9 octobre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2696 du 07.10.2007

 archives : www.tunisnews.net

C.R.L.D.H. Tunisie: Nous n’avons pas le droit de nous taire Association des droits de la personne au Maghreb: Rassemblement devant le Consulat de Tunisie à Montréal pour les libertés associatives et politiques en Tunisie AFP: Tunisie: le gouvernement prévoit une croissance de plus de 6% en 2008 Réalités :Vie politique : De la responsabilité de l’Administration. Réalités :Thalathoun, TRENTE ? Nouveau film de Fadhel Jaziri : Les années trente revisités Réalités :Portrait de Fadhel Jaziri : Fondamentalisme de la modernité, modernisation du patrimoine.. AFP:Human Rights Watch ouvre un bureau à Paris et compte sur l’aide de la France AFP: Les enfants prédicateurs du petit écran indonésien AFP:Paris accueille une pièce sur la guerre au Liban ayant vaincu la censure ATS: Conférence de l’OSCE sur la discrimination envers les musulmans AFP:Moratinos appelle à des « avancées décisives » contre l’islamophobie AFP:Islamophobie: « l’Europe doit donner l’exemple », selon l’islamologue Mustapha Chérif

 


Appel de détresse de Tunisie (*)

 

 

Au nom de Dieu le Clément, le  Miséricordieux,

Appel à toute âme charitable

A nos frères en Dieu dans le monde entier

A toute conscience vive et humanitaire

 

Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.

 

Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.

 

Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.

 

Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais  aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.

 

Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et  une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.

 

Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.

Il y a, certes,  des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.

Il yen a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de  leur pauvreté.

 

D’autres sollicitent  Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.

 

Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.

 

Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :

 

Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer  entraînant  la mort dans de nombreux cas.

 

Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.

 

La situation  de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.

 

Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.

 

Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.

 

Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.

 

Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.

 

Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous  faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.

 

Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.

 

Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.

 

Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.

Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »

 

Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !

 

Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.

 

 

(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous  la transmettons à l’opinion publique  pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.

Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait  appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.

 

« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)

 

« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)

 

Vous pouvez  faire parvenir vos dons:

 

* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)

 

* en envoyant vos dons à cette adresse :

TAKAFUL  16, cité vert –  94370 Sucy en Brie.

France

 

Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98

e-mail :contact@hotmail.fr

 

* par virement  bancaire à l’adresse suivante :

 

la Banque Postale. / France

 

Etablissement         guichet          n° compte          clé RIP

30041                   00001        5173100R020          42

 

Identifiant International de Compte  IBAN

FR54  3004  1000   0151   7310  0R02  042

 


 

 

C.R.L.D.H. Tunisie

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

 

Nous n’avons pas le droit de nous taire

Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) qui participe activement au Comité de Soutien à MAYA JRIBI et NEJIB CHEBBI  pour les libertés politiques et d’association en Tunisie, réitère sa solidarité indéfectible avec nos amis grévistes de la faim depuis le 20 septembre 2007.

1) Alerté par le dernier communiqué médical, le CRLDHT exprime ses vives  inquiétudes quant aux dangers et risques qu’encourent ceux-ci et qui peuvent porter préjudice à la santé et à la vie de deux acteurs majeurs de l’opposition démocratique tunisienne.  

 2) Lance un appel urgent à ses partenaires français, européens et dans la région arabe pour intensifier la mobilisation de leurs opinions publiques, faire pression sur leurs gouvernants respectifs et attirer l’attention des différentes institutions onusiennes et internationales afin qu’elles assument leurs responsabilités.

 3) Invite, à l’instar de toutes les composantes du Comité de soutien de Paris, à la participation en nombre au rassemblement de Montparnasse, à Paris, le jeudi 11 octobre 2007  18h. 

 Paris le 8 Octobre 2007

 

TUNISIE : GREVE DE LA FAIM POUR LA LIBERTE  D’ORGANISATION

 

RASSEMBLEMENT LE JEUDI 11 OCTOBRE 2007

AU PARVIS DE MONTPARNASSE,

EN FACE DE LA GARE (Métro 4, 6, 12,13)

DE 18H A 20H

 

Une nouvelle fois, la grève de la faim illimitée est utilisée par les démocrates tunisiens,comme dernier recours inévitable contre les exactions de la dictature du régime tunisien.  Une grève de la faim illimitée a été déclenchée en Tunisie le 20 septembre 2007, par Mme Maya Jribi secrétaire générale du parti démocrate progressiste (PDP) et M. Ahmed NéjibChebbi directeur de son journal, pour protester contre l’intervention des autoritéstunisiennes, sa  police politique et l’appareil judiciaire en vue de fermer le local central du PDP et ses locaux régionaux ainsi que l’arrêt de la diffusion du journal « Al Mawqef » et du site du PDP.

 L’offensive sécuritaire visant à la fermeture des locaux du PDP fait partie d’une politique délibérée du pouvoir tunisien qui vise tous les partis politiques et associations indépendantes. Il cherche à empêcher les militants-es démocrates de s’exprimer. 

Le lundi 1er octobre 2007, le tribunal de première instance de Tunis a annulé le bail datant de plus de treize ans et a ordonné l’expulsion immédiate du PDP ;

  Le comité de soutien à Maya Jribi et NéjibChebbi pour les libertés politiques et d’association en Tunisie :

1)Proclame son soutien total aux deux grévistes de la faim et au droit du PDP, des autres partis d’opposition et associations indépendantes d’exercer leurs activités dans des locaux et dans les espaces publics.

 

2)Soutient  la liberté d’association et d’organisation pour tous les partis politiques et organismes non reconnus.

 

          3)Demande la libération immédiate des prisonniers politiques, dont le dernier est Mohammed YassineJlassi, membre de la jeunesse du PDP et la promulgation d’une loi d’amnistie générale en Tunisie.

 

 4) Exprime sa vive inquiétude pour la dégradation de l’état de santé des deux grévistes de la faim et tient le régime tunisien pour seul responsable de cette impasse politique qui pourrait être dramatique pour la vie et l’intégrité physique des deux imminents dirigeants de l’opposition pacifique tunisienne

 

5) Invite les partis, les associations, les organes de presse et les amis-es du peuple tunisien : Maghrébins, français, européens et partout dans tout le monde à se mobiliser rapidement et fortement pour dénoncer la politique répressive et sécuritaire des autorités tunisiennes. Il leur demande de faire pression sur leurs gouvernements respectifs afin de mettre fin au silence complice entourant les atteintes systématiques aux droits de l’homme, aux libertés et à la démocratie en Tunisie.

 

COMITE DE SOUTIEN A MAYA JRIBI ET NEJIB CHEBBI POUR LES LIBERTES POLITIQUES ET D’ASSOCIATION EN TUNISIE :

Premiers signataires : CRLDHT – SOLIDARITE TUNISIENNE – FTCR – UTIT PIDF – VOIX LIBRE – ATF PARIS – VERITE ACTION – ACHR – AMF – ATMF – FMVJ France  – ASDHOM – FIDH – LDH – MRAP – ENNAHDHA – FDTL – PCOT – PDP – CPR – COLLECTIF 18 OCTOBRE PARIS – PCF – LES VERTS- PARTI SOCIALISTE


Association des droits de la personne au Maghreb

 

Le jeudi 11 Octobre 2007

Rassemblement devant le Consulat de Tunisie à Montréal

pour les libertés associatives et politiques en Tunisie

 

Le gouvernement tunisien harcèle en permanence les partis politiques d’opposition ainsi  que les composantes indépendantes de la société civile. Il les prive de leurs locaux en exerçant des pressions occultes sur les propriétaires privés pour qu’ils entament contre eux des actions en justice. Il instrumentalise systématiquement la justice pour faire taire toute voix discordante et priver les citoyens tunisiens de tout espace d’échange démocratique. À la veille des festivités du 20e anniversaire de l’arrivée au pouvoir du président Ben Ali, ceux qui ont fait les frais de cette politique sont nombreux, tels le Parti démocrate progressiste (PDP), le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), le mouvement Ettajdid, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), etc.

 

Le 20 septembre dernier, la secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (PDP), Mme Maya Jribi, et le directeur du journal « Al Mawkif » et fondateur du parti, Maître Ahmed Néjib Chebbi, ont entamé une grève de la faim illimitée pour protester contre l’action en justice engagée contre eux par le propriétaire de leur local à Tunis. Le 1er octobre, l’acharnement politique, sous couvert juridique dont est victime leur parti s’est traduit par la décision du tribunal de première instance de Tunis qui a annulé le bail datant de plus de treize ans et ordonné l’expulsion immédiate du PDP de son siège.

