8 avril 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2147 du 08.04.2006

 archives : www.tunisnews.net


Comité International de Soutien au Prof. Moncef Ben Salem: Dégradation accélérée de l’état de santé de Madame Halima Ben Salem

Comité International de Soutien au Prof. Moncef Ben Salem: Le Professeur Moncef Ben Salem sur la chaîne Al Jazeera El Maoukif : Jebali à nouveau devant le tribunal

El Maoukif: Menaces

AP: Tunisie: la LTDH entend tenir son congrès fin mai

FIJ: Contre le déni de justice et les assassinats qui hantent le monde démocratique

Le journal: A.G. extraordinaire des avocats – Belote et rebelote

Le Journal: Retraite, longevite et equilibre des caisses

Cyberpresse: Yvonne Ridley, journaliste féministe et voilée

 
Comité International de Soutien au Prof. Moncef Ben Salem   Communiqué Urgent   

Dégradation accélérée de l’état de santé de Madame Halima Ben Salem, gréviste de la faim, et épouse du Prof. Moncef Ben Salem

 

 
8 avril 2006 – 14h10               Nous venons d’être informés de la dégradation de l’état de santé de Madame Halima Ben Salem, après plus d’une semaine de grève de la faim entamée avec son époux le Prof. Ben Salem pour protester contre la persécution de leur famille qui dure depuis dix neuf ans. Les proches de la famille Ben Salem viennent de nous informer qu’ils envisagent son transfert ce soir aux urgences de l’hôpital de Sfax.             Le Comité de Défense du Professeur Ben Salem exprime son inquiétude profonde devant cette évolution rapide de l’état de santé de Mme Halima Ben Salem, et porte la responsabilité des conséquences de cette situation sur les autorités tunisiennes qui s’obstinent à ignorer la demande légitime de la famille Ben Salem : 1) mettre fin aux persécutions qu’elle ne cesse de subir ; 2) accéder à la demande du Prof. Ben Salem d’un passeport afin qu’il puisse se soigner à l’étranger et reprendre ses activités scientifiques interrompues depuis près de deux décennies.             Le Comité renouvelle son appel aux forces vives en Tunisie et à l’étranger afin qu’elles apportent leur soutien aux revendications combien légitimes et vitales de cette famille de pouvoir bénéficier des soins médicaux et de vivre dans la décence et dans la dignité après tant d’années de souffrances physiques et morales.             Notre Comité en appelle aussi à toutes les bonnes volontés pour nous aider à diffuser le plus largement possible cette information et pour sensibiliser les milieux académiques, scientifiques, médiatiques, associatifs et politiques sur le combat de c ette famille souffrante mais courageuse et digne.   Pour le Comité :   Dr. Violette Daguerre, Présidente du Comité ; Morsel El Kesibi, Coordinateur e-mail du Comité : reporteur2005@yahoo.de  Contact de Saif Ben Salem, fils du Prof. Ben Salem, Paris, Portable : +33 (0)6 11 71 08 3 8 e-mail : saif@ifrance.com


 

 

Comité International de Soutien au Prof. Moncef Ben Salem

 

Communiqué de Presse

 

Vendredi 7 avril 2006, 15h Europe Centrale

Le Professeur Moncef Ben Salem sur la chaîne Al Jazeera

 

La Chaîne Al Jazeera a interviewé en direct le Professeur Moncef Ben Salem dans son journal de midi où il a affirmé que la grève de la faim qu’il a entamé depuis plus d’une semaine est son recours ultime et pacifique qui lui reste pour mettre fin aux injustices sans nom dont il est victime de la part du régime tunisien et ce depuis dix neuf ans, où il a goûté à toutes les formes de la mort lente, en commençant par cinq années d’emprisonnement, jusqu’à l’interdiction du travail, et en passant par les persécutions gratuites.

 

Le Professeur Moncef Ben Salem a ajouté que ce qui a fait déborder le vase c’est l’expulsion de son fils de l’Université et les violences subies par sa fille et son harcèlement incessant ne laissant aucun doute sur les auteurs de ces actes commandités par le régime.

