FIDH: Affaire Ben saïd – Le premier procès en France d’un tunisien accusé de torture en Tunisie Reveil Tunisien: Procès de Gafsa la police brutalise les prisonniers et leurs familles et fait évacuer la salle d’audience Amnesty International: Human rights defenders barred from leaving Iran, Tunisia AFP: Trois à six ans ferme pour 4 islamistes liés au réseau de la kamikaze belge La Croix: Ils mettent leur vie en danger pour les droits de l’homme – Abdelatif Bouhjila ou le combat désespéré d’un islamiste tunisien Louiza Toscane: LES LUTTES DES PRISONNIERS POLITIQUES EN TUNISIE (2ème partie) Sami Ben Abdalla: Manifestation et Contre/manifestation pour M.Sadok Chourou AFP : La BAD prête 23 millions d’euros à la Tunisie pour la gestion de l’eau Alternatives Citoyennes: De la ville projetée à la ville rêvée – Entretien avec l’architecte Leïla Ammar Africanmanager: Tunisie : 5 ministères épinglés pour non-respect des Codes, atteinte à la concurrence et autres pratiques non réglementaires. AFP: Sahara occidental: le Polisario appelle l’UE à “ranimer” les négociations Reuters: Droits/Ebadi et Soyinka s’en prennent aux régimes islamistes AFP: Obama affirme vouloir tendre la main au monde musulman AFP:L’immunité de 2 responsables de l’administration Bush devant la Cour suprême
Le premier procès en France d’un tunisien accusé de torture en Tunisie
Urgent Procès de Gafsa la police brutalise les prisonniers et leurs familles et fait évacuer la salle d’audience
La reprise du procès des 38 du bassin minier de Gafsa le 11/12/08
Délégation syndicale : Florioan Lascroux du SNES/FSU participe demain à la délégation syndicale au procès des 38 à Gafsa. Observation judiciaire : – Maître Houcine Bardi, Avocat au Barreau de Paris, est mandaté par le CRLDHT + la FTCR. – Maître Antoine Asseda, ancien SG de la Conférence des Bâtonniers, est mandaté par l’Ordre des Avocats de Paris + la FIDH + le REMDH Amitiés Mouhieddine CHERBIBHuman rights defenders barred from leaving Iran, Tunisia
Trois à six ans ferme pour 4 islamistes liés au réseau de la kamikaze belge
Ils mettent leur vie en danger pour les droits de l’homme
Oleg Panfilov défend les journalistes russes Pour Oleg Panfilov, il n’y a pas de doute : « Je ne pourrais pas aujourd’hui défendre les droits de l’homme avec autant de force si, par le passé, je n’avais pas été moi-même victime de répressions. » Figure réputée à Moscou pour son professionnalisme comme son ton calme et ironique derrière sa barbe de professeur malicieux, ce défenseur des journalistes, âgé de 51 ans, a été plusieurs fois arrêté alors qu’il était jeune correspondant pour divers médias libres. C’était au début des années 90 dans son Tadjikistan natal, l’une des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale devenues indépendantes. « Lorsqu’en 1992, après une année de formation à Varsovie, j’ai voulu créer dans mon pays un bureau du groupe Helsinki (NDLR : ONG internationale de défense des droits de l’homme), on m’a menacé de mort. J’ai fui. » Direction : Moscou, où il a depuis monté le Centre pour le journalisme en situation extrême. « Cette appellation venait de l’anglais et, au début, sonnait bizarrement en russe. Mais les huit ans de présidence Poutine ont depuis parfaitement justifié ce choix… », ironise Oleg Panfilov qui a mis en place cette ONG en 2000, année de l’arrivée au Kremlin de Vladimir Poutine. Oleg Panfilov est d’ailleurs lui-même régulièrement accusé d’être « un ennemi » : son organisation est financée par divers fonds occidentaux et multiplie les formations, en Russie mais aussi en Géorgie ou en Ukraine. « Dans ces pays, il existe une véritable tradition démocratique. Ce n’est pas le cas en Russie où la majorité des journalistes ne sont pas encore prêts à poser des questions critiques aux autorités. Lorsque, après la mort d’Anna Politkovskaïa (NDLR : la célèbre journaliste critique du Kremlin assassinée en 2006), 600 personnes ont manifesté dans les rues de Paris et seulement 150 à Moscou, vous avez parfois envie de baisser les bras… » Mais, professeur dans l’âme, Oleg Panfilov croit toujours en l’espoir de créer « d’ici 20-30 ans une nouvelle génération de journalistes en Russie». Chen Guangcheng lutte pour les opprimées chinoises Lorsqu’en 2005, les autorités locales de sa ville natale de Linyi (province du Shandong) lancent une campagne massive d’avortement et de stérilisation forcés, le jeune avocat aveugle de naissance, alors âgé de 33 ans, décide d’attaquer en justice les cadres locaux de Linyi. Il sait qu’il est dans son droit, car de tels procédés sont bannis officiellement, mais les petits fonctionnaires soucieux d’assurer leur progression sociale veulent améliorer les statistiques du planning familial. Chen Guangcheng, qui n’a jamais pu être admis à l’université pour étudier, s’est formé seul en déchiffrant les textes de loi en braille. Pour la cause des femmes avortées de force, souvent à quelques jours de