10 octobre 2008

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TUNISNEWS

8 Úme année, N° 3062 du 10.10.2008

 archives : www.tunisnews.net  

 


Le Club suisse de la Presse: confĂ©rence LibertĂ© de presse et mouvements sociaux en Tunisie AP: Tunisie: deux morts et six disparus dans le naufrage d’un bateau de pĂȘche AFP: Tunisie : 2 morts et 5 disparus APA: La Tunisie se classe 1Ăšre en Afrique et 5Ăšme dans le monde arabe dans le top 50 du Forum de Davos Crise financiĂšre: marchĂ© monĂ©taire Ă©pargnĂ©, mesures prĂ©ventives (BCT) Reuters: Tunisian banks have plenty of liquidity – cenbank AFP: Crise financiĂšre: marchĂ© monĂ©taire Ă©pargnĂ©, mesures prĂ©ventives (BCT) Afrik.com: La Tunisie et le Maroc sont-ils Ă  l’abri de la crise financiĂšre ? Jamel Heni : Ces ministres d’ouverture
 L’Expression: Il y a 23 ans, IsraĂ«l bombardait Hammam Chatt – La paix amputĂ©e L’Expression: Tunisie-France – Le mythe d’une dĂ©colonisation «douce» L’Expression: Colonisateurs et dĂ©colonisĂ©s – Excuses, repentance et amnĂ©sie L’Expression: Crimes (et repentances) des nations – Excuses Ă  gĂ©omĂ©trie variable Le site officiel du film : Shtar m’haba (ou L’autre MoitiĂ© du Ciel) de Kalthoum Bornaz Le Temps : L’autre moitiĂ© du ciel de Kalthoum Bornaz « Et le scĂ©nario
 ? »

Perspectivestunisiennes: Dur à entendre pour ma génération, mais malheureusement vrai

Oodoc: Edition – Hamza Belloumi, “Pour un islam meilleur”


ComplĂ©ment d’information :

Dans la communication de l’ONG « VĂ©ritĂ© Action » intitulĂ©e « Tunisie: La rentrĂ©e politique s’annonce chaude » publiĂ©e dans notre livraison datĂ©e le 8 octobre 2008, nous n’avions pas pu publier (Ă  cause de son format) un tableau statistique intĂ©ressant dans le paragraphe concernant les « Victimes de la loi anti terroriste : plus de 100 personnes devant les juges !!! en 1 mois »

Le tableau dĂ©taillĂ© peut ĂȘtre consultĂ© Ă  l’adresse suivante :

http://www.verite-action.org/index.php?option=com_content&task=view&id=160&Itemid=1


 

Le Club suisse de la PresseGeneva Press Club, a le plaisir d’inviter les journalistes suisses et Ă©trangers et ses membres Ă  une confĂ©rence de presse sur le thĂšme

Liberté de presse et mouvements sociaux en Tunisie

avec

Rachid KhĂ©chana Correspondant de Swiss Info Ă  Tunis, RĂ©dacteur en chef de l’ Al-Mawqif (L’Opinion), correspondant du journal Al-Hayat au Maghreb et chroniqueur Ă  Radio Monte Carlo Moyen Orient   Tahar Ben Hassine TV Al-Hiwar Attounsi (Le Dialogue tunisien, Tunis)   Mouheiddine Cherbib FĂ©dĂ©ration des Tunisiens de la culture des deux rives

Modérateur : Abdel Wahab Hani Commission arabe des droits humains   Jeudi 16 octobre 2008 à 11h.30 « La Pastorale » Route de Ferney 106, GenÚve

La rĂ©volte du bassin minier de Gafsa dure depuis le mois de janvier dernier, sur fond de revendications sociales, notamment d’emploi des jeunes diplĂŽmĂ©s de cette rĂ©gion dĂ©shĂ©ritĂ©e et qui abrite les richesses miniĂšres du pays, de phosphates notamment.

Les mĂ©dias ont Ă©tĂ© priĂ©s de rester en dehors des Ă©vĂ©nements qui opposent la population aux forces de l’ordre.

Un court reportage inédit de la chaßne Al-Hiwar sur la révolte du bassin minier de Gafsa sera diffusé et des copies seront remises aux journalistes.   Dossier de presse disponible le jour de la conférence ou sur demande.

Contact médias: Abdel Wahab Hani, awhani@yahoo.fr, 079 735 89 35 Contact organisation: Jalel Matri: matri@bluewin.ch, 079 203 88 41

Buffet et pĂątisseries orientaux seront offerts sur place.

TĂ©lĂ©charger l’annonce au format PDF  :www.pressclub.ch/doc/CSP_CP_161008_1130.pdf

Au plaisir de vous revoir Ă  cette occasion.

Guy Mettan, Directeur exécutif

 


Tunisie: deux morts et six disparus dans le naufrage d’un bateau de pĂȘche

 
AP | 10.10.2008 | 20:37 Deux marins pĂȘcheurs ont pĂ©ri et six autres sont portĂ©s disparus Ă  la suite du naufrage de leur bateau dans le golfe de GabĂšs, dans le sud tunisien, a-t-on appris vendredi de source officielle. Selon l’agence de presse tunisienne TAP, l’embarcation, qui avait Ă  son bord 13 membres d’Ă©quipage, a coulĂ© dans la nuit de jeudi Ă  vendredi sous l’effet de mauvaises conditions mĂ©tĂ©orologiques marquĂ©es notamment par des vents violents. De passage dans la zone du sinistre, un cargo commercial Ă©tranger battant pavillon panamĂ©en, en collaboration avec plusieurs embarcations de pĂȘche tunisiennes, a pu sauver cinq marins et rĂ©cupĂ©rer deux corps. Des unitĂ©s de la marine tunisienne nationale assistĂ©es d’un hĂ©licoptĂšre de l’armĂ©e et de plongeurs ont Ă©tĂ© Ă©galement dĂ©pĂȘchĂ©es sur le lieu du naufrage Ă  la recherche des marins disparus. AP


Tunisie : 2 morts et 5 disparus

Source : AFP 10/10/2008 | Mise Ă  jour : 16:48 | . Deux marins pĂȘcheurs tunisiens ont pĂ©ri et cinq autres sont portĂ©s disparus aprĂšs le naufrage de leur bateau au large de GabĂšs (400 km au sud-est de Tunis), a rapportĂ© vendredi l’agence officielle TAP. Le bateau a coulĂ© dans la nuit de jeudi Ă  vendredi avec 13 membres d’Ă©quipage parmi lesquels cinq ont pu ĂȘtre secourus par un cargo Ă©tranger, a prĂ©cisĂ© la TAP. Des unitĂ©s de la marine et l’armĂ©e de l’air poursuivaient vendredi la recherche d’Ă©ventuels survivants parmi les disparus dans le naufrage provoquĂ© par des intempĂ©ries. Les services mĂ©tĂ©orologiques qui avaient signalĂ© jeudi des perturbations climatiques, prĂ©voyaient vendredi une mer trĂšs agitĂ©e, des pluies abondantes et des vents violents soufflant Ă  plus de 60 km/heure sur les cĂŽtes sud-est.

La Tunisie se classe 1Ăšre en Afrique et 5Ăšme dans le monde arabe dans le top 50 du Forum de Davos

 APA-Tunis (Tunisie) Le Forum Economique de Davos, a rendu public son rapport mondial sur la compĂ©titivitĂ© pour la pĂ©riode 2008-2009, classant la Tunisie 36Ăšme sur 134 pays au niveau de l’évolution des facteurs compĂ©titifs de son Ă©conomie. En dĂ©pit d’une rĂ©gression de quatre places, enregistrĂ©e par rapport Ă  l’annĂ©e derniĂšre (quand elle Ă©tait 32Ăšme sur 131 pays), l’économie tunisienne occupe le 1er rang africain et la 5Ăšme position dans le monde arabe en matiĂšre de compĂ©titivitĂ©, selon le rapport de Davos. Les quatre pays arabes qui ont devancĂ© cette annĂ©e la Tunisie sont le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le KoweĂŻt, en l’occurrence “des pays pĂ©troliers qui ont mobilisĂ© les recettes Ă©nergĂ©tiques dans l’amĂ©lioration du climat des affaires de maniĂšre Ă  doper le rythme de la croissance”, souligne le rapport prĂ©sentĂ© mercredi Ă  Tunis, la capitale. Par ailleurs, le regroupement des pays selon le PIB/habitant classe la Tunisie Ă  la troisiĂšme place aprĂšs la Malaisie et la ThaĂŻlande, soit dans le groupe des Ă©conomies axĂ©es sur l’efficacitĂ©. L’annĂ©e derniĂšre, la Tunisie a Ă©tĂ© classĂ©e dans le groupe transitoire allant du 1er au second stade de dĂ©veloppement. Plusieurs piliers ont Ă©tĂ© retenus pour mesurer le degrĂ© de compĂ©titivitĂ© globale de l’économie tunisienne. Parmi les plus importants: les institutions, l’infrastructure, la stabilitĂ© macro-Ă©conomique, l’enseignement primaire et universitaire, le marchĂ© du travail, le marchĂ© financier, l’aptitude technologique et la sophistication des affaires. Sur 12 piliers dans le classement annuel, la Tunisie a accusĂ© 9 baisses, deux hausses et une stagnation. Les amĂ©liorations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dans le pilier enseignement supĂ©rieur et formation (+3) et dans l’efficience du marchĂ© de biens (+1). La Tunisie est le premier pays africain et arabe en matiĂšre de compĂ©titivitĂ© dans l’enseignement supĂ©rieur et formation. CĂŽtĂ© recul, l’efficience du marchĂ© de travail fait dĂ©faut dans le cas de la Tunisie. En effet, un retard considĂ©rable est constatĂ© en matiĂšre d’efficience du marchĂ© de travail en rĂ©trogradant du 78Ăšme rang au 103Ăšme, perdant ainsi 25 places par rapport Ă  l’annĂ©e derniĂšre. On note aussi une baisse de 11 places dans le classement en matiĂšre de sophistication du marchĂ© financier. Par ailleurs, en terme de stabilitĂ© macro-Ă©conomique la Tunisie a Ă©tĂ© classĂ©e 75Ăšme sur 134 pays alors qu’elle occupait l’annĂ©e derniĂšre le 72 Ăšme rang sur 131 pays.   TM/mn/APA 10-10-2008

Crise financiÚre: marché monétaire épargné, mesures préventives (BCT)

