à la lutte anti-terroriste et au contrôle des frontières son actuel programme
de formation des forces irakiennes, a indiqué un diplomate de
l’Otan.
“Les Irakiens ont demandé une aide dans le domaine du contrôle des frontières ainsi que de la lutte anti-terroriste”, a déclaré ce diplomate à l’AFP à l’issue de la première visite de M. Maliki au siège de l’Otan.
“Ils sont preneurs aussi d’une formation dans l’aviation et la marine”, a-t-il précisé.
Le chef du gouvernement irakien, qui venait d’être reçu par les représentants des 26 pays de l’Otan au Conseil de l’Atlantique nord, a implicitement confirmé la demande irakienne en matière de lutte
anti-terroriste.
“C’est l’un des points que nous avons à l’esprit”, a déclaré M. Maliki en réponse à une question de la presse.
“Nous demandons que la mission de l’Otan en Irak s’élargisse afin de nous permettre de parvenir à l’autosuffisance et nous attendons la visite à Bagdad d’une délégation de l’Otan porteuse de
nouvelles idées”, a souligné le Premier ministre irakien.
M. Maliki a précisé qu’il n’était pas venu à l’Otan “demander des troupes supplémentaires mais davantage de formation et d’équipement”.
A ses côtés, le secrétaire général de l’Otan Jaap de Hoop Scheffer a également observé que “l’Otan ne va pas remplacer les forces de la coalition” anglo-américaine en Irak “mais élargir sa propre mission de formation”.
“Nous l’avons déjà élargie récemment à la formation de gendarmes, sous la direction de l’Italie”, a-t-il rappelé.
Surmontant les graves divisions que l’intervention militaire en Irak avait occasionnées entre ses membres, l’Otan s’est engagée dès 2004 dans des cours de formation théorique à des cadres militaires et, depuis octobre 2007, à des gendarmes.
Quelque 170 experts de l’Otan œuvrent aujourd’hui au Collège de la défense nationale de Bagdad et dans d’autres institutions proches de la capitale irakienne.
Le 3 avril pendant son sommet de Bucarest, l’Otan a annoncé qu’elle prolongeait jusqu’à fin 2009 son actuelle mission en Irak.
Elle avait aussi dit accueillir favorablement la demande de Bagdad d’une coopération étendue à de nouveaux domaines, allant du commandement dans la marine et l’aviation, à la sécurité aux frontières et au combat contre le terrorisme.
Il est question, a souligné le secrétaire général de l’Otan, d’élaborer un “cadre de coopération” très général et “structuré”, faisant entrer les relations avec l’Irak “dans une nouvelle ère”.
“Il y a déjà des propositions sur la table”, a-t-il confirmé.
Un diplomate, rappelant qu'”il y a 3.000 km de frontières” irakiennes, a indiqué que l’Otan allait “examiner ce qu’elle peut faire”. En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, “on peut
par exemple former” les Irakiens “à la collecte des informations et à leur traitement”, a-t-il dit.
Les discussions n’en sont encore qu’à un stade très préliminaire. Des membres de l’imposante délégation venue à
Bruxelles avec M. Maliki pour des entretiens avec l’Union européenne et l’Otan, et qui comprend le ministre de la Défense Abdelkader Jassem, ont rencontré mercredi des experts au siège de l’Alliance atlantique, selon M. de Hoop Scheffer.
Obama et Clinton s’engagent à défendre Israël contre l’Iran
AFP, le 17 avril 2008 à 04h15
PHILADELPHIE (Etats-Unis), 16 avr 2008 (AFP) – Les deux prétendants démocrates à la Maison Blanche se sont engagés mercredi soir à défendre Israël contre toute attaque iranienne mais diffèrent sur la façon d’obliger Téhéran à renoncer à son programme d’armement nucléaire.
“Il est très important que l’Iran comprenne qu’une attaque
contre Israël serait une attaque contre notre plus fort allié dans la région”, a dit M. Obama au cours d’un débat télévisé sur ABC News, jugeant une telle attaque “inacceptable” pour les Etats-Unis.