l’accouchement, il va jusqu’à Pékin plaider auprès du bureau national du planning familial. La société civile en colère voit en ce jeune homme courageux l’incarnation du « défenseur des droits des opprimées ». Mis en résidence surveillée en septembre 2005, il a été arrêté le 12 mars 2006, détenu au secret jusqu’en juin de la même année et condamné le 24 août 2006 à quatre ans et trois mois de prison. Motif officiel : « destruction de la propriété publique et perturbation de la circulation par des rassemblements populaires ». Rien à voir avec la défense des femmes victimes des abus des seigneurs locaux. Ses propres avocats, comme les organisations internationales des droits de l’homme, ont condamné ce « procès mascarade ». Aujourd’hui en Chine, ils sont plus de 500 avocats emprisonnés pour avoir voulu défendre des victimes de ces cadres locaux plus soucieux de remplir leurs comptes en banque que de respecter la loi. Marc Ona Essangui se bat pour l’avenir du Gabon Marc Ona Essangui n’est pas homme à se laisser impressionner, ni par les fastes de l’argent ou du pouvoir, ni par les intimidations et autres menaces. Depuis que la poliomyélite l’a frappé à 6 ans, il a appris que la vie est un combat. À 46 ans, ce Gabonais se bat pour la bonne gouvernance, contre la corruption, pour l’environnement, la forêt dans son pays. Le président de Brainforest, une ONG de défense de la forêt équatoriale, est aussi membre de la plate-forme « Publiez ce que vous payez », avec le soutien du Secours catholique. Il vient de déposer une plainte contre le procureur de la République du Gabon, Bosco Alaba Fall, devant la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite. Le magistrat, neveu du président Bongo, aurait reçu en vingt-quatre heures 500 000 € en liquide. Convoqué en novembre devant les magistrats de la commission, « pour retirer sa plainte », Marc Ona fait un courrier au directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, pour l’informer de l’affaire. Puisque le FMI conditionne désormais ses programmes à la mise en place d’une bonne gouvernance. En avril dernier déjà, il avait profité d’un séjour à Paris pour participer à une opération de dénonciation publique des avoirs du président Bongo, dans le cadre de la campagne « Bien mal acquis ». Et si depuis le mois de juin il lui est interdit de sortir du territoire, il ne regrette rien. « Si c’était à refaire, je le referais », annonce-t-il. Son dossier doit passer en jugement le 16 décembre prochain. « Je n’arrive pas à concevoir qu’un petit pays comme le Gabon, immensément riche de ressources pétrolières et minéralières, puisse être classé parmi les plus pauvres du monde », explique-t il. « Si je mène cette lutte, c’est pour les générations futures », ajoute ce père de quatre jeunes enfants, deux fois des jumeaux. « Cela n’a rien d’un combat personnel. Nous sommes une dizaine d’ONG sur le front et chacun de nous prend des risques personnels. » Pas le genre à tirer la couverture à lui non plus. Abdelatif Bouhjila ou le combat désespéré d’un islamiste tunisien Il répond lui-même au téléphone, alors qu’il tient encore à peine debout. Abdelatif Bouhjila, 38 ans, a cessé il y a une semaine une grève de la faim qu’il tenait depuis le 2 octobre dernier chez ses parents à Mégrine près de Tunis. En liberté conditionnelle depuis le 7 novembre 2007, il n’a jamais baissé les bras. Il ne demande qu’une chose : obtenir son passeport pour sortir du pays et être soigné en France. Lors de sa longue incarcération, il avait déjà choisi les grèves de la faim à répétition comme moyen de protestation. À lui seul, il a totalisé 900 jours de jeûne en détention pour réclamer l’amélioration de ses conditions d’emprisonnement. Un triste record dans les prisons tunisiennes. À son procès en novembre 2000, « le procès des agonisants », il arrivait sur un brancard, comme ses compagnons islamistes emprisonnés, tous en grève de la faim. Il a été condamné à dix-sept ans de prison, avant que la peine ne soit réduite en appel à onze ans et d’être libéré au bout de neuf ans et demi. Aujourd’hui c’est un homme à la santé brisée. C’est pour cette raison qu’il a choisi d’arrêter sa dernière grève de la faim. Il reconnaît appartenir au parti islamiste interdit, Al-Ansar (ce qui lui a valu toutes ces années de prison). Un « mouvement modéré et non violent » pour lui. Il souffre d’affections cardiaques et rénales et a été opéré d’un rein en détention. Comme tous les anciens prisonniers politiques, un qualificatif que lui dénient les autorités tunisiennes, Abdelatif Bouhjila a perdu ses droits en retrouvant la liberté. Il a accès aux soins de façon épisodique, n’a pas de travail (personne n’oserait l’embaucher) et aucune liberté de circulation. Des policiers en civil surveillent la maison familiale. Ancien étudiant en lettres classiques en arabe, il rêve d’écrire. « J’étais tellement pris par mes revendications, pour être un homme “debout” en