 

Nous vous invitons à venir assister à la remise au Consulat  de Tunisie à Montréal d’une lettre ouverte adressée au président Zine El Abidine Ben Ali, signée par plusieurs organismes québécois  et canadiens, concernant la situation des libertés associatives et politiques en Tunisie.

 

Le jeudi 11 Octobre 2007

 

Rassemblement devant

le Consulat de Tunisie à Montréal

 

À 12h

 

 511, Place d’Armes.

 

 

Informations : 514-962-0521

Haroun Bouazzi

 


 

Tunisie: le gouvernement prévoit une croissance de plus de 6% en 2008
[ 09/10/07  – 16H33 – AFP  ] Le gouvernement tunisien prévoit un taux de croissance de 6,1% en 2008 selon les prévisions du budget de l’Etat pour le prochain exercice, a-t-on appris mardi de source officielle. « L’objectif tracé pour l’année 2008 consiste à réaliser un taux de croissance de 6,1 % », a indiqué dans un communiqué le conseil des ministres à l’issue d’une réunion consacrée à l’examen du projet de budget. Le conseil a noté une amélioration du taux de croissance à 6,3% au premier semestre de 2007, soulignant le « rôle croissant » des secteurs des industries manufacturières et des services. Le gouvernement s’est fixé comme objectif le remboursement d’ici décembre 2007 et avant échéance de quelque 350 millions de dinars de dette publique grâce aux recettes de privatisation, a-t-on ajouté de même source. Pour 2008, ses priorités portent notamment sur « l’exécution de grands projets dans le cadre de la concession, l’amélioration du climat des affaires et la création d’emplois » en vue de faire baisser le taux de chômage estimé officiellement à 13,9% en 2006. Le conseil des ministres a examiné un projet de budget de plus de 15 milliards de dinars pour 2008, provenant à hauteur de 77% des ressources propres. La Tunisie a enregistré un taux de croissance de 5,4% en 2006, contre 4,2% en 2005, grâce notamment au tourisme et à l’investissement direct étranger, selon le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

 


Réalités info 

Ambassadeurs

 

On croit savoir que M. Nourredine Hached pourrait être nommé ambassadeur de Tunisie à Tokyo et que M. Abdesselem Hatira pourrait être nommé ambassadeur de Tunisie à Bruxelles.

 

La réforme politique en Tunisie

 

Le forum du Parti Social Libéral (PSL) a organisé, la semaine dernière un débat sur l’évolution du régime politique en Tunisie.

 

M. Mondher Thabet, secrétaire général du PSL a souligné la nécessité pour tous les partis politiques de rénover et de promouvoir le consensus afin de sauvegarder ce qui a déjà été réalisé et d’élargir le cercle des réformes. D’autre part, il a réaffirmé la nécessité de faire preuve de cohésion autour de la personne du Chef de l’Etat pour lutter contre les tentatives d’ingérence étrangère, appelant à établir un partenariat actif à même de renforcer le consensus national.

 

M. Thabet a souligné la nécessité d’un partenariat effectif à même de conforter la concorde nationale et d’entreprendre une action politique réfléchie qui oeuvre à la promotion de la réalité dans le cadre d’une interaction entre les principaux protagonistes de la vie nationale.

 

(Source: « Réalités », (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1113 du 4 octobre 2007)


 

 

Vie politique : De la responsabilité de l’Administration.

 

Par Zyed Krichen

 

 

 La vie politique et associative semble faire une sieste prolongée, il est vrai avec quelques spasmes. Est-ce la faute à Ramadan ?

 

Tout le monde s’accorde en Tunisie pour dire que notre vie politique et associative souffre d’un déséquilibre patent entre un parti au pouvoir pléthorique et une opposition émiettée et sans emprise sur le réel.

 

Le Président Ben Ali devant le Comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a déploré cet état de fait. Il a dit clairement qu’un parti fort au pouvoir a besoin d’un parti fort dans l’opposition.

 

Le diagnostic est consensuel. Pourtant rien n’a été fait pour rectifier le tri et répondre à l’attention du Président de la République. Cela ne doit pas dédouaner tous les partis de l’opposition de leur propre responsabilité dans cette marginalité. Sauf que le mal est plus profond.

 

Le pouvoir, sous tous les cieux, a une tendance naturelle à occuper tous les espaces. Même dans le pays à forte tradition démocratique cela pose problème. Que dire alors d’un pays comme le nôtre qui n’a pas encore terminé sa transition démocratique ? !

 

La solution, intermédiaire, est simple. Le pays a besoin d’une discrimination positive. La loi électorale s’inscrit dans cette optique en réservant un quota de sièges aux listes minoritaires et ce quelque soit ses pourcentages électoraux.

 

Mais qu’en est-il de l’attitude de l’Administration tunisienne ?

 

Certains indices nous incitent à penser qu’elle n’est pas tout à fait consciente de cet état de choses.

 

Un exemple : l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD). L’ATFD a vu dernièrement ses financements débloqués. Elle a même profité d’un don présidentiel. Quelques jours plus tard elle se voit interdire par les autorités locales de Tabarka de tenir une réunion de travail dans un hôtel de la place.

 

Il est probable que les autorités locales n’ont fait qu’appliquer la loi. Mais dans la loi il y a la lettre et l’esprit. Et l’esprit a été cette fois-ci totalement ignoré.

 

On peut multiplier les exemples. Contrairement à ce que l’on pense cela ne concerne pas uniquement l’opposition dite radicale. A de nombreuses reprises les partis dits modérés se sont retrouvés en butte avec une Administration tatillonne.

 

Résultat des courses : le déséquilibre politique s’aggrave et la foi dans les vertus de la démocratie faiblit.

 

La même attitude on la retrouve dans les grands médias de masse et surtout à la télévision publique. Le temps d’antenne global réservé à toutes les personnalités indépendantes et de l’opposition est dérisoire. En plus certains partis sont frappés d’un ostracisme absolu alors qu’ils agissent dans la stricte légalité.

 

C’est là où le bât blesse le plus. Quand la télévision publique choisit la langue de bois comme ligne éditoriale elle ne rend service ni au régime, ni au pays et encore moins à sa jeunesse. Les feuilletons ramadanesques ne peuvent cacher l’anachronisme de l’information et l’absence d’un véritable débat contradictoire.

 

Il ne revient ni à l’Administration ni à la télévision publique de ”trier” parmi les opposants. Tant qu’un parti a une existence légale il a le droit à la visibilité publique. Ce sont les électeurs qui trancheront.

 

Tunis vit ces dernières semaines un mauvais feuilleton mexicain dont les principaux acteurs sont les dirigeants du Parti démocratique progressiste et le propriétaire du local d’Al Mawqif, organe du PDP. Les détails sont d’une banalité mortelle. Le propriétaire se plaint que le contrat de location a été détourné de sa nature (de l’activité d’un journal à l’activité d’un parti) et les dirigeants du PDP qui réagissent par une grève de la faim.

 

Ne nous engluons pas dans des détails sordides. Un parti légal a droit à des locaux pour exercer ses activités. L’Administration doit y veiller afin qu’on passe aux choses sérieuses : le débat sur le présent et l’avenir de la Tunisie. Le pays a besoin de tous ses enfants, quelles que soient par ailleurs les reproches et les critiques qu’on peut leur faire.

 

Un détail, de taille comme dirait l’autre : nous ne pensons pas que la place des représentants des pays amis soit dans les locaux des partis politiques qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition. L’image de l’Ambassadeur des Etats-Unis rendant visite aux grévistes de la faim du PDP est plus que troublante.

 

(Source:  « Réalités », (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1113 du 4 octobre 2007)


 

 

Thalathoun, TRENTE ?

