10 novembre 2010

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TUNISNEWS
10 Úme année, N° 3823 du 10.11.2010
archives : www.tunisnews.net 


AISPP: Ali Ben Aoun adresse des accusations graves aux enquĂȘteurs Syndicat de la MĂ©decine GĂ©nĂ©rale: Lettre ouverte pour Abdelatif Bouhjila Collectif Pour Une Nouvelle RĂ©publique: Le hold-up du 7 novembre : La psychologie d’un peuple Lassad ZITOUNI: Lettre d’Alerte Ă  M.SaĂŻd SAADI Le Monde: Tunisie : lĂ  oĂč la solidaritĂ© est sanctionnĂ©e AFP: Canada: rumeurs de fermetures d’ambassades en Afrique AFP: L’islam souvent utilisĂ© pour lĂ©gitimer les violences contre les femmes AP: CĂŽte d’Ivoire: le second tour de l’Ă©lection prĂ©sidentielle reportĂ© d’une semaine Le Monde: En GuinĂ©e, chaque camp revendique la victoire


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Aispp.free@gmail.com 43 rue Eldjazira, Tunis Tunis, le 8 novembre 2010

ProcĂšs de personnes accusĂ©es d’avoir rĂ©activĂ© le mouvement En Nahdha Ali Ben Aoun adresse des accusations graves aux enquĂȘteurs


La sixiĂšme chambre correctionnelle du Tribunal de PremiĂšre Instance de Tunis, prĂ©sidĂ©e par le juge Faouzi Jebali, a examinĂ©, lundi 8 novembre 2010, l’affaire n°19635 dans laquelle sont dĂ©fĂ©rĂ©s en Ă©tat d’arrestation : Ali Lahrabi, Ali Ferhat, Ali Ben Aoun et SaĂŻfeddine Mahjoub, ainsi que, en Ă©tat de fuite : Mohammed HĂ©chmi Ben Taleb, Aymen Ben Messaoud et Mohammed HĂ©di Ben Abdallah, pour tenue de rĂ©unions non autorisĂ©es et participation Ă  la reconstitution d’une association non reconnue, mise Ă  disposition d’un local de rĂ©unions, en vertu des articles 2, 5, 7, 23 et 24 de la loi du 24 janvier 1969, des articles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 10 et 30 de la loi du 7 novembre 1959, et de l’article 6 du dĂ©cret du 21 dĂ©cembre 1944 relatif Ă  la collecte de fonds. Pour leur dĂ©fense, MaĂźtres Boubaker Ben Ali, BĂ©chir Ben Ltoufa, Khaled Krichi, Noureddine Bhiri, ImĂšne Triki et Samir Dilou se sont prĂ©sentĂ©s. MaĂźtre Khaled Krichi Ă©tait mandatĂ© par l’AISPP pour observer le dĂ©roulement du procĂšs et rĂ©diger un rapport dĂ©taillĂ©. Le tribunal a dĂ©cidĂ© de consacrer sa premiĂšre audience aux interrogatoires, en commençant par Ali Lahrabi [
] Ali Lahrabi a affirmĂ© que les procĂšs verbaux contenaient des donnĂ©es erronĂ©es et qu’il n’avait pas signĂ© le PV lu par le prĂ©sident, expliquant qu’il avait parlĂ© avec Hechmi BenTaleb et critiquĂ© l’expĂ©rience du mouvement En Nahdha et son histoire, sans plus [
] puis MaĂźtre Behiri est intervenu demandant Ă  pouvoir poser une question Ă  son client, puisque dans les procĂšs verbaux il est notĂ© que tous les accusĂ©s ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s le 25 octobre 2010 avenue Habib Bourguiba Ă  Tunis. Il lui a rĂ©pondu qu’il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le vendredi 15 octobre 2010 Ă  midi Ă  Douz, puis le juge a commencĂ© Ă  interroger Ali Ben Ferhat [
.] il a affirmĂ© qu’il avait Ă©tĂ© contraint de signer le procĂšs verbal d’interrogatoire de la police sans l’avoir lu [
] et il a niĂ© avoir voulu rĂ©activer le mouvement En Nahdha. Il a ajoutĂ© qu’il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le vendredi 15 octobre Ă  KĂ©bili. Puis ce fut le tour d’Ali Ben Aoun qui a affirmĂ© qu’il n’avait reçu d’argent de personne [
] qu’il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  son domicile le 12 octobre 2010 et non le 25, qu’il avait Ă©tĂ© soumis Ă  des mĂ©thodes odieuses de torture : une fois ses habits retirĂ©s, il avait Ă©tĂ© suspendu nu Ă  quatre reprises et SaĂŻfeddine Mahjoub avait Ă©tĂ© obligĂ© de le gifler. Il avait Ă©tĂ© photographiĂ©, nu, par le portable d’un des tortionnaires. On lui avait enfoncĂ© un bĂąton dans l’anus et on l’avait obligĂ© Ă  s’asseoir sur une bouteille de verre. Lors de la consignation des propos d’Ali Ben Aoun, le juge a mentionnĂ© que le dĂ©tenu avait Ă©tĂ© soumis Ă  des formes de violence physique et morale. Samir Dilou est intervenu pour demander que soient consignĂ©s les dĂ©tails de l’agression odieuse dont avait Ă©tĂ© victime son client et Ă  l’issue de la polĂ©mique (intervention de MaĂźtre Noureddine Bhiri demandant Ă  ce que son client soit examinĂ© par un mĂ©decin pour noter les traces de la torture) le juge est passĂ© Ă  l’interrogatoire de l’accusĂ© SaĂŻfeddine Mahjoub qui a corroborĂ© les propos d’Ali Ben Aoun [
] A l’issue des interrogatoires la parole a Ă©tĂ© donnĂ© aux avocats qui ont demandĂ© le report de l’examen de l’affaire pour prĂ©parer les moyens de la dĂ©fense et la libĂ©ration provisoire de leurs clients. Le parquet a demandĂ© Ă  ce que la demande soit refusĂ©e. Le juge a dĂ©cidĂ© de statuer sur les demandes de libĂ©ration et de nouvelle date pour les plaidoiries Ă  l’issue de l’audience. Pour l’association Le PrĂ©sident MaĂźtre Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)


