Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34
contact@crldht.org / www.crldht.org
Le calvaire sans fin du prisonnier politique M.Abdellatif BOUHJILA
Le CRLDHT fait part de sa vive préoccupation pour la vie du prisonnier politique M.Abdellatif BOUHJILA, en grève de la faim depuis des longues semaines, dans l’indifférence totale de l’administration pénitentiaire.
Incarcéré dans la prison de Mornaguia, dans la banlieue de Tunis, Abdellatif BOUHJILA mène depuis novembre 2006 une série de grèves de la faim pour réclamer une prise en charge médicale et l’accès aux soins qu’exige son état de santé.
Souffrant depuis son incarcération il y’a près de neuf ans d’une insuffisance rénale, cardiaque et ashmatique, la victime n’a jamais pu accéder aux soins nécessaires malgré le nombre impressionnant de grèves de la faim qu’il a déclenché (Plus de mille cent jours de grève de la faim, voir les communiqués du CRLDHT du 24 février et du 30 mars 2007). La seule réponse de l’administration fût une agression perpétrée par un des gardiens de l’infirmerie à son encontre.
Lors de la visite de son père, M. Abdelamajid Bouhjila le 3 avril 2007, la rencontre a été interrompue trois minutes plus tard suite à l’évanouissement du prisonnier qui manifestait une fatigue extrême et était dans l’incapacité de produire un seul mot. Il a été conduit au parloir par un agent qui l’aidait à marcher et à se tenir debout.
Le mardi 10/04/07, la famille était interdite de visite sans aucune explication quant à ce refus notifié et à l’état de santé de la victime, laissant les parents âgés de Abdellatif dans l’angoisse quant au sort de leur fils.
Le CRLDHT exige une attitude responsable de la part de l’administration pénitentiaire en répondant à la revendication légitime du prisonnier d’être soigné
Il demande une attitude humaine vis-à-vis de la famille de la victime qui doit être informée sur le sort de son fils.
Il réclame la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion et la proclamation d’une loi d’amnistie générale, un premier pas indispensable pour assainir le climat politique étouffant et explosif. . Le : 11/04/07
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie
Membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme
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LA MACHINE AVEUGLE DE LA TORTURE EN TUNISIE
Le cas de Walid LAYOUNI
Dans la Tunisie de Ben Ali, les victimes de la torture se comptent en milliers et continuent de souffrir de leurs séquelles durant de longues années. Parmi eux, un nombre incalculable est handicapé à vie. Actuellement, des centaines de détenus victimes de la torture croupissent en prison, parfois depuis près de vingt années, sans le moindre soin.
Du simple commissariat aux geôles des différentes prisons tunisiennes en passant par les sous-sols du ministère de l’Intérieur, ces lieux sont devenus des « usines de torture » qui brillent par les actes les plus barbares commis par des tortionnaires qui humilient et mutilent en toute impunité.
M. Oualid Layouni, un des victimes de la loi dite antiterroriste de décembre 2003, a été arrêté le 11 décembre 2006 par la brigade de la Sûreté de l’Etat, de façon illégale, sans mandat, tenu au secret pendant plus d’un mois (du 11/12/06 au 16/01/2007) et écroué à la prison civile de Mornaguia dans une cellule individuelle.
M. Oualid Layouni, 28 ans est un jeune père de quatre petits enfants, le plus jeune étant un bébé de deux mois, né après son incarcération. Ingénieur de décoration réussi, il était à la tête d’une société de cent personnels appelée Street Line qu’il a fondé à Abou Dhabi. Le 18 octobre 2005, il a été livré aux autorités tunisiennes suite à l’arrestation de son frère jumeau Khaled Layouni qui vivait avec lui et qui était recherché pour avoir voulu rejoindre la résistance irakienne. Libéré au bout d’une semaine, il lui a été interdit de quitter le pays et il a fait l’objet de poursuites sécuritaires incessantes, par la présence de la police politique sur son nouveau lieu de travail à la cité En Nasr, à son domicile ou par convocations répétées au siège du ministère de l’Intérieur.
Lors de la rencontre qu’a effectué le CRLDHT à la jeune famille de Oualid ainsi qu’à sa mère Mme Ftima Bouraoui, il a été question de la torture sauvage exercée sur le jeune ingénieur depuis son arrestation et de ses conditions humiliantes de détention puisqu’il a été maintenu dans les toilettes d’une cellule ne dépassant pas les deux mètres, sans aération ni lumière. Oualid est ainsi privé de sommeil des semaines durant. Lors des visites familiales, il avait souvent les traces de violences et de coups sur son visage et ses yeux. Il a fait part à son avocate, Maître Radhia Nasraoui des longues séances de torture qu’il a subi dans les locaux du ministère de l’Intérieur ainsi que dans la prison de Mornaguia. Déshabillé et les yeux bandés, ce cauchemar se répète au quotidien pendant des longues heures où ils lui ont fait signer, sous la menace, un papier caché par un autre et des aveux graves dont il est innocent. Selon son avocate, Oualid paye pour avoir assister la famille de son frère après l’arrestation de ce dernier.
A la dernière visite hebdomadaire de sa famille, le vendredi 06 avril 2007, la mère a trouvé la victime dans un état méconnaissable avec un visage hagard et des yeux effarés. Avec un air halluciné, il divaguait et prononce des paroles incohérents, tout en semblant ne pas reconnaître sa propre mère. Mme bouraoui avait appris des agents pénitentiaires que son fils est traité à l’hôpital psychiatrique de Razi, spécialisé dans les maladies mentales.
Le CRLDHT, tout en s’associant à la tristesse de la famille, exprime son indignation face à cette barbarie qui sème le désespoir et cultive la haine et exige l’arrêt immédiat de ces traitements inhumains et dégradants.
Il réclame l’ouverture d’une enquête sur la pratique de la torture en Tunisie et les conditions dans lesquelles sont détenus les prisonniers politiques et d’opinion.
Il revendique le jugement de tous les tortionnaires, coupables de crimes de torture ayant dans de nombreux cas entraîné la mort de Tunisiens.
Le : 11/04/07
TUNISIA: FREE EXPRESSION VIOLATIONS WORSE A YEAR ON, SAYS TMG
Liberté d’expression en Tunisie : Le siège tient
A. INTRODUCTION :
Ce rapport est le quatrième rapport du groupe d’observation de la Tunisie (TMG). Il fait suite à la dernière d’une série de missions d’enquête en Tunisie par les membres du groupe dans les mois précédant et suivant le Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI). La première mission a eu lieu du 14 au 19 janvier 2005 et a conduit au premier rapport du TMG intitulé Tunisie : liberté d’expression assiégée[1]. Ce premier rapport a été rendu public en février 2005. Il présentait nos conclusions initiales et formulait une série de recommandations au gouvernement tunisien.
D’autres missions ont suivi en mai et en septembre 2005, ainsi qu’en avril 2006. Les rapports de mission sont disponibles à l’adresse suivante : http://campaigns.ifex.org/tmg/fr_rapports.html
Les membres du TMG ont par ailleurs activement pris part au Sommet mondial sur la Société de l’Information.
Au cours de ces cinq missions, le TMG a été en mesure de rencontrer plus de 300 personnes et plus de 50 organisations et institutions, y compris des membres du gouvernement et de l’opposition, des officiels, des organisations soutenues par le gouvernement, des organisations issues de la société civile, des défenseurs des droits de la personne, des journalistes, des éditeurs, des bibliothécaires, des radiodiffuseurs privés et bien d’autres encore.
Lors de notre dernière visite, nous avons rencontré un représentant du Ministère de la Justice. De manière surprenante, le directeur de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) a refusé de nous rencontrer cette fois-ci.
Depuis le SMSI, et depuis le dernier rapport du groupe du mois de mai 2006, nous avons malheureusement constaté une grave détérioration des conditions dans lesquelles s’exerce la liberté d’expression en Tunisie, particulièrement en ce qui concerne les organisations indépendantes, le harcèlement des journalistes et des dissidents, le blocage des livres et des sites web, l’indépendance de la justice et avec l’emprisonnement de l’avocat des droits de la personne Mohamed Abbou qui est en prison pour avoir émis son opinion dans des articles publiés sur Internet. Au total, ces changements nous conduisent à conclure que le gouvernement tunisien cherche à réprimer plus avant la dissidence depuis mai 2006.
Nous demandons donc au gouvernement tunisien de prendre très au sérieux les recommandations formulées dans le présent rapport et de montrer immédiatement une véritable intention de mettre un terme aux pratiques que nous avons identifiées et qui violent les lois et les normes internationales en matière de droits de la personne que la Tunisie a ratifiées.
Par ailleurs, nous appelons la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour que la Tunisie respecte ses engagements internationaux, à insister sur un véritable engagement de la Tunisie à changer dans la pratique et à s’assurer que les voix indépendantes en Tunisie soient traitées avec le respect et la tolérance propres à une démocratie et non pas dans le cadre d’abus caractéristiques d’un Etat policier.
Dans les sections suivantes, nous mettons en exergue les principaux développements que nous avons été en mesure d’observer depuis notre premier rapport.
Le Groupe d’observation de la Tunisie (TMG)
Le groupe d’observation de la Tunisie (TMG) est une coalition de 16 organisations créée en 2004 pour suivre de près la liberté d’expression en Tunisie dans les mois qui conduisent au Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) et dans les mois qui suivent. Ces 16 organisations sont toutes membres de l’Echange international de la liberté d’expression (IFEX), un réseau mondial de 71 organisations nationales, régionales et internationales engagées dans la défense de la liberté d’expression.
La sixième mission du TMG en Tunisie (27 février – 4 mars 2007) était composée de Carl Morten Iversen du centre PEN norvégien, Alexis Krikorian de l’Union Internationale des Editeurs (UIE), Yousef Ahmed d’Index on Censorship et Virginie Jouan de l’Association Mondiale des Journaux (AMJ). L’Ambassade tunisienne du Caire a empêché Sherif Azer de l’Organisation egyptienne des droits humains (EOHR) de recevoir un visa à temps. Par ailleurs, il a été traité grossièrement par l’Ambassade. (Gamal Eid de l’Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo.net) s’était vu refuser un visa d’entrée pour rejoindre la mission du TMG d’avril 2006.)
