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ANHRI: Authorities shut down TV station, extremists try to burn down another
L’Humanité: Des islamistes tunisiens sèment le trouble
Tekiano: Nessma TV, islamiquement correcte
Le Figaro: La torture a continué après Ben Ali
Kapitalis: Tunisie. Où en sont les confiscations des biens du clan Ben Ali ?
Jeune Afrique: Moez Zouari : « Une nouvelle génération de patrons émerge en Tunisie »
Le Figaro: Printemps arabe : les islamistes ne sont plus bannis
L’information du Nord: Emprisonnée en Tunisie en 1989, elle écrit aujourd’hui son histoire
Authorities shut down TV station, extremists try to burn down another
Tunisie: les salafistes, mouvance très minoritaire mais déterminée à peser
Barbes et tuniques, ils sont de nouveau visibles dans la rue: les salafistes, mouvance très…
Barbes et tuniques, ils sont de nouveau visibles dans la rue: les salafistes, mouvance très minoritaire de l’islam tunisien, donnent de la voix à la faveur du bouillonnement révolutionnaire et voudraient imposer leur marque à une société très largement sécularisée.
Pour les chercheurs, ces partisans d’un islam rigoriste, qui prône une application littérale de la charia (loi islamique), profitent surtout d’un effet d’aubaine.
« Ils sont dans la réaction plutôt que dans l’action. C’est pourquoi on les voir ressurgir en période électorale », analyse Alaya Allami, spécialiste des mouvements islamistes au Maghreb, à moins de 15 jours des premières élections de l’après-Ben Ali.
« Ils profitent de la liberté offerte par la révolution pour tenter d’imposer leur norme à la société », renchérit l’historien Fayçal Chérif.
Cette intrusion dans l’espace public se traduit par des confrontations plus ou moins violentes.
A Sousse (est), quelque 200 islamistes ont envahi l’université la semaine dernière après le refus d’inscription d’une femme vêtue d’un niqab.
Dernier incident à Tunis: la tentative d’attaque le 9 octobre de la chaîne privée Nessma, après la diffusion d’un film contenant une séquence représentant Dieu sous les traits d’un vieillard barbu.
Pour Fayçal Chérif, ces incidents ne sont pas tous de même nature: « A Sousse, il y a eu une volonté de passage en force, typique d’un activisme salafiste. En revanche, l’affaire de Nessma a touché tous les musulmans, car en islam, on ne représente pas Dieu ».
L’émergence du salafisme en tant que mouvement date de la fin des années 1980, explique M. Allami. « Ils sont été mis en cause dans deux épisodes violents, l’attentat contre la synagogue de Djerba (sud) en 2002 (21 morts) et la fusillade de Soliman (banlieue de Tunis) début 2007 (14 morts). »
Mais ils restent selon lui « extrêmement minoritaires », divisés et peu organisés. « Plus de 1.500 d’entre eux ont été arrêtés et jugés depuis 2007. Aujourd’hui, on estime les salafistes à 200 maximum, âgés de de 20 à 30 ans, et à entre 5 et 7.000 le nombre de leurs sympathisants », affirme-t-il.
Il distingue deux grandes tendances: « ceux qui se réclament d’un islam apolitique, conservateur et non violent, comme c’est le cas de Hizb At-Tahrir. Et ceux, plus minoritaires encore, qui se réclament du djihadisme, d’une prédication de combat ».
Poussée de fièvre salafiste
Seul mouvement appelant ouvertement à « la restauration du califat » islamique, Hizb At-Tahrir n’a pas obtenu sa légalisation après le 14 janvier.
« Le Hizb n’a pas été légalisé parce qu’il ne joue pas le jeu démocratique, comme l’a au contraire affiché Ennahda (le principal parti islamiste, donné favori pour le scrutin du 23 octobre) », explique Fayçal Chérif.
Pour ces historiens, la poussée de fièvre salafiste heurte une relation généralement apaisée à la pratique religieuse.
« Les Tunisiens pratiquent dans leur immense majorité un islam sunnite modéré. Très tôt, la Tunisie s’est distinguée: en 1803, les oulémas tunisiens ont refusé d’adhérer au wahhabisme, alors que l’Arabie saoudite avait sollicité ce ralliement dans une lettre au Bey de Tunis », rappelle Alaya Allami.
Pour l’islamologue Amel Grami, les salafistes sont d’autant plus « en quête de visibilité » qu’ils « ne sont pas des acteurs de la vie politique ».
« Ils profitent de la fragilité du gouvernement intérimaire, de l’impatience de la jeunesse et du manque de courage des grands partis politiques qui ne prennent pas clairement position sur la liberté religieuse », explique-t-elle.
« Les islamistes en général ont imposé un débat sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, obligeant même les partis les plus modernistes à s’y référer, parce qu’aucune formation n’est capable de formuler un projet de société qui garantisse la sauvegarde des minorités », analyse-t-elle.
Va-t-on alors voir l’émergence d’une nouvelle force, avec un risque de basculement dans la violence?
Pour Alaya Allami, le risque est faible en Tunisie, où « il peut exister des rencontres opportunistes entre des salafistes locaux et des membres d’Al-Qaïda », mais où « la réussite du processus électoral devrait marginaliser les courants djihadistes violents ».
Source: “Star Africa” Le 12-10-2011
Des islamistes tunisiens sèment le trouble
Des centaines de salafistes ont tenté d’incendier la chaîne de télévision qui a diffusé le film Persepolis. Les laïques s’inquiètent.
À quelques jours des élections du 23 octobre sur une assemblée constituante, les islamistes tunisiens viennent de lever le voile sur leurs véritables intentions. Près de 300 salafistes ont tenté d’attaquer, dimanche, le siège de la télévision privée Nessma à Tunis après la diffusion, vendredi soir, du film franco-iranien Persepolis. Le film d’animation de Marjane Satrapi, Persepolis, décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d’une petite fille. On y voit une représentation d’Allah, ce qu’interdit l’islam.
Ce film avait été suivi d’un débat sur l’intégrisme religieux. « Environ 200 salafistes, rejoints ensuite par une centaine d’autres personnes, se sont dirigés vers Nessma pour attaquer la chaîne. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont dispersé les assaillants », a indiqué le porte-parole de l’Intérieur, Hichem Meddeb. « Après la diffusion de Persepolis, vendredi, il y a eu des appels sur Facebook à brûler Nessma et à tuer ses journalistes », a raconté le président de Nessma, Nébil Karoui. « Nous sommes habitués aux menaces, mais ce qui est grave, c’est que cette fois-ci, ils sont passés aux actes. Nessma est la chaîne moderniste du Maghreb, on ne se laissera pas intimider et nous continuerons à diffuser les films qu’on veut. On n’a pas chassé une dictature pour revenir à une autre », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas des barbus, mais nous sommes contre cette chaîne et son directeur », ont répliqué des manifestants. « À bas Nessma ! Nous sommes là pour défendre l’islam ! » criaient d’autres islamistes.
