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   TUNISNEWS                  7 ème année, N° 2242 du 12.07.2006     
 
  
  
  
      
    
  
      
  
  
  
  
 Luiza Toscane: Mohammed                                                       Akrout est en danger                                                       Pana Press: Un demandeur                                                       d’asile tunisien dans la                                                       galère à Bujumbura   
 Jeune Afrique: Mahmoud                                                       Mestiri                                                       Jeune Afrique: Pour                                                       l’amour des femmes 
Babelmed: Entretien avec                                                       Elisabeth Daldoul,                                                       fondatrice des éditions                                                       Elyzad-Clairefontaine                                                        Le Temps (Suisse): Le                                                       Pentagone se soumet à la                                                       Convention de Genève                           | 
 
 
  
  Cliquez     ici pour accéder au reportage exceptionnel de     l’AISPP sur la catastrophe humanitaire     des prisonniers politiques Tunisiens    
  
     
 
 
   
  
   A PROPOS DE CETTE VIDEO HISTORIQUE DE L’AISPP..
   
    ** Explications de M. Yahyaoui Mokhtar, sur le forum Taht Essour, le 11   juillet 2006 à 10h15 PM 
  
 « Le document   vidéo de l’AISPP concernant les prisonniers politiques est un CD préparé par   des jeunes pour l’association procédant de un test d’exploration d’une   nouvelle stratégie de communication face à l’état de siège sans précédent que   subit la société civile en Tunisie. Il est distribué au public depuis quelques   semaines et mis à la disposition de tous.
  
 Concernant les   autres 700 méga ils n’appartiennent pas à l’AISPP, ils ont étés enregistrés   lors de la grève de la faim sur l’initiative de Adel Ayadi qui à apporté le   caméra et fait une grande part du travail avec d’autres. Normalement ils   doivent fournir le support d’un documentaire qu’il a promis de réaliser.  
  
 J’ai fourni les 6   cassettes vidéo à ces jeunes qui les ont fait numérisER pour exploiter   certaines séquences, il y a une autre 7éme en possession de Adel. Je suis   heureux qu’ils vous aient parvenues et qu’ils peuvent servir à quelque chose   enfin.
  
 YM
  
    ** Intervention d’Astrubal sur le forum Taht Essour, le 11 juillet 2006 à   10h20 PM 
  
 Salut tout le   monde,
  
 L’équipe de   Nawaat est en train de travailler pour donner le maximum d’écho à ce   reportage, y compris de faire ce qui est en son pouvoir pour que Eljazeera   comme d’autres chaînes puissent diffuser cet extraordinaire travail.
  
 Le   professionnalisme de celles et ceux qui ont fait ce fantastique reportage ne   laisse aucun choix au niveau des efforts de tous, pour que ce travail soit   diffusé le plus largement possible. Et à ce titre, toute mon estime pour   l’équipe de Tunisnews pour ce qu’elle a fait hier.
  
 C’est à propos   de ce type de documents que, depuis des années, nous pleurons un manque   terrible. Alors pour une fois que la société civile produit (par le biais,   encore une fois, des brillantissimes auteurs de ce travail), un document d’un   tel calibre, tout doit être fait pour qu’il ne reste pas “confidentiel”.
  
    ** Intervention d’Astrubal sur le forum Taht Essour, le 11 juillet 2006 à   10h34 PM 
  
 Merci si   Mokhtar pour ces précisions importantes, 1000 mercis pour vous tous de vous   être impliqués dans quelque chose d’aussi porteur et intelligent. Ce document   est sans précédent dans l’histoire du militantisme de la société civile. Et   chapeau bas à Adel, ce n’est pas étonnant de sa part …
  
 D’habitude, la   société civile coure derrière les médias pour qu’ils parlent d’elle.   Aujourd’hui, la société civile produit de la matière médiatique prête à être   diffusée. C’est inédit ! C’est un tournant. Je suis ému…
  
 (et bien sûr je   n’oublie pas, ni ne minimise le fabuleux travail fait par l’excellente équipe   du site du PDP en matière de documents multimédia).
  
   (Source : Forum « Taht Essour » de nawaat.org, le 11 juillet 2006)
    URL:   http://www.nawaat.org/forums/index.php?showtopic=11741
  
 Commentaire de la   rédaction de TUNISNEWS
  
 1-           Effectivement, c’est un tournant comme l’a si bien dit notre ami Astrubal. Il   faut profiter de toutes les possibilités offertes par la numérisation des   vidéos et des outils de l’internet pour expliquer au monde la tragédie   nationale des prisonniers politiques et de leurs familles et parents.
  