Syndicat de la Médecine Générale
Communiqué de presse du 10 novembre 2010

Lettre ouverte pour Abdelatif Bouhjila


M. Lazhar Bououni MinistĂšre de la Justice et des Droits de l’Homme 31 boulevard Bab Benat Tunis 1019 TUNISIE Malakoff, le 4 novembre 2010 Copies Ă : Monsieur le PrĂ©sident du ComitĂ© supĂ©rieur des droits humains et des libertĂ©s fondamentales Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie Ă  Paris Monsieur le PrĂ©sident de la RĂ©publique de Tunisie, Monsieur le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Nous vous Ă©crivons pour vous demander d’intervenir pour que Monsieur Abdelatif Bouhjila obtienne au plus vite un passeport afin de bĂ©nĂ©ficier des soins dont il relĂšve, dans le pays qu’il choisira. En novembre 2008, une dĂ©lĂ©gation de responsables politiques et associatifs, accompagnĂ©e d’avocats, s’était rendue auprĂšs de Monsieur Abdelatif Bouhjila en grĂšve de la faim Ă  son domicile depuis 58 jours. Ancien prisonnier politique condamnĂ© en 2001 Ă  onze ans de prison, il avait eu une libĂ©ration conditionnelle en 2007 et avait entrepris une grĂšve de la faim pour obtenir un passeport et bĂ©nĂ©ficier de soins en dehors de la Tunisie. Sa santĂ© Ă©tait en effet trĂšs dĂ©gradĂ©e en raison des conditions d’incarcĂ©ration et des nombreuses grĂšves de la faim qu’il avait dĂ» mener pour l’amĂ©lioration de sa dĂ©tention .Un mĂ©decin français faisant partie de la dĂ©lĂ©gation avait pu l’examiner lors de cette visite. Constatant une dĂ©tĂ©rioration trĂšs importante de son Ă©tat de santĂ©, tous l’avaient suppliĂ© d’arrĂȘter et de se rĂ©alimenter. Il avait fini par accepter, mais en leur demandant de l’aider Ă  obtenir son passeport. Depuis ce moment, de nombreuses organisations, nationales et internationales, sont intervenues en sa faveur auprĂšs de votre gouvernement et c’est dans ce cadre que nous vous avions dĂ©jĂ  adressĂ© une lettre en avril 2009. Monsieur Bouhjila n’a toujours pas obtenu de passeport et il a repris le 11 octobre 2010 une grĂšve de la faim, ce qui risque d’ĂȘtre dramatique pour sa santĂ© et mĂȘme sa vie. C’est pourquoi, en tant que mĂ©decins, soucieux dans notre pratique de l’accĂšs aux soins pour tous et plus particuliĂšrement pour les personnes les plus en difficultĂ©, nous nous adressons Ă  vous pour que Monsieur Bouhjila puisse obtenir au plus vite son passeport. Veuillez recevoir, Monsieur le PrĂ©sident, l’assurance de nos sentiments respectueux. Docteur Patrick Dubreil PrĂ©sident du Syndicat de la MĂ©decine GĂ©nĂ©rale Syndicat de la MĂ©decine GĂ©nĂ©rale 52 rue Gallieni 92240 Malakoff TĂ©l. : 01 46 57 85 85 – Fax : 01 46 57 08 60 syndmedgen@free.fr www.smg-pratiques.info

