10 octobre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2697 du 10.10.2007
 archives : www.tunisnews.net

AP: Un tribunal américain bloque le transfert d’un prisonnier de Guantanamo vers la Tunisie Washington Post : Judge Orders U.S. Not to Transfer Tunisian Detainee Liberté et Equité: Communique’s Luiza Toscane: « S’il vous plaît, utilisez votre liberté… »Seconde partie : Adel Tebourski Des comités de soutien aux comités de lutte

Edito de l’Audace: Pendant que Ben Ali fourbit ses armes pour 2009 et bien au-delà, – CES TUNISIENS A COUTEAUX TIRÉS

The Christian Science Monitor: Secular Tunisia may face a new, younger Islamist challenge

Zizou:Mes Livres Saisis: Sont ils interdits?

AFP: Education et médias au centre de la conférence de l’OSCE sur l’islamophobie

Reuters: Paris Ramadan radio raps Muslim ignorance of Islam

 

 


 

Appel de détresse de Tunisie (*)

 

 

Au nom de Dieu le Clément, le  Miséricordieux,

Appel à toute âme charitable

A nos frères en Dieu dans le monde entier

A toute conscience vive et humanitaire

 

Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.

 

Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.

 

Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.

 

Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais  aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.

 

Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et  une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.

 

Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.

Il y a, certes,  des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.

Il y en a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de  leur pauvreté.

 

D’autres sollicitent  Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.

 

Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.

 

Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :

 

Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer  entraînant  la mort dans de nombreux cas.

 

Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.

 

La situation  de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.

 

Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.

 

Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.

 

Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.

 

Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.

 

Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous  faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.

 

Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.

 

Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.

 

Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.

Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »

 

Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !

 

Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.

 

 

(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous  la transmettons à l’opinion publique  pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.

Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait  appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.

 

« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)

 

« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)

 

Vous pouvez  faire parvenir vos dons:

 

* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)

 

* en envoyant vos dons à cette adresse :

TAKAFUL  16, cité vert –  94370 Sucy en Brie.

France

 

Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98

e-mail :contact@hotmail.fr

 

* par virement  bancaire à l’adresse suivante :

 

la Banque Postale. / France

 

Etablissement         guichet          n° compte          clé RIP

30041                   00001        5173100R020          42

 

Identifiant International de Compte  IBAN

FR54  3004  1000   0151   7310  0R02  042

 


 
 

HISTORIQUE : LA JUSTICE DES USA CONFIRME LA REALITE DECRIEE DEPUIS LONGTEMPS PAR L’OPPOSTION NATIONALE ET RESPONSABLE ET PAR LA SOCIETE CIVILE INDEPENDANTE :

LA PRATIQUE DE TORTURE EST SYSTEMATIQUE EN TUNISIE

 

 

Un tribunal américain bloque le transfert d’un prisonnier de Guantanamo vers la Tunisie

Associated Press, le 10 octobre 2007 à 03h43

 

par Andrew O. Selsky

 

SAN JUAN, Porto-Rico (AP) — Une juge fédérale américaine a bloqué le transfert d’un détenu tunisien de Guantanamo Bay vers son pays d’origine, décidé par le département de la Défense, arguant qu’il risquait d’y être soumis à la torture, a-t-on constaté dans un jugement qui constitue une première dans le traitement des prisonniers soupçonnés d’actes terroristes détenus par les Etats-Unis.

 

La décision de la juge Gladys Kessler ne connaît aucun précédent en tant qu’intervention directe dans le sort d’un prisonnier de Guantanamo Bay, où 330 personnes accusées d’être liées à Al-Qaïda

ou aux talibans sont toujours détenues sans possibilité de recours devant les tribunaux civils américains, selon le groupe Human Rights Watch et l’avocat du prisonnier tunisien.

 

« C’est la première fois depuis que le Congrès a essayé de supprimer la juridiction des tribunaux sur les détenus qu’un tribunal est intervenu et a dit à l’administration: ‘attendez. Vous ne pouvez pas faire ce que vous dites que vous voulez faire' », a déclaré Jennifer Daskal, conseillère de l’ONG Human Rights Watch en charge des affaires antiterroristes.

 

Selon la juge Kessler, Mohammed Abdul Rahman a été condamné par contumace en Tunisie à 20 ans de prison et pourrait faire face à des actes de torture s’il était rapatrié. Sa décision a été rendue le 2 octobre, mais était placée sous scellé jusqu’à mardi.

 

Le département de la Défense avait décidé du transfert en 2005. Une porte-parole du Pentagone a déclaré mardi que l’administration américaine tente de s’assurer que les rapatriés ne courent aucun risque d’abus.

 

« Les détenus ne sont pas rapatriés vers des pays où il est probable (…) qu’ils soient torturés », a déclaré Cynthia Smith à l’Associated Press dans un courrier électronique.

 

Human Rights Watch a cependant fait état le mois dernier de mauvais traitements contre deux prisonniers transférés en Tunisie il y a près de quatre mois, malgré les assurances des autorités

envers Washington. Des accusations niées par Tunis.

 

Associated Press


Judge Orders U.S. Not to Transfer Tunisian Detainee

By Josh White Washington Post Staff Writer  

A federal district judge has ordered the government not to transfer a Tunisian detainee held at

Guantanamo Bay, Cuba

, to his home country, over fears that he would be tortured or killed. The move marks the first time a court has prevented U.S. officials from making such a transfer and is the first ruling in favor of an individual detainee’s rights at the detention facility since Congress restricted court oversight of the detainees.

 

Judge Gladys Kessler of the U.S. District Court for the District of Columbia ruled last week that Mohammed Abdul Rahman cannot be sent to Tunisia because he could suffer « irreparable harm » before the Supreme Court rules in a landmark case that could give him access to U.S. courts. Her decision was unsealed yesterday.

 

Rahman’s case underscores the challenges facing the Bush administration as it seeks to transfer alleged enemy combatants out of Guantanamo Bay and to the custody of their home nations as part of an effort to close the facility. Acknowledging the tainted reputation that Guantanamo has gained internationally, U.S. officials have long been seeking to send detainees elsewhere, relying on diplomatic agreements that the recipient countries will not mistreat them.

 

While President Bush and other officials have publicly stated their desire to close the facility, the administration has engaged in heated internal debates and has not come to a consensus on how to do so, as well as on the fate of the detainees who would need to remain in custody. Guantanamo’s population has been slowly dwindling as U.S. officials have negotiated the transfer of hundreds of detainees to their home nations.

 

But some detainees would rather remain at Guantanamo than face possible torture or death at home and have begun to challenge their departures in U.S. courts. Rahman is the first detainee to succeed in that effort. Two other detainees recently sent to Tunisia have reported that they were abused and tortured there, according to their attorneys and human rights groups.

 

The Rahman decision could lead to similar requests from detainees facing transfer to countries with spotty human rights records, possibly putting the U.S. government in the difficult position of having to hold people at Guantanamo indefinitely even after the military has cleared them for transfer or release. It also shows the court’s willingness to accept jurisdiction over such claims, at least until the Supreme Court rules in Boumediene v. Bush, which could grant detainees habeas corpus rights, or the right to challenge their detention in U.S.courts.

