TUNISNEWS
9 ème année, N° 3462 du 14.11.2009
C.R.L.D.H. Tunisie: Journée de Solidarité avec Taoufik Ben Brik et Zouheir Makhlouf Europe1: Ben Brik: Le PS demande l’aide de l’UE Abou Firas: Les raisons du coup de colère du Président Dictateur Général tunisien AFP: Mondial-2010 – Grande déception en Tunisie après l’élimination AFP: Maroc: les autorités suspendent un journal dont le directeur est en prison AFP: Sahara: une militante pro-Polisario refoulée vers les îles Canaries AFP: Espagne: arrestation d’un Algérien soupçonné de financer un groupe islamiste AFP: Physicien islamiste arrêté : Paris demande l’aide judiciaire de la Suisse Christian Salmon: Entre les voix du Front national et celle d’un écrivain libre, il faut choisir
C.R.L.D.H. Tunisie
اللجنة من أجل احترام الحريات وحقوق الإنسان في تونس Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34
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Mercredi 18 Novembre 2009 Journée de Solidarité avec Taoufik Ben Brik et Zouheir Makhlouf, journalistes tunisiens en prison.
1- Le Collectif Maghreb Solidarité, organise en solidarité avec les journalistes victimes d’exactions et de poursuites judiciaires et pour exiger la libération de ceux qui sont emprisonnés (Tawfik Ben Brik, Driss Chahtane, Zouheir Makhlouf, Mustapha Abdedayem…), un Rassemblement sur le Parvis de l’Opéra, Mercredi 18 Novembre 2009 à 18 H. 2- Le Maire du 2ème arrondissement de Paris, Le CRLDHT et la FTCR organisent, en présence de plusieurs journalistes et personnalités politiques et associatives, une soirée pour la liberté de la presse en Tunisie, en soutien aux journalistes tunisiens, notamment aux journalistes emprisonnés Taoufik Ben Brik et Zouheir Makhlouf, (dont les procès respectifs auront lieu les 19 et 24 Novembre) face à la forte répression dont ils font l’objet et la dégradation de la situation aux lendemain des élections présidentielles et législatives en Tunisie. Le Mercredi à 18 novembre 2009 de 19h30 à 22h00 A La salle des expositions à la Mairie du 2ème Arrondissement de Paris 8, rue de la Banque – 75002 PARIS – Metro Bourse
Ben Brik: Le PS demande l’aide de l’UE
L’eurodéputé socialiste Harlem Désir a réclamé samedi dans un communiqué “l’intervention de l’Union européenne” pour obtenir la “libération immédiate” du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik, incarcéré depuis fin octobre à Tunis. “La Tunisie est liée à l’UE par un accord d’association qui comprend, dans son article 2, +le respect des principes démocratiques et des droits de l’Homme+. Ceux-ci sont aujourd’hui ouvertement et systématiquement bafoués, au lendemain de la réélection du président Ben Ali pour un cinquième mandat qui s’annonce sous les pires auspices”, explique Harlem Desir. “La Commission européenne et le Conseil ne peuvent rester sans réagir devant de telles violations des engagements pris vis-à-vis de l’Europe. Ils doivent intervenir fermement, tout comme la France, auprès des autorités tunisiennes pour demander le respect des principes démocratiques les plus élémentaires et la libération immédiate du journaliste tunisien emprisonné”.
