15 mars 2011

TUNISNEWS
10 ème année,  N°3948 du 14.03.2011
archives : www.tunisnews.net 


Mouvement Ettajdid:

Communiqué sur les événements de Sousse

AFP: Tunisie: une centaine de manifestants contre la visite de Hillary Clinton Nicolas BEAU: Slim Bagga, le retour


REVUE DE PRESSE


 

Mouvement Ettajdid

Communiqué sur les événements de Sousse


 

Un groupe de jeunes a organisé, le samedi 12 Mars 2011 à Sousse, une marche pacifique pour la défense de la laïcité et la séparation du religieux et du politique. Ces jeunes ont informé les autorités, conformément à la loi, de la date, de l’heure et de l’itinéraire de la manifestation ;  ils ont été surpris par la présence d’un autre groupe les suivant de près en hurlant contre les manifestants des slogans hostiles à caractère religieux extrémiste, jetant contre eux l’anathème,  les traitant d’infidèles etc. A la fin de la manifestation, et au moment où  les organisateurs de la marche s’apprêtaient à la disperser, la bande de contre-manifestants est passée de  la violence verbale à l’agression physique à l’encontre des jeunes manifestants : coups de poing, brutalités, destruction d’appareils photo etc. Devant cette agression barbare, les manifestants se sont déplacés devant un poste de police proche et ont appelé au secours les agents qui s’y trouvaient, mais ceux ci n’ont pas bronché, sous prétexte qu’ils n’avaient pas d’instructions pour intervenir. Le calme n’est  revenu partiellement qu’après l’intervention d’éléments de l’armée qui se sont interposés entre les deux groupes. Le Mouvement Ettajdid condamne fermement ce genre de pratiques, qui visent à  interdire le droit d’expression et de manifestation, en utilisant tous les moyens : anathème, agression verbale et physique etc. Il lance  un appel pressant à toutes les composantes de la société civile et politique pour contrecarrer, de la manière la plus ferme, ce genre de pratiques qui consiste à  mettre à profit les acquis démocratiques pour tente de remettre en cause les libertés et de dévoyer la révolution. Le Mouvement exprime sa grande surprise devant l’absence des forces de sécurité  malgré le préavis qui a été donné, et leurs refus d’intervenir malgré la violence dont les jeunes ont été victimes. Il exige du ministère de l’Intérieur l’ouverture d’une enquête afin de poursuivre les agresseurs et  d’identifier les lacunes dans le dispositif de sécurité afin d’éviter que de tels dérapages ne se reproduisent.   Pour le Mouvement Ettajdid Jounaïdi Abdeljaoued


Tunisie: une centaine de manifestants contre la visite de Hillary Clinton


AFP 15/03/2011 | 18h38 Une centaine de Tunisiens ont manifesté mardi à Tunis pour dénoncer la prochaine visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, a constaté une journaliste de l’AFP. « Clinton dégage », « non à la présence américaine en Tunisie », scandaient les manifestants près du ministère de l’Intérieur en brandissant des banderoles anti-américaines. « Nous sommes contre la visite de Hillary Clinton, ou de n’importe quel représentant américain, nous n’avons jamais oublié les crimes américains en Irak », a lancé Sofiane, un étudiant de 22 ans. La secrétaire d’Etat américaine a quitté dimanche les Etats-Unis pour une tournée en Europe, en Tunisie et en Egypte, où elle est arrivée mardi après-midi. Au cours de sa visite au Caire, Mme Clinton devrait s’exprimer sur la situation en Libye voisine, où les forces fidèles à Mouammar Kadhafi enchaînent les victoires depuis une semaine. A Paris, Mme Clinton avait pris part mardi à une réunion des pays du G8 qui n’ont pas trouvé d’accord pour une zone d’exclusion aérienne ou des frappes ciblées pour faire plier le régime libyen. Concernant l’Egypte et la Tunisie, dont les présidents ont été renversés par des soulèvements populaires en janvier et février, Hillary Clinton a souligné la semaine dernière que pour Washington « c’est un enjeu énorme » de faire en sorte que ces deux pays « soient les modèles du type de démocratie que nous souhaitons voir ». Neuf jours seulement après la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, Washington avait dépêché à Tunis un haut responsable du département d’Etat, Jeffrey Feltman. « L’exemple tunisien » invite à des réformes dans le monde arabe pour prendre en compte les « aspirations » politiques et sociales « légitimes » des populations, avait-il alors dit.

Slim Bagga, le retour


Saluons la sortie du journal « L’Audace » dans les kiosques de Tunis et le retour de son patron, Slim Bagga à Tunis. Le parcours de ce journaliste, exilé à Paris depuis trop d’années et véritable bête noire du régime Ben Ali, mérite d’être conté. Pendant quinze ans et avec des bouts de ficelle, Slim publiait régulièrement un magazine, « L’Audace », où bien avant la publication de « la Régente de Carthage » ( pour laquelle il nous a beaucoup aidé), il sortait d’innombrables informations sur les frasques de Leila et de son clan Le mérite de ce journaliste doué, qui aime le verbe et l’info qui dérange, fut aussi d’ouvrir ses colonnes à toutes les sensibilités de l’opposition à Ben Ali, islamistes compris et de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme que subissaient les opposants de tous bords. Un bel oecuménisme qui, jamais, n’émousse son sens aigu des rapports de force politiques! Pour diffuser le millier d’exemplaires de »L’Audace », il fallait à Slim beaucoup d’énergie pour en porter des valises entières à ses kiosques préférés, notamment celui qui se trouve sur les Champs-Elysées en face du très chic café « le Fouquet’s », où s’attablaient régulièrement les mais du régime du président déchu. Et Tous d’acheter, sous le manteau, un ou plusieurs exemplaires de ce brulôt qui faisait trembler le Palais de Carthage. Quel courage et quelle obstination il fallut à Slim pour continuer ces publications. Le régime le menaça, le persécuta, lui vola son petit appartement de Sidi Bou Said, le condamna à quarante deux années de prison à travers cinq affaires, dont deux de droit commun. On le vit fiché à Interpol comme représentant de Ben Laden à Paris, ce qui est un comble pour ce musulman bon vivant et joyeux convive qui aime refaire le monde autour d’une bonne bouteille. On n’imagine pas ce que Slim a dû subir, sans même évoquer les maigres revenus dont il disposait pour survivre, heureusement aidé par quelques exilés qui furent ses protecteurs et amis. Le plus dur fut sans doute l’indifférence teinté de mépris de quelques bonnes âmes de la presse française qui regardaient Slim comme un obsessionnel et un marginal qu’il n’était pas de bon ton de piger. Ce qui a été drôle,c’est la façon dont les mêmes se sont précipités, après le 14 janvier et le départ de Ben Ali, pour combler le vide de leur documentation et de leur expertise sur la Tunisie. Mais quel bonheur de voir le régime paranoiaque de Ben Ali obsédé par la publication de ce magazine artisanal qui était LE SEUL véritable éclairage sur la part d’ombre du régime. On vit les ministres de l’Intérieur tunisiens solliciter leurs collègues français pour mettre fin à la publication de « L’Audace. On découvrit dans les fameux carnets du général Rondot, où on trouve une formidable mémoire des services français ( y compris sur les comptes japonais d’un certain Jacques Chirac) la trace de ces interventions intempestives. Moi même, alors que je rencontrais Philippe Douste Blazy, alors ministre des Affaires étrangères de Chirac, ce dernier m’expliqua le harcèlement qu’il subissait des Autorités tunisiennes à propos de « L’Audace ». Mais « L’Audace » survécut, Slim est un entêté. Jusqu’au jour où après l’élection de Sarkozy en 2007, Ben Ali et ses sécuritaires et amis de MAM, arretèrent toute collaboration en matière de terrorisme. Pendant plusieurs mois, plus rien sur les écrans provenant de Tunis sur les djihadistes. Un des grands patrons de l’anti-terrorisme français fut dépêché à Tunis, durant l’été 2007, pour essayer de calmer les esprits Et l’auteur de ce blog reçut la visite d’un grand flic, en septembre 2007, désireux d’en savoir plus sur mes relations avec Slim qui, à l’époque, faute de moyens, était domicilié chez moi. Face à une telle pression, Slim décida de suspendre « L’Audace » mais de continuer son travail de journalsite à  « Bakchich » et dans d’autres sites d’opposition. Saluons ce journaliste qui s’apprête à revenir à Tunis, une fois les multiples poursuites judiciares effacées des logiciels du ministère de l’Intérieur tunisien. « L’Audace » l’a déja précédé dans les kiosques, où le premier numéro a connu un grand succès. Le deuxième numéro est en vente aujourd’hui mardi. Nicolas BEAU nicolasbeau@blogspot.com Mardi 15/03/2011


Place des grands hommes : Zouhair Yahyaoui


C’était une belle journée, venteuse et nuageuse pour commémorer pour la première fois le sixième anniversaire de la disparition du cyber dissident Zouhair Yahyaoui…C’était un homme qui a été…Et qui est mort jeune…C’était des moments intenses avec le témoignage calme mais saisissant de son ami et journaliste Taïeb Moalla, du père engagé de ce dernier, de la mère aussi qui a eu à cacher une Sophie Piekarec accourue par conviction…C’était le contact avec une, des familles généreuses…C’était à la mémoire d’un jeune parti très tôt, blessé, meurtri, emprisonné, torturé…C’était une belle journée.


La Tunisie doit honorer sa dette


 

Cet article d’El Mouwaten a été préalablement publié surNawaat

Un article paru sur Nawaat est en faveur de l’annulation de la dette en Tunisie. Les limites de cette demande ainsi que la situation budgétaire de la Tunisie, amènent à concevoir que le pays doit payer sa dette et solliciter plutôt de nouveaux prêts pour des investissements productifs et créateurs de richesse.  

Les limites d’une demande d’annulation de dette

Depuis peu, on voit émerger des demandes émanant du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) ou d’autres groupes le soutenant, pour l’annulation de la dette « odieuse » et « illégitime ». Deux concepts qu’il convient brièvement de présenter avant de montrer les limites d’une telle demande. La dette odieuse est une dette contractée par des régimes oppressifs ou corrompus non pas pour répondre aux intérêts et aux besoins de l’Etat, mais pour leur propre usage ou pour l’achat d’armes. Une dette illégitime est une dette qui, du fait de son remboursement, ne permet pas au gouvernement concerné de mener des politiques sociales vitales pour les populations. La dictature de Mobutu au Zaïre, de l’Argentine ou le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, sont les cas les plus souvent cités.

La dette de la Tunisie ne se retrouve ni dans le premier concept, ni dans l’autre. Certes, le régime de Ben Ali était une dictature où la corruption était pratiquée. Mais il serait plus juste de préciser que l’enrichissement gargantuesque des familles proches du pouvoir était principalement le fait d’une main mise du secteur privé et dans une bien moindre mesure de la captation de certaines recettes du Trésor Public, plutôt que de l’utilisation directe de l’endettement de l’Etat. D’ailleurs, la Banque Centrale de Tunisie a annoncé fin février que les banques tunisiennes ont consacré 2,5 milliards de Dinars au financement de 182 entreprises liées à la famille du président déchu. Plusieurs membres de cette famille sont accusés d’avoir illégalement pris des participations (partielles ou entières) dans des entreprises publiques ou de s’être accaparé gratuitement des domaines appartenant à l’Etat. Ces spoliations n’ont pas nécessité un accroissement de la dette et vont être restitués, dans le droit, à l’Etat.

Cette demande d’annulation de dette peut relever d’une certaine absurdité si on devait aller au terme de sa logique. En effet, demander l’annulation de la dette parce qu’elle a été contractée sous Ben Ali, reviendrait à se séparer des différents biens publics (infrastructures, écoles, hôpitaux, éclairage…) qui ont nécessité un emprunt public pour assurer leur construction sous l’ancien régime. Néanmoins, réclamer que les avoirs des familles de Ben Ali, et il est important de pouvoir les récupérer, servent à financer le service de la dette ou à assurer des programmes d’investissement (ce qui reviendrait au même, le second évitant d’accroître le premier), est tout à fait acceptable.

La Tunisie doit honorer sa dette

Après la « crise des ciseaux » dans les années 1980, combinant les chute des prix des matières premières exportées et de l’augmentation des taux d’intérêt, et qui a conduit à une forte détérioration des finances publiques en Tunisie, le Programme d’ajustement structurel (PAS) a été proposé par le FMI. Au-delà des impacts sociaux engendrés par le PAS, qu’il conviendra d’analyser précisément, la Tunisie a fait preuve d’une grande rigueur dans la gestion de sa dette qui représente 42,9% du PIB en 2009 et avec un déficit public de 3,0%, selon les données de la Banque Centrale. Par ces observations en dessous des seuils fixés par le traité de Maastricht et à partir desquels la dette de l’Etat peut devenir insoutenable (60% pour la dette et 3,0% pour le déficit public), on admettra que la Tunisie est un pays peu endetté. De ce fait, une demande d’annulation de la dette bilatérale (de pays à pays) ou multilatérale n’est pas justifiée, au regard de la situation peu enviable de pays en développement présentant un endettement très excessif. Un investissement public nécessitant toujours un emprunt – règle s’appliquant à tous les Etats du monde – la Tunisie doit plutôt solliciter un soutien important des banques de développement. Différents outils financiers existent comme les prêts bonifiés qui permettent de faire bénéficier un pays d’un montant emprunté à faible taux d’intérêt grâce à une aide de l’Etat prêteur. D’ailleurs la Banque Africaine de Développement ou la Banque Européenne d’Investissement, que l’auteur de l’article mis en référence estime absurdement qu’elle a financé la dictature ces dernières années, ont déjà des projets de financement avec la Tunisie.