 
AFP 10.10.08 | 16h19  Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Taoukik Baccar a affirmĂ© vendredi que le marchĂ© monĂ©taire Ă©tait Ă©pargnĂ© par la crise financiĂšre mondiale et annoncĂ© des mesures prĂ©ventives dont la suspension des emprunts sur le marchĂ© international. “Pas de crainte (…) le marchĂ© monĂ©taire fonctionne normalement, aucun incident n’a Ă©tĂ© enregistrĂ©”, a-t-il dit au cours d’une confĂ©rence de presse. En cas de problĂšmes Ă©ventuels, il a indiquĂ© que la Tunisie disposait d’un d’un excĂ©dent de liquiditĂ©s et de rĂ©serves estimĂ©s Ă  1,530 milliards de dinars “mobilisables immĂ©diatement” (1 dinar = 0,57 euro). Pour “preuve de confiance”, il a Ă©voquĂ© un encours du marchĂ© interbancaire Ă  610 millions de dinars/jour en moyenne et citĂ© des mesures visant Ă  sĂ©curiser les placements en devises, dĂ©sormais orientĂ©s vers les bons et obligations du trĂ©sor en euros essentiellement. La Tunisie est Ă  l’abri des raisons directes de la crise financiĂšre (subprimes), les crĂ©dits immobiliers n’y reprĂ©sentant que 10% du PIB et ne dĂ©passant jamais 80% de la valeur des biens, a-t-il ajoutĂ©. Pour les plus dĂ©munis, l’habitat est financĂ© par des fonds publics Ă  des taux faibles et fixes avec des prĂ©lĂšvements infĂ©rieurs Ă  40% du revenu. Selon lui, la Bourse de Tunis n’a pas Ă©tĂ© perturbĂ©e en raison de ses “fondamentaux solides”. Sur 50 sociĂ©tĂ©s cotĂ©es, 26 valeurs ont enregistrĂ© des gains de 10% entre la mi-2007 et la mi-2008. La loi tunisienne interdit aux Ă©trangers de dĂ©tenir plus de 50% des valeurs en Bourse, avec un taux de capitalisation de 20% actuellement, a dit M. Baccar. Il a qualifiĂ© de “psychologique” la tendance Ă  la baisse du Tunindex qui a chutĂ© lundi (-4,88%) et mercredi (-3,35%) avant de remonter jeudi (+0.22%). M. Baccar a cependant annoncĂ© l’arrĂȘt des sorties d’emprunts sur le marchĂ© international en 2008 et 2009, alors que le gouvernement a instituĂ© jeudi une commission spĂ©ciale pour suivre l’impact de la crise sur la croissance. Les ressources du budget de l’Etat 2009 (17,2 milliards dinars) pour un taux de croissance projetĂ© Ă  6% (5,1% en 2008) seront exclusivement puisĂ©es sur le marchĂ© local, a indiquĂ© M. Baccar. En cas de rĂ©cession mondiale durable, il a estimĂ© que son pays devait mener “la bataille” de la compĂ©titivitĂ© pour amĂ©liorer ses parts de marchĂ©s, ce pays effectuant prĂšs de 80% de ses Ă©changes avec l’Europe. Le gouverneur de la BCT est restĂ© “prudent” au sujet du flux de capitaux Ă©miratis investis dans l’immobilier: “on avance et on voit”, a-t-il lancĂ©.
 


Tunisian banks have plenty of liquidity – cenbank

Reuters, le 10 octobre 2008 Ă  14h20 TUNIS, Oct 10 (Reuters) – Tunisian banks have plenty of liquidity available to them and are shielded from the global financial crisis, the country’s central bank governor said on Friday. “There is no fear for the financial sector in Tunisia as the reasons for the crisis and the reasons for its spread don’t exist in the country,” Taoufik Baccar told reporters. “The Tunisian market is under control and has strong liquidity. The surplus is at 615 million dinars ($476.37 million),” he said. The central bank had put by 1.530 billion dinars that it was ready to inject into the market at any time if necessary, said Baccar. The financial crisis is starting to effect Tunisia’s financial market, even though foreign investors account for only a small part of bourse activity. The benchmark TUNINDEX <.TUNINDEX> of shares rose 29 percent between the start of 2008 and mid-September but then dropped, narrowing its gain this year to 19 percent. The index fell 1.5 percent to 3,065.32 points on Friday. “There is no logical reason explaining the drop in the performance of the Tunis bourse as the participation of foreign investors in its market capitalisation is at a low level and hasn’t a great effect on it,” the governor said. “In addition, first-half results of listed firms are good so there is no reason to worry,” he added. Baccar added that Tunisia was shielded from the financial crisis because it had sharply cut its national debt and refused to make the dinar totally convertible. “No country can be protected from the economic impact of global financial turmoil and growth recession,” he said. “What we need is to improve competitiveness and seeking new markets.” REUTERS


La Tunisie et le Maroc sont-ils à l’abri de la crise financiùre ?

L’investissement dans ces deux pays serait moins risquĂ© selon le Sunday Times Dans le contexte actuel de crise financiĂšre internationale, l’hebdomadaire britannique Sunday Times a publiĂ© dimanche une liste de six pays ayant rĂ©alisĂ© des rĂ©sultats financiers positifs depuis le dĂ©but de la crise en aoĂ»t 2007. Selon le Sunday Times, les places boursiĂšres de ces pays, dont la Tunisie et le Maroc, sont considĂ©rĂ©es comme stables. Y investir serait moins risquĂ©.  
jeudi 9 octobre 2008, par Stéphane Ballong

 

Les secousses de la crise financiĂšre mondiale atteignent les bourses africaines. Ce mardi encore, elles ont toutes Ă©tĂ© frappĂ©es, avec une baisse de 16,5% enregistrĂ©e au Caire en Egypte. Les analystes s’accordent tous Ă  dire que la croissance du continent est menacĂ©e. Dans ce contexte de crise gĂ©nĂ©ralisĂ©e, l’hebdomadaire britanniqueSunday Times a publiĂ© dans sa derniĂšre livraison du dimanche une liste de six pays oĂč les investissements seraient moins risquĂ©s. Ils sont tous du Moyen-Orient [1] exceptĂ©s : le Maroc et la Tunisie.

Le Sunday Times, pour rĂ©aliser son classement, s’est appuyĂ© sur l’indice MSCI World qui offre aux investisseurs des rĂ©fĂ©rences pour la gestion de leurs portefeuilles. Selon cet indice, la Tunisie et le Maroc, font partie des pays qui ont le mieux rĂ©sistĂ© Ă  la crise financiĂšre internationale sur les douze derniers mois. Ils affichent sur cette pĂ©riode une croissance respective de +23% et +2% de leurs valeurs boursiĂšres. Ces deux pays maghrĂ©bins affichent ainsi « des rĂ©sultats dĂ©cents » depuis le dĂ©but de la crise l’étĂ© dernier. Ils auraient mĂȘme fait mieux que les Bric (le BrĂ©sil, la Russie, l’Inde et la Chine), les nouveaux gĂ©ants.

Plusieurs raisons expliquent ces performances : d’abord, la hausse des flux d’investissements venant notamment des pays du Golfe. Ensuite, dans le cas de la Tunisie, la faiblesse de la participation Ă©trangĂšre Ă  la capitalisation boursiĂšre. Elle en « reprĂ©sentait 25% fin septembre 2008, dont 22%, stable et durable, a Ă©tĂ© acquis dans le cadre d’un partenariat et dans le but de prendre des positions stratĂ©giques, aussi bien dans les sociĂ©tĂ©s que dans les banques tunisiennes », explique Mokdadi Hamadi, Directeur gĂ©nĂ©ral de la banque privĂ©e UBCI Finance (groupe UBCI-BNP Paribas) citĂ© parWebmanagercenter.com. Par ailleurs, les capitaux flottants ne sont, d’aprĂšs lui, que de 2,9%, ce qui permet d’éviter un impact direct sur la physionomie du marchĂ©.

Au Maroc, une étude « balaie toutes les certitudes »

Dans le cas du Maroc, les raisons de la rĂ©sistance Ă  la crise financiĂšre sont citĂ©es dans un article duFinancial Times datĂ© du 2 octobre. Les rĂ©formes initiĂ©es par le gouvernement auraient renforcĂ© les fondamentaux de l’économie du pays et permis de rĂ©sorber le choc engendrĂ© par la hausse des cours des produits pĂ©troliers et agricoles. Cette performance marocaine serait aussi expliquĂ©e par la diversification des revenus du pays, Ă©crit le Financial Times. ConsĂ©quence : le gouvernement a pu augmenter les subventions aux produits alimentaires et Ă©nergĂ©tiques.

Le choc semble donc ĂȘtre contenu au Maroc. L’inquiĂ©tante tendance baissiĂšre observĂ©e ces derniers temps Ă  la bourse de Casablanca est, quant Ă  elle, attribuĂ©e Ă  « un effet psychologique » par les spĂ©cialistes. pourtant une rĂ©cente Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le Centre marocain de conjoncture (CMC), sur l’impact de cette crise financiĂšre sur le Royaume, vient de « balayer toutes les certitudes », Ă©critl’Economiste. Selon cette Ă©tude, le Maroc pourrait, en raison de la crise, perdre entre 1,5 Ă  2 points de croissance pour cette annĂ©e. Une croissance, initialement prĂ©vue Ă  6,5% par les experts.

[1] La Jordanie, le Liban, le Sultanat d’Oman, le Qatar

(Source: Afrik.com le 9 octobre 2008)

 


 
Opinion  

Ces ministres d’ouverture


L’opposition tunisienne n’est plus au ban du pouvoir. Des dissidents en nombre occupent des postes officiels. Ministres d’ouverture ou  reddition massive?

Sans prĂ©cĂ©dent. Depuis vingt ans, des chefs de file font file Ă  Carthage, mais les annĂ©es 2000 enregistrent un record de politiques «rendus». Ils troquent leur passĂ© d’opposants contre un ministĂšre, un conseil, un mĂ©dia, l’insigne honneur des mocassins… et inventent ce que la Tunisie n’a connu que fort peu auparavant: les ministres d’ouverture.

Cet attribut, on le sait, est en vogue en France. Il dĂ©signe l’opposition «dĂ©bauchĂ©e» par Nicolas Sarkozy et intĂ©grĂ©e en bonne et due forme au gouvernement. Le prĂ©sident français en avait alors fait d’une pierre trois coups: affaiblir la droite, la gauche et le centre en mĂȘme temps. Mais surtout, montrer avec superbe et fort probablement Ă  son insu, l’inĂ©lĂ©gance d’une opposition intĂ©ressĂ©e. Ceux qui avaient signĂ© le bail avaient bien eu des portefeuilles Ă  la clĂ©. Bernard Kouchner (figure emblĂ©matique de la gauche et fondateur de ‘‘MĂ©decins sans frontiĂšres’’, actuel ministre des Affaires Ă©trangĂšres), pour ne pas le nommer, illustre Ă  lui seul, cette Ăšre des principes publiquement et indiffĂ©remment interchangeables!!

Ainsi de l’ouverture ailleurs. Le cas tunisien est en revanche plus frappant. Cette fois, ce sont les opposants eux-mĂȘmes qui se bousculent au portillon! Ils offrent leurs bons et loyaux services, expiant soigneusement une jeunesse par trop Ă©garĂ©e, aliĂ©nĂ©e, «raturant» l’impubĂšre opposition bĂȘte et mĂ©chante, vaine et immature! Ils sont de plus en plus nombreux Ă  passer au camp des vainqueurs, «brĂ»lant» ce qui reste des  frontiĂšres politiques, sans crier gare, sans se renier, avec la sĂ©rĂ©nitĂ© et la prestance d’usage, les culottĂ©s !