(Source: Europe1.fr le 14 novembre 2009)
Les raisons du coup de colère du Président Dictateur Général tunisien
Par Abou Firas. Déclaration du Président tunisien le jour des élections présidentielles et législatives : “Il existe une minorité infime de Tunisiens qui n’éprouvent aucune gêne en ce moment précis à s’en remettre à l’étranger pour quérir le soutien de parties extérieures qu’ils incitent à faire campagne contre leur propre pays Ils n’ont pas respecté le caractère sacro-saint de la patrie, ni son intégrité et ont poussé l’audace jusqu’au recours aux allégations mensongères et à l’incitation à une campagne désespérée auprès de certains journalistes étrangers, pour mettre en doute les résultats des élections avant même le dépouillement des voix” Ben Ali a ajouté en outre que la loi serait “appliquée contre quiconque émettra des accusations ou des doutes concernant l’intégrité de l’opération électorale, sans fournir de preuves concrètes”. Voilà ce qui est dit : Peu importe que tous les médias libres sont unanimes à condamner cette parodie de démocratie, peu importe que toutes les forces démocratiques de la Tunisie aient condamné cette mascarade, peu importe que les vrais opposants tunisiens qui n’ont de leçon de patriotisme à recevoir de personne aient appelé à boycotter ces élections, peu importe que le peuple tunisien dans sa grande majorité ne croit pas un seul instant à cette mise en scène cynique d’élections libres et démocratique, peu importe que les chancelleries étrangères dans leurs rapports fassent état d’une grande duperie faite pour tromper ceux qui y croient. Limportant est de rester au pouvoir. L’important est de durer .. durer le plus longtemps possible même si on doit écraser tout le monde .. même si on renie la même déclaration du 7 novembre signée par le général ben ali au moment du putsh sanitaire contre le premier président Bourguiba. Il faut simplement durer pour le bien … de toute la famille. L’important est d’avoir le pays sous la coupe des familles Ben Ali, Trabelsi, chiboub, Materi, Mabrouk, Djilani et autres affiliés … L’important est de continuer d’avoir tout le pouvoir et toutes les décisions au niveau du palais de carthage .. via une poignée de fonctionnaires zélés et inconscients et qui vont assujettir tout l’appareil de l’état , sa police, son administration fiscale, sa douane, son parlement avec ses deux chambres et sa justice à la merci des interêts des familles et de leurs parrains en exercice:le président et sa femme. L’important est de confisquer l’état au profit des interêts des familles et des proches, même si la gangrène va se propager et va faire que de plus en plus de personnes vont se sevir au passage .. au détriment d’un peuple de plus en plus mal en pouvoir d’achat. L’important est d’avoir tous les privilèges, tous les passe-droits, et toute l’impunité nécessaire pour laisser les familles accaparer des pans entiers de l’économie nationale sous l’oeil bienveillant du général et de sa femme mais aussi de l’état et de ses structures. L’important est de veiller à ce que tout ceci se fasse dans le silence le plus total .. Un silence qu’il convient d’imposer par tous les moyens : la peur, l’interêt et la désinformation en interne, par la corruption intellectuelle et financière à l’étranger .. Le silence est nécessaire aux familles au pouvoir .. pour garder le bon peuple ignorant du degré sans précédant de la délinquescence de l’état et de ses structures, de l’economie et de ses rouages. Voilà ce qui est dit : “On fait ce qu’on veut dans ce pays qui est à nous, vous n’avez même pas le droit de le contester ou d’exprimer la moindre des critiques. Sinon, notre police et notre justice se chargeront de vous le faire regretter”. Alors une question à tous ceux qui me lisent : Que doit faire un citoyen responsable face à cette situation ? Sur qui doivent compter les citoyens honnêtes dont la situation de leur pays leur tient à coeur, dans un pays ou tous les espaces de liberté sont confisqués .. et