 

Le Professeur Moncef Ben Salem a demandé de jouir de son droit à un passeport et de son droit au travail lui et toute sa famille qui en ont été privés depuis plus d’une quinzaine d’années. De même, il a exhorté l’opinion publique tunisienne, arabe et internationale à se solidariser avec son combat jusqu’à l’obtention de ses revendications légitimes : le cessation des injustices dont lui-même et ses proches victimes, affirmant qu’il ne reculera pas devant aucun sacrifice jusqu’à l’obtention de ses demandes.

 

Le Comité de Soutien félicité le Professeur Moncef Ben Salem pour cette intervention sur la chaîne Al Jazeera, remercie celle-ci de lui avoir ouvert son espace, et lance un appel pressant à tous les medias arabes et dans le monde afin de contribuer à la défense de l’un des plus brillants mathématiciens arabes honteusement opprimé dans son propre pays.

 

Pour le Comité,

Signé :

Dr. Violette Daguerre, Présidente

Morsel El Kesibi, Coordinateur

 

 

 

Une demande d’intervention urgente a été lancée en faveur de Dr. Moncef Ben Salem

 

Paris, le 8 avril 2006

 

Pr. Moncef Ben Salem en danger

seif@ifrance.com

+33 (0)6 11 71 08 38

 

 

            Madame, Monsieur,

 

            Mon père Prof. Moncef Ben Salem a entamé une grève de la faim depuis huit jours pour alerter l’opinion publique internationale sur la dégradation de son état de santé suite à un véritable embargo médical : la police politique empêche les médecins de pénétrer à son domicile, et on emploie des méthodes similaires quand il se rend dans les lieux de soins. Pourtant son état nécessite un suivi et des soins constants étant donné qu’il souffre du diabète, des reins, de la vue et des hémorroïdes, séquelles des tortures subies lors des arrestations et des cinq années de prison purgées pour des raisons politiques. Il faudrait signaler ici qu’à cet embargo sanitaire s’ajoutent des embargos économiques et sociaux qui ont jeté notre famille dans une grave précarité financière et psychologique.

 

            Ces dernières heures son état de santé a donné des signes alarmants d’affaiblissement, du fait qu’il est diabétique et l’on craint des séquelles graves. Il n’a encore été ausculté par aucun médecin.

 

            Je vous demande de bien vouloir intervenir auprès du Président tunisien afin que mon père puisse se soigner d’urgence à l’étranger, étant donné que les autorités locales violent constamment son droit aux soins et mettent en péril sa vie. Il est à remarquer qu’on lui a opposé un refus constant à ses multiples demandes de passeport, dont la dernière remonte à 2002.

 

Merci d’agir dans l’urgence.

 

Veuillez agréer, l’__expression de mes sentiments les plus reconnaissants

 

 

Seif Ben Salem

seif@ifrance.com

+33 (0)6 11 71 08 38


 

Jebali à nouveau devant le tribunal

 

L’ex-prisonnier politique Hamadi Jebali, libéré dernièrement, a été déféré devant le quatrième bureau d’instruction. Il est accusé d’avoir corrompu un agent pénitentiaire en échange de l’envoi d’une lettre à son épouse lors de son séjour à la prison de Nadhor.

 

Cette dernière, Wahida Jebali, a été déférée pour la même accusation, ainsi que l’agent pénitentiaire Kamel Kaabi et les deux prisonniers Mohammed Chemli et Hassan Khedhri.

 

A la demande des avocats, l’interrogatoire a été reporté au 5 mai prochain.

 

(Source : El Maoukif n°354 du 7 avril 2006)

 

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Menaces

 

Les services de la Sûreté ont convoqué Ali Laridh, ex dirigeant du Parti Nahdha et membre du comité du 18 octobre pour les droits et les libertés. Ils l’ont mis en garde contre tout contact ou déclaration d’ordre général ou spécifique sur la situation du pays et l’ont menacé de retourner en prison.

Laridh a passé plus de quatorze ans en prison dont plus de treize en isolement individuel total.