 

« 

This is the first time the judicial branch has exercised its inherent power to control the excesses of the executive as to treatment of prisoners at Guantanamo Bay, » said Joshua Denbeaux, Rahman’s attorney. « The executive has now been told it cannot bury its Guantanamo mistakes in Third World prisons. »

 

Another Guantanamo detainee, Abdul Ra’ouf Omar Mohammed Abu al-Qassim, publicly fought transfer to his home country of Libya in June, also fearing torture or death. Though he exhausted all of his options in court, members of Congress petitioned the State Department not to send Qassim to Libya, and U.S. officials indefinitely postponed his transfer.

 

Jennifer Daskal, senior counterterrorism counsel at

Human Rights Watch,

said the ruling highlights the need for oversight of the government’s transfer policies. « It’s an important andsignificant development and positive step forward, » Daskal said. « Having a court step in and order the administration not to transfer a detainee to what is likely torture sets a precedent for other courts and other judges to do the same thing. »

 

The decision also indicates how much hangs on the Boumediene case. Kessler on the same day last week granted similar relief to a detainee held at Bagram air base in Afghanistan, saying the government cannot transfer him until the Supreme Court rules.

 

« It shows why the stakes are so high in the Supreme Court case, » said David Remes, who represents detainees at Guantanamo. « If the Supreme Court rules that Guantanamo detainees have the right to habeas corpus, judges will be able to enter this kind of restraining order against the government to protect them from being sent to other countries where they may be tortured or killed. »

 

Erik Ablin, a Justice Department spokesman, said the government argued that Kessler’s court does not have jurisdiction in the case. « The court’s order recognizes that the jurisdictional issue — which was resolved by the

U.S. Court of Appeals

for the D.C. Circuit in favor of the government in Boumediene v. Bush— is currently before the Supreme Court, » Ablin said. « The government is now reviewing the district court order and considering its options. »

 

One U.S. official familiar with the case said the government views Kessler’s decision as an « interim solution » and not a substantive finding. Cynthia Smith, a Pentagon spokeswoman, said that « detainees are not repatriated to countries where it is more likely than not that they will be tortured » and noted that the Defense Department investigates allegations of mistreatment.

 

Rahman’s attorneys have argued that their client suffers from serious health problems and that Tunisia convicted him of terrorist crimes in absentia, based on laws created while Rahman was held at Guantanamo Bay. A 20-year prison sentence awaits Rahman, and his attorneys have argued that Tunisia’s record of torture and maltreatment could amount to a death sentence.

 

« 

In view of the grave harm Rahman has alleged he will face if transferred, it would be a profound miscarriage of justice » if the court denied Rahman’s petition to remain at Guantanamo, Kessler wrote in an eight-page order. She added that the upcoming Supreme Court case could lead to the courts opening up to detainees such as Rahman. « At that point, the damage would have been done. »

 

The U.S. military has transferred or released approximately 445 detainees from Guantanamo to other countries. Government officials say they regularly receive assurances that the detainees will not be ill-treated. About 330 detainees remain at Guantanamo.

 

Denbeaux, who has worked with Seton Hall University’s Law School in studying the Guantanamo detainees’ cases, said that 55 percent have never been accused of committing a hostile act against the United States or its allies and that 60 percent were neither fighters for the

Taliban nor for al-Qaeda.

Denbeaux contends that Rahman is in both groups.

 

Staff researcher Julie Tate contributed to this report.

 

(Source: « The Washington Post » (Quotidien – USA, le 10 Octobre 2007)


 

Liberté et Equité

33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis

Tel/fax : 71 340 860

Email : liberté_equite@yahoo.fr

 

Tunis, le 9 octobre 2007

 

Nous avons reçu une lettre de familles de prisonniers d’opinion dont les noms suivent : Familles de Boubaker Cherradi, Maher Beziouche, Jassam Mokni, Khaled Arfaoui, Mahmoud Ayari, Mahjoub Zayyani, Tarek Hammami, Les frères Nasri, Aymen Dridi, Bilel Marzouki, les deux frères Herzi, Chaker Jendoubi, Hichem Beldi, Slim Habib, Mustapha Mihoub, Mohammed Touahami Yacoub, Rabi’i Khelifi, Mohammed Ali Horchani, Hichem Saadi, Aymen Limam, Ahmed Souheïli, Hassem Abdessamad, Nidhal Boulaabi, Ghaith Ghazouani, Sami Rbi’i, Mohammed Abbachi, Radhouane Fez’i, Ramzi Ben Saïd, Naoufel Sassi, Anis Hedhili, Hazem Draouil, Nader Ferchichi, Mohammed Ben Mohammed, Les deux frères Layouni, Karim Belloumi, Mohammed Amine Aoun, Hassan Ben Brahim, Abdelwahab Ayari.

 

Elles sont déterminées à faire une grève de la faim à l’occasion des deux jours de l’Aïd afin de protester contre :

 

Les arrestations infondées de leurs fils et des leurs, et leurs condamnations arbitraires.

Les violations commises en prison, allant jusqu’aux sévices et à la torture

Les brimades dont leurs familles font l’objet

La négligence sanitaire, la malnutrition et les très dures conditions carcérales

Les familles souhaitent attirer l’attention de l’opinion publique, tant à l’intérieur qu’à l’étranger, sur la question de la jeunesse pratiquante en butte à toutes sortes de brimades, allant des arrestations aux procès et à la torture, alors qu’elle n’a rien commis de répréhensible.

 

Pour le bureau exécutif de l’organisation

Maître Mohammed Nouri

 

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

 

Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax : 71 340 860 Email : liberté_equite@yahoo.fr Tunis, le 9 octobre 2007

* Madame Fatima Bouraoui nous a informés que son fils, monsieur Khaled Layouni, actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia, souffrait d’une toux aiguë et d’une grippe sévère pour avoir été contraint par l’administration de la prison à dormir à même le sol dans une cellule contenant quatre personnes alors qu’elle est prévue pour trois. Il semblerait que l’administration de la prison de Mornaguia ait voulu le torturer pour avoir protesté sans cesse contre les mauvais traitements, notamment la négligence. En effet l’eau a été coupée dans sa cellule en raison de fuites dans la canalisation qui n’ont pas été réparées alors que cela dure depuis longtemps. * La famille de monsieur Hassan Chebbi, un instituteur en poste à l’Ariana, nous a informés que la police politique l’avait arrêté lundi 8 octobre 2007 à cinq heures de l’après midi sans que la famille ne soit informée des raisons de cette arrestation. Les élèves ont été privés de cours le mardi 9 octobre, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’a pas été libéré. * La famille de monsieur Lassaad Mermech qui a été arrêté au début de l’année 2007, une semaine après son mariage, et qui se trouve actuellement à la prison de Mornaguia, a dit, -et elle le tient de son fils lors de la visite qu’elle lui a rendue vendredi 5 octobre-, qu’il avait été soumis à toutes formes de torture dans les locaux de la Sûreté de l’Etat et que des investigations étaient toujours en cours concernant ses convictions et pratiques religieuses. * Nous avons été contactés par l’étudiante Amel Ben Rouhouma qui nous a dit être inscrite à l’école supérieure d’ingénieurs en équipement agricole de Majez El Bab depuis quatre ans. Elle s’est inscrite cette année pour suivre les cours de dernière année mais le directeur de l’école a donné des consignes afin qu’elle et sa collègue, l’étudiante Hajer Ben Mohammed, se voient interdire l’entrée dans l’école et les cours qui ont commencé le 17 septembre 2007, en raison du voile qu’elles portent. Pour cette raison aussi, elles ne peuvent habiter au foyer des étudiantes, ce qui les a contraintes à se loger dans le privé à Majez El Bab, à plusieurs kilomètres de l’école, leur occasionnant des dépenses supplémentaires de transport, lequel est presque inexistant dans cette région. La police politique a menacé tous ceux qui les hébergeaient et elles ont ainsi changé de domicile quatre fois. Les deux jeunes filles redoutent de perdre leur année, qui a commencé il y a déjà un mois. Pour le bureau exécutif de l’organisation Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