prison, que j’y ai peu lu. Je le regrette tant. » Mais Abdelatif Bouhjila est en voie de réaliser ce rêve. Le sujet sera politique, bien sûr. Il veut raconter « ce qu’est vraiment le mouvement islamiste Al-Ansar. Et non pas ce qu’en disent les autorités tunisiennes. » Benki Piyako, pour les siens et l’Amazonie Dans l’Acre, État brésilien de l’Amazonie à la frontière du Pérou, les Ashaninkas ont une peur bleue : les «invasions». Dans cette région du poumon vert de la planète, il arrive que le Pérou envahisse le Brésil. Mais ici, pas de véhicules blindés ou d’armes lourdes, juste des tracteurs surpuissants et des tronçonneuses, troupes de chocs des entreprises forestières installées de l’autre côté d’une frontière que Brasilia est bien incapable de protéger. Il y a quelques années, alors qu’une nouvelle incursion s’était produite, ce sont les Indiens Ashaninkas qui avaient averti la capitale, grâce au réseau Internet mis en place depuis peu. « Les gens disent que nous sommes pauvres, même au sein de notre communauté, mais ce n’est pas vrai : nous sommes riches de la forêt », explique Benki Piyako, chef d’une communauté ashaninka de 500 personnes. Et c’est cette richesse qui les rend vulnérables aux assauts contre leur terre, mais aussi contre leur culture, et donc leur vie. « Les choses avancent : notre terre est reconnue par les autorités, poursuit Benki . Mais il faut la mettre en valeur pour la protéger. Pour lutter aussi contre l’image que beaucoup de Brésiliens ont des Indiens, considérés souvent comme ignorants. Quand je vais à la capitale de l’Acre, je vois que des gens me regardent bizarrement. Le racisme est très fort. » Visage peint, coiffe à plumes, Benki Piyako a mis au point différentes stratégies pour aider les siens à lutter pour leurs droits et à défendre l’environnement. Il a ainsi établi un inventaire des ressources des Asha ninkas et réfléchit à des modes de gestion durable. Ses troupes vertes ? Les « agents agro-forestiers », représentants des intérêts des populations locales, chargés notamment d’éduquer et de faire le lien avec le monde des entreprises. Car si Benki Piyako puise ses forces dans la spiritualité transmise par les anciens, il sait qu’il faut donner la valeur à l’Amazonie pour sauver la forêt, et les Ashaninkas. Benjamin QUÉNELLE, Dorian MALOVIC, Catherine REBUFFEL, Julia FICATIER, Gilles BIASSETTE (Source: “La Croix) (Quotidien – France) le 05/12/2008)
LES LUTTES DES PRISONNIERS POLITIQUES EN TUNISIE (2ème partie)
Louiza Toscane
La lutte pour la survie a longtemps constitué l’essentiel des revendications des prisonniers politiques. Accéder à une couverture, un matelas, la douche, la télévision, le courrier, les livres, le droit à la prière, les journaux, les médicaments, une visite, un couffin qui parvienne intact, contre les mauvais traitements, tout cela suppose réclamations, courriers, et pour finir des grèves de la faim à répétition. La grève de la faim s’est imposée au cours des ans comme l’unique moyen de lutte puisque le détenu est isolé de ses pairs, de sa famille, du monde. Toutes les générations ont mené ces combats individuels, parfois jusqu’à la mort.
Certaines grèves de la faim sont menées collectivement, par prisons, contre les mauvaises conditions d’emprisonnement, et durant les années 90, les militants du mouvement Nahdha parvenaient à déclencher un jeûne dans toutes les prisons à l’occasion du 10 décembre, journée de commémoration de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, tradition qui décline depuis qu’il ne reste que quelques militants de ce parti en prison.
Les revendications politiques sont en général celle de la libération (grève de la faim individuelle) ou la solidarité avec les
Palestiniens. La seule formation politique en capacité de couvrir l’ensemble des prisons fut la Nahdha. La génération actuelle des « salafistes » emprisonnés sous couvert d’anti-terrorisme, n’est pas organisée au plan national et elle est par ailleurs regroupée dans la seule prison de Mornaguia (Tunis) pour des raisons d’instruction, puis ventilée ensuite sur le reste des prisons. Nouvelle venue et non structurée à l’origine, elle n’était pas en capacité d’organiser un mouvement sur les prisons au niveau national. Toutefois, avec leur concentration sur la prison de
Mornaguia et la généralisation des mauvais traitements, ils ont, par leur grève massive (plus de 400 détenus) en août 2008 pour l’indépendance de la justice, jeté les bases d’un mouvement carcéral collectif. Car les prisonniers ne peuvent s’organiser en tant que tels, ni agir collectivement dans les prisons, puisqu’ils sont en isolement ou en « cachot ambulant » du fait de l’interdiction qui leur est faite de communiquer avec quiconque. Néanmoins, le régime des transferts incessants qui leur fait visiter toutes les prisons du pays, leur rend possible la connaissance d’une réalité carcérale nationale et des contacts secrets avec leurs pairs.
