TUNISNEWS
7 ème année, N° 2457 du 12.02.2007
AP: Terrorisme: trois “plaisantins” condamnés par le tribunal de Tunis pour fausse revendication Le Temps : Corps de métiers: Assemblée générale extraordinaire des avocats: Rejet du projet de règlement intérieur Reuters: La Libye ne demandera pas de visa pour les ressortissants arabes Le Monde: Quand la diplomatie saoudienne s’active
Terrorisme: trois “plaisantins” condamnés par le tribunal de Tunis pour fausse revendication
Associated Press, le 9 février 2007 à 20h03 TUNIS (AP) — Le tribunal de première instance de Tunis a condamné vendredi à des peines de prison ferme trois individus reconnus coupables d’avoir “délibérément diffusé de fausses informations” à la suite des accrochages qui ont opposé fin décembre et début janvier derniers un groupe armé aux forces de sécurité tunisiennes, a rapporté samedi le journal “Achourouk”. Les prévenus avaient publié sur Internet un communiqué au nom de la “Jeunesse pour l’unicité et le Jihad”, une organisation inconnue, revendiquant ces accrochages meurtriers qui s’étaient soldés par 12 morts et 15 arrestations parmi les membres du groupe et deux morts dans les rangs des forces de sécurité, selon un bilan officiel. Selon le ministre tunisien de l’Intérieur, Rafik Belhaj Kacem, les membres du groupe, dont six se sont infiltrés par la frontière algérienne, sont des “salafistes terroristes”. Ils seraient liés au Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat (GSPC) qui a fait récemment allégeance à l’organisation Al-Qaïda d’Oussama ben Laden. Les autorités avaient, dans un premier temps, fait état de l’identification et l’arrestation de deux personnes qui “ont reconnu avoir rédigé et diffusé ce texte en guise de plaisanterie, dans le but de manipuler et d’induire en erreur les organes de presse et l’opinion publique”. Lors de leur comparution vendredi devant le tribunal, les avocats de la défense ont plaidé la nullité des procédures et des procès-verbaux émanant de l’instruction préliminaire, requérant le non-lieu pour leurs clients. Reconnus coupables selon l’article 306 bis du code de procédures pénales, les deux principaux accusés ont été condamnés à trois et demi de prison ferme chacun. Un troisième, inculpé de participation à cette action, a écopé de trois ans d’emprisonnement. Ils pourront néanmoins faire appel de ce jugement. Associated Press
La Libye ne demandera pas de visa pour les ressortissants arabes
Reuters, le 10 février 2007 à 00h46 RABAT, 10 février (Reuters) – La Libye n’a pas l’intention d’imposer des visas d’entrée sur son territoire aux ressortissants de pays arabes mais elle va en revanche instaurer des permis de travail et de séjour, a annoncé samedi le ministre libyen des Affaires étrangères. “Nous n’avons pas l’intention d’imposer des visas. Je ne sais pas d’où les journalistes ont tiré cette information”, a déclaré à la presse Mohamed Abdel-Rahman Chalgam à Rabat à l’issue d’une réunion des membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Cette organisation, qui réunit l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, vise à démanteler les barrières freinant les échanges commerciaux et à accroître la coopération régionale. Le ministre libyen de la Sécurité publique, Salah Radjab al Masmari, avait annoncé le mois dernier que son pays allait imposer des visas pour les ressortissants des pays arabes, y compris pour les membres de l’UMA, ce qui avait provoqué une polémique dans la région. “Ce que nous avons l’intention de faire, c’est mettre en place des procédures administratives afin d’améliorer l’organisation du marché du travail par nécessité légale et humanitaire”, a précisé samedi Chalgam. “Tout ressortissant d’un pays arabe peut entrer en Libye sans visa mais il devra être muni de permis de travail et de séjour s’il a l’intention de travailler et de séjourner en Libye plus de trois mois”, a-t-il poursuivi. Chalgam a affirmé que l’afflux de clandestins et l’exploitation des travailleurs sans papier par les entrepreneurs libyens motivaient cette réforme. REUTERS
Corps de métiers: Assemblée générale extraordinaire des avocats
Rejet du projet de règlement intérieur