Plutôt que de demander une assistance non justifiée, qui impacterait notre crédibilité, il est primordial que la Tunisie sollicite un soutien des différents bailleurs internationaux pour assurer des projets d’investissement de moyen terme. Car ce sont précisément les nouveaux projets qui pourront générer de l’activité, donc créer des emplois et permettre – c’est une impérieuse nécessité – de remédier au malaise social qui prévaut dans les régions de l’intérieur. Un endettement maîtrisé est donc nécessaire pour construire un nouveau modèle économique en Tunisie, capable de créer de la richesse dans toutes les régions et pour tous les Tunisiens.

Slim Dali pour El Mouwaten

(Source: « El Mouaten » Le 13 mars 2011 à 19:07:20 CET )  


France 24 décolle en Tunisie


 

La « CNN française » engrange ses premiers résultats à l’occasion de la révolution du jasmin. Les premiers chiffres !

Tout chaud sorti du four à sondages TNS Sofres, le premier bilan chiffré de France 24 en Tunisie est bon ! La chaîne publique se classe à la 5e place des chaînes internationales les plus suivies par les Tunisiens interrogés*, derrière Wataniya, Al Jazeera, Hannibal, Al Arabiya. Le média français a été regardé par 57,4 % du panel, largement devant BBC Arabic (7e avec 9,5 %). France 2 se classe à la 8e place (6,1 %) et TF1 à la 13e place (2,8 %).

France 24 est surtout la chaîne qui a le plus profité des évènements en Tunisie pour se faire connaître. Ainsi, 46,9 % des personnes interrogées déclarent qu’elles ne la regardaient pas avant le début des manifestations. Al Jazeera en profite dans une moindre mesure (39,4 %). La plupart (95 %) l’ont regardée en version arabe. Voilà qui constitue pour Alain de Pouzilhac, P-DG de la chaîne, un point d’appui pour légitimer le déploiement de France 24 vingt-quatre heures sur vingt-quatre en arabe…

CNN reprend France 24 sur Kadhafi

Le public conquis va-t-il rester fidèle ? 79 % des personnes interrogées affirment qu’elles continueront à regarder France 24 et 78 % « aussi souvent qu’à présent ». Cette étude TNS Sofres est corroborée par l’institut d’audience tunisien Sigma, dont l’échantillon représentatif est bien plus élevé (7 848 individus de 10 ans et plus). En 2010, France 24 était quasi inexistante avec 0,03 % de part d’audience moyenne, contre 2,7 % pour Al Jazeera. En janvier 2011, France 24 grimpe à 3,4 %, derrière Al Jazeera (15,3 %) et Al Arabiya (4,6 %). En février 2011, France 24 poursuit son ascension avec 4,7 % de part d’audience là où Al Jazeera se tasse (12,1 %).

L’écart se réduit si l’on prend on compte la cible des leaders d’opinion : Al Jazeera reste en tête en février avec 17 %, mais France 24 revient à 13,9 % en partant de zéro en 2010. Bref, la percée est faite ! La BBC et CNN International sont inexistantes à 0,0 %… Consécration, CNN a même repris, le 9 mars, l’interview de Kadhafi réalisée par France 24. La chaîne américaine a interrogé, en direct, Catherine Norris-Trent, reporter à France 24 (version anglophone) dans l’une des principales émissions de la chaîne américaine. On aura donc vu le logo France 24 s’afficher en incrustation sur CNN… Péniblement, grâce au travail de ses reporters de terrain et en dépit des atermoiements de la tutelle concernant l’épineuse situation de Chistine Ockrent, la « CNN française » se fraie un chemin dans le monde des chaînes d’information. Bien sûr, ce n’est pas encore demain qu’on parlera de « France 24 américaine » à propos de CNN, mais il y aura un avant et un après-Tunisie pour les collaborateurs de la chaîne.

Source: “Le Point” Le15-03-2011

Lien:http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/france-24-decolle-en-tunisie-15-03-2011-1306746_52.php


 

Béji Caïd Essebsi : « Je viens informer les autorités Algériennes de la situation en Tunisie et écouter leur avis »


 

Le nouveau Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi est venu, mardi, à Alger pour  « informer les autorités de la situation en Tunisie et écouter leur avis », a-t-il déclaré, rappporte l’APS, dés son arrivée à l’aéroport d’Alger où il a été accueilli par le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel. 

« Je viens informer les autorités de la situation en Tunisie et écouter leur avis », a, ainsi fait savoir Béji Caïd Essebsi lequel a confié également, selon l’AFP, qu’il « attends avec impatience de rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika pour écouter son avis », a-t-il encore déclaré.   

« J’attends de rencontrer le président de la République, M. Abdelaziz  Bouteflika, pour tirer profit de ses orientations et points de vue et lui faire part des derniers développements de la situation en Tunisie », rapporte, par ailleurs, l’APS selon laquelle Essebsi a indiqué également que la Révolution en Tunisie avait  contribué au « renforcement de la volonté populaire, ce qui a consolidé les liens de fraternité et de coopération avec les peuples frères, notamment les peuples voisins liés par un destin commun de par les facteurs stratégiques, amicaux  et historiques qui les unissent ».    

« Le saut qualitatif opéré dans la vie des Tunisiens a engendré des données diverses sur les plans national, régional et international », a encore affirmé  M. Essebsi, considérant que les Algériens étaient les « mieux placés » pour servir  d’interlocuteurs avec lesquels il serait possible d' »opérer un échange de points  de vue », nous apprend encore l’APS.          

Il est à signaler enfin que le Premier ministre tunisien, dont c’est le premier déplacement à l’étranger depuis la révolution qui a chassé le 14 janvier le président Zine el Abedine Ben Ali, doit se rendre ensuite au Maroc après sa visite d’une journée à Alger.

Source: “Elwatan” Le 15-03-2011

Lien: http://www.elwatan.com/actualite/beji-caid-essebsi-je-viens-informer-les-autorites-algeriennes-de-la-situation-en-tunisie-et-ecouter-leur-avis-15-03-2011-116140_109.php


 

La communauté tunisienne émigrée veut s’impliquer dans la politique


 

La diaspora tunisienne est longtemps restée muette, de peur des représailles du régime. Seule une poignée de militants clamait son opposition à la dictature. Aujourd’hui, les jeunes émigrés s’investissent en masse dans la politique et veulent faire entendre leur voix depuis leur terre d’accueil.

Rafik Baraket, franco-tunisien de 32 ans, a pris sa carte dans un parti tunisien avec quelques amis, après la fuite du président Zine el Abidine Ben Ali. « C’est la révolution qui m’a fait m’engager, j’avais envie de changer la politique de mon pays », clame-t-il. Pourtant, M. Baraket n’aspire pas à retourner en Tunisie. Il milite à travers les réseaux sociaux. « La communauté tunisienne à l’étranger est un poids à faire entendre au pouvoir sur place, il y a beaucoup à faire ici. » En effet, 10 % des Tunisiens vivent à l’étranger. 600 000 sont en France et s’investissent de plus en plus dans les anciens partis de l’opposition. A Paris, la communauté bouillonne, rassemblements et initiatives politiques se multiplient.

MohamedLakhdar Ellala est membre du bureau politique d’Ettajdid à Paris. Ce parti post-communiste, légalisé en 1994, comptait quatre sièges au Parlement pendant la dictature. M. Lakhdar Ellala, qui préside aussi l’Association des Tunisiens de France (ATF), veut porter la voix des émigrés au nouveau Parlement. Soutenue par d’autres organisations, l’ATF a remis le 25 février un courrier au président de la haute commission des réformes politiques afin de demander l’introduction dans la future loi électorale du « droit de vote et d’éligibilité des Tunisiens résidant à l’étranger aux élections législatives et [du] droit de choisir, parmi eux, des représentants ».

« Les émigrés ont toujours été considérés comme une simple manne de devises, aujourd’hui nous voulons changer cela », clame Rabeh Arfaoui, également membre de l’ATF.

« PARTICIPER À LA RECONSTRUCTION DU PAYS »

L’entrée en scène de plusieurs hommes politiques binationaux a encouragé les élites expatriées à mettre leur compétences au service de la nouvelle administration, même si les plus enthousiastes se voient accusés d’opportunisme par ceux qui ont, au pays, conduit la révolution.

L’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) incite depuis vingt ans ses membres à travailler en Tunisie. Controversée pour sa passivité pendant les années de dictature, l’Atuge se défend toutefois de n’avoir jamais « roulé pour personne ». Trois des adhérents sont devenus ministres du gouvernement de transition,Mehdi Houas,Jalloul Ayed et Elyès Jouini, qui est parti dans les bagages de Mohammed Ghanouchi, le précédent premier ministre.

« Dans nos cercles d’actifs et de membres proches, nous constatons une forte volonté d’aller sur le terrain et de participer à la reconstruction du pays, surtout chez les plus jeunes », explique Maher Barboura, président de l’Atuge-France.

« TERMINER LA RÉVOLUTION » PLUTÔT QUE SE « PARTAGER LE GÂTEAU »

Pendant les vingt-trois ans de dictature, un petit nombre de militants des droits de l’homme, altermondialistes et nationalistes arabes, portait le combat contreBen Ali à bout de bras depuis la France. Dans les années 2000, ils ont été rejoints par de plus jeunes, qui diffusaient leur message sur Internet. Les associations historiques de l’émigration, comme la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), ont d’abord été le sas par lequel se sont engagés de nombreux jeunes. Elles sont désormais entourées d’une galaxie de collectifs d’étudiants désireux d’être acteurs du changement, à l’instar d’Action tunisienne, qui s’est formé le 13 janvier, la veille de la chute du régime.

Omeyya Seddik a fait le choix de retourner à Tunis, mais garde un pied à Paris pour agir aussi depuis la France. Ancien du Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) et de divers autres collectifs, opposant à Ben Ali de la première heure, il fait partie d’un groupe de Tunisiens qui constitue de fait le bureau politique du Parti démocrate progressiste (PDP) en France. Il est également membre de la FTCR, qui porte depuis longtemps les revendications des émigrés. Ces deux organisations ont toujours été opposées radicalement à M. Ben Ali. Lui et ses camarades préfèrent « terminer la révolution » plutôt que de se « partager le gâteau ». Aujourd’hui, le PDP recrute à tour de bras les jeunes militants en France, en prenant soin de dissuader ceux dont l’ambition principale serait de faire carrière.

Source: ”Le Monde” le 15-03-2011

Lien:http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/15/la-communaute-tunisienne-emigree-veut-s-impliquer-dans-la-politique_1493021_3210.html


 

Pour des Assises de l’immigration tunisienne


 

Des associations appellent à organiser les premières Assises de l’immigration tunisienne en France et dans le monde pour la rédaction d’un cahier de doléances des migrantes et des migrants tunisiens pour la défense de leurs intérêts.

Ce cahier de doléances sera présenté au nouveau pouvoir exécutif tunisien issu de la révolution du 14 janvier. L’objectif de ces assises est de collecter toutes les propositions qui seront inscrites dans le cahier de doléances des migrants tunisiens et de les adopter collectivement à l’occasion de la tenue des Assises de l’immigration tunisienne.

Parmi les associations initiatrices de cette initiative, on citera la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (Ftcr), le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (Crldht), l’Association des Tunisiens en France (Atf), l’Association des Tunisiens en France-Paris (Atf-Paris), l’Union des travailleurs immigrés Tunisiens (Utit), ainsi que de nombreux comités et collectifs.

Les initiateurs du projet appellent les Tunisiens à l’étranger à organiser des réunions dans toutes les villes et dans tous les pays où ils résident et où ils travaillent. Ils les appellent à agir par leurs écrits, réflexions, questions ou suggestions… Et à participer ainsi à alimenter le contenu du cahier de doléances.

Source : « kapitalis » Le 15-03-2011

Lien :http://www.kapitalis.com/proximite/53-societe/3080-pour-des-assises-de-limmigration-tunisienne-.html


 

La Tunisie espère atteindre la moitié de sa fréquentation


tunisien du Tourisme, a déclaré qu’il s’attendait à une année « désastreuse » pour le tourisme de la Tunisie. Si le pays accueille la moitié de sa fréquentation habituelle en 2011, ce « sera déjà pas si mal« , a-t-il ajouté, dans un entretien à l’AFP. Il précise également que le vrai défi pour la Tunisie aujourd’hui n’est pas d’augmenter les salaires, comme le demandent nombre d’employés dans le tourisme, mais « de préserver les emplois et les salaires » du secteur. Mehdi Houas exclut donc que des augmentations puissent être octroyées cette année, qualifiée par le ministre de « pire année de toute l’histoire de l’industrie touristique » tunisienne. D’autant que le pays accueillait tous les ans 2 millions de touristes libyens… Concernant la sécurité en Tunisie, il souligne qu’aucun risque n’est pris, et que le message sur « la sécurité retrouvée » n’est pas encore suffisamment passé en France, un peu plus en Allemagne. Mehdi Houas met donc l’accent sur la communication prochaine de la destination : « Le tourisme, c’est une question de perception et d’image », a-t-il exprimé. Le ministre tunisien devrait faire un passage à Lyon la semaine prochaine, pour intervenir dans le cadre de la Foire internationale de la ville.