“Les Etats-Unis mettraient en œuvre les actions appropriées“
dans ce cas, a-t-il souligné.
Hillary Clinton a proposé de son côté la création d’un parapluie de dissuasion” autour d’Israël et “d’autres pays de la région“.
“Une attaque contre Israël provoquerait une riposte massive des
Etats-Unis”, a-t-elle dit.
Les deux candidats démocrates ont également assuré qu’ils feraient tout pour que Téhéran renonce à son programme d’armement nucléaire.
“Il faut que l’armement nucléaire soit hors de portée des
Iraniens”, a dit M. Obama. “Cela implique des discussions directes avec les Iraniens”, a-t-il ajouté précisant qu’en tant que président il dirait aux Iraniens ce qu’il considère comme “inacceptable”. “Il
s’agit non seulement du développement d’armes nucléaires mais aussi du financement d’organisations terroristes comme le Hamas ou le
Hezbollah ainsi que de la rhétorique anti-israélienne et des menaces contre Israël”, a-t-il dit.
Il a ajouté que sa politique serait celle “de la carotte et du bâton“.
Mme Clinton qui critique la proposition de M. Obama de discuter directement avec les dirigeants iraniens a indiqué qu’elle souhaitait la reprise des relations diplomatiques entre Washington
et Téhéran.
“Nous devons commencer un engagement diplomatique avec l’Iran“, a-t-elle dit précisant qu’elle commencerait des discussions avec les Iraniens à “un niveau peu élevé”. “Je ne rencontrerai certainement pas (le président iranien Mahmoud) Ahmadinejad car encore aujourd’hui il met en doute la réalité des attaques du 11-septembre et que des gens soient morts”, a dit Mme Clinton.
Le président iranien “n’est pas quelqu’un qui doit avoir l’occasion de me rencontrer à la Maison Blanche”, a-t-elle ajouté.
Accès américain aux banques de données policières européennes?
Reuters, le 17 avril 2008 à 17h13
BRUXELLES, 17 avril (Reuters) – La Commission européenne a émis jeudi l’idée d’accorder aux Etats-Unis un accès limité aux banques de données policières de l’UE, une offre qui risque de
susciter de vives oppositions dans certains Etats membres.
Les ministres de l’Intérieur des Vingt-Sept se réunissent vendredi à Luxembourg pour accorder à l’exécutif européen un mandat de négociation avec les Etats-Unis pour parvenir à un accord permettant aux citoyens de tous les Etats membres de l’UE de se rendre outre-Atlantique sans visa d’entrée.
Actuellement, la Grèce et onze des 12 “nouveaux” pays de l’Est restent soumis au régime des visas pour des questions de sécurité et Washington a négocié avec certains d’entre eux, comme la République tchèque, des accords bilatéraux. Ce cavalier seul a suscité des tensions entre Washington et Bruxelles, où l’on estime qu’il s’agit d’une compétence communautaire, la Commission négociant au nom de tous.
Mais Européens et Américains sont convenus d’éviter une crise en permettant aux pays qui le désirent de négocier des accords bilatéraux dans des matières qui relèvent uniquement de la compétence nationale, comme la présence à bord des vols transatlantiques d’officiers américains armés.
La négociation sur les données qui seront fournies aux autorités américaines sera toutefois menée au niveau européen.
Mais les Américains demandent, sans être très précis, l’accès à certaines informations qui se trouvent dans le Système d’information Schengen (SIS), une banque de données européennes qui comprend par exemple les empreintes digitales des demandeurs d’asile ainsi que l’identité de personnes recherchées.
LA COMMISSION PRÊTE À “DISCUTER”
Jonathan Faull, directeur général de la Commission européenne pour les Affaires intérieures et la Justice, n’a pas fermé la porte à cette éventualité jeudi.
“Nous allons voir”, a-t-il déclaré à la presse.
“Nous sommes prêts à nous asseoir avec nos amis américains et à discuter sur une base strictement réciproque quelles informations devront être échangées”, a-t-il ajouté en soulignant que, s’il s’agissait de lutter contre le terrorisme et la grande criminalité, ce serait éventuellement possible.