Nouveau film de Fadhel Jaziri : Les années trente revisités

 

Chaque annonce d’un nouveau film tunisien est une fête. Chaque nouveau film d’un réalisateur reconnu pour son sérieux et son souci de bien faire et mieux dire est une joie. Au moment où le cinéma tunisien se débat dans un marécage d’improvisation, et une opacité à rendre les écrans noirs et une façon d’octroyer les aides d’une manière moyennageuse, comme l’octroi des sauf-conduits dans les cours des Bey husseinites, en ce moment quand un artiste comme Fadhel Jaziri annonce la production de son nouveau film est un événement. On connaît les désirs de Fadhel Jaziri , qui a toujours voulu, et souvent réeussi, à s’accorder les moyens pour arriver à boucler ses projets. Un budget conséquent (deux millions de dinars dit-il), une équipe étoffée , des studios dans l’usine désaffectée de laSTEG à La Goulette, et un scénario dont l’écriture a duré deux ans assureront l’arrivée à bon port de ce projet : “Trente”. De quoi s’agit-il ? Laissons le réalisateur parler selon sa conférence et dossier de presse : « Nous souhaitons, par ce film, rappeler à la mémoire de tous, une époque pas si lointaine où notre pays, la Tunisie, s’éveillait à la modernité et où les intellectuels ont joué un grand rôle dans le renouvellement de la pensée et la lutte contre l’obscurantisme et la régression. Le combat de Tahar Hadded et de nombre de ses contemporains, certains célèbres, d’autres anonymes, peut servir de modèle et constituer un idéal auquel les jeunes générations pourraient s’identifier. C’est aussi l’occasion de montrer la richesse d’une tradition aux multiples expressions (poétiques, musicales, architecturales, vestimentaires, culinaires…), confrontée à un monde en pleine mutation. Notre souci est évidemment de faire un film populaire qui s’adresse à un large public au-delà des frontières locales. C’est la raison pour laquelle nous considérons nécessaire de tourner, outre la version arabe, une version en langue française. » Quelle est la fable ? De quoi parlera ce film ? Encore une fois le dossier de presse « Ce film relate le combat de trois jeunes amis, qui sont devenus de véritables mythes dans la société tunisienne: Mhamed Ali El Hammi, fondateur de la première organisation ouvrière autochtone ; son cousin Tahar Hadded, militant opiniâtre de la liberté et des droits de l’homme, précurseur du Code du Statut Personnel, qui, par ses écrits, a invité l’ensemble du Monde musulman à réformer la condition de la Femme dans la société ; et Aboul Kacem Chebbi, qui a renouvelé la poésie, réfléchi à la posture du poète et à son engagement et instauré un rapport nouveau à la langue. Tous trois connurent, dans l’indifférence générale, un destin tragique. Entre 1924 et 1934, c’est tout un peuple épris de liberté qui, dans sa lutte pour l’Indépendance, redécouvre le monde et s’initie à la modernité. Ce film riche en évènements dévoile un pan entier d’une société conservatrice, réactionnaire, insensible au renouveau, recroquevillée sur elle-même, attachée à ses privilèges qu’elle défend contre toute réforme avec une rare cruauté et un raffinement remarquable. » Donc trois monstres, Hammi , Haddad et Chebbi ? Mon Dieu. Attendons le film. Très agacentes les questions de certains journalistes lors de la conférence de presse qui resassent les questions des frustrés et qui commentent déjà le film deux minutes après avoir lu et écouté la note d’intention . Nous souhaitons très bon tournage à ce créateur qui n’a plus rien à démontrer. Une prépartion qui a duré huit mois : un Story Board complet ( c’est –à-dire ce quon applelle un scénarimage, une manière d’écrire le film en dessinant tous ses plans c’est une merveile avec laquelle nous illustrons notre dossier, tout cela garantira un film qui fera date certainement. Mais pourquoi les chiffres ? Une boutade Avec“ le kahmsoun” (50) de Fadhel Jaibi , le Trente de Fadhel Jaziri, (30) nous pensons que Mohammed Driss montera un spectacle qui aura pour titre 20 et on arrivera à 100%.

 

(Source:  « Réalités », (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1113 du 4 octobre 2007)


 

 

Portrait de Fadhel Jaziri :

Fondamentalisme de la modernité, modernisation du patrimoine..

 