Source : « pros-du-tourisme »  Le 15-03-2011

Lien :http://www.pros-du-tourisme.com/actualites/detail/37553/la-tunisie-espere-atteindre-la-moitie-de-sa-frequentation.html


 

Lampedusa. Claire Rodier «Ces jeunes Tunisiens sont juste assoiffés de liberté»


L’arrivée de 8 000 Tunisiens sur les côtes italiennes a réveillé le mythe de « l’invasion migratoire ». Une enquête associative, à laquelle a participé Claire Rodier, éclaire sur les motivations de ces migrants et dénonce la vision eurocentrée des pays de l’Union.

Depuis un mois, l’arrivée de 8 000 Tunisiens sur les côtes italiennes déchaîne les commentaires. Des plus catastrophistes («flux migratoires incontrôlables», selon Nicolas Sarkozy) aux plus ignobles (la députée UMP Chantal Brunel proposant de les «remettre dans des bateaux»). Aujourd’hui, c’est au tour de la patronne du Front national, Marine Le Pen, d’instrumentaliser ces arrivées en se rendant sur l’île de Lampedusa. Face à ce déferlement politique et médiatique, le Réseau euroméditerranéen des droits de l’homme a diligenté une mission d’enquête pour étudier ce phénomène. Du 19 au 26février, plusieurs associations françaises et tunisiennes se sont rendues en Tunisie et en Italie. Claire Rodier, de Migreurop, faisait partie de ces observateurs. De Zarzis à Lampedusa, elle raconte les raisons du départ des jeunes Tunisiens, les traversées tragiques et la difficile arrivée dans une Europe terrorisée par le mythe de l’invasion.

Que pensez-vous de la controverse européenne autour des questions migratoires?

Claire Rodier. Nous assistons à une surenchère du rejet qui pose la question de notre rapport à la liberté des autres. Il faut savoir ce qu’on veut: est-ce qu’on préfère la démocratie, synonyme de mobilité, ou des régimes autoritaires qui interdisent à leurs ressortissants de partir ? Le besoin d’émancipation passe aussi par la traversée des frontières, mais la Tunisie ne va pas se vider ! Il est consternant de comparer la frilosité de l’Europe pour ces 8000 personnes arrivées en Italie et son silence total sur la situation en Tunisie, où c’est par dizaines de milliers que les migrants arrivent de Libye. Sans être équipé, ce pays fait ce qu’il peut pour absorber les besoins du moment. Face à ces jeunes assoiffés de liberté, la seule réponse de l’Europe est de les traiter en agresseurs qu’il faut repousser. Cette mission a mis en lumière une vision extrêmement eurocentrée de la Méditerranée. Considérée comme une barrière ici, elle est vue comme un espace de partage du côté tunisien.

Beaucoup de rumeurs ont circulé sur les migrants de Lampedusa.Avez-vous réussi à en savoir plus sur eux?

Claire Rodier. Ce sont tous des jeunes, la moyenne a entre 20 et 35 ans, essentiellement des hommes. Des rumeurs persistantes affirmaient qu’ils avaient été manipulés, envoyés par le clan Ben Ali ou la Libye pour déstabiliser le gouvernement transitoire tunisien. Aucun élément n’a confirmé cette thèse. Personne ne s’est dit contre-révolutionnaire. Beaucoup de ces jeunes venaient de la région de Zarzis, dans le Sud tunisien, ils se connaissaient, habitaient les mêmes quartiers et étaient tous poussés par les mêmes motivations. Ce ne sont pas les plus miséreux qui partent. Beaucoup travaillaient ou étaient saisonniers et se sont retrouvés au chômage faute de touristes. Ils voulaient aller voir ailleurs, pas forcément de manière définitive. La plupart souhaitaient partir depuis longtemps, mais ne pouvaient pas à cause des contrôles et, surtout, du prix des visas (12000 dinars, 6 000 euros à cause de la corruption). Le prix du passage était de 2 000 dinars, donc ils ont profité de l’opportunité et d’un concours de circonstance avec la disparition de la police et des contrôles frontaliers. Il y a eu aussi quelques départs spontanés. On a retrouvé en Calabre des jeunes partis sur un coup de tête. Quatre d’entre eux ont demandé à rentrer en Tunisie. 

Lors de la traversée, l’un des bateaux, le Liberté 302, a chaviré. Certains ont parlé d’une attaque volontaire des garde-côtes tunisiens. Avez-vous pu enquêter sur ce naufrage?

Claire Rodier. Nous avons recueilli beaucoup d’éléments, la thèse d’une attaque volontaire n’est pas vérifiée. Il s’agirait plutôt d’une manœuvre involontaire de la marine tunisienne. Elle a percuté ce bateau et il s’est cassé en deux. Il y avait 115 personnes à bord. On a retrouvé les corps de huit noyés et il reste environ 25 disparus. Ce qui est certain, en revanche, c’est que toute diligence n’a pas été de mise pour sauver les gens. Les rescapés disent que les secours ont mis énormément de temps à arriver et que les garde-côtes tunisiens n’étaient pas du tout pressés de lancer les bouées et les gilets de sauvetage. Sur les quatre petits Zodiacs à bord du bateau de la marine, un seul a été mis à flot. Une semaine après le drame, il n’y avait eu aucun contact des autorités avec les familles des victimes et les rescapés, personne d’interrogé, pas d’enquête déclenchée. 

Quelle sera la politique migratoirede la nouvelle Tunisie?

Claire Rodier. Le représentant du ministère de l’Intérieur nous a laissé entendre qu’elle pourrait être dans la continuité. L’accord italo-tunisien sur les questions migratoires pourrait être renégocié, pas dans un sens plus favorable aux migrants mais avec plus d’exigences de la Tunisie pour les contreparties (aide au développement, visas, etc.).

Une arrivée massive de migrants en Europe est-elle plausible ?

Claire Rodier. Je ne vois pas sur quelle base on peut prédire des arrivées massives. L’OIM (Organisation internationale des migrations) a parlé de 1,5million de migrants en Libye. Ça a été interprété comme si 1,5million d’entre eux allaient venir en Europe, mais les étrangers de Libye n’ont pas comme premier souci de venir en Europe! Qu’ils soient égyptiens ou tunisiens, la plupart aspirent à rentrer chez eux. Quant aux autres, ceux qui ont besoin de protection, je ne trouverais pas choquant que l’Europe les accueille, plutôt que de les redouter!

Source : « L’humanite » Le 15-03-2011

Lien :http://www.humanite.fr/14_03_2011-lampedusa-claire-rodier-%C2%ABces-jeunes-tunisiens-sont-juste-assoiff%C3%A9s-de-libert%C3%A9%C2%BB-467469


 

Tunisie : Une nouvelle usine d’une valeur de 500 MDT

La société belge 3B Fibreglass envisage, selon l’agence TAP, d’investir 230 millions de dinars en Tunisie. La société prévoit de réaliser une unité de production de fibres de verre à Bouargoub (gouvernorat de Nabeul), qui emploiera 5000 personnes. L’idée de ce projet a été lancée il y a 6 mois, mais en raison du retard de la régularisation de la situation du terrain sur lequel sera bâtie l’usine, le projet trouve du mal à démarrer. « Le document, relatif au changement de la vocation agricole du terrain de 20 hectares, est indispensable pour l’obtention du permis de bâtir et partant le démarrage des travaux de construction » a déclaré M. Marc Segers, représentant de 3B Fibreglass à la TAP. Interrogé sur sa position des événements qu’a vécus le pays depuis la révolution du 14 janvier, le représentant de la société s’est déclaré compréhensif. Pour lui, cette révolution constitue une opportunité pour développer l’investissement et promouvoir un environnement sain des affaires. Il a déclaré, dans le même cadre, que la société n’envisage pas de délocaliser le projet vers un autre pays, et ce même si le projet a été adopté par le haut comité pour les grands projets, dissous après le 14 janvier. Une fois réalisée, l’unité dont les investissements atteindront 500 millions de dinars à l’achèvement du projet, sera classée troisième à l’échelle mondiale, selon les responsables de 3B Fibreglass

Source: “Business News” Le 15-03-2011

Lien:http://www.businessnews.com.tn/Tunisie–Une-nouvelle-usine-d%E2%80%99une-valeur-de-500-MDT,520,23941,1


 

Tunisie, Egypte, Libye: fantasmes et réalités


Il faudrait en finir avec un fantasme européen, et particulièrement français, qui prend une ampleur inconsidérée: la menace d’un vaste flux migratoire vers l’Europe (et la France) qui serait la conséquence des révolutions d’outre Méditerranée. Et pour donner plus de consistance à ce fantasme, Nicolas Sarkozy décide d’ouvrir un débat sur l’islam tout en essayant, dans le même temps, de rallier l’électorat catholique! La ficelle est grosse…

Il y a une différence entre les réfugiés (politiques ou craignant pour leur sécurité) et les immigrés poussés par la misère et l’espoir d’avoir du travail en Europe. Il existera toujours une immigration de la misère, contrôlée ou pas, qui comprend aujourd’hui beaucoup plus de  populations d’Afghanistan, du Kurdistan et de l’Afrique sub-saharienne que de Tunisie, d’Egypte, qui se sont insurgées, et même de Lybie qui combattent encore pour plus de liberté, pour plus de justice et pour plus de démocratie. Il serait stupide de croire que les Tunisiens, les Egyptiens, les Libyens se sont battus ou se battent encore pour, une fois la dictature vaincue, émigrer en masse vers l’Europe !… C’est pourtant ce que clame Kadhafi, dans son dernier appel, en prévenant les Européens que des vagues successives d’immigrés vont venir les envahir, jouant sur leur peur panique, ce que fait d’ailleurs le Front National : Kadhafi et Marine Le Pen, même combat ou alliance objective ?…

Un autre fantasme auquel il faudrait mettre fin est «islam = soumission». Lorsque le philosophe français, de confession musulmane, Abdennour Bidar publia «L’islam sans soumission», il fut brocardé par nombre de commentateurs et observateurs  «autorisés» (on pense à toi, Coluche…). Et que constatons-nous chez ces peuples qui se sont libérés ou qui luttent encore?… L’appropriation de la religion  par l’individu, dans sa sphère privée et le refus que cette religion dicte les lois qui régissent l’espace public. Il y a là plus que des effluves de laïcité…

Enfin le fantasme de certains de nos «grands-penseurs-médiatiques», par exemple Bernard-Henri Lévy qui demandait, il y a peu, aux musulmans de faire le ménage chez eux, d’abord, avant d’avoir une chance de débattre avec lui. Ayant été pris de court par la révolution tunisienne, il s’est rattrapé depuis… A présent, il est l’interprète, auprès des journalistes, des pensées de Nicolas Sarkozy à l’issue de l’entretien de ce dernier avec les représentants du Conseil National Libyen à l’Elysée… Les grands-penseurs-médiatiques se rendent toujours indispensables au pouvoir en place, quel qu’il soit.

Cette «pipolisation» de la politique, caractéristique de la gouvernance de l’actuel Président de la République, a conforté certains de ces «g-p-m» dans leur attitude prétentieuse et parfois ridicule: par exemple, quand le même Bernard-Henri Lévy prétend aider les insurgés de la place Tahrir en leur posant des questions, via son Bloc-notes, dont celle-ci: «La première de ces questions est celle des retombées du mouvement: quid, pour continuer sur le mode sartrien, d’un groupe en fusion qui rechute dans le pratico-inerte?…»

Troublé par cette interrogation  très germano-pratine, je l’ai lue par téléphone à un de mes amis égyptiens, francophone, un de ceux qui ont résisté  place Tahrir. Pour toute réponse, j’eus d’abord un rire énorme suivi de «Il est complètement à côté de la plaque!… Nous voulons la liberté, la justice sociale et la démocratie chez nous, en Egypte et nous lutterons jusqu’à ce que nous l’obtenions!…» On ne peut être plus clair.

La réalité, c’est aussi la révolte courageuse des Libyens à l’est du pays qui combattent vaillamment, avec un armement dérisoire, les armes lourdes et les bombardements aériens de l’armée de Khadafi, pour combien de temps encore? La communauté internationale s’est «émue» et condamne le massacre du peuple libyen par son propre «guide suprême»… La France reconnaît le Conseil national libyen comme seul représentant de la Libye… Et après? Des propositions ont été faites, mais elles ne sont pas encore retenues. Pendant ce temps là, les troupes de Kadhafi, puissamment armées, progressent vers Benghazi en détruisant toute vie sur leur passage. La majorité des observateurs «autorisés» affirment que Kadhafi est à jamais discrédité, qu’il est sous la menace d’un procès pour crime contre l’humanité et que ses jours sont comptés… Certes, mais sommes-nous certains que le temps et l’atonie de la communauté internationale ne jouent pas en sa faveur, d’autant que l’effroyable catastrophe au Japon et en France les cantonales, les 23 % au premier tour de Marine Le Pen, le «viendra-viendra pas» de DSK, la hausse des carburants, le recours de Johny Halliday au Conseil de l’Ordre des Médecins sont autant de strates qui risquent, à divers titres, de réduire sensiblement l’intérêt que portent la communauté internationale et, en particulier les Français, aux Libyens qui se battent pour leur liberté ?…    

Ben Ali était corrompu, il est parti sans demander son reste (avec semble-t-il de fortes compensations financières…), Moubarak, bien que dictateur, avait quand même un certain sens de l’Etat. Devant l’évidence de la situation et la pression de l’armée, il a cédé la place. Mais Kadhafi, c’est une toute autre affaire : seul le pouvoir absolu l’intéresse et pour le garder, il est prêt à massacrer son peuple, c’est d’ailleurs ce qu’il fait actuellement.   