La palme de reddition revient, il faut avoir le courage de le dire, aux anciens gauchos jusqu’au-boutistes de la ligne dure, l’extrĂȘme gauche plus prĂ©cisĂ©ment. La gauche tout court n’existe que vaguement en Tunisie, comme la droite d’ailleurs, que l’on confond encore avec une rĂ©elle extrĂȘme droite, nationaliste, chauvine, traditionaliste et «naturellement» libĂ©rale. Une extrĂȘme droite primaire sans littĂ©rature et sans autre horizon qu’un fatalisme d’autoritĂ©.

«Les Tunisiens ne suivent qu’au bĂąton», «quiconque Ă  sa place aurait fait pareil», «un peu de libertĂ© et vous verrez la pagaille»… Autant de slogans d’extrĂȘme droite, ĂąnonnĂ©s par une large majoritĂ©, qui se «vend» comme la plus «moderne» au monde arabe, mais qui paraĂźt inconsciente de ses certitudes, franchement de droite. À la limite de la psychose !

Toutefois, l’extrĂȘme gauche n’a pas plus d’arguments Ă  rejoindre le pouvoir que d’autres acteurs politiques. Beaucoup d’Islamistes, et lĂ  aussi il faut avoir le courage de le dire, beaucoup d’Islamistes en rĂȘvent, mais ils sont frappĂ©s d’«inĂ©ligibilité» Ă  la rĂ©signation (sic) ! Pour le coup, ce n’est pas qu’ils ne l’appellent de leurs vƓux, mais bien plutĂŽt qu’ils en ont les jambes courtes ! Ce qui n’aide pas Ă  sauter le mur. L’éradication des courants religieux, fondant l’avĂšnement du 7-Novembre, l’assĂšchement des «sources» fondamentalistes parachevant la neutralitĂ© religieuse bourguibienne, nos barbus sont tombĂ©s dans leur propre piĂšge:  une opposition totale, stratĂ©gique et continue. Ils constituent pour ainsi dire l’opposition idĂ©ale: isolĂ©e, sans soutien et sans ressources. Leurs appĂ©tits noramalisateurs voire gouvernementaux tiennent aujourd’hui de la chimĂšre la plus farfelue. Dommage pour certains d’entre eux qui multiplient les appels du pied Ă  coups de vassalitĂ© audiovisuelle (en Angleterre prĂ©cisĂ©ment) de pĂ©titions, de propos «sages» sur ‘‘Al-Jazira’’ et  de dĂ©sertions auto-flagellantes en nombre!

D’autres salives coulent et couleront toujours. Mais on s’en tiendra Ă  ces deux exemples extrĂȘmes, qui illustrent Ă  eux seuls, la prĂ©dation politique la plus dĂ©sinvolte que la Tunisie ait connu depuis l’indĂ©pendance.  

La ruĂ©e d’opposants de proue vers le gouvernement n’est ouverture que pour ceux qui l’avaient entreprise. Le gouvernement fonctionne bien sans eux. Il peut tout Ă  fait dĂ©cliner leur offre de service. Ils ne pĂšseront pas sur ses choix stratĂ©giques. Tout au plus pourraient-ils glisser quelques «annotations» leur mandat durant. Un mandat de plus en plus hypothĂ©tique, tant la concurrence est rude. Les desseins des uns et des devinĂ©s !

En France, Sarkozy a attirĂ© les opposants. En Tunisie, les opposants frappent Ă  la porte du pouvoir. Dans un cas, on les invite, dans l’autre ils s’invitent eux-mĂȘmes avec l’insistance lugubre d’un hĂŽte indĂ©sirable ! Le rĂ©sultat voyez-vous n’est pas le mĂȘme. Les premiers ont des choses Ă  dire, les seconds  Ă©coutent ce qu’on leur dit…

Jamel Heni Jamelheni@netcourrier.com

(Source: “L’Expression” (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 50 du 3 au 9 octobre 2008)

Lien: http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=1330


 

 

Dossier

Nous attendons des excuses !

23 ans aprĂšs le bombardement de Hammam Chatt du 1er octobre 1985 par l’aviation israĂ©lienne, les Tunisiens attendent toujours des excuses. Alors que la rĂ©solution 573 adoptĂ©e par l’ONU «estime que la Tunisie a droit Ă  des rĂ©parations appropriĂ©es comme suite aux pertes en vies humaines et aux dĂ©gĂąts matĂ©riels dont elle a Ă©tĂ© victime et dont IsraĂ«l a reconnu ĂȘtre responsable». La dĂ©colonisation de notre pays souvent dĂ©peinte comme une transition en douceur, a Ă©tĂ© sanglante. Faudrait-il passer les morts de Bizerte, de Sakiet Sidi Youssef, le meurtre de Farhat Hached par profits et pertes pour accrĂ©diter une thĂšse «apaisante» mais tronquĂ©e. Des questions d’actualitĂ© brĂ»lante, quand l’Italie entend verser des dĂ©dommagements Ă  la Libye. A un moment oĂč AmĂ©ricains, Australiens, Canadiens, ont prĂ©sentĂ© des excuses officielles aux peuples autochtones Ă  l’identitĂ© dĂ©sintĂ©grĂ©e. Et la repentance, si elle ne nous fera pas oublier nos morts, aura au moins le mĂ©rite de sortir enfin les cadavres des placards de notre Histoire.

Il y a 23 ans, Israël bombardait Hammam Chatt

La paix amputée

L’opĂ©ration “Jambe de bois”s’est soldĂ©e par 68 morts. Et une centaine de blessĂ©s. C’était Ă  Hammam Chatt, le 1er octobre 1985. Dans sa rĂ©solution 573, l’ONU nous accorde le droit d’exiger rĂ©paration suite aux pertes humaines et aux dĂ©gĂąts matĂ©riels. Nous n’avons mĂȘme pas obtenu des excuses.

Des bĂątiments rasĂ©s en quelques minutes. Des jambes, des bras, voltigeaient dans l’air. Des cadavres calcinĂ©s, des voitures brĂ»lĂ©es. Hurlement de femmes, cris des blessĂ©s. Le souffle des bombes a proprement dĂ©capitĂ© un jeune homme d’à peine 16 ans.

AprĂšs lui avoir arrachĂ© la jambe.  Les membres dĂ©tachĂ©s des corps Ă©pars ont Ă©tĂ© peu Ă  peu rassemblĂ©s. Dans une morgue. Une scĂšne cataclysmique. Que l’on voit habituellement Ă  la tĂ©lĂ©vision, dans des pays lointains, frappĂ©s par la guerre. On est pourtant Ă  quelques kilomĂštres de la capitale, dans la banlieue sud de Tunis.

En ce 1er octobre 1985, le feu et la destruction se sont abattus sur la petite bourgade de Hammam Chatt. Un village paisible, bombardĂ© par dix avions, des F15 de l’armĂ©e israĂ©lienne. Une opĂ©ration de routine pour les IsraĂ©liens. Qui en ont effectuĂ© des dizaines d’autres au Proche-Orient. Au Liban, en Palestine. La destination a pourtant Ă©tĂ©, cette fois-ci, tunisienne. 68 morts, Tunisiens et Palestiniens. Une centaine de blessĂ©s. Des familles dĂ©chirĂ©es, des maisons dĂ©truites. Plus de 5 millions de dinars de dĂ©gĂąts matĂ©riels.

Sombre bilan pour cette opĂ©ration baptisĂ©e Jambe de Bois commanditĂ©e par une «colombe» israĂ©lienne, nommĂ©e Ehud Barak. Les autoritĂ©s sionistes espĂ©raient ensevelir le leader Yasser Arafat, sous les dĂ©combres du village tunisien. Violant notre espace aĂ©rien, notre souverainetĂ© nationale, et les lois internationales. Larguant des bombes sur un pays traditionnellement pacifique. Ami de l’Occident.

La Tunisie a saisi le Conseil de SĂ©curitĂ©. La rĂ©solution 573 a Ă©tĂ© adoptĂ©e par l’ONU. 14 voix se sont exprimĂ©es pour. L’AmĂ©rique s’est abstenue. La rĂ©solution «exige qu’IsraĂ«l s’abstienne de perpĂ©trer de tels actes d’agression ou de menacer de le faire; condamne Ă©nergiquement l’acte d’agression armĂ©e perpĂ©trĂ©e par IsraĂ«l contre le territoire tunisien, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit et des normes de conduite internationaux». Et enfin l’ONU «estime que la Tunisie a droit Ă  des rĂ©parations appropriĂ©es comme suite aux pertes en vies humaines et aux dĂ©gĂąts matĂ©riels dont elle a Ă©tĂ© victime et dont IsraĂ«l a reconnu ĂȘtre responsable».

IsraĂ«l a fait bien plus que reconnaĂźtre sa responsabilitĂ© dans le massacre. Elle l’a revendiquĂ©e. Les mĂ©dias de Tel Aviv ont soulignĂ© l’«hĂ©roĂŻsme» des pilotes, qui frappent Ă  3000 kilomĂštres de leurs bases. ConsidĂ©rant qu’il s’agit d’une opĂ©ration «dĂ©fensive», motivĂ©e par la prĂ©sence de l’Organisation de LibĂ©ration de la Palestine (OLP) en Tunisie, plus prĂ©cisĂ©ment Ă  Hammam Chatt mĂȘme. Les bonnes relations qu’a toujours entretenues notre pays avec les Etats-Unis ne les ont pas empĂȘchĂ©s d’exprimer leur «comprĂ©hension envers cet acte d’autodĂ©fense». Autant dire que la rĂ©solution 573 condamnant l’agression sioniste est restĂ©e lettre morte. IsraĂ«l n’a jamais prĂ©sentĂ© d’excuses officielles.

Une opĂ©ration que les mĂ©dias tunisiens ont peu Ă  peu oubliĂ©. À moins que les insoutenables images du massacre ne soient refoulĂ©es dans l’inconscient de nos journalistes. La Tunisie est pourtant en droit d’exiger les rĂ©parations que l’Etat d’IsraĂ«l n’a toujours pas versĂ©es. Un droit reconnu par l’ONU, attestĂ© par une rĂ©solution en bonne et due forme. Une rĂ©solution 573 qui serait presque passĂ©e dans les oubliettes de l’histoire. Comme tant d’autres injonctions de l’ONU visant IsraĂ«l. Sans doute parce qu’aux yeux des agresseurs sionistes, le sang tunisien ne vaut pas plus cher que celui des Libanais ou des Palestiniens. C’est-Ă -dire pas grand-chose. En tout cas pas suffisamment pour verser des rĂ©parations. Vraiment pas de quoi se repentir. Et voici vingt-trois ans que la Tunisie attend des excuses.