Par Abdelkrim Gabous   Avec sa taille imposante, sa barbe à la Orson Welles et sa démarche de vautour arpenteur dans la pièce “Nejma” de Kateb Yassine réalisée par Jean-Marie Serreau, Fadhel Jaziri n’a guère cessé, depuis le milieu des années soixante-dix de cultiver une image de marque d’un faux -modeste fuyant le public pour briller encore plus. Agitateur culturel, touche-à-tout artistique, intellectuel qui ne cache pas son engagement : tantôt soutenant la gauche, souvent électron libre, mais sûrement créateur audacieux. Des années passées en tandem avec l’autre Fadhel ( voir Réalité N° 1117 du 24 au 30/5/2007), puis, mettant une sourdine à ses activités théâtrale pour aller former un nouveau duo avec Samir Agrebi afin de lancer pour la première fois dans le Monde arabe ce que l’on pourrait appeler : «la musique et les chants vernaculaires revisités » avec sa série de créations-spectacles alliant la finesse, le parimoine, le grandiose et le courage du mariage des musiques anciennes et très modernes. Incontournable, agaçant parfois , mais nullement détestable. Fadhel Jaziri entame le tournage de son nouveau film ( Sa société d’ailleurs s’appelle Nouveau Film): Trente,Thalathoun Qui est-il ? D’où vient-il ? Qu’a-t-il réalisé et où va-t-il ?Et que propose ce nouveau film ? Tenter de répondre à ces questions dépasse cet espace, mais essayons de tracer un tableau à la manière des impressionnistes, de l’itinéraire de ce créateur à la fois facile à cerner mais difficile à saisir. Difficile de tracer le long itinéraire de cet artiste, parfait autodidacte, (dans le sens positif du terme), transgressif, blaissant les stéréotypes et innovateur; en tout cas, comme son alter ego Fadhel Jaibi, un forcené du travail, maladivement miticuleux comme une tricoteuse de bonnets de chéchia, la chéhcia cet atour totalement et spécifiquement tunisien dont son grand père fut un des maîtres artisans. Le Titi de la Médina Une enfance dorée, une adolescence calmement révoltée, et une carrière de vouloir faire tourner la culture en rond, font de Fadhel Jaziri un parangon incontournable de la création et de la culture de la Tunisie des trois dernières décennies. Né au sein d’une famille de la petite-bourgeoisie de la médina, famille apparemment issue de l’aristocratie d’origine turque. Son grand père était à la fois notaire-avocat et artisan chaouachi (fabriquant de chéchia), son père a pris la relève , mais pas pour longtemps. Enfance entre Bab Souika, le symbolique quartier incrusté entre la Médina et les faubourgs, pierre d’achoppement de toutes les activités animées de la ville : Commerce, culture, sport, militantisme etc. et la Kasbah , notamment le Souk des Chaouachines. Il a vécu toute son enfance et son adolescence intra muros. Guère d’escapades en dehors de la médina, sauf pour accompagner un père piqué de culture et surtout de théâtre. Son rubicond se limitait à la rue des Protestants à l’est de la médina, pour aller voir des films au cinéma le Lido (qu’il acheta par la suite pour y monter Ghassalet Ennouader), quatre films au moins par semaine et au Nord le Collège Sadiki et les Chaouachines. Les artisans de la Médina n’étaient pas des illettrés, au contraire, les ulémas de la Zitouna maîtrisaient aussi bien la plume que l’aiguille. Ils sont à la fois intellectuels et chaouachi, tarzi, ou parfumeur. Autour de son grand-père s’organisait des cercles littéraires. Voyant le métier de chaouachi menacé, Bourguiba fit faire interdire le port de la chéchia dans l’administration (imitant son modèle Atatürk qui avait interdit le Tarbouch), le père change de métier. Ayant des amis au Liban le père de Fadhel Jaziri part en Orient pour revenir ouvrir une Librairie. Un noble métier. Qui ne connaissait pas la Librairie Jaziri à Bab Souika enchâssée entre la porte de Sidi Mahrez et l’entrée de la rue du Pacha. Juste à côté, le père continue à gérer un café célèbre : Le Ramsès et un hôtel, La Zitouna, tous deux célèbres par leur clientèle : Poètes, hommes de théâtre, musiciens, écrivains et hommes politiques. Mustapha Khraïef a vécu toute sa vie dans une chambre de l’hôtel. C’est au Ramsès que naquit la « Troupe de la Ville de Tunis » par exemple. Le siège de l’Espérance Sportive de Tunis est à côté et à quelques encablures le Collège Sadiki. Fadhel Jaziri avait tout découvert à Sadiki en primaire (annexe) et au secondaire. Le foot ne l’intéressait pas, le théâtre, il y baigne, le cinéma est sa drogue et sa tasse de thé quotidienne. Suivent les flâneries à travers les venelles et ruelles et impasses de la Médina , passant des ateliers des artisans, l’atelier de son père et les ateliers des calligraphes Khamassi et Tijani Mahmedi et s’arrêtant devant les selliers, les tailleurs et les dinandiers. Les odeurs, les couleurs des souks sous un fond de musique fusant des magnétophones Revox qui faisaient fureur dans les cafés égrenant la quintessence des la Musique dite des années trente, hélas aujourd’hui détrônée par les braillements de voix inaudibles au rythme des synthétiseurs japonais que crache les n’importe–quoi-FM. Mais ce qui le paralysait furent les processions , les hadhra, toute la musique lithurgique qui couvrait le vacarme du Souk Sidid Mahrez. Pur produit sadikien C’est le Collège Sadiki qui lui ouvrira la boîte de Pandore et chatouillera son imaginaire. Reconnaissant F. Jaziri n’a guère cessé de louer l’apport de ceux qui ont consolidé sa formation et peut-être ceux qui ont permis à l’aider de virer de Sophie (il voulait être philosophe) pour les deux muses Melpomène et Thalie (respectivement les Musées de la tragédie et de la comédie). C’est le Sadiki des charnières, séparant la proclamation de la République et le complot de 1962 , l’expulsion des derniers colons et l’installation du pseudo socialisme de Ben Salah entre 1954 et 1964, notre génération compte parmi les dernières qui a reçu une formation en humanité avant qu’on vienne tripoter les programmes Messadi pour créer des monstres par un enseignement bâtard. Une génération qui ne compte plus les cheveux blancs et qui atteint aujourd’hui la soixantaine après avoir traversé les 4 dernières décennies du XXème siècle comme des météorites. Ils pensent aujourd’hui à la relève. Peut-on réaliser ce rêve dans un monde-espace d’imaginaire coincé entre Nancy Ajram, Dlilek Mlak, le Rai et les SMS mal rédigés. Aller à l’école en ces années-là était un pur bonheur, un délice. Au lycée (Yarham waldik Ya Si Mahmoud Messadi) on avait tout: formation solide, sport, clubs littéraires, cinés-clubs, Club de Musique et théâtre scolaire. Sadiki, la prestigieuse école alignait sur ses bancs une kyrielle de noms qui continuent à briller dans le firmament, parfois étriqué, des arts et de la culture dans notre pays. Ils faisaient partie tous du même groupe, presque un garnement mais ils furent à la fois intelligents, turbulents, imaginatifs et fiers de l’Indépendance : Mohammed Driss, Raouf Basti, Hamadi ben Othman, Ali Louati, Omar et Abdelkrim Shabou, Raouf Ben Amor , Hédi Guella, Ali Saîdane et j’en passe. Fadhel Jaziri s’entiche de théâtre et il était « un élève normal » dit-il, mais rêveur, taciturne et imaginatif me disaient ses camarades. Un groupe se forme sous la houlette de Raouf Basti pour fonder une troupe de théâtre scolaire qui se distingua par son ton audacieux, discours transgressant la sagesse et la politesse légendaire de leur animateur Mohsen ben Abdallah. Le célèbre Directeur du Collège Sadiki, Si Abdelwahab Bakir, les encourageait et leur offrit espace et aide et ce fut une pièce qui n’avait rien à envier au théâtre de l’époque qui, il faut le dire, était majoritairement amateur. Un monde parallèle ouvrira la porte au théâtre scolaire qui dorénavant après que Mohammed Driss et Raouf Basti fondèrent le festival du théâtre scolaire et universitaire. Le titre de la pièce laisse entrevoir à l’horizon de ces jeunes qui vont former les pièces du puzzle de la création artistique de la Tunisie indépendante : créateurs, formateurs, animateurs administrateurs etc. Il n y avait pas à cette époque que le Sadiki de Tunis. Il y avait un esprit sadikien. Derrière cet esprit un homme et quel homme :Mahmoud Messadi. Humaniste, visionnaire, têtu, et traducteur par le truchement de l’enseignement de la vision de Bourguiba d’une société et d’un Etat. Un bourguibisme frais héritier du positivisme d’Auguste Comte par lequel Bourguiba eut été obnubilé pour s’occuper du savoir, de la modernité une solide notion de l’Etat. Mahmoud Messadi auquel nous devons toute une philosophie et la concrétisation de l’enseignement moderne : l’enseignement Sadikien, qui a été transporté et transplanté aux lycées fondés la même année dans plusieurs Gouvernorat : Gafsa, Bizerte, le Kef, Gabès , Béja et bien sûr Sfax et Sousse. Fadhel Jaziri comme toute sa génération est un pur produit de l’enseignement sadikien de Messadi : bilingue, ouvert, laïc, une sorte de continuité de la rigueur de l’enseignement colonial et une très grande ouverture sur la culture arabo-musulmane dans sa plus belle splendeur celle de Salama Moussa et de Taha Houssein et Tahar Haddad. Plusieurs professeurs vont parfaire la formation de F. Jaziri. Il se rappelle souvent de deux parmi eux : Si Ahmed Larbi qui lui a ouvert les arcanes de la langues arabe et de la richesse de la littérature classique, et moderne ; Zoubeir Turki, son prof de dessin, et l’ami de toujours auquel il rend aujourd’hui visite au moins une fois par semaine et bien sûr les intellectuels qui fréquentent la librairie et le café der son père. Le grand tournant de 68 1968. Quelle année ! Plus exactement le 23 mars. C’était à la faculté du 9 avril. La première grande grève estudiantine. La Tunisie des étudiants avait devancé mai 68 de Boul’mich. Il faut dire qu’à la faculté des lettres professait Michel Foucault, Jean Duvignaud, et Jean Wall . Juste à l’amphi 365, si je garde une bonne mémoire, feu Ahmed ben Othman, cette pépite humaine partie à l’apogée de la fécondité était à la tribune, à côté de Brahim Razgallah, Tahar Belhassine, Aziz Krichen dont on a utilisé la chaussure à grande pointure pour briser l’épais verre de la porte de la faculté que le Doyen, Chadhli Ayari avait cadenassé. Khmais Chammari arrive en retard et rentre en trombe avec sa légendaire faconde, toujours un livre à la main, je m’en rappèle, le Tome 14 des œuvres de Lénine. Toujours original, il interrompt la tribune pour présenter une curiosité : Un représentant du comité des élèves qui ont rejoint le mouvement. C’était un jeune homme filiforme, comme Anthony-Perkins dans Paris brûle-t-il ? Mais au crâne rasé : ce fût Fadhel Jaziri venu prendre la parole au nom des élèves qui soutenaient leurs aînés les étudiants. 