• 288 voix contre et 215 pour Le projet du règlement intérieur de la profession d’avocats a été rejeté hier par 288 voix contre 215 voix lors de l’Assemblée générale extraordinaire du Conseil de l’ordre des avocats qui s’est tenue samedi et dimanche à l’Hôtel l’Oriental Palace de Tunis. Sur un ensemble de 3599 avocats éligibles 514 ont pris part au vote. Un bulletin n’a pas été remis dans les urnes donc le nombre de votants est de 513… Onze bulletins ont été classés nuls. Après la proclamation des résultats en milieu d’après-midi. Nous avons recueilli quelques réactions à chaud Réactions Le Bâtonnnier M. Abdessatar Ben Moussa « Ce n’est pas mon projet c’est celui du Conseil de l’ordre des anciens bâtonniers et des avocats. Dommage qu’il ne soit pas passé. Ceux qui ont voté contre jugent que la réglementation de la profession limite leur liberté ». En sortant de la salle M. Ben Moussa a déclaré en rigolant « je penserai peut être à briguer un second mandat » une « plaisanterie » qui, si elle s’avère juste, bouleversait les calculs électoraux des autres candidats au bâtonnat. M. Brahim Bouderbala « Le vote reflète la crise que traverse la profession. Le projet a aussi été mal préparé et il n’a pas touché la majorité des avocats. J’espère que la prochaine fois sera la bonne et qu’on se penchera sur l’amendement de certains articles de la loi de 1989 qui organise la profession dans le but de mieux représenter les avocats et aussi sur l’élaboration d’un code de conduite (règlement intérieur) qui régit les rapports entre les avocats et les différents intervenants ». M. Abderrahmane Kraïem « Je pense que le résultat du vote reflète le refus de la majorité dans la démarche suivie dans l’élaboration du règlement intérieur. Déjà la discussion du projet par l’assemblée générale a montré qu’ il y a des articles qui nécessitent une plus profonde réflexion. La nécessité d’un règlement intérieur ne fait aucun doute seulement la participation des avocats doit être réelle et effective au sein des commissions. La profession d’avocat qui a le mérite d’être la profession de défense des droits et des libertés a tout intérêt à rester libre, indépendante et professionnelle. Il ne faut pas que le résultat du vote du règlement intérieur soit un alibi pour un détour d’orientation politique ». propos recueillis Néjib SASSI (Source : « Le Temps » (quotidien – Tunis), le 12 février 2007)
Quand la diplomatie saoudienne s’active
par Gilles Paris Il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de l’accord inter palestinien conclu à La Mecque, jeudi 8 février. Rien n’assure qu’il sera à même de combler le fossé de haine qui s’est creusé à Gaza entre les miliciens des deux principaux mouvements palestiniens. Ni qu’il recevra le soutien des Etats-Unis, qui ont ostensiblement préféré jusqu’à présent l’affrontement au compromis. En revanche, cet accord constitue un indéniable succès pour une diplomatie saoudienne qui cultive d’ordinaire la discrétion. Un succès obtenu, qui plus est, sur un dossier qui relève traditionnellement des bons offices égyptiens. Siège de la Ligue arabe, allié aux Etats-Unis et lié à Israël depuis plus d’un quart de siècle par les accords de Camp David, Le Caire présente en effet un profil de courtier idéal pour les deux parties en présence. C’est d’ailleurs dans la capitale égyptienne que le “dialogue national” palestinien avait débuté, puis s’est enlisé. C’est au contraire à La Mecque, après une invitation pressante des deux factions palestiniennes par le roi Abdallah, qu’il a débouché, au moins temporairement, sur un véritable accord. A dire vrai, le dossier palestinien n’en est qu’un parmi d’autres, tout aussi brûlants, pour la diplomatie saoudienne. Cette dernière est en effet engagée dans les quatre conflits majeurs qui simultanément – et c’est là une configuration inédite – travaillent le Proche et le Moyen-Orient. Les Saoudiens suivent de très près l’évolution de la crise libanaise. Le président de la République française, Jacques Chirac, a salué leur rôle lors de la conférence organisée à Paris le 25 janvier pour la reconstruction du Liban. Ils sont tout aussi attentifs à ce qui se passe en Irak, à leur frontière, et ils observent enfin avec inquiétude la gestation du dossier nucléaire iranien. Cette omniprésence saoudienne sera d’ailleurs consacrée à la fin du mois de mars par la réunion à Riyad des dirigeants de la Ligue arabe dans le cadre de son sommet annuel. “Nous avons toujours été actifs”, estime un diplomate saoudien, qui rappelle que la guerre civile libanaise s’est achevée en 1990 avec les accords conclus à Taëf sous l’impulsion du roi Fahd, “ce sont la région et les circonstances qui