Collectif Pour Une Nouvelle RĂ©publique

Le hold-up du 7 novembre : La psychologie d’un peuple

 (Suite et fin)


Le problĂšme du rapport entre le pouvoir et la nation qu’il rĂ©git soulĂšve sous un autre aspect encore la question des rapports de l’individu Ă  la chose politique. Il s’agit de savoir quelle part d’initiative rĂ©elle on y peut attribuer au peuple. La sociologie a mis en lumiĂšre le rĂŽle des reprĂ©sentations collectives dans la vie sociale, de la collaboration de tous Ă  l’Ɠuvre de chacun. Par le fait seul qu’ils naissent et grandissent dans le mĂȘme milieu, qu’ils parlent la mĂȘme langue et par lĂ  sont entraĂźnĂ©s Ă  distinguer ou Ă  construire leurs concepts selon les mĂȘmes rĂšgles ou les mĂȘmes rythmes ; parce qu’ils sont animĂ©s aussi par des impulsions analogues, qu’ils Ă©prouvent les mĂȘmes besoins fondamentaux ou ressentent les contradictions et les mĂȘmes incompatibilitĂ©s intimes, les hommes et les femmes d’un mĂȘme pays sont amenĂ©s Ă  s’arrĂȘter plus ou moins devant les mĂȘmes problĂšmes, Ă  se les poser de la mĂȘme façon, Ă  y entrevoir des solutions analogues ou Ă  les chercher dans la mĂȘme direction.

Ainsi, la conscience d’un peuple, et Ă  plus forte raison sa vie politique, les Ă©vĂ©nements de son histoire sont faits d’une multitude Ă©norme d’actes individuels, des dĂ©cisions personnelles et des actes en particulier de son Ă©lite et de ses gouvernants. Et pourtant, sous-jacent Ă  tous ces actes, l’analyse dĂ©couvre toujours des forces et des courants collectifs, des influences et des mouvements impersonnels, rĂ©sidus de toute une tradition et de toute une histoire, ou l’expression d’une logique sociale parfois inconsciente. C’est l’addition de tous ces paramĂštres qui forme le noyau dur qui sert Ă  structurer un mode d’agir et de rĂ©agir commun. Par lĂ , peut s’éclaircir la question portant sur l’inhibition de tout un peuple face Ă  l’absurditĂ© d’un pouvoir dĂ©pourvu d’ancrage et de lĂ©gitimitĂ©. Nul doute qu’une telle attitude ne soit chose immuable. Elle est en effet Ă©minemment variable avec le temps et toujours liĂ©e Ă  la maniĂšre dont est conçue et organisĂ©e la rĂ©sistance de son Ă©lite. En attendant, le peuple ne  bouge point. Il est comme Ă©vanoui acceptant de subir les asseaux dĂ©cidĂ©s d’une bande de dĂ©linquants sans moral ni vergogne. Jusqu’à quand ? Nul ne le sait. Cependant, on peut toujours se rĂ©fĂ©rer Ă  l’hymne national pour avoir un dĂ©but de rĂ©ponse :« Si le peuple un jour proclame sa volontĂ© de vivre, le destin doit rĂ©pondre Ă  sa volonté ».                