M. Fadhel Beldi a fait l’objet de la même mesure.

 

(Source : El Maoukif n°354 du 7 avril 2006)

 

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Tunisie: la LTDH entend tenir son congrès fin mai

 

Associated Press, le 8 avril 2006 à 19h27  

 

TUNIS (AP) — Le comité directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a annoncé samedi qu’il avait décidé de tenir son congrès les 27 et 28 mai prochain en dépit d’une procédure judiciaire en cours.

 

Prévues en septembre 2005, ces assises avaient été suspendues suite à un recours en référé engagé par des adhérents de la LTDH, la plupart proches du parti au pouvoir, accusant notamment les dirigeants de la Ligue de «violation du statut et du règlement intérieur» de l’organisation.

 

Examinée depuis au fond, l’affaire a été reportée à plusieurs reprises. La prochaine audience est prévue pour le 6 mai. Lors d’une récente conférence de presse, le président de la LTDH, Me Mokhtar Trifi, a annoncé qu’il se désengageait de la procédure en cours, considérant que les plaignants sont «manipulés» par les autorités dans le but de «mettre au pas» l’organisation.

 

Sur les 21 plaignants, 19 ont retiré leur plainte en novembre dernier. Restent l’avocat Chédli Ben Younès et le sénateur Ridha Mellouli, qui exigent que leur soit reconnu leur statut de président de section, une qualité niée par le comité directeur.

 

Reflet de ce que d’aucuns appellent «un dialogue de sourds» entre les parties prenantes, la convocation du congrès de la LTDH semble devoir faire durer le bras de fer autour de cette organisation, la plus ancienne dans le monde arabe et en Afrique.

 


 

 

FEDERATION INTERNATIONALE DES JOURNALISTES (FIJ)

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

 

7 Avril 2006

 

Contre le déni de justice et les assassinats

qui hantent le monde démocratique

 

La Fédération internationale des journalistes a appelé aujourd’hui les Nations Unies ainsi que le gouvernement des États-Unis à mener une nouvelle campagne contre l’impunité entourant les assassinats de journalistes et de travailleurs des médias.

 

La FIJ a érigé le 8 avril au rang de journée internationale de protestation contre l’injustice qui a laissé impunis des centaines de cas de meurtre et d’assassinat de travailleurs des médias au cours des dernières années. Les syndicats affiliés à la FIJ s’insurgent en particulier à propos des spéculations selon lesquelles des journalistes auraient été délibérément visés en Irak, où une vingtaine de travailleurs des médias sont morts des mains de soldats américains sans que leur décès n’ait été expliqué.

 

« Quand la plus grande démocratie du monde est incapable de remplir ses obligations de rendre justice et d’assurer un traitement équitable aux victimes d’actes de violence commis par ses propres soldats, elle jette une ombre sur la liberté de la presse et la lutte pour les droits de l’homme partout sur la planète » déclare Aidan White, Secrétaire général de la FIJ.

 

La FIJ et ses membres ont envoyé à leurs gouvernements respectifs et au gouvernement américain une lettre de protestation invitant les États-Unis à diligenter une enquête exhaustive sur tous les cas où des journalistes ont été tués par des soldats américains.

 

Le 8 avril marque le troisième anniversaire de l’attaque par les troupes américaines de l’hôtel Palestine de Bagdad, qui hébergeait de nombreux journalistes et travailleurs des médias au moment de l’invasion de l’Irak. Deux journalistes furent tués et de nombreux autres blessés. Le même matin, un journaliste fut tué lors de l’attaque des bureaux de Bagdad de la chaîne d’information par satellite Al-Jazira par l’aviation américaine.

 

Cette année, la FIJ attire également l’attention sur les autres cas d’impunité, notamment dans le cas de l’Ukraine, où Georgy Gongadze, un journaliste d’investigation fut enlevé et décapité par des tueurs sans doute liés au régime de l’ancien président Leonid Koutchma, de l’Amérique latine, où quelque 300 travailleurs des médias ont été assassinés ces dernières années – quelques-uns de ces cas faisant l’objet d’une enquête satisfaisante -, ou encore des Philippines, qui sont, après l’Irak, le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes.