“Nous savons quelles sont les limites à ne pas franchir”, a-t-il poursuivi en annonçant qu’il n’y aurait “pas d’accès général aux données Schengen”, le système commun à tous les pays de l’UE qui ont abandonné leurs contrôles aux frontières.
“Je suppose que les Etats-Unis ne demandent pas ça et, de toute façon, ils ne nous donneraient pas accès à leur propre banques de données”, a-t-il conclu.
Cela risque de susciter un vif débat sur la protection de ces données européennes, qui seraient ensuite accessibles à toutes les agences américaines, comme la CIA et le FBI.
En outre, nombre d’Etats membres insistent sur le fait que le SIS est alimenté par les polices nationales, qui ne veulent pas donner indirectement accès à leurs fichiers à un pays tiers.
Une autre demande américaine ressemble également à une demande déguisée de visa: Washington souhaite que les voyageurs européens se rendant aux Etats-Unis remplissent sur internet
avant leur départ un formulaire où figurent des informations.
Pour Jonathan Faull, cela ne serait acceptable que si ces informations sont les mêmes que celles figurant sur les formulaires papier déjà remplis avant l’atterrissage.
Par Jean Ziegler
Ecrivain, professeur à l’université de Genève.
La nuit était noire, sans lune. Le vent soufflait à plus de 100 kilomètres à l’heure. Il faisait se lever des vagues de plus de 10 mètres qui, avec un fracas effroyable, s’abattaient sur la frêle embarcation de bois. Celle-ci était partie d’une crique de la côte de Mauritanie, dix jours auparavant, avec à son bord 101 réfugiés africains de la faim. Par un miracle inespéré, la tempête jeta la barque sur un récif de la plage d’El Medano, dans une petite île de l’archipel des Canaries. Au fond de la barque, les gardes civils espagnols trouvèrent les cadavres de trois adolescents et d’une femme, morts de faim et de soif.
La même nuit, quelques kilomètres plus loin sur la plage d’El Hierro, un autre rafiot s’échoua : à son bord, 60 hommes, 17 enfants et 7 femmes, spectres titubants à la limite de l’agonie (1).
A la même époque encore, mais en Méditerranée cette fois-ci, un autre drame se joue : à 150 kilomètres au sud de Malte, un avion d’observation de l’organisation Frontex repère un Zodiac surchargé de 53 passagers qui – probablement par suite d’une panne de moteur – dérive sur les flots agités. A bord du zodiac, les caméras de l’avion identifient des enfants en bas âge et des femmes.
Revenu à sa base, à La Valette, le pilote en informe les autorités maltaises, qui refusent d’agir, prétextant que les naufragés dérivent dans la « zone de recherche et de secours libyenne ». La déléguée du Haut Commissariat des réfugiés des Nations unies Laura Boldini intervient, demandant aux Maltais de dépêcher un bateau de secours. Rien n’y fait. L’Europe ne bouge pas. On perd toute trace des naufragés.
Quelques semaines auparavant, une embarcation où se pressaient une centaine de réfugiés africains de la faim, tentant de gagner les Canaries, avait sombré dans les flots au large du Sénégal. Il y eut deux survivants (2).
Des milliers d’Africains, y compris des femmes et des enfants, campent devant les clôtures des enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta, dans le Rif aride. Sur injonction des commissaires de Bruxelles, les policiers marocains refoulent les Africains dans le Sahara (3). Sans provisions ni eau. Des centaines, peut-être des milliers d’entre eux périssent dans les rochers et les sables du désert (4).
Combien de jeunes Africains quittent leur pays au péril de leur vie pour tenter de gagner l’Europe ? On estime que, chaque année, quelque 2 millions de personnes essaient d’entrer illégalement sur le territoire de l’Union européenne et que, sur ce nombre, environ 2 000 périssent en Méditerranée, et autant dans les flots de l’Atlantique. Leur objectif est d’atteindre les îles Canaries à partir de la Mauritanie ou du Sénégal, ou de franchir le détroit de Gibraltar au départ du Maroc.