 

Des comités de soutien aux comités de lutte

 

Depuis vingt jours, deux dirigeants du PDP ont entamé une grève de la faim pour revendiquer le droit à la liberté d’organisation en Tunisie, droit bafoué pour le PDP comme pour tout parti ou structure indépendante du pouvoir.

 

Comme lors de chaque grève de la faim, surgissent espoirs et initiatives de soutien : messages, pétitions, manifestations, rassemblements, délégations, mise sur pied de comités de soutien, tant au niveau national qu’international, affluent et témoignent de l’aspiration de tout un peuple asphyxié à la démocratie, et nombre de militants qui ont voulu s’exprimer en ce sens ont été réprimés avant même de pouvoir apporter leur soutien aux grévistes.

 

Au terme de vingt jours de grève de la faim, se posent pour toutes celles et ceux qui veulent en finir avec la dictature les questions de la poursuite et de la construction du mouvement. La grève de la faim prendra fin, tôt ou tard. Forts de l’expérience de la grève de la faim du 18 octobre, nous savons qu’une grève de la faim, même médiatisée et ayant déclenché une empathie planétaire, peut prendre fin sans pour autant avoir créé de nouvelles conditions de lutte, et que les structures qui la « soutiennent » s’effondrent sitôt finie la grève, comme un château de cartes.

 

La grève de la faim de Néjib Chebbi et Maya Jribi n’est sans doute pas aussi médiatisée que celle du 18 octobre, mais l’essentiel n’est pas là : elle survient dans un contexte différent, porteur de potentialités politiques qui pourraient s’avérer prometteuses, à condition que nous nous y mettions.

La remontée des luttes sociales, l’effervescence à l’université, la combativité de secteurs syndicaux, la colère des chômeurs diplômés, l’audace des familles de prisonniers en est concomitante.

 

Déjà on a vu des délégations de syndicalistes enseignants au local des grévistes. Il ne s’agit certes que d’un début, que d’une jonction embryonnaire entre des combats qui se sont largement ignorés pendant des décennies.

 

Aujourd’hui, l’heure est pour toutes celles et ceux qui soutiennent ce mouvement, à passer à l’étape suivante, celle de la construction d’un mouvement démocratique capable d’en découdre durablement avec la tyrannie, bref d’un mouvement qui survive à la grève de la faim.

 

Dans l’immédiat, il y a urgence à envisager la poursuite du mouvement sous d’autres formes, à envisager la relève de la grève de la faim, par des actions de relais pouvant se poursuivre jusqu’aux dates symboliques, et politiques, des 18/10 et 07/11, à exhorter tous les secteurs de la société en lutte pour des revendications sectorielles à se joindre au mouvement.

 

Une grève de la faim ne mettra pas fin à la dictature,

Une manifestation ne mettra pas fin à la dictature

 

Une grève ne mettra pas fin à la dictature

Seul un puissant mouvement d’ensemble permettra de l’envisager.

 

Luiza Toscane, Mohamed Amami


 

« S’il vous plaît, utilisez votre liberté… »  

Depuis vingt ans, soit depuis le 7 novembre 1987, la dictature tunisienne bénéficie du soutien inconditionnel et indéfectible des autorités françaises, tous gouvernements confondus. Les victimes de la dictature subissent depuis deux décennies le joug de deux Etats liés par des complicités politiques, économiques, sécuritaires ou… personnelles. Les nouveaux dirigeants français s’époumonent et s’affichent, de Tripoli à Kaboul, de Bogota à Rangoon, pour exprimer compassion et soutien aux victimes de tyrannies « ennemies ». En ce 7 novembre 2007, il y urgence à faire notre la phrase d’Aung San Suu Kyi, secrétaire générale de la Ligue Nationale pour la Démocratie (Birmanie) et Prix Nobel de la Paix 1991 : « S’il vous plaît, utilisez votre liberté pour promouvoir la notre ».

 

Seconde partie : Adel Tebourski

 

Il y a un an, Adel Tebourski était renvoyé en Tunisie

 

Le 7 août 2006, Adel Tebourski était mis à bord de l’avion qui allait le ramener en Tunisie, au terme d’un marathon qui a vu l’intéressé et les associations qui le soutenaient s’affronter aux représentants d’un Etat qui avaient imaginé, programmé et appliqué un scénario où pas un détail n’avait été omis, à la grande satisfaction des autorités tunisiennes.

 

Adel Tebourski quitte la Tunisie en 1985 pour étudier en Belgique. Le 15 juillet 1995, il se marie avec une ressortissante française. Un an plus tard, il est père d’un enfant. Lui-même obtient la nationalité française en mars 2000.

 

En novembre 2001, il est écroué et condamné à une peine de six ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » dans le cadre d’une affaire liée à l’assassinat du Commandant Massoud. Il divorce en 2004 alors qu’il est emprisonné. Il achève sa peine en juillet 2006, mais la veille de sa sortie du centre de détention de Nantes, soit le 21 juillet, lui est notifiée une décision de déchéance de sa nationalité française, -prise au terme d’une procédure engagée un mois plus tot (1)- par le Ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement (il s’agit à l’époque de Jean-Louis Borloo). Il saisit immédiatement la Préfecture pour demander l’asile.

 

Le lendemain, la levée d’écrou est assortie d’un arrêté ministériel d’expulsion (Nicolas Sarkozy est alors ministre de l’Intérieur), pris « en urgence absolue » pour « nécessité impérieuse pour la sûreté de l’Etat »(2), d’un refus de la préfecture de lui donner un titre de séjour accompagnant sa demande d’asile, et d’un arrêté préfectoral de placement en rétention. Il est illico acheminé vers une destination qu’il ignore, en réalité le centre de rétention du Mesnil-Amelot, à proximité de l’aéroport de Roissy. Un autre arrêté ministériel fixe le même jour la Tunisie comme pays de destination pour le renvoi d’Adel Tebourski (3).