Les autres membres du TMG sont : l’Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo.net), ARTICLE 19, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), le Comité des écrivains en prison du PEN international (WiPC), la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions (IFLA), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Institut international de la presse (IIP), Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), l’Organisation égyptienne des droits de l’Homme (EOHR), Journalistes en Danger (JED), le Media Institute of South Africa (MISA), le World Press Freedom Committee.
B. FAITS SUR LE TERRAIN :
1. Les prisonniers d’opinion
C’est avec force que nous réitérons nos recommandations passées visant à :
* libérer tous les prisonniers politiques détenus pour leur croyance religieuse et politiques et qui n’ont jamais fait l’apologie de la violence ou qui n’y ont jamais eu recours.
* mettre un terme aux sanctions administratives arbitraires contraignant le journaliste Abdallah Zouari à vivre à 500 km de sa femme et de ses enfants et garantir ses libertés de mouvement et d’expression.
Par ailleurs, nous appelons à la libération immédiate de l’avocat des droits de la personne et écrivain Mohamed Abbou.
Mohamed Abbou
Le 1er mars 2007, les membres de la délégation du groupe d’observation de la Tunisie (TMG) ont été physiquement empêchés d’accéder à la rue du Kef où se situe la prison de l’écrivain et avocat Mohamed Abbou par des hommes en civil refusant de s’identifier.
De plus, un deuxième cercle plus distant d’hommes également en civil prenaient des photographies des membres de la délégation du TMG. Les mêmes hommes ont interdit aux membres de la délégation du TMG de prendre des photographies. La voiture de la délégation du TMG avait été au préalable arrêtée pendant une dizaine de minutes sur la route du Kef par un groupe de gendarmes de la garde nationale et d’hommes en civil qui ont également refusé de s’identifier. (Voir Annexe 3 pour plus d’informations).
La délégation du TMG souhaitait simplement demander au directeur de la prison du Kef s’il était possible de rendre visite à Me Abbou. On a alors répondu aux membres de la délégation qu’ils avaient besoin d’une autorisation pour s’approcher des portes de la prison. Samia Abbou, l’épouse de Me Abbou, a pu lui rendre visite pendant 15 minutes environ.
Lorsque les membres de la mission ont eu l’opportunité d’interroger un représentant du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme tunisien, ce dernier a nié qu’il y avait eu harcèlement.
Arrêté le 1er mars 2005, Me Abbou a été condamné à une peine de prison de trois ans et demi en raison d’articles en ligne dans lesquels il critiquait les autorités tunisiennes.
Les jeunes de Zarzis
Depuis leur libération de prison en février 2005, les jeunes de Zarzis doivent faire face à un contrôle administratif strict qui les empêche de mener une vie normale. En fait, la sanction qui les a frappée au début de 2002 continue en dehors de la prison.
L’obligation qui leur est faite de signer un registre tous les jours à des heures différentes et dans des endroits différents empêche ces jeunes de trouver un travail stable ou une formation professionnelle. De plus, on nous a indiqué que des pressions étaient faites sur les employeurs actuels ou éventuels de ces jeunes afin qu’ils s’en séparent ou qu’ils ne les recrutent pas. Finalement, leur label de “terroristes” ne fait qu’accroitre leur exclusion et leur isolement.
Ayant fait face à d’innombrables obstacles et formes de harcèlement dans tous les aspects de leur vie dans les deux dernières années, les jeunes se sentent impuissants et dépourvus de leurs droits civiques de base. Leur seule demande consiste en la levée de la mesure de contrôle administratif et en la possibilité de vivre normalement.
Abdallah Zouari
Toutes les demandes déposées par M. Zouari auprès des autorités compétentes, y compris auprès du Président Ben Ali, pour l’autoriser à rendre visite à sa femme et à ses enfants à Tunis à l’occasion de fêtes religieuses ont été rejetées.
M. Zouari n’est pas autorisé à se déplacer au-delà de la ville de Zarzis. Il n’a par exemple pas le droit de se rendre à Djerba située à 4 kilomètres de son lieu de résidence. Le contrôle administratif dure depuis juin 2002 et devrait prendre fin en juin 2007.
M. Zouari n’a pas le droit à une connexion Internet depuis le mois d’avril 2005 et doit dorénavant faire face à des refus de connexion dans les cybercafés. L’on ferait pression sur les propriétaires de ces endroits pour qu’ils lui en refusent l’accès.
2. Le blocage de l’Internet
Dans les précédents rapports du TMG, nous avons constaté le blocage de sites Web, y compris des sites de nouvelles et d’information, ainsi que la surveillance policière des courriels et des cybercafés.
Nous avons recommandé au gouvernement tunisien de mettre fin au blocage de sites Web et à la surveillance policière des cybercafés et des internautes.
Au moment de la publication du présent rapport, nous n’avons constaté aucune amélioration significative de la situation suite à nos recommandations.
Nous maintenons ces recommandations et pressons le gouvernement tunisien d’apporter des améliorations significatives à cette situation, les pratiques tunisiennes en la matière contrevenant directement aux engagements pris par la Tunisie dans les documents officiels issus du SMSI.
Nous avons discuté du blocage de l’Internet avec certains représentants du gouvernement tunisien et organisations de la société civile appuyées par le gouvernement. Ces représentants nous ont en effet confirmé qu’un blocage systématique de l’Internet avait lieu, mais ont indiqué que le blocage des sites politiques ou d’information s’expliquait par le contenu terroriste ou haineux des sites visés. Or, les officiels du gouvernement se sont montrés incapables de nommer quelque processus judiciaire ou réglementaire que ce soit, qui permettrait légitimement à de telles affirmations d’être contestées légalement.
En janvier 2005, nous avons sélectionné vingt sites que nous estimions être bloqués à cause de leur contenu politique ou des informations qu’ils contiennent et qui, à la lumière des lois internationales, ne semblaient présenter aucune information pouvant être considérée comme illégale ou dommageable. En septembre 2005, nous avons effectué de nouveaux tests sur les vingt sites choisis. Nous avons découvert que dix-neuf des vingt sites identifiés demeuraient bloqués au moment des tests. En mars 2007 nous avons conduit la même recherche sur le même échantillon de sites. Tous les sites demeuraient bloqués lors des tests effectués. (Voir Annexe 5 pour la liste des sites).
Le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), une organisation non reconnue, a dressé un inventaire des formes de harcèlement dont il est l’objet, y compris la confiscation des courriels. L’accès à l’Internet du CNLT, habituellement bloqué, était à nouveau disponible quelques jours avant la venue en Tunis de la mission du TMG.
La ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), une association reconnue, a indiqué que son accès à Internet avait été bloqué pendant des mois depuis le mois d’avril 2006. L’accès a été rétabli depuis peu. Cependant, les pièces jointes ne sont pas téléchargeables. (Toutes les ONG font face à la même situation).
Le site web de l’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création en Tunisie[2] (OLPEC) reste par ailleurs bloqué.
L’accès au site web du Forum démocratique pour le travail et les libertés[3] (FDTL), un parti politique créé en 1994 et reconnu en 1994, est également bloqué. Le site web du Parti démocratique progressiste (PDP) est également bloqué.
3. La censure des livres
Dans les précédents rapports du TMG, nous avons constaté que la diffusion de livres et de publications était bloquée.
Nous avons recommandé au gouvernement tunisien d’autoriser la diffusion des livres interdits, de mettre fin à la censure et de se conformer aux normes internationales en matière de liberté d’expression.
Au moment de la publication du présent rapport, nous n’avons constaté aucune amélioration significative de la situation suite à nos recommandations.
Par conséquent, nous maintenons ces recommandations et nous pressons tout particulièrement le gouvernement tunisien d’amender l’Article 8 du Code de la presse en levant l’obligation, pour les imprimeurs, de déposer des copies des livres qu’ils impriment auprès du parquet territorialement compétent, du ministère de l’Intérieur et de la Chambre des députés.
Le système du dépôt légal est encore utilisé sans vergogne en Tunisie comme une forme cachée de censure des livres. Dans un pays qui s’enorgueillit de publier 1400 titres par an pour une population d’un peu plus de 10 millions d’habitants, seulement 200 ou 300 nouveaux titres sont réellement publiés chaque année; le reste de ces ouvrages étant essentiellement des réimpressions et des livres d’enfants.
Les éditeurs qui publient des ouvrages qui ne plaisent pas au gouvernement voient non seulement leurs livres bloqués chez l’imprimeur (une fois imprimés), mais doivent également faire face à d’autres formes de harcèlement, notamment d’ordre fiscal. Pour plus de détails à ce sujet, veuillez consulter le premier rapport de l’IFEX-TMG.
Trois livres du Professeur Abdeljelil Temimi, fondateur de la fondation Temimi (FTRSI[4]), sont bloqués après impression au travers de la procédure du dépôt légal. Il s’agit d’un livre sur la censure (2000), d’un livre sur Bourguiba (2003) et d’un livre sur la société du savoir. La bibliothèque nationale de Tunisie ne lui donne ni raison, ni réponse quant à ce blocage.
Par ailleurs, la distribution des actes de quatre colloques sur la censure organisés par la FTRSI sont également bloqués par l’intermédiaire de la formalité de dépôt légal. Il se peut que la publication de ces actes ait lieu dans un autre pays arabe.