 

« Aucune de ces attaques n’a fait l’objet d’une enquête indépendante, et les décès n’ont pas été expliqués de manière satisfaisante aux familles des victimes, à leurs amis et à leurs collègues », ajoute Aidan White.

 

La FIJ estime que, trois ans après l’invasion de l’Irak, les journalistes et les travailleurs des médias paient encore un lourd tribut à la guerre, en particulier les journalistes irakiens eux-mêmes, qui se sont joints à l’action d’aujourd’hui. La FIJ accuse les États-Unis de « blanchir » les assassins des journalistes; dans de nombreux cas, il n’y a même pas d’enquête du tout.

 

« Les rapports fournis suivent tous la même logique peu convaincante, celle du secret sur les détails et la nature du rapport, l’absence d’examen des preuves, les haussements d’épaules dérisoires et cruellement insensibles et l’exonération complète de responsabilité du personnel militaire américain à tous les niveaux de commandement, poursuit Aidan White. Au-delà du manque de crédibilité, cela constitue un déni de justice d’une ampleur choquante. »

 

La FIJ déclare que le 8 avril symbolise le problème de l’impunité entourant les nombreux décès de journalistes délibérément assassinés chaque année, dont très peu font l’objet d’une enquête sérieuse et bien moins encore d’un procès pour les responsables. L’année dernière, la FIJ a enregistré la mort de 150 travailleurs des médias, dont 89 dans l’exercice de leur profession.

 

« Un grand nombre des journalistes qui meurent chaque année sont tués par des extrémistes sanguinaires avec lesquels il est impossible de conclure un pacte moral. Nous condamnons sans réserve ces attaques et ceux qui se cachent derrière la vague actuelle de prises d’otages qui a vu l’enlèvement de notre consœur Jill Carroll du Christian Science Monitor et de deux journalistes irakiens, Rim Zeid et Marwan Khazaal de Sumariya TV. Nous militerons sans relâche pour leur libération et pour la découverte, l’arrestation et la condamnation de tous les responsables d’assassinats et d’enlèvements de journalistes » assure Aidan White.

 

Mais en même temps, la FIJ ajoute que la communauté internationale doit défendre les traditions de liberté et de justice en entendant les préoccupations des journalistes aux quatre coins du monde.

 

« Nous demandons une réponse rapide et convaincante aux questions posées par chaque cas d’impunité pour l’assassinat d’un journaliste, conclut Aidan White. Les Nations unies doivent en faire plus pour mettre un terme aux attaques ciblées contre les journalistes et travailleurs des médias et faire en sorte que tous les gouvernements remplissent leurs obligations de protection des journalistes quand ils exercent une activité professionnelle légitime. »

 

For further information contact the IFJ at +32 2 235 22 00 The IFJ represents over 500,000 journalists in more than 110 countries

 

Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo),

info@hrinfo.net

 


 

Invitation to a press conference:

Arab police practices defaming journalists’ and activists’ reputations

 

Press conference to announce a study confirming the framing of criminal cases against journalists and activists

 

6 April 2006

 

Cairo, 6 April 2006 – A new study prepared by the Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo), entitled « No Rules. No Limits: Physical and sexual assaults and fabrication of cases against journalists and activists », states that some security bodies in Arab countries use ‘dirty operations’ against journalists, and human rights and political activists. ‘Dirty Operations’ include the fabrication of criminal cases, sexual assaults, and attempts to defame the reputation of activists, in addition to the customary violations such as detention and physical assaults.

 

The study includes case studies in Tunisia, Egypt, and Bahrain of journalists and human rights and political activists who have been targeted by these operations as a punishment for their writings and activities, in an effort to break their spirit.

 

The study also includes the consequences of the cooperation of some newspapers with security bodies in these operations on the credibility and freedom of press.

 

HRinfo will announce the study in a press conference to be held in the Egyptian Press Syndicate on Sunday, 9 April 2006, at 12:00 pm. The press conference will be held in the Amin Al-Rafey hall on the third floor.