Que le gouvernement français soit tenu par des considérations et arguties diplomatiques, que la droite soit plus intéressée par l’après Sarkozy que par le sort des Libyens, mais la gauche, quelle aide pense-t-elle apporter à ce peuple qui combat, à armes inégales, pour sa liberté et pour que la démocratie soit une réalité en Libye ?

Source : « Mediapart » Le 15-03-20011

Lien :http://blogs.mediapart.fr/edition/revolutions-dans-le-monde-arabe/article/140311/tunisie-egypte-libye-fantasmes-et-realit


 

Kadhafi toujours solide au poste: la Tunisie est-elle menacée ?


 

On pensait que c’était la fin d’un règne long de 42 ans. On l’avait enterré trop vite ce Kadhafi, qui tient tête au monde entier.

Et face à la passivité de la communauté internationale, le leader libyen est bien en train de parvenir à ses fins en gagnant du temps. Un temps précieux qui lui a permis de renverser la tendance puisque les villes prises par les révolutionnaires, sont en train d’être reprises, une à une, par les troupes fidèles à Kadhafi.

Comment résister face à la supériorité militaire des pro-Kadhafi quand ces révolutionnaires n’ont que leur courage à opposer.

Ce retour de manivelle est effectif sur le terrain. Après Zawiyah, ville de 250.000 habitants à 40 km à l’ouest de Tripoli, Ben Jawad et Ras Lanouf, c’est au tour de la ville de Zouara d’être attaquée par les milices fidèles au dictateur libyen. Lundi 14 mars 2011, cette ville côtière de 40.000 habitants, située à 120 km à l’ouest de Tripoli, mais aussi à quelques dizaines de kilomètres de la frontière tunisienne a été le théâtre d’affrontements. Et même si les révolutionnaires résistent encore, la question est de savoir jusqu’à quand vont-ils tenir face aux infiltrations des services de renseignements libyens ?

Reste une autre menace à prendre au sérieux : les combats se rapprochent dangereusement de la frontière tunisienne. De quoi susciter la peur et la panique au sein des populations tunisiennes. De quoi surtout déstabiliser l’économie de toute une région déjà fragilisée par la conjoncture tunisienne.

Une guerre civile libyenne qui déborderait sur la Tunisie pourrait faire exploser une situation déjà critique avec ces plus de 100.000 réfugiés venus de Libye et cantonnés à Ras Jedir.

Kadhafi a-t-il déjà prévu d’embraser toute la région ? Ça en a tout l’air !

Source:”Webdo” le 15-03-2011

Lien:http://www.webdo.tn/2011/03/15/kadhafi-toujours-solide-au-poste-la-tunisie-est-elle-menacee/


 

Tunisie : Quand Slim Chaker se transforme en « reporter »


 

Une première en Tunisie, un ministre se transforme en reporter pour faire vivre à ses amis sur faceboook son passage dans le sud tunisien. Conscient de l’importance que revêt une bonne communication via les réseaux sociaux, M. Slim Chaker, secrétaire d’Etat chargé du tourisme,  vient de relater ses 24 heures passées à Djerba et Ras Jedir en usant du pouvoir du réseau social Facebook. « Le reporter » Slim Chaker a commencé à raconter son périple dès son arrivée à Djerba où il publie une première note Facebook intitulée « De Djerba »: « Bonsoir les amis, Je suis arrivé cet après-midi à 16 heures à Djerba pour une conférence de presse avec une vingtaine de journalistes anglais. En arrivant à l’aéroport, je suis tombé sur Docteur Sofien Kallel et son équipe de médecins bénévoles s’occupant des réfugiés sur la frontière tuniso-libyenne. En discutant avec eux, j’ai pu constater l’excellent travail réalisé par les équipes d’intervention : médecins, employés de Tunisair, responsables aéroport, etc… Une réunion improvisée s’est alors tenue dans le café de l’aéroport ; je leur ai demandé de me faire part de leur expérience et également des moyens qu’on pourrait fournir pour leur faciliter la tâche. Les principales demandes étaient les suivantes : – Augmenter le nombre de machines de nettoyage dans l’aéroport. – Renforcer les équipes chargées du nettoyage. – Renforcer le nombre de médecins hygiénistes. – Renforcer l’équipe de Tunisair. – Renforcer le réseau internet au sein du camp des réfugiés, car toutes les ONG travaillent là-bas. J’ai appelé mes collègues (Ministres du transport, de la télécommunication, etc…) pour leur communiquer l’info, ils ont déjà commencé à travailler pour améliorer la situation. » Une fois la conférence de presse terminée, le secrétaire d’Etat au tourisme explique la prochaine étape dans une note dont le titre est « Encore de Djerba ». «Cher(e)s ami(e)s, Je viens de terminer la conférence de presse avec les journalistes britanniques, ils sont ravis de ce qui se passe en Tunisie. Je ne pouvais franchement pas monter dormir en me sachant à quelques kilomètres de ce qui se passe à nos frontières, alors je les ai invités à y aller immédiatement avec moi; nous venons de monter dans les bus, nous serons au camp des réfugiés dans 1h30 de temps. Mon objectif est de leur montrer notre Tunisie courageuse qui s’ouvre à tout le monde et se porte au secours de tous ; qu’ils rencontrent ces tunisiens militants, généreux, civilisés et amicaux, qui donnent une image attirante de notre pays, bien différente de celle qu’ils ont vue récemment dans les médias! Je vous tiens au courant de la suite… » A son arrivée à Ras Jdir, M. Slim Chaker ne manque pas de poster quelques lignes pour décrire la situation dans une note intitulée « Frontière Sud ». « On vient d’arriver ; les tentes à perte de vue sont relativement calmes, les réfugiés dorment. Beaucoup d’autres sont en train d’arriver ; l’ordre et la sécurité règnent. Une mobilisation impressionnante de la population tunisienne toutes catégories confondues pour aider sur place. Nous entrons dans les tentes des ONG pour avoir de meilleures explications de ce qui se passe. J’entends les anglais qui sont avec moi parler entre eux : ils sont impressionnés ; vous ne pouvez imaginer ma fierté et mon émotion d’appartenir à ce peuple d’une force inqualifiable. Nous avons avec nous la TV irlandaise qui filme tout ; la Tunisie est en train d’entrer par la grande porte dans la cour des grandes nations! J’essaierai d’avoir quelques commentaires à la fin pour pouvoir vous les communiquer. » Enfin comme promis, M. Slim Chaker ne manque pas de revenir, une dernière fois, à la charge pour nous faire part des commentaires et feedback des amis anglais dans une dernière note intitulée « Back to Tunis ». « Je viens de rentrer de Djerba. La nuit fut longue. Mais plus que bénéfique. Avant de partir vers les camps, les journalistes devaient parler de la Tunisie en termes de « soleil, plages, golf, … Allez-y pour vos vacances ! » Maintenant, ils sont prêts à se battre pour un autre aspect de la Tunisie qu’ils ont découvert hier soir (NDLR: dimanche 13 mars 2011); et je crois que c’est ce que nous voulions; Faire de notre tourisme un tourisme à la fois culturel, historique, solidaire, citoyen, … Je vous cite quelques commentaires, qui, je suis sûr, vous feront plaisir: « Humbling. To witness people give up their lives to help is awsome. If I were Tunisian I would be very proud  » (Gary Jacobs – Fox Kalomaski) « Great to see the youth of Tunisia working so hard for such a good cause » (Wayne Evans – Travel Ambassador) « It made me see Tunisia in a different way. In a way that I was able to relate more to the Tunisian people and really witness how welcoming and hospitable Tunisians are » (Rachel Clegg – Sheffield Star) C’est motivant, mais n’oublions pas qu’il nous reste beaucoup à faire ! »

Source : « Espace Manager » Le 15-03-2011

Lien :http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-quand-slim-chaker-se-transforme-en-reporter.html


 

Cherche homme d’Etat pour la Tunisie d’aujourd’hui


 

L’auteur, éditeur du magazine ‘‘00216’’, brosse une sorte de portrait-robot de l’homme d’Etat dont la Tunisie a vivement besoin aujourd’hui. Cet homme (ou femme) providentiel (le) existe-t-il (elle)?

En Tunisie, le nombre de partis politiques augmente de semaine en semaine si bien que l’on en compte déjà près de 50. Au rythme actuel, tout laisse croire que notre pays comptera au moins une centaine de nouveaux partis au soir du 24 juillet prochain, date de l’élection de l’Assemblée constituante.

Certes, on est loin du record mondial des 400 partis de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), mais on peut légitimement se demander si cette pléthore d’acteurs est un indicateur de bonne évolution démocratique! Diversité des partis égale richesse démocratique? Pas si sûr!

Leaders ou entrepreneurs politique?

Rappelons cette évidence: une démocratie digne de ce nom repose sur deux conditions de départ. Et d’abord, un peuple disposé et des hommes politiques aptes à gouverner. Si la révolution a montré que la conscience politique du peuple tunisien n’était pas un rêve, l’émergence d’une classe politique prête et apte à gouverner est loin d’être acquise.

Aujourd’hui, on recense surtout des entrepreneurs de la politique qui, à défaut de programmes, communiquent sur leurs ambitions partisanes. Ceci fait d’eux des chefs de leur parti, mais reste insuffisant pour faire d’eux des leaders politiques et, assurément, presque tous n’ont pas, pour l’instant, la stature d’hommes d’Etat, à même de remplir avec brio des fonctions au sommet de l’État.

Il y a donc péril en la demeure! Entre la fonction de président (et son cabinet), de députés (et leurs cabinets), de ministres (et leurs cabinets), de gouverneurs, de maires…, le pays doit pouvoir compter rapidement sur 5.000 élus aptes au service et une cinquantaine d’hommes d’Etat pour occuper les fonctions suprêmes (président, Premier ministre, président de l’assemblée, ministres…). Pour cette dernière catégorie, les risques de pénurie sont aujourd’hui réels!

Pour vous persuader que les candidats ne sont pas légions, nous vous invitons à appliquer la grille de lecture suivante aux personnalités de votre choix qui composent l’échiquier politique actuel en Tunisie. Et jugez-en vous-mêmes…

Rassembleur

A la différence d’un politicien, l’homme d’Etat s’inscrit en permanence dans l’action et dans la responsabilité face aux grands enjeux de tout un pays et de tout un peuple. Il est naturellement au-dessus des divisions partisanes pour rechercher le seul bien commun et l’intérêt national. Dans le contexte actuel de la Tunisie, il est celui qui fera l’unanimité nationale car il aura trouvé les actes et le discours pour parler à tous les Tunisiens et les rassembler en vue des impératifs de construction.

Exemplaire

S’il veut que son peuple le suive, il doit se montrer exemplaire et servir de «bouclier moral» à l’ensemble de son gouvernement. Dans le contexte tunisien, il doit écarter en permanence tout soupçon de corruption pour lui-même et ses proches, pour ne pas rappeler au peuple des pratiques passées qu’il espère révolues. L’engagement permanent (et opposable) de transparence sur son patrimoine personnel et celui de ses proches est un acte digne d’un homme d’Etat.

Charismatique

Selon Richard Nixon, «le politicien suit le peuple alors que le peuple suit l’homme d’Etat ». Il est dans nos traditions qu’un homme d’Etat s’impose d’abord par sa sagesse et sa capacité à protéger et préserver la nation (image du père). Pour ce faire, il doit procéder en permanence à des arbitrages avisés entre, d’une part, les nécessités d’ordre et de paix sociale, et d’autre part, les impératifs de construction économique et sociale… La maîtrise d’une communication politique moderne, loin de tout populisme et toute démagogie, est incontournable.

Courageux

Qualité par excellence d’un homme d’Etat et d’un responsable politique! Face aux nombreuses contrariétés qui attendent notre pays en construction, il doit montrer sa capacité à résister et prendre ses distances par rapport aux pressions extérieures (lobbies, conjoncture internationale…) ou intérieures (opinion publique…). Qu’il soit au sommet de l’Etat ou député, il sait qu’il tire toute sa légitimité de son élection (et non pas de ses actions). Ce courage politique ne signifie pas pour autant fermeté. Sur ce point, par sa personnalité et sa stratégie, l’homme d’Etat doit s’aménager des ouvertures permanentes avec le peuple.

Volontaire

Les enjeux qui attendent la Tunisie sont considérables. Il faudra éteindre rapidement la pression sociale tout en construisant la Tunisie de demain. Les embuches et les forces contraires ne manqueront pas d’annihiler voire décourager la volonté politique de réformes.

L’homme d’Etat doit s’engager en toute transparence et sans populisme sur une feuille de route claire. Par son action, il doit incarner le dynamisme, l’ambition et la détermination du pays. Par exemple, considérant le marasme de notre tourisme et de notre commerce, il ne doit pas rechigner à s’imposer comme le premier VRP (commercial) du pays à l’étranger.