 2-         A cette   occasion, nous invitons toute personne qui est capable de diffuser cette vidéo   exceptionnelle à la faire parvenir au plus grand nombre de personne,   d’associations, d’ONG, de personnalités influentes etc.. pour que cesse ce   drame insoutenable et indigne de la Tunisie et des tunisiens et pour apporter   le maximum d’aide (matérielle, psychologique, médicale, humanitaire…) aux   prisonniers (libérés ou non) à leurs épouses, à leurs enfants, à leurs   familles en général et à toutes les victimes de la répression en Tunisie sans   exception.
  
 3-         Nous   appelons les vaillantEs membres de l’AISPP et les jeunes militants qui ont   réussi à réaliser ce document inédit et exceptionnel à ne pas s’arrêter en si   bon chemin et à continuer à produire des vidéos (même moins longues) sur des   cas bien précis et/ou sur des situations dramatiques dont personne ne parle.
  
 4-         Nous   proposons à l’AISPP de communiquer dés maintenant avec les responsables de   certains festivals de films documentaires à l’étranger ou bien avec les   manifestations qui s’intéressent particulièrement au pays du Maghreb, au monde   arabe (Londres, Rotterdam, Montréal…) et aux pays du sud en général. Il y a   par exemple  le  Festival   International du Film sur les Droits Humains  qui se déroule au   mois de mars à Genève ( http://www.fifdh.ch/   ) qui pourrait bien projeter cette vidéo dans le cadre de sa prochaine   édition. Nous sommes sûrs et certains que ce document poignant et bien fait   fera parler les médias du monde de la situation INCONCEVABLE et INACCEPTABLE   des prisonniers politiques en Tunisie et de l’état déplorable des droits de   l’homme dans notre patrie martyrisée depuis trop longtemps.
  
 5-         Nous   estimons aussi qu’une version anglaise de la vidéo servira énormément la cause   des prisonniers, de leurs familles et des droits de l’Homme en Tunisie. Il   suffit juste de penser à l’effet que feront les larmes et le récit terrifiant   de l’épouse du prisonnier politique Moncef Ouerghi dans le pays natal de cette   dame de valeur qui est la Malaisie (et dans les pays musulmans du sud-est   asiatique).
  
 6-         Cette   vidéo doit absolument parvenir à l’UNESCO et à toutes les grandes ONG   mondiales qui s’intéressent aux droits de l’enfance en général. Le sort   inhumain, indescriptible et terrible qui a été réservé depuis plus de 15 ans   par les autorités tunisiennes à des milliers de filles et de garçons innocents   (juste par ce qu’ils étaient les enfants d’opposants politiques) est tout   simplement UN CRIME CONTRE L’HUMANITE !!
 
 
 L’équipe de TUNISNEWS
    12 juillet 2006
 
   
 
Mohammed   Akrout est en danger
 
   
 par Luiza Toscane         Mohammed Akrout mène depuis plus d’un mois un combat solitaire depuis la   prison du 9 avril à Tunis.        Il a commencé une grève de la faim le 7 juin dernier pour protester contre les   retards ou le non-acheminement des courriers qu’il envoie, ou de ceux qui   devraient lui parvenir. Il a demandé à consulter un médecin, à bénéficier d’un   régime alimentaire adapté aux pathologies dont il souffre : affection   cardiaque, nerveuse, hypertension, cholestérol. Il souhaite aussi pouvoir   accéder aux livres qu’il réclame et se voir accorder des visites plus longues,   directes, en un mot, libres. Il souhaite aussi être rapproché de sa famille   qui vit à Gabès.       Au terme de plus d’un mois de grève, son état est critique : il n’est plus à   même de se tenir debout, souffre de douleurs thoraciques et du sang s’écoule   de sa bouche.    L’administration de la prison ne cède toujours pas. Aucune de ses   revendications, pourtant minimales, n’a été entendue et satisfaite.       Pour rappel, Mohammed Akrout est âgé de cinquante-quatre ans. Il est marié et   père de six enfants. Arrêté en 1991, il a été condamné à l’emprisonnement à   perpétuité par le tribunal militaire de Bouchoucha dans le cadre de l’affaire   concernant le mouvement En Nahdha. Il a bénéficié d’une première remise de   peine portant sa condamnation à trente ans, puis à de nouvelles réductions qui   devraient conduire à sa libération dans six ans.       Mohammed Akrout n’a cessé de lutter au détriment de sa santé pendant toutes   ces années pour voir aboutir ses revendications. Pour toute réponse, il a eu   droit aux mauvais traitements, à l’isolement, à la torture (*).       Aujourd’hui, sa vie est en jeu.       Luiza Toscane       (*) Se reporter à :       “Mohammed Akrout à nouveau en grève de la faim”, 14 juin   2006   http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2209       “Mohammed Akrout, il y a urgence !” 28 juin 2006   http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2230       “Mohammed Akrout : libérons-le avant qu’il ne soit trop tard”, 6 juillet 2006   http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2244     Ces articles sont parus sur www.reveiltunisien.org
Un demandeur d’asile tunisien   dans la galère à Bujumbura
   