1969 : bac en poche, Fadhel Jaziri rejoint le même amphi où il a fait son baptême de feu s’inscrivant en philo. Lui formé à l’ouverture du dialogue de Sadiki intervient pour contredire sa prof à propos de Hegel (on voit l’art poindre) mais la prof qui , inutile de la citer est reconnue par les étudiants comme la plus acaciâtre des enseignants, lui interdit la parole et l’envoie au Secrétaire Général de la faculté qui, tout de suite lui assène une règle : «Tu te tais ou tu quittes». F. Jaziri préfère la deuxième solution. Il se rappelle toujours de cet petit bonhomme haut comme trois pommes et qui maintenant est considéré comme le plus courageux des penseurs : Mohamed Talbi. Etonnant Non ! De l’amphi, F. Jaziri ira traîner ses savates (parfois pieds nus), cheveux longs, c’était peut-être le premier à lancer cette mode de protestation capillaire et dessiner tel un mannequin de gauche l’image du survolé à la Sartre : cheveux hirsutes, barbe négligée, veste militaire et chaussures plates Clark. Il traînait avec une bande de copains et de copines avec un tourne-disques. Ce fût ce qu’on appelle l’âge de La Belote. La Belote était un café tenu par un couple de Français, Corses peut-être, gentils, cultivés, amènes et hospitaliers. Tout Tunis culturel était fourré dans ces 16 mètres carrés autour de six tables. Qui n’est pas passé par la Belote où on y voit se côtoyer écrivains, cinéastes, hommes de théâtre ? La topologie de la ville était tracée par des bornes : des cafés. L’Univers, La Belote, Café de Paris, La Rotonde, la Brasserie Suisse, le Brasilia. Les après-midi l’Avenue Bourguiba n’avait rien à envier à la Cannebière de Marseille ou à la promenade des Anglais à Nice : bars, kémia, terrasses, dames élégantes, hommes sapés et moineaux dont les essaims traçaient un ballet au dessus des ficus et bombardaient les passants par cette fiente odeur d’huile d’olive. Ah ! La silhouette de Salah Garmadi qui garnissait la terrasse étriquée du bar de l’Etoile et son sourire qui pouvait noyer la plus grande nef carthaginoise et les silhouettes sveltes de Néjib Belkhoja et Mahmoud Shili se dirigeant vers la Café de Paris pour aller s’asseoir sur ce tableau de Mosès Lévi, Hamadi Essid blaguer avec Ammar Farhat et Abdelhamid ben Mustapha attablé avec sa flûte d’anisette gras devant lui. Quelques jeunes filles, dont « la baccoucha » égayaient l’espace, elles n’étaient pas de vulgaires prostituées, mais comme on aimait le répéter , des assistantes sociales sexuelles et puis les flics partout. Le baptême des planches Là, Fadhel Jaziri sera de toutes les rencontres, celles de la Maison de la Culture Ibn Khakdoun, un vrai havre culturel, ombragé par le sourire et l’esprit ouvert de Si Abdelkader Klibi. Un groupe se formait : Jamal Chérif, Noureddine Mahfoudh, Mahmoud Larnaout et d’autres fondent « Le groupe d’action artistique » Basé à la maison de la Culture Ibn Khaldoun. Ils mettent en scène une première pièce en adaptant un poème de Moncef Ghachem qui lisait ses poèmes partout portant une rage sous forme des roulements des r en se faisant passer pour le porte-parole des marins et navigateurs. Ils tentent de monter une adaptation d’un texte de Ezzeddinz Madani, « Ras El Ghoul » dont il nous reste une édition écrite, mais hélas n’obtient pas son visa de censure dont le responsable était Abdelaziz Laroui fermé à toute transgression théâtrale. Le théâtre chez cet homme francophone et cultivé se résumait aux vaudevilles et les rideaux cramoisis. En ce moment Fadhel Jaziri fait connaissance de Salah Garmadi qui venait soutenir les jeunes pour finir sur scène avec eux, lui le respectable professeur universitaire et se fut « Ettouazouiz ». Ali Ben Ayed remplissait l’Avenue Bourguiba avec sa démarche de prince et de légionnaire à la fois, éternellement habillé en blanc, après plusieurs succès il monte sa légendaire pièce « Mourad III » de Habib Boularès. Casting : Fadhel Jaziri se présente, il est accepté 32ème figurant debout raide comme le javelot qu’il tient dressé tout au long de la pièce en arrière plan. Supplice exquis , mais se fut une aubaine pour ce jeune curieux de tout, taciturne mais au regard narquois. Il découvre le théâtre, les coulisses, les loges, lueurs miroirs, les costumes , le maquillage et le trac des comédiens . C’est vibrant. Lors de la représentation de la pièce au Théâtre International de Hammamet, il fut repéré par ce noble intellectuel auquel la culture tunisienne devrait lui dresser la plus belle statue :Si Tahar Guiga. Il n’y a pas un créateur culturel de notre génération qui n’ait eu quelque chose de si Tahar Guiga, un jour nous y reviendrons. Si Tahar était responsable des relations extérieures au Ministère de la Culture et Directeur du Centre culturel international de Hammamet après avoir été chef de Cabinet de feu Mahmoud Messadi au ministère de l’Eductaion nationale. Ils arrachait des bourses et cherchait des talentueux. Il croyait ferme à sa formule : pas de bonne culture sans solide formation et dans les écoles et les ateliers célèbres, ainsi il envoya Fadhel Jaibi à Paris, Raja Farhat à Milan et Fadhel Jaziri à Londres et d’autres peintres et cinéastes, graveurs, restaurateurs de monuments et archéologues. (Allah yarhmik ya si Tahar wi Y barred Adhamek) Londres, Soho, National Gallery, Hard Park Base-Water, Théâtres célèbres, Cinémas, mouvement Hippy, Rock… Ils étaient quatre Tunisiens : F Jaziri, Hédi Guella, Raouf Ben Amor et Ridha Ben Sliman. Quel quatuor ! «Je ne me trouvais pas », se rappelle Fadhel Jaziri. Il lui manquait la Médina, le café La Belote, les moineaux de l’avenue Bourguiba, les calembours de Zoubeir Turki… Tunis. Ah ! Tunis des années 1970 : Culture, art, échange et politique… Et puis se fut Gafsa Quelle mouche avait piqué ce chichi de Beldi pour aller cailler l’hiver et cramer l’été dans la plus inhospitalière des villes tunisiennes : Gafsa, ville encaissée entre des montagnes agressives et une société fermée comme les coquilles de ses escargotières préhistoriques. Au début se fut une blague et un calembour de Zoubeir Turki qui mérite d’être racontée. Moncef Souissi venait de donner un coup de pied dans la fourmilière du théâtre tunisien qui fonctionnait comme la Comédie Française, puisant dans le répertoire mondial, sous la houlette d’Ali Ben Ayed qui était une synthèse de Gérard Philippe et Jean Vilar, le reste du théâtre n’était que de petites pièces de Vaudeville niaises et mal jouées. La réussite de Souissi au Kef avec un théâtre de rupture en langue dialectale mais un référentiel solide : Brecht, Goldoni, Pirandello, Comédia del arti et un théâtre de patrimoine : Azzinj , El Hâllaj et Bayram Tounsi. Zoubeir Turki qui ressemble à un druide gaulois doublé d’un sage d’ Alexandrie des Ptolémées, blaguait en suggérant à Moncef Souissi de trouver à ces fils à papa , chichis de la capitale, d’aller refaire ce qu’il a , lui, réalisé au Kef, dans une autre vile , Gafsa par exemple. Et ce fut fait. Un ami Gouverneur, dont tout le monde loue toujours son soutien à la culture, Mohamed Bousinna, offrit l’opportunité de monter le « Le Théâtre du Sud de Gafsa ». Ils formaient un groupe qui, comme un tableau de mosaïque de Gafsa, éclatés et unis à la fois qui ira monter cette troupe :Fadhel Jaziri, Fadhel Jaibi, Raouf Ben Amor, Jelila Baccar, Mohamed Driss, Raja Farhat et d’autres… Six mois plus tard ils reviennent à Tunis avec une pièce anomique, dérangeante mais succulente : «Jha wal charq al Hair », (Goha et l’Orient désorienté). Ce fut une découverte. Un délice. De nouveaux décors (Jaziri était derrière), une nouvelle théâtralité, une autre scénographie, un gestus inhabituel, un jeu démarquant, une structure moderne de la fable , du texte et de la mise en scène. Fadhel Jaziri jouait le rôle d’un gros personnage , manipulateur qui d’en haut manipulait les acteurs comme des marionnettistes, les ficelles étaient visibles : Allégorie de Bourguiba.Tout le monde le savait . Sous les cendres de la créativité couvaient les braises d’un discours contestataire, déjà. Chut ! Tout le monde a compris. Ce fut à la fois l’âge d’or du Bourguibisme et le début des années de plomb : Liberté culturelle, mais chasse à la sorcière et début des simulacres de procès et l’institution de la torture. «Belle expérience» se rappelle Fadhel Jaziri, il résumait cette expérience par une soif «de la beauté du geste et l’amour de l’art». Gafsa était éloignée, les aller-retour (il n’ y avait pas de bus climatisé mais les tacots de Gaouafel Gafsa qui mettent sept heures pour 400 kilomètres et à ce moment Gafsa avait deux louages pour Tunis et le train