D’après la ligue des écrivains libres (LEL), la situation de l’édition de livres dans le pays n’a fait qu’empirer depuis 2005. Trois exemples de récents blocages de livres ont été fournis :
a. “Portrait d’un homme d’affaires qui a réussi” de M. Hamdouni (vice-président de la LEL). Dans un premier temps, une autorisation de publication de ce roman a été émise en novembre 2006. Deux ou trois jours plus tard, un groupe de policiers en civil débarquait chez l’imprimeur du roman afin de saisir les copies du livre qui venaient d’être imprimées et de reprendre le reçu autorisant la publication. D’après la LEL, cette reprise d’autorisation constitue une première.
b. “Le fauteuil à bascule” d’Amel Mokhtar, une jeune écrivaine tunisienne. Son deuxième roman est bloqué au travers du dépôt légal. Le contenu de ce livre est sans doute jugé trop osé sur le plan des mœurs. En revanche, ses premier et troisième romans sont disponibles.
c. “Justice” de Falilah Chebbi, une célèbre poéte tunisienne qui a déjà publié une vingtaine de livres. Dans ce dernier livre, elle reproche aux régimes arabes de trop dépenser pour l’armement au détriment des dépenses dans le domaine social. «Justice» est bloqué chez l’imprimeur depuis le printemps 2006.
Par ailleurs, trois livres de Jalloul Azzouna, sont toujours bloqués au travers de la formalité de dépôt légal.
Hafidha Chekir, membre du Bureau de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a essayé de faire publier sa thèse de doctorat sur le rôle du droit dans la promotion des femmes par les presses universitaires, mais cela lui a été refusé. Ce doctorat avait pourtant reçu le Prix droits de l’Homme de la Société française de droit international. Elle a essayé de publier ce texte à compte d’auteur plus tard, mais la procédure de dépôt légal a été utilisée pour empêcher sa diffusion. Par ailleurs, son guide sur la participation des femmes dans la vie politique est également bloqué au dépôt légal. Il s’agit d’un des dix livres bloqués de l’Institut arabe des droits de l’Homme.
Les actes d’un séminaire organisé en novembre 1993 par l’ATFD sur la violence faite aux femmes sont par ailleurs toujours bloqués au dépôt légal.
L’Observatoire pour la liberté de presse, de publication et de création (OLPEC) diffuse des rapports et des alertes à chaque fois qu’un livre est bloqué au dépôt legal. L’OLPEC a par ailleurs fait un rapport sur le Salon du livre de Tunis 2006 et établi une liste de livres interdits au Salon du livre de Tunis par les autorités tunisiennes. (Voir annexe 4).
Khamsoun – La Pièce
Khamsoun (Corps otage), qui signifie 50, est une pièce de théâtre du célèbre metteur en scène tunisien Fadhel Jaibi. Dans un premier temps, les autorités tunisiennes ont refusé d’autoriser la pièce. Cependant, après un vif succès à l’étranger, notamment à Paris, les autorités n’ont pas eu d’autre choix que d’autoriser la pièce après six mois d’interdiction par la commission de censure du ministère de la culture (qui avait établi une liste abusive de phrases à censurer). Mais l’équipe de Khamsoun avait refusé de s’y soumettre.
La pièce aborde les problèmes auxquels fait face la société tunisienne 50 ans après l’indépendance, notamment la torture dans les prisons, le fondamentalisme et le manque de libertés civiques et politiques. La pièce est elle-même devenue la cible d’un tel manque de libertés de par la forte censure à laquelle elle a dû faire face. Les autorités ont assisté aux répétitions de la pièce et ont censuré tous les noms de prison, toutes les dates mentionnées et de nombreux versets du Coran utilisés dans la pièce. Après de longs mois de négociations, le metteur en scène a refusé de s’exécuter et les autorités ont décidé d’autoriser la pièce, mais seulement pendant la semaine. La pièce n’est pas autorisée pendant le week-end et les représentations en Tunisie en février 2007 n’ont pas été très nombreuses.
4. Les organisations indépendantes
Dans le premier rapport du TMG nous avons relevé des restrictions à la liberté d’association, y compris le droit des associations d’être légalement reconnues et d’organiser des réunions.
Nous avons recommandé au gouvernement tunisien de respecter les normes internationales en matière de liberté d’association et de liberté de réunion et de reconnaître légalement les groupes indépendants issus de la société civile.
Le deuxième rapport ne constatait aucune amélioration de la situation suite à nos recommandations. Lors de la dernière mission, nous avons à nouveau constaté de nouvelles attaques à l’endroit d’organisations légalement reconnues mais indépendantes, notamment la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), l’Association tunisienne des magistrats (ATM) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Les problèmes et harcèlements divers et variés auxquels ces associations légales sont confrontées (campagnes de calomnie dans les médias par exemple) ont conduit à un quasi arrêt de leurs activités. Les autorités tunisiennes se sont assurées que ces associations ne soient plus en état de travailler en bloquant les fonds qui leur sont destinés, en bloquant ou en contrôlant leurs communications électroniques et téléphoniques. Le courrier est parfois arrêté et les téléphones portables sont souvent surveillés. En clair, ces organisations ne sont plus en mesure de faire le travail dont on leur avait reconnu le droit de le mener à bien.
Nous considérons que ces attaques représentent une grave détérioration eu égard au respect des droits de la personne.
Par conséquent, nous réitérons avec vigueur notre recommandation au gouvernement tunisien de prendre les mesures nécessaires pour permettre à des organisations indépendantes de se former sans devoir au préalable obtenir l’approbation des autorités politiques.
Le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT)
La surveillance reste la même tous les jours. La même équipe de policiers contrôle les allées et venues en direction des locaux du CNLT. La police occupe les magasins proches de ses locaux. Même les réunions les plus petites sont interdites si bien que toute réunion du CNLT est impossible.
Le CNLT a déposé un recours auprès du Tribunal administratif pour excès de pouvoir en mars 1999. A ce jour, le Tribunal n’a toujours pas statué sur son cas.
D’après le CNLT, les personnes qui viennent dans les bureaux du CNLT afin de se plaindre du harcèlement dont elles sont l’objet sont arrêtées par la police et conduites au poste de police où on les force à signer un papier dans lequel elles s’engagent à ne jamais revenir au CNLT.
Par ailleurs, le CNLT est semble-t-il devenu la cible d’une nouvelle forme de harcèlement, le harcèlement fiscal. Comme le CNLT n’est pas officiellement reconnu, ses bureaux sont situés dans l’appartement de M. Omar Mestiri, qui est en train de faire face à un harcèlement de la part de l’administration fiscale. M. Mestiri fait l’objet d’un redressement fiscal qui couvre la période pendant laquelle il était en résidence surveillée et sa période de résidence à l’étranger.
En tant que membre de la rédaction de Kalima, ce harcèlement peut avoir de graves conséquences pour le journal Kalima, une voix indépendante[5] dans le paysage médiatique tunisien. La fin de Kalima porterait un coup terrible au pluralisme tunisien dans un pays où la presse écrite se caractérise déjà par un manque criant de pluralisme.
La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH)
Les bureaux locaux de la Ligue sont sous surveillance policière. La situation de la Ligue a empiré depuis le SMSI de novembre 2005. Le Bureau de la Ligue peut se réunir, mais la Ligue n’est pas autorisée à organiser des congrès et des sessions de formation. Depuis le mois d’avril 2006, il n’y a pas eu une seule réunion. La LTDH ne reçoit plus de courrier. Depuis le 5 juillet 2006, les accès de la Ligue à Internet sont bloqués. Les campagnes de calomnie visant la Ligue dans la presse sont quotidiennes. Le Président de la Ligue, Me Mokhtar Trifi, a été calomnié au Parlement où on l’a traité d’espion à la solde des Américains. Il ne se passe pas une semaine, d’après Me Trifi, sans que la Ligue ne soit attaquée, y compris à la télévision.
Les autorités ne souhaitent pas fermer la Ligue. Elles cherchent simplement à éviter qu’elle fasse son travail, déclare Souhayr Belhassen, Vice-présidente de la Ligue.
Le 30 octobre 2006, le Ministère des Affaires étrangères tunisien a fait circuler une note verbale aux ambassades présentes en Tunisie. Cette note rappelait aux représentants des gouvernements étrangers en Tunisie que la Ligue n’avait pas le droit de mener quelque activité que ce soit à cause des procès en cours[6], ajoutant que la seule activité qu’elle pouvait entreprendre était son congrès. Cette note faisait suite à deux visites avortées de représentants de l’Ambassade américaine auprès da la section de Bizerte. Un rappel a été envoyé le 1er décembre 2006 après que de nombreux diplomates se soient montrés solidaires en rendant visite à la Ligue suite à la note du 30 octobre. Cela dit, le soutien de certains diplomates a eu tendance à diminuer depuis le SMSI.
Le 17 février 2007, de manière contradictoire par rapport aux notes verbales du Ministère des Affaires étrangères, le verdict du dernier procès d’une longue série de procès intentés contre la Ligue finit pas tomber, annulant la convocation émise par le Bureau de la Ligue visant à réunir le Congrès de la Ligue en septembre 2005 et en mai 2006. En d’autres termes, la Ligue n’a pas le droit de tenir son congrès.
Il nous semble que les autorités tunisiennes ont fait passer le message contradictoire suivant : la seule activité que la Ligue soit autorisée à conduire est la préparation de son congrès, mais elle n’est pas autorisée à le tenir. Par conséquent, les autorités tunisiennes s’efforcent de faire de la plus ancienne des ligues des droits de la personne du continent africain et du monde arabe, une coquille vide.
Le TMG reste très inquiet quant à la pression politique intense des autorités et de personnes proches du parti au pouvoir sur l’indépendance de la LTDH.
L’Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création en Tunisie (OLPEC)
L’organisation s’inquiète du fait que les conditions de la liberté d’expression en Tunisie se soient dégradées depuis le SMSI. Elle s’inquiète par ailleurs de l’utilisation que les autorités pourraient faire des incidents armés de décembre 2006[7] pour augmenter la pression sur la société civile. Le fait que l’organisation existe toujours est en soi une performance. L’OLPEC a fait appel devant un tribunal administratif en 2001 pour devenir une organisation légalement reconnue, mais le tribunal n’a toujours pas statué sur son cas. Par conséquent l’OLPEC n’est toujours pas une entité légale. Elle ne peut ni ouvrir de bureaux, ni avoir de compte en banque. L’OLPEC est officiellement non-existante.
L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
Au même titre que la LTDH, l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) est l’une des rares ONG à la fois légalement reconnue et indépendante en Tunisie.