Oualid Chine

(Source: “L’Expression” (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 50 du 3 au 9 octobre 2008)

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Tunisie-France

Le mythe d’une dĂ©colonisation «douce»

Saura-t-on jamais qui a ordonnĂ© l’assassinat de Farhat Hached ? Les archives françaises, consultĂ©es par Noureddine Hached, le fils du leader syndicaliste, restent muette Ă  ce sujet. Et au sujet d’autres crimes de la colonisation.  De lĂ  Ă  demander des excuses Ă  la France


L’indĂ©pendance de la Tunisie est souvent prĂ©sentĂ©e comme un happy end. Pour un film qui a certes connu de multiples rebondissements.

Mais sans Ă©pisodes sanglants. À cet Ă©gard, le scĂ©nario de la Guerre d’AlgĂ©rie est considĂ©rĂ© comme un repoussoir, sans nul rapport avec l’épisode de la dĂ©colonisation de notre pays. Un peu comme si la volontĂ© de la diplomatie bourguibienne de maintenir de bonnes relations de coopĂ©ration sinon de fraternitĂ© avec l’ancien occupant avait escamotĂ© les pages sanglantes du roman familial franco-tunisien. Pour rester dans le registre cinĂ©matographique, ‘‘le Vent des AurĂšs’’ n’aurait jamais perturbĂ© un ‘‘EtĂ© Ă  la Goulette’’.

La tolĂ©rance de cette «terre d’accueil» aurait ainsi ouvert les portes de son «cafĂ© des dĂ©lices» Ă  tous les Ă©trangers, Français y compris. Ces bons «clients» seraient mĂȘme partis de leur plein grĂ©, accordant un gĂ©nĂ©reux pourboire en sus : l’IndĂ©pendance. En somme, il s’agirait d’un colonialisme bon enfant, au visage doux et avenant. Qui n’a dĂ©cidĂ©ment rien Ă  voir avec les pĂ©ripĂ©ties sanguinolentes des «évĂ©nements» algĂ©riens. Les «invitĂ©s» seraient presque partis d’eux-mĂȘmes, non sans avoir laissĂ© leurs fameuses routes, et hĂŽpitaux, et avoir appris au passage la «Marseillaise», ce chant Ă  l’origine rĂ©volutionnaire, Ă  nos enfants. Sans doute pour leur donner quelques vagues rudiments de droits de l’homme… indigĂšne.

Quand des voix algĂ©riennes se sont Ă©levĂ©es pour rĂ©clamer des excuses Ă  l’ancien colonisateur, peu de Tunisiens se sont joints au choeur. C’est Ă  croire que le film, une espĂšce de ‘‘Love Story’’ dĂ©clinĂ©e sur un mode politique, repassĂ© Ă  l’envi par les historiens condescendants d’outre-MĂ©diterranĂ©e, a fini par s’imprimer dĂ©finitivement sur les rĂ©tines et marquer durablement les esprits. Alors des excuses, vous, n’y pensez pas. La transition a Ă©tĂ© douce, le pouvoir est passĂ© des mains françaises aux nĂŽtres. À cet Ă©gard, Mohamed Lazhar Gharbi,  professeur d’histoire contemporaine, s’interroge: «Si certains historiens tunisiens osent parler de valeurs de la rĂ©volution française et de droits de l’homme inculquĂ©s par la France aux Tunisiens, le colonialisme n’est-il pas une agression de tout un peuple et donc par essence une nĂ©gation des droits de l’Homme ? La dĂ©colonisation est concĂ©dĂ©e Ă  l’amiable. Soit. Comment peut-on alors situer le mouvement des fellaghas, les Ă©vĂ©nements du 9 avril 1938, l’internement de nationalistes, l’exil de Moncef Bey, la rĂ©pression aveugle de 1951-1953, les assassinats commis par des groupes d’extrĂȘme droite et certains colons, le bombardement de populations civiles comme le village de Sakiet Sidi Youssef et le massacre de Tazarka ?»

Et si la puissance colonisatrice était simplement en «mission civilisatrice» en Tunisie, comment justifier les 4 000 à 6 000 civils massacrés à Bizerte ? Par un simple bras de fer entre deux tendances «mégalomaniaques» ? Mais alors, fallait-il utiliser des avions de chasse et bombarder une ville pour faire taire les voix qui réclamaient le départ des derniers soldats français restés sur nos terres ? Fallait-il éliminer Farhat Hached, le leader syndicaliste et indépendantiste dans un guet-apens maquillé comme dans un film de série Z ?

Pour Mohamed Lazhar Gharbi, «la responsabilitĂ© de l’Etat français est incontestable. Le moindre respect pour un peuple humiliĂ© pendant 75 ans serait que la France reconnaisse ce crime. Tant qu’elle ne le fera pas, ce martyr du syndicalisme et du nationalisme tunisiens restera le symbole d’une mĂ©moire confisquĂ©e».

Si le happy end conserve encore quelques attraits, c’est uniquement parce qu’il coupe la rĂ©alitĂ© historique au montage. Les fellaghas sont ainsi passĂ©s depuis longtemps par profits et pertes. Quant aux excuses, la France n’avouera pas avoir trempĂ© dans le meurtre de Hached. Sakiet Sidi Youssef ? Les petits Ă©coliers Ă©taient sans doute des victimes collatĂ©rales. Charles de Gaulle n’en fournira pas pour avoir dĂ©cimĂ© des civils, Ă  Bizerte. De quoi remettre en question les thĂšses des extrĂ©mistes de la «conciliation». La repentance ? Elle risquerait de froisser les sensibilitĂ©s, remettre en cause une amitiĂ© de cinquante ans. Reste donc au moins Ă  «dĂ©coloniser la mĂ©moire». Pour sortir les cadavres encore cachĂ©s dans les placards de l’Histoire.

Oualid Chine

(Source: “L’Expression” (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 50 du 3 au 9 octobre 2008)

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Colonisateurs et décolonisés

Excuses, repentance et amnésie

L’Italie a prĂ©sentĂ© des excuses Ă  la Libye pour la pĂ©riode coloniale. Elle va aussi lui  verser une compensation. DĂ©cision sans prĂ©cĂ©dent qui risque de n’ĂȘtre pas suivie par les autres anciennes puissances coloniales europĂ©ennes. Et particuliĂšrement par la France, qui rejette toute idĂ©e d’excuse ou de compensation pour ses excĂšs coloniaux, y compris au Maghreb.

L’Italie et la Libye ont signĂ©, samedi 30 aoĂ»t, Ă  Benghazi un traitĂ© historique d’amitiĂ© et de coopĂ©ration qui va solder les comptes de plus trente ans de colonisation italienne en Libye. L’accord constitue une premiĂšre dans les rapports entre pays liĂ©s par une mĂ©moire commune de colonisation. La Libye a Ă©tĂ© occupĂ©e militairement par l’Italie Ă  partir de 1911 avant de devenir dans les annĂ©es 1930 une colonie  italienne. Elle a recouvrĂ© son indĂ©pendance en 1951 aprĂšs la dĂ©faite de l’Italie dans la DeuxiĂšme guerre mondiale et la chute du rĂ©gime fasciste qui le gouvernait.

 Les bons comptes de Rome

ArrivĂ© Ă  Benghazi avec, dans la soute de son avion, la VĂ©nus de CyrĂšne, la statue romaine emportĂ©e il y a prĂšs de cent ans par des archĂ©ologues italiens, le prĂ©sident du conseil italien Silvio Berlusconi ne s’était pas prĂ©sentĂ© sous la tente du colonel Mouammar Kadhafi les mains vides. Il avait apportĂ© avec lui un «gros chĂšque» de 5 milliards de dollars, qui devrait constituer des indemnitĂ©s pour clore le contentieux post-colonial avec ses hĂŽtes.

«AprĂšs les moments tragiques de l’occupation italienne et au nom du peuple italien, je me sens en devoir de prĂ©senter mes excuses et de manifester notre douleur pour ce qui s’est passĂ© il y a tant d’annĂ©es»,  a dĂ©clarĂ© le chef d’Etat italien. «L’Italie s’excuse pour les massacres, les destructions et la rĂ©pression contre le peuple libyen durant l’occupation coloniale», a rĂ©pondu Mouammar Kadhafi. Le leader libyen qui, depuis des annĂ©es, exigeait un acte solennel de contrition de la part de l’ancienne puissance coloniale prĂ©sente en Tripolitaine et CyrĂ©naĂŻque de 1911 Ă  1943, avait de bonnes raisons d’ĂȘtre satisfait. Son obstination avait fini par ĂȘtre payĂ©e en retour


DĂ©jĂ  en 1999, le prĂ©sident du Conseil de l’époque, le dĂ©mocrate de gauche Massimo D’Alema, avait demandĂ© pardon pour les «martyrs de notre violence», Ă  savoir prĂšs de 100 000 victimes libyennes. L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, un premier document bilatĂ©ral avait mĂȘme Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour mettre un terme aux rapports difficiles entre les deux pays. Mais au-delĂ  des paroles, le colonel Kadhafi exigeait, auprĂšs des gouvernements italiens successifs, des rĂ©parations matĂ©rielles. Il avait notamment Ă©voquĂ© la construction d’une autoroute traversant la Libye de la frontiĂšre tunisienne Ă  celle de l’Égypte.  Mais Rome traĂźnait des pieds ne souhaitant dĂ©bourser que quelques dizaines de millions d’euros.

De retour au pouvoir au printemps dernier, Silvio Berlusconi a finalement dĂ©cidĂ© de reprendre les nĂ©gociations et d’ouvrir son porte-monnaie sans cacher ses intentions: «L’accord nous permettra d’avoir moins de clandestins et plus de gaz et de pĂ©trole libyen qui est d’une excellente qualité».

PayĂ© Ă  coup de 200 millions d’euros d’investissements par an, pendant un quart de siĂšcle, le rĂ©chauffement des relations avec Tripoli devrait ainsi faciliter l’accĂšs du marchĂ© libyen aux entreprises italiennes et surtout Ă  l’ENI (la sociĂ©tĂ© italienne des hydrocarbures) de mieux accĂ©der aux ressources naturelles de la Libye, qui fournit dĂ©jĂ  25% du pĂ©trole et 33% du gaz consommĂ© en Italie.

L’accord prĂ©voit Ă©galement la construction «d’un trĂšs grand nombre» de logements, l’installation d’entreprises italiennes en Libye, des bourses Ă  des Ă©tudiants libyens en Italie et des pensions pour des mutilĂ©s, victimes de mines anti-personnel posĂ©es par l’Italie pendant la pĂ©riode coloniale. Mais c’est la question de l’immigration qui est au centre de l’accord.

Cela fait des annĂ©es en effet que la Libye utilise les dĂ©parts, depuis ses cĂŽtes, de bateaux chargĂ©s de clandestins comme un moyen de pression en direction de l’Europe et en particulier de l’Italie. Dans le cadre des accords prĂ©cĂ©dents, Rome et Tripoli avaient envisagĂ© des patrouilles maritimes mixtes pour empĂȘcher les traversĂ©es. Le nouvel accord entre les deux pays devrait permettre une mise en ?uvre concrĂšte de ce projet afin d’éviter les vagues d’arrivĂ©es Ă  Lampedusa.