Cet incident intervient après l’invasion par des hommes armés de la faculté de lettres de Sousse, dans le sud du pays, après le refus d’inscription d’une étudiante en niqab.
En juillet dernier, ils avaient attaqué un cinéma à Tunis qui diffusait un film de la réalisatrice tunisienne Nadia El Fani sur la laïcité. Leur parti, Tahrir, n’a pas été légalisé. Mais un autre parti islamiste, Ennahda, participera aux prochaines élections. Il fait figure de favori. Un responsable de ce parti a condamné les violences de dimanche. « Nous sommes favorables à des manifestations pacifiques afin de réclamer des droits et, sur le principe, nous condamnons la violence », a-t-il précisé.
Le film Persépolis doit en principe être rediffusé ce soir.
Paris condamne l’attaque
La France a dénoncé la tentative d’attaque, la veille, en Tunisie, de Nessma par des salafistes après la diffusion du film Persepolis. « Les autorités françaises déplorent et condamnent l’usage de la violence par des manifestants à l’encontre du siège de la chaîne de télévision Nessma », a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Source: “L’humanite” Le 12-10-2011
Lien: http://www.humanite.fr/monde/des-islamistes-tunisiens-sement-le-trouble-481287
Des voisins de Nabil Karoui retrouvent leurs voitures incendiées
Deux voitures appartenant à des voisins de Nabil Karoui ont été incendiées, mardi 11 octobre 2011 vers 4 heures du matin. Le feu a atteint également le hall d’une maison voisine à celle de M. Karoui. L’incendie semble être criminel, selon le voisinage, et les incendiaires ont pensé que les voitures appartenaient au patron de Nessma TV, nous a déclaré une journaliste de la chaîne. Trois voitures étaient stationnées devant cette maison à la Soukra, une Alfa, une Ford Focus et une Volkswagen Polo. Une des voitures a échappé à l’incendie (la Polo), une autre a été endommagée à l’arrière et une autre endommagée à l’avant.
Source: “Business News” Le 12-10-2011
Nessma TV, islamiquement correcte
Nessma est ramenée à une expression plus islamiquement correcte. Et tant pis pour tous ces partis politiques, ces citoyens qui ont cru trouver le chantre de la modernité, le pôle magnétique de la laïcité. Toute cette histoire ne serait donc ainsi qu’une regrettable erreur.
Des partis politiques tunisiens, comme le Mouvement démocratique pour la réforme et la construction, le parti socialiste de gauche, le Parti réformateur destourien ont, dès, lundi 10 octobre, réaffirmé «leur solidarité avec la chaîne Nessma TV, afin qu’elle demeure une tribune de l’information libre», comme le souligne une dépêche de l’Agence Tap. Des facebookeurs, des téléspectateurs, des blogueurs, ont cru voir, en Nessma, l’étoile scintillante de la modernité, dans la sombre nuit de «l’obscurantisme». Sur Twitter, les débats ont fait rage, donnant l’impression (trompeuse) que la Tunisie s’était divisée en deux. Même le Ministère français des Affaires Etrangères, a cru devoir se fendre d’un communiqué, pour défendre la chaîne qui se déchaîne.
Seulement voilà, Nessma s’est excusée, par la bouche de M. Nabil Karoui, Directeur général de la chaîne de télévision privée qui déclare ainsi : «Je présente mes excuses au peuple tunisien pour la diffusion sur Nessma TV, de la séquence controversée et jugée blasphématoire, représentant l’être divin dans le film d’animation franco-iranien Persepolis et je considère cela comme une erreur qui ne se répètera pas». La perfide Agence France Presse rappelle pourtant que pas plus tard que dimanche, M. Karoui avait assuré que sa chaîne « ne se laisserait pas intimider et continuerait à diffuser les films qu’elle veut ».
C’est la faute au «responsable de la cellule de visionnage», clame-t-il. Celui-ci, n’aurait ainsi pas «indiqué dans son rapport que ce film comporte une scène où Dieu est représenté, ce que proscrit l’Islam et ce que je ne tolère absolument pas en tant que musulman qui respecte la sacralité religieuse et qui ne se permet pas de regarder une séquence pareille avec sa famille». Des observateurs auront pourtant relevé que si la chaîne qui a récolté la tempête, s’affirme comme étant celle du Grand Maghreb, c’est d’abord pour éviter le qualificatif arabe. Une question d’identité, inscrite en rouge au fronton même de la chaîne.
Et voici que Nessma est ramenée à des déclarations plus islamiquement correctes. Et tant pis pour tous ces partis politiques, ces citoyens qui ont cru trouver le chantre de la modernité, le pôle magnétique de la laïcité. Toute cette histoire ne serait donc ainsi qu’une regrettable erreur, puisque Nabil Karoui précise lui-même, qu’il est «musulman, imbu des préceptes de sa religion et conscient des lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser dans n’importe quel moyen d’information». En d’autres termes, si un animateur de cette chaîne se permet un écart de langage, à l’instar de celui d’une imitatrice de talent, sur le mètre sous le pantalon de son collègue, il ne faudra pas en prendre outre mesure ombrage. Un lapsus révélateur ? Non, une simple erreur. Après tout, nous sommes entre gens de bonne compagnie, et qui plus est, Musulmans.
Source: “Tekiano” Le 12-10-2011
NE VOUS RESIGNEZ JAMAIS QUAND IL S’AGIT DE LA LIBERTE
La torture a continué après Ben Ali
L’organisation contre la torture enTunisiea dénoncé la poursuite,après la révolution,de la pratique de la torture par les forces de l’ordre, dans son rapport annuel préliminaire présenté aujourd’hui à la presse à Tunis. « Nous sommes choqués de constater que les anciennes pratiques, de l’usage excessif de la force à la torture, ont continué après le 14 janvier », date de la fuite du président Ben Ali après un règne sans partage de 23 ans, a déclaré l’avocate Radia Nasraoui, présidente de l’ONG. « Nous avons recensé de multiples violations des droits de l’Homme dans les postes de police, dans les prisons. Les arrestations arbitraires continuent et n’épargnent pas les mineurs », a-t-elle affirmé, présentant un rapport préliminaire de 27 pages intitulé « La torture s’est poursuivie après la révolution » après des enquêtes menées entre le 15 janvier et le 30 septembre. Une enquête demandée Les cas « les plus graves » doivent encore être documentés et figureront dans le rapport définitif qui sera publié en décembre, a-t-elle précisé. Un jeune homme de 17 ans, Foued Badrouchi, a raconté comment il avait été arrêté avec des dizaines d’autres jeunes à l’issue d’une manifestation dans le centre de Tunis en mai et jeté dans un cachot de la police pendant plusieurs heures. « J’ai été tabassé, j’ai eu une côte cassée. Puis on a été mis à plusieurs dans une cellule. Les policiers nous ont menacés, ont fait entrer des chiens dans la cellule pour nous faire peur », a-t-il dit. « Des mesures doivent être prises pour qu’une enquête impartiale et indépendante soit menée sur les actes de torture », a plaidé Me Nasraoui. « Les responsables doivent être jugés et sanctionnés et les victimes obtenir réparation et réhabilitation », a-t-elle ajouté, dénonçant une « absence de volonté politique ». L’ONG a à nouveau demandé l’adhésion de la Tunisie à la convention internationale contre la peine de mort et réclamé l’imprescriptibilité des actes de torture. Après la chute du régime Ben Ali, les autorités de transition ont approuvé, le 1er février, l’adhésion de la Tunisie à la convention internationale contre la torture et à trois autres protocoles internationaux relatifs aux droits de l’Homme. En juillet, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) s’était inquiétée dans un rapport du « danger que représente la répétition, même à une échelle sans comparaison avec les pratiques du régime déchu, des crimes du passé ».