Selon le gouvernement espagnol, 47 685 migrants africains sont arrivés sur les côtes en 2006. Il faut y ajouter les 23 151 migrants qui ont débarqué sur les îles italiennes ou à Malte au départ de la Jamahiriya arabe libyenne ou de la Tunisie. D’autres essaient de gagner la Grèce en passant par la Turquie ou l’Egypte. Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, M. Markku Niskala commente : « Cette crise est complètement passée sous silence. Non seulement personne ne vient en aide à ces gens aux abois, mais il n’y a pas d’organisation qui établisse ne serait-ce que des statistiques rendant compte de cette tragédie quotidienne (5). »
Pour défendre l’Europe contre ces migrants, l’Union européenne a mis sur pied une organisation militaire semi-clandestine qui porte le nom de Frontex. Cette agence gère les « frontières extérieures de l’Europe ».
Elle dispose de navires rapides (et armés) d’interception en haute mer, d’hélicoptères de combat, d’une flotte d’avions de surveillance munis de caméras ultrasensibles et de vision nocturne, de radars, de satellites et de moyens sophistiqués de surveillance électronique à longue distance.
Frontex maintient aussi sur sol africain des « camps d’accueil » où sont parqués les réfugiés de la faim, qui viennent d’Afrique centrale, orientale ou australe, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Cameroun, de l’Erythrée, du Malawi, du Zimbabwe… Souvent, ils cheminent à travers le continent durant un ou deux ans, vivant d’expédients, traversant les frontières et tentant de s’approcher progressivement d’une côte. Ils sont alors interceptés par les agents de Frontex ou leurs auxiliaires locaux qui les empêchent d’atteindre les ports de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Vu les versements considérables en espèces opérés par Frontex aux dirigeants africains, peu d’entre eux refusent l’installation de ces camps. L’Algérie sauve l’honneur. Le président Abdelaziz Bouteflika dit : « Nous refusons ces camps. Nous ne serons pas les geôliers de nos frères. »
Organiser la famine et criminaliser ceux qui la fuient
La fuite des Africains par la mer est favorisée par une circonstance particulière : la destruction rapide des communautés de pêcheurs sur les côtes atlantique et méditerranéenne du continent. Quelques chiffres.
Dans le monde, 35 millions de personnes vivent directement et exclusivement de la pêche, dont 9 millions en Afrique (6). Les poissons comptent pour 23,1 % de l’apport total de protéines animales en Asie, 19 % en Afrique ; 66 % de tous les poissons consommés sont pêchés en haute mer, 77 % en eaux intérieures ; l’élevage en aquaculture de poissons représente 27 % de la production mondiale.
La gestion des stocks de poissons dont les déplacements s’effectuent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des zones économiques nationales revêt donc une importance vitale pour l’emploi et la sécurité alimentaire des populations concernées.
La plupart des Etats de l’Afrique subsaharienne sont surendettés. Ils vendent leurs droits de pêche à des entreprises industrielles du Japon, d’Europe, du Canada. Les bateaux-usines de ces dernières ravagent la richesse halieutique des communautés de pêcheurs jusque dans les eaux territoriales.
Utilisant des filets à maillage étroit (interdits en principe), elles opèrent fréquemment en dehors des saisons où la pêche est autorisée. La plupart des gouvernements africains signataires de ces concessions ne possèdent pas de flotte de guerre. Ils n’ont aucun moyen pour faire respecter l’accord. La piraterie est reine. Les villages côtiers se meurent.
Les bateaux-usines trient les poissons, les transforment en surgelés, en farine ou en conserves, et expédient du bateau aux marchés. Exemple : la Guinée-Bissau, dont la zone économique abrite un formidable patrimoine halieutique. Aujourd’hui, pour survivre, les Bissagos, vieux peuple pêcheur, sont réduits à acheter sur le marché de Bissau – au prix fort – des conserves de poisson danoises, canadiennes, portugaises.