Lucide et indépendant

Il n’y a pas de bonne politique sans un bon état des lieux préalable. Pour cette phase cruciale de diagnostic et de prise de décision, un homme d’Etat doit savoir s’entourer d’experts indépendants (par rapport aux lobbies…) et fiables.

Néanmoins, il doit prendre garde de ne pas se placer sous influences. Par son cursus et son parcours personnels, il doit avoir les moyens de comprendre directement toute situation et être à même de rendre en toute souveraineté les arbitrages et les décisions optimales.

Est-ce vous voyez, chers lecteurs, dans les offres de service de la scène politique tunisienne actuelle, des hommes (ou des femmes) dotés de toutes ces qualités?

Source : « Kapitalis » Le 15-03-2011

Lien :http://kapitalis.com/fokus/62-national/3079-cherche-homme-detat-pour-la-tunisie-daujourdhui.html


 

Impact de la révolution libyenne sur l’économie tunisienne


 

Pas de chiffres exacts sur l’ampleur des pertes commerciales enregistrées par la Tunisie depuis le déclenchement de la révolution en Libye. Toutefois et d’après les informations recueillies par nos confrères d’Almasdar.tnauprès de la Chambre de commerce tuniso-libyenne, on les évaluerait à un peu moins de 100 MDT par mois vu que les exportations tunisiennes s’élèvent à 1.000 MDT par an.

1.200 entreprises tunisiennes exportent sur la Libye, la plupart opèrent dans le secteur de l’artisanat. Une quarantaine d’entreprises tunisiennes opérant dans l’agroalimentaire, travaux publics et de bâtiments se sont carrément implantées sur le sol libyen au vu des multiples projets lancés dans ce pays ces dernières années.

La Tunisie perd aussi son pourvoyeur en produit pétrochimiques et autres matières premières. L’année dernière, le volume des importations libyennes s’est élevé à 406 MDT, constituées essentiellement des produits pétroliers.

Pour l’instant, le niveau d’échanges entre les deux pays est inexistant, des groupes tels que Poulina, Slama et Hamrouni ont vu leurs activités réduites à zéro. D’un autre côté, la Tunisie est aujourd’hui privée de près de 1,5 million de touristes libyens qui s’y rendent soit pour des activités touristiques classiques ou dans le cadre du tourisme médical.

Pour faire le point sur la situation des échanges entre les deux pays et l’avenir des entreprises opérant sur les marchés tunisien et libyen, une réunion de travail se tient ce mardi 15 mars au siège de l’UTICA en présence d’investisseurs tunisiens et de représentants d’entreprises libyennes ainsi que des représentants des ministères tunisiens du Commerce, des Affaires sociales et de l’Industrie.

Source: “wmc” le 15-03-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-103277-impact-de-la-revolution-libyenne-sur-l-economie-tunisienne


 

Le rappeur « El General » et les chanteurs de la révolution tunisienne à Lyon. Interview exclusive


 

Figure emblématique de la révolution tunisienne, le célèbre rappeur, « El General », de son vrai nom Hamada Ben Aoun surfe désormais sur la vague du succès. Ses textes à charge contre l’ancien régime tunisien sont devenus de véritables hymnes populaires. Entonnant des rap corrosifs, il a surement donné un élan à cette révolution, portée par la jeunesse tunisienne. Une jeunesse d’autant plus touchée par son courage que ce jeune rappeur de 22 ans a été emprisonné – (6 janvier 2011) – par le pouvoir, peu avant la fuite de l’ex-président Ben Ali. Aujourd’hui, libre, il est invité à chanter ses rap. Il sera à Lyon le 18 février prochain pour une soirée de solidarité au peuple tunisien, en compagnie d’autres chanteurs révolutionnaires à l’image d’Emel Mathlouthi, de Shooma ou encore de Bendir Man. Entretien.

Alors que certains rappeurs s’étaient affiliés au régime politique du président déchu, vous n’avez jamais souhaité entrer dans ce « cadre » pour « percer ». Quelles étaient vos motivations ?

Moi, ce qui m’a motivé c’est tous simplement l’amour que j’ai pour mon pays. Je ne pouvais pas me taire devant ce qu’il subissait. Cette situation n’était pas celle que je voulais pour lui. J’ai toujours été un révolutionnaire dans le sang, c’est dans mon caractère. Je suis pour un rap engagé, j’ai toujours été pour le rap révolutionnaire. Pour moi, c’est cela le vrai rap. Le rap franc qui ose dire les vérités qui dérangent.

Depuis 2008, je rappe sur la politique, à mes dépens, car en Tunisie, c’était strictement interdit. Moi, je ne suis pas intéressé par le rap « commercial ». Je ne veux pas me faire de l’argent. Je veux juste m’exprimer librement et dire haut et fort tout ce qui ne va pas.

Dans le titre « Rayes El bled », vous vous adressez, au nom du peuple tunisien, à l’ex-président Ben Ali. En vous mettant en porte-voix de la critique sociale et politique, n’avez pas vous craint pas pour votre vie et celle de votre famille. Était-ce un risque à prendre ?

Sincèrement, je vais vous le dire comme je le pense, la Tunisie, à mes yeux, est plus chère que ma propre vie et que tout le reste. Le principal, c’est que ma parole soit entendue. Je n’ai pas eu peur, il est vrai que j’ai pris beaucoup de risque avec ce titre, mais j’ai assumé jusqu’au bout. Je n’ai jamais reculé, et si c’était à refaire, je le referais.

Vos rap ont été en quelque sorte des chants révolutionnaires d’un nouveau genre qui ont poussé les tunisiens à se soulever. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne peux pas dire que mon rap a « poussé les tunisiens à se soulever », c’est le peuple lui même qui devrait nous le dire et répondre à cette question. Moi, mon rap est destiné à tout le monde. A nos jeunes, à nos parents, à nos grands-parents. Ils aiment mon rap car ils se reconnaissent dans mes paroles. Je touche le cœur du peuple car je suis comme lui, je suis comme tout le monde. Je parle de mon peuple, et je rap pour mon peuple.

Maintenant que Ben Ali est parti, serez-vous autant inspiré qu’avant ?

J’ai toujours été rappeur. Avant déjà, je parlais quand personne n’osait parler. Je vais continuer dans ce rap franc et non pas dans le rap « commercial ». Je vais continuer à parler des problèmes que certains vivent. Vous savez, cette révolution n’est pas encore finie, nous ne sommes qu’au début, ce n’est pas en 2 mois et quelques jours que tout va changer. On aimerait bien mais non, ce n’est pas la réalité et il faut le comprendre et l’accepter. Le pays n’a pas encore changé. Tout n’est pas rentré dans l’ordre, les vieilles habitudes non pas encore réellement disparues. Je vais continuer à parler de « politique », mais pas seulement de la politique arabe, je vais aussi parler de l’Europe, des États-Unis mais aussi d’Israël… et surtout de l’alliance américaine et israélienne, et de leur façon de se jouer de nous.

Vous êtes invité à faire des concerts un peu partout dans le monde ? Espérez-vous ouvrir la voix au rap tunisien ?

Bien sûr que je souhaite faire connaître le rap tunisien à travers le monde. Aujourd’hui, El Général a réussi à faire connaître le rap tunisien dans le monde. Avant, certaines personnes ne connaissaient pas la Tunisie, mais connaissait mon rap. A l’inverse, certaines personnes ne savaient même pas que le rap tunisien existait car les rappeurs ont tellement été étouffés par la dictature en place. Une dictature qui faisait tout pour éviter que l’on entende leurs voix. C’est mon devoir de faire découvrir au monde le rap Tunisien. Il faut qu’il ait une réelle « valeur » et de la crédibilité, tout comme le rap français, ou encore le rap US. Nous disposons de toutes les ressources nécessaires, nous avons les connaissances du rap, des paroles justes, les rythmes, les voix et surtout les talents. Je vais continuer à représenter le rap tunisien pour que nos autres rappeurs tunisiens puissent aussi percer.

Que pensez vous du nouveau gouvernement de transition et pensez vous que la Tunisie est dans la bonne voie ?

A l’heure d’aujourd’hui, nous ne pouvons pas encore donner d’avis sur le nouveau gouvernement de transition. La prise de fonction des nouveaux dirigeants est encore trop récente, cela ne fait pas si longtemps que nous sommes à nouveau « libre ». Il n’y a pas encore eu de grands changements. Nous, nous sommes avec le gouvernement de transition, nous le soutenons. S’il aide le pays, nous serons avec lui, mais s’il fait le contraire, nous ne l’accepterons pas, et il partira à son tour.

Pour finir, quelques mots sur votre prochain concert de solidarité au peuple tunisien prévu le 18 mars à Lyon ?

Les chanteurs qui seront à mes côtés sont : Bendir man, Shooma, Emel Mathlouthi, ainsi que Dj a’med et dj Ali. Ce sont tous de grands talents tunisiens et de grands artistes. Tous les bénéfices seront pour la Tunisie. C’est une façon pour nous de soutenir financièrement la Tunisie, car ne l’oublions pas, notre pays a longtemps été victime de la corruption. C’est un devoir d’aider notre pays. Il faut que nous soyons tous « EL YED FEL YED » (main dans la main, en arabe) pour reconstruire notre pays, et pour qu’il soit encore meilleur qu’avant.

Source : « med-in-Marseille » Le 15-03-2011

Lien :http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article1323


 

Tunisie – Médias: Le JT de 20h sauve l’audience d’AlWatania1


 

Selon les résultats de l’enquête médias de Sigma conseil pour la première quinzaine du mois de mars 2011, Alwataniya(1) arrive largement en-tête de l’audience télé, avec 46,8% grâce au JT de 20h00. Les chaînes privées tunisiennes occuperaient, respectivement, à la 2ème place pour Hannibal TV avec 22,1% et à la 4ème place pour NessmaTV avec 12,3% de taux d’audience par chaîne TV.

Source: “wmc” le 15-03-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-103305-tunisie-medias-le-jt-de-20h-sauve-l-audience-d-alwatania1


 

Kamel el-Taïef

Tunisie: « Tout passait par Leïla Trabelsi »


 

Conseiller de l’ombre, Kamel el-Taïef avait joué un rôle clef lors de la prise du pouvoir de l’ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, avant de se brouiller avec lui. Voici son récit.

La politique est la passion préférée de Kamel el-Taïef. Ce chef d’entreprise, qui a hérité de son père une société de BTP, est avant tout un homme de réseaux et un conseiller de l’ombre. Il est à l’origine de l’ascension de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, comme lui originaire de Hammam Sousse, et fut l’un des instigateurs du « coup d’Etat médical » du 7 novembre 1987, puis de la politique d’ouverture des débuts, à la fin des années 1980. Il est tombé en disgrâce lorsque Ben Ali a choisi de divorcer pour épouser Leïla Trabelsi, contre laquelle il l’avait mis en garde. L’interview qui suit constitue un témoignage direct notamment sur les conditions dans lesquelles Ben Ali a renversé Habib Bourguiba en 1987. Proche du Premier ministre Béji Caïd Essebsi, Kamel el-Taïef a retrouvé depuis peu les effluves de la politique. 

Comment avez-vous fait la connaissance de Ben Ali ?

Je l’ai rencontré en 1978 par l’intermédiaire d’un ami qui était alors le chef d’état-major de l’armée, Abdelhamid Escheikh. Il me l’a présenté. Nous sommes tous les deux originaires de la même ville, Hammam Sousse. 

Pourquoi avez-vous choisi de le parrainer ?

Dans les années 1980, le principal problème de la Tunisie était celui de la sécurité. Ben Ali était un homme sérieux, gros travailleur. Et surtout un bon professionnel de la sécurité. Au moment de la « révolte du pain », en 1984, il était en poste à l’ambassade de Tunisie à Varsovie. Je suis allé voir le Premier ministre de l’époque, Mohamed Mzali, que je connaissais bien, et je lui ai dit qu’il lui fallait quelqu’un qui soit capable de gérer la situation. Je lui ai suggéré de rappeler Ben Ali, ce qu’il a fait. Il l’a nommé chef de la Sûreté nationale. Par la suite, il est devenu secrétaire d’Etat puis ministre de l’Intérieur, et Premier ministre, le 2 octobre 1987. 

Avait-il les qualités politiques requises ?

Non. Sur ce plan, il était limité. 

Comment avez-vous décidé de renverser Bourguiba ?