Leur condition et leurs luttes sont désormais connues. Dans les années 90, la peur régnait. Les familles, seuls soutiens des prisonniers, luttaient pour la survie individuelle des leurs, mais le silence prévalait. Et d’ailleurs, à qui s’adresser ? Au plan national, les soutiens associatifs étaient rares et faibles, chaque parti prenant la défense de « ses » prisonniers, quant au plan international, qui les aurait crus, Soutenus ? Personne, ou presque. Les exilés ont tenté d’accréditer auprès d’une opinion publique pour le moins dubitative la réalité carcérale tunisienne.
Pourtant les nouvelles sortent progressivement : à la fin des années 90, un prisonnier parvient à écrire et à faire publier en France un livre rédigé clandestinement en prison. Dès lors, les messages vont fuser, les appels au secours et les familles commencent à sortir de leur réserve. La promulgation de la loi anti-terroriste va unir les familles de ces jeunes dans une même révolte.
Les familles s’organisent, se rencontrent, manifestent, publient et transmettent les informations à qui veut bien compatir et s’indigner. En 2007 est créé le Comité des Mères des victimes de la loi sur le terrorisme, puis d’autres regroupements à la limite de l’informel. Elles sont aidées en cela par la généralisation des portables, de l’Internet. Enfin, la jonction entre des anciens prisonniers politiques et des familles de prisonniers va être à l’origine d’une nouvelle association : l’Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques-AISPP (non reconnue), qui va prendre en charge cette cause, pour la connaître de l’intérieur, et ne plus la déléguer à des militants de droits de l’homme, débordés par toutes les atteintes aux libertés.
Cette autonomie de l’action va être à la base d’une nouvelle mobilisation inédite, jetant dans le combat politique des centaines de femmes, rendues visibles, à défaut d’être reconnues. La répression sauvage qui s’abat sur les prisonniers en lutte et leurs familles n’a pas raison de leur détermination.
En parallèle, la lutte contre l’impunité prend son essor : des centaines de plaintes sont déposées en Tunisie. En exil, elles sont rendues possibles par des législations incluant la compétence universelle ou bien, elles sont déposées symboliquement devant le comité contre la torture de l’ONU. C’est ainsi que la cause des prisonniers politiques est devenue une revendication démocratique pouvant unir différents partis et la ” société civile” et s’est imposée comme une question politique indissociable du combat pour le renversement de la dictature, ce qui ne pouvait se concevoir au début des années quatre vingt dix.
Au niveau international, certaines ONG sont au premier plan dans la solidarité, notamment Human Rights Watch, l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, Amnesty International, Reporters Sans Frontières.
Des comités ad hoc sont créés, avec un certain succès, tous les prisonniers concernés ayant été libérés avant la fin de leur peine.
Il reste que les organisations internationales ne luttent pas pour la libération des prisonniers politiques. Il est impératif de reprendre les principales revendications du mouvement démocratique tunisien : pour l’amnistie générale, le jugement des tortionnaires, l’abrogation de la brigade de la Sûreté de l’état (en 1987, Ben Ali avait aboli la cour de Sûreté de l’état, mais pas la brigade du même nom, connue pour être une brigade de tortionnaires), l’abrogation des amendements de 93 au code pénal, la suppression des Tribunaux Militaires, l’abrogation de la loi anti-terroriste, l’abrogation de la peine de mort.
Dans les pays démocratiques, il faut s’opposer à tous les renvois de demandeurs d’asile tunisiens. Une dizaine d’entre eux, renvoyés d’Europe après le rejet de leur demande, ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement à leur arrivée en Tunisie. Non à la torture par procuration !
(Source : AFRIQUES EN LUTTE, Bulletin d’information du groupe de travail « Afrique » de la Ligue Communiste Révolutionnaire LCR (France), n°16 / novembre 2008 )
Lien :http://www.lcr-rouge.org/IMG/pdf/Afriques_en_lutte_2008_11.pdf
Manifestation et Contre/manifestation pour M.Sadok Chourou
La BAD prête 23 millions d’euros à la Tunisie pour la gestion de l’eau
TUNIS – La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé jeudi l’octroi d’un prêt de 23 millions d’euros à la Tunisie pour financer un projet de gestion de l’eau, dans un communiqué publié à Tunis, siège provisoire de l’institution. Ce projet vise à “promouvoir une gestion efficiente et intégrée” des eaux mobilisables par barrages, lacs collinaires, forages et puits de surface, précise la BAD. Il vise également la gestion des eaux “non conventionnelles”, usées et saumâtres, pour aider la Tunisie à “relever le défi de la raréfaction des ressources en eau de qualité”. Les populations rurales réparties sur 24 gouvernorats (provinces) du pays seront les bénéficiaires directs de ce projet censé améliorer la qualité de l’eau potable et intensifier les activités agricoles. D’un coût total estimé à 122 millions d’euros, le programme, s’étalant sur cinq ans, est cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et la Banque mondiale. (©AFP / 11 décembre 2008 20h53)
De la ville projetée à la ville rêvée
Entretien avec l’architecte Leïla Ammar
En marge des manifestations [1] organisées par l’Institut français de coopération autour de la ville projetée, nous publions cette interview de l’architecte Leïla Ammar, enseignante à l’École nationale d’architecture et d’urbanisme (ENAU). De la ville oubliée du XIX°siècle à la ville projetée du XXI° siècle, quels peuvent être les axes d’une architecture à l’échelle de l’homme, pour une ville rêvée ?