Vu d’Italie, l’accord vise, d’une certaine maniĂšre, Ă  fixer au sud de la MĂ©diterranĂ©e la frontiĂšre migratoire de l’Union europĂ©enne (UE) en confiant le soin aux Libyens de freiner l’émigration africaine vers l’Europe. À cet effet, Rome a promis de fournir Ă  la Libye un systĂšme radar satellitaire d’un coĂ»t de 500 millions de dollars cofinancĂ© par l’UE pour contrĂŽler les frontiĂšres mĂ©ridionales du pays et rĂ©duire les flux en provenance d’Afrique subsaharienne.

 France : pas d’excuses pour les bougnouls !

RĂ©agissant Ă  la dĂ©cision italienne, le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres a estimĂ©, le 2 septembre, que l’accord signĂ© entre Rome et Tripoli «n’est ni un prĂ©cĂ©dent, ni une rĂ©fĂ©rence» car «chaque histoire bilatĂ©rale avance comme elle le souhaite, chaque histoire est spĂ©cifique», dans une comparaison avec la colonisation française de l’AlgĂ©rie. Mais pas seulement de ce pays.

OccupĂ©e pendant plus de 130 ans par la France qui l’a transformĂ©e en colonie de peuplement, l’AlgĂ©rie, devenue indĂ©pendante en 1962, n’a pas cessĂ© depuis de rĂ©clamer Ă  la France de se «repentir» pour cette douloureuse histoire commune. ?? 46 ans aprĂšs la fin de la colonisation qui s’est achevĂ©e par une guerre sanglante, les deux pays ne parviennent d’ailleurs pas Ă  construire une relation bilatĂ©rale apaisĂ©e.

Depuis son accession Ă  la tĂȘte de l’Etat français, le prĂ©sident Nicolas Sarkozy n’a cessĂ© de rĂ©itĂ©rer son rejet de toute idĂ©e de repentance, estimant qu’il appartient aux historiens d’effectuer un «travail de mĂ©moire».

CitĂ© par l’AFP, l’un d’eux, Benjamin Stora, estime que l’accord italo-libyen apparaĂźt comme «une dĂ©cision de gestion Ă©conomique» puisqu’il prĂ©voit des dĂ©dommagements sous forme d’investissements dans des projets d’infrastructure en Libye. Il «n’est pas quelque chose d’accessoire», ajoute-t-il, mais «un geste fort qui va Ă  contre-sens du discours sur la non-repentance». En matiĂšre de dĂ©dommagements, l’historien français d’origine algĂ©rienne rappelle que les accords d’Evian qui ont mis fin Ă  la guerre comportent une amnistie et ne prĂ©voient rien Ă  ce sujet.??

«Le contentieux algĂ©ro-français a Ă©tĂ© rĂ©glĂ© par les nĂ©gociations pendant la guerre puis par les nationalisations qui ont suivi l’indĂ©pendance», explique, de son cĂŽtĂ©, l’historien algĂ©rien Mohamed Harbi, alors que demeurait un «vrai contentieux entre l’Italie et la Libye». ??

Quant Ă  la question de la mĂ©moire, M. Stora observe que Paris a optĂ© pour une «politique des petits pas» qui, selon lui, n’ira pas jusqu’à la repentance souhaitĂ©e par Alger. ??A contrario, M. Harbi pense que cette mĂȘme politique conduira la France «à reconnaĂźtre ses torts» Ă  cause d’une opinion publique oĂč pĂšsent les populations d’origine immigrĂ©e.

À Alger, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM, vĂ©tĂ©rans de la guerre d’indĂ©pendance), SaĂŻd Abadou, a appelĂ© la France Ă  «accomplir ce pas» effectuĂ© par la Libye et Ă  «reconnaĂźtre, s’excuser et indemniser». «Les autoritĂ©s françaises ont reconnu sans ambiguĂŻtĂ© l’injustice du systĂšme colonial», a rĂ©pondu, le 2 septembre, le porte-parole du ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres, Eric Chevallier. ??Il a rappelĂ© qu’un ambassadeur français en AlgĂ©rie avait qualifiĂ© les massacres de SĂ©tif en 1945 de «tragĂ©die inexcusable» et qu’un autre ambassadeur avait Ă©voquĂ© Ă  ce sujet la «trĂšs lourde responsabilité» des autoritĂ©s françaises dans ces «épouvantables massacres».

Lors de sa visite à Alger le 4 février 2007, Jack Lang, alors conseiller spécial de la candidate socialiste SégolÚne Royal, a été la premiÚre personnalité politique française à plaider ouvertement pour une «reconnaissance (par la France) des crimes commis par la colonisation» en Algérie, comme alternative aux «excuses» réclamées par Alger à Paris pour les «crimes» commis en Algérie pendant la période coloniale.

Premier Ă  rĂ©agir, dĂšs le lendemain, Philippe Douste-Blazy, alors ministre des Affaires Ă©trangĂšres, a jugĂ© que la France devait cesser de «battre sa coulpe». «MĂ©fions-nous de la mauvaise conscience et de la repentance permanente. Tout cela est liĂ© au raidissement de la mĂ©moire, au souvenir nĂ©cessairement douloureux de la colonisation», a dĂ©clarĂ© celui qui fut l’inspirateur de la loi abrogĂ©e sur les «bienfaits de la colonisation». «Mais regardons vers l’avant. 74% des AlgĂ©riens ont moins de 25 ans. Il faudrait maintenant tourner une page et arriver Ă  regarder l’AlgĂ©rie comme un partenaire d’égal Ă  Ă©gal», a-t-il  poursuivi.

Faisant allusion au vaste programme de privatisation des entreprises publiques lancĂ© par les autoritĂ©s algĂ©riennes, il a notĂ© que les «AmĂ©ricains, les Britanniques, les Espagnols et les autres» Ă©taient sur les rangs, alors que «les Français n’arrĂȘtent pas de battre sa coulpe». Toujours Ă  droite, le dĂ©putĂ© UMP, Jacques Myard, a qualifiĂ© les propos de Jack Lang de «dĂ©lit de rĂ©visionnisme de la vĂ©ritĂ© historique». Ces propos sont «une vĂ©ritable trahison des intĂ©rĂȘts de la France», Ă©crit le dĂ©putĂ© dans un communiquĂ©. Il accuse M. Lang d’ĂȘtre «tombĂ© dans le piĂšge de la dĂ©magogie algĂ©ro-algĂ©rienne qui cherche Ă  imputer Ă  la colonisation française toutes les difficultĂ©s de l’AlgĂ©rie actuelle». «Une telle attitude constitue un dĂ©lit de rĂ©visionnisme», accuse-t-il en demandant Ă  M. Lang de «prĂ©senter ses excuses aux Français qui ont ?uvrĂ© pendant des dĂ©cennies au profit de l’AlgĂ©rie». De son cĂŽtĂ©, le chef de l’extrĂȘme-droite, Jean-Marie Le Pen, a estimĂ© que la France n’avait pas Ă  exprimer de «regrets» Ă  l’AlgĂ©rie pour la pĂ©riode coloniale. «Si M. Lang entend par lĂ  les regrets que nous devrions avoir vis-Ă -vis de l’AlgĂ©rie, c’est une opinion crapuleuse, c’est scandaleux de dire cela», a dĂ©clarĂ© M. Le Pen. Il a estimĂ© que la France n’avait «bien sĂ»r» pas d’excuses Ă  prĂ©senter Ă  l’AlgĂ©rie, dĂ©clarant que la «repentance» lui «sortait par les yeux». «Je suis fier d’ĂȘtre Français, j’accepte l’histoire de la France, quelle qu’elle soit, malgrĂ© ses erreurs, malgrĂ© ses faiblesses, et aussi grĂące tout de mĂȘme Ă  son apport exceptionnel», d’abord pour les Français, «et ensuite pour le monde», a-t-il dĂ©clarĂ©.

??En visite officielle en AlgĂ©rie, quelques mois aprĂšs, en dĂ©cembre 2007, le prĂ©sident Sarkozy ne pouvait esquiver la question. Avec son style tonitruant, il a Ă©voquĂ© le systĂšme colonial, «injuste par nature», qui «ne pouvait ĂȘtre vĂ©cu autrement que comme une entreprise d’asservissement et d’exploitation».  Simple condamnation du systĂšme colonial donc, et en termes trĂšs gĂ©nĂ©raux, mais pas d’excuses, ni de repentir.

Cependant, ?ces mots, un peu «trop» choisis, mĂȘme Ă©manant du chef d’Etat français, sauraient-ils, Ă  eux seuls, panser les blessures d’un passĂ© de sang, de haine et de douleur, Ă  un moment oĂč des voix continuent de s’élever, surtout en France, pour souligner la «mission civilisatrice» de la colonisation ?

 Le douloureux legs de l’Histoire

Entre la honte et la fiertĂ©, les manuels scolaires des anciennes puissances coloniales europĂ©ennes semblent d’ailleurs hĂ©siter, tributaires de l’histoire et des rapports de force politiques. Hormis en France, aucune consigne — et, a fortiori, aucun texte de loi — n’encadre l’enseignement de l’histoire de la colonisation.

Comme le souligne Lucio Villari, professeur d’histoire contemporaine Ă  l’universitĂ© de Rome, citĂ© par ‘‘Le Monde’’, «l’Italie n’a pas eu un empire colonial comme la France». Les enjeux et les susceptibilitĂ©s ne sont pas les mĂȘmes des deux cĂŽtĂ©s des Alpes. PlutĂŽt qu’un «empire», l’Italie a eu des «moments oĂč elle a dominé», prĂ©cise-t-il, Ă©voquant les ex-colonies italiennes que furent la Libye et, plus briĂšvement, l’Ethiopie, l’ErythrĂ©e et la Somalie.

Il y a trois ans, le prĂ©sident de la rĂ©gion du Latium, Francisco Storace, membre de l’Alliance nationale (droite), avait publiquement jugĂ© «trop Ă  gauche» l’orientation des manuels scolaires utilisĂ©s dans sa rĂ©gion. RĂ©sultat ? Un tollĂ© dans toute l’Italie. Et l’embarras de l’élu, aujourd’hui ministre de la SantĂ©, contraint de faire machine arriĂšre.

En Espagne, les manuels scolaires expĂ©dient le passĂ© colonial de façon sibylline: «En 1975, l’Espagne a cĂ©dĂ© le Sahara au Maroc et Ă  la Mauritanie (…)», note discrĂštement ‘‘L’Histoire du monde contemporain’’. Quant Ă  Ceuta et Ă  Melilla, enclaves en terre marocaine, personne ne semble imaginer qu’elles puissent ĂȘtre autre chose que des villes espagnoles : on n’en parle donc pas.