Quelques jours seulement après la nomination de Ben Ali à la tête du gouvernement, l’entourage de Bourguiba est entré en conflit avec lui. Ils ont réussi à convaincre le vieux président de nommer Mohamed Sayah à sa place. Un soir, la nièce de Bourguiba, Saïda Sassi, qui s’occupait de son oncle depuis le départ de son épouse, Wassila, est passée chez Ben Ali. Elle lui a révélé qu’il allait être limogé. Dès qu’elle est partie, Ben Ali m’a téléphoné. Il a aussi appelé Hédi Baccouche, alors ministre des Affaires sociales, ainsi que Mohamed Choukri, qui était à l’époque, au ministère de l’Intérieur, chargé de suivre pour son compte les activités de Saïda Sassi, et Habib Ammar, le commandant de la garde nationale. Nous nous sommes tous retrouvés chez Ben Ali un peu avant minuit. Je lui ai dit ce que je pensais, à savoir que Bourguiba n’était plus en mesure d’assurer ses fonctions de chef de l’Etat, que le pouvoir était à ramasser et qu’il fallait le prendre. La situation était grave. Il était Premier ministre et ministre de l’Intérieur, il était donc l’homme idoine. Habib Ammar était prêt à faire ce qu’il fallait sur le terrain. Hédi Baccouche était hésitant. Le lendemain, Ben Ali, qui avait rendez-vous avec Bourguiba, est allé le voir. Il a été très mal reçu : Bourguiba l’a insulté et même giflé. Il m’a appelé immédiatement, et nous nous sommes revus chez lui, en tête à tête. Je lui ai dit qu’il ne fallait plus attendre, qu’il fallait passer à l’acte. Je connaissais très bien l’ambassadeur américain de l’époque, Robert Pelletreau, et je savais qu’il devait voir Bourguiba le lendemain en compagnie du représentant des Etats-Unis auprès de l’ONU, Vernon Walters, et d’une délégation de sénateurs américains. J’ai organisé avant cette rencontre un rendez-vous entre lui et Ben Ali. L’idée était de convaincre les Américains de glisser un mot à Bourguiba en faveur de Ben Ali, en leur faisant croire que l’entourage du président voulait l’éliminer parce qu’il était proaméricain. Nous espérions ainsi gagner du temps et pouvoir intervenir avant la nomination de Sayah, qui se profilait. C’est ce qui a été fait. En plus, au cours de cette audience, Bourguiba a dit aux Américains qu’il voulait la condamnation à mort de Rached Ghannouchi, le chef du mouvement islamiste Ennahda. Ils ont été atterrés… Ensuite, nous avons commencé à travailler sur les modalités. Les détails techniques ont été mis au point par Habib Ammar et Ben Ali. Mais Ben Ali tergiversait. Il avait peur, en fait. Je suis revenu plusieurs fois à la charge. Hédi Baccouche s’est rallié sur le tard. C’est lui qui a rédigé, dans la soirée du 6 novembre, au ministère de l’Intérieur, ce qui allait devenir le « discours du 7 novembre », le texte dans lequel Ben Ali promettait aux Tunisiens l’instauration de la démocratie… 

On dit que vous avez prévenu les Algériens, et eux seuls. Est-ce vrai ?

Le hasard a voulu que le ministre de l’Intérieur algérien, Hédi Khédiri, soit en visite à Tunis alors que nous préparions le renversement de Bourguiba. J’ai en effet suggéré à Ben Ali de le mettre dans la confidence afin que le président Chadli Bendjedid soit informé de notre projet. Le chef de l’Etat algérien a donné son feu vert, en y mettant une condition : que Bourguiba soit bien traité. 

Vous avez poussé un homme à prendre le pouvoir alors que vous saviez qu’il n’avait ni l’intelligence ni la hauteur de vue d’un chef d’Etat…

Bourguiba était malade et sénile. La Tunisie était dans une situation dramatique. Le changement s’imposait, et il fallait le faire dans le respect de la Constitution. Or, Ben Ali était Premier ministre. Constitutionnellement, il était le seul à pouvoir remplacer Bourguiba. D’ailleurs, au début, cela a bien fonctionné. La déclaration du 7 novembre avait promis la démocratie. Grâce à mes conseils et à mes réseaux, le nouveau président a pu s’entretenir avec l’ensemble de la classe politique et de la société civile : les indépendants, les dissidents, les militants des droits de l’homme, dont plusieurs sont devenus ministres… Tout le monde était alors persuadé qu’une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie allait s’ouvrir. 

A qui faut-il imputer l’échec des élections de 1989 ?

A Hédi Baccouche, qui ne croyait pas au multipartisme. Mais aussi à Abdallah Kallel, qui était ministre de la Défense, à Chedli Neffati, ministre de l’Intérieur, et à Abderrahim Zouari, qui était à l’époque secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui avait succédé au Parti socialiste destourien. 

Et vous, avez-vous été membre du RCD ?

Non, jamais. Ni du RCD ni d’aucun autre parti politique. 

Rapidement, au début des années 1990, les arrestations se multiplient. Elles visent d’abord les islamistes, puis les défenseurs des droits de l’homme, puis tous ceux qui tentent d’exprimer leur différence…

Oui. Ce tournant remonte à 1991 et correspond à la nomination d’Abdallah Kallel au ministère de l’Intérieur. Il a fait croire à Ben Ali qu’il y avait une menace terroriste. Il est aussi, l’année suivante, à l’origine d’une nouvelle loi sur les associations, qui visait directement l’indépendance de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH). Il a même essayé d’obtenir le limogeage de l’Assemblée nationale de l’ancien ministre des Affaires étrangères Béji Caïd Essebsi, connu et respecté de tous pour son patriotisme (NDLR : nommé Premier ministre le 27 février). Il a fait croire à Ben Ali qu’il était profrançais parce que la sécurité avait intercepté un courrier qui lui était adressé dans lequel il y avait un livre écrit par un homme politique français et traitant de la démocratie ! Pour la loi contre la Ligue, je suis intervenu auprès de Ben Ali. Je me souviens avoir dit au président que cette loi était absurde, qu’il ne pouvait pas avoir promis la démocratie et avaliser un texte qui risquait de faire tomber la Ligue sous la coupe du RCD ! La loi a été abrogée. Mais elle a été réintroduite peu après, lorsque je suis tombé en disgrâce. 

En effet, vous vous brouillez ensuite avec Ben Ali. A cause de Leïla Trabelsi ?

Oui. Elle était sa maîtresse depuis 1984. A l’époque où il l’a rencontrée, elle travaillait comme secrétaire dans une société de BTP. C’était une femme légère qui aimait l’argent. Il était très amoureux d’elle. En 1992, lorsqu’il a décidé de divorcer pour l’épouser, je lui ai dit qu’il faisait une grave erreur. Ce n’était pas une femme pour un chef d’Etat. Je connaissais aussi la famille. Ses frères étaient des voyous. Tout cela, je le lui ai dit. Il n’a pas apprécié. Il l’a épousée et il lui a dit que je l’avais mis en garde contre elle. Elle m’en a bien sûr voulu. 

Que vous est-il arrivé ? Sans poste officiel, vous ne pouviez être limogé…

Non, mais j’ai été soumis à un harcèlement constant orchestré par le ministre de l’Intérieur, Abdallah Kallel. Il y mettait d’autant plus de zèle qu’il m’en voulait par ailleurs personnellement à cause de cette loi sur les associations. J’ai été suivi et mis sur écoute. Il y avait des policiers devant mon bureau, les gens qui venaient me voir étaient placés sous surveillance… Il y a eu aussi quelques incidents plus graves. En juillet 1992, j’avais convié de nombreuses personnalités, comme cela se fait chez nous, à l’occasion de la circoncision de mon fils. Plusieurs de ces invités avaient des postes ministériels. Le lendemain, ils ont tous été limogés… En 1996, mes bureaux ont été incendiés. Cinq ans plus tard, alors que j’étais chez le coiffeur, deux motards cagoulés ont détruit ma voiture. Cette fois-là, il s’agissait de me faire payer un dîner, la veille, chez l’ambassadeur des Etats-Unis. A la suite de cela, j’ai été arrêté et emprisonné. Il cherchait à m’isoler, à me dissuader de voir des personnalités politiques ou des diplomates. En même temps, au palais, Leïla prenait de plus en plus d’importance. A la fin, c’était elle qui commandait. 

A partir de quand a-t-elle réellement pris le pouvoir ?

Dès le début, elle a mis certains des conseillers de son mari dans sa poche, notamment Abdelwaheb Abdallah, qui était alors au palais de Carthage et avait déjà la haute main sur l’information, ainsi qu’Abdelaziz ben Dhia. Abdallah Kallel s’est mis aussi à son service. Voyant le président amoureux, ils ont estimé qu’ils auraient d’autant plus d’influence qu’ils plairaient à son épouse… Dès 1992, elle a obtenu de faire tomber des têtes. Dès le début des années 2000, tout passait par elle : personne ne pouvait directement accéder au président car elle filtrait toutes les visites. Cela n’a fait qu’empirer lorsque la santé de Ben Ali s’est dégradée. 

Sa nombreuse fratrie a mis la main sur des pans entiers de l’économie tunisienne. Mais, avant qu’apparaisse le clan des Trabelsi, le frère du président avait déjà sévi, ainsi que ses nombreux gendres, les Slim Zarrouk, Slim Chiboub, Marwan Ben Mabrouk…

Oui, et Ben Ali laissait faire. En 1991, je me souviens de l’avoir mis en garde contre l’appétit de l’un de ses gendres, en lui conseillant de le freiner. Il m’a répondu que si ce n’était pas lui ce serait un autre… Mais avec l’arrivée des Trabelsi on a changé de braquet. Ils étaient nombreux, sans aucun scrupule, rien ne les arrêtait. Et pas seulement les frères de Leïla. La mère aussi, les cousins, les amis, tout le monde. Ils ont bâti d’immenses fortunes, à partir de rien. Ils demandaient à Ben Ali d’intervenir en leur faveur, et le président s’exécutait. 

A ce propos, qu’en est-il d’Aziz Miled, l’homme d’affaires qui a accompagné Michèle Alliot-Marie et son compagnon lors de leurs vacances tunisiennes ? Etait-il proche des Trabelsi ?

En fait, au départ, il était surtout proche de Slim Chiboub. Il faisait des affaires avec lui. Puis, après la mise à l’écart de celui-ci, il s’est rapproché du clan des Trabelsi. Dernièrement, on le voyait surtout avec le dernier gendre de Ben Ali, Sakher el-Materi. 

On ne peut donc pas dire qu’il a été une « victime » des Trabelsi ?

En aucun cas. Il faisait partie du cercle. 

Le 14 janvier 2011, qui a décidé Ben Ali à partir ?

Je ne peux en être sûr car je n’étais pas sur place, mais tout indique que c’est Ali Seriati, le patron de la garde présidentielle. Il l’a convaincu de partir en lui expliquant qu’il valait mieux qu’il s’éloigne, le temps pour lui de reprendre la situation en main. 

Etait-ce pour faire revenir Ben Ali ou pour son propre compte ?

A mon avis, pour son propre compte. Il semble bien qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’Etat. 

Source : « L’express » Le 14-03-2011

Lien :http://www.lexpress.fr/actualite/monde/tunisie-tout-passait-par-leila-trabelsi_972065.html


 

Tunisie. Le caricaturiste -Z- préfère garder l’anonymat


 

Depuis la création de son blog ‘‘Debat Tunisie’’, il y a 3 ans, ses dessins humoristiques tournant en dérision Ben Ali et son régime autiste fleurissent sur les réseaux sociaux, mais, deux mois après la chute de l’ex-dictateur, -Z- préfère rester dans l’anonymat.

Nous avons découvert les caricatures de -Z- (c’est son pseudo) à travers son blog ‘‘Debatunisie’’, longtemps censuré par Ammar 404, où il vilipendait la vie politique tunisienne et, surtout, le clan du dictateur déchu, son épouse, l’intrigante Leïla Trabelsi, ‘‘La régente de Carthage’’, et sa smala mafieuse: Sakher El Materi et ses fumeuses tartufferies de jeune homme de bonne famille, Imed Trabelsi le voyou de banlieue, voleur de yachts et de belles limousines, et Belhassen Trabelsi, grand racketteur devant l’Eternel.

Plume acide, audacieuse et intrépide

On a aimé le trait d’esprit de -Z-, mais aussi son trait tout court. Une plume alerte, amusée, acide, audacieuse et intrépide, qui nous change de la caricature acidulée et policée des Lotfi Ben Sassi & co.

Dire que -Z-, à l’instar des blogueurs, des rappeurs, et des facebookers, autres tenants de l’expression alternative en Tunisie, ont joué un rôle essentiel dans le succès de la révolution tunisienne est presque un euphémisme. Le caricaturiste blogueur a en effet accompagné la révolution, commentant ses péripéties, débusquant les moments de panique de l’ex-dictateur, ses tergiversations, les ratés de sa communication, n’omettant pas de croquer aussi les Tunisiens, qui réapprennent le courage, la dignité, la contestation… 

«Il livre depuis le début du mouvement de contestation ses humeurs par des dessins qu’il accompagne généralement d’un court texte. De la violence de la répression aux promesses tardives de Ben Ali, rien n’a échappé à son coup de crayon aguerri», note Laureline Karaboudjan dans un post intitulé ‘‘Egypte, Tunisie: la révolution des dessinateurs’’ sur son blog ‘‘Des bulles carrées’’. Elle ajoute: «Depuis le départ de l’ancien dictateur, il continue à croquer l’actualité de son pays, avec ses multiples remaniement ministériels, ses doutes et ses espoirs. Des dessins parfois drôles, souvent amers, toujours percutants.»

De l’indignation à la caricature

Comment -Z- est-il venu à la caricature politique? Réponse dans une interview au journal ‘‘Le Monde’’: «Je suis parti d’une motivation vraiment citoyenne. Beaucoup de choses dans mon pays ne fonctionnaient pas. J’étais indigné par tout ce qui se passait. Sachant dessiner, je me suis dis: j’irai. Je me lance et je garde l’anonymat pour ne pas me faire rattraper par le régime». Il ajoute: «Il y avait un but d’abord – on va dire – citoyen, même pas politique. Je ne fais pas de la politique politicienne à travers mon blog. Je conteste, je proteste, je critique rien que pour critiquer.»