Source: “Le Figaro” le 12-10-2011
Vincent Geisser : « Les islamistes tunisiens ne sont ni des anges, ni des démons, mais des professionnels de la politique »
L’incident survenu dimanche à Tunis, alors que des groupes non identifiés ont tenté de saccager les locaux de la chaîne de TV privée Nessma TV à la suite de la diffusion du film d’animation iranien Persepolis, a ravivé les fantasmes de la menace islamiste en Tunisie. A deux semaines de l’élection pour la Constituante, la question se pose plus que jamais : qui sont les groupes islamistes qui existent en Tunisie, quelles sont leur force, leur popularité, leurs liens avec des pays étrangers, les menaces qu’ils représentent ? Des éléments de réponse sont apportés par Vincent Geisser, chercheur à l’Institut français du Proche Orient de Beyrouth, co-auteur avec Michaël Ayari de l’ouvrage « Renaissances arabes. 7 questions clés sur les révolutions en marche », éditions de L’Atelier, sortie le 20 octobre.
Afrik.com :A quelques jours de la première élection libre et démocratique en Tunisie, les débats sur place semblent tourner autour de trois points : le statut du prochain régime, la place de la femme, la laïcité. Sur ce dernier point, le premier article de la Constitution de 1959 stipule « La Tunisie est un État souverain et indépendant, sa langue est l’arabe et sa religion l’islam. La question est de savoir s’il faut retirer ou non cet article. La société semble très divisée à ce sujet ? Vincent Geisser :Il est vrai que le processus de transition politique en cours en Tunisie a révélé de très nombreux clivages politiques mais aussi sociétaux concernant le rapport aux mœurs et aux valeurs. Toutefois, l’on commettrait une erreur d’interprétation, si l’on réduisait ces clivages à une opposition frontale entre islamistes et non islamistes car la société tunisienne est beaucoup plus complexe que cela. A l’heure actuelle, il n’existe pas en Tunisie une partie de la société qui serait « laïque » et l’autre qui serait « islamique » ou « islamiste ». Le pays n’est pas divisé en deux camps idéologiques. De ce point de vue, la Tunisie n’a jamais connu une laïcité d’État comparable à l’expérience kémaliste en Turquie. Il faut se rappeler que c’est au nom d’une conception réformiste et libérale de l’islam que Bourguiba, puis Ben Ali, ont entrepris un certain nombre de réformes audacieuses touchant au statut personnel (divorce, mariage, suppression de la polygamie et de la répudiation, etc.), à l’égalité hommes/femmes et à la place du fait religieux dans la société. Contrairement à une croyance entretenue par certains politiques et intellectuels occidentaux, la Tunisie n’a jamais été un État laïque. L’islam est religion de l’État et le fait religieux est constamment présent dans la vie officielle de la République tunisienne. Un tel héritage explique que de nombreux Tunisiens, y compris de gauche, restent attachés à la référence « musulmane » dans la future constitution du pays, la considérant moins comme une référence religieuse que comme une référence culturelle. On peut certes regretter que la Tunisie ne passe pas le cap de la laïcité en séparant clairement la Religion et le Politique dans sa constitution mais on ne peut pas aller non plus contre un certain état des mentalités, au risque de retomber dans une gouvernance autoritaire. C’est le paradoxe tunisien : l’attachement au sécularisme politique et institutionnel reste encore enserré dans le référentiel islamique. Et cette conception hybride du sécularisme tunisien est défendue, y compris par une partie des élites progressistes et par de larges secteurs de la population.
« Ennahda n’est pas un parti révolutionnaire islamique »
Afrik.com : Le parti Ennahda, qui a subi une vive répression pendant les années de Ben Ali mais également sous Bourguiba, semble représenter la première formation politique dans la Tunisie post-révolutionnaire. Comment expliquer ce succès ? Vincent Geisser :Oui, la répression féroce qu’ont subie les cadres et les militants islamistes, au début des années 1990, fait que le parti Ennahda était devenu totalement invisible sur la scène politique intérieure. Avant la chute de Ben Ali, c’était un parti fantôme, dont la quasi-totalité des dirigeants étaient soit en exil, soit en prison, soit placés sous contrôle administratif. Le travail politique était donc impossible sur le territoire tunisien et les citoyens ordinaires soupçonnés de sympathie pour les thèses islamistes faisaient l’objet d’une surveillance étroite et d’une répression systématique. Comment expliquer alors ce retour aussi rapide et cette percée fulgurante sur la scène tunisienne ? Les islamistes entretenaient-ils des réseaux clandestins, ce que les spécialistes du renseignement appellent des « réseaux dormants » ? Je pense qu’il convient de dépasser cette vision sensationnaliste du « retour des islamistes ». Leur force politique actuelle repose principalement sur les réseaux de proximité, les liens familiaux et les sociabilités ordinaires. Les islamistes étaient certes réprimés mais les solidarités familiales autour des prisonniers politiques ont continué à fonctionner sous la dictature. Avec la chute du régime de Ben Ali, le parti Ennadha a pu donc reconstituer rapidement une base sociale et populaire, contrairement aux autres partis politiques qui étaient marqués par un recrutement élitiste (à l’exception du syndicat UGTT qui disposait lui aussi d’une base populaire). Par ailleurs, le parti Ennadha développe actuellement un discours conservateur qui a tendance à rassurer une partie de la population tunisienne inquiète pour son avenir. En ce sens, la force de conviction du parti Ennahda repose moins sur l’utopie d’instaurer un « État islamique » en Tunisie (le peuple n’en veut pas) que sur son programme conservateur et libéral qui se réclame de la révolution, tout en appelant à un retour à l’ordre : la révolution conservatrice en quelque sorte.