Cependant, dans ce cadre nous voulons consacrer notre analyse Ă  la premiĂšre des deux questions : celle du pourquoi ? Car nous sommes persuadĂ©s que pour trouver le bon remĂšde il faut faire un bon diagnostic. A ces conditions, l’une des explications qui pourrait ĂȘtre avancĂ©e : la Peur. En effet, les Tunisiens ont peur de Ben Ali et de son rĂ©gime. Il a rĂ©ussi Ă  semer ce sentiment dans l’esprit d’une grande partie du peuple. Et cette attitude transcende les classes sociales et le niveau intellectuel des personnes. Elle touche sans diffĂ©rentiation aussi bien le pauvre que le bourgeois et le clerc que le simple ouvrier. Tout le monde a peur en Tunisie Ă  tel point que parfois on frĂŽle l’irrationnel. Certes, le pays est quadrillĂ© non seulement par une police omniprĂ©sente, mais Ă©galement par des simples citoyens (organisĂ©s par le rĂ©gime) qui s’adonnent au flicage, beaucoup de personnes sont sur Ă©coutes  tĂ©lĂ©phoniques et d’autres sont surveillĂ©s par une police politique l’une des pires au monde (cupide et servile). Mais on ne peut prĂ©tendre que l’achat d’un journal de l’opposition ou d’un livre critiquant Ben Ali et sa famille mĂȘme dans une librairie en France, par exemple pourrait, sans crier gare, arriver aux yeux et aux oreilles de Ben Ali lui-mĂȘme car il a rĂ©ussi Ă  placer  des camĂ©ras de surveillance dans ladite librairie. Une telle justification pourrait faire sourire quelques secondes par sa grossiĂšretĂ©. Toutefois, quand elle est dĂ©bitĂ©e par un mĂ©decin, un avocat ou un universitaire, elle perd la drĂŽlerie dont elle est porteuse et nous incite Ă  la prendre pleinement au sĂ©rieux.

En politique la peur jouit d’une mauvaise rĂ©putation. Elle affecte l’esprit et la raison pour les paralyser et les rendre dans l’incapacitĂ© d’agir. L’inaction devient alors la caractĂ©ristique premiĂšre d’un sentiment mal maĂźtrisĂ©. Avoir peur c’est ĂȘtre terrorisĂ©, ne plus parvenir « d’ĂȘtre » et « d’exister ». Ce sentiment nivelle, aplatit et rend l’individu sans diffĂ©rence ni singularitĂ©. « C’est le noir en plein jour ». Point de discernement. On se sent mal, mais on se trouve dans l’impossibilitĂ© de s’en extirper. Cet asservissement liĂ© Ă  ce sentiment nous envoie Ă  la posture de l’esclave chez Hegel. « Dans PhĂ©nomĂ©nologie de l’esprit », le philosophe Allemand analyse les critĂšres qui diffĂ©rencient le maĂźtre de l’esclave. Le maĂźtre c’est celui qui n’a pas peur de mettre sa vie en danger pour retrouver ou prouver sa libertĂ©, alors que l’esclave tremble pour sa vie et accepte pour la prĂ©server d’aliĂ©ner sa libertĂ©. Mais quelle vie ? Une vie de soumission de servilitĂ© sans limite. Bref, une vie de misĂšre.

Or de quoi le Tunisien a-t-il peur ?