passait par Sfax et mettait dix heures. Il faut dire qu’en deux ans le groupe à formé des comédiens locaux dont Abdelkader Mokdad à qui ils lui laissèrent la destinée de la troupe qui va briller par son nouveau style dans le discours et le geste de ce dernier. Mahmoud Messadi, le frêle et rigoureux Ministre de la Culture vient en personne voir la pièce à Gafsa, il y avait anguille sous roche, lui chuchotait-on, il voulait dépasser les rapports de la Commission de censure. Il aime la pièce et découvre le courage de ces jeunes qui parlent le français comme les comédiens du Théâtre du Soleil et l’arabe comme Youssef Wahbi. Il découvre le résultat de son œuvre à l’éducation : des lettrés, humanistes, polyglottes et cultivés. Il les invite le lendemain à son bureau et leur propose de diriger Le Centre d’Art Dramatique agonisant tellement il avait croupi sous la vision de Abdelaziz Agrébi et resté au théâtre classique répétitif. Le Nouveau Théâtre Et ce fut une nouvelle expérience. Rejoints par Mohammed Driss , Tawfik Jbali et surtout feu Habib Masrouki fraîchement revenu avec un diplôme de directeur de photos de Vaugirard, ils formèrent vraiment une ruche d’abeilles, d’où vont essaimer des émules. Mais le groupe avait pris des précautions, ils acceptaient, à une condition que le Ministre leur laisse la liberté de monter leurs propres pièces. Il faut dire, qu’ils étaient les plus «culottés» des créateurs : «Nous gardons notre droit de produire notre théâtre tel que nous l’acceptons». Un jour du mois de juillet, je me rappelle, Franco agonisait, je bouclais mes pages culturelles du journal Le Temps on m’appelait au hall de l’imprimerie. Qui je trouve au hall ? Ce fût Fadhel Jaziri qui me tend un dossier avec cette posture de courbette des cours turques, mais un geste des grands de taille qui enfin vous dominent en faisant semblant de se soumettre. C’est la personnalité de Fadhel Jaziri. Discret comme toujours, il m’a prononcé une seule phrase et repart : « Une nouvelle aventure, tu aimeras, on sait que tu aimes les aventures .C’est l’acte du Nouveau Théâtre, j’enlève un article et je publie le dossier complet. Quelle aubaine : le premier Théâtre privé, privé dans le sens Libre. Tout fut nouveau : le logo, l’affiche, la note d’intention calligraphiée à la main, s’il vous plait, et même le lieu de représentation. «La Noce» inaugure le vrai nouveau théâtre et bouscule les habitudes et ouvre l’épopée que l’on sait. Ce n’était pas au Théâtre de La Ville de Tunis que vont se produire les jeunes acteurs. Les jeunes n’aiment pas les scènes frontales, le théâtre élisabéthain et mimer la comédie française, eux empiffrés des pièces de Jacques Déry qui faisaient le tour du pays, avec des costumes de péplum et une lumière écrasante. Non, c’est à la Galerie Yahya. Ah ! La Galerie Yahya. Ah ces prédateurs qui on démolit Le Palmarium et le Tunisia Palace biffant deux célèbres lieux de mémoire de la carte urbanistique de Tunis : Les criminels. Ainsi on a perdu en même temps la plus prestigieuse salle de cinéma, Le Palmarium, le plus beau café, Le Brasilia, le plus sympathique des restaurants universitaires, la salle de répétition de Ali Ben Ayed, Le Tunisia Palace, hôtel mythique qui a hébergé toutes les célébrités de Colette à Youssef Idriss et la Galerie Yahya qui a éduqué notre regard .A la place on érigea un Souk Mellassine en aluminium et verre fumé. La Noce fut jouée dans une galerie au parquet en bois ciré sur lequel on entend ses souliers grincer. Et c’est le succès : Jalila Baccar et Mohammed Driss inauguraient un nouveau jeu : un Nouveau Théâtre sous la houlette des deux Fadhel. Ils étaient à l’affût de tout ce qui est nouveau. Entre Gafsa et le Nouveau Théâtre , ils n’ont pas chômé, le groupe ira chercher du côté des amateurs , ils découvraient dans les caves de la Maison de la Culture Ibn Rachiq une troupe d’amateurs conduite par Lamine Nahdi mais comptait déjà Kamal Touati, Abdelhamid Gayes, Taoufik El Bahri, rien que ça ! Alors ils réaliseront l’une des plus célèbres et belles pièces du théâtre tunisien : « Al Karritta . Un théâtre à mourir de rire et à pleurer ses paupières d’émotion. Ils vont après débaucher Lamine Nahdi pour lui donner un des plus grands rôles de sa carrière et du théâtre tunisien : «Arab ». Que faisait Fadhel Jaziri avec le Groupe ? Le recoupement que j’ai opéré m’a fait découvrir un homme-orchestre ! J’avoue que j’ai suivi le Nouveau Théâtre et je me targue de ne jamais rater une seule pièce de leur répertoire et peut-être, en me sacrifiant à un certain snobisme légitime, j’avais le privilège de pouvoir assister aux répétitions et j’ai vu Fadhel Jaziri au travail : il faisait tout. Mais pas tout écrire (ils écrivaient en groupe), calligraphier les nombreuses versions, réaliser, mettre en scène (en co- toujours), dessiner les scènes, les story-board, les décors, accessoires, affiches et discuter, le tout donne au bout du compte de belles pièces «Attahqiq», « El Ouartha » (un bide), « Ghassalet Ennouader »( un succès total large public et critique) inaugurant cette devise « théâtre élitiste pour tous », « El Awada », et une pièce étrange «Lam » avec des décors en fer massif et deux films « La Noce » , et « Chich Khan ». A la fin du tournage de ce film qui coïncidait avec la fin du cycle Al Awada : Une rupture. De 1975 à 1987, le théâtre tunisien fut marqué par ce duo, les deux Fadhel : Jaibi et Jaziri. A les voir suivre les répétitions au théâtre de Hammamet : l’un avec sa taille imposante et sa démarche nonchalante, jouant le tire-au-flanc alors qu’il bouillonnait d’imaginaire et de projets, à côté l’autre Fadhel à 40 cm plus bas, agité comme un surdoué , acerbe et précis, perspicace et stakhanoviste, ils faisaient une copie du fameux tableau de Picasso Don Quichotte et Sancho. Jaziri et Jaibi deux FJ. Mais qui est Don Quichotte et qui est Sancho ? Chacun d’eux pretend être Don Quichotte!. Habib Masrouki choisit de démissionner de la vie, dépité par la vie culturelle. Mohamed Driss repart en Europe reconquérir de nouveaux horizons, Tawfik Jbali monte avec Raja Ben Ammar et Moncef Essyem le théâtre Phou. On me racontait qu’à la fin du tournage de « Chich Khan » Fadhel Jaziri jeta l’éponge. On connaît la suite. Processions du XXème siècle et le cycle du méga spectacle Des voyages. Un mariage. Des réflexions et un rêve. Fadhel Jaziri ira par la suite chercher à changer le fusil d’épaule. Lors de leurs discussions les deux Fadhel me l’ont confirmé, s’entendaient sur tout sauf sur une position derrière laquelle Fadhel Jaibi campe obstinément : du théâtre, du théâtre pur et dur, alors que Jaziri pensait aux comédies musicales, aux performances. Fadhel Jaziri, fils de la Médina, voisin de Sidi Mehrez, spectateur et auditeur de toutes les processions et des fêtes liturgiques , des chants mystiques et des louanges du prophète, assidu des kharja de Sidi Bousaid, se jette dans une nouvelle aventure. Sa série de spectacles inclassables. Un matin de 1990, trouvant toujours refuge chez Noureddine Ben Khedher et Moncef Guellati, Noureddine m’expliquait qu’il somnolait parce qu’il veillait jusqu’à l’aube aux répétitions de « La Nouba » de Fadhel Jaziri. Ce fut une révélation, un succès, qui ira hors frontière jusqu’au Zénith à Paris. Beaucoup de courage, de l’innovation. Tenter de marier la carpe et le lapin c’eût été sa gageure et ce dont rêvait F. Jaziri : marier la musique mystique et liturgique et le saxophone et le piano et l’accordéon : Chéchia et jean, bendir et saxo, darbouka et piano, Tee shirt et fouta et blouza, liturgie et musique symphonique. Les gens ont aimé, revue, dansé et chanté. Et si dans nos stades la mascotte sonore est « Belhassen Ya Chadly» c’est que Jaziri avait courageusement défoncé les portes emmurés du patriloine par Gafla Tsir et le Mezoued et brisé les stéréotypes. La suite est connue, avec Samir Agrébi, il forme un nouveau duo. Il récidive et ce furent « El hadhra », «Noujoum» , « Zghonda et Azzouz », « Banni Banni » «Essaba » et du nouveau El Hadhra revisitée » et en 2005 , l’ouverture du festival de Carthage par «Zaza ». Il y avait ceux qui aimaient et d’autre pas. Personnellement j’ai admiré, j’ai trouvé intéressant et même me rappeler avoir levé le bouclier critique quand une certaine presse a démoli « Noujoum », mais ce genre de spectacle n’est pas ma tasse de thé. Peut-être par purisme fondamentaliste de la musique mystique au sein de laquelle je fus élevé quand mon village, Nefta, comptait 70 troupes mystiques, pour 140 Zaouias et 18000 habitants et boulimique de musique classique occidentale, je n’aime pas que l’on touche à mes rythmes mystiques ni à mes opus classiques. Mais j’avoue que la Lyonnaise de Fadhel Jaziri a pris et j’adhère au courage et à l’audace. C’est tant mieux ! Le cinéma n’était pas chez Fadhel Jaziri du reste. Il jouait et réalisait. Son jeu est ostensiblement agaçant comme dans « La Noce », le film et son rôle superbe dans l’un des plus importants films tunisiens, un film de rupture, Traversée de Mahmoud ben Mahmoud avec qui il avait écrit les dialogues. Le cinéma est devenu l’autre composante du triptyque créatif de Jaziri : théâtre, musique et cinéma. D’où le projet de ce film qu’il prépare « Trente » “Thalathoun” dont nous présentons le projet. De toutes les manières : d’accord ou pas d’accord avec Fadehl Jaziri personne ne peut nier son apport, son talent, sa créativité et surtout son audace et sa faconde. C’est quoi la création ? «C’est d’emprunter des sentiers qui n’ont jamais été foulés auparavant » disait Sergueï M. Eisenstein. Fadhel Jaziri a toujours arpenté des pistes jamais battues avant lui. C’est son talent.