 

Dès lors, le plan ourdi par les autorités françaises ne devait souffrir aucune altération ni retard. La suite est édifiante :

 

Le 23 juillet, le juge de la détention et des libertés de Meaux prolonge son maintien en rétention pour quinze jours. Le 24, Adel Tebourski demande la suspension de l’arrêté pris à son encontre, requête rejetée par le juge des référés le 26 par ordonnance. Le même jour, il saisit, via son avocat, maître Franck Boezec, la Cour Européenne des droits de l’homme.

 

Le 26 juillet, Adel Tebourski, dépose une requête en annulation, accompagnée d’une demande de suspension, qui sera audiencée le 4 août. Le même jour, il saisit par l’intermédiaire de l’ACAT et de la CIMADE le Comité contre la Torture de l’ONU. Dès le 27, le haut commissariat au droits de l’homme de l’ONU prie « l’Etat-partie [la France] de ne pas renvoyer M. Adel Tebourski à la Tunisie pendant que la requête est examinée par le Comité. Cette demande est formulée sur la base des informations contenues dans la requête » (4).

 

Le 27 juillet, il apprend qu’il sera présenté au Consul de Tunisie, dans le but de se faire délivrer un laisser-passer, car il n’a pas de passeport tunisien. Le même jour, il est entendu à l’Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), car sa demande fait l’objet d’une procédure prioritaire, soit un traitement en urgence.

 

Le 28, sa demande d’asile est rejetée par l’OFPRA (5), et il est emmené au Consulat tunisien et il découvre que le rejet par l’OFPRA de sa demande d’asile a été transmis aux autorités consulaires. Sitôt revenu au centre du Mesnil Amelot, il commence une grève de la faim et de la soif.

 

Le 29 juillet, le Tribunal Administratif de Paris rejette le second référé liberté déposé par Adel Tebourski (6). Lors de l’audience, son avocat, Franck Boezec fait état d’un « ordre d’acheminement » vers la Tunisie par bateau, prévu pour le lundi suivant par bateau, ce à quoi l’avocate du ministère de l’Intérieur, Maître Sophie Tassel, rétorque qu’il ne s’agit que d’une « réservation ».

 

Déjà soutenu par la CIMADE, la Ligue des Droits de l’Homme et l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT), Adel Tebourski reçoit le 28 juillet le soutien d’Amnesty International (7). Le même jour, lors du point-presse du Quai d’Orsay, le porte-parole du ministre ne répond pas à la question du journaliste : « je voudrais savoir si la France compte procéder à cette expulsion ou si au contraire vous allez répondre à l’appel du Comité contre la Torture de l’ONU ?» et se réfugie derrière l’OFPRA qui « se prononce en toute indépendance ».

 

Le samedi 4 août, le Tribunal administratif rejette le troisième référé contre l’expulsion d’Adel Tebourski vers la Tunisie. Et le 7 août, Adel Tebourski est emmené à l’aéroport de Roissy, et non au port de Marseille, comme une « fuite » bien organisée pour faire diversion l’avait laissé entendre. Il arrive à l’aéroport de Tunis-Carthage, où il est accueilli par les siens. Des effets personnels sont saisis par la police de l’aéroport.

 

Depuis un an, Adel Tebourski « vit » en Tunisie, sous haute surveillance, comme un paria, privé de toute existence sociale. Il ne peut trouver d’emploi. Il ne peut avoir de relations normales avec son entourage sans que ce dernier ne soit à son tour surveillé.

 

Cette procédure n’aura duré que quinze jours. Quinze jours au cours desquels le matraquage judiciaire a donné lieu à quelques entorses au bon droit d’Adel Tebourski. On en retiendra quelques unes, d’inégale portée :

 

  • C’est le 27 juillet et alors qu’il est demandeur d’asile, qu’Adel Tebourski est informé qu’il sera emmené dès le lendemain au Consulat de Tunisie. Il est vrai qu’il y est emmené après avoir reçu notification de sa demande d’asile. Mais l’annonce de sa présentation signifie que l’issue de la procédure était connue d’avance, décidée ?

  • Adel Tebourski constate que le rejet de sa demande d’asile a été transmis au autorités consulaires de son pays, en violation flagrante de la confidentialité de ce dossier. Le commandant de la gendarmerie du centre de rétention du Mesnil-Amelot lui présentera des excuses pour cette « erreur ».

  • Il est pour le moins étrange que l’OFPRA ait rejeté sa demande d’asile, feignant d’ignorer ses craintes en cas de retour en Tunisie. L’OFPRA aurait dû exclure monsieur Tebourski de sa demande pour s’être rendu coupable d’agissements contraire à  la Convention de Genève, en vertu d’un article de ladite Convention que l’Office sait appliquer dans d’autres cas. On est en droit de se demander pour quelle raison officieuse l’Office n’a pas respecté son propre règlement. Et les répercussions de ce rejet sont incommensurables. En cas d’exclusion de la Convention de Genève, l’OFPRA aurait mentionné les risques encourus en Tunisie, et cette mention aurait été décisive devant le juge administratif. La décision de la CRR datée du 17 octobre 2006,-le recours devant cette instance n’est pas suspensif du renvoi- a évoqué l’article prévoyant les clauses d’exclusion et l’organisation Human Rights Watch a tiré de ce curieux chapître la seule conclusion qui s’impose : « Cette décision, bien qu’elle ait refusé à Tebourski le statut de réfugié, aurait néanmoins requis que les autorités françaises s’abstiennent de l’expulser vers la Tunisie en raison de l’interdiction absolue de renvoyer quelqu’un dans un pays où cette personne risque d’être soumise à la torture. Si elle était tombée lors que Tebourski se trouvait encore en France, le gouvernement français aurait dû soit annuler l’arrêté d’expulsion, soit ne pas l’exécuter jusqu’à ce qu’un pays tiers disposé à l’accepter ait pu être identifié » (8)

  • Les autorités françaises font fi des injonctions de l’ONU et expulsent Adel Tebourski alors que le Comité n’a pas rendu sa décision. Le 11 mai 2007, le Comité condamne la France pour non respect de l’interdiction du renvoi des personnes vers un pays où elles risquent la torture. La France passera outre une autre fois : quelques semaines plus tard, le 2 juin 2007, les autorités françaises renvoient un autre demandeur d’asile, Houssine Tarkhani, qui sera interpellé, torturé et incarcéré à son arrivée en Tunisie

  • La première fois qu’Adel Tebourski a été extrait du centre de rétention pour être conduit au tribunal administratif (TA), il avait été revêtu d’un gilet pare-balles et une atmosphère pour le moins électrique avait baigné les travaux du tribunal dûe à une mobilisation sécuritaire pléthorique. On a invoqué la protection de sa propre sécurité, ce qui l’a fait d’abord rire, puisqu’il avait bénéficié de permissions alors qu’il était détenu et s’était promené en toute liberté sur la voie publique, puis il a refusé d’assister aux audiences du TA, pour que celui-ci puisse statuer sereinement.