Plongés dans la misère, le désespoir, désarmés face aux prédateurs, les pêcheurs ruinés vendent à bas prix leurs barques à des passeurs mafieux ou s’improvisent passeurs eux-mêmes. Construites pour la pêche côtière dans les eaux territoriales, ces barques sont généralement inaptes à la navigation en haute mer.
Et encore… Un peu moins d’un milliard d’êtres humains vivent en Afrique. Entre 1972 et 2002, le nombre d’Africains gravement et en permanence sous-alimentés a augmenté de 81 à 203 millions. Les raisons sont multiples. La principale est due à la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne.
Les Etats industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont payé à leurs agriculteurs et éleveurs, en 2006, plus de 350 milliards de dollars au titre de subventions à la production et à l’exportation. L’Union européenne, en particulier, pratique le dumping agricole avec un cynisme sans faille. Résultat : la destruction systématique des agricultures vivrières africaines.
Prenons l’exemple de la Sandaga, le plus grand marché de biens de consommation courante de l’Afrique de l’Ouest. La Sandaga est un univers bruyant, coloré, odorant, merveilleux, situé au cœur de Dakar. On peut y acheter, selon les saisons, des légumes et des fruits portugais, français, espagnols, italiens, grecs, etc. – au tiers ou à la moitié du prix des produits autochtones équivalents.
Quelques kilomètres plus loin, sous un soleil brûlant, le paysan wolof, avec ses enfants, sa femme, travaille jusqu’à quinze heures par jour… et n’a pas la moindre chance d’acquérir un minimum vital décent.
Sur 52 pays africains, 37 sont des pays presque purement agricoles.
Peu d’êtres humains sur terre travaillent autant et dans des conditions aussi difficiles que les paysans wolof du Sénégal, bambara du Mali, mossi du Burkina ou bashi du Kivu. La politique du dumping agricole européen détruit leur vie et celle de leurs enfants.
Revenons à Frontex. L’hypocrisie des commissaires de Bruxelles est détestable : d’une part, ils organisent la famine en Afrique ; de l’autre, ils criminalisent les réfugiés de la faim.
Aminata Traoré résume la situation : « Les moyens humains, financiers et technologiques que l’Europe des Vingt-Cinq déploie contre les flux migratoires africains sont, en fait, ceux d’une guerre en bonne et due forme entre cette puissance mondiale et de jeunes Africains ruraux et urbains sans défense, dont les droits à l’éducation, à l’information économique, au travail et à l’alimentation sont bafoués dans leurs pays d’origine sous ajustement structurel. Victimes de décisions et de choix macroéconomiques dont ils ne sont nullement responsables, ils sont chassés, traqués et humiliés lorsqu’ils tentent de chercher une issue dans l’émigration. Les morts, les blessés et les handicapés des événements sanglants de Ceuta et de Melilla, en 2005, ainsi que les milliers de corps sans vie qui échouent tous les mois sur les plages de Mauritanie, des îles Canaries, de Lampedusa ou d’ailleurs, sont autant de naufragés de l’émigration forcée et criminalisée (7). »
(1) Cf. El País, Madrid, 13 mai 2007 ; la nuit est celle du 11 au 12 mai.
(2) Le Courrier, Genève, 10 décembre 2006.
(3) Le 28 septembre 2005, des soldats espagnols ont tué cinq jeunes Africains qui tentaient d’escalader la clôture électrifiée entourant l’enclave de Ceuta. Huit jours plus tard, six autres jeunes Noirs étaient abattus dans des circonstances similaires.
(4) Human Rights Watch, 13 octobre 2005.
(5) La Tribune de Genève, 14 décembre 2006. NDLR : Voir aussi le travail réalisé sur cette question par United et Migreurop : Des morts par milliers aux portes de l’Europe.
(6) Ce chiffre exclut les personnes employées dans l’aquaculture. Cf. Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, Rome, 2007.
(7) Aminata Traoré, intervention au Forum social mondial, Nairobi, 20 janvier 2007.
(Source : « Le Monde Diplomatique » (Mensuel – France), MARS 2008)
Lien : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/ZIEGLER/15658 – mars 2008