 

The pres conference will include short presentations by some victims of these operations and how such practices have affected their lives and their roles in the public life.

 

Copies of the study in Arabic and English will be provided.

 

The press conference will be conducted in both English and Arabic.

 


 

A.G. extraordinaire des avocats

BELOTE ET REBELOTE

Par Hatem OMRANE

 

L’Assemblée générale extraordinaire des avocats n’a, en définitive, rien eu d’«extraordinaire», dans la mesure où, par-delà ses aspects tumultueux et le règne de la violence verbale, désormais classiques, elle n’a enfanté aucune nouveauté.

 

Les avocats campent sur leurs positions, et malgré le contact renoué avec les institutions de l’Etat, ne semblent pas vraiment convaincre la tutelle.

 

Deux grandes questions au moins sont l’objet de mésentente entre l’Ordre des Avocats et les pouvoirs publics : le projet d’Institut de l’avocature et la couverture sociale des robes noires.

 

Ce dernier point ne semble pas devoir connaître de solution concertée, dans la mesure où les avocats se refusent à reconnaître en la CNSS une option sérieuse pouvant donner lieu à une couverture convenable et à une retraite digne.

 

En revanche, la couverture sociale indépendante, ou «Caisse des avocats», défendue par la profession, n’a jamais pu s’imposer comme véritable organisme de sécurité sociale pour les hommes et les femmes du barreau.       

 

Même assortie d’une augmentation de la valeur du timbre des avocats, elle ne semble pas devoir connaître de meilleur sort, de sorte que le problème épineux de la retraite et de la couverture sanitaire des avocats reste entier.

 

Reste l’affaire de l’accès à la profession et son corollaire, l’Institut des avocats. Le projet de loi est à l’examen, et l’assemblée générale de samedi dernier, a confirmé le vœu, plus d’une fois exprimé par le Conseil de l’Ordre, de le voir soumis à une relecture en vue d’une révision. Et il faut reconnaître que sur cette question, il possible de transiger. A contrario de la couverture sociale qui restera probablement sans solution.

 

(Source : « le journal », N° 21 du Samedi 8 Avril 2006)

URL: http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=279&gpl=21


RETRAITE, LONGEVITE ET EQUILIBRE DES CAISSES

Par M’hamed JAIBI

 

Par moments, une simple anecdote, au détour d’une conversation quelque-peu philosophique, entre une pizza et un thé aux pignons, peut donner des ailes à des idées jusque-là rocailleuses, coincées entre l’enclume des certitudes et le marteau-pilon des vertigineuses transformations que connaît le monde. Une anecdote, une blague salée, une citation d’auteur ou … une revendication syndicale sortant de l’ordinaire.

 

Comme celle du Syndicat de l’Enseignement Secondaire, qui revendique de ramener l’âge de la retraite à 55 ans, ou l’idée lancée par celui du supérieur, de le repousser à 65 ans. Deux revendications qui sortent des normes, même si c’est des éducateurs, défenseurs traditionnels de l’ordre social et des normes conventionnelles de la société, qui en sont les auteurs.

 

Leurs arguments sont aussi simples que corporatifs, confirmant que les tabous ne sont immuables que pour les esprits limités et les porteurs de principes sacro-saints.

 

Les premiers considèrent que leur travail est épuisant et psychiquement déstabilisant, nécessitant un plan de carrière adapté. Les seconds s’estiment en droit de repousser l’âge de la retraite afin de pouvoir aligner un nombre d’années d’exercice suffisant, ouvrant la voie à une allocation complète. Et il semble bien que les enseignants du supérieur aient été écoutés. Car si leur retraite reste fixée à 60 ans, ils font désormais l’objet, certes au cas par cas, de mesures de prorogation.

 

Au-delà des approches spécifiques et des conditions particulières de tel ou tel métier, la problématique de l’âge de la retraite se pose avec de plus en plus de sérieux et parfois d’acuité. À plus d’un niveau.