  • Enfin, Maître Boézec a relevé une autre anomalie ; il avait saisi la Commission des Recours des Réfugiés (CRR) à un autre titre, en vertu de la convention de Genève sur les réfugiés, dans le but d’interrompre la procédure de renvoi, or le ministère de l’Intérieur a considéré que Adel Tebourski n’avait pas le statut de réfugié. Or, point n’est besoin d’avoir le « statut de réfugié » pour y prétendre : « Les normes minimales que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir prétendre au statut de réfugié ou les personnes qui, pour d’autres raisons, ont besoin d’une protection internationale, (…) Aux fins de la présente directive, on entend par a) (…) b (…) c) « réfugié », tout ressortissant d’un pays tiers qui, parce qu’il craint avec raison d’être persécuté du fait de sa race de sa religion de sa nationalité, de ses opinions politiques ou de son appartenance à un certain groupe social, se trouve hors du pays dont il a la nationalité, et qui ne peut ou du fait de cette crainte ne veut se réclamer de la protection de ce pays, ou tout apatride qui, se trouvant pour les raisons susmentionnées hors du pays dans lequel il avait sa résidence habituelle, ne peut ou, du fait de cette crainte ne veut y retourner et qui n’entre pas dans le champ d’application de l’article 12 ; d) « statut de réfugié » (…) (9). La même directive dispose dans son article 21 (Protection contre le refoulement) « 1) les Etats membres respectent le principe de non refoulement en vertu de leurs obligations internationales. 2) Lorsque cela ne leur est pas interdit en vertu des obligations internationales visées au paragraphe 1, les Etats membres peuvent refouler un réfugié, qu’il soit ou ne soit pas formellement reconnu comme tel. »

 

Ainsi la France n’a pas reconnu qu’Adel Tebourski était un réfugié au sens de la directive qui établit une distinction entre la notion de réfugié et le statut de réfugié formellement reconnu. Elle n’a pas respecté le caractère suspensif de ce recours devant la CRR.

     

Cette série d’irrégularités prouvent, s’il en besoin, que les autorités françaises comptaient passer en force, au prix d’un arrangement préalable probable avec leurs homologues en Tunisie pour qu’Adel Tebourski ne soit pas persécuté « visiblement » lors de son retour en Tunisie. Combien de temps ce répit apparent durera-t-il ? Celui de notre vigilance.

 

Luiza Toscane

 

 

(1) Ministère de l’Emploi, de la cohésion sociale et du logement, Direction de la population et des migrations, Sous-direction des naturalisations, Bureau N3, 2000DX005144, Rezé, 15 juin 2006, Pierre Forissier.

Décret du 19 juillet 2006 portant déchéance de la nationalité française, NOR : SOCN0609415D, Journal Officiel 166 du 20 juillet 2006.

 (2) Ministère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, DLPAJ, 21 juillet 2006, Rémy-Charles Marion.

(3) Ministère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, DLPAJ, 5 ème bureau, 21 juillet 2006, Rémy-Charles Marion ;

(4) Nations Unies, Haut Commissariat aux Droits de l’Homme, G/SO 229/31 FRA (32), Eric Tistounet, chargé du Service des traités et du Conseil.

(5) Ministère des Affaires Etrangères, OFPRA, Décision de rejet d’une demande d’asile, 28/07/06, le Directeur Général Adjoint, C. de Boisdeffre

(6) Tribunal Administratif de Paris, N°0611558/9-1, ordonnance du 29 juillet 2006, le juge des référés, A. Perrier

(7) Urgent Action, France : Fear of forcible return : Adel Tebourski (m), Public AI Index : EUR 21/005/2006, 28 July 2006, UA 204/06

(8) Human Rights Watch, juin 2007, vol. 19, n°3. « Au nom de la prévention, des garanties insuffisantes concernant les éloignements pour des raisons de sécurité nationale ».

(9) Directive 2004/83/CE du conseil de l’Europe du 29 avril 2004 parue le 16/02/2005 (article 2).

 

 


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Pendant que Ben Ali fourbit ses armes pour 2009 et bien au-delà,
CES TUNISIENS A COUTEAUX TIRÉS

 

Khaled Ben M’Barek

L’espoir grandit en Birmanie même si la violence brutale ne semble pas reculer en cette fin septembre 2007. Mais un petit peuple est debout face à une junte anachronique et il force le respect du monde entier.

En Tunisie, non seulement l’opinion ne semble pas prête à l’épreuve de la rue, mais un fait récurrent donne l’impression de devenir consubstantiel au paysage politique : les dissensions internes à l’opposition.

De fait, nombre de tolérances bénaliennes avaient pu surprendre. Elles restaient difficiles à interpréter au vu de la mentalité du Régent de Tunis et de la nature du système dans lequel il a solidement enferré le peuple tunisien. La reconnaissance du Forum démocratique pour le Travail et les libertés (FDTL) fait partie de ces gestes hautement calculés. On peut gager qu’avant même de reconnaître officiellement la formation de Dr Mustapha Ben Jaâfar, la police politique avait déjà mis en piste son cheval de Troie. C’était l’obscur Ben Aïcha, qui allait disputer au militant fondateur, y compris devant les tribunaux,  rien de moins que le leadership du parti et ses moyens matériels. N’eût été la personnalité de Dr. Ben Jaâfar et le caractère grossièrement voyant de la manœuvre, le Forum aurait vu ses clés, ses locaux et ses moyens financiers livrés sur un plateau, avec ou sans décision de justice, à l’agent infiltré que l’on aurait ensuite bombardé leader de l’opposition.

C’est le sort qu’a connu l’Association des Magistrats tunisiens (ATM) quand l’agent Khaled Abbès a renversé la direction légitime de l’Association menée par le magistrat Ahmed Rahmouni. C’est également ainsi qu’avait été mené le putsch de Ismaîl Boulahya au MDS, en parfaite complicité, sinon sous les ordres du ministère de l’intérieur.

Les plaignants contre la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) rééditeront le même rôle, contribuant à la paralysie de l’organisation. Dans ce dernier cas, un élevage de taupes avait été introduit au sein de la Ligue des années avant de se manifester, à la manière du VIH.

 

Dans tous ces cas cependant, les personnages ayant rempli la sale besogne sont des agents très mal camouflés de la tortiocratie. Ils sont dans leur rôle et obéissent à leur donneur d’ordre.

 

Ce qui reste une véritable plaie et un fait impossible à comprendre, ce sont les rixes, bientôt transformées en guéguerres fratricides, entre opposants que l’on ne peut raisonnablement soupçonner d’accointances bénaliennes.

On se rappelle encore la sortie de Faouzi Ben M’rad  contre la direction légitime du tout jeune RAID (ATTAC-Tunisie). La scission ainsi suscitée avait cisaillé l’association naissante et altéré son image tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le même Ben M’rad jouera un rôle similaire à l’Association des Jeunes avocats tunisiens (ATJA) contre Me Chawki Tabib. Les deux associations s’en sortiront certes, mais affaiblies.