La nouvelle Présidente de l’ATFD, Mme Khedija Cherif, a indiqué aux membres de la mission du TMG que les membres de l’ATFD devaient faire face à un harcèlement accru. Une nouvelle forme de harcèlement consiste à exclure les membres de l’association des conférences universitaires. La Faculté de droit de Sfax a même récemment annulé une conférence afin d’éviter la participation d’une des membres de l’association. Dans les réunions internationales (l’ATDF peut y participer au contraire des organisations non reconnues comme l’OLPEC ou le CNLT par exemple), les membres de l’association sont la cible d’attaques verbales de la part des représentants des associations officielles.
D’après l’ATFD, la répression post-SMSI est devenue plus perverse, mieux organisée et plus profonde. En plus des formes de harcèlement habituelles auxquelles l’association était confrontée avant le SMSI (surveillance policière, exclusion des médias, campagnes de calomnie dans les médias etc.), une nouvelle forme de harcèlement a émergé post-SMSI : le harcèlement économique via le blocage du financement de l’association. En effet, la troisième tranche d’un financement de l’Union européenne canalisé par le truchement de la Fondation Friedrich Naumann dans le cadre du projet “égalité” est bloquée par les autorités tunisiennes depuis le mois de mai 2006. L’AFTD a écrit à plusieurs reprises, pour l’instant en vain, au Ministère de l’intérieur – en septembre 2006, novembre 2006 et janvier 2007 – afin de connaître les raisons du blocage. Lorsque le Commissaire européen en charge des Relations extérieures, Mme Benita Ferrero-Waldner, a soulevé la question du blocage avec le Ministre tunisien des Affaires étrangères le 1er février 2007, ce dernier a indiqué qu’il n’était pas au courant du blocage.
En juin 2006, l’ATFD a été contrainte de tenir son congrès dans ses locaux de l’avenue de la liberté. Une fois de plus, il n’a pas été possible pour l’association de louer une salle en ville.
5. Journalistes et dissidents
Dans le premier rapport du TMG, nous avions observé des restrictions à la liberté de mouvement des défenseurs des droits de la personne et des dissidents politiques, ainsi qu’une surveillance policière, un harcèlement, de l’intimidation et une interception des communications.
Au moment de la publication du deuxième rapport, nous n’avions constaté aucune amélioration de la situation suite à nos recommandations.
En mars 2007, la situation s’est dégradée, notamment au plan du harcèlement dont sont de plus en plus victimes les journalistes tunisiens.
Par conséquent, nous réitérons avec force notre inquiétude quant au harcèlement systématique des journalistes, des activistes et dissidents et nous demandons la mise en place de mesures immédiates visant à mettre un terme à la surveillance politique et au harcèlement des individus engagés dans la défense légitime des droits de la personne et de la liberté d’expression.
Au moment de la publication du présent rapport, nous recommandons par ailleurs à l’Union européenne de recourir davantage aux « Orientations de l’union européenne concernant les défenseurs des droits de l’homme » de 2004 http://www.consilium.eu.int/uedocs/cmsUpload/web10056re01.fr04.pdf.
La dernière mission du TMG a jeté une lumière crue sur l’absence de progrès pour les journalistes et les défenseurs tunisiens. Les deux groupes sont harcelés de manière systématique par les autorités à travers la retenue de courrier et de courrier électronique, à travers des interdictions de déplacement arbitraires et à travers l’ingérence d’employés du gouvernement dans leur vie privée, ingérence qui peut prendre la forme d’un harcèlement et d’une surveillance, y compris de leurs amis et de membres de leur famille.
Les journalistes indépendants comme Lotfi Hajji ne sont pas en mesure de travailler librement en tant que correspondants étrangers. Le journaliste Taoufik Ben Brik a pu récemment publier des articles dans un journal tunisien privé, et ce pour la première fois depuis 18 ans. Les activistes ne sont pas autorisés à travailler en Tunisie, si bien qu’ils sont tributaires de soutiens financiers divers pour vivre une vie normale.
6. La liberté de la presse
Dans le premier rapport du TMG, nous avons constaté une censure de la presse et un manque de diversité dans le contenu des journaux.
Au moment du deuxième rapport, nous avons constaté un pas dans la bonne direction (l’annonce du 27 mai 2005 concernant l’abolition du «dépôt légal» pour les périodiques), mais aucune autre mesure allant dans le sens de nos recommandations n’a été appliquée.
Avec le présent rapport nous constatons toujours l’absence de liberté de la presse en Tunisie. Les raisons principales de cet état de fait étant la censure d’Etat, l’absence de réseaux ouverts de distribution comprenant tous les médias écrits et une distribution à sens unique des ressources financières. Par conséquent, nous réitérons ces recommandations précédentes. Nous demandons au gouvernement tunisien de prendre des mesures visant à lever toutes les restrictions portant sur le journalisme indépendant et visant à encourager la diversité sur le plan du contenu et de propriété de la presse. Par ailleurs, nous demandons également au gouvernement tunisien d’abolir le système du «dépôt légal » pour les journaux étrangers.
Enfin, nous appelons le Ministère de l’intérieur à respecter et à appliquer l’Article 13 du Code de la presse qui permet la création de journaux et de périodiques.
Les journaux tunisiens et étrangers sont toujours sous la menace de la censure. Pendant la dernière mission du TMG, trois journaux français (les quotidiens Le Monde et Libération, ainsi que l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur) n’ont pas été disponibles à la vente pendant plusieurs jours parce qu’ils contenaient des articles qui déplaisaient aux autorités tunisiennes, y compris un article de Taoufik Ben Brik dans le quotidien Libération du 21 février 2007. L’article était intitulé (ironiquement) : “En 2009, je vote pour Ben Ali”. Alors qu’il est régulièrement publié à l’étranger, M Ben Brik est de facto interdit de publication dans son propre pays.
La distribution est occasionnelle. Elle favorise les journaux proches des autorités. Dans les kiosques, il faut demander au kiosquier le journal d’opposition que l’on souhaite acheter dans la mesure où il est peu probable que ce dernier mette le dit journal en évidence. Ces obstacles à la distribution visent à isoler l’opposition de la population et à perturber la disponibilité auprès des citoyens tunisiens de contenu et d’information non contrôlés.
Lors de la dernière mission du TMG, un réacteur en chef a déclaré : “Il suffit d’ouvrir un journal pour voir s’il est sous le contrôle du gouvernement ou non : ceux qui sont contrôlés par le gouvernement ont toute la publicité ».
Les journalistes sont censurés même dans la presse officielle. Un article intitulé : »Bayrou le candidat du bon sens » aurait été censuré dans le journal gouvernemental francophone La Presse.
7. La torture, la brutalité et l’impunité
Dans le premier rapport du TMG, nous rapportions des récits de cas récents et crédibles de torture, commis en toute impunité par les services de sécurité.
Nous avions recommandé au gouvernement tunisien d’autoriser la tenue d’enquêtes indépendantes dans les cas de torture attribués aux forces de sécurité.
Au moment du deuxième rapport, nous avions constaté une certaine amélioration des conditions de détention dans les prisons, mais aucune amélioration notable n’a été enregistrée sur notre principale recommandation. Malgré certains progrès, les conditions de détention dans les prisons demeuraient très préoccupantes.
La dernière mission du TMG ne peut témoigner d’aucune évolution dans le bon sens. Bien au contraire, la brutalité policière a tendance à devenir quotidienne dans les espaces publics. Les gens ont de plus en plus peur.
Par conséquent, nous réitérons la recommandation émise en 2005 et incitons vivement le gouvernement tunisien à tout mettre en œuvre pour éliminer la pratique de la torture par les services de sécurité.
8. La Justice
L’absence d’une justice indépendante et d’un Etat de droit fonctionnant normalement est considérée comme l’un des problèmes majeurs de la société tunisienne. Ceci a été confirmé par des sources diverses et variées lors de la dernière mission du TMG en Tunisie. D’après les mêmes sources, la majorité des avocats, des juges et des magistrats tunisiens est favorable à l’indépendance de la Justice, mais un groupe restreint d’individus ayant des liens très forts avec le pouvoir est très actif dans son contrôle du système, créant ainsi une situation de peur dans la société tunisienne.
Parmi les éléments ayant conduit à cette état de fait, il y a : les arrestations arbitraires, le manque d’information aux familles des personnes arrêtées, mais aussi le traitement non-démocratique des juges par le harcèlement et les mutations arbitraires.
Sur la base de ces faits, nous demandons aux autorités tunisiennes de tout faire pour que le système judiciaire du pays soit conforme aux normes internationales en matière d’indépendance de la justice et pour respecter l’État de droit afin de renforcer la liberté d’expression.
C. CONCLUSION :
La dernière mission du TMG en Tunisie (27 février – 4 mars 2007) a mis en évidence l’absence d’amélioration notable sur le plan de la liberté d’expression en Tunisie depuis le Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) organisé à Tunis en novembre 2005. Au contraire, de nombreux rapports indiquent une impasse dans bien des domaines et une détérioration dans d’autres. Les personnes interviewées lors de cette mission ont montré du doigt un recours accru à l’intimidation et à la violence, tout en dénonçant l’impossibilité de contester de telles pratiques abusives.
Comme indiqué dans l’introduction, l’absence d’amélioration nous a amené à la conclusion que le gouvernement tunisien a cherché à étouffer davantage les dissidents tunisiens depuis le précédent rapport du TMG de mai 2006. En conséquence, le présent rapport maintient et réitère avec force toutes les recommandations passées du TMG au gouvernement tunisien.
Les autorités tunisiennes ont rejeté en bloc toutes les recommandations faites précédemment par le TMG. Elles ont également cherché à discréditer notre travail et celui de l’IFEX en général en le présentant comme étant partial et tendancieux notamment parce que nous aurions refusé de rencontrer des groupes de la société civile tunisienne avec lesquels nous ne partageons pas le même point de vue sur la Tunisie. Ceci n’est pas vrai[8].