La Rédaction
Alternatives Citoyennes : Dans une visite à Tunis en mai 2008 pour la conférence des villes francophones, Bertrand Delanoë, Maire de Paris, a mis en évidence la culture du « lien social » dans l’architecture de ces villes. Les grandes cités françaises avec leurs « zones » ne permettent-elles pas de s’inscrire en faux contre cette appréciation ?
Leïla Ammar : La notion de lien social signifie en sciences sociales l’ensemble des appartenances, des affiliations et des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux. Cette force relative aux solidarités citadines qui se développent d’un groupe à l’autre ou au sein d’un même groupe, a varié dans le temps et dans l’espace. Aujourd’hui, on évoque l’affaiblissement du lien social et même sa crise dans les grandes cités périphériques, en marge des centres historiques anciens, en Europe ou au Maghreb.Les inégalités sociales, les phénomènes de ségrégation spatiale et sociale, l’exclusion de certaines catégories de la population mettent en défaut le lien social.
En France, en périphérie des grandes villes, grands ensembles des années 1960-1970, ainsi que quartiers et cités de barres et de tours ont peuplé les périphéries agricoles. Ces ZUP (zones d’urbanisation prioritaires), constituées souvent d’une majorité de logements sociaux, ces quartiers de banlieues en morceaux pas toujours raccordés entre eux et aux centres, au plan des transports en commun, ont produit un espace urbain illisible et ont connu et secrété plusieurs crises complexes. Ils sont devenus des « quartiers difficiles », des « zones » et des banlieues à problèmes. Dépréciation, population en baisse, transplantation massive de populations immigrées, ghettoïsation, avec leurs lots de délinquance et de montée de l’intégrisme islamique les ont marqués. Ces quartiers ont été conçus sans aucun objectif de mixité fonctionnelle et sociale et sans espace public lisible. Cet élément essentiel de la qualité spatiale d’une ville, notamment en termes de convivialité mais aussi comme vecteur de circulation et d’ouverture des secteurs les uns par rapport aux autres, leur faisait défaut. L’espace public, c’est-à-dire le réseau des rues et des voies, outre ces fonctions de raccordement des quartiers les uns aux autres et aux villes centres, est aussi le support incontournable de l’expression du sens communautaire spatialement. Si une ville ne réussit pas à exprimer ce sens, elle provoque le rejet, l’appartenance ne trouvant pas d’espace symbolique auquel se rattacher.
Certes dans cette histoire de la banlieue en morceaux et en crise, banlieue dont Céline disait qu’elle était devenue le paillasson sur lequel on s’essuie avant de rentrer dans Paris, on peut d’abord incriminer les choix urbanistiques et architecturaux des «grands ensembles » et des ZUP des années 1960-1980, où la rue a disparu pour laisser place à autant d’obstacles d’un urbanisme en cul de sac, en terrains vagues ou en secteurs piétons propices à l’enfermement. On peut aussi relever dans cette histoire l’absence de politique sociale, de mixité urbaine à toutes les échelles et la tentation actuelle de résoudre les « problèmes » par la mise en place de dispositifs sécuritaires.
Il ne faut pas oublier cependant que nombre de ces quartiers « difficiles » font aujourd’hui l’objet de projets de renouvellement urbain qui tentent de repenser non seulement l’architecture et l’urbanisme de ces quartiers mais aussi leur dimension symbolique, comme support de lien social et de vie associative.
A.C. : Les villes tunisiennes aujourd’hui développent-elles les mêmes tendances ?
L.A. : En Tunisie, nous vivons un certain nombre de réalités qui ont à voir avec la culture contemporaine de l’urbanisme oublieux du lien social et générateur de processus d’exclusion. D’autres réalités, à l’inverse et selon les échelles, permettent de considérer qu’au niveau des quartiers péri-urbains un réseau de liens et de solidarités citadines se forme et permet aux habitants de pallier les difficultés et les carences d’équipements et d’infrastructure, sans toutefois réussir à résoudre les questions deformation et d’accès à l’emploi.
Prenons l’exemple de Tunis et revenons sur les thèmes de la mobilité citadine, de l’accessibilité et de l’espace public. Malgré le métro aérien qui a été une grande conquête pour la ville, les quartiers périphériques du Grand Tunis restent mal desservis. Et notamment les quartiers Ouest et Sud. Il faut plus de deux heures en transport en commun pour aller de Sidi Hcine Sijumi à Bab Saadoun et autant pour arriver d’El Mourouj au centre-ville de Tunis. Pour éviter que ces quartiers en marge ne deviennent des ghettos stigmatisés dont on ne peut sortir, il faut absolument améliorer leur accessibilité en termes de transport en commun et leur permettre de redevenir des territoires attractifs. Le quartier d’Et-Tadhamen qui compte aujourd’hui plus de 300.000 habitants est un ancien quartier informel qui a acquis droit de cité en près de 40 ans. Les rues n’y sont plus simplement numérotées mais possèdent des noms. On s’y rend et on en vient relativement aisément.