Au plan syndical et politique, à chaque apparition d’une initiative de lutte nationale, on touche du bois pour qu’un génial illuminé ne vienne pas casser un édifice si laborieusement construit. On l’a vu avec le grand Mouvement du 18-Octobre, sauvé du scepticisme plus ou moins innocent de certains par sa propre dynamique, quoique notablement essoufflé depuis. Osons espérer que son anniversaire ce moi-ci constitue un point de relance…

Il se trouvera quand même des membres plus ou moins bien intentionnés au sein du Syndicat des journalistes pour reprocher à son président Lotfi Hajji, entre autres, d’avoir pris part au Mouvement. Le Syndicat en question n’en est pas sorti grandi.

A ce propos, on ne peut que déplorer amèrement l’isolement dans lequel s’était retrouvé Dr Moncef Marzouki à son retour en Tunisie l’an dernier. D’autant plus que cet isolement n’avait rien de fatal ni de spontané…

Le dernier et inconcevable exemple est celui de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), cette blessure béante au flanc du peule, relève du plus pur absurde kafkaïen.

Voici une structure que son combat, ses réussites, son endurance et ses souffrances avec les victimes et pour eux, avait érigée en institution reconnue et respectée . Tout d’un coup, elle est comme prise de folie, d’une ivresse d’autodestruction. Les coups de sang se répètent à intervalle régulier en ce mois de septembre 2007. Des clans se dessinent, menés l’un par le juge Mokhtar Yahyaoui, l’autre par le président sortant Me Mohamed Ennouri.

Un langage de plus en plus acerbe marque des échanges publics vindicatifs, puis haineux. La bataille devient implacable et les parties campent sur leurs positions. Jusqu’au jour où le juge Yahyaoui annonce son retrait, le 19 septembre. On se dit que l’Association est sauvée par le retrait d’un des deux protagonistes. Mais voilà que Me Mohamed Ennouri annonce sa démission de manière fracassante, en date du 20 septembre, soit le lendemain. Le même jour, apparaît un communiqué signé collectivement annonçant la cessation des communiqués signés au nom de l’association. Mais en même temps, une prise de position claire en faveur de l’un des deux protagonistes du conflit.

Bref, on n’a jamais vu pire Radeau tunisien de la Méduse.

Nous insistons ici à dessein sur le sort de l’AISPP. En effet, s’il y a une seule association qui aurait dû ne jamais connaître la moindre tension interne, c’est bien celle-là. Le respect et l’affection dont jouissent Me Ennouri et l’honorable juge Yahyaoui font que les Tunisiens ressentent leur guerre fratricide comme une catastrophe nationale. C’est pour cette raison que nous avons espéré que l’Association atteindrait la terre ferme à la date fixée pour l’Assemblée générale, soit le 2 octobre 2007. Cela aurait été l’occasion pour les deux grandes figures de la société civile de faire cesser le conflit par un retrait digne et sans fracas. Au moment où nous mettions sous presse, la police faisait la chasse aux membres de l’Association pour les empêcher de se réunir. Et comme si Ben Ali avait besoin d’un coup de main…

 

Faouzi Ben M’rad, Me Ennouri, M. Yahyaoui, les détracteurs de Lotfi Hajji ou ceux de l’actuelle direction légitime de la LTDH sont-ils conscients de leurs actes ? Se doutent-ils du bénéficiaire final de leurs démêlés ? Peut-on à ce point être aveuglés par la haine ?

Il va de soi que nous ne prenons position en faveur de personne dans cette lutte absurde. Mais cela ne nous interdit pas d’adresser amicalement ces questions au juge Yahyaoui qui a ouvert un feu nourri contre Maya Jribi et Néjib Chebbi, en plein milieu du guet.

Notre éminent magistrat a tiré sur les ambulances avec des justifications pour le moins discutables : les militants aux prises avec la tortiocratie ne feraient que servir des desseins partisans, voire de petites ambitions personnelles. M. Yahyaoui sait pourtant pertinemment qu’on l’avait accusé lui-même de mille forfaitures qu’il aurait voulu camoufler par sa célèbre lettre ouverte à Ben Ali. Il a certainement été gêné lorsque cet argument avait été repris par le tortiocrate encostumé Borhène Bsaïes.

 

Ces agissements au sein de l’opposition tunisienne sèment la confusion et le désespoir dans la communauté nationale et préparent le terrain à tous les dangers que le général Ben Ali fait déjà peser sur la paix civile. On lui donne l’impression qu’on peut accomplir des tâches pour lui et qu’il peut impunément s’en prendre aux opposants les uns après les autres sans susciter aucune réaction vitale de solidarité par autodéfense.

Mais face aux échéances qui arrivent, les vrais militants sauront se prémunir contre toute discorde non constructive et contre le noyautage policier.

A défaut de victoire sur l’usurpateur, chaque militant espère sauvegarder sa dignité et son honneur, pour s’ériger en témoin sincère de l’Histoire contre le général Ben Ali et ses soutiens.

C’est ainsi que ce dernier devra un jour prochain se retrouver dans la position de Pinochet ; les militants tunisiens seront l’âme vivante de Salvador Allende, mort sous les bombes il y a 34 ans, mais resté aux trousses de son assassin jusqu’à l’expiration de ce dernier, poursuivi comme un gibier de chasse à courre. A l’instar de A l’instar de Faïsal Barakat, mort sous la torture il y aura bientôt dix-sept ans, mais qui, ensanglanté, s’accroche implacablement aux galons de son puissant assassin.

Dans cette perspective, la famille Barakat et les Tunisiens en général auront davantage de chances de voir le général de renseignements comparaître devant une juridiction nationale ou internationale avant d’expirer. Quel que soit son âge…

 

(Source : « L’AUDACE » (mensuel tunisien publié à Paris), N° 152, octobre 2007)


 

Secular Tunisia may face a new, younger Islamist challenge

By Jill Carroll Staff writer of The Christian Science Monitor

 

Zarzis, Tunisia –  While a potent Islamic movement once challenged this country’s ruling elite, today political Islam has all but vanished here. This kind of dissent has been quashed to near extinction.

 

But even though the more popular religious parties have vanished after more than 20 years of facing harsh government crackdowns, a new wave of resistance appears to be taking shape.

 

It is bubbling up in universities and among young people who may again attempt to challenge Tunisia’s brand of enforced secularism and agitate for greater political openness.

 

Some analysts and a Tunisian lawyer who defends many young Tunisian men charged with plotting attacks on the government say cutting off all political avenues is leading to the radicalization of some young people at a time when the region is particularly charged with anger over US wars in Iraq and Afghanistan.

 

« At the beginning the system [tried] to finish all Islamist movements. Despite everything the government is doing, it is increasing and it became more popular among students, good students, » says Abdel Raouf al-Ayadi, a lawyer in Tunis.

 

He says the young men are growing more conservative and some are following the fundamentalist Salafist ideology that some militant groups have also adopted.