Il est par ailleurs intéressant de relever que lors de missions précédentes, le TMG avait pu rencontrer les autorités tunisiennes au niveau des ministres. Le TMG souhaite donc exprimer sa déception quant au manque de volonté apparent des autorités tunisiennes à organiser des réunions au niveau ministériel lors de la dernière visite du groupe en Tunisie.
Nous en profitons pour rappeler aux lecteurs de ce rapport que nous demandons simplement aux autorités tunisiennes de se conformer à leurs obligations internationales en matière de droits de l’Homme, ainsi qu’à leurs engagements pris dans le cadre des documents finaux du SMSI. Des droits de l’Homme fondamentaux, comme les libertés d’expression, de circulation et d’association et les droits de chercher, de recevoir et de répandre l’information et de créer des organisations sans interférence gouvernementale, n’existent pas en Tunisie. Ces droits sont respectés dans les pays démocratiques où l’Etat de droit prévaut.
Malheureusement, ce n’est pas le cas en Tunisie non plus. Par conséquent, le TMG se doit de conclure qu’il est toujours très important pour les organisations des droits de l’Homme, pour les organisations défendant la liberté d’expression et pour la communauté internationale dans son ensemble – l’Union européenne assumant une responsabilité particulièrement importante dans le cas tunisien – de continuer à suivre de près les développements en matière de droits de l’Homme et de liberté d’expression en Tunisie.
Oslo – Genève – Paris – Amsterdam – Le Caire
D. ANNEXES :
ANNEX 1: Lettre du 18 janvier 2007 du TMG au SG des Nations Unies, M. Ban Ki Moon
H.E. Ban Ki Moon Secretary General
United Nations First Avenue at 46th Street New York, NY 10017 Fax: +1 212 963 7055 / 4879
January 18, 2007
Your Excellency,
As members of the Tunisia Monitoring Group (TMG), established in 2004 under the umbrella of the International Freedom of Expression Exchange (IFEX), we are writing to express our deep concern at the continuous violations of this basic right by the Tunisian authorities since the World Summit on the Information Society (WSIS) was held in Tunis in November 2005. The TIMG, now composed of 16 IFEX members, was set up to evaluate the freedom of expression situation in Tunisia prior to and in the aftermath of the second phase of the in November 2005
On September 2, 2005 and following two fact-finding missions to Tunisia which brought to the attention of the international community the unprecedented attacks on freedom of expression in that country’s recent history, we wrote to your predecessor. We called on Secretary General Kofi Annan to “strongly encourage the Tunisian authorities to act to put an end to these attacks, which in the minds of many call into question Tunisia’s suitability to host the World Summit on the Information Society.”
In a public reaction to our open letter, the second of its kind since 2004, Mr. Annan declared that the holding of the WSIS in Tunis offered « a good opportunity for the Government of Tunisia to address various human rights concerns, including those related to freedom of opinion and expression. »
Unfortunately, Mr. Annan’s optimistic and encouraging statement was totally ignored by the Tunisian authorities, who chose to defiantly carry on with their policies of harassment and intimidation of independent journalists and human rights defenders on the eve as well as in the wake of WSIS. These attacks, documented by human rights groups and also by Western diplomats based in Tunis, went on unabated even after the Tunisian government won a seat on the UN Human Rights Council in May 2006.
Most recently, the Tunisian government has once again engaged in censorship with its Soviet-style handling of deadly clashes between security forces and armed groups in the end of December 2006 and in early January 2007 in the Southern suburbs of Tunis. We were once again shocked by the unacceptable disregard of the Tunisian population’s basic right to information about these incidents. In fact, neither President Zine El Abidine Ben Ali nor his government have responded to local and international journalists’ requests for details of the incident, which left 14 people dead, including two members of the security forces, according to official sources.
It seems that Tunisians can only get accurate information about important events in their country through reports from international or Arab media, particularly Al-Jazeera, whose correspondent in Tunisia and those who are interviewed are often intimidated and harassed by plainclothes police.
Local and international human rights groups have expressed fear that the widening circle of repression and injustice will further undermine the stability and the future of a country which was regarded by many outside Tunisia as one of the most qualified Arab countries to turn into democracy.
One of the most prominent victims of the cycle of torture and injustice today is Mohamed Abbou, a human rights lawyer currently in prison for pieces he wrote for online sites. Abbou’s wife and children, as well as rights defenders and journalists, such as Neziha Rejiba, Sihem Ben Sedrine, Radhia Nasraoui, Moncef Marzouki, Hamadi Jebali, Abdallah Zouari, Ali Ben Salem, Souhayer Belhassen and Lotfi Hajji are among the favourite targets of the ministry of the interior and its plainclothes police and thugs.
We would like also to draw your attention to the unrelenting police and judicial harassment of the Tunisian Human Rights League (LTDH), the oldest rights group in Africa and the Arab world. On 3 February, a court in Tunis postponed once again its hearing of the complaint filed against this human rights group by members of President Ben Ali’s political party, the Democratic Constitutional Rally. The 30-year old LTDH has been denied the right to hold its general meeting since September 2005; so has the beleaguered Tunisian Journalists Syndicate.
Other groups such as the IFEX member, the Observatory for Freedom of the Press, Publishing and Creation (OLPEC), and the National Council for Liberties in Tunisia (CNLT), the Tunis Center for the Independence of the Judiciary, the Association for the Struggle against Torture, the International Association to Support Political Prisoners, the League for Free Writers and Raid-Attac Tunisia are arbitrarily denied the right to function under Tunisian law.
As the behaviour of the authorities has not improved since the WSIS was held in Tunis, we request and would very much appreciate your assistance in urging the Tunisian government to take the following steps to see the country’s declining freedom of expression record improved:
1. Release from prison human rights lawyer Mohamed Abbou who is imprisoned, like hundreds of other Tunisians, on charges related to the peaceful exercise of his basic right to freedom of expression and association.
Local, regional and international rights groups and Western governments maintain that these prisoners, known worldwide as political prisoners and prisoners of conscience, have neither used nor advocated the use of violence and have been denied the right to a fair trial.
Abbou was apprehended by the police in the streets of Tunis on March 1, 2005, less than 24 hours after posting an opinion piece on the Internet criticising the Tunisian government’s decision to invite Israeli Prime Minister Ariel Sharon to the WSIS.
Paradoxically, he was sentenced by a criminal court in Tunis, following an unfair trial on April 28, 2005, to three-and-a-half years of imprisonment for publishing statements « likely to disturb public order » and for « defaming the judicial process » and also for alleged « violence », nearly four years ago, against a female lawyer close to the government. A Tunisian appeals court on June 10, 2005 confirmed his prison sentence following a hearing that fell far short of international standards for a fair trial, according to human rights defenders and diplomats in attendance. (The opinion piece used to indict Abbou was not the one he posted on the Internet on the eve of his arrest by the police, but another posted in August 2004 in which he compared the inhumane conditions in the US-run Abu Ghraib prison in Iraq to those prevailing in Tunisian prisons.)
2. End harassment of human rights groups and journalists such as the judicial harassment of the Tunisian League for Human Rights and intimidation and assault of its members; and the arbitrary administrative sanctions and police harassment compelling journalist Abdallah Zouari to live 500 km from his wife and children and preventing him from earning a living or using public Internet cafés.
3. Release all banned books and publications, including those written by prominent democracy advocates like Mohamed Talbi and Moncef Marzouki, and edited by institutions committed to human rights education.
4. Recognise the inalienable right of civil society groups to operate freely and without any form of harassment of their leading figures and members. In particular, we call for the recognition of and respect for the right to freedom of association of the National Council for Liberties in Tunisia, the Tunis Center for the Independence of the Judiciary, the Association for the Struggle against Torture, the International Association to Support Political Prisoners, the League for Free Writers, Raid-Attac Tunisia and many other civil society groups.
We are concerned at the removal in 2005 by the authorities of the democratically elected leadership of the Executive Board of the Tunisian Association of Magistrates (TAM). This is especially troubling within the context of the absence of an independent judiciary in Tunisia. The eviction of the legitimate leadership of TAM is an obvious attack on the law of associations and on the statutes of TAM.
5. End harassment of independent publishers, writers and journalists and leading figures of the Tunisian Journalists’ Syndicate, whose establishment in May 2004 was in conformity with the Tunisian Labour Code.
6. End the abusive application of the Law on Terrorism of December 10, 2003 which local and international human rights groups say unfortunately turned out to be a tool to silence and punish critics of the government.
7. Assure that the right to establish media outlets is not solely reserved to individuals or groups close to the government and establish a fair and transparent procedure for the award of broadcast licenses through an independent regulatory body. Lift arbitrary decisions preventing the launch of different papers, including “Kalima” and the weekly “L’Expression” of the privately-owned Assabah Group.
8. Ensure that the right to access Internet cafés and to freely surf the Web is not restricted and end the practice of blocking websites for their informational or political content.
The blatant conflict between the United Nations’ values and principles on the one hand and Tunisia’s record on freedom of expression and media freedom on the other hand cannot be ignored any longer, particularly after taking the responsibility to hold the WSIS in Tunis and the election of Tunisia to the UN Human Rights Council in May 2006.
Thank you for your attention to this letter. We look forward to your early reply.
Sincerely,
Members of the IFEX-TMG:
Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo.net), Egypt
ARTICLE 19, UK Canadian Journalists for Free Expression (CJFE), Canada Egyptian Organization for Human Rights (EOHR), Egypt Index on Censorship, UK International Federation of Journalists (IFJ), Belgium International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA), The Netherlands
International Press Institute (IPI), Austria
International Publishers’ Association (IPA), Switzerland Journaliste en danger (JED), Democratic Republic of Congo Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibia Norwegian PEN, Norway World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC), Canada World Association of Newspapers (WAN), France World Press Freedom Committee (WPFC), USA Writers in Prison Committee of International PEN (WiPC), UK
ANNEX 2: Réponse des Nations Unies en date du 13 mars 2007
ANNEX 3: Alerte du 1er mars 2007 au sujet de Me Mohammed Abbou
MISE A JOUR – TUNISIE
1 Mars 2007
Journée Mohammed Abbou: la délégation du TMG bloquée et intimidée à la porte de la prison
SOURCE: Groupe d’observation de la Tunisie au sein de l’IFEX (IFEX-TMG)
****Mise à jour d’alertes de l’IFEX du 8 décembre, 8 mai, 26 et 21 avril, 15, 6 et 2 mars et 28 février 2006, entre autres****
Journée Mohammed Abbou: la délégation du TMG bloquée et intimidée à la porte de la prison
Plus tôt dans la journée, les membres de la délégation du groupe d’observation de la Tunisie (TMG), en mission en Tunisie du 27 février au 4 mars 2007, ont été physiquement empêchés d’accéder à la rue du Kef (ville située à 170 km au sud-ouest de Tunis) où se situe la prison de l’écrivain et avocat Mohammed Abbou par des hommes en civil refusant de s’identifier.