Les équipements et les commerces y sont présents. La vie populaire s’y est inscrite à partir d’un réseau de rues et d’espaces communautaires tracés par les habitants, équipés par les pouvoirs publics, et y a prospéré. Mais le quartier d’Et-Tadhamen qui bénéficie aujourd’hui d’une situation urbaine proche du centre de Tunis par les réseaux et les moyens qui permettent d’y accéder reste exceptionnel. Dans d’autres quartiers où la sédimentation du temps n’a pas encore fait son oeuvre, les réalités sont plus difficiles. En fait et à propos de l’espace public, ces nouveaux quartiers, outre l’assainissement et les infrastructures minimales, devraient bénéficier d’un réseau de rues et de voies de communications lisibles et raccordées à la grande voirie qui permet d‘accéder au centre, aux équipements, aux services. Ils devraient aussi bénéficier démocratiquement du même trottoir, du même éclairage public et du même service de ramassage d’ordure qu’en ville.
Nous vivons à l’heure de l’urbanisation galopante et des périphéries mal loties faute d’avoir pensé les projets urbains (équitables et durables) qui permettent de raccorder les morceaux de la banlieue les uns aux autres et avec le centre ville. Cette pensée du projet urbain qui suppose une vision globale et une intervention à toutes les échelles sociale, technique, politique n’est pas encore à l’oeuvre en Tunisie car au mieux nous produisons de bons lotissements et de l’espace à urbaniser.
A.C. : À l’inverse, une petite promenade dans les rues de Tunis au XIX° siècle ne renvoie-t-elle pas à la nostalgie d’un lien social privilégié ?
L.A. : La rue est le propre de la ville. Elle en est le ferment, la forme élémentaire, l’évidence même. Or cette forme, lieu de l’échange où les valeurs se manifestent, lieu de l’accord et du mouvement, tend à disparaître. Le Mouvement moderne en architecture et en urbanisme en a théorisé la dissolution et la réduction à la fonction circulatoire. Les situations nouvelles d’urbanisation ont secrété des linéaires de voies totalement improductifs, incapables de fédérer des fonctions multiples et pauvres en usages. Comme la ville, la rue ne peut se passer de forme, de dessin et d’une attention particulière au statut des espaces qui la constituent et qui la bordent.
Le XIX° siècle est marqué à Tunis comme dans beaucoup d’autres grandes villes de Méditerranée, par le passage de la rue traditionnelle à la voie publique moderne. Et dans ce passage qui n’est pas allé sans résistances ni sans ruptures, les transformations de la rue accompagnent celles de la forme de la ville. Les rues de la Médina et des faubourgs comme les rues de la ville neuve dite « européenne » au XIX° siècle sont le support et le lieu de pratiques urbaines et de sociabilités différenciées. Elles sont de véritables « actrices sociales », selon les termes d’Arlette Farge, et fourmillent d’activités, de mouvement, de proximités. Le lien social s’y inscrit aisément que l’on soit dans les quartiers et espaces communautaires de la Médina ou dans les nouvelles rues et avenues de la ville moderne. Les rues, ruelles et impasses de la Médina et des faubourgs sont le lieu de solidarités citadines et de règles de bienséance entre voisins et habitants d’une même houma ou d’un quartier. Dans la ville moderne, le tracé rectiligne des nouvelles voies publiques alignées, larges et aérées, et la stricte séparation entre les domaines privé et public, permet aux usages nouveaux de s’inscrire. Le XIX° siècle et le XX° siècle jusqu’aux années 1940 et à l’avènement du Mouvement moderne sont encore favorables à la rue ; la ville ancienne ou moderne est encore conçue à partir du réseau hiérarchisé des rues et des îlots. L’espace bâti est étroitement lié à l’espace vide de la rue. La rupture se produira après la seconde guerre mondiale avec l’arrivée massive de l’automobile et les théories de l’urbanisme moderne qui abandonnent la notion et la forme de la rue.
A.C. : Quelques exemples d’un urbanisme innovateur outre-Méditerranée peuvent-ils être retenus comme des modèles de pratiques moins claustratrices et plus conviviales ?
L.A. : La pensée contemporaine opérationnelle en matière d’urbanisme a redécouvert le rôle de la rue et des espaces publics dans la genèse du tissu urbain, rôle essentiel et garant de la stabilité de la forme urbaine. Ce retour à la ville et à la rue s’explique par l’échec des grands ensembles, des quartiers périphériques et des ensembles bâtis sur le principe de la sectorisation des espaces et des fonctions. En France, en Espagne, en Italie, en Allemagne mais aussi ailleurs, l’idée qu’il faut retrouver dans les projets urbains une lisibilité et une continuité des espaces publics est fortement développée.
Barcelone, Paris, Berlin sont des villes où cette démarche est mise en oeuvre à partir de l’association étroite des décideurs, des concepteurs et de la concertation avec les citoyens. En Tunisie, la catégorie « espaces publics » n’existe même pas dans les grilles de programmation officielles et nous en sommes encore à parler de voirie primaire ou secondaire, d’équipements et d’espaces verts.