 

L’équilibre des caisses sociales préoccupe, au plus haut point, les pouvoirs publics, les organisations socioprofessionnelles et l’opinion publique. Cet équilibre, menacé par l’inversement de la pyramide des âges, risque d’être fortement mis à l’épreuve par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie en projet, quelque forme qu’elle prenne.

 

Des voix se sont élevées, ici et là, suggérant de retarder l’âge de la retraite à 63 ou 65 ans. Ce serait une décision très controversée, mais les chiffres sont têtus. Les syndicats, en particulier, verraient d’un mauvais œil une telle réforme. À l’exception de celui de l’enseignement supérieur, dont la revendication audacieuse contribue fortement à légitimer un débat serein sur la question.

 

Certains syndicalistes et intellectuels se disent totalement opposés à un recul obligatoire de l’âge de la retraite, qui ferait figure de «remise en cause des acquis sociaux». D’autres se rendent à l’évidence, avec amertume, voyant la chose inévitable. Ce, alors que les pouvoirs publics craignent qu’une telle réforme n’aggrave le chômage des jeunes.

 

La libéralisation du débat national sur cette question, à travers les revendications contradictoires des syndicats de l’enseignement, pose, implicitement, aujourd’hui, la problématique en termes de choix spécifiques qui regardent les particularités du corps professionnel concerné, et qui pourraient bien devenir des choix et options personnels. À la condition que nous sachions concevoir pour notre pays une réforme globale de la couverture sociale qui sache tirer pleinement profit des riches expériences des pays occidentaux en la matière. Et éviter leurs erreurs.

 

La possibilité pour un assuré social de poursuivre normalement le travail après l’âge fatidique de 60 ans, ne doit pas être exclue. Cette option, qui doit être du libre ressort de l’intéressé, présenterait le double intérêt de le voir reporter le bénéfice de la retraite à un rendez-vous ultérieur sans cesse reporté, et poursuivre le versement normal des cotisations habituelles, à charge de bénéficier, en fin de parcours, d’une retraite bonifiée.

 

Cette option, que les puristes considèrent comme fantaisiste aurait, également, le mérite de répondre à une nouvelle réalité devenue pressante, celle de l’évolution de l’espérance de vie dans notre pays.

 

Des citoyens bien formés et très expérimentés, capables d’apporter à ce pays leur part de génie et d’énergie active, se résignent à jouer aux cartes, du matin au soir, dans des clubs ou des cafés de quartier, alors qu’ils pourraient bien assumer, dans la bataille du développement global que livre leur pays avec beaucoup de courage, leurs pleines responsabilités. Au lieu du géronto-chômage et de la marginalisation.

 

(Source : « le journal », N° 21 du Samedi 8 Avril 2006)

URL: http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=285&gpl=21


 

 Yvonne Ridley, journaliste féministe et voilée

Yves Schaëffner

 

La Presse

Collaboration spéciale- Londres

 

Emprisonnée par les talibans en 2001, la journaliste britannique Yvonne Ridley s’est depuis convertie à l’islam et anime une émission d’information sur Islam Channel. La féministe convaincue a un parcours pour le moins atypique.

 

Elle ne connaît le Coran que depuis quatre ans, mais Yvonne Ridley est déjà la vedette d’Islam Channel. Et pour cause: ce n’est pas tous les jours que la petite chaîne de télévision londonienne peut recruter une journaliste occidentale reconnue, qui s’est de surcroît convertie à l’islam après avoir été arrêtée par des talibans!

 

Encore novice en matière de sourates, Yvonne Ridley possède par contre un sérieux bagage journalistique. En 30 ans de carrière, la journaliste qui frise la cinquantaine a travaillé dans presque toutes les salles de rédaction importantes d’Angleterre (Daily Mirror, News of the World, The Observer, Sunday Express…).

 

Sa conversion à l’islam, elle la doit à un étrange concours de circonstances. Après le 11 septembre, elle s’envole vers le Pakistan dans le but d’aller faire un reportage en Afghanistan pour le Sunday Express. Après trois demandes de visa rejetées, elle décide de traverser la frontière illégalement, incognito sous une burqa.