D’abord, il a peur d’ĂȘtre abandonnĂ© par  ses amis, son entourage, de se trouver en un clin d’Ɠil seul et de mourir (socialement) Ă  ciel ouvert. Ensuite, il a peur de perdre les ĂȘtres qui lui sont chers, son travail, ses biens et sa situation. Enfin, il a peur d’ĂȘtre humiliĂ© mis plus bas que terre, ridiculisĂ©, torturĂ©. Bref, perdre sa dignitĂ©. La chose la plus frappante ce que toutes ces raisons ne sont point une fiction. Elles dĂ©signent une rĂ©alitĂ© politique. Et plusieurs Tunisiens en sont des victimes rĂ©elles. Le rĂ©gime a en effet instituĂ© le systĂšme de la punition collective. ConcrĂštement, cela signifie que la personne qui s’engage dans un combat politique contre Ben Ali et son clan se verra appliquer cumulativement toutes ces sanctions. Mais la nouveautĂ© sortie tout droit de l’esprit vicieux du chef lui-mĂȘme, que pour amplifier la peur et l’enracinĂ©e dans l’inconscient populaire, il faut que la punition touche non seulement la personne concernĂ©e, mais Ă©galement toute sa famille, tous ses proches et cela sans diffĂ©rentiation dans le degrĂ© de la cruautĂ©. RĂ©sultat, pour ĂȘtre opposant dans le pays du « jasmin » il faut se doter d’une sacrĂ© dose de courage ou d’inconscience.

Les Tunisiens sont-ils devenus des esclaves au sens hégélien du terme?

En continuant Ă  avoir aveuglement peur de Ben Ali, en lui obĂ©issant sans brancher, et en lui  assurant un temps de gouvernement sans la moindre rĂ©volte, les Tunisiens pratiquent une posture de l’esclave hĂ©gĂ©lien. Mais d’un autre cĂŽtĂ©, ils semblent prendre conscience qu’il est grand temps d’inverser les schĂšmes et renverser l’image nĂ©gative de leur peur pour en faire une force cognitive afin de mettre fin Ă  cette situation qui n’a que trop durĂ©e. Le temps de la rĂ©volte semble sonner. Le soulĂšvement des habitants de la zone miniĂšre de la rĂ©gion de Gafsa est annonciateur de la fin de cette lĂ©thargie. Elle a clairement dĂ©montrĂ© que si le rĂ©gime de Ben Ali a un savoir incontestable pour gĂ©rer par la peur et la terreur  des rĂ©voltes individuelles ou celles portĂ©es par un petit groupe Ă  Tunis, en revanche, il est comme paralysĂ© face un mouvement d’une grande ampleur. Les cafouillages et les multiples maladresses qui ont ponctuĂ© l’intervention des forces de sĂ©curitĂ© de Ben Ali Ă  Rdief-Gafsa, sont la preuve explicite que ce rĂ©gime n’est point en mesure de rĂ©sister Ă  une mobilisation populaire. Il s’écroulera comme chĂąteau de carte sans gloire. Et la nervositĂ© que s’est emparĂ©e de Ben Ali et de son clan ce dernier temps exprime clairement cette angoisse. L’angoisse d’un avenir qui ne cesse d’ĂȘtre incertain. La Peur semble avoir changer de titulaire. « Si le peuple un jour proclame sa volontĂ© de vivre, le destin doit rĂ©pondre Ă  sa volonté ».  Ce jour lĂ , la Tunisie et les Tunisiens seraient dĂ©barrassĂ©s de ce rĂ©gime l’un des pires que le pays ait connus dans toute sa longue histoire.  