qui a hélàs l’opposition la plus bête de la terre ? Faut-il appeler à l’insurrection populaire ? appeler à des marches de contestation dans toutes les villes de Tunisie contre ce régime dont il convient de contester la légitimité ? appeler à l’insubordination civile ? oui mais pour quelle alternative ? Est-ce qu’il y en a au moins une alternative viable ? une seule ? J’ose croire qu’il yen a plusieurs alternatives .. j’ose croire de toutes mes forces car je veux que mes enfants grandissent dans un état de droit .. j’aime que mes enfants grandissent dans la dignité dont leurs parents ont été bafoués par des régimes totalitaires depuis plus de 50 ans. Le secours ne nous viendra pas de Mr Sarkozy .. qu’il convient de lui rappeler ses propres propos sur les droits de l’homme … mais il voulait simplement parler de la méditérranée du Nord .. pas celle du Sud .. ou il ne faudrait pas exagérer en demandant plus que de bien manger et de bien se vêtir … C’est de notre destinée dont il s’agit … et nous devons tous faire changer la peur de camp : la peur devrait être dans le camp des voyous , des traitres , des rénégats qu’il faudrait bien balayer une fois pour toutes. Un jour viendra ou les forces de la répression de ces voyous se rendra compte qu’elle ne pourra pas servir plus longtemps cette racaille que notre pays ne mérite pas. A tous ceux qui se posent des questions sur ces hordes de tunisiens devant les caméras qui chantent les louanges du président chef de clan .. je dis : ces hordes sont celles mêmes qui chantaient les louanges de Bourguiba le 7 novembre le matin , et de ben Ali le soir même .. et ce sont celles même qui chanteront l’avènement d’une nouvelle république … parce que c’est tout ce qu’elles peuvent faire .. quant aux tambours, aux bendirs et aux mezaoudia, ceux là seront toujours de la fête .. de toutes les fêtes .. comme d’habitude. La panique et la nervosité du clan du couple Ben Ali – Trabesli est perceptible .. leur voracité s’accèlère et leur sentiment d’impunité devient flagrant … Tous ceux qui ont lu l’histoire des peuples reconnaitront aisément le début de la fin de ce régime contre-nature … Ca … ils ne peuvent pas le savoir .. car ils ne savent pas lire.
Mondial-2010 – Grande déception en Tunisie après l’élimination
AFP 14.11.09 | 18h00 L’élimination de la Tunisie du Mondial-2010 de football après sa défaite face au Mozambique (0-1) a provoqué samedi une grande déception dans le pays. “C’est une grande déception pour nous tous”, a affirmé le président de la Fédération tunisienne de football (FTF), Kamel Ben Amor, au micro de radio Mosaïque. “La responsabilité est partagée par tous”, a-t-il ajouté depuis Maputo, où il accompagnait les “Aigles de Carthage”. “C’est une défaite très amère (…). On a vu sur terrain une équipe jouant sans la rage de vaincre”, a reconnu l’ancien international Zied Tlemsani dans une émission de télévision tunisienne. Les supporteurs tunisois ont vécu la défaite de leur équipe comme une douche froide, et beaucoup ont quitté en silence les cafés où ils avaient suivi le match. Venu avec des amis sur dans l’avenue Habib Bourguiba, coeur battant de la capitale, Anis, 23 ans, était persuadé que la Tunisie finirait par se qualifier. Samedi soir, sa déception s’est transformée en colère contre le sélectionneur portugais de la formation tunisienne, Umberto Coelho. “La victoire du Mozambique est bien méritée (…). Le sélectionneur de notre équipe assume une grande responsabilité dans cette défaite”, a estimé le jeune supporteur. Interrogé à Maputo, Coelho a déclaré qu’il allait désormais concentrer son attention sur la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en janvier en Angola, pour laquelle le Nigeria, la Tunisie et le Mozambique sont qualifiés dans le groupe B de la zone Afrique. Le Nigeria s’est qualifié pour le Mondial-2010 après sa victoire samedi au Kenya (3-2), combinée à la défaite de la Tunisie au Mozambique, lors de la dernière journée des qualifications de la zone Afrique.