      PanaPress, le 11 juillet 2006   Un ressortissant tunisien, Mhamed Zoher, a affirmé mardi, avoir fui la   persécution dans son pays pour se retrouver depuis quelques temps à Bujumbura   où il vit dans des conditions misérables faute d’assistance humanitaire.        Le quinquagénaire a temporairement trouvé refuge dans de vétustes locaux de la   Police communale de Ngagara, un quartier résidentiel du nord de la capitale   burundaise, et compte pour le moment sur des âmes charitables pour survivre au   quotidien.        Un petit matelas et de vieux draps ont été mis à sa disposition pour dormir   tant bien que mal dans un environnement infesté de moustiques.        Les premiers jours de son arrivée au Burundi ont été confortables pour une   courte durée puisque Zoher vivait dans un hôtel chic du littoral du lac   Tanganyika avant d’être chassé et de se voir confisquer le passeport pour   cause d’une facture impayée de 260.000 Francs burundais (près de 260 dollars   US).        La Police burundaise des frontières, de l’air et des étrangers (PAFE) a dû   fournir au fugitif un sauf conduit tenant lieu de permis de séjour temporaire   au Burundi, dit-il.        Les démarches officielles visant à obtenir un statut légal de réfugié n’ont   pas abouti à ce jour et Mhamed Zoher en veut beaucoup plus à certains de ses   compatriotes expatriés au Burundi qui feraient tout pour empêcher le HCR de   l’assister.        L’exilé fait savoir qu’il a un passé syndical lourd qui l’a mené en prison   pour dix ans dans son pays natal.        A sa récente libération, Zoher aurait été forcé de se présenter le reste de sa   vie au poste de Police chaque jour à 10 heures et à 16 heures, ce qui   constituerait l’une des raisons de sa fuite.        Mhamed Zoher vise en définitif l’Afrique du Sud où les droits de l’Homme   seraient mieux respectés, tout en ignorant comment parvenir à la terre promise   avec les moyens financiers qui sont les siens aujourd’hui.       PanaPress
 TUNISIE    
Mécontentement de la presse arabe
 
   
  Après Al-Hayat, c’est au tour d’Al-Quds al-Arabi, autre grand quotidien arabe   paraissant à Londres, de mettre un terme à sa diffusion en Tunisie pour   protester contre les fréquentes interdictions et perturbations de sa   distribution dans ce pays.        Selon ses responsables, le quotidien ne peut plus « supporter les pertes   morales et matérielles » causées par « la multiplication des saisies et   desbrimades » qui visent à « gêner le journal et l’empêcher d’arriver aux   lecteurs ».       TUNISIE     Alerte        Sagem veut produire 5 millions de terminaux internet par an en Tunisie et   invite ses 150 fournisseurs à le rejoindre dans le pays.       (Source: “Jeune Afrique”, N° 2374 du 9 au 15 juillet   2006)
 Mahmoud Mestiri
   