ont changé”. Abdallah, alors prince héritier, fut d’ailleurs à l’origine de la résolution adoptée par la Ligue arabe à Beyrouth, en mars 2002, qui proposait à Israël la normalisation des relations avec tous les membres de la Ligue en échange de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Mais la localisation des plus graves fractures régionales explique en grande partie la prépondérance saoudienne actuelle. Si l’inquiétude des intentions jugées hégémoniques de l’Iran est sans doute la chose la mieux partagée par les capitales arabes dites “modérées”, c’est-à-dire alliées à Washington, l’Arabie saoudite est la mieux placée pour y répondre, par sa taille et sa puissance économique. Téhéran et Riyad maintiennent enfin et surtout ouvert un canal officiel de discussion, ce qui n’est pas le cas, et depuis longtemps, de l’Egypte. Cette relation avec l’Iran est ambivalente et complexe, puisque la République islamique est impliquée également – directement ou par le truchement d’un tiers – dans les quatre grandes crises régionales. Téhéran a su utiliser à son profit l’intransigeance des Etats-Unis et des Européens vis-à-vis du Hamas palestinien, comme l’a souligné récemment un rapport du Parlement britannique, pour s’introduire, grâce aux pétrodollars, dans un dossier qui ne relevait auparavant que du slogan post-révolutionnaire proche de la rengaine. L’Iran dispose au Liban avec le Hezbollah d’un outil incomparable, hier fer de lance de “la résistance” contre Israël, aujourd’hui pilier de l’opposition au gouvernement de Fouad Siniora. Ce dernier est l’ancien bras droit de Rafic Hariri, qui avait bâti en Arabie saoudite la fortune et les relations qui allaient lui ouvrir les portes du pouvoir à Beyrouth en 1992. DÉPOURVU DE FORCE MILITAIRE L’Iran dispose également de relais en Irak, où la communautarisation des institutions politiques, voulue par les Etats-Unis, a propulsé aux avant-postes la majorité chiite, dont certaines composantes politiques sont liées à Téhéran. Enfin, l’Iran n’entend rien rabattre de ses ambitions nucléaires. Dépourvue historiquement d’une véritable force militaire – la protection américaine est au coeur de la relation entre Washington et Riyad -, l’Arabie saoudite ne peut pas non plus user, face à un pays chiite, de la puissance symbolique attachée au titre de Protecteurs des lieux saints (La Mecque et Médine) qui échoit à ses souverains sunnites. Le royaume est donc plus tenté par le “containment” de l’Iran que par la confrontation. Cette ligne officielle semble faire l’objet d’un consensus parmi les figures les plus connues à l’étranger de la famille royale, le roi Abdallah, le prince héritier Sultan, le ministre des affaires étrangères Saoud Al-Fayçal, ou bien Bandar bin Sultan, ancien ambassadeur aux Etats-Unis, aujourd’hui secrétaire général du Conseil de sécurité nationale, et quelles que soient par ailleurs les différences de sensibilités. Les intérêts saoudiens dans la région ne coïncident d’ailleurs pas toujours avec ceux des Etats-Unis. A la satisfaction de Washington, Riyad participe à l’isolement diplomatique de la Syrie, surtout depuis les propos virulents tenus à l’été 2006 par le président syrien, Bachar Al-Assad, à l’encontre des Saoudiens qui avaient critiqué ouvertement l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah, le 12 juillet 2006, ce qui allait déclencher une guerre de six semaines. Au Liban, les vues sont identiques. Ce n’est pas le cas à propos de l’Irak, “où la politique américaine heurte de plein fouet les intérêts de ses alliés régionaux traditionnels”, à commencer par les Saoudiens, selon un expert. Le doute persiste sur l’attitude de Riyad dans le cas d’une frappe américaine préventive contre les installations nucléaires de l’Iran. Une telle initiative serait de nature à répondre aux inquiétudes exprimées officieusement par les responsables saoudiens, mais le royaume et les autres membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en redoutent les conséquences régionales, de la probable fermeture du détroit d’Ormuz à d’éventuelles frappes de représailles en passant par la réaction des minorités chiites saoudiennes et koweïtiennes (pour ne pas parler de la majorité chiite irakienne ou bahreïnie ni du Hezbollah). Une perspective apocalyptique qui pousse donc le CCG à privilégier officiellement la voie de la diplomatie. (Source : « Le Monde » (quotidien – France), le 11 février 2007)