Maroc: les autorités suspendent un journal dont le directeur est en prison
AFP, le 14 novembre 2009 à 12h58 RABAT, 14 nov 2009 (AFP) – Le journal Al Michaâl a été suspendu en attendant la nomination d’un nouveau directeur de publication pour remplacer Driss Chahtane, condamné à un an de prison pour des articles sur la santé du roi Mohammed VI, a-t-on appris samedi auprès des intéressés. Le rédacteur en chef de cet hebdomadaire arabophone, Driss Ould El Kabla, a déclaré à l’AFP que les services de la sûreté nationale de Casablanca l’avaient convoqué vendredi pour l’informer de “la décision du procureur du roi de cesser la publication du journal Al Michaâl et de l’obligation d’informer l’équipe de rédaction”. “Tant que le directeur actuel de la publication est en prison, il n’a pas la capacité légale d’être responsable de tout ce qui est publié dans son journal. La justice demande la désignation d’un nouveau directeur pour pouvoir (continuer à) paraître”, a confirmé à l’AFP l’avocat du journal, Me Lahbib Hajji. Driss Ould El Kabla a toutefois annoncé samedi que le comité de rédaction du journal avait désigné l’actuel secrétaire de rédaction, Mustapha Rayhane, comme nouveau directeur de la publication. Cette nomination, a-t-il ajouté, sera présentée officiellement aux autorités lundi. Driss Chahtane avait été condamné le 15 octobre à 1 an de prison ferme pour avoir publié des articles contestés sur la santé du roi. Le tribunal avait également infligé une amende de 10.000 dirhams (environ 885 euros) à l’encontre de M. Chahtane et ordonné son incarcération immédiate. La même sentence a été prononcé en appel. Des peines de 3 mois de prison ferme ont été prononcées par le même tribunal à l’encontre de Rachid Mhamid et Mustapha Hirane, deux journalistes du même journal. Ceux-ci devaient en outre payer une amende de 5.000 dirhams (440 euros) chacun et assumer les frais du procès. Driss Chahtane était poursuivi pour “publication malintentionnée d’une fausse information”, “allégations et faits non véridiques”, MM. Mhamid et Hirane pour participation. Début septembre, le procureur général avait annoncé avoir ordonné à la police d’ouvrir une enquête “minutieuse” sur Al Michaâl et un autre hebdomadaire arabophone indépendant, Al Ayam, pour publication de “faits mensongers et de fausses informations”. Le 26 août, le palais royal avait annoncé que le roi Mohammed VI avait été placé en convalescence pour cinq jours en raison d’une “infection” ne présentant “aucune inquiétude sur sa santé”. Fin août, Driss Chahtane avait publié un article intitulé “Al Michaâl dévoile les raisons du communiqué du Palais au sujet de la maladie du roi qui a inquiété l’opinion publique”.
Sahara: une militante pro-Polisario refoulée vers les îles Canaries
AFP, le 14 novembre 2009 à 17h04 RABAT, 14 nov 2009 (AFP) – Une marocaine proche du Front Polisario, Aminatou Haidar, a été arrêtée vendredi à Laâyoune (Sahara occidental) à son retour de l’étranger et renvoyée samedi vers les îles Canaries (Espagne), a-ton appris de source officielle. “Suite à son obstination de ne pas accomplir les formalités habituelles de police et d’avoir renié sa nationalité marocaine à son arrivée à l’aéroport de Laâyoune (…) Aminatou Haidar a été refoulée samedi par avion à destination des îles Canaries, lieu de sa provenance”, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire. La militante, titulaire d’une carte d’identité nationale et d’un passeport marocains, a réaffirmé son “obstination en signant un document devant un procureur et ce en présence de certains membres de sa famille” apprend on de même source. “Le Maroc respecte les droits de l’Homme contrairement à nos voisins (Algérie, ndlr) et au Front Polisario qui séquestre des réfugiés dans les camps de Tindouf” (sud-ouest algérien), a souligné cette source, invitant Aminatou Haidar à militer “davantage pour la défense des droits de l’Homme à Tindouf et en Algérie”. Deux journalistes espagnols qui l’accompagnaient ont été interpellés puis relâchés aussitôt après la confiscation d’une cassette vidéo. Le Front Polisario réclame, avec le soutien de l’Algérie, l’indépendance du Sahara occidental. Rabat propose une large autonomie sous sa souveraineté en vue de mettre fin à un conflit vieux de 34 ans. Le 6 novembre, le roi Mohammed VI a appelé les autorités à agir avec la plus grande fermeté contre “les adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc”, en référence aux Sahraouis pro-Polisario. Dans un discours radio-télévisé à la nation à l’occasion du 34ème anniversaire de la Marche verte et de l’annexion du Sahara occidental, le souverain a déclaré que “l’intelligence avec l’ennemi relève de la haute trahison”. “Il n’y a plus de place pour l’ambiguïté et la duplicité: ou le citoyen est marocain, ou il ne l’est pas, a-t-il dit. Fini le temps du double jeu et de la dérobade. L’heure est à la clarté et au devoir assumé. Ou on est patriote ou on est traître. Il n’y a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison”. Le Front Polisario réclame, avec le soutien de l’Algérie, l’indépendance du Sahara occidental. Rabat propose une large autonomie sous sa souveraineté en vue de mettre fin à un conflit vieux de 34 ans.