Le seul «empire» dĂ©funt qui vaille, Ă  feuilleter les manuels de la pĂ©ninsule IbĂ©rique, c’est celui des conquistadors: l’AmĂ©rique latine. La prĂ©sentation des faits est «en gĂ©nĂ©ral Ă©quilibrĂ©e et pondĂ©rĂ©e» et les indĂ©pendances sont montrĂ©es «comme des processus d’émancipation», estime Rafael Valls, professeur des sciences de l’éducation Ă  l’universitĂ© de Valence, citĂ© par le mĂȘme quotidien français. «La vision prĂ©dominante est fondĂ©e sur la tolĂ©rance, la comprĂ©hension et la concorde», rĂ©sume-t-il.

Cela n’a pas toujours Ă©tĂ© le cas. De 1939 (victoire du franquisme aprĂšs la guerre civile) jusqu’à la fin des annĂ©es 1950, les manuels scolaires ont «exaltĂ© l’histoire de l’Empire espagnol et de l’hispanité», rappelle M. Valls. Plus tard, aprĂšs la mort de Franco, l’évocation du passĂ© colonial et des indĂ©pendances s’est longtemps rĂ©duite Ă  quelques pages.

Il arrive aussi que les autoritĂ©s insistent, comme c’est le cas au Royaume-Uni, sur l’«l’hĂ©ritage controversé» du passĂ© colonial — en l’occurrence, de l’ancien Empire britannique. En juillet 2004, Ă  Londres, l’Ofsted, organisme de contrĂŽle de l’éducation, jugeant «insuffisant» le temps consacrĂ© Ă  ces questions, a mis les points sur les «i» : «Les Ă©lĂšves devraient connaĂźtre plus de choses sur l’Empire britannique, savoir que les historiens en ont donnĂ© des interprĂ©tations diffĂ©rentes.»

Jusqu’ici, au Royaume-Uni comme ailleurs, bien peu de place a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  cet enseignement. Les programmes se focalisent sur trois pĂ©riodes : celle des Tudor et des Stuart, celle de l’Allemagne nazie et celle de la Russie de Staline. Comme l’a rĂ©sumĂ© un jour le professeur Simon Shama, universitaire reconnu, «dans les programmes d’histoire, entre les Henry et Hitler, il n’y a rien».

En Belgique, la conquĂȘte du Congo (devenu RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo-Kinshasa) est Ă  peine abordĂ©e Ă  l’école. Est-ce parce que les Belges ne se passionnent pas pour leur propre histoire ? Celle-ci, depuis les annĂ©es 1970, n’est mĂȘme plus enseignĂ©e en tant que telle. Les professeurs sont simplement invitĂ©s Ă  illustrer, par quelques exemples belges, des phĂ©nomĂšnes historiques gĂ©nĂ©raux.

YĂŒsra Diba

(Sources : AFP, Reuters, ‘‘Le Monde’’, ‘‘LibĂ©ration’’, ‘‘Nouvelobs.com’’).

(Source: “L’Expression” (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 50 du 3 au 9 octobre 2008)

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Crimes (et repentances) des nations

Excuses à géométrie variable

Willy Brandt s’est agenouillĂ© Ă  Varsovie pour demander pardon aux Juifs et aux Polonais. Les Japonais ont exprimĂ© leurs remords pour leurs agressions coloniales. Les AmĂ©ricains, Australiens, Canadiens se sont repentis d’avoir assimilĂ© les peuples autochtones par la force. MĂȘme l’Italie a prĂ©sentĂ© ses excuses Ă  la Libye. Pour la France, la repentance n’est pas Ă  l’ordre du jour.

En matiĂšre de repentir, les Japonais avaient une ancienne coutume, le seppuku : s’éventrer pour sauver son honneur. Aujourd’hui, les Japonais ont pris l’habitude de voir, dans la presse, des photos de dirigeants d’entreprise prosternĂ©s jusqu’à terre devant des employĂ©s en colĂšre. Mais plus personne ne pense s’éventrer pour se faire pardonner ses torts.

Dans les relations internationales, le repentir, solennellement exprimĂ©, fait partie des convenances diplomatiques : il aide Ă  dissiper les rancƓurs du passé  et Ă  rĂ©duire le fossĂ© entre les peuples. En prĂ©sentant des excuses aux Juifs pour les crimes commis par les nazis contre leurs coreligionnaires pendant la seconde guerre mondiale, l’Allemagne a Ă©tĂ© la premiĂšre nation Ă  se prĂȘter Ă  cet exercice, Ă  mi-chemin entre la diplomatie et
 la tragĂ©die classique. Comme en 1970, lorsque le chancelier allemand Willy Brandt s’était agenouillĂ©, Ă  Varsovie, dans un geste quasi-thĂ©Ăątral, pour demander pardon aux Polonais et aux Juifs pour les crimes nazis.

Le pays de Goethe, qui n’a pas fini de payer, au propre et au figurĂ©, pour les crimes de l’Holocauste, a prĂ©sentĂ© aussi des excuses pour le massacre par des colons allemands de la tribu des Hereros en Namibie (Afrique australe), qui fit 65 000 morts de 1904 Ă  1907.

Mais les Allemands, pas plus qu’un autre peuple, n’ont pas toujours Ă©tĂ© des agresseurs. Ils ont Ă©tĂ© aussi, Ă  certains tournants de l’Histoire, des victimes. Ils ont d’ailleurs eu droit, eux aussi, Ă  des excuses, celles du gouvernement tchĂšque : pour l’expulsion massive de la population allemande de TchĂ©coslovaquie Ă  la fin de la deuxiĂšme guerre mondiale.

AlliĂ© Ă  l’Allemagne durant ce mĂȘme conflit, le Japon a prĂ©sentĂ© lui aussi des excuses aux «femmes de rĂ©confort», ces quelque 200 000 Asiatiques rĂ©duites Ă  l’esclavage sexuelle par l’armĂ©e impĂ©riale. Avant d’exprimer de «profonds remords» et des «excuses sincĂšres» pour les torts et les souffrances infligĂ©es par le passĂ©, «à travers son administration et son agression coloniales», Ă  de nombreux pays, «en particulier des nations asiatiques», notamment la Chine, la CorĂ©e et les Philippines.

Mais bien qu’il soit le seul pays Ă  avoir subi une attaque nuclĂ©aire, quand les Etats-Unis ont larguĂ© deux bombes atomiques, sur Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 aoĂ»t 1945, le Japon a toujours exclu de demander des excuses officielles aux Etats-Unis pour ces deux crimes qui ont fait plus de 200 000 morts. Peut-ĂȘtre se sent-t-il aussi un peu coupable pour avoir poussĂ© les AlliĂ©s Ă  cet acte  extrĂȘme.

Des excuses, les Etats-Unis en ont quand mĂȘme prĂ©sentĂ©, par la voix de leur prĂ©sident Bill Clinton qui, lors de sa tournĂ©e en Afrique, en 1998, a demandĂ© pardon pour le soutien apportĂ© par son pays Ă  nombre de dictateurs et, surtout, pour avoir Ă©chouĂ© Ă  arrĂȘter le gĂ©nocide rwandais. Depuis, la politique amĂ©ricaine en Afrique n’a pas changĂ© d’un iota et aucun dĂ©dommagement n’a Ă©tĂ© versĂ© par Washington Ă  ses victimes africaines. Le contraire nous aurait Ă©tonnĂ©.

Plus rĂ©cemment, le 29 juillet dernier, le CongrĂšs des Etats-Unis a adoptĂ© le texte des premiĂšres excuses formelles du gouvernement fĂ©dĂ©ral pour «la fondamentale injustice, la cruautĂ©, la brutalitĂ© et l’inhumanité» de l’esclavage et de la sĂ©grĂ©gation raciale envers les Noirs amĂ©ricains. Regain de conscience ou volontĂ© de raffermir l’unitĂ© nationale ? En fait, les Etats-Unis n’ont fait qu’emboĂźter le pas Ă  l’Australie et au Canada qui, respectivement en fĂ©vrier et juin, ont prĂ©sentĂ© des excuses officielles Ă  leurs peuples autochtones assimilĂ©s par la force. Ainsi d’ailleurs qu’à IsraĂ«l, autre pays d’immigration, qui a fait un lĂ©ger effort pour guĂ©rir une douloureuse blessure nationale, lorsque Ehud Barak a prĂ©sentĂ© des excuses aux Juifs orientaux pour la discrimination dont ils ont souffert pendant des dĂ©cennies en Terre promise.

Reste donc le cas de la France, qui aime pointer du doigt les «crimes» des autres Etats, comme de dĂ©crĂ©ter la Turquie responsable du gĂ©nocide armĂ©nien, mais refuse de reconnaĂźtre ses responsabilitĂ©s lorsqu’il s’agit de ses propres crimes.

Ce pays, au passĂ© colonial non moins chargĂ© que celui de ses voisins europĂ©ens, a certes prĂ©sentĂ© des excuses pour les mĂ©faits du rĂ©gime collaborationniste de Vichy contre les Juifs durant la seconde guerre mondiale. Il a Ă©galement reconnu que la traite nĂ©griĂšre et l’esclavage Ă©taient des crimes contre l’humanitĂ© et soulignĂ©, par la voix de son prĂ©sident Nicolas Sarkozy, en dĂ©cembre 2007, Ă  Alger, que «le systĂšme colonial Ă©tait injuste par nature et il ne pouvait ĂȘtre vĂ©cu autrement que comme une entreprise d’asservissement et d’exploitation». Mais la France refuse toujours de considĂ©rer sur un mĂȘme pied d’égalitĂ© ses victimes juives d’un cĂŽtĂ©, et africaines, maghrĂ©bines et asiatiques de l’autre. En d’autres termes, elle refuse de prĂ©senter des excuses aux victimes non juives de ses crimes passĂ©es. Et surtout aux AlgĂ©riens, qui exigent pourtant, pour solder le passĂ© douloureux de la colonisation française, qui a durĂ© un siĂšcle et demi (tout de mĂȘme !), sinon des dĂ©dommagements du moins un repentir officiel.

Le soir du 6 mai 2006, alors qu’il venait tout juste d’ĂȘtre Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, Nicolas Sarkozy a fermĂ© la porte Ă  toute nĂ©gociation Ă  ce sujet en dĂ©clarant: «Je veux rendre aux Français la fiertĂ© d’ĂȘtre Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mĂ©moires qui nourrit la haine des autres». Et lors de sa premiĂšre visite prĂ©sidentielle Ă  Alger, en dĂ©cembre 2007, il a demandĂ© aux AlgĂ©riens de «se tourner d’abord vers l’avenir», car, a-t-il expliquĂ©, «les nouvelles gĂ©nĂ©rations, qui forment dans votre pays la grande majoritĂ© de la population, ne vont pas attendre que les adultes aient fini de rĂ©gler les problĂšmes du passĂ©.»