Collectif Pour Une Nouvelle RĂ©publique


lundi 8 novembre 2010

Lettre d’Alerte Ă  M.SaĂŻd SAADI


Monsieur SaĂŻd SAADI PrĂ©sident du Rassemblement pour la Culture et la DĂ©mocratie Monsieur le PrĂ©sident, Vous venez d’effectuer une visite privĂ©e en Tunisie qui Ă  votre insu, aura Ă©tĂ©, selon des sources concordantes, l’objet d’une rĂ©cupĂ©ration politicienne regrettable de la part de votre hĂŽte. Par acquit de conscience, je voulais vous en tenir informĂ©. Car, connaissant votre parcours militant au sein du mouvement dĂ©mocratique algĂ©rien et la Ligue AlgĂ©rienne des droits de l’Homme, j’ai l’intime conviction qu’un homme ayant combattu dans son propre pays, autant que vous, l’autoritarisme et l’ostracisme, ne saurait cautionner la culture de ces maux, chez un peuple frĂšre voisin. J’ai quittĂ© la Tunisie en 2001 aprĂšs y avoir Ă©tĂ© astreint Ă  faire taire mes convictions politiques libĂ©rales. Au parti Social LibĂ©ral j’assumais la prĂ©sidence de l’organisation de la Jeunesse (O.J.S.L), membre de la FĂ©dĂ©ration Internationale de la Jeunesse LibĂ©rale et Radicale, (I.F.L.R.Y). C’est aprĂšs avoir appelĂ© en 1997 avec la majoritĂ© des fĂ©dĂ©rations, pour la rĂ©forme du P.S.L, afin qu’il soit rehaussĂ© au rang, dont il fut digne, c’est Ă  dire un parti de l’alternance, que je me suis fait attirer les foudres du systĂšme. Dans cette conjoncture le ministĂšre de l’intĂ©rieur multiplia les manƓuvres extirpant le P.S.L de sa substance militante et finira par porter Ă  sa tĂȘte en 2006 Mondher Thabet, un trotskyste, sans histoire ni lĂ©gitimitĂ©, connu dans le milieu estudiantin, pour ses services rendus aux bourreaux de bureau, la police politique, durant les annĂ©es de braises. Je me permets aujourd’hui de vous adresser cette missive, car consternĂ© par la rĂ©cupĂ©ration politicienne discourtoise ; dont fut l’objet votre visite, prĂ©sentĂ©e, sans scrupule par votre hĂŽte, Mondher Thabet, comme l’expression d’un satisfĂ©cit que votre parti, le Rassemblement pour la Culture et la DĂ©mocratie (R.C.D), aurait dĂ©cernĂ© au rĂ©gime tunisien. Certes, ces manƓuvres dĂ©montrent si besoin est, l’agonie d’une dictature minĂ©e par ses crises et contradictions intrinsĂšques, confiant, contre avantages de natures diverses, aux plus « assoiffĂ©s » parmi ses inconditionnels, la tĂąche de lui refaire une face ! Pourtant, il n’y a rien de cachĂ© ni d’ambiguĂ« sous le soleil tunisien. Depuis le coup d’Etat militaire du 7 novembre 1987, le rĂ©gime Tunisien fait office d’un systĂšme liberticide. C’est un fait avĂ©rĂ©, rĂ©guliĂšrement rappelĂ© et confirmĂ© dans les rapports des organisations internationales (Human Right Watch, Amnesty Internationale, FIDH, etc….) en charge des droits humains. En Tunisie les libertĂ©s d’expression et d’association sont rĂ©duites Ă  peau de chagrin. La magistrature y est domestiquĂ©e et l’administration soumise depuis un demi siĂšcle aux ordres du parti au pouvoir. Un parti n’ayant rien Ă  envier aux comitĂ©s staliniens de l’ex Europe de l’Est. Dans la Tunisie de sieur Thabet, lorsqu’on est rĂ©ellement dĂ©mocrate, on s’engage Ă  courir le risque de se retrouver reclus dans les tĂ©nĂšbres des sous-sols jalousement entretenus par le systĂšme pour y faire dĂ©couvrir Ă  sa dissidence rĂ©elle les pratiques moyenĂągeuses de la torture physique et psychologique…. NĂ©anmoins, 23 ans aprĂšs la mise Ă  sac de la sociĂ©tĂ© civile tunisienne par la dictature du 7 novembre 1987, votre hĂŽte, Sieur Thabet, trouve de quoi vous raconter son admiration pour le systĂšme qui fit de moi, depuis une dĂ©cennie, un ExilĂ©. C’est bien la preuve que sieur Thabet trouve largement son compte chez la tyrannie. Faux libĂ©ral, cet individu, dont la mission premiĂšre serait de parasiter les derniers remparts de la sociĂ©tĂ© civile Tunisienne, au prix d’une promotion sociale nĂ©gociĂ©e aux frais et dĂ©pens du contribuable, s’est dĂ©clarĂ© depuis quelques jours, partisan d’une abrogation constitutionnelle octroyant au GĂ©nĂ©ral Zine El Abdine Ben Ali une mandature Ă  vie. Voici, Monsieur Said Saadi, Ă  mon corps dĂ©fendant, le portrait intime (rĂ©el) de sieur Thabet. Enfin il m’est regrettable, d’apprendre que des pourparlers auraient Ă©tĂ© entamĂ©s Ă  l’initiative de votre hĂŽte et son Ă©pouse, en vue de vous associer Ă  un projet s’inscrivant, officiellement, dans la dimension maghrĂ©bine. Le Maghreb dĂ©mocratique, que nous appelons de nos vƓux, vous en conviendrez, n’est pas une entreprise que l’on pourrait construire avec le concours des inspirateurs zĂ©lĂ©s d’une rĂ©pression policiĂšre hypothĂ©quant au peuple tunisien, depuis une vingtaine d’annĂ©es, ses droits citoyens Ă©lĂ©mentaires. Aussi, connaissant ce personnage et ses thĂšses nĂ©gatrices des droits culturels des minoritĂ©s BerbĂšres et Amazigh de Tunisie, je ne crois pas qu’il soit une relation crĂ©dible avec laquelle vous pourriez dĂ©velopper des projets participant d’une vision dĂ©mocratique du Maghreb des cultures et de la diversitĂ©. Dans l’attente de vous lire je vous prie de croire Monsieur SaĂŻd SAADI en mes sentiments de trĂšs haute estime et les plus dĂ©vouĂ©s Paris le 8 novembre 2010 Lassad ZITOUNI