Espagne: arrestation d’un Algérien soupçonné de financer un groupe islamiste
AFP, le 14 novembre 2009 à 10h49 MADRID, 14 nov 2009 (AFP) – La garde civile espagnole a annoncé samedi l’arrestation d’un Algérien soupçonné d’être “lié à une organisation islamiste” apportant soutien financier et logistique à des cellules islamistes en Algérie. Il a été arrêté à Pampelune (nord), dans le cadre d’une opération menée conjointement par les polices espagnole, autrichienne, française et italienne, selon un communiqué de la garde civile. Au total, dix personnes ont été arrêtées dans cette opération, selon la garde civile, qui ne donne pas de précisions sur les autres arrestations. L’Algérien arrêté en Espagne était visé par un mandat d’arrêt européen lancé par les autorités italiennes, qui l’accusent de “délit d’association de malfaiteurs et de fabrication de faux papiers d’identité”. Il a été emprisonné à Madrid, dans l’attente de son transfèrement en Italie. Il est soupçonné de faire partie d’un réseau installé en Italie, avec des ramifications en Autriche, Espagne, Grande-Bretagne et Suisse. L’objectif du réseau était d’obtenir de l’argent en Europe pour l’envoyer en Algérie afin de financer des activités islamistes, selon la garde civile. La justice et la police espagnoles mènent régulièrement depuis quelques années des opérations antiterroristes contre les islamistes, particulièrement dans la région du nord-est du pays, la Catalogne où vit une importante communauté musulmane. Début 2008, la garde civile avait démantelé un groupe d’islamistes radicaux, majoritairement pakistanais, soupçonnés de préparer un attentat à Barcelone (nord-est). En juin 2008, huit islamistes présumés algériens, soupçonnés d’être liés à l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique, avaient été interpellés à Castellon (est), Barcelone (nord-est) et Pampelune (nord). Le rythme de ces opérations s’est toutefois réduit en 2009.
Physicien islamiste arrêté : Paris demande l’aide judiciaire de la Suisse
AFP, le 14 novembre 2009 à 18h10 GENEVE, 14 nov 2009 (AFP) – La France a demandé l’aide judiciaire de la Suisse dans l’enquête sur le physicien français arrêté le mois dernier, qui travaillait pour le CERN et est soupçonné d’avoir projeté un attentat en France, ont annoncé samedi les autorités helvétiques. “Le ministère public de la Confédération est chargé d’exécuter cette demande d’entraide de la France”, a déclaré Jeanette Balmer, porte-parole du parquet suisse. “Je peux confirmer que nous avons reçu la demande et qu’on est en train de l’exécuter”, a ajouté Mme Balmer, refusant de fournir des détails sur le contenu de la requête. Les autorités suisses avaient annoncé lundi qu’elles allaient ouvrir leur propre enquête sur le physicien français Adlène Hicheur, 32 ans, arrêté le 8 octobre en Isère, dans le sud-est de la France, avec son frère de 25 ans pour des liens présumés avec l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Adlène Hicheur travaillait pour le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) près de Genève et pour l’Institut fédéral suisse de technologie (EPLF) à Lausanne. Il a été incarcéré près de Paris dans le cadre d’une information judiciaire pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”, menée par le juge antiterroriste français Christophe Teissier. Le CERN, opérateur d’un des accélérateurs de particules les plus importants au monde, a fait savoir au lendemain de l’arrestation d’Adlène Hicheur que dans le cadre de ses recherches au Centre, il n’avait “jamais été en contact avec quelque élément qui pourrait être utilisé à des fins terroristes”.