Ridha KĂ©fi

(Source: “L’Expression” (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 50 du 3 au 9 octobre 2008)

Lien :http://www.lexpression.com.tn/details_article.php?ID_art=1348


Dur à entendre pour ma génération, mais malheureusement vrai

Je viens de lire sur le blog du jeune azdrubal un jugement d’une rare duretĂ© Ă  l’Ă©gard des hommes et des femmes de ma gĂ©nĂ©ration politique. Je l’ai relu encore une fois et je me suis dit, avec grande amertume …”c’est bien vrai ce que dit ce jeune, mais oĂč sont-ils, lui et ses jeunes camarades pour prendre la relĂšve et sortir notre pays de cette angoissante stagnation politique?”. Je reproduis ici juste 2 paragraphes et je renvoie le lecteur au blog d’azdrubal.Tahar Ben Hassine

“Je ne doute pas de la formidable diffusion qu’aura cette Ă©mission de Canal du Dialogue sur les blogs des Tunisiens, tant elle a concernĂ© et d’une façon concrĂšte des choses qui les touchent. Et je dis encore Bravo Ă  Zied El Heni d’avoir remis sur le tapis ce dĂ©bat sur les exigences du respect de la loi et remercie canal du Dialogue de l’avoir ainsi relayĂ©. Mais en mĂȘme temps, et s’agissant de canal du Dialogue, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit Ă  Tahar Ben Hassine, je regrette que parmi les choix Ă©ditoriaux de la chaine, il n’y ait pas davantage de temps consacrĂ© Ă  se qui se passe et s’échange sur la blogosphĂšre Tunisienne. Dans les 10 Ă  20 ans Ă  venir, les futurs dirigeants de la Tunisie sortiront de cette blogosphĂšre. Ibn Taymiyya, Tourabi, LĂ©nine et Marx font partie du passĂ©. L’avenir de la Tunisie et l’orientation qu’il aura dĂ©pendra, et j’en suis convaincu, entre autres, de ce qui s’échangera et se dira par les Tunisiens sur leurs propres blogs et non de ces interminables motions des partis politiques datant d’un autre Ăąge.

Ghannouchi, Chebbi, Ben Jaafar, etc., reprĂ©sente la fin d’une Ă©poque. Pour moi, ils incarnent dĂ©jĂ  le passĂ©. Cela n’a rien d’insultant, ni de dĂ©gradant. C’est ainsi, c’est la vie. L’avenir est dĂ©sormais du cĂŽtĂ© de la vivacitĂ© de Aymen, Iyed, Chokri, Maya, Zied, Selim, Soumayya (oui oui, je songe Ă  la brillante Soumayya Ghannouchi) et de tant d’autres. Leurs attentes et leur maniĂšre de voir le monde, et j’ai presque envie de dire, y compris leur maniĂšre de concevoir l’au-delĂ  ne sont plus celles de cette gĂ©nĂ©ration d’hommes politiques qui arrivent au terme de sa carriĂšre. Cette mĂȘme gĂ©nĂ©ration d’hommes politiques dont je n’ai que trop lu les discours, les pĂ©titions, les motions et mĂȘme les complaintes. Et pourtant, je suis toujours au mĂȘme point
 Mon grand pĂšre a eu la chance d’écouter un homme, lequel, avec d’autres, au bout de 20 ans a virĂ© un colon et s’est accaparĂ©, Ă©videmment Ă  tort, l’Etat. Moi ça fait 20 ans que j’écoute des gens qui ont Ă©tĂ© incapables d’agir pour garantir mĂȘme pas mes droits, Ă  moi, mais simplement les leurs, et notamment leur droit Ă  s’exprimer librement. Et si je dis qu’au regard des objectifs atteints, j’ai Ă©coutĂ© des tocards pendant 20 ans, on me reprochera ce qualificatif cruel et peut-ĂȘtre mĂȘme insultant. Pourtant, je demeure convaincu que c’est autrement moins cruel et autrement moins insultant pour un homme politique que le fait d’observer du haut de son impuissance et du confort de son divan un citoyen Tunisien ĂȘtre amenĂ© Ă  se coudre les lĂšvres depuis sa prison.”

(Source : le sitewww.perspectivestunisiennes.net , le 10 octobre 2008)

Lien :http://www.perspectivestunisiennes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=52:dur-a-entendre-pour-ma-generatiion-mais-malheureusement-vrai&catid=15:actutn

 
 

CINEMA TUNISIEN

Shtar m’haba (ou L’autre MoitiĂ© du Ciel) de Kalthoum Bornaz

Synopsis AgĂ©s de vingt ans, SELIMA et SELIM sont jumeaux. Orphelins de mĂšre qui est morte en les mettant au monde, ils vivent Ă  Tunis avec leur pĂšre ALI, grand avocat au barreau de Tunis. Ali ne s’est jamais remis du dĂ©cĂšs de sa femme. Il tient les jumeaux pour responsables de sa mort. Il a fait disparaĂźtre toute trace de la dĂ©funte et refuse obstinĂ©ment de rĂ©pondre Ă  leurs questions sur leur mĂšre. SĂ©lima Ă©tudiante en archĂ©ologie, se spĂ©cialise en fouilles sous-marines. Elle veut connaĂźtre la vĂ©ritĂ© sur sa mĂšre. Les fouilles de son propre passĂ© s’entremĂȘlent avec celles du passĂ© de son pays. SĂ©lim vĂ©nal et plus rusĂ© que sa sƓur, rĂȘve de devenir grand couturier. Concernant sa mĂšre, il se dĂ©tache petit Ă  petit de la question, ce qui ne l’empĂȘche pas d’espionner une voisine avec des jumelles, pendant qu’elle allaite son bĂ©bĂ©. SĂ©lima apprend un jour que les filles n’hĂ©ritent que de la moitiĂ© des parts de leur frĂšre. Elle interroge son pĂšre : « Est-ce parce que les pĂšres n’aiment leur fille qu’à moitiĂ©? » Ali cite le verset du Coran d’oĂč Ă©mane cette loi et explique Ă  SĂ©lima que ce verset sans ambiguĂŻtĂ© ne permet aucune autre interprĂ©tation. Ali meurt. SĂ©lim applique la loi sur l’hĂ©ritage Ă  la lettre et part vivre Ă  l’étranger. Qu’adviendra-t-il de SĂ©lima ?  (Source : le site officiel du film « Chtar Mhabba », http://www.lautremoitieduciel.com )

QUI EST LA REALISATRICE ET MONTEUSE TUNISIENNE Kalthoum BORNAZ ?

NĂ©e en 1945 Ă  Tunis (Tunisie). Kalthoum BORNAZ fait a Tunis des Ă©tudes de lettres avant d’Ă©tudier le cinĂ©ma Ă  Paris : Ă  l’IDHEC et Ă  l’UniversitĂ© de Paris III. En 1968, elle obtient son diplĂŽme de fin d’Ă©tudes de Scripte et Montage. Elle travaille comme scripte Ă  la tĂ©lĂ©vision française, comme assistante sur plusieurs longs mĂ©trages (pour les rĂ©alisateurs Ferchiou, Ben Ammar, Khemir, Chabrol, Zeffirelli et Moati) et comme monteuse pour une douzaine de courts mĂ©trages ainsi que plusieurs longs mĂ©trages. Depuis 1968, dans son pays et Ă  l’Ă©tranger, elle occupe dans de nombreuses productions tunisiennes et internationales les postes de scripte, 1Ăšre assistante de rĂ©alisation et monteuse. Elle participe notamment au montage de “Vendredi ou la vie sauvage” de G. VergĂšs, “Pirates” de R. Polansky et “La Barbare” de M. Darc, et comme scripte ou assistante Ă  la rĂ©alisation de “Les Magiciens” de C.Chabrol, “JĂ©sus de Nazareth” de F.Zeffirelli, “Les Baliseurs du dĂ©sert” de N.KhĂ©mir, etc. AprĂšs cette longue expĂ©rience de technicienne, elle dĂ©bute une carriĂšre de rĂ©alisatrice de courts et moyens mĂ©trages : “Couleurs fertiles” (1984), “Trois personnage en quĂȘte d’un thĂ©Ăątre” (1988), “Regard de mouette” (1991), “Un Homme en or” (1993), “Nuit de noces Ă  Tunis” (1996). “Keswa – Le Fil perdu” / KiswĂą al-khayt al-dhĂąi’ (1997) est son premier long mĂ©trage. Elle est aussi productrice avec LES FILMS DE LA MOUETTE. filmographie Jugement d’une femme 2003 Monteur(euse) Autre MoitiĂ© (L’) 2006 RĂ©alisateur(trice), ScĂ©nariste Keswa, Le fil perdu 1997 RĂ©alisateur(trice), ScĂ©nariste Histoire d’une rose (L’) 2007 Monteur(euse) Regard de mouette 1991 RĂ©alisateur(trice) Trois personnages en quĂȘte d’un thĂ©Ăątre 1988 RĂ©alisateur(trice) Couleurs Fertiles 1984 RĂ©alisateur(trice) Un homme en or 1993 RĂ©alisateur(trice) Nuit de noces Ă  Tunis 1996 RĂ©alisateur(trice) ForĂȘt d’El Medfoun 1996 RĂ©alisateur(trice) Couleurs fertiles 1984 RĂ©alisateur(trice) Regard de mouette 1991 RĂ©alisateur(trice) Trois personnages en quĂȘte d’un thĂ©Ăątre 1988 RĂ©alisateur(trice) Madfoun 1998 RĂ©alisateur(trice) (Source : le site « AfriCinĂ© », visitĂ© le 10 octobre 2008) Lien : http://www.africine.org/?menu=fiche&no=7156#filmo  


Kalthoum BORNAZ Bio- filmographie résumée

CinĂ©aste tunisienne, K. Bornaz a fait ses Ă©tudes de cinĂ©ma Ă  l’I.D.H.E.C. (FEMIS) Ă  Paris oĂč elle obtient un diplĂŽme de Scripte et de Montage. De retour en Tunisie, elle travaille comme technicienne avec de nombreux rĂ©alisateurs tunisiens et internationaux : A. Ben Ammar, C. Chabrol, F. Zeffirelli, N. KhĂ©mir, R. Polanski, R. Chahal,  F. Benlyazid, J. Saadi
 Filmographie :     *  1986 Couleurs Fertiles (c-m – 15 min. 35mm)     *  1988 Trois Personnages en QuĂȘte d’un ThĂ©Ăątre (m-m – 42 min. 35mm)     *  1992 Regard de Mouette (c-m – 18 min. – 35 mm)     *  1996 Nuit de Noces Ă  Tunis (c-m – 27 min. – VidĂ©o ) pour Arte.     *  1998 Keswa – Le Fil Perdu (L-m – 96 min. – 35 mm)     *  2000 La ForĂȘt d’El Medfoun (c-m – 10 min – 35mm) ·         2008 L’Autre MoitiĂ© du Ciel (L-m – 93 min – 35mm) (Source : le site « CinĂ©ma Tunisien », le 12 septembre 2008) Lien : http://www.cinematunisien.com/realisateurs/kalthoum-bornaz-3.html  


Au CinĂ©mafricart : L’autre moitiĂ© du ciel de Kalthoum Bornaz « Et le scĂ©nario
 ? »