 par RIDHA KÉFI        L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères est décédé le 28 juin à   Tunis, à l’âge de 76 ans.       Avant que la difficile médiation qu’il a menée, de janvier 1994 à mai 1996,   entre les factions afghanes, ne l’ait mieux fait connaître du reste du monde,   ce Tunisois a été, pendant près de quarante ans, l’un des dirigeants de la   diplomatie de son pays.        Né le 25 décembre 1929, à Tunis, alors sous protectorat français, Mahmoud   Mestiri a pris part au mouvement de libération nationale. Membre du   Néo-Destour, parti nationaliste, il a milité, entre 1953 et 1956, au sein de   la Jeunesse destourienne, à Paris, tout en poursuivant parallèlement ses   études supérieures et en assurant une correspondance au quotidien arabophone   Assabah. De retour au pays, après l’indépendance, un diplôme de sciences   politiques en poche, il a intégré le ministère des Affaires étrangères, qu’il   n’a plus quitté jusqu’à sa retraite.        Mestiri a été secrétaire d’ambassade au Ghana en 1960, chef de la mission   spéciale tunisienne au Congo, la même année, puis, en 1961, assistant du   représentant du secrétaire général de l’Onu dans ce pays. De retour à Tunis,   en 1964, il a été chef de la division Amérique au ministère des Affaires   étrangères, représentant de son pays aux Nations unies, en mai 1967,   ambassadeur au Canada, deux mois plus tard, puis à Bonn, en décembre 1970.        Rappelé à Tunis, en 1973, Mestiri a occupé le poste de secrétaire général du   ministère des Affaires étrangères, avant d’être nommé, en 1974, ambassadeur à   Moscou, et, en 1976, représentant spécial aux Nations unies. Nommé président   du comité de l’information de l’organisation onusienne, en 1979, il a dû   rentrer, un an plus tard, à Tunis, pour assurer la direction de cabinet du   ministre des Affaires étrangères, puis le secrétariat général du même   département, jusqu’à sa nomination, en 1982, comme secrétaire d’État aux   Affaires étrangères. Ce poste, il l’a occupé jusqu’en 1986, date à laquelle il   a été désigné, une nouvelle fois, comme représentant de la Tunisie auprès des   Nations unies.        Nommé en 1987 ambassadeur à Paris par l’ancien président Habib Bourguiba,   Mestiri n’a pas tardé à être rappelé par le successeur de ce dernier, le   président Zine el-Abidine Ben Ali, qui l’a nommé ministre des Affaires   étrangères le 7 novembre 1987. Il dirigera la diplomatie tunisienne pendant un   an avant de se voir confier l’ambassade du Caire. Il restera à ce dernier   poste jusqu’en 1990.        Mestiri, qui a joué dans l’équipe de football du Club africain (CA) dans les   années 1940, a fait partie du bureau directeur de ce grand club de la capitale   à partir de 1960, avant d’en assurer la présidence en 1986-1987. Maire de   L’Ariana, banlieue de la capitale, de 1980 à 1995, il a achevé sa carrière   diplomatique en assumant, de janvier 1994 à mai 1996, la fonction d’envoyé du   secrétaire général des Nations unies pour l’Afghanistan. L’organisation   internationale, qui était alors dirigée par l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali,   poursuivait plusieurs objectifs dans ce pays : assurer une présence sur place,   convaincre les pays œuvrant en sous-main de cesser leurs ingérences,   stabiliser la situation interne par la tenue d’assemblées locales et organiser   des élections pouvant mener à la paix. La médiation de Mestiri entre les   factions afghanes a cependant été rendue difficile par l’intransigeance des   belligérants et les interventions extérieures.        Critiqué par des diplomates occidentaux, certains officiels de l’ONU et de   nombreux Afghans, pour avoir publié bien trop tôt la liste du conseil   intérimaire qu’il venait de constituer, Mestiri a présenté sa démission, le 28   mai 1996, officiellement pour des raisons de santé. En réalité, le conseil   intérimaire, qui devait être dirigé par un royaliste, Sultan Ghazi, cousin de   l’ancien roi, avait été rejeté par deux seigneurs de guerre, Rabbani et   Hekmatyar, ainsi que par les talibans, qui en étaient exclus. Mahmoud Mestiri   a témoigné de son aventure afghane dans un livre en arabe écrit en   collaboration avec le journaliste tunisien Salah Attia, Afghanistan :   politique absente et paix armée (Sud-Éditions, Tunis, 2000).        (Source: “Jeune Afrique”, N° 2374 du 9 au 15   juillet 2006)  
 