 

(Source:  « Réalités », (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1113 du 4 octobre 2007)


Human Rights Watch ouvre un bureau à Paris et compte sur l’aide de la France

 

 AFP, le 9 octobre 2007 à 12h35

 

 PARIS, 9 oct 2007 (AFP) – L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, dont le siège est à New York, a ouvert mardi un bureau à Paris en soulignant que la France était un « allié important » pour son travail, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.

 

« Nous voyons la France comme un allié important pour notre travail », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW).

 

« Par cette présence en France, nous espérons contribuer au soutien que la France apporte dans le domaine des droits de l’Homme, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient », a-t-il ajouté, cité par l’organisation dans un communiqué.

 

HRW vient de publier un rapport très critique sur l’action de la France dans son ancienne colonie de Centrafrique, où elle dispose de troupes.

 

L’organisation a reproché à Paris sa passivité devant les exactions commises par l’armée centrafricaine qui a tué des centaines de civils dans le nord dans le cadre de sa lutte contre les rebelles. La France a rejeté ces critiques.

 

HRW veut aussi inviter le gouvernement français « à profiter de sa présidence de l’Union européenne (au second semestre) 2008, pour améliorer la protection des défenseurs des droits de l’Homme dans le monde », a déclaré le directeur du bureau de Paris, Jean-Marie Fardeau.

 

L’organisation souhaite en outre le soutien de la France « pour aider le Sénégal dans l’organisation du procès de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré, et pour mieux protéger les droits des populations les plus vulnérables en France, en particulier les migrants et les demandeurs d’asile », a-t-il ajouté.

 

Une vive polémique oppose actuellement en France partisans et adversaires d’un projet de loi sur l’immigration voulu par le président Nicolas Sarkozy comportant un amendement très controversé sur des tests ADN pour des migrants.

 

L’organisation a rendu public mardi un sondage d’Opinion Way montrant que 87% des Français estiment que la France doit jouer un rôle plus important au sein de l’UE pour défendre les droits de l’Homme dans le monde.

 

Human Rights Watch est présente dans plus de 70 pays et a déjà des bureaux en Europe notamment à Berlin, Bruxelles, Genève et Londres.

 

AFP


 

Les enfants prédicateurs du petit écran indonésien

AFP, le 9 octobre 2007 à 06h59

Par Presi MANDARI

 

JAKARTA, 9 oct 2007 (AFP) – Voilée et vêtue d’une robe islamique traditionnelle, câlinant sa peluche Winnie l’ourson alors qu’elle monte sur scène, Ridha Nurul Haq, 6 ans, recommande avec insistance

aux Indonésiens de jeûner pendant le moins sacré du ramadan. La fillette participe à une émission télévisée bien connue dans le plus grand pays musulman du monde: « Keluarga Dacil » ou « la

famille du petit prédicateur ».

Les enfants âgé de 6 à 9 ans font équipe avec l’un de leurs parents et s’affrontent en mesurant leur talent pour prêcher l’islam. « Oh, vous avez la foi », lance Ridha devant une salle comble et des millions de téléspectateurs.

« Le jeûne vous est prescrit tout comme il a été prescrit à d’autres avant vous afin de vous préserver », dit-elle avant de citer des versets du Coran. Arum, la mère de Ridha, prend la relève. « Comme le jeûne est un

ordre de Dieu, nous devons le faire pour être récompensés par Dieu et nos péchés seront lavés ».

Après le sermon vient l’étape des questions posées par le jury. Ridha est interrogée sur ses propres habitudes de jeûne. Mais sa réponse fait éclater de rire les spectateurs, la fillette admettant rompre son abstention alimentaire à midi, comme beaucoup d’enfants de son âge.

Près de 90% des 232 millions d’Indonésiens se réclament de l’islam et le pratiquent de façon tolérante dans leur immense majorité. Le ramadan, qui s’achèvera en fin de semaine, est très suivi.

Les musulmans doivent pendant cette période s’abstenir de boire et de manger du lever du soleil à la tombée de la nuit. Une indulgence est accordée aux jeunes pas encore pubères. Une chaîne privée indonésienne avait lancé en 2004 « Pildacil » (« le concours des petits prédicateurs »). Les enfants prêcheurs s’affrontaient dans une joute verbale, le gagnant remportant deux billets d’avion pour un pèlerinage à La Mecque.

Le Conseil des oulémas indonésiens, organisation influente et conservatrice, avait jugé en 2005 que « Pildacil » était le meilleur programme télévisé pour la jeunesse. Depuis l’année en cours les parents partagent le plateau, mais leur progéniture conserve le premier rôle. Heribowo Agus, le producteur, assure que l’émission phare rebaptisée « Keluarga Dacil », a un objectif éducatif. « La performance (scénique) des enfants dépend de l’enseignement de leurs parents. Notre mission est de montrer des modèles au public indonésien », explique-t-il à l’AFP. « Il y a tellement d’exemples de jeunes dérivant vers la dépravation morale ou les drogues ».

Cependant, dans un pays où le respect de l’aîné est un principe fort, voir des enfants sermonner des adultes sur un ton moralisateur fait grincer des dents.

Certains estiment que les jeunes candidats feraient mieux de jouer que de réciter (en arabe) des versets coraniques appris par coeur, dans un spectacle dérivé du show « American Idol ». « Il est évident que les bambins ne comprennent pas ces enseignements », assure Sarlito Wirawan Sarwono, psychologue à l’Université d’Indonésie, en faisant par exemple référence aux appels à ne pas commettre d’adultère. Moeslim Abdurahman, professeur de théologie, considère ces enfants « victimes » d’un monde où « la religion s’empare de tout ». La proclamation des résultats par le jury est en tout cas bien comprise par les cinq compétiteurs, dont Ridha, alignés dans le studio de télévision.

La fillette a la droit d’aller en finale, tout comme un garçonnet qui se précipite à terre, le front touchant le sol, pour remercier Dieu. Les trois petits prédicateurs qui ont perdu éclatent en sanglots.

 

AFP


 

AFP, le 9 octobre 2007 à 06h56

Paris accueille une pièce sur la guerre au Liban ayant vaincu la censure

Par Benoît FAUCHET

 

PARIS, 9 oct 2007 (AFP) – Le Théâtre de la Cité internationale à Paris a donné lundi soir en création française « Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril », pièce du

Libanais Rabih Mroué sur la guerre au Liban, dont l’ironie a suscité une mesure de censure finalement levée. Le spectacle est présenté jusqu’à dimanche dans le cadre du 36e Festival d’automne à Paris, qui a accueilli fin septembre une autre proposition de cet auteur, metteur en scène et comédien de 40 ans, « Qui a peur de la représentation ? » (2005).

Cette performance en forme de réflexion sur un sujet sensible — le rôle de l’artiste dans un pays en guerre — avait été retoquée par la censure d’Etat.

Avec « Comme Nancy… » (« How Nancy Wished that Everything Was an April Fool’s Joke »), créée en mars dernier à Tokyo, le ministère libanais de l’Intérieur est allé plus loin en interdisant dans un premier temps que la pièce soit représentée au pays du Cèdre.

Sous la pression de médias et après intervention du ministère libanais de la Culture, les censeurs ont finalement reculé, et une représentation a été donnée fin août à Beyrouth. « Comme Nancy… », dont le texte a été coécrit par Rabih Mroué et le sociologue libanais Fadi Toufic, évoque l’histoire du Liban du déclenchement de la guerre civile en 1975 à aujourd’hui, sans action mais par les récits de quatre miliciens de diverses factions nationalistes, pro-palestiniennes, pro-syriennes, chrétiennes, chiites…

D’emblée, le dispositif scénique invite le spectateur à relativiser ces témoignages de combattants — trois hommes dont Rabih Mroué et une femme, son épouse Lina Saneh — serrés dans un canapé où chacun cherche la bonne position: à l’image d’un pays à l’étroit, pris en étau entre ses entreprenants voisins ?