Interrogée sur la révolution, -Z- répond: «L’idée de révolution me trottait dans la tête depuis longtemps. Je voyais que cela prenait une ampleur assez inédite. Ça se propageait de ville en ville. Je me suis dit: ce n’est pas une révolte. Il y avait d’abord les avocats, puis il y a eu les artistes. Chacun essayait de prendre sa mèche pour faire exploser la bombe de la révolution. Pour moi c’était clair qu’un dictateur tel que Ben Ali, s’il y avait une révolution, il allait fuir. C’est quelqu’un qui était haï par toute une population.»

A propos du dernier discours de Ben Ali, le 12 janvier: «C’était sa chute politique ce discours là. Personne n’était dupe: il était déstabilisé et tout le monde sait que c’était la fin. Il nous a fait la promesse bis de ce qu’il a promis quand il a pris le pouvoir, c’est-à-dire la démocratie, la liberté. Il a fallu qu’il massacre les gens et qu’il fasse patienter les gens 23 ans pour nous ressortir la même promesse.»

Simple et humble, se gardant de surfer sur une révolution à laquelle il a pourtant énormément contribué, mais à sa manière distante de seigneur, -Z- ne se prend pas la tête. Il laisse les plateaux de télévision aux anciens collabos de Ben Ali qui ont retourné la veste, préférant creuser son propre sillon, comme il l’a toujours fait, à part, à l’ombre et en retrait des jeux de rôles et de vanités auquel s’adonnent aujourd’hui ses compatriotes.

«Je n’ai pas la prétention de proposer quoi que ce soit de politique à part défendre la liberté d’expression et de m’inscrire pleinement dans les contre-pouvoirs et la critique en continuant à exercer l’art de la caricature», a-t-il expliqué, il quelques semaines, sur son blog.

Mais cet art, va-t-il continuer à l’exercer en solitaire, et en dilettante, sur son blog, ou va-t-il enfin se résigner à prêter sa plume et son trait à l’un des médias de la place? Auquel cas, nous conseillerons à -z- de faire attention pour ne pas échouer dans l’une des anciennes écuries d’AA (Abdelwaheb Abdallah, l’ancien propagandistes de Ben Ali)

Source : « Kapitalis » le 15-03-2011

Lien :http://www.kapitalis.com/kultur/42-arts/3077-tunisie-le-caricaturiste-z-prefere-garder-lanonymat.html


 

Béji Caïd Essebsi, un Premier ministre tunisien au-dessus de la mêlée


 

Béji Caïd Essebsi à son domicile, le 1er mars à Tunis.

 La rue tunisienne n’a mis que quatre semaines pour chasser du pouvoir Zine el-Abidine Ben Ali. Et six semaines pour pousser à la démission Mohamed Ghannouchi, maintenu à la tête d’un gouvernement provisoire alors qu’il venait de passer une dizaine d’années au service du raïs déchu. Mais l’éradication des résidus de l’ancien système pour garantir la mise en place des structures démocratiques se révèle encore plus ardue.

Pour remplacer Ghannouchi, Fouad Mebazaa, le président par intérim, a sorti de son chapeau Béji Caïd Essebsi, un vieux briscard de la politique qui s’était distingué par son libéralisme du temps de Bourguiba, dont il a été successivement le conseiller, le ministre et l’ambassadeur pendant plus de vingt ans, interrompus par une bouderie dans les années 1970. Éloigné de la scène publique depuis 1992, « Si Béji » s’est cantonné dans un rôle d’observateur, ce qui ne l’a pas empêché de devenir, en coulisses, la bête noire de Ben Ali, qui n’appréciait guère sa présence avec d’autres personnalités indépendantes à la table de l’ambassadeur des États-Unis sur les hauteurs de Sidi Bou Saïd, où il est né. Si Béji réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué? L’opinion dominante est qu’il a en tout cas le profil idoine.

Il est connu pour son patriotisme, sa loyauté et son abnégation au service de la patrie », a déclaré Mebazaa en annonçant sa nomination. « Il a les atouts nécessaires », estime Souhayr Belhassen, ancienne collaboratrice de Jeune Afrique et présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui le connaît depuis une quarantaine d’années. « Il n’y a presque plus de personnel politique dans le pays, Ben Ali l’a décimé. Il n’y a pas mieux que Si Béji dans la situation actuelle. Il a dirigé des ministères régaliens, ce qui lui a permis de se tailler une stature d’homme d’État. » « C’est un homme charismatique, observe Ezzeddine Larbi, ancien économiste en chef à la Banque mondiale. Il peut être un grand catalyseur et mener cette transition porteuse d’espoirs et de promesses. »

Droiture et intelligence

« Dans sa mission, Caïd Essebsi est servi par des qualités reconnues qui ont fait sa réussite politique. Il sait taire le mal qu’il peut penser de la plupart et dire à quelques-uns plus de bien d’eux qu’il ne le pense. […] Son art du compromis fait merveille », écrit à son propos Béchir Ben Yahmed en 2009. « Il est l’homme des missions difficiles et délicates. Je fais confiance à sa droiture et à son intelligence », a dit de lui Bourguiba dans un hommage public. En 1985, alors qu’il était son ministre des Affaires étrangères et s’apprêtait à rencontrer un chef d’État voisin, Bourguiba lui a lancé: « Tu n’es pas de ceux à qui il faut souffler ce qu’il y a lieu de dire; tu sais caresser dans le sens du poil. » Caïd Essebsi a toujours entretenu des réseaux et tenait table ouverte avec le concours de sa femme, Saïda Farhat, issue comme lui d’une famille qui a occupé des fonctions dans la cour beylicale.

Sens de la formule

Pour Souhayr Belhassen, Si Béji est intelligent, alerte et pragmatique. Il se donne toujours le temps, en paroles comme en actes. Brillant avocat, il est d’un commerce agréable. Il ne révèle pas sa pensée et cherche d’abord à décrypter les intentions de son interlocuteur avant d’abattre ses cartes. Il est connu pour son sens de la repartie et de la formule. Lors d’une visite à Tunis, Douglas Hurd, alors ministre britannique des Affaires étrangères, lui a demandé comment il faisait avec le colonel Mouammar Kaddafi. Réponse de Si Béji: « Comme avec nos rhumatismes, ça s’enflamme parfois, ça se calme après, la douleur est toujours latente, mais nous n’en mourons pas. Nous faisons avec. »

On ne lui connaît pas d’écrit sur Ben Ali, mais un livre de témoignage et d’analyse sur Bourguiba édité en Tunisie (Habib Bourguiba. Le Bon Grain et l’Ivraie, 515 pages, Sud Éditions, Tunis, 2009) et qui est en partie autobiographique. Le livre rencontre un grand succès de librairie grâce, entre autres, à l’un de ces coups de plume dont il a le secret. Faisant référence à la statue équestre de Bourguiba, scandaleusement déboulonnée sur ordre de Ben Ali au lendemain de son arrivée au pouvoir en 1987 pour la déplacer du centre de Tunis au port de la Goulette, moins fréquenté, il écrit sur un ton de défiance et pour prendre date: […] lorsque le temps fera son œuvre, que le bon grain se sera débarrassé de l’ivraie, et que l’Histoire prendra le pas sur l’actualité, Habib Bourguiba sortira alors du purgatoire et la statue équestre du plus illustre des Tunisiens reprendra sa place à Tunis, sur l’avenue Habib-Bourguiba, face à la statue d’Abderrahmane Ibn Khaldoun, le sociologue tunisien le plus illustre de tous les temps. »

Caïd Essebsi a toujours fait prévaloir son indépendance d’esprit. Son engagement aux côtés de Bourguiba dès 1956 n’a jamais été inconditionnel, sans toutefois aboutir à la rupture. Il faisait partie, dans les années 1970, du premier groupe de libéraux parmi les dirigeants du parti unique qui avaient dit non au pouvoir personnel et prôné une démocratie pluraliste. « Je n’étais ni l’homme de Wassila [ex-épouse de Bourguiba, NDLR], ni l’homme de Bourguiba, ni de personne d’autre… », écrit-il.

Cette indépendance transparaît dans les confidences qu’il a faites depuis la chute de Ben Ali, avec des appréciations pointues sur ce dernier et quelques phrases clés sur les événements que vient de vivre le pays, ainsi que sur les mesures qu’il convient de prendre. Pour lui, Ben Ali n’avait aucun sens patriotique et parlait d’État de droit et de démocratie tout en faisant le contraire. Il le compare au Néron qui a brûlé Rome. Il se félicite de cette « révolte populaire authentique », résultat d’une accumulation de frustrations qui « a fait sauter le couvercle de la cocotte-minute ». Selon lui, l’urgence de la situation commande de rétablir la sécurité de manière à rassurer les citoyens, de prendre rapidement des mesures en faveur des jeunes, de changer la loi électorale en vue d’élections transparentes et de faire confiance aux compétences en place.

Si les jeunes se demandent si son âge (84 ans) n’est pas un handicap, d’autres estiment, au contraire, que c’est un atout et un gage de sagesse au sein d’une élite où les ambitions politiques personnelles ont souvent pris le dessus sur l’intérêt public.

Source : « Jeune Afrique » Le 14-03-2011

Lien :http://www.jeuneafrique.com/ArticlePersonnalite/ARTJAJA2617p046-048.xml0/Type:Portrait/tunisie-mohamed-ghannouchi-zine-el-abidine-ben-ali-premier-ministrebeji-caid-essebsi-un-premier-ministre-tunisien-au-dessus-de-la-melee.html


 

Le temps de la vérité – Aéroport d’Enfidha

La grande supercherie


 

• TAV, la compagnie turque, devrait construire l’aéroport sur un terrain acquis au dinar symbolique, l’exploiter 40 ans, puis partir

• Mais Belhassen Trabelsi leur a “donné” l’exploitation de l’Aéroport de Monastir pour une commission de 5%

Elle a tout d’abord enlevé « International », mais dans un communiqué rendu public, vendredi dernier, « TAV Tunisie », qui exploite l’aéroport de Monastir, rappelle que la Compagnie a remporté l’appel d’offres international relatif au contrat de concession pour l’exploitation de l’aéroport international de Monastir, à compter du 1er  janvier 2008.

 La compagnie ajoute qu’ « elle s’engage, en vertu des clauses de ce contrat conclu avec le gouvernement tunisien représenté par le ministère du Transport et l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA), à maintenir en état d’exploitation effective et totale de l’aéroport de Monastir durant la période du contrat de concession ». Ce communiqué vient après que des « rumeurs » eurent circulé, faisant état d’une « possible décision portant sur la fermeture de l’aéroport international de Monastir, le transfert de l’ensemble de son trafic à l’aéroport d’Enfidha, risquant ainsi de  mettre des dizaines, voire même de centaines d’employés au chômage et coupant de la sorte la route devant d’innombrables autres professionnels qui vivent de l’activité autour de cet aéroport». A voir le message véhiculé par le communiqué de l’opérateur turc, on dirait que tout ira bien, surtout que  « la Compagnie s’engagera, également, à honorer ses obligations contractuelles vis-à-vis de l’Etat tunisien, dont l’engagement à ne pas suspendre les activités de cet aéroport  ni dans le présent ni dans l’avenir ».  « Contrairement aux affirmations de la compagnie turque qui exploite l’aéroport, la correspondante de l’agence  TAP a constaté, sur place, que le personnel de l’aéroport veille à fournir les meilleurs services aux passagers et à assurer la sécurité de tous ». Le personnel de l’Aéroport avait organisé un Sit-in pour « dénoncer la main- mise de la compagnie turque sur les marchés traditionnels de l’aéroport de Monastir pour les orienter vers l’aéroport d’Enfidha, alors qu’elle s’était engagée à lui apporter de nouveaux marchés ». Nizar Arbi, huissier notaire, a affirmé avoir rédigé, samedi, deux procès verbaux constatant « l’inexistence de toute trace de destruction à l’aéroport international de Monastir » et « la tentative de la partie turque de déloger les citernes de carburant de l’aéroport international de Monastir ». « Béchir Korbi, secrétaire général du syndicat de l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (OACA) a affirmé que la compagnie turque a dépêché une équipe, samedi et dimanche matin, pour transférer les citernes de carburant vers l’aéroport d’Enfidha, ce que les sit-inneurs ont tenté à deux reprises d’empêcher », rapporte encore TAP.

L’histoire d’une main mise

Mais avant d’en arriver là, comment ça se fait que TAV avait, contre toute attente, mis la main sur l’aéroport de Monastir, alors que son accès en Tunisie se limitait, en principe, à la construction et à l’exploitation de l’Aéroport d’Enfidha ?  Plus profond que cela, certains officiels, ayant accès à certains détails de ce dossier, affirment que l’entrée même de la compagnie turque TAV en Tunisie est quelque peu suspecte, surtout avec le « non-besoin » d’un nouvel aéroport en Tunisie. L’emplacement de l’Aéroport d’Enfidha ainsi que le long retard du démarrage, officiel, de ses activités laissent planer beaucoup de doutes quant à la clarté de certains points de cette affaire !