Afrik.com : Même si ce parti apporte des garanties quant au respect de la démocratie, de la place des femmes, du respect des minorités religieuses, représente t-il un danger ? De quelles formes ? Vincent Geisser :Je le dis et je le répète : le parti Ennahda est un parti conservateur.Ce n’est pas un parti révolutionnaire islamique. Il n’a pas l’ambition d’installer en Tunisie une « république islamique ». Toutefois, certains de ses cadres et de ses militants peuvent être tentés de recourir à certains thèmes populistes sur les questions de société pour flatter la « fibre islamique » de l’électorat. En ce sens, même s’il faut se méfier des comparaisons hasardeuses, le parti Ennadha ressemble moins à la « démocratie chrétienne » qu’à la Droite populaire française, à la fois libéral sur le plan économique et ultra-conservateur sur le plan des valeurs. Les islamistes tunisiens ne sont ni des anges, ni des démons, mais des professionnels de la politique qui usent parfois de la démagogie pour mobiliser leurs soutiens et leurs électeurs.
« Les pétromonarchies redoutent par-dessus tout la démocratisation de la Tunisie qui pourrait constituer un extraordinaire modèle de liberté pour l’ensemble du monde arabe »
Afrik.com : En dehors d’Ennahda, il existe d’autres groupes islamistes en Tunisie, des salafistes notamment. Quels liens existent-ils entre eux et Ennahda ? Quels liens également avec les pays étrangers ? Quelles menaces représentent-ils ? Vincent Geisser :Le spectre de l’islamisme tunisien est extrêmement divers. Toutefois, il y a encore peu d’études sérieuses sur la question, en raison de la censure totale qui prévalait sur sous le régime de Ben Ali. En ce moment, les médias tunisiens et européens parlent beaucoup des groupuscules salafistes qui seraient de plus en plus visibles dans l’espace public. Il est fort probable que des groupes salafistes aient grandi à l’ombre de la dictature. C’est d’ailleurs une thèse que j’ai toujours défendu : la répression contre les groupes islamistes conservateurs et libéraux risquait d’entrainer une radicalisation d’une partie de la jeunesse tunisienne. Faute de pouvoir s’identifier à des partis islamistes légaux et démocratiques comme Ennahda, certains jeunes se sont réfugiés dans le salafisme et certains courants fondamentalistes. En somme, la dictature engendre l’islamisme radical ou, du moins, le fait prospérer. C’est pour cela qu’il est important que les islamistes légalistes de type « Ennahda » soient très clairs dans leurs messages politiques et qu’ils se distancient sans ambiguïté des mouvances radicales dont le seul objectif est de faire échouer la transition démocratique. Or, malheureusement ces groupes salafistes bénéficient d’aides secrètes de certains milieux du Golfe dont le rêve est de casser la « petite démocratie tunisienne ». Les pétromonarchies redoutent par-dessus tout la démocratisation de la Tunisie qui pourrait constituer un extraordinaire modèle de liberté pour l’ensemble du monde arabe.
Afrik.com : Ce week-end, la chaîne « Nesma TV » a été attaquée par des islamistes, l’université de Sousse a été également occupée des par des islamistes à la suite du refus de l’administration d’intégrer une étudiante voilée. S’agit-il de cas isolé ou des dérives extrémistes en Tunisie ? Vincent Geisser :Oui, ce sont des événements isolés mais dont les répercussions sont catastrophiques pour l’avenir du processus de démocratisation en Tunisie. Ces faits fortement médiatisés – y compris en France – laissent croire qu’il y aurait une nouvelle « menace islamiste » en Tunisie et un début de situation « à l’algérienne ». Sans forcément verser dans la théorie du complot, il ne faut pas exclure que ces groupes soient en partie manipulés par des officines sécuritaires qui ont intérêt à faire capoter la transition démocratique. Dans tous les cas, l’action violente a pour principale conséquence d’entretenir un climat d’insécurité. Bien sûr, la question du port du voile à l’université mérite un débat public. Les étudiantes voilées ne sont pas toutes des extrémistes et des filles fanatiques qui chercheraient à islamiser l’université tunisienne. Mais ce n’est pas par l’action violente que les Tunisiens trouveront un terrain d’entente mais par la médiation et le dialogue. De même, s’en prendre à une TV privée en menaçant d’incendier ses locaux et de frapper ses journalistes est une manière de jeter le trouble à la vieille des élections pour l’Assemblée constituante. Ces groupuscules islamistes nécessitent une véritable investigation sur leur identité, leur fonctionnement et leurs mobiles. Je remarque que l’on parle beaucoup d’eux mais personne ne se donne vraiment les moyens de les connaître. Est-ce des groupes autonomes ? Quelle est leur base sociale ? Par qui sont-ils financés ? Autant de questions qui méritent des réponses urgentes de la part des médias et des chercheurs sérieux. La réussite de la démocratie tunisienne passe aussi par une rupture avec « la dictature de la rumeur » qui a fait les beaux jours du benalisme.
Source: “Afrik.com” Le 12-10-2011
Lien: http://www.afrik.com/article23903.html
Tunisie. Où en sont les confiscations des biens du clan Ben Ali ?
Et ce n’est pas la fin. La liste est longue sur les biens dispersés et les formalités sont compliquées. Pour que l’Etat récupère ces biens, la Commission de confiscation est en train de faire un travail de titan.
La commission de confiscation auprès du ministère du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières continue son travail entamé depuis la révolution. Elle a pu saisir jusqu’au mois de septembre une centaine de sociétés, 200 titres fonciers, plusieurs biens encore non enregistrés, 200 attestations de propriété, 18 yachts, 2 bateaux de pêche, un avion et 100 voitures dont plusieurs de luxe… ayant appartenu au clan Ben Ali.
«Nous sommes à la recherche d’autres voitures dont nous disposons déjà des papiers et des attestations. Quant au transfert des liquidités du groupe Carthago et de celui de Princess Holding, cotés dans la bourse, tout sera conclu dans une semaine au plus tard», a précisé Adel Ben Ismaïl lors de la rencontre avec les médias, mardi à Tunis.
Pour revenir aux 18 yachts et 23 bateaux de pêche saisis à Sidi Bou Saïd, Monastir et Sousse, les formalités de leur transfert à l’Etat sont prêtes. Quant à l’avion cloué au sol d’un aéroport suisse, le représentant du ministère du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières, s’est montré un peu sceptique sur les promesses de la Suisse.
«Au départ, on nous a demandé un jugement. Entre-temps, l’ambassadeur suisse a dit qu’il a parlé avec les autorités de son pays et nous a promis la récupération de l’avion sans recours aux tribunaux. Nous l’avons cru. Ça fait déjà 3 mois que nous attendons et on n’a rien eu encore. Cet avion nous revient trop cher. Rien que les frais du parking de l’aéroport coûtent à l’Etat tunisien 100 millions par mois», a-t-il précisé. Sans parler des frais de son entretien.