Au dessus de leurs têtes défile une collection d’affiches de propagande colorée et luxuriante, sur lesquelles sont incrustés les visages des comédiens à la façon de « martyrs ». Avec impertinence, Rabih Mroué pimente son passionnant théâtre documentaire de fiction voire de science-fiction, avec ces personnages qui meurent et renaissent — symbole d’une guerre qui n’en finit pas — et se rallient aujourd’hui à leurs ennemis

d’hier.

L’auteur n’épargne personne et livre un raccourci saisissant et souvent drôle de la tragédie d’un pays où, comme le résume l’un de ses personnages, « toutes les batailles se menaient par erreur ». Le spectacle sera donné les 20 et 21 octobre à La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée à Noisiel (Seine-et-Marne), dans le cadre du festival Temps d’image. Rabih Mroué, dont la carrière internationale est en plein

développement, proposera aussi des représentations de « Comme Nancy… » en tournée à Rome, Tunis, Rabat et Le Caire.

 

AFP


 

 ATS, le 9 octobre 2007 à 06h10

Espagne

Conférence de l’OSCE sur la discrimination envers les musulmans

 Berne (ats) Les Etats de l’OSCE, dont la Suisse, sont réunis mardi et mercredi à Cordoue pour discuter de l’intolérance et de la discrimination envers les musulmans. Cette conférence vise à mieux connaître et lutter contre ce phénomène en Europe.

 

Les discussions doivent se focaliser sur les racines des discriminations contre les musulmans, leurs conséquences et le rôle des médias, écrit l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur son site internet. Les participants doivent aussi évoquer l’importance de l’éducation pour réduire l’intolérance.

 

Efforts suisses

 

La délégation suisse à Cordoue est conduite par l’ambassadeur Anton Thalmann, suppléant du secrétaire d’État du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Elle comprend également des

représentants du Service de lutte contre le racisme (DFI) et des milieux intéressés de la société civile.

 

Selon le DFAE, les représentants suisses entendent expliquer à leurs homologues des 55 autres États de l’OSCE les efforts que déploient actuellement les autorités et la société civile suisses à

l’égard des musulmans. Ce sera également l’occasion d’évoquer les questions et les problèmes rencontrés.

 

« Le Conseil fédéral a déjà réaffirmé, à diverses reprises, son engagement sans équivoque en faveur de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Il soutient, aux niveaux national

et international, de nombreux instruments et mesures visant à éliminer le racisme et la xénophobie », précise le DFAE.

 

La Suisse a été critiquée à plusieurs reprises à l’étranger, en raison notamment de l’initiative de la droite dure visant à interdire la construction de minarets.

 

Alliance des civilisations

 

Cette conférence est organisée dans le cadre de la présidence espagnole de l’OSCE. Elle s’intègre aux efforts affichés par le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero pour une

meilleure « entente » entre peuples, cultures et religions, avec son idée d’Alliance des civilisations.

 

Cette réunion se tient deux ans après la Conférence de l’OSCE sur l’antisémitisme et les autres formes d’intolérance organisée à Cordoue en 2005 et quatre mois après la Conférence de l’OSCE sur la

lutte contre la discrimination et sur la promotion du respect et de la compréhension mutuels tenue à Bucarest.

 

(Source: www.tsr.ch , le 9 octobre 2007)


 

Moratinos appelle à des « avancées décisives » contre l’islamophobie

 AFP, le 9 octobre 2007 à 12h08

CORDOUE (Espagne), 9 oct 2007 (AFP) – Le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos a appelé mardi en ouverture d’une conférence internationale sur « l’intolérance et la

discrimination envers les musulmans » à des « avancées décisives » contre le phénomène grandissant de l’islamophobie. « Depuis 2001, les rapports élaborés par l’Observatoire européen

contre le racisme et la xénophobie attestent de la croissance des attitudes et comportements anti-musulmans », a souligné M. Moratinos, à l’ouverture d’une conférence internationale de l’Organisation pour

la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Cordoue (sud) dont l’Espagne exerce la présidence tournante. Cette conférence a pour objectif « d’analyser les propositions et moyens pour combattre les comportements discriminatoires » vis-à-vis des musulmans. « De manière croissante, toutes les enquêtes nationales et internationales montrent un sentiment de rejet vis-à-vis des

musulmans dans le monde du travail, pour le logement et l’éducation », a encore souligné M. Moratinos. « Sans doute l’émergence du terrorisme international a alimenté ce phénomène », a encore indiqué le ministre.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a salué cette conférence comme une « initiative très importante », tout comme d’Alliance des civilisations lancée par le chef de gouvernement

espagnol.

Cette initiative, lancée en septembre 2004 à l’Onu par José Luis Rodriguez Zapatero après le choc des attentats du 11 mars à Madrid (191 mots), revendiqués par Al-Qaïda, vise à surmonter les préjugés

et malentendus entre monde musulman et Occident. Le portugais Jorge Sampaio, qui s’occupe de donner corps à cette Alliance dont il est « Haut représentant », participe à la conférence

de Cordoue. « Nous avons besoin de politiques fortes et de coopération pour construire les ponts du respect et de la compréhension », a lancé l’ex-président portugais.

 

AFP


 

Islamophobie: « l’Europe doit donner l’exemple », selonl’islamologue Mustapha Chérif

AFP, le 9 octobre 2007 à 12h53

 MADRID, 9 oct 2007 (AFP) – Spécialiste de l’Islam, Mustapha Chérif, 50 ans, voit dans l’islamophobie des raisons politiques, commerciales et culturelles et appelle l’Europe à donner l’exemple pour lutter contre ce phénomène, en marge d’une conférence de l’OSCE ouverte mardi à Cordoue.

Ce professeur à l’université d’Alger avait été reçu fin 2006 par Benoît XVI durant la polémique suscitée par les propos du pape sur l’islam.

 

Q: Quelle est la situation en matière d’intolérance vis-à-vis des musulmans?

 

R: La situation est très grave. Après la fin de la guerre froide, certains ont pris comme bouc émissaire et comme nouvel ennemi l’islam et les musulmans. Mais depuis l’acte insensé du 11 septembre, cela s’est amplifié et aujourd’hui on peut voir trois grandes causes à la situation dramatique de l’islamophobie.

Pour des raisons politiciennes et idéologiques, certains s’inventent un nouvel ennemi pour faire diversion aux problèmes du monde actuel: les injustices et la crise dans les relations internationales marquées par le recul du droit et la loi du plus fort. La deuxième cause est liée au marché-monde, à la logique du libéralisme sauvage. Certains font de l’islamophobie un fond de commerce.

Enfin l’ignorance. Certains font de l’islamophobie par ignorance. La peur est mauvaise conseillère et la méconnaissance alimente ce phénomène.

Ces trois sources exploitent, manipulent et amplifient les insuffisances et les contradictions du monde musulman, que ce soient les minorités fanatisées ou les contradictions liées aux régimes

dans certains pays arabes et musulmans. Elles amplifient aussi les divergences entre la version de l’Occident moderne et la version musulmane du monde, alors que l’Occident classique était judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe, ce que l’on veut l’oublier.

L’immense majorité des musulmans dans le monde d’aujourd’hui souhaitent vivre en paix, en démocratie, dans une économie de marché et avec des valeurs universelles. Mais ils refusent l’amalgamme et la stigmatisation.

 

Q: Quels sont les remèdes?

 

R: A cause politique, solution politique. Il faut une volonté politique de mettre fin au retour de la haine religieuse alors qu’après la Seconde guerre mondiale et l’Holocauste, on avait dit +plus jamais cela+.

Pour les raisons liées au marché, il faut des règles de droit, ni plus ni moins que pour combattre l’antisémitisme et le racisme. La liberté d’expression est une valeur sacro-sainte, mais il n’y a

pas de liberté sans loi. A l’ignorance, il faut une réponse éducative et culturelle. L’islam est méconnu, il faut développer l’inter-connaissance et les échanges.

 

Q: Quel doit être le rôle de l’Europe dans ce domaine

 

R: Nous avons besoin de l’Europe. Elle est à l’avant-garde de la modernité mais il y a des insuffisances. Pour assurer sa crédibilité et sa mission, l’Europe doit donner l’exemple sur comment assumer +le vivre ensemble+, sur +l’unité et la pluralité+, sur +la liberté avec des règles+. Cette réunion montre que l’espoir est permis, malgré le long chemin qui reste à faire.

 

AFP

 

 


 

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