Selon les documents échangés entre les cadres de certaines directions relavant du ministère des Transports « un sous- directeur de ce ministère s’était occupé du dossier d’études et des statistiques nécessaires. Il n’est pas tout seul, puisqu’il avait à ses côtés 12 autres personnes, notamment représentatives de l’ensemble des intervenants concernés ». Une commission, qui, à la base des éléments présentés par l’administration, avait pour tâche de valider la nécessité de prévoir à terme un nouvel aéroport. C’est-à-dire trancher si la Tunisie, en fonction de la croissance de son économie, avait besoin d’un nouvel aéroport, en 2020, en 2016, en 2014 ou simplement en 2010 ?  La même commission, présidée par le même cadre, devenu directeur, s’est renforcée de représentants venant de plusieurs ministères (près de 25 personnes). Elle est régulièrement alimentée par les chiffres communiqués par l’administration avec des conclusions d’études présentées, elle élimine l’option d’extension de l’aéroport de Monastir, mais recommande et souligne « l’urgence d’un nouvel et imposant aéroport ». Les conclusions de l’étude devaient être approuvées lors d’un conseil ministériel restreint et par la suite transmises aux cabinets de directions des études des ministères concernés, qui valident, à l’unanimité, le projet ! Ils ne sont pas moins de cinq ministères et une cinquantaine de cadres qui l’ont signé !

Les choses sérieuses commencent !

Après avoir dopé le tout d’une certaine rationalité, on choisit de recourir au conseil d’une banque d’affaires française. La même institution bancaire qui a été chargée d’élaborer l’étude de la fusion-acquisition croisée de deux compagnies aériennes locales pour le compte de Belhassen Trabelsi. Les choses sérieuses ? Ce sont le cahier des charges et l’appel d’offres, sans omettre bien évidemment le mode de financement ! Il ne s’agit pas d’un simple et gigantesque contrat de BTP, il s’agit de 300 millions d’euros, avec des commissions qui s’élèvent à 5%. Cerise sur le gâteau : il s’agit d’un BOT : Build, Operate and Transfer.  Un concept lucide : en tant qu’opérateur, je construis, je me paye en exploitant l’aéroport pendant quarante ans, avant de laisser une infrastructure usée et démodée et partir ! L’Etat, dans ce cas, ne débourse ni participe à cet investissement colossal. L’idée profite à certains, surtout avec une partition écrite par un sous-directeur, devenu directeur, promu directeur général et surtout Président de la Commission de Dépouillement de l’appel d’offres pour la sélection d’un opérateur aéroportuaire. Une vingtaine de membres de divers ministères ainsi que la commission supérieure des marchés, se joignent à la messe et souscrivent ! 

Ils n’étaient que deux principaux soumissionnaires : ADP (aéroports de Paris), et TAV (Turkish Airports) qui ont manifesté leur intérêt, cinq autres auraient très vite renoncé, l’affaire paraissait à leurs yeux « louche ».

Pas de « Grande Réalisation du siècle » !

Les  deux soumissionnaires, indiquent certains officiels ayant accès au dossier « avaient posé des questions sur la pertinence des chiffres, et avaient mis carrément en doute les prévisions de trafic avancés ». La Tunisie n’aura pas besoin d’une nouvelle plateforme pour absorber la croissance avant 2016, dans les meilleurs des cas ! « C’est-à-dire qu’il n’y aura pas de Grande Réalisation du siècle à baptiser au nom du président déchu (c’était d’ailleurs l’une des raisons permettant l’adhésion de l’ex- présidence), comme il n’y aurait pas de conséquents subsides à récupérer côté belle famille, et surtout pas une promotion hiérarchique pour le Directeur Général ». Afin de donner encore plus de charme à cette transaction trouble, l’aéroport de Monastir ne dépend plus  de la souveraineté de l’Etat et est offert, dans la foulée, avec ses 3.5 millions de passagers et ses 50 millions d’euros de revenus annuels. Une première mondiale : tu me construis un aéroport, je te donne DEUX aéroports ! En théorie, les Turcs ont investi 500 millions d’euros. Il s’agit, dans la majorité, d’emprunts, notamment de banques de développement telles que la BAD (Banque Africaine de Développement), la BEI (Banque Européenne d’Investissement), outre le Fonds de l’Opep pour le développement international. Des montants faramineux, faut-il dire, puisqu’ils seront crédités sur le compte  du développement des infrastructures en Tunisie et sur lesquels l’Etat ne peut plus compter ! Ils sont remboursables sur 25 ans !  De son côté, TAV s’est vu garantir un revenu annuel, presque affirmé, de 50 millions d’euros par an. Un tiers à peine servira à payer l’échéance bancaire annuelle. Ceci sans compter le déluge de revenus résultant de la machine à sou qu’est l’aéroport d’Enfidha.                

Il ne faut pas cependant s’acharner sur les Turcs, qui comme  tout autre homme, ou groupe comme le leur, d’affaires n’ont pas laissé filer une opportunité pour gagner encore plus. Mais il faudra surtout poser des questions précises aux responsables tunisiens, de ministères en relation notamment celle des Transports, des différentes commissions, notamment celle des Grands projets, l’office des ports (OACA), la CAREP, la commission d’Assainissement et de Restructuration des Entreprises Publiques, ainsi que l’UGTT dont certains de ses responsables ont béni cette opération en donnant l’approbation des syndicalistes ! Ils sont près de 200 coresponsables, à degrés divers, ayant « béni » ce drame économique pour la Tunisie. A  leur tête, le Directeur Général du ministère qui a accompagné la finalisation de ce deal, lequel responsable occupe actuellement un autre poste !

Plusieurs experts internationaux y avaient vu anguille sous roche et le bradage au détriment de l’Etat. Pour certains d’entre eux, les turcs auraient amorti leur mise en moins de dix ans et empocheront, au moins, 2,1 milliards d’euros de gain sur les quarante ans de concession. Tout ceci sans oublier l’acquisition de ce terrain, pas très loin d’ailleurs de la plage, fort probablement au dinar symbolique.

L’affaire est appelée à connaitre encore plus de développements dans les jours à venir, la situation des employés ne doit pas être tributaire de n’importe quelle envie de tel ou tel autre opérateur ou partie. L’activité dans l’aéroport de Monastir doit se poursuivre et normalement. La compagnie turque se trouve peut être dans une  situation tout à fait légale dans cette affaire de l’aéroport de Monastir, mais elle est contrainte de montrer et de rendre public tout document prouvant la légitimité de son activité à Monastir, quelque chose que le directeur de communication de TAV Tunisie n’a pas réellement promis, lors de son apparition sur l’écran d’une station de télévision panarabe !

Source: ”Le Temps” Le 15-03-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-54041.html


 

Dialectique Femmes/Hommes

La Révolution, le meilleur aphrodisiaque pour les deux sexe


 

Nous avons assisté, vendredi 11 mars, à une rencontre organisée au Club Tahar Haddad sur le rôle de la femme dans les deux révolutions tunisienne et égyptienne. Les principales intervenantes ont chacune sous un angle différent souligné la contribution féminine aux deux soulèvements historiques. Mais elles ont également déploré que l’après-révolution n’ait presque pas fait cas de cet apport et ait perpétué les exclusions sexistes tant sur le plan politique que dans les médias.

 En Tunisie, notamment, le nombre des ministres et des secrétaires d’Etat femmes est en effet resté extrêmement réduit dans la composition des trois gouvernements provisoires. On peut par ailleurs facilement remarquer que la participation féminine aux débats politiques sur nos chaînes de radio et de télévision tunisiennes et égyptiennes fut extrêmement faible ; sans doute à dessein, pensent les invitées du Club Tahar Haddad. Nous devons à la vérité, néanmoins, de reconnaître que les rares interventions féminines à la télé furent rarement brillantes et que, pour ce qui concerne les militantes tunisiennes, on ne peut pas dire qu’elles aient crevé l’écran par leurs analyses tout juste moyennes de la situation dans le pays.

Pas assez convaincantes

Sihem Ben Sedrine fit quelques coups d’éclat les premiers jours et ne persuada visiblement pas beaucoup de monde ; Maya Jeribi rata lamentablement l’une de ses apparitions ; quant à Noura Borsali elle manquait souvent d’assurance dans ses différentes déclarations ; sinon elle n’était pas au fait de toutes les données du sujet proposé par les animateurs qui l’invitaient. Souheir Belhassine, elle, sut à chaque fois tirer son épingle du jeu en faisant preuve sur nos chaînes comme à la télévision française de lucidité et de modestie. Avec Radhia Nasraoui (frustrée comme toujours de télévision), ce sont là, malheureusement, nos militantes de l’opposition les plus connues sur l’échiquier politique et dans le paysage médiatique national et international. A la télé, les quatre premières figures ont dans l’ensemble été éclipsées par les très nombreuses, les très variées et les très fines interventions masculines. Nous ne pensons pas qu’une parité au niveau du nombre d’apparitions aurait inversé la tendance en faveur des femmes. Durant des décennies, nos principales opposantes travaillèrent soit dans l’ombre (tout court) soit dans l’ombre d’un ou de plusieurs hommes politiques. D’autre part, leur combat quasi exclusif en faveur des droits de l’homme ou de la cause féministe les cantonna dans une vision forcément parcellaire des réalités du pays. D’une certaine manière, elles s’étaient « spécialisées » dans un domaine de la contestation et s’auto-exclurent quelque peu des grands débats à caractère politique, économique et social. Ajoutez à ces facteurs l’indépendance politique de la plupart de ces opposantes et le peu d’occasions qui leur étaient offertes pour prendre la parole, vous comprendrez pourquoi les invités masculins de nos télévisions et de nos radios parlèrent nettement mieux que les femmes. Question d’audimat aussi pour ces chaînes ! Quoi qu’on ait comme réserves contre Hamma Hammami, Abid Briki, Mohamed Néjib Chebbi, Rached Ghannouchi, Chokri Belaid, Soufiène Ben Hamida, Nasreddine Ben Hadid, on ne peut nier que tous ces « hommes » ont tenu la dragée haute à leurs interlocuteurs ou à leurs vis-à-vis respectifs durant les émissions auxquelles ils prirent part. Leurs multiples prestations furent globalement réussies et régulièrement cohérentes et lucides. Nous ne plaidons guère pour une supériorité masculine dans le domaine politique, mais demeurons convaincus que nos opposantes ont du chemin à faire pour s’y illustrer autant que les hommes. En s’engageant peut-être plus dans l’activisme partisan.

A quand le procès des femmes du RCD ?

A ce propos, nous avons constaté que dans les divers procès dressés contre l’ancien régime, on fit presque abstraction des « femmes du R.C.D. ». Alors que les « hommes » de ce parti désormais dissous furent lynchés un peu partout, l’écrasante majorité des RCDistes en jupons passèrent entre les mailles du filet et échappèrent ainsi à la mise en examen individuelle et collective. Dieu sait pourtant que nombreuses sont les « militantes » du RCD qui abusèrent de leur pouvoir et dilapidèrent l’argent public dans l’embrigadement des tunisiennes jeunes et moins jeunes, voire même dans le dévergondage de certaines femmes et de certaines filles. « Rabatteuses » à leur manière, elles recrutaient parmi les intellectuelles, les fonctionnaires, les ouvrières  et aussi parmi les sans emploi, des « claqueuses » pour accomplir une tâche unique : applaudir en toutes occasions les mesures et les discours de Ben Ali et de son épouse Leila. Dans les meetings qu’on organisait en l’honneur de « la régente de Carthage », on amenait de tous les coins du pays une foule impressionnante de femmes et d’adolescentes à qui sont payés l’hébergement, la nourriture et le shopping durant une semaine et plus s’il le faut. Toujours avec l’argent du contribuable, bien évidemment ! Les femmes du RCD défigurèrent la cause féministe et renvoyèrent une image caricaturale de la participation de la Tunisienne à la chose publique. Pourquoi Borsali, Ben Sedrine, Jéribi et Belhassine oublient-t-elles de faire le procès de ces « soubrettes » du régime de Ben Ali ? Il n’y a pas que les hommes au pouvoir qui aient nui à leur action.

Retrouver ses ardeurs d’antan

D’autre part, l’heure est peut-être venue de mobiliser davantage de jeunes filles pour assurer la relève dans les rangs des activistes qui militent en faveur d’un statut toujours meilleur de la femme sous nos cieux et dans le monde. Parmi les étudiantes, les enseignantes, les écrivaines, les artistes et les fonctionnaires, nos mouvements engagés dans la cause féminine trouveront sans peine du renfort de qualité à leur action. Les ouvrières ne sont pas en reste. Car il ne faut pas s’enfermer dans un militantisme d’élite sociale ou intellectuelle. Il n’est pas intelligent non plus de limiter le combat des femmes à la confrontation entre les sexes. La Tunisie nouvelle a besoin de l’apport de ses hommes et de la contribution de ses femmes. Il importe que celles-ci s’intéressent davantage à la gestion des affaires politiques, économiques, sociales et culturelles du pays et se détournent de temps en temps de leurs médiocres penchants de consommatrices invétérées. Nous devons tous hommes et femmes nous rendre malheureusement à l’évidence que l’ère de Ben Ali fut catastrophique pour l’image de la femme tunisienne. Elle n’en fut pas moins désastreuse pour la « virilité » politique des hommes de ce pays. C’est pourquoi les uns et les autres sont appelés à sortir de la « ménopause » et de « l’andropause » forcées et précoces auxquelles ils furent condamnés durant plus de 20 ans. La Révolution est de ce point de vue, un bon « Viagra » pour tous !

Source: ”Le Temps” Le 15-03-2011

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-54033.html

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