Les grands projets urbains qui se dessinent à Tunis à l’avenir comme les projets courants d’urbanisation en périphérie ou dans les centres, devraient retenir la leçon de la rue et des espaces publics car ce sont véritablement les garants de l’échange, de la rencontre, de la convivialité et de la possibilité d’existence du lien social.
Entretien conduit par Nadia Omrane
Notes:
[1] Du 11 au 19 décembre, une série de conférences accompagnant une exposition itinérante aura lieu de la Médiathèque Charles de Gaules (le 11) au Collège international de Tunis (le 13) et à la librairie Fahrenheit 451 (le 20) ainsi qu’à l’ENAU.
(Source : « Alternatives Citoyennes », le 10 décembre 2008)
Lien : http://www.alternatives-citoyennes.sgdg.org/2008-12/101208-w.html
Tunisie : 5 ministères épinglés pour non-respect des Codes, atteinte à la concurrence et autres pratiques non réglementaires.
Khaled Boumiza
C’est la gestion des ministères de l’intérieur, de l’équipement et de l’habitat, de l’agriculture, de la santé et de l’éducation et de la formation, qui a été épinglée par les contrôleurs de la Cour des Comptes (CC), dans son rapport pour l’année 2007. Les contrôles ont surtout concerné les dépenses d’investissements directs relatifs aux ponts et chaussées, à la protection des villes contre les inondations, aux barrages et ouvrages hydrauliques, ainsi qu’aux constructions et aux équipements éducatifs et de santé.
Les fautes ou erreurs épinglées, sont relatives à la répartition des crédits, à l’imputation des dépenses, à l’engagement et au paiement des dépenses, à l’exécution de ces dépenses dans le cadre des régies d’avance, à la passation des marchés et au règlement définitifs de ces marchés. Des erreurs qui montrent, que certains ministères, n’appliquent parfois pas les règles administratives et procédurales, même si certaines de ces erreurs peuvent être justifiées. Mais des erreurs aussi, qui viennent en violation de certains codes, qui essaient de détourner les règles de la transparence financière, lorsqu’il s’agit de commandes à lancer et l’exécution de marchés. Des erreurs et des dépassements qui ont, dans certains cas, porté atteinte au principe de la concurrence.
«Hizz mijjabia…» ou le «libre service».
Il a ainsi été souvent constaté, le recours de certains ministères, aux virements et aux crédits complémentaires, pour majorer substantiellement les montants alloués à certaines rubriques budgétaires. On prend ainsi de l’argent, dans certaines rubriques du budget du ministère, pour le mettre dans d’autres rubriques. Ces ministères changent ainsi, librement et par simple virement, l’utilisation de l’argent alloué à d’autres rubriques. Pendant la période de contrôle, deux ministères, celui de l’intérieur et celui de la formation, l’ont fait. Ils ont cependant justifié cela, le premier par l’insuffisance des crédits par rapport aux besoins réels et le second par la nécessité de l’acquisition d’équipements pour la rentrée scolaire. La Cour des Comptes, ne dit pas, de son côté, si l’argent déplacé, a impacté négativement d’autres projets pour lesquels l’argent avait été pourtant consacré !
Autre pratique qui en dit tout aussi long sur les libertés que prennent certains départements ministériels avec les budgets, celle constatée par les contrôleurs de la CC chez les deux ministères, de l’agriculture et de l’équipement. Pendant deux années, en 2005 et en 2006, les deux départements ont déplacé de l’argent, d’une utilisation à une autre et toujours au détriment de quelque choses ou de quelques uns. Les deux, avaient imputé des dépenses de rémunérations sur des crédits d’équipement. Les deux ministères se sont aussi «servis» dans une simple régie d’avances, normalement faite pour le paiement des menues dépenses, pour effectuer des paiements, d’agents et d’ouvriers permanents, des paiements qui avaient atteint 622 millions DT en 2005 et 700 millions DT en 2006. Elle était grosse la régie !
L’administration qui entache la concurrence et la transparence.
Parlant de l’engagement et du paiement des dépenses, la CC épingle les 5 ministères, sur une action de dépassement du rôle du contrôleur des dépenses publiques. Les cinq ministères ont en effet procédé à l’émission, de bons de commande mécanisés sans passer par lui. Les cinq aussi, ont exécuté, de manière fractionnée et sans aucun justificatif, des commandes qui ne devaient pas l’être. Transparence financière et loi sur la concurrence, ont ainsi pu être bafouées. La CC rapporte aussi, alors que nous parlons ici de changement manifeste des règles de la concurrence, que «l’Administration a introduit, lors de l’exécution des marchés, et dans certains cas après l’expiration des délais contractuels, d’importantes modifications sur les quantités et parfois sur les prix et sur les délais d’exécution». Les contrôleurs de la CC rapportent, à titre d’illustration, les cas de deux marchés en 2002 concernant le projet de protection de la ville de l’Ariana contre les inondations. Les deux ont vu leurs coûts augmenter d’un montant de 6,9 MDT et d’un taux de 46 % et leurs délais d’exécution prorogés de 17 mois. La CC a certes pris note des réponses du ministère de l’équipement, mais n’a pas manqué de signaler, que ceci «porte atteinte au principe de la concurrence».