 

« Here the government is thinking [militants] are doing [violent] things because they don’t have enough money to live. But the real reason is the occupation in Iraq, Afghanistan, Palestine, Somalia. It’s political, not economic at all, » says Mr. Ayadi.

 

Amr Hamzawy, a senior associate at the Carnegie Endowment for International Peace who helped author a report on Islamist movements in the Arab world, said the continued lack of political space locked mainstream political Islamists in a confrontational position with the government and « you force elements of their constituencies to consider other strategies, » says Mr. Hamzawy.

 

Tunisia has indeed solved what many of its Arab neighbors consider one of the region’s greatest threats: the challenge presented by political Islam. While Egypt and Morocco accord opposition groups some space, however narrow or government-controlled, Tunisia has banned all Islamic parties.

 

More than 20 years ago, Abdullah Zouari supported the Islamist political party an-Nahda, which hoped to bring Islamic sharia law to Tunisia by winning elections.

 

« Our ideas were to talk about distributing the wealth of the country and, » says Mr. Zouari, pulling out a book on the fundamentalist an-Nahda, pointing to a page listing their goals. The list includes transparency, modernizing Islam, and rebuilding an Islamic identity and civilization in Tunisia and the world.

 

In 1989, an-Nahda candidates made a strong showing in national elections. Soon after, the group was blamed for clashes with security forces, sporadic violence against government institutions, and plotting violent overthrow of the government. The government arrested tens of thousands of people through 1992 on charges of belonging to an-Nahda or plotting attacks in Tunisia.

 

« The regime depicted an-Nahda as being this brutal, Islamist force of crazies in order to get support of a pretty progressive middle class against it, » says Clement Henry, a professor of political science and political economy at the University of Texas who says he has been banned from Tunisia for writing a critical article of President Zine el-Abidine Ben Ali.

 

« Many people had joined an-Nahda as an alternative to the regime as it became increasingly repressive, » he said.

 

Tunisia’s approach to Islamists raises questions for governments and political Islam that are echoed across the rest of North Africa. « Is it able to endorse secular regulations and rules of law? Is the secular leadership homogenous enough and strong to resist to an Islamic uprising? Would it be an invitation to danger or would it be a credible and reliable step toward a liberal system? These questions are on the spot and in debate, » wrote Hamadi Redissi, University of Tunis political science professor, in an e-mailed response to questions.

 

The emerging group of young Islamists has indeed learned from their predecessors. For one, their ambitions are far humbler.

 

« I’m not asking to be president or anything. I just ask to [practice] my Islamic beliefs, to have a beard, and pray [so] I would satisfy my god, » says Omar Rached.

 

Mr. Rached is part of a group the government sentenced in 2004 to 19 years in prison on charges of downloading instructions on bombmaking and waging armed jihad from the Internet. Human rights groups said the trials were unfair. The six young men in jail were freed in 2006.

 

The government says it still believes the men are dangerous and that terrorism is a lurking threat, warranting its tactics, which many considered heavy-handed. Indeed, in December and January 2008, shootouts outside Tunis between government forces and militants jarred the normally quiet country.

 

The government said they were « terrorists » and made sweeping arrests in the aftermath. An anonymous Tunisian official said one of the six men freed in 2006 ended up fighting with the militant Islamist Islamic Courts movement that briefly took power in Somalia last year.

 

(Source: “The Christian Science Monitor” (Quotidien – USA), le 10 octobre 2007)

Lien: http://www.csmonitor.com/2007/1010/p12s01-wome.html

 


Mes Livres Saisis: Sont ils interdits?

Par: Zied

 

Je me suis toujours posé la question quant à la nécessite du Scanner qui se trouve juste après le contrôle de police à l’aéroport de Tunis Carthage… J’ai pu hier soir connaitre la réponse…

 

Vol : Le Caire – Tunis Hier soir

 

Je passe le contrôle de police très rapidement et sans aucun problème, le policier n’avait pas de moustache, Il était très gentil et très accueillant.

 

Je mets mes bagages à mains au Scanner et je passe par le portail détecteur de métaux qui affiche vert. Là ! Le policier qui manipule la machine a rayons X me demande si j’ai des livres dans mes bagages. J’ai dit oui… J’ai pris mes bagages du scanner, j’ai récupère ma valise, fait un petit tour au free-shop et puis je me suis dirigé vers la sortie.

 

A ce moment là, j’ai vu un agent en uniforme qui s’approchait de l’officier des douanes et lui soufflait quelques mots en ma direction. Automatiquement, l’officier des douanes me demande de m’arrêter et de partir pour la fouille. Là ! un comité d’accueil qui inclut 3 policiers en civil, deux officiers de douanes (3 étoiles), plusieurs agents entourent mes bagages, parcourent mon passeport et me posent des questions quant a ma profession.

 

Tout s’est très bien passé, les services de douanes et de polices ont été très courtois et très polis. Ils ont noté mon adresse détaillée à Tunis et puis ils m’ont informé que deux livres que j’ai acheté en Egypte vont être saisis temporairement. Il s’agit de « mémoire d’un militant » de Mahmoud Materi et « Ma part de vérité » de Mohamed Mzali.

 

J’avoue que cet attroupement pacifique de services de l’ordre et de douanes m’a inquiété. Qu’avais je fait de mal pour qu’autant de haut gradés débarquent? Est ce que ces livres portent un messages ou une idéologie ennemie ? Est-ce qu’il est interdit de lire des autobiographies d’anciennes figures du parti destourien et de personnalités importantes de l’histoire de mon pays? Je suis vraiment surpris et j’avoue que j’ai eu peur… Que se passera – t – il par la suite ? Dois je essayer de récupérer les livres ?

 

Dois – je arrêter de m’intéresser à l’histoire de la Tunisie ? Je ne sais plus quoi faire ni quoi penser ?

 

(Source : le blog de Zizou de Djerba, le 8 octobre 2007)

Lien : http://zizoufromdjerba.blogspot.com/

 

 


 

Education et médias au centre de la conférence de l’OSCE sur l’islamophobie

AFP, le 10 octobre 2007 à 15h42

 

Par Olivier THIBAULT

 

CORDOUE (ESPAGNE), 10 oct 2007 (AFP) – Le rôle de l’éducation et des médias a été au centre de la première grande conférence organisée en Europe, sous l’égide de l’OSCE, sur le thème de

l’intolérance et de la discrimination envers les musulmans qui s’est conclue mercredi à Cordoue (sud).

Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a insisté sur le rôle de l’éducation pour lutter contre ce phénomène, décrit comme croissant, qui affecte les quinze millions de musulmans vivant en Europe. « L’éducation constitue un instrument fondamental dans la

prévention et le traitement de l’intolérance et de la discrimination envers les musulmans », a indiqué le ministre espagnol lors d’une déclaration finale.

L’éducation peut être facteur de discriminations soit en véhiculant des stéréotypes sur l’islam ou bien en posant des barrières pour l’accès aux écoles des jeunes musulmans européens, selon les conférenciers. « Le débat se centre trop souvent sur la question du voile et ignore les problèmes d’accès à l’éducation pour les musulmans », a regretté Abdelnur Prado, directeur du Congrès international du féminisme islamique.