Source: ”Kapitalis” Le 12-10-2011
Bilan des biens confisqués
e ministère du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières, représenté par le directeur de la commission de confiscation Mohamed Adel Ben Ismaïl, a fait un exposé, lors de la 35ème rencontre de la cellule de communication du Premier ministère du 11 octobre 2011, sur le bilan actuel des biens confisqués ayant appartenu indûment à Ben Ali et ses proches. Ces biens, qu’ils soient mobiliers ou immobiliers sont en train d’être confisqués au fur et à mesure que les formalités administratives et foncières sont effectuées, a-t-il précisé. Il a dénombré jusque là, 102 sociétés, 200 titres fonciers, 100 voitures, 18 yachts, 23 bateaux de pèche et un avion. A tous ces biens, s’ajoutent les liquidités pas encore récupérées, en attendant l’accomplissement du transfert de propriété auprès des marchés financiers. En marge de son intervention, une question a été posée par Business News concernant le fameux dossier de Cactus, appartenant à 51% à l’Etat : Comment se fait-il que l’Etat émet la décision d’arrêter l’activité de Cactus et par conséquent la diffusion de la chaîne Ettounisia TV, pour cause de non-conformité aux règles liées au processus électoral, alors que l’ISIE, premier concerné, n’a émis aucune réserve ? Notre interlocuteur s’est alors excusé de ne pas avoir de réponse à cette question, car, disait-il, elle serait du ressort de la Justice.
Source: “Business News” Le 12-10-2011
Lien: http://www.businessnews.com.tn/Clan-Ben-Ali–bilan-des-biens-confisqu%C4%86%C2%A9s,520,27050,1
Moez Zouari : « Une nouvelle génération de patrons émerge en Tunisie »
Encore peu connu du grand public, l’entrepreneur tunisien Moez Zouari fait un retour fracassant dans l’actualité économique en achetant plus d’un quart du capital de la société cotée Somocer, jusqu’ici contrôlée par une famille liée au clan de Leïla Trabelsi, l’épouse de Zine el-Abidine Ben ALi. Pour jeuneafrique.com, ce jeune patron de 40 ans explique sa stratégie et revient sur la mutation économique naissante en Tunisie.
Jeuneafrique.com : Depuis quelques jours, et votre montée au capital du fabricant de céramique Somocer, le monde économique tunisien ne parle que de vous. Quelles sont vos ambitions pour cette société ?
Moez Zouari : Somocer est un fleuron de l’industrie nationale tunisienne avec un potentiel énorme. Elle peut et elle doit jouer un rôle de leader au niveau maghrébin. C’est une société de renom qui a su s’imposer dans son domaine en prenant toujours une longueur d’ avance sur ses concurrents.
Quelle part du capital détenez-vous aujourd’hui ?
Plus de 27% du capital.
C’est plus que la famille Abdennadher, actionnaire de référence de Somocer. Votre intention est-elle de prendre le contrôle de la société à la place de cette famille ?
Notre rôle d’actionnaire est d’avoir un rôle actif et de contribuer au développement de cette société. Somocer a besoin de leadership, de vision stratégique, de plans ambitieux de développement. Nous souhaitons que Somocer gagne de nouvelles parts de marché en Tunisie, qu’elle renforce sa position en Algérie et en Libye où il y aura un rôle important a jouer au niveau de la reconstruction. L’Europe et la Russie sont aussi des marchés a conquérir.
Votre objectif est donc de gérer directement Somocer ?
Non, pas nécessairement. Nous souhaitons collaborer avec le directeur général actuel et son équipe et nous appuyer sur leurs expériences et savoir-faire. Notre stratégie à court terme se définit en trois axes : assainir l’ entreprise, optimiser l’outil de travail et améliorer l’offre pour l’adapter au marché émergent. Je veux simplement aider l’entreprise à grandir et à avoir un rôle actif.
Allez-vous forcément continuer votre montée au capital ? Le marché le croit et le cours de Somocer s’emballe littéralement…
Nous avons mentionné au CMF notre intention de monter dans le capital. Mais ceci se fera dans les conditions qui nous paraîtrons optimales. Le fait que le marché réagisse positivement veut dire que notre projet est bien accepté par les actionnaires, et nous nous en réjouissons. Cependant, nous prendrons le temps de la réflexion et attendrons que le marché sorte de la spéculation et revienne à une valeur d’entreprise plus rationnelle.
Vous avez déjà investi en Tunisie. Vous avez ainsi repris Bonprix, ancienne filiale de Batam…
Oui et l’expérience fut excellente. Nous avons redressé cette entreprise malgré une structure capitalistique qui n’était pas très pratique : nous détenions un tiers du capital aux côtés notamment de banques qui avaient converti une partie de leurs créances en part de capital. Mais nous avions la gestion opérationnelle et avons relancé la machine. J’aurais aimé continué l’aventure.
Vous avez vendu ?
Oui, en 2006, au groupe Chaïbi (Utic), exploitant de Carrefour en Tunisie et qui a transformé les Bonprix en Carrefour Market. Ce fut une très belle opération malgré tout.
Malgré quoi ?
À l’époque [sous Ben Ali, NDLR], il fallait raser les murs et ne pas devenir trop gros. Donc, nous avons renforcé nos positions en France où nous avions déjà l’essentiel de notre activité, dans la distribution. Nous avons notamment acquis tous les Leader Price de la région Bretagne.
Sans jamais revenir en Tunisie ?
Nous sommes revenus en 2009 mais nous l’avons fait discrètement. Nous avons créé Les Biscuits Méditerranée – LBM avec des anciens de BN. Nous en avons fait le 3e acteur du secteur de la biscuiterie en Tunisie, avec un chiffre d’affaires de près de 18 millions de dinars.
Votre investissement dans Somocer est moins discret…
Évidemment, il y a un changement radical en Tunisie. Une nouvelle génération émerge et beaucoup de jeunes Tunisiens vont maintenant saisir les opportunités qui se présenteront. Ce changement en Tunisie ne peut qu’encourager notre stratégie et notre ambition de développement. La Tunisie a besoin de toutes ses forces vives.
Votre association avec le fonds d’investissement Duet peut faire peur. Êtes-vous dans une stratégie de prise de contrôle hostile de Somocer ?
Duet est un fond d’investissement puissant qui, au contraire, est là pour rassurer par sa capacité financière d’investissement et non pour faire peur. D’autre part, notre objectif n’est pas de prendre le contrôle et surtout pas d’une manière hostile. Notre but est de jouer un rôle actif pour le bien de Somocer.
La société est très endettée. Pouvez-vous rapidement la sortir de cette difficulté financière et comment ?
Il s’agit surtout d’un bon endettement, lié aux investissements de Somocer dans ses extensions et ceux de ses filiales. Cet endettement est sain et devrait être remboursé selon le business plan prévu. Pour le reste, nous devrions affiner notre analyse, et s’il faut procéder à des injections de capitaux, nous hésiterons pas.