De plus, un deuxième cercle plus distant d’hommes également en civil dévisageaient ouvertement et prenaient des photographies des membres de la délégation du TMG, suscitant par la même une atmosphère tendue. Les mêmes hommes, sans doute des policiers, ont interdit aux membres de la délégation du TMG de prendre des photographies. La voiture de la délégation du TMG avait été au préalable arrêtée pendant une dizaine de minutes sur la route du Kef par un groupe de gendarmes de la garde nationale et d’hommes en civil qui ont également refusé de s’identifier. La délégation du TMG voulait simplement demander au directeur de la prison du Kef s’il était possible de rendre visite à Me Abbou. On a alors répondu aux membres de la délégation qu’ils avaient besoin d’une autorisation pour s’approcher des portes de la prison. Samia Abbou, l’épouse de Me Abbou, a pu lui rendre visite pendant 15 minutes environ.
Carl Morten Iversen, Président du TMG, a déclaré: « Je suis scandalisé par ce qui s’est passé au Kef aujourd’hui. Des hommes non identifiés nous ont empêché d’accéder à la rue menant à la prison où le célèbre prisonnier d’opinion Mohammed Abbou est emprisonné, nous empêchant ainsi de tout simplement demander la permission de lui rendre visite. Il s’agit d’un abus de pouvoir. Demain nous aurons une réunion au Ministère de la Justice et de droits de l’Homme. Nous comptons bien exiger des réponses quant à ces agissements, tout en réitérant notre appel à la libération immédiate de Mohammed Abbou ».
Arrêté le 1er mars 2005, Me Abbou a été condamné à une peine de prison de 3 ans et demi en raison d’articles en ligne dans lesquels il critiquait les autorités tunisiennes.
On a eu recours au code de la presse et au code pénal pour inculper Me Abbou pour « publication de faux rapports visant à perturber l’ordre public », « insulte envers la justice » et « incitation de la population à ne pas respecter les lois ». Sa condamnation est tombée le 29 avril 2005 et a été confirmée en appel le 10 juin 2005 au cours d’une audience dénoncée par les observateurs internationaux comme un simulacre de justice pendant laquelle ni Me Abbou, ni ses avocats n’ont été autorisés à contester les accusations à son encontre.
Les conditions d’emprisonnement de Me Abbou sont des plus difficiles. Depuis l’emprisonnement de son mari, Mme Abbou et ses proches ont été continuellement harassés et menacés par les forces de sécurité.
Note aux journalistes:
Le groupe d’observation de la Tunisie (TMG) est une coalition de 16 organisations créée en 2004 pour suivre de près la liberté d’expression en Tunisie dans les mois qui conduisent au Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) et dans les mois qui suivent. Ces 16 organisations sont toutes membres de l’Echange international de la liberté d’expression (IFEX), un réseau mondial de 71 organisations nationales, régionales et internationales engagées dans la défense de la liberté d’expression.
La sixième mission du TMG en Tunisie (du 27 février au 4 mars 2007) est composée de représentants de l’Union Internationale des Editeurs (UIE), d’Index on Censorship, du centre PEN norvégien et de l’Association Mondiale des Journaux (AMJ).
Les membres du TMG sont:
Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo.net), Egypt
ARTICLE 19, UK Canadian Journalists for Free Expression (CJFE), Canada Egyptian Organization for Human Rights (EOHR), Egypt Index on Censorship, UK International Federation of Journalists (IFJ), Belgium International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA), The Netherlands
International Press Institute (IPI), Austria
International Publishers’ Association (IPA), Switzerland Journaliste en danger (JED), Democratic Republic of Congo Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibia Norwegian PEN, Norway World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC), Canada World Association of Newspapers (WAN), France World Press Freedom Committee (WPFC), USA Writers in Prison Committee of International PEN (WiPC), UK
Pour plus d’information, veuillez contacter : Alexis Krikorian, UIE, tél portable : + 41 79 214 55 30 et Carl Morten Iversen PEN Norvège, tél portable + 47 926 88 023 ou voir : http://campaigns.ifex.org/tmg (dont le site est toujours bloqué en Tunisie)
ANNEX 4: LISTE DES LIVRES INTERDITS – SALON DU LIVRE DE TUNIS 2006
Source: OLPEC
Livres confisqués au salon du livre de Tunis 2006
N° |
Titre |
écrivain |
Maison d’édition |
pays |
1 |
Abaisser le regard |
Hilal ben Saleh El Hashemi |
Aljil Al Waed |
Oman |
2 |
Le role de la mosquée |
Saleh ben Salim EL Rabkhi |
|
|
3 |
La mission réussie |
Hamad ben Mohammed El Othmani |
|
|
4 |
Réforme de la Nation |
Ahmed El Khalili |
|
|
5 |
Comment rendre votre famille heureuse |
Om El Warith El Jamiyya |
|
|
6 |
Les coupes du droit chemin (1ère partie) |
Abul Rabi’ |
|
|
7 |
Larmes dans le Mihrab de la repentance (poésie) |
Om El Warith Al Jamiyya |
|
|
8 |
Les inspirations du Mihrab |
Ahmed EL Khalili |
|
|
9 |
Dualité dans la personnalité islamique |
Ahme El Khalili |
|
|
10 |
Découvrez votre position |
Ruqayya El Khrousiyya |
|
|
11 |
Mot |
Hamad El Miwali |
|
|
12 |
Comment trouver une épouse qui vous rende heureux |
Nourel Din Ben Ahmed |
|
|
13 |
Hymnes sur les deux rives (de la rivière) (poésie) |
Khamis EL Mikdami |
|
|
14 |
Al Imam Jaber Ben Zaid et l’essentiel de la pensée Ibadhi |
Zianah El Harthiyya |
|
|
15 |
Le rôle d’Ibadhi dans l’unification de la nation |
Jamila El Rabkhi |
|
|
16 |
Signes de l’heure de la Résurrection |
Khalid AL Wahibi |
|
|
17 |
Les efforts des affaiblis |
Zahran El Barashdi |
|
|
18 |
Justice |
Ali EL Hijri |
|
|
19 |
Les messages de Dieux |
Aziz Mash-hour |
Dar El Farqad |
Syrie |
20 |
Ayman El Zawahiri |
Jamal Abdul Rahim |
|
|
21 |
Le nouveau visage du capitalisme |
Tawfiq Al Madini |
Union des écrivains arabes |
Syrie |
22 |
Critiquer les établis |
Raja’ ben Salamah |
Darul Talia’ |
Liban |
23 |
Laïcité partielle et laïcité totale (deux parties) |
Abdul Wahab El Misiri |
Darul Shorouq |
Egypte |
24 |
Le berger des esprits |
Ibnul Qayyim Al Jouziyyah |
Tous les éditeurs et tous les libraires |
|
25 |
L’esprit |
Ibnul Qayyim Al Jouziyyah |
Tous les éditeurs et tous les libraires |
|
26 |
Dictature dans les régimes modernes |
Ali Khalifa El kwari |
Centre d’études Wihda |
Liban |
27 |
Prophète- le style Khalifa dans le leadership politique arabe contemporain |
Bashir Mohammed El Khadra |
Centre d’études Wihda |
Liban |
28 |
Fondamentalisme arabo-islamique |
Hussain Saad |
|
|
29 |
Encyclopédie des mouvements islamiques |
Ahmed EL Mousili |
|
|
30 |
Corruption et bonne gouvernance |
Débat |
|
|
31 |
La fatwa d’Abdul Halim Mahmoud |
|
Darul Maarif |
Egypte |
32 |
Possession d’armes |
|
Maison des livres de droit |
Egypte |
33 |
Consensus et volonté dans leur dimension unificatrice |
Rafiq El Ajam |
Maison du livre arabe |
Liban |
34 |
Vue de la Mutazila |
Ali El Thwaihi |
Maison Al Rushd |
Arabie Saoudite |
35 |
Nation, société et Etat |
Radhwa El Sayyed |
|
Liban |
Livres examinés et autorisés :
1 |
Conflits perpétuels |
Zakaria El Mahrami |
Maison d’édition génération d’avenir |
Oman |
2 |
Sécurité et pensées sociales |
Said El Hitali |
idem |
|
3 |
Le Coran et les défis modernes |
Mohammed El Rashid |
La maison des pionniers |
|
4 |
La montée de la pensée philosophique en Islam |
Sami El Nash-shar |
Daarul Maarif |
Egypte |
5 |
Liberté religieuse en Islam |
Abdul Mitaal Al Seidi |
Daarul Maarif |
Egypte |
Livres et écrivains interdits au salon du livre de Tunis :
Livres:
1 |
La position du Coran vu par ses rivaux |
Omar Abdul Rahman |
Dar masr el Mahrousa |
Egypte |
2 |
Changements dans le mouvement islamiste |
Kamal Habib |
idem |
|
3 |
Mouvements islamistes- vue de l’intérieur |
Montaser El Zayyat |
idem |
|
4 |
Ayman el Zawahiri, tel que je le connaissais |
Montaser El Zayyat |
idem |
|
5 |
Islam et Politique |
Abdul Elah Belqziz |
Centre culturel arabe |
Maroc |
6 |
La première guerre de civilisations |
Mahdi El Manjara |
idem |
|
7 |
Le futur de l’Islam politique, points de vue américains |
Ahmed Yousef |
idem |
|
8 |
Islam et Politique |
Hasan El Turabi |
Daarul Saqi |
Londres |
9 |
Dictionnaire de terminologie politique |
Hasan El Turabi |
Daarul Saqi |
Londres |
10 |
Ibno Taymiyya (tous les titres) |
|
Tous les éditeurs |
|
11 |
Ibno El Qayyem Al Jowziyyah (tous les titres) |
|
Tous les éditeurs |
|
Ecrivains interdits:
Mohammed Said Al Bouti
Hasan Al Turabi
Tawfiq Al Madini
Sayyed Qutb
Hasan Hanafi
Ibno Taymiyya
Ibno El Qayyem Al Jowziyyah
ANNEX 5: Liste des sites Web bloqués qui présentent des nouvelles, des informations politiques et des informations sur la Tunisie, et qui étaient bloqués en date du 28 février 2007
– Un site de nouvelles politiques de l’opposition tunisienne
– Site web du parti des travailleurs tunisiens (interdit)
– Site web officiel du Congrès pour la République, parti tunisien non reconnu