Tunisie : lĂ  oĂč la solidaritĂ© est sanctionnĂ©e


par jean-marie fardeau, Human Rights Watch
09.11.10
 
 

En 2008, menés par des dirigeants syndicaux charismatiques, des milliers de mineurs au chÎmage de la région de Gafsa (au sud de la Tunisie) ont manifesté pendant sept mois de façon intermittente, réclamant la fin du népotisme, du sous-développement et de la pauvreté causés par la négligence du gouvernement. Pendant sept mois, la Tunisie a connu une mobilisation de masse sans précédent en 23 années de pouvoir ininterrompu du Président Zine El Abidine Ben Ali.

Mais, au lieu d’entendre ces appels Ă  la justice et aux rĂ©formes, le gouvernement a rĂ©agi en arrĂȘtant plus de 300 personnes, dont le journaliste Fahem Boukaddous, qui continue de languir dans la prison civile de Gafsa aprĂšs sa condamnation Ă  quatre ans d’emprisonnement pour avoir simplement rendu compte de la situation. L’indignation publique n’ayant montrĂ© aucun signe de flĂ©chissement, le PrĂ©sident Ben Ali a fini par accorder une mise en libertĂ© conditionnelle aux dirigeants syndicaux, dans un geste qualifiĂ© par la presse progouvernementale de « grande marque de gĂ©nĂ©rosité ». Ces libĂ©rations restent conditionnelles : un dĂ©lit aussi banal qu’une infraction Ă  la circulation routiĂšre pourrait ramener ces personnes en prison pour y purger le reste de leur peine. Les autoritĂ©s tunisiennes exercent un contrĂŽle permanent sur les syndicats indĂ©pendants, qui subissent les mĂȘmes brimades que n’importe quelle autre organisation de la sociĂ©tĂ© civile tunisienne exprimant des critiques : pressions et parfois passages Ă  tabac. Il n’existe aucun syndicat indĂ©pendant en dehors de la ConfĂ©dĂ©ration syndicale nationale. Le seul syndicat qui Ă  l’origine Ă©tait indĂ©pendant, le Syndicat national des journalistes tunisiens, ne l’est pas restĂ© longtemps. DĂ©but 2009, il a publiĂ© un rapport critique sur le contrĂŽle omniprĂ©sent et souvent rĂ©pressif exercĂ© sur les mĂ©dias par le gouvernement. Quelque temps aprĂšs, les autoritĂ©s ont manƓuvrĂ© pour remplacer le comitĂ© de direction de ce syndicat par une nouvelle Ă©quipe favorable au gouvernement. Comme dans toute dictature, le pluralisme politique, y compris sous la forme des syndicats, est perçu comme une menace. Officiellement, le gouvernement se borne Ă  exiger de tout nouveau syndicat qu’il soumette ses statuts au gouverneur local