Les études montrent que « les élèves musulmans ont tendance à avoir un niveau de réussite scolaire plus faible », a souligné de son côté Ioannis Dimitrakopoulos de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux.

Autre thème fort de cette rencontre: les médias. L’image véhiculée par les médias sur l’islam est trop souvent négative depuis le « 11 septembre », a souligné Kees Brants, professeur de communication politique à l’université d’Amsterdam.

« Le musulman moyen, bon voisin, est totalement absent des médias », a souligné cet universitaire néerlandais. Le « musulman fanatique et violent », les « mosquées transformées en lieu de conspiration », sont des exemples de stéréotypes véhiculés par les médias, a estimé M. Prado.

Certains professionnels de l’information présents ont tenu à rejeter ces critiques. « Nous sommes plus pompiers que pyromanes », a estimé le directeur de la chaîne d’information en continu espagnole

CNN+, Francisco Basterra.

« Notre rôle n’est pas de changer le monde mais d’informer avec objectivité et les bonnes nouvelles ne font pas des unes », a souligné M. Basterra.

Les deux jours de conférence, en présence de 300 participants, se sont terminés, comme prévu, sans déclaration finale commune.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est un organisme « diplomatique » ayant pour vocation de désamorcer les conflits, renforcer la sécurité commune et promouvoir la démocratie et droits de l’Homme et n’a pas pour habitude d’adopter des résolutions ayant un caractère contraignant pour ses pays membres.

A défaut de déboucher sur des résolutions concrètes, la conférence a eu comme principal mérite de faire connaître la problématique des discriminations spécifiques dont souffrent les musulmans.

M. Moratinos, qui exerce actuellement la présidence tournante de

OSCE, a profité de la rencontre pour appeler à « rejeter » tout amalgame entre musulmans et terrorisme.

« Aucun événement international ou question politique ne peut justifier l’intolérance et la discrimination, notamment celles envers les musulmans », a déclaré le ministre à l’issue de la conférence qui a réuni les 56 pays membres de l’OSCE.

Ce forum de l’OSCE intervient deux ans après celui consacré à l’antisémitisme qui avait été également symboliquement organisée dans la ville de Cordoue, qui avec son passé arabe, juif et chrétien, se veut miroir de la tolérance entre les trois religions.

 


 

 

 

Paris Ramadan radio raps Muslim ignorance of Islam

 

Reuters, le 10 octobre 2007 à 08h05

 

By Tom Heneghan, Religion Editor

 

PARIS, Oct 10 (Reuters) – It’s late of a Ramadan evening inParis, the iftar dinners are finished and Muslims from aroundFrance are calling Ahmed el Keiy to ask questions about Islam.

« Can I wear perfume during Ramadan? » a young girl asks. « Howabout hair gel? » a boy wants to know.

El Keiy, a lawyer-turned-journalist, devotes his nightlyradio phone-in show to Islam during the holy month and wants todiscuss big ideas.

But his listeners keep asking about details. Why do we get so many questions about how to practise

Islam? » he asks listeners and three imams invited to the cramped studio of Beur FM, a popular station for « beurs » – the French-born sons and daughters of North African immigrants. Nobody teaches us religion, » says one caller named Nacera.

« Our parents were illiterate, » caller Najet adds, « so you see people who don’t know how to say their prayers properly, or exactly what to do during Ramadan. »

France has Europe’s largest Muslim minority. Thanks to a long tradition of relations with the Arab world, it is home to many Muslim intellectuals — both foreign and French – and experts on the Islamic world.

But in the poor areas where many of the country’s 5 million Muslims live, ignorance prevails. Illiterate elders follow a sketchy folk Islam, many imams preach at Friday prayers without any training and many young people construct a do-it-yourself religion.

Most of the 1,200 imams in France have no formal training and one-third do not speak French.

 

SMALL-MINDED

 

« The Muslims of France don’t know their religion, » said Abdelhak Eddouk, an imam and prison chaplain invited to join el Keiy and field listeners’ questions at Beur FM one evening.

 I’m the son of immigrants, so I can say it: my parents didn’t teach me religion, school didn’t teach me religion and we didn’t learn about religion out on the street. So everyone tries to understand religion however he can. »

Ghaleb Bencheikh, another guest who presents a weekly Islam programme on French television, complained that « most questions we get are really small-minded« .

« We lack men and women who know how to teach the young, » he said. « Educated teachers could reassure them that the essence of spirituality is what is in the heart. The rest is important, certainly, but secondary to what you have inside. »

France has long been concerned about the lack of trained imams and religion teachers because it allows uneducated prayer leaders to present backward or radical views as mainstream Islam without being challenged by an informed congregation.

But the legal separation of church and state means Paris has no way to directly help the Muslim community which — unlike

France’s Christians and Jews — does not have the schools or funds to turn out educated clerics and lay religion teachers.

The Paris Grand Mosque and the city’s Catholic university have just launched a hybrid degree programme for about 30 student imams who will study Muslim theology at the mosque and

French law and politics at the private Catholic Institute.

It was third time lucky for the Grand Mosque, which had failed to convince the Sorbonne and another Paris state university to join hands with it. Both refused because it would have meant mixing secular and religious education.

 

« TALIBANISATION« 

 

Tarik Bengarai, imam of a Sufi association, told Beur FM listeners that excessive concern about how to perform Islamic rituals was being whipped up by ultra-orthodox preachers known as salafis who spread a message of « tout haram » (everything is forbidden).

« There is a massive presence of salafis here, » el Keiy’s third guest explained. « This growing movement is trying to make the Scriptures say what they don’t actually say. »

During her call, Nacera said her teenage brother had fallen under the influence of a salafi preacher and begun telling their uneducated father he was saying his prayers the wrong way. This is painful to see, » she said, clearly shocked by her

brother’s challenge to the traditional authority of an Arab father. « These boys leave school and hang around with these preachers who teach them two or three things. I think it’s sectarian. »

Sylvain, a young French convert to Islam, said some confused Muslim youths grasped at scattered bits of learning to find some security. « They go off to study in Syria or Yemen and come back as confused as before, but armed with more arguments, » he said.

Bencheikh said the salafi focus on trying to recreate Muslim life as it was at the time of the Prophet Mohammad had led to « a real Talibanisation of the mind » among their young followers.

Eddok compared it to radical political movements. « Radical lefties used to wear a little goatee like Lenin, » he said. « Just wearing a jellaba doesn’t make you an imam. »

El Keiy said his programme, which reaches an audience of about half a million daily, had opened his eyes to widespread ignorance about Islam among many French Muslims. Moderating this programme is better than going out reporting in the field, » he said.   I’ve discovered a huge gap between what is offered by media and schools about religion and what people are looking for. If they don’t find what they’re seeking, they listen to people who don’t have culture or education or expertise. That’s dangerous. »

 

REUTERS

 

 


 

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7 décembre 2011

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