– Un site de nouvelles politiques de l’opposition tunisienne
5. http://www.maghreb-ddh.sgdg.org/
– Un site de nouvelles politiques de l’opposition tunisienne
– Site web de An-Nahdha, mouvement islamiste tunisien interdit
7. http://www.reveiltunisien.org/
– Un site de nouvelles de l’opposition tunisienne; satire politique
8. http://www.kalimatunisie.com/
– « la parole », une vue indépendante sur les informations et la politique tunisiennes
– Site web du Réseau arabe pour l’information en matière de droits de l’Homme (membre du TMG)
– Site web d’une ONG internationale faisant campagne pour la liberté de la presse
– Site web d’une ONG internationale faisant campagne contre la torture
– Site web d’une ONG internationale faisant campagne pour les droits de l’Homme
– Site web d’une ONG tunisienne non reconnue faisant campagne pour les droits de l’Homme en Tunisie
14. http://www.observatoire-olpec.org
– Site web d’une ONG tunisienne non reconnue faisant campagne pour la liberté d’expression en Tunisie
– Site du réseau international de liberté d’expression
16. http://www.euromedrights.net
– Site web d’une organisation regroupant des organisations militant pour les droits de l’Homme dans la région «Euromed»
17. http://www.verite-action.org
– Site web d’une ONG suisse faisant campagne pour les droits de l’Homme en Tunisie
– Site web de la chaine d’information Al Arabiya (Dubai)
– Site web de parti politique tunisien (reconnu)
– Site web de parti politique tunisien
– Site web d’E-tunisie
[1] http://campaigns.ifex.org/tmg/fr_rapports.html
[2] http://www.observatoire-olpec.org/
[4] Fondation Temimi pour la Recherche scientifique et l’Information (FTRSI) ; http://www.tn.refer.org/hebergement/temimi/
[5] Le TMG a pu constater le refus des autorités d’autoriser de nouveaux journaux indépendants. En septembre 2005, Mark Bench, Directeur général du Comité mondial pour la liberté de la presse (WPFC), et Alexis Krikorian, directeur liberté de publier à l’Union internationale des éditeurs (UIE), ont accompagné Sihem Bensedrine, rédactrice en chef du magazine en ligne Kalima, ainsi que deux autres collaborateurs, au Ministère de l’Intérieur à Tunis pour déposer la déclaration visant à enregistrer Kalima. Violant l’Article 13 du Code de la presse tunisien, le représentant du ministère de l’Intérieur a refusé d’accuser réception de cette déclaration. C’est la quatrième fois depuis 1999 que le ministère de l’Intérieur ne se conforme pas à la loi tunisienne en refusant de remettre à Sihem Bensedrine un reçu prouvant qu’elle a officiellement informé le gouvernement de son intention de lancer un journal.
[6] La LTDH a du faire face à 34 procès depuis 2000, ce qui représente un véritable harcèlement judiciaire. Pour plus d’informations sur les procès, voir : http://campaigns.ifex.org/tmg/fr_rapports.html
[7] Le gouvernement tunisien a censuré l’information au sujet des accrochages mortels entre les forces de sécurité et des groupes armés à la fin du mois de décembre 2006 et au début du mois de janvier 2007 dans les faubourgs sud de Tunis.
[8] Avant la dernière mission, le Président du TMG a contacté l’Ambassade de Tunisie à Olso en demandant l’organisation de réunions avec les autorités tunisiennes entre le 27 février et le 4 mars 2007 (dates de la dernière mission du TMG en Tunisie). La demande de réunions a été faxée le 15 février 2007, soit plus de 10 jours avant le début de la mission. Bien que la demande par fax indique les dates de la mission, une réponse par courriel n’a pas été envoyée au Président du TMG avant son départ pour la Tunisie. Les autorités tunisiennes bloquant les accès à l’Internet, le courriel en question n’a pas pu être lu depuis l’hôtel où résidait le Président du groupe à Tunis. Le courrier en question, confirmant de possibles réunions avec le Ministère de la Justice et demandant la mise en place de réunions avec les groupes de société civile proches du pouvoir, n’a été porté à la connaissance du TMG qu’après une réunion avec Ridha Khemakhem (chargé de mission) au Ministère de la Justice le vendredi 2 mars 2007 (cette réunion avait été mise en place par téléphone). A ce stade, toutes les réunions du groupe avaient été organisées et il était impossible d’en organiser d’autres vu que les membres du TMG quittaient le pays le 4 mars au plus tard. Nous déplorons cette façon de travailler.
Mohamed Goumani et Fethi Touzri :
Nos propositions pour relancer le processus démocratique
Les textes politiques sont rares dans notre pays. Certes chaque parti a ses plates-formes, ses motions de congrès, ses textes constitutifs, mais presque tous participent d’un langage inaccessible aux communs des mortels. Les idées convenues y sont légion et l’idéologique le dispute au populisme souvent superficiel.
Nous n’arrivons pas à nous remémorer un texte politique ces dernières années qui appelle réellement le débat, qui fasse bouger les lignes et interpelle les gens en dehors des paroisses des uns et des autres.
Un texte semble émerger de tout ce lot donné à la lecture des initiés. Il s’appelle “Une vision politique d’avenir” et a été commis par deux membres de la direction du Parti Démocratique Progressiste : Mohamed Goumani, actuel secrétaire général adjoint et Fethi Touzri membre du Bureau Politique.
Sur soixante pages les deux auteurs font un bilan sévère de la situation politique. Ils imputent aux pouvoirs publics la crispation qu’ils croient déceler dans la vie politique de notre pays. Mais, fait nouveaux, ils dressent un réquisitoire lucide et sans concession contre la ligne politique adoptée par leur parti, et d’autres aussi, à partir de 2002 et qui déplace progressivement le PDP d’une posture réformiste à un radicalisme de plus en plus exacerbé.
Goumani et Touzri ajoutent autre chose au constat. Ils proposent une feuille de route pour sortir de la crispation et renouer le dialogue. Il faudrait, selon eux, rétablir un climat de confiance propice pour un véritable débat national afin de déboucher sur une grande réforme politique.
Les deux parties sont-elles prêtes à cela ? Peut-être pas encore. La motion présentée par Goumani et Touzri au Congrès du PDP tenu à Tunis au mois de décembre dernier a été mise en minorité. Seulement, et cela est une première en Tunisie, la minorité n’a pas été marginalisée et ses deux principaux animateurs ont trouvé leur position renforcée au sein du nouveau Bureau Politique.
Signe des temps ou simple gestion interne ?
Seul l’avenir nous le dira.
Quelle est l’idée centrale de votre texte “Une vision politique d’avenir” ?
Fethi Touzri : L’idée est qu’un nouvel horizon politique est nécessaire pour le pays. Le projet d’une démocratie consensuelle ouverte seulement aux partis politiques proches du pouvoir a prouvé ses limites. Pour sortir de cette situation, il faudrait qu’il y ait de nouvelles initiatives audacieuses et courageuses. L’essentiel est de promouvoir une décrispation politique dont le pays a besoin.
On peut vous rétorquer que l’opposition radicale n’a rien fait, elle non plus, pour créer les conditions d’une décrispation politique…
Fethi Touzri : L’opposition a des demandes politiques claires depuis des années : des réformes sérieuses et un débat national afin de faciliter la participation politique citoyenne. Les canaux de dialogue avec le gouvernement sont rompus.
Ne pensez- vous pas que la radicalité excessive de certaines positions n’a pas facilité cette ambiance de confiance mutuelle ?
Fethi Touzri : Nous pensons que cette radicalité excessive est le fruit, et non la cause, d’une situation de blocage politique. Je considère que l’opposition démocratique, que certains qualifient de radicale, est modérée. Son discours s’est radicalisé suite à sa marginalisation.
Mohamed Goumani : L’environnement régional de la Tunisie a radicalement changé. Il suffit de voir ce qui se passe en Mauritanie, au Maroc, en Algérie et même en Libye pour voir que nous sommes en train d’accuser un retard dans la voie des réformes démocratiques.
Les indicateurs du développement économique et social sont bons, mais en totale contradiction avec le développement politique du pays.
Il y a aussi ce que j’appelle l’équilibre de la faiblesse entre le pouvoir et les partis de l’opposition. Le pouvoir semble mettre entre parenthèses les véritables réformes politiques. En face ni l’opposition de convenance ni même l’opposition indépendante n’ont pu convaincre l’opinion publique qu’elles peuvent être une véritable alternative. L’opposition indépendante est restée contestaire et sans véritable emprise sur les rapports de force. Cela doit nous conduire, tous, à de véritables remises en question. Car cet état de choses n’est ni dans l’intérêt du pouvoir, ni dans l’intérêt des partis de l’opposition, ni encore moins dans l’intérêt de la société. Le blocage politique peut être porteur de risques pour notre pays.
Quel rapport entre les risques auxquels vous faites allusion, le terrorisme et la situation politique du pays ?