L’Administration «dans tous ses dépassements»
On passera aussi sur «les procédures administratives qui ont dépassé en général le délai réglementaire maximal de validité des offres qui est fixé à 180 jours ce qui se répercute sur les délais d’exécution de certains projets d’infrastructure». La lenteur des procédures de cette administration que tout le monde pointe du doigt et dont aucun (même pas le médiateur) n’a pu la guérir, a été soulignée par le rapport de la CC qui dit, par exemple, que cette lenteur «a engendré l’ajournement des programmes annuels d’équipement des établissements scolaires, pour une durée qui a varié entre une et cinq années». L’Administration qui oublie même de régler ce qu’elle commande et la CC qui le souligne en indiquant à ce propos que «le règlement définitif des marché connaît parfois des retards de plusieurs années. Il arrive également que cette opération (le paiement) soit totalement omise, comme dans le cas de certains marchés pour l’acquisition de matériel didactique, passés par le ministère de l’éducation et de la formation».
A lire tout cela, une conviction se dégage : l’Administration n’a pas encore fait sa mise à niveau et n’a pas terminé sa mise à jour aux impératifs de l’économie de marché, aux impératifs de la transparence dont elle se fait l’apôtre auprès du secteur privé et des principes de la concurrence dont elle est normalement le garant.
(Source: Africanmanager.com (Site d’infos économique – Tunis), le 10 décembre 2008)
Lien :http://www.africanmanager.com/detArticleP.php?art_id=119979
Sahara occidental: le Polisario appelle l’UE à “ranimer” les négociations
BRUXELLES – Le chef du Front Polisario Mohammed Abdelaziz, reçu pour la première fois jeudi à la Commission européenne, a appelé l’UE à “ranimer” le processus de négociations sur le statut du Sahara occidental. Le processus en cours sous l’égide de l’ONU “est en panne”, a-t-il déclaré à l’AFP, après sa rencontre avec la commissaire aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner. Cette panne est due, selon lui, à “l’intransigeance du Maroc qui refuse de collaborer honnêtement avec l’ONU pour favoriser la mise en oeuvre d’un processus référendaire qui devrait permettre au peuple sahraoui de choisir librement son devenir”. L’UE avait pourtant salué en octobre les “efforts sérieux et crédibles” de Rabat vers le règlement du conflit du Sahara occidental. “Nous avons attiré l’attention de la commissaire sur la nécessité pour l’Europe de contribuer substantiellement à ranimer ce processus et à l’encourager”, a poursuivi M. Abdelaziz. “L’Europe a la possibilité de mettre son poids, d’exercer son influence, pour encourager les deux parties à reprendre les négociations pour favoriser l’aboutissement du processus du paix”, a-t-il encore insisté. Le leader indépendantiste a été “reçu à sa demande” par Mme Ferrero-Waldner, a-t-on indiqué à la Commission, précisant que Bruxelles “soutient les efforts du secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable”. Dans un soucis d’écouter les deux parties, la commissaire a également reçu Khali Hanna Ould Er-Rachid, président du Conseil royal consultatif marocain pour les affaires sahariennes. Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc. Les indépendantistes du Polisario, soutenu par l’Algérie, ont combattu pour l’indépendance du territoire jusqu’à la conclusion d’un cessez-le-feu en 1991 sous l’égide de l’ONU. Les deux camps négocient depuis 2007 à Manhasset, dans la banlieue de New York, une solution politique à ce contentieux, en vain jusqu’à présent. Le Maroc propose une large autonomie du Sahara occidental sous sa souveraineté et ne négocie à Manhasset que sur cette base. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, qui offre aux Sahraouis le choix entre l’indépendance, l’autonomie ou le rattachement au Maroc. M. Abdelaziz a d’autre part mis en garde jeudi l’Union européenne sur les conséquences possibles du nouveau “statut avancé” qu’elle a offert au Maroc en octobre. Ce statut prévoit un renforcement des relations UE-Maroc dans le domaine politique et une intégration progressive du royaume dans le marché intérieur de l’UE. “Nous ne nous opposons pas à des relations privilégiées entre l’UE et le Maroc (…) pourvu que les conditions dans lesquelles cet accord est conclu soient bien claires”, a-t-il déclaré. L’UE, qui répète régulièrement son attachement à l'”autodétermination du peuple du Sahara occidental”, doit préciser que l’accord avec le Maroc “ne porte pas” sur le territoire du Sahara occidental, a-t-il encore jugé. Sinon ce serait “une forme de participation de l’UE à l’entreprise coloniale d’agression marocaine contre le peuple sahraoui, ce serait attentatoire à l’éthique de l’UE et le peuple sahraoui y verrait une agression caractérisée contre lui”, a prévenu M. Abdelaziz. Cela “ne pourrait que contribuer à créer une déstabilisation et des guerres à n’en plus finir au Maghreb”, a-t-il encore ajouté. (©AFP / 11 décembre 2008 17h29)
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