Pour l’amour des femmes
 par FAWZIA ZOUARI        Dans ce très beau texte d’Ali Bécheur, un écrivain confie ses souvenirs à une   étrangère.       La nostalgie ne suffit pas à remettre un écrivain sur les chemins de l’enfance.   Il lui faut une urgence, un compagnon de route à la hauteur, une écoute   vigilante, bref, une histoire d’amour. Elle s’appelle Luz dans ?Le Paradis des   femmes, de l’écrivain tunisien Ali Bécheur. C’est elle, Luz la bien nommée,   comédienne étrangère de passage à Tunis, qui détient le sésame de la mémoire   et avec qui s’ébranle, en même temps que l’aventure amoureuse, le voyage de   l’auteur vers son passé.    Pourtant, cette femme n’a rien de la muse ancienne, encore moins de   Shéhérazade ou de Pénélope. Elle ne raconte pas et l’on aurait du mal à   l’imaginer immobile. Fille de son siècle, elle affiche une curiosité   insatiable et une altérité sans faille. Elle interroge, visite l’ancienne vie   de son hôte et se délecte du dépaysement.        Et, comme un enfant tente de séduire un adulte en lui ramenant divers objets   qui lui tiennent à cœur, Bécheur lui narre les joies et les chagrins de sa   jeunesse, les figures aimées, les rites, les amitiés de naguère. L’émotion   chevillée à son récit, il évoque son oncle imam, Ommi Khadija la conteuse,   Odette ou Kenza, ses amours adolescentes, l’initiation des femmes mûres, entre   désirs et interdits, dans la moiteur des siestes grenadines… Et toujours, en   arrière-fond, la rumeur d’une ville, Tunis, obstinément tournée vers la mer,   cosmopolite, bruissant de ses idiomes étrangers et des appels réguliers de ses   muezzins.        Pour autant, ce récit autobiographique échappe à la linéarité. Les souvenirs   sont réfractaires à la chronologie et les personnages qui se bousculent ne   sont jamais dans l’ordre. L’écriture de Bécheur ne se fait pas narcissique,   non plus, tant elle est d’abord tournée vers le plaisir de partager et de   faire aimer. Et si la nostalgie imprègne parfois le récit, Luz est là pour   rappeler que le réel, c’est elle, que le passé ne saurait tout effacer, que la   fulgurance du désir appartient à son temps à elle, le corps du présent.        Enfin, l’écriture hachurée et comme au galop de Bécheur, les phrases courtes   et ciselées font souvent oublier la destination à rebours du voyage. Les   réflexions sur l’amour, l’écriture ou la vie, tout simplement, ancrent   l’épisodique dans la durée, l’individuel dans l’expérience collective et font   de chaque séquence, en raison de l’écoute en filigrane de Luz, le plus brûlant   des vécus. C’est dire que ce livre des choses révolues est aussi celui d’un   futur à partager, celui de Luz, étrangère, issue d’autres lieux et d’une autre   histoire. Offert à son écoute, Le Paradis des femmes en porte la touche, à la   fois grave et douce, légère et profonde, authentique et universelle, somme   toute si féminine. Huitième ouvrage d’Ali Bécheur, il a reçu en avril dernier   le Comar d’or, une des plus importantes distinctions littéraires en Tunisie.         (Source: “Jeune Afrique”, N° 2374 du 9 au 15   juillet 2006)
Entretien avec Elisabeth Daldoul,   fondatrice des éditions Elyzad-Clairefontaine
   