 

Malchanceuse, elle échappe sa caméra sous le regard d’un taliban. Elle passera 10 jours en cellule.

 

«Autant de jours à me dire que ce jour sera le dernier», se rappelle la journaliste, aujourd’hui toute vêtue de noir et couverte d’un hidjab surmonté d’un foulard abricot.

 

Invitée à se convertir par un religieux alors qu’elle est en détention, la mère de famille trois fois divorcée refuse, tout en promettant de prendre le temps de lire le Coran si elle est libérée.

 

Chose promise, chose due: à son retour en Angleterre, elle se plonge dans le livre sacré. Chrétienne pratiquante, elle découvre une religion ,plus moderne, plus à jour». Et deux ans et demi après son séjour dans les cellules afghanes, elle décide d’embrasser la religion de Mahomet.

 

Féministe convaincue

 

Féministe convaincue, elle dit s’être notamment convertie parce que le Coran est plus libéral que la Bible pour les femmes. «Les femmes musulmanes ne connaissent pas leurs droits. Ce n’est pas islamique d’opprimer les femmes comme cela se fait dans certains pays musulmans», s’emporte-t-elle.

 

Et le port du voile? «C’est inscrit dans le Coran, c’est une obligation pour toutes les femmes musulmanes. On ne peut pas ne prendre que ce que l’on veut dans une religion. Mais je ne juge ni ne critique les femmes qui ne le portent pas. C’est leur choix.»

 

Outre les valeurs du Coran, Yvonne Ridley a également fait siennes les causes qui tiennent à coeur à nombre de musulmans. Après avoir travaillé six mois pour le site Web d’Al-Jazira au Qatar en 2003 (elle a été renvoyée pour syndicalisme et, d’après elle, parce que Washington n’aurait pas apprécié une de ses enquêtes), elle revient en Angleterre et fonde avec d’autres le parti politique Respect.

 

Amalgame de gauchistes et de fervents musulmans, Respect s’est fermement opposé à la guerre en Irak. Candidate à trois reprises depuis 2004, Mme Ridley n’a toutefois jamais réussi à se faire élire.

 

Depuis janvier 2004, elle est également responsable des questions politiques pour la chaîne Islam Channel. À la barre d’Agenda- une quotidienne d’information-, elle accueille chaque jour des invités qui discutent généralement de sujets touchant de près les musulmans.

 

Syndrome de Stockholm

 

Si elle se défend d’avoir été victime du syndrome de Stockholm- qui pousse les otages à défendre les idées de leurs ravisseurs-, la journaliste condamne aujourd’hui l’invasion de l’Afghanistan. «C’était juste pour des questions pétrolières», soutient-elle.

 

Mieux, elle défend l’héritage des talibans. «Ils étaient en train d’éradiquer la culture de l’opium. Et qu’est-ce que l’on voit depuis l’invasion? La culture de l’opium a repris de plus belle, l’industrie pornographique est en pleine effervescence, les viols ont augmenté…»

 

Critiquant la publication des caricatures de Mahomet par certains médias occidentaux- qu’elle compare aux caricatures de juifs par les nazis avant la Deuxième Guerre mondiale-, elle considère également que les musulmans sont les «nouveaux juifs». «Quand on diabolise les gens par des caricatures, c’est qu’on est au début d’une pente glissante.» À ses yeux, Guantanamo s’apparente d’ailleurs à un camp de concentration des temps modernes.

 

Bien que surpris par son parcours, ses anciens collègues du Sunday Express continuent à avoir beaucoup de respect pour elle. «Elle a fait des choix inhabituels, mais ce sont ses choix. Je suis convaincu qu’elle est aussi compétente aujourd’hui qu’elle l’était dans le passé», conclut son ancien collègue, Jim Murray, aujourd’hui responsable de l’actualité au Sunday Express.

 

(Source : Le site canadien « Cyberpresse » d’après « La Presse », le 4 avril 2006)

URL: http://www.cyberpresse.ca/article/20060404/CPACTUEL/604040749/1064/CPACTUEL


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