Source:”Jeune Afrique” Le 12-10-2011
Une solution au chômage tunisien…
Décidément, il est difficile de changer de technique subversive pour déstabiliser un mouvement politique. On continue d’utiliser la technique du loup islamiste contre vents et marées pour décrédibiliser le mouvement politique islamiste Ennahda. Cette fois ci, les auteurs des faits répréhensibles étaient mieux déguisés !
Il y a quelques jours, la faculté de Sousse a subi les attaques de supposés islamistes qui manifestaient contre l’interdiction du niquab.
Au-delà du fait que tout musulman, un tant soit peu instruit, sait que le niquab n’est pas obligatoire en Islam et que ceux qui ont agressé le recteur doivent être poursuivis, jugés et condamnés si coupables, on peu se poser quelques questions.
Car voila que pratiquement les mêmes salafistes attaquent désormais une chaine de télévision.
Oui, oui les mêmes sur une même thématique et les deux endroits étant séparés de plus de 200 km !
La aussi au delà du fait que se pose la question de la pertinence de la diffusion d’une telle œuvre en cette période tendue et à quelques jours de l’élection, on voit mal le mouvement Enahda être à l’origine de tel événements. (Sur la pertinence de la diffusion, rappelons que la question de la diffusion d’une telle oeuvre ne s’est pas posée qu’en Tunisie. Souvenons nous des menaces de mort adréssées au réalisateur du film » la dernière tentation du christ » et du cinéma brulé en France.
En effet, ne soyons pas dupes. Ces événements n’ont qu’un seul objectif : décridibiliser encore et toujours un mouvement politique musulman qui a du succès, en l’occurrence Ennahda.
Mais la vrai question est la suivante ? Est-ce que ceux qui ont attaqués l’université et la chaine de télévision sont vraiment des islamistes ?
Certes cette fois, les islamistes n’avaient pas des fausses barbes mal collées qui tombaient comme ce fut le cas devant le cinéma afric art. Les personnes qui ont fait du grabuge et un « bruit médiatique international – ils ont donc atteint leur but – avaient un meilleur déguisement islamiste.
Mais tout le monde a remarqué que les mêmes personnages (et je dis bien les mêmes) filmées par un amateur à Sousse étaient les mêmes qui ont tenté de vandaliser la chaine de télévision qui a diffusé le film incriminé.
Simple hasard me direz-vous !. Vraiment !, vous répondrai-je ; les deux endroits étant situés à plus de deux cent kilomètres les un des autres.Au fond cela serait donc rassurant. Il n’y aurait donc dans toute la Tunisie qu’une vingtaine d’islamistes sur vitaminé qui seraient les mêmes derrière tous les actes répréhensibles de toute la Tunisie. Ils se déplaceraient beaucoup ces gens la et n’auraient que ça à faire !? Ils ne sont donc pas beaucoup ces bougres et le problème peut donc être vite circonscrit……
Soyons sérieux.
Pour ma part, je dirai que c’est plutôt inquiétant car on aurait plus à faire avec des « faux islamistes » qui jouent un rôle afin de retourner l’opinion publique comme du temps de Ben Ali. Je citerai d’ailleurs un journal en ligne tunisien, Webdo, dont j’invite à aller lire l’excellent article (http://www.webdo.tn/2011/10/09/de-sousse-a-nessma-tv-un-manifestant-omni…)et qui conclue de cette façon en parlant d’un soit disant manifestant islamiste :
« Ce jeune homme (l’un des islamistes*) est certainement dynamique, et le fait de participer à deux manifestations portant sur le même sujet religieux, ne peut être que coïncidence. Espérons juste qu’il ne se fera pas piéger une autre fois par une caméra, car à ce moment-là, ce sera à se demander s’il n’est pas devenu copain-copain avec la police ! »
* ce qui est entre parenthèse est un rajout de ma part.
Pour finir sur une note d’humour, je pense qu’on a trouvé là une solution au chômage de masse qui frappe la Tunisie. Devenir le premier pays exportateurs de figurants islamistes et, surtout, de déguisements islamistes. La « peur islamiste » ayant du succès dans le monde entier, il y a beaucoup de vrai/faux islamistes à déguiser.
Source: “Les Echos” Le 12-10-2011
Printemps arabe : les islamistes ne sont plus bannis
À Tunis ou au Caire, les ambassadeurs français rencontrent ouvertement les chefs intégristes.
Il aura fallu que les peuples arabes se révoltent pour que le tabou soit enfin levé. Depuis le début de l’été, les diplomates français au Caire à Tunis ou ailleurs au Maghreb n’hésitent plus à rencontrer les leaders des formations intégristes locales, forces incontournables dans le nouveau paysage politique, hérité des dictatures. Jusqu’alors, outre certaines réticences idéologiques, la France ne tenait pas à offenser les dirigeants égyptiens ou tunisiens, qui avaient fait des islamistes leurs principaux rivaux, quitte à en exagérer la menace sur la stabilité de leur pays.
«Surprenez-nous, on vous surprendra», lança en avril Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, lors d’un colloque, qui réunissait des islamistes du Maghreb. Dans la foulée, le chef de la diplomatie appelait ses ambassadeurs à «élargir le spectre de leurs interlocuteurs aux courants islamiques ayant accepté le jeu démocratique et renoncé à la violence».
Au Caire, quelques semaines après, l’ambassadeur Jean Félix-Paganon brisait le tabou en s’entretenant avec Mohammed Morsi, le chef du parti Liberté et Justice, émanation des Frères musulmans. Il l’a revu depuis dans un cadre élargi à d’autres diplomates occidentaux. «Il s’agit d’un dialogue politique classique avec une formation installée dans le paysage», commente-t-on à l’ambassade de France au Caire, comme s’il fallait minimiser cet aggiornamento. «On demande aux Frères musulmans comment ils voient la transition. Quels sont leurs éléments de programme et leur stratégie électorale», ajoute-t-on. À Tunis, l’ambassadeur Boris Boillon rencontre, lui aussi, régulièrement Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda, au même titre qu’il voit d’autres responsables politiques. Sous la dictature Ben Ali, Ennahda étant interdit, tout diplomate qui parlait avec un responsable islamiste se plaçait hors la loi.
Pas de contact avec le Hamas
En Libye, encore, pas de veto à des entretiens avec les intégristes, mais là, plus qu’ailleurs sans doute, on observe avec une grande vigilance le jeu de certains islamistes, comme le chef militaire de Tripoli, l’ancien djihadiste Abdelhakim Belhaj. Même si on réfute toute «idée d’ingérence» dans les affaires de ces partis, ces contacts, espère-t-on à Paris, doivent servir à amener les intégristes à plus de souplesse sur certaines de leurs positions (droit des femmes, rôle de la religion notamment).