 Propos recueillis par Cécile Oumhani        Il faut cette flamme pour franchir les obstacles qui   jalonnent le parcours de celui ou celle qui fonde sa maison d’édition.   Elisabeth Daldoul en est porteuse, avec ce projet qui lui tient tant à cœur de   voir circuler les livres tout autour de la Méditerranée, bousculant ainsi   nombre d’idées reçues en la matière. Elle a publié deux romans d’Ali Bécheur,   Tunis Blues et Le paradis des femmes, qui vient de recevoir le Comar d’Or.   Alia Mabrouk a publié chez elle L’émir et les croisés, roman couronné lui   aussi par le Comar d’Or et Blés de Dougga. Le premier volume de sa collection   «Passages», inaugurée cet automne, Dernières nouvelles de l’été, réunit cinq   auteurs (Ali Bécheur, Hélé Béji, Tahar Békri, Colette Fellous et Alain Nadaud)   autour du thème de l’été. Tsuru, un récit de Marie-Christine Sato, est le   dernier-né, un livre où concision et émotion se marient avec une très grande   beauté. Elle nous raconte ici l’histoire de sa passion avec les mots.     Y a-t-il des passions qui prédisposent à vouloir éditer des livres, comme lire   ou écrire…?        Oui bien sûr, tous le diront. Pour ma part, ce n’est pas celle de vouloir   écrire, mais bien la passion des mots, une passion étrangement née de   l’oralité. En effet, et ce jusqu’à ce jour, j’aime écouter des histoires,   celles de la vie. Je me surprends encore à demander à des amis qui relatent   tel ou tel fait, “c’est une histoire vraie?” J’ai été élevée et ai grandi à   Dakar et jeune, ai été bercée par les histoires. Celles que l’on me racontait   petite n’étaient pas toujours celles des livres, mais plutôt celles du   quartier, du voisin, de la famille, des hommes, des femmes… Autre souvenir,   celui des pièces de théâtre radiophoniques, des voix qui venaient d’ailleurs   et qui me faisaient bien souvent frémir… Nous n’avions pas la télévision et   les mots mis en scène résonnent encore en moi quelques décennies plus tard.         Quels sont les auteurs que vous avez aimés et que vous   auriez aimé publier?        Plus que des auteurs, j’ai aimé des univers. Mais je peux citer Léopold Sedar   Senghor qui m’a appris la poésie, la résonance des mots, l’essence du monde,   la sagesse et l’humilité. Et cet auteur Céline, qui a su toucher avec les mots   l’âme humaine, la face sombre de l’Homme… Aurais-je voulu les publier?   Sûrement. Mais quelque part, ces auteurs qui nous nourrissent, ne sont-ils pas   nos guides dans nos choix éditoriaux?        Comment est née votre maison d’édition?        L’édition m’habitait depuis plusieurs années, quelques projets trottaient dans   la tête mais je n’étais pas prête. J’enseignais alors le français, je   rencontre un écrivain qui me demande si je ne connais pas un éditeur, très   rapidement je lui réponds “moi je veux bien t’éditer”. Le temps était alors   venu de me lancer dans cette aventure. C’était Tunis Blues (2002) de Ali   Bécheur. Je ne saurais le remercier de la confiance qu’il m’a témoignée.   L’aventure n’a cessé depuis.        Quelles difficultés rencontre-t-on quand on commence?         Acquérir une crédibilité auprès des partenaires, diffuseur, distributeur,   libraires. Attirer l’attention des journalistes littéraires, incontournable   relais pour une plus grande visibilité de l’auteur. Je me bats pour cela,   c’est le moins que je puisse faire pour mes auteurs.        Comment rencontrez-vous les textes que vous allez   publier?        Généralement, je les reçois par courrier.        Comment concevez-vous le travail de l’éditeur avec son   auteur? 
     Quand je décide d’éditer un texte, je fais un véritable travail de “réappropriation”   du texte. Il m’arrive de le lire à voix haute pour en entendre la musique. Si   cela grince un peu, j’en cherche la cause (ponctuation, mot mal choisi ?), je   le réécoute puis soumets mes remarques à l’auteur. Je peux me tromper, il me   convainc, ou alors je note une maladresse, il y réfléchit, et nous avançons   ainsi. Nos échanges doivent être basés sur la franchise et le respect mutuel,   je ne pourrais fonctionner autrement. Deux aventuriers qui n’ont d’autres   choix que de se soutenir l’un l’autre. Dans la confiance et l’engagement.        Y a-t-il des étapes de ce travail à deux qui sont plus   ou moins faciles que d’autres?        Il s’agit bien là d’étapes : la rencontre d’abord avec un texte, souvent une   histoire d’amour, puis avec un écrivain qui vous remet ce qu’il a de plus cher   au monde: son œuvre. Avec lui, cela peut être plus compliqué quand il faut   retravailler quelques passages pour essayer de “toucher” les mots au plus près.   Cela peut-être douloureux, ce travail sur les mots, mais mon rôle n’est pas   d’être complaisante, j’ai bien trop de respect pour un écrivain et le texte…   Je peux être exigeante, peux paraître trop pointilleuse, mais tout ceci se   passe dans l’échange et là c’est d’une richesse extraordinaire!        J’ai pu constater que vous accompagnez vos auteurs avec   passion, bien au-delà de la publication du livre lui-même. Pourquoi cet   accompagnement est-il si important?        