 
L’autre moitiĂ© du ciel de Kalthoum Bornaz Le premier film tunisien sorti aprĂšs «L’accident» de Ferchoui depuis avril dernier. Jouant dans une salle seulement, le CinĂ©mafricart, «L’autre moitiĂ© du ciel» est forcĂ©ment, en tant que production tunisienne, un Ă©vĂ©nement
 Dans «L’accident», Sana Kassous et YounĂšs Ferhi Ă©taient mari et femme. Rapports tendus, couple qui se dĂ©laisse. Dans le film de Bornaz, ils sont pĂšre et fille. MĂȘmes rapports, pratiquement. Les deux comĂ©diens, rĂ©vĂ©lĂ©s au grand public par les feuilletons tunisiens, trouvent leur bonheur dans le cinĂ©ma, aussi bien apprĂ©hendĂ© et nettement moins apprĂ©ciĂ© – Ă  cause des dĂ©ceptions et de la variĂ©tĂ© du public – que les feuilletons. L’approche et les prĂ©occupations propres aux productions cinĂ©matographiques tunisiennes leur font toujours faire des contre-emplois. Se joignent Ă  eux Fethi Msellmani (dans un rĂŽle plus important que celui qu’il avait dans «L’accident») et le jeune premier Mourad Meherzi, entre autres. Ce dernier joue le rĂŽle de SĂ©lim, frĂšre jumeau de SĂ©lima (Sana Kassous) –la premiĂšre scĂšne du film, leur anniversaire, devait nous le faire comprendre –, et, orphelins de mĂšre, ils vivent avec leur pĂšre. Leur mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e en couches, et ils n’ont plus rien d’elle, mĂȘme pas une photo. Le pĂšre Ali fait tout pour les Ă©loigner d’elle, il garde jalousement les piĂšces qui le rattachent Ă  son souvenir, sans mĂȘme leur donner le droit de voir sa tombe, ou mĂȘme de savoir oĂč elle est. Une tombe qu’il lui arrive de visiter complĂštement ivre, puisque, alcoolique et dĂ©rangĂ© (de plus en plus dans l’évolution de l’histoire), cet avocat se perd dans les marasmes de sa mĂ©moire oĂč trĂŽne sa femme et dans les revendications de ses enfants qui lui en veulent de ne pas leur dire qui ils sont vraiment, en quelque sorte. Et, petit Ă  petit, la haine va grandir en eux et il ne sera plus leur pĂšre, en attendant cet oncle qui va venir d’Australie et leur rĂ©vĂ©ler leur vraie identitĂ©. Tel est le principal sujet du film : une quĂȘte de sa propre identitĂ© Ă  travers celle de la mĂšre inconnue. Chacun des frĂšre et sƓur, bien que le film s’intĂ©resse particuliĂšrement Ă  cette derniĂšre, essaie de retrouver Ă  sa façon l’amour qu’il lui manque. SĂ©lim, dont un effort d’interprĂ©tation de la part du spectateur pourrait expliquer le fait qu’il veuille devenir styliste modĂ©liste (couturiĂšre, dit le pĂšre qui veut qu’il devienne Ă©conomiste), Ă©pie la voisine d’en face quand elle allaite ; cette obsession de la poitrine des femmes, et donc de la figure maternelle, Ă©chappe au but escomptĂ© en cĂ©dant Ă  de la frustration pure et dure dans l’horrible affiche trĂšs suggestive, extraite du film lui-mĂȘme, et qui montre SĂ©lim Ă©treignant une coupole en forme de
 non ! tout de mĂȘme pas
 SĂ©lima, elle, Ă©tudiante en archĂ©ologie, se loge dans l’amour de Bassam (Ayham Kamel), ressortissant d’un pays arabe (le Liban ?). Cette figure intĂ©grĂ©e au scĂ©nario veut se poser en vis-Ă -vis d’une question soulevĂ©e dans le film : les droits de la femme, dont ceux de l’hĂ©ritage. Quant Ă  cela, le spectateur s’étonne de s’ĂȘtre trompĂ© de film en quelque sorte lorsque le sujet, dit principal, n’est traitĂ© que pendant les dix derniĂšres minutes, et dont on tient le titre. Le synopsis prĂ©sente SĂ©lima qui dĂ©couvre que, selon la loi tunisienne inspirĂ©e de la Chari’a, une fille n’hĂ©rite que de la moitiĂ© de la part d’un garçon, et que SĂ©lim, malgrĂ© sa fidĂ©litĂ©, applique la loi Ă  la lettre Ă  la mort du pĂšre. En visionnant le film, on attend que l’histoire commence, ce qui ne survient qu’aux dix derniĂšres minutes quand le pĂšre est mort et que l’hĂ©ritage doit ĂȘtre partagĂ©. Pas de chance, on a dĂ» (trĂšs) longtemps supporter YounĂšs Ferhi. On est encore plus interloquĂ©, dĂ©routĂ©, en se rendant compte que le nƓud du film n’est que l’un des diffĂ©rents sujets Ă©voquĂ©s par la scĂ©nariste (au mĂȘme titre que LĂ©nine, Bagdad et l’injustice ; on a Ă©chappĂ© tout de mĂȘme Ă  l’immigration clandestine). Et la question posĂ©e par SĂ©lima au pĂšre, concernant l’hĂ©ritage : «Est-ce parce que les pĂšres n’aiment leurs filles qu’à moitiĂ© ?», reste dans le contexte de naĂŻvetĂ© dans laquelle elle Ă©tait posĂ©e, bien que la rĂ©alisatrice ait voulu insister dessus montrant plusieurs fois, et peut-ĂȘtre mĂȘme Ă  l’excĂšs, des minarets, pour indiquer l’origine de cette loi, sans pour autant expliquer la raison de son instauration. Pour exprimer une certaine injustice, Bornaz Ă©lude les fondements de la loi islamique, cela si elle les connaissait. Sinon comment, SĂ©lima, une fille de plus de vingt ans, ne peut-elle connaĂźtre cette loi, aussi protecteur son pĂšre soit-il, quand on sait que c’est enseignĂ© Ă  l’école ? De fait, le film demeure d’une naĂŻvetĂ© extrĂȘme, aussi bien dans les scĂšnes que dans le dialogue, signĂ© Mohamed Raja Farhat ; le but escomptĂ© Ă©tait que ce soit surrĂ©aliste, ce n’en est que davantage candide et Ă©nervant. Toute l’Ɠuvre de Kalthoum devait, manifestement, ĂȘtre surrĂ©aliste au dĂ©part, d’oĂč les personnages, les situations et les dialogues en l’occurrence. Mais il y a incompatibilitĂ© entre texte et contexte. Le surrĂ©alisme, au contraire de «Kesswa», le premier film de Bornaz, est ici inutile, et l’anecdotisme ne l’aide nullement. Devant aussi bien faire rire que rĂ©flĂ©chir, le spectateur en est muĂ© et idiotifiĂ©. Et le jeu des acteurs, perdus dans le brouillard, se rĂ©vĂšle indigeste, de mĂȘme que la succession des sĂ©quences, les plans (dont plusieurs clichĂ©s) et le traitement de l’image : de trĂšs mauvaise qualitĂ©, les couleurs en sont agressives
 La figure de la mĂšre, renforcĂ©e par une allusion Ă  «Tout sur ma mĂšre» d’AlmodĂłvar (chez qui, on le sait, le thĂšme est rĂ©current), au lieu d’interpeller par le degrĂ© de prĂ©sence du personnage absent, est complĂštement massacrĂ©e. Et les raisons du secret gardĂ© par le pĂšre nous Ă©chappent totalement, bien que la rĂ©alisatrice ait usĂ© de tout (y compris le fĂ©tichisme non justifiĂ©) et de n’importe quoi. Et alors le drame part en friche. Il sera restĂ© dans notre mĂ©moire autant de minutes que le nombre de spectateurs dans la salle
 Lui ayant prĂ©sentĂ© le plan qu’il prĂ©voit pour elle suite au dĂ©cĂšs du pĂšre, SĂ©lim demande Ă  sa sƓur : «Et le scĂ©nario, il est bon ?» Nous, on ne se pose mĂȘme pas la question.  (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 octobre 2008)
 

Edition

Hamza Belloumi, “Pour un islam meilleur”

Ebooks | 125 pages | 27-08-2008

PRIX : 10.00€ |  RĂ©sumĂ©

Si nous sommes attachĂ©s Ă  avoir un islam meilleur, beaucoup de travail reste Ă  faire : un travail qui doit suivre une dĂ©marche composĂ©e de trois Ă©tapes : dĂ©construire, critiquer et reconstruire. Et qui doit avoir pour objet d’Ă©tude : le fiqh, la charia, la libertĂ©, l’Ă©galitĂ©… et tout ce qui est sacrĂ©.

C’est Ă  la rĂ©flexion autour de certains de ces sujets que je vous invite dans ce livre dans lequel j’ai rĂ©uni un certain nombre d’articles que j’ai publiĂ© entre mars 2006 et mars 2007 sur le blog Islamiqua, en plus de deux contributions inĂ©dites.

Sommaire:

Introduction

I) L’islam et la critique

A. Caricatures du ProphÚte : Notre responsabilité

B. Peut-on (encore) critiquer l’Islam ?

II) Les contestataires

A. Talbi, libre penseur de l’islam

B. Ali Dilem : combattre l’islamisme par les caricatures

C. Boulem Sansal : « Les islamistes prennent peu à peu le contrÎle de tous les domaines »

D. Magdi Allam, Anti-musulman ou anti-islamiste ?

E. Wafa Sultan, une ex-musulmane pas comme les autres

F. Ayaan Hirsi Ali, l’infidĂšle

III) Islamophobie ?

A. Du malheur d’ĂȘtre musulman

B. A propos de l’extrĂ©misme chrĂ©tien : Al-Hayet, chaĂźne Ă©vangĂ©liste de propagandes anti-musulmanes

C. L’Islam et la France

IV) Ces chiffres qui parlent…

A. Pour qui sommes nous entrain d’Ă©crire ?

B. Les musulmans et la démocratie

C. Lorsque les musulmans se radicalisent

V) L’islamisme au Maghreb

Tunisie

A. La Tunisie face au terrorisme

B. Le terrorisme islamiste au Maghreb : Le Maghreb tremble

C. La Tunisie s’attaque Ă  l'”habit sectaire”

D. Le voile est-il obligatoire en islam ?

E. Vers une égalité successorale ?

Maroc

A. Les islamistes au pouvoir ?

B. El-Othmani, un islamiste « original » !

VI) … Et Dieu crĂ©a la femme

A. La femme aux yeux des islamistes

VII) Les frĂšres ennemis

A. Introduction Ă  l’histoire du Chiisme

B. Différences entre sunnites et chiites

VII) Nouvelles approches

A. Aux origines du fiqh

B. Le pensable est-il possible ?

C. Orient – Occident : Nouvelles approches

D. Orient et Orientaux

E. Que s’est-il passĂ© ?

(Source : le site « oodoc.com », visité le 10 octobre 2008)

Lien :http://www.oodoc.com/52854-islam-meilleur-belloumi-islamiqua.php

 

 

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