En Jordanie, une diplomate a rencontré récemment Zaki Ben Rachid, un dirigeant des Frères musulmans. Mais là «ce n’était pas une première, prévient-on à l’ambassade. On les rencontre régulièrement, ils font partie du paysage politique depuis longtemps. On n’avait pas d’interdit». En revanche, toute discussion avec un représentant islamiste palestinien reste bannie, tant que le Hamas ou le Djihad n’auront pas renoncé à la violence contre Israël. Cette ligne de conduite souffre pourtant d’exception. Fin juin, Paris envoya Alexis Lecour-Grand Maison, directeur adjoint Moyen-Orient au Quai d’Orsay, s’entretenir avec un responsable du Hezbollah à Beyrouth, mouvement avec lequel Paris entretient des relations politiques sans qu’il ait pour autant renoncé à la violence.
Il faut dire que la France a plus d’un millier de soldats déployés au Liban-Sud… «Bien sûr que nous avions tort de ne pas voir les islamistes, reconnaît un ambassadeur. Les islamistes que je rencontre sont des gens raisonnables et rationnels, ils ont une stratégie, ce sont des politiques, c’est de notre devoir de les voir», affirme-t-il.
Source: “Le Figaro” Le 12-10-2011
Les révolutions arabes sur le fil…
Les craintes d’aggravation des tensions que connaissent la Tunisie et l’Egypte cette semaine risquent d’envenimer la situation dans ces deux pays qui vivent une transition délicate du règne autocratique de près d’un demi-siècle à une démocratie aussi soudaine qu’imprévisible dans ses contours.
Les affrontements qui se sont produits dimanche dernier, au Caire, entre Coptes (chrétiens d’Égypte) et forces de l’ordre ont fait de nouvelles victimes parmi la communauté copte. Le bilan officiel est de 25 morts. Depuis la révolution de la place Tahrir, l’Egypte a vécu des affrontements sanglants entre les deux communautés d’une part ; entre les forces de l’ordre et les Egyptiens de confession chrétienne, d’autre part. Trois mois après l’attentat meurtrier du 1er janvier 2011 qui a fait 21 morts et 79 blessés en grande majorité des chrétiens à la sortie d’une église copte après la messe du nouvel an à Alexandrie, des affrontements entre musulmans et coptes dans un quartier pauvre du Caire ont fait 13 victimes. Des chrétiens, estimés à un millier protestaient contre l’incendie d’une église quelques jours auparavant au sud de la capitale.
Ces affrontements intervenant au cœur de la capitale, le Caire, et de la deuxième ville du pays, Alexandrie, ont pour origine la profanation, destruction par incendie d’églises coptes et attaques contre les fidèles. Si les motifs de ces affrontements sont connus ainsi que les bilans des victimes ainsi que des blessés sont connus, les instigateurs en revanche restent, à ce jour, non identifiés. Sur le dernier affrontement de dimanche dernier entre les deux communautés, des versions aussi divergentes que troubles ont circulé : ils sont imputés tour à tour aux manifestants coptes qui constituent la majorité des personnes décédées, aux militaires qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants et aux forces de l’ordre sur place ou encore à des provocations dont le seul but est de semer le chaos.
C’est l’avis du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui a dénoncé« les efforts de certains ( sans les nommer) pour détruire les piliers de l’Etat et semer le chaos« , exigeant une commission d’enquête pour identifier les instigateurs de ces troubles qui mettent à mal la transition démocratique. Pour sa part, le patriarche copte orthodoxe, Chénouda III, a mis ces récents affrontements, les plus meurtriers depuis la révolte de la place Tahrir qui a provoqué la chute de Hosni Moubarak le 11 février, sur le compte« d’inconnus infiltrés »et a rejeté toute implication des manifestants chrétiens dans ces violence. La crainte est que cette escalade de la violence bloque le pays, contraignent l’armée à rester aux commandes du pays alors même qu’elle s’apprête à remettre le pouvoir entre les mains des civils, freine la poursuite de la transition démocratique et empêche la tenue d’élections. D’autant que les premières législatives depuis le départ de M. Moubarak, dont les modalités sont parfois décriées doivent se tenir à partir du 28 novembre et que l’armée n’a pas encore fourni de calendrier précis pour la remise du pouvoir aux civils, promise après une élection présidentielle dont la date n’est pas encore formellement fixée.
La gravité de la situation est telle que le gouvernement du premier ministre Essam Charaf estime le pays est « en danger ». Il a exhorté chrétiens et musulmans« à la retenue »et à ne pas céder aux« appels à la sédition », qualifiant les ces affrontements sanglants de « complot pour éloigner l’Égypte des élections ». Laconiques ont été les propos d’Ahmed al-Tayyeb, grand imam d’al-Azhar qui a appelé de son côté musulmans et chrétiens au dialogue« afin de tenter de contenir la crise ».Si, d’aucuns voient à l’origine de ces heurts des discriminations religieuses vis-à-vis des coptes qui représentent de 6 à 10 % qui protestent régulièrement contre une législation contraignante sur la construction ou la rénovation d’églises – ce qui n’est pas le cas des mosquées – ; d’autres en revanche excluent tout fondement religieux et l’attribuent au ressentiment de la population contre la police et l’armée, d’anciennes forces répressives du président déchu. Si le caractère confessionnelle de ces violences entre la minorité copte et la majorité musulmane sunnite est, en tout cas, avéré dans les faits, il reste, néanmoins, à en expliquer l’origine. D’où vient l’étincelle de ces heurts ? Les réactions officielles, et celles des responsables du culte chrétien et musulman restent évasives, l’attribuant à des causes extérieures à la question religieuse.
En Tunisie, le problème est tout autre. Les origines des violences sont identifiées. Il s’agit clairement de la montée de la violence islamiste contre les libertés d’opinion et de création et une atteinte aux lois de la République. Le 9 octobre dernier, à Tunis, des islamistes ont été dispersés par la police alors qu’ils se dirigeaient vers les locaux de la télévision privée Nessma qui, après avoir diffusé le film franco-iranienPersepolis, de Marjane Satrapi, a suscité la colère des islamistes. Persepolis est un long métrage d’animation français de Vincent Paronnaud et Marjane Strapi sorti en France le 27 juin 2007. Le film s’inspire dePersepolis, la bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi. Sur la page de Wikipédia, on peut lire les mésaventures de ce film qui, présenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2007, y a obtenu le prix du jury : « La république islamique d’Iran s’est inquiétée de la sélection de ce film présentant ce qu’elle estime être «un tableau irréel des conséquences et des réussites de la révolution islamique ». Persepolis fut également interdit de diffusion au Liban, fin mars 2008 durant un temps, avant que la polémique nationale ne permette la levée de cette interdiction ». Le synopsis de ce film : A Téhéran, en 1978, l’héroïne, Marjane, huit ans, se rêve en prophète sauvant le monde. Gâtée par des parents modernes et cultivés, elle suit avec exaltation les événements qui vont provoquer la chute du régime du Shah. Avec l’instauration de la« République islamique« , elle vit le temps des« commissaires de la révolution »censeurs des libertés. Marjane doit porter le voile. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger. À Vienne, Marjane vit à quatorze ans et connaît une autre révolution : l’adolescence, la liberté et les vertiges de l’amour condamnés dans son pays. Ce bref descriptif du film prend alors toute son importance dans cette tentative d’incendier la chaine privée Nessma accusée de donner à voir une image fausse et tronquée du régime islamiste de Téhéran. Le ministre tunisien des Affaires religieuses, tout en condamnant lundi dernier les« troubles et actes de vandalisme »a exhorté les médias audiovisuels et la presse écrite qui ont vivement condamné cette agression « à respecter les croyances et la chose sacrée ». Comment comprendre ces propos ?