Point de vue
Entre les voix du Front national et celle d’un écrivain libre, il faut choisir
LE MONDE | 14.11.09 | 14h33 • Mis à jour le 14.11.09 | 14h33
Ne nous y trompons pas. La dernière saillie du député Eric Raoult contre l’écrivain Marie NDiaye est d’une extrême gravité. Elle aurait pu passer en d’autres temps pour le dérapage isolé d’un député en mal de réélection.
Mais son parti, majoritaire à l’Assemblée nationale, lui a aussitôt emboîté le pas. Et le ministre de la culture qui concevait, il y a quelques semaines encore, que son rôle était de prendre la défense des artistes, s’est lavé les mains de cette polémique “anecdotique” et “dérisoire”, mettant au même plan l’offense et l’offensé et renvoyant dos à dos l’écrivain et le député… Pourtant le député ne s’était pas contenté d’exprimer “ce qu’il avait sur le coeur”, mais il avait écrit une véritable lettre de dénonciation au ministre pour lui demander “ce qu’il comptait entreprendre en la matière” contre l’écrivain.

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Eric Raoult n’en est pas à son coup d’essai. Le 31 octobre, déjà, il avait justifié l’expulsion de Tunisie d’une journaliste du Monde, Florence Beaugé, sous le prétexte qu’il ne faut pas s’étonner “quand on fait de la provocation à l’égard du président Ben Ali”, d’être “remis dans l’avion” à l’arrivée à Tunis. Eric Raoult, qui préside le groupe d’amitié France-Tunisie à l’Assemblée nationale, légitimait ainsi, selon Le Monde, “les attaques personnelles les plus farfelues et les plus ignobles, quotidiennement formulées dans la presse tunisienne” à l’encontre de la journaliste accusée tour à tour, d’être : “psychotique”, “hystérique”, “bonne pour la psychanalyse”, “maléfique”, et par-dessus le marché “idiote”, sans compter, “c’est bien connu, volage”…
A l’encontre de Marie NDiaye, les propos d’Eric Raoult sont sans précédent. “Nous lui avons accordé le prix Goncourt parce qu’elle a du talent, a-t-il déclaré. Qu’elle soit moins militante. Maintenant qu’elle a le Goncourt, elle peut penser comme elle veut, mais, en l’occurrence, il faut qu’elle soit un peu l’ambassadrice de notre culture.”
Il faut entendre ce que recèle ce “nous”, et ce qu’il exclut. Marie NDiaye visiblement n’en fait pas partie. Et nous alors ? Mais qui, nous ? Nous, les Blancs ? Nous, la droite ? Nous, l’Occident ? Ce “nous” “menacé par la haine de soi”, selon les mots de Nicolas Sarkozy à La Chapelle-en-Vercors, jeudi 12 novembre ? Ce “nous” n’est-il pas cet obscur objet du débat sur l’identité française ? Qui fait partie de votre “nous”, M. Raoult ?
Cette déclaration porte atteinte non pas seulement à la liberté d’expression d’un écrivain, comme on l’a dit ces derniers jours. Mais il met en cause la liberté tout court, celle qu’a tout citoyen de trouver en effet “monstrueux” – c’est l’adjectif employé par Marie NDiaye – de reconduire manu militari des Afghans dans leurs pays en guerre, “monstrueux” de traquer des enfants sans papiers dans les écoles maternelles. “Monstrueux” de criminaliser ceux qui prennent leur défense, comme aux pires heures de l’histoire de France. “Monstrueux” d’avoir tant valorisé l’expulsion, le rejet de l’autre, la clôture sur soi, qu’il est désormais plus coûteux pour la communauté nationale d’expulser que d’accueillir, d’honorer les statistiques de reconduites aux frontières que de respecter les lois de l’hospitalité.