Fethi Touzri : Le terrorisme est un défi mondial. Il menace de nombreux pays et sociétés dont la Tunisie. Mais si on essaye d’analyser le terrorisme en tant que phénomène social, pourquoi des jeunes choisissent-ils la violence ? C’est un choix parmi tant d’autres, comme l’action politique pacifique ou la réussite scolaire…L’intervention de la société civile et politique se place à ce niveau : le renforcement des autres choix possibles pour la jeunesse, qu’ils soient individuels ou collectifs, afin de tarir au maximum la voie de la violence.
Le contexte mondial, par la multiplication des foyers de guerre et de tensions dans le Monde arabo-musulman, peut favoriser le choix de la violence. Cela doit nous inciter à multiplier les opportunités vertueuses, au niveau national, pour notre jeunesse.
Quelles sont ces opportunités vertueuses ?
Fethi Touzri : La réussite scolaire, l’accès à un emploi attractif, la possibilité d’une participation réelle à la vie de la cité…
Notre pays réalise grosso-modo 5% de taux de croissance. Il semble, selon les experts, que notre mode de développement ne permette pas d’aller au-delà de ces 5%. Nous estimons qu’une véritable libération des énergies politiques est un préalable pour passer à une vitesse de développement socio-économique supérieure.
Mohamed Goumani : Le terrorisme ne peut être excusé d’aucune manière. Mais il nous faut en comprendre les raisons afin de mieux le combattre. Les pouvoirs publics ont une responsabilité envers toutes les catégories de la jeunesse, y compris celle qui est attirée par la religion. Le discours public en matière de religion s’est montré incapable d’encadrer cette jeunesse-là.
Que peut faire la société civile, tout en sachant qu’il y a un consensus en Tunisie sur la nécessité de la non- politisation des lieux de culte… ?
Mohamed Goumani : Je suis personnellement pour cette non- politisation, mais il faudrait aussi qu’il y ait un encadrement religieux crédible et d’envergure afin de répondre à l’attente spirituelle de cette partie de la jeunesse.
Que faut-il faire, selon vous, pour relancer le dynamisme de la vie politique en Tunisie ?
Fethi Touzri : A quelque chose malheur est bon. Les derniers évènements de la banlieue sud (la mise hors d’état de nuire d’un groupe terroriste. NDLR) doivent inciter tous les acteurs politiques à renforcer la stabilité et l’invulnérabilité du pays. Il faudrait impérativement briser le mur de méfiance entre le pouvoir et l’opposition indépendante.
L’opposition que vous qualifiez d’indépendante est-elle prête à cela ?
Fethi Touzri :Une partie d’entre elle certainement. Il n’est pas indispensable pour aller de l’avant que toute l’opposition indépendante soit prête à ce dégel. Pour nous c’est une première étape indispensable pour relancer le processus démocratique.
C’est cette nouvelle atmosphère psychologique qui va permettre d’ouvrir un véritable débat national sur les différents aspects de la participation à la vie politique. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des structures formelles pour encadrer ce débat. Une presse plus libre peut tout à fait jouer ce rôle. Cette maturation est nécessaire et peut déboucher sur une feuille de route de « mise à niveau » de notre vie politique.
Mohamed Goumani : Les discours du pouvoir et de l’opposition indépendants sont actuellement aux antipodes. Tout est positif pour les uns, tout est négatif pour les autres. Une reprise sérieuse du débat national permettra de relativiser les discours des uns et des autres et de donner réellement à nos concitoyens des éléments d’espoir. Le discours maximaliste de certains opposants a montré ses limites. Si le système n’est pas réformable, comme le prétendent certains, alors quel horizon offrons- nous à nos militants et sympathisants ? Les partis légaux sont là pour réformer. L’idée qu’il n’y a pas d’issue est néfaste pour le pays et pour l’opposition légale.
L’opposition indépendante doit exprimer ses revendications d’une manière plus positive.
On reproche à une certaine opposition de pallier à la faiblesse de ses assises par un discours revendicatif dur destiné aux chancelleries étrangères. Qu’en pensez-vous ?
Fethi Touzri : Elargir le champ de la participation politique est un impératif qu’on ne peut plus éluder. C’est cela qui fera que les élites se sentent, de nouveau, concernées par la chose publique et l’avenir du pays.
Nous demandons à ce que les pouvoirs publics initient, sans plus tarder, cet élargissement de la participation politique. Il est bien entendu que l’opposition se doit d’oeuvrer dans le cadre national et dans l’horizon du seul intérêt du pays. C’est un mouvement qui doit s’engager des deux côtés.
Si les tribunes nationales que sont les médias de masse permettent à l’opposition indépendante d’exposer ses points de vue et ses programmes, alors il n’y aura aucune raison pour « courir » derrière les tribunes étrangères. Je suis optimiste. Je pense que cette double dynamique est encore possible.
Je veux ajouter autre chose. L’interventionnisme étranger, contrairement à ce que pensent certains de nos amis, n’est pas une fiction. C’est une réalité dangereuse. Nous ne pouvons le combattre que par une plus grande participation de nos concitoyens à la chose publique.
Pourquoi le discours que vous tenez n’arrive-t-il pas à être majoritaire dans votre parti ? Cela ne signifie-t-il pas que l’opposition indépendante n’est pas encore prête à la politique de la main tendue que vous préconisez ?
Mohamed Goumani : La vision que nous avons essayé de développer dans notre texte a trouvé un écho favorable dans le Parti. Il a permis un débat de fond sur la ligne politique du PDP. Certaines de nos idées ont été reprises par la motion politique qui a focalisé sur l’importance du dialogue. Le projet que nous avons présenté a recueilli près de 40% des voix au Congrès du PDP de décembre dernier. En plus de cela, la première conférence de presse organisée par notre nouvelle Secrétaire générale a été porteuse de cette démarche positive que nous appelons de nos v½ux. Nous pensons que notre point de vue sera encore plus fort si les pouvoirs publics décident d’engager le pays dans de nouvelles réformes politiques.
Certains vous ont reproché —à vous deux— de ne pas impliquer les autres sensibilités du PDP dans l’élaboration de votre texte.
Mohamed Goumani : Certains voudraient figer le PDP dans des allégeances idéologiques héritées de la guerre froide. En décidant tous les deux d’être des membres fondateurs du PDP, nous avons signifié par cela que nous nous inscrivons totalement dans l’action politique et non idéologique. Je défie quiconque de trouver une seule ligne dans ces soixante pages qui se réfèrent à l’idéologie. D’ailleurs les militants du PDP ont eu, eux aussi, une attitude politique face à ce texte. Beaucoup l’ont adopté tout en se réclamant d’expériences fort différentes de la nôtre. Il est déjà difficile d’écrire un texte de soixante pages à deux et nous voulions instaurer ce débat au plus vite afin que le Congrès tranche en connaissance de cause et nous avons voulu aussi qu’il ait la diffusion la plus large.
Honnêtement, comment avez- vous fait pour l’écrire ensemble ?
Mohamed Goumani : Fethi commençait la phrase et moi je la terminais (rires).
Zyed Krichen
(Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1110 du 5 avril 2007)
Une jeune femme médecin et ses parents, assassinés
C’est « stupéfiant” !
POUR UNE REVOLUTION DE L’IMAGINAIRE TUNISIEN
LE SAVOIR POPULAIRE
Al-Qaida au Maghreb revendique les deux attentats d’Alger
Le mouvement, qui a annoncé son ralliement à Al-Qaida en janvier, a indiqué avoir mis en ligne un communiqué sur un site islamiste, souvent utilisé par le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden, dans lequel il revendique les attentats et publie les portraits des trois kamikazes responsables des attaques. Il a également établi son propre bilan des attaques, estimant à 53 le nombre de morts.
LA FRANCE EXPRIME SA « PROFONDE SOLIDARITÉ »
Selon l’agence APS, les bureaux du premier ministre algérien, Abdelaziz Belkhadem, étaient visés. Le chef du gouvernement a immédiatement réagi à la radio en dénonçant des actes « criminels et lâches commis au moment où le peuple algérien demande la réconciliation nationale ».
L’autre attentat a eu lieu à Bab Ezzouar, sur la route de l’aéroport international d’Alger, près de l’une des plus importantes universités du pays. Une des trois explosions a détruit un poste électrique de la compagnie publique algérienne Sonelgaz et les deux autres ont endommagé gravement le commissariat de ce quartier populaire, comptant des dizaines d’immeubles à plusieurs étages. Des responsables des services de sécurité algériens, interrogés sur les lieux des explosions, ont indiqué que les deux attentats ont été perpétrés à l’aide de voitures piégées conduites par des kamikazes.
Paris a réagi dans l’après-midi par la voix du président Jacques Chirac, qui a exprimé « la profonde solidarité » des autorités françaises dans la lutte de l’Algérie contre « le terrorisme international ». « La France les condamne avec la plus grande fermeté », écrit le président français dans une lettre à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, ajoutant que la lutte contre le terrorisme « est un combat partagé par nos deux gouvernements ». Dans un télégramme adressé à M. Bouteflika, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est dit « profondément ému » et a exprimé sa « plus ferme condamnation » des attentats.
La porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a également condamné les attentats, assurant que les Etats-Unis coopèrent avec les autorités algériennes et marocaines pour identifier les auteurs. Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, « cet événement déplorable montre la nécessité d’une action internationale concertée contre le terrorisme ».
Le double attentat d’Alger intervient alors que l’armée et la police algérienne mènent, depuis plusieurs semaines, une vaste opération de ratissage contre des éléments islamistes appartenant à l’ex-GSPC en Kabylie, à l’est de la capitale. Le mouvement avait déjà tué neuf militaires la semaine dernière à Ain Defla, à l’ouest d’Alger. Depuis début avril, au moins 33 personnes, dont une quinzaine de membres des forces de sécurité algériennes, ont été tuées dans le pays dans des violences attribuées aux islamistes, selon un décompte établi d’après des bilans officiels et de presse. Selon les services de renseignement français, le groupe compte entre 500 et 800 membres en Algérie, en Mauritanie, au Mali et au Niger. – (avec AFP)
(Source: e site du journal « Le Monde » Mis à jour le 11.04.07 | 20h35)