La veille, samedi 8 octobre, ce sont les mêmes activistes islamistes qui ont envahi l’université des lettres et sciences humaines de Sousse, à 140 km de Tunis, pour protester violemment contre le refus signifié par les autorités à une étudiante portant le niqab de s’y inscrire. Réagissant à ces agressions, le parti Ennahdha de Rached Ghennouchi se défend de toute implication dans ces pratiques de l’inquisition. Il marque ses distances et préfère mettre toute voile dehors pour les législatives à moins d’une semaine de leur échéance.
En Libye, enfin, hier, lundi, alors que les insurgés avancent dans la ville de Sysrthe, dernier bastion des pro-Kadhafi, une mosquée a été attaquée par des hommes armés. L’AFP qui a rapporté l’information précise que« des exemplaires du Coran et des livres ont été brûlés dans l’enceinte de la mosquée que jouxte une école coranique ».Les témoins oculaires affirment, selon l’Agence, que les assaillants « portaient tous la barbe et étaient vêtus de treillis militaires », n’écartant pas l’hypothèse que ce soit « des islamistes extrémistes qui veulent créer des troubles, ils veulent le pouvoir, ils veulent contrôler la Libye« , rapporte la même source. Deux cimetières musulmans, l’un à Gargarech à l’ouest de Tripoli et l’autre près de l’aéroport, auraient également été saccagés il y a une semaine. La Libye, qui traverse, elle aussi, une période de transition fragile, est dans l’attente d’un gouvernement qui met sur la défensive les tribus et en exacerbe les rivalités interethniques.
Et l’Algérie officielle dans ces troubles ? Le secrétaire général du FLN et ex-premier ministre, A. Belkhadem, se réjouit que, dans les programmes de l’ENTV, un tel film diffusé par Nessma, n’aurait aucune chance d’être diffusé. Bien plus, il s’est même permis de dénier aux insurgés libyens la paternité de la Révolution, l’attribuant avec ironie aux forces étrangères de l’OTAN, confortant les appels désespérés de Kadhafi déchu. Dans une récente déclaration rapportée par Maghreb Arabe Presse (MAP) le mardi 4 octobre, Khalid Chaoukat, directeur du centre de soutien à la démocratie dans le monde arabe, a accusé le régime algérien de regarder« d’un mauvais œil »l’avènement de la révolution en Tunisie. Il soutient que le régime algérien, qui dispose d’un important excédent budgétaire, tente d’exercer une influence sur la révolution tunisienne en orchestrant une propagande auprès de ses ressortissants selon laquelle la Tunisie est un pays qui ne jouit pas de la sécurité. Les événements se précipitent mais précipitent-ils ces révolutions arabes qui ont sonné le glas aux règnes des potentats L’exemple algérien servira-t-il de leçons ?
Source: “LE MATIN” Le 12-10-2011
Lien: http://www.lematindz.net/news/5771-les-revolutions-arabes-sur-le-fil.html
Emprisonnée en Tunisie en 1989, elle écrit aujourd’hui son histoire
DOMA, de son vrai nom Martine Dormal, passe son temps entre la Guadeloupe, la Belgique et La Conception. Elle raconte dans son livre intitulé « Je voulais rêver à l’ombre des mosquée », ses deux années passées en Tunisie où elle a tout perdu après avoir goûté à la réussite. « Aucun éditeur ne voulait donner foi à mon récit jusqu’à tout récemment. On ne pouvait concevoir que la Tunisie était aussi répressive, ou probablement qu’on ne voulait pas le voir », explique l’auteure d’origine belge qui qualifie elle-même son histoire d’inimaginable. Quittant son entreprise de design de vêtements et son rythme de vie effréné en 1987, DOMA prend famille, bagages et chevaux, puis s’installe sur l’île de Jerba en Tunisie pour réaliser son rêve d’ouvrir un centre touristique équestre. Le divorce qu’elle demanda ensuite dans ce pays où l’adultère est un crime, l’a menée en prison en 1989. Tous ces biens lui furent enlevés, y compris ceux de son entreprise, puis elle fut chassée du pays pour ne plus jamais y retourner. Depuis, DOMA a trouvé un médium dans lequel trouver apaisement, la peinture. Elle s’inspire aussi des paysages des Laurentides, de la Rivière-Rouge à La Conception au bord de laquelle elle passe quatre mois par année depuis 2003. Maintenant auteure, elle a attendu plus de 20 ans avant de voir son histoire publiée, tel qu’elle le souhaitait. « Je ne sais pas si c’est le « Printemps arabe » qui fait en sorte qu’on accepte mieux. Je sais toutefois que c’est libérateur de raconter ce récit », explique-t-elle. La jalousie Presque omniprésente dans son livre, la jalousie de son mari et des autres entrepreneurs est au cœur des conflits qu’elle a vécu sur Jerba, une île paradisiaque de la Tunisie. Son récit est truffé d’analyses sociales et politiques qui relatent une réalité qui nous est inconnue et où les femmes n’ont qu’une place très secondaire dans la société. Non sans peine, la femme d’affaires qu’est DOMA a réussi à ouvrir son centre équestre pour randonnées touristiques qui eut un succès presque immédiat. « Au point que les autres ranchs de l’île, dépités de ne pas avoir exploité se filon avant moi, viennent souvent menacer mes clients ou mes employés », écrit-elle. Amour-haine Aimer tant cette partie du monde et en être rejetée (elle ne peut toujours pas y retourner), la fait souffrir. « J’étais attirée par le Soleil et la beauté de cette île, une destination touristique pas cher à l’époque », explique celle qui aime la différence, les découvertes et les voyages. Elle fut une des pionnières à y développer des excursions plus exotique aux touristes dans le secteur sud de la Tunisie. Elle avoue ne pas avoir de rancune envers quiconque là-bas après toutes ces années, mais son seul regret est de ne pouvoir y retourner encore aujourd’hui.