Doit-on poursuivre ? “Monstrueuse” la législation sur les malades mentaux, la responsabilité pénale des mineurs, le tout-sécuritaire, les tentatives réitérées de fichage de la population, la traque des délinquants dès le plus jeune âge, la criminalisation des banlieues, la culpabilisation des chômeurs, la sanctuarisation du profit, la garde à vue pendant plusieurs mois de Julien Coupat, le culte de l’argent drapé dans la méritocratie…
“Monstrueux”, encore, d’entendre le président de la République parler des liens charnels qui lient “l’identité nationale française” avec… la “terre” ! Et marteler le mot “terre” cinq fois en dix lignes de discours de peur que ne passe inaperçue cette référence explicite à “la terre qui, elle, ne ment pas”, chère au maréchal Pétain en juin 1940. A force de chercher les “racines” introuvables de l’identité, on tombe sur les vieux cadavres, ceux d’une histoire mal enterrée, celle de Vichy.
L’anti-intellectualisme, le mépris des artistes et des intellectuels, font partie du code génétique de ce régime qui a besoin pour imposer ses réformes de traquer la critique jusque dans la langue… Un écrivain n’a pas d’autre citoyenneté que sa langue maternelle. Pas d’autre patrie que le langage dans sa diversité. Pas d’autre territoire à défendre que le pays sans frontières de sa langue. Comment s’étonner alors qu’il soit sensible aux déformations qu’on lui fait subir ? Marie NDiaye ne s’inscrit en rien dans la tradition de l’écrivain engagé, qui “dit le droit pour les autres” dans la lignée de Zola, Camus ou Sartre. Son engagement est “écoute” et “attention”, un souci extrême pour la langue. Un gardien du vocabulaire, comme le disait André Breton.
Ce n’est désormais un secret pour personne : la langue du pouvoir s’est abaissée à des niveaux sans précédent. Le sarkozysme, comme l’inconscient lacanien, est structuré comme un langage. Ou plutôt il est “déstructuré” comme un langage ; c’est une zone de langage effondrée.
Ses attentats syntaxiques sont quotidiens. La liste est longue de ces violences verbales et de ses outrances, de ses lapsus et jeux de mots. Des métaphores guerrières (le “Karcher”, la “racaille”, le “croc de boucher”) en vulgarités (“casse-toi pauvre con”), de lapsus (les fameux “coupables” du procès Clearstream) en plaisanteries machistes ou racistes (les Arabes d’Hortefeux acceptables en petit nombre exclusivement ou Rama Yade qui ferait bien plus “couleur locale” dans le Val-d’Oise).
Cher Eric Raoult, entre la “culture” et la “terre”, il faut choisir. Entre les voix du Front national et celle d’un écrivain rétif à tout embrigadement, il faut savoir celle qu’on veut entendre. Récemment le mur de Berlin est tombé et, avec lui, croyait-on, la tentation d’embrigader les artistes et les écrivains. La guerre froide est terminée depuis vingt ans, mais votre langage et sa rhétorique de la responsabilité, du patriotisme, des ambassadeurs culturels, continue à lui appartenir… comme lui appartient la “prudence” (de chat ou d’apparatchik ?) de notre ministre de la culture.
Nicolas Sarkozy voulait supprimer, dit-on, le ministère de la culture. Que ne l’a-t-il fait ? Il semble qu’il ne soit pas compatible avec son voisin de l’identité nationale et de l’immigration. Pourquoi ne pas lui donner un intitulé nouveau : “ministère de la réserve et de la modération” ? On le confierait à Eric Besson. Il aurait pour mission de récompenser les écrivains “modérés”, amis du régime, envoyés dans des ambassades ou conviés à déjeuner, à qui l’on confierait des missions, des émissions de radio et des chroniques dans les journaux. L’élection du prix Goncourt serait soumise à son approbation. Alors la France, comme Marie NDiaye, n’habiterait plus la France. p
Christian Slamon est écrivain, ex-directeur du Parlement international des écrivains.
Christian Salmon
(Source: “Le Monde” (Quotidien – France) le 15 novembre 2009)