Si j’ai décidé de publier un texte, ce n’est pas pour qu’il prenne la   poussière sur les rayonnages des librairies! Je veux le faire entendre parce   que je pense qu’il le mérite! Et pour cela, il faut se battre et porter le   livre, souvent à bout de bras, le plus loin possible. Et tout ceci en   compagnie de l’auteur, c’est pour cela que nous avons besoin l’un de l’autre.   Je ne pourrais rien faire sans lui, et je crois qu’il a aussi un peu besoin de   moi…        Vous êtes très impliquée dans la diffusion de vos livres   à l’étranger, notamment en France. Qu’auriez-vous à dire sur la manière dont   les mouvements de livres se passent entre le Nord et le Sud?        Que c’est très compliqué! Que du Sud vers le Nord cela ne circule pas bien. Et   que nous devons nous aussi prendre notre destin éditorial en main. Cessons   d’accuser l’autre (celui du Nord) de ne pas vouloir nous lire, de ne pas   vouloir nous diffuser, de ne pas s’intéresser à notre travail, proposons lui   des ouvrages de bonne facture, avec des textes exigeants. Ils sont là les   lecteurs, sur l’autre rive de la Méditerranée, qui souhaitent aller à la   rencontre de nos textes, il suffit de voir combien sont nombreux les salons   littéraires en France mettant à l’honneur les littératures du Sud.        Vous m’avez parlé du cloisonnement qui existe à   l’intérieur du Maghreb. Vos livres sont-ils diffusés au Maroc ou en Algérie?         Non, malheureusement. Et je suis tentée de dire que nos lecteurs respectifs ne   sont pas très curieux de la littérature publiée dans chacun de nos pays. En   revanche, il suffit que l’auteur ait eu une visibilité en France, alors là, se   manifeste un intérêt soudain. Cela me rend très triste, l’idée reçue que ce   qui est publié ailleurs (c’est-à-dire au Nord) est forcément mieux… Et comme   j’aime bousculer les choses, pour susciter cet intérêt respectif, j’ai   sollicité des auteurs tunisiens, algériens et marocains pour des nouvelles   réunies dans un même recueil à paraître dans la collection “Passages”*. Cela   amènera peut-être nos lecteurs qui, tournant la page, vont tomber sur cet “autre”   vers lequel ils n’ont jamais eu la curiosité d’aller.        Je crois savoir que vous êtes sur le point de bousculer   un peu les habitudes avec des livres que vous allez publier prochainement.   Pourquoi ces choix éditoriaux?        En effet, je lance une collection qui s’intitule “Eclats de vie”, témoignages   qui touchent l’être humain dans ce qu’il a d’universel. Le premier récit est   Tsuru de Marie-Christine Sato, une invitation à méditer sur le sens de la vie,   l’amitié, l’âme humaine. Un beau regard sur les cultures japonaise et   tunisienne (les commerciaux en France m’ont demandé où classer ce livre : un   éditeur du Maghreb publie un auteur français qui relate le Japon   intimiste!!!), un autre récit paraîtra en septembre: La folie au jour le jour,   un voyage, de Françoise Conti, auteure belge.        Pourquoi ces choix ?       Mais d’abord parce que la littérature est universelle! Mais aussi un choix né   de la volonté, face au repli des mentalités, des peurs, face à une certaine   manipulation idéologique, de donner à voir l’autre – ce reflet de nous-mêmes –   loin des stéréotypes et de ce que l’on veut bien nous faire croire.    Par ailleurs, pourquoi devrait-on se suffire à publier des auteurs uniquement   tunisiens ou en Algérie que des auteurs algériens ou au Sénégal, que des   auteurs sénégalais… Pourquoi ce cloisonnement? Aujourd’hui, tout ceci me   semble bien dépassé…        Que recherchez-vous dans les manuscrits que vous recevez?         La musique des mots, l’émotion, une vision du monde, des réponses aussi   peut-être aux nombreuses souffrances qui nous habitent.        Quel est le rôle de l’éditeur dans la société   d’aujourd’hui ? Que voudriez-vous apporter aux lecteurs?        De donner à voir le monde autrement, au-delà des clichés, des a-priori, à   bousculer aussi les idées reçues, à mettre le doigt sur les non-dits, sur ce   que nous ne voyons pas et ce que nous ignorons.    Emotion et réflexion.        Quels contacts avez-vous avec les lecteurs?       Je me sens très proche d’eux. Je suis très sensible à la réaction des lecteurs   aux livres que je publie. Trop sûrement! J’essaye de comprendre pourquoi ils   ont aimé ou non tel ouvrage, je les écoute.        Quels sont les livres que vous rêveriez de publier un   jour?        Ceux qui rapprocheraient des peuples qui s’ignorent, où chacun découvrirait en   l’autre les mêmes souffrances, les mêmes blessures, le même amour pour la mère,   l’enfant, la même douleur face à la perte d’un être cher, les mêmes émois, et   qui fermeraient le livre en disant: pourquoi tant de haine?        ________________________________________________________________________________         (*) La collection “Passages” réunit des textes courts et inédits d’auteurs   ayant acquis une reconnaissance littéraire. Il s’agit autour d’un mot, d’un   thème, de rapprocher ces auteurs, multipliant et enrichissant ainsi les   regards.        “Dernières nouvelles de l’été”    Ali Bécheur, Hélé Béji, Tahar Bekri, Colette Fellous, Alain Nadaud         (Source: le site Babelmed du 14/06/2006)     URL: http://www.babelmed.net/index.php?menu=196&cont=2160&lingua=fr
Le Pentagone se soumet à la Convention   de Genève
   
 Alain Campiotti, New York       ETATS-UNIS. C’est la conséquence d’un arrêt de la Cour suprême, qui a jugé   illégales les Commissions militaires, notamment à Guantanamo.        Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), c’est une victoire.   Après plus de quatre ans de résistance, les Etats-Unis viennent d’admettre que   la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre, et   d’abord son article 3, s’applique dans «le conflit avec Al-Qaida», comme le   dit dans un mémo Gordon England, le numéro deux du Pentagone, successeur de   Paul Wolfowitz.        Cette décision, dont la portée est limitée dans l’esprit des militaires   américains, est une conséquence directe de l’arrêt récent de la Cour suprême.   Les juges, à cinq contre trois, ont estimé que George Bush avait outrepassé   ses pouvoirs en créant dans la foulée de la guerre en Afghanistan des   Commissions militaires, justice d’exception chargée de juger les prisonniers   inculpés, et d’abord une poignée d’entre eux à Guantanamo. Le mémo du   Pentagone a été distribué à la veille des réunions, qui ont commencé mardi, de   la Commission des affaires judiciaires du Sénat: le Congrès, contraint par   l’arrêt de la Cour, doit faire entrer les Commissions dans le cadre de la loi,   ou les transformer pour qu’elles respectent la législation en vigueur.        La directive signée par Gordon England est à la fois large et restrictive.   Large parce qu’elle parle, forcément, de tous les détenus de la «guerre contre   le terrorisme», et pas seulement de ceux du camp de Guantanamo. D’autres   prisonniers sont enfermés à Bagram, près de Kaboul. D’autres, les dirigeants   d’Al-Qaida capturés, par exemple, ont sombré dans les «trous noirs» de la CIA.   Mais l’agence n’est pas l’armée, elle a ses propres pratiques.        Pour imposer le respect de l’article 3 de la Convention, et d’abord de sa   disposition bannissant les traitements cruels, inhumains et dégradants, le   sénateur républicain John McCain a fait voter une loi interdisant la pratique   de la torture à tous les agents de la puissance américaine. George Bush, après   le vote des deux Chambres, a dû signer le texte. Mais il y a introduit une   disposition attribuant au président un pouvoir dérogatoire selon les   circonstances. Le brouillard de la guerre, évacué par la porte, rentrait par   la fenêtre.        Le mémo du Pentagone contient une autre restriction. Gordon England explique   que la décision qu’il signe ne concerne que l’application de la justice aux   détenus inculpés de Guantanamo et d’ailleurs. Puisque la Cour suprême dit que   les Commissions militaires sont contraires à la loi américaine et à l’article   3 commun des Conventions de Genève, le Pentagone avale cette disposition dont   le CICR est le garant. Au Congrès d’en tirer les conséquences dans le droit   américain. Pour le reste, dit England, les militaires américains respectent   déjà dans les faits le texte de Genève.        Cette victoire du CICR est symbolique et modeste. L’article 3, qui parle des   conditions de détentions, du traitement des prisonniers, des garanties   judiciaires a été délibérément rédigé en termes vagues. Il s’agissait, pour   obtenir la signature des Etats, de fixer des normes et de laisser aux acteurs   sur le terrain une marge de manœuvre. L’article ne dicte pas aux parties le   genre de justice qui doit être appliquée aux prisonniers.        C’est aux Etats d’adopter des pratiques acceptables. Les sénateurs américains,   qui ont commencé un débat difficile, hésitent entre deux solutions: le recours   aux cours martiales, autrement dit la justice militaire ordinaire; ou   l’adaptation des Commissions, de telle manière que les juges suprêmes n’y   trouvent rien à redire.        Mais le CICR a encore, vis-à-vis des Etats-Unis, une objection dont le   Pentagone ne parle pas. Les prisonniers de Guantanamo et d’ailleurs n’ont pas   tous été arrêtés sur le champ de bataille. Certains ont été pris ailleurs   qu’en Afghanistan, parfois à l’occasion d’opérations de police. Ce ne sont   plus des prisonniers de guerre au sens de la Convention. Les Américains   auraient dû déterminer le statut de chaque détenu, ce qu’ils n’ont pas fait.   Par ailleurs, la Convention s’applique en cas de conflit international. Or aux   yeux du CICR, en Afghanistan aussi bien qu’en Irak, les conflits sont   désormais internes, avec implication internationale. La détention de   prisonniers par les Etats-Unis viole là aussi le droit.            ***************       L’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève        En cas de conflit armé ne présentant pas un caractère international et   surgissant sur le territoire de l’une des Hautes Parties contractantes,   chacune des Parties au conflit sera tenue d’appliquer au moins les   dispositions suivantes:        1) Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris   les membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont   été mises hors de combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre   cause, seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité, sans aucune   distinction de caractère défavorable basée sur la race, la couleur, la   religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la fortune, ou tout autre   critère analogue.        A cet effet, sont et demeurent prohibés, en tout temps et en tout lieu, à   l’égard des personnes mentionnées ci-dessus:        a) les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le   meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels,   tortures et supplices;  les prises d’otages.       c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements   humiliants et dégradants.       d) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement   préalable, rendu par un tribunal régulièrement constitué, assorti des   garanties judiciaires reconnues comme indispensables par les peuples civilisés.         2) Les blessés et malades seront recueillis et soignés.        Un organisme humanitaire impartial, tel que le Comité international de la   Croix-Rouge, pourra offrir ses services aux Parties au conflit.        Les Parties au conflit s’efforceront, d’autre part, de mettre en vigueur par   voie d’accords spéciaux tout ou partie des autres dispositions de la présente   Convention. L’application des dispositions qui précèdent n’aura pas d’effet   sur le statut juridique des Parties au conflit.        (Source: “Le Temps” (Suisse), le 12 juillet   2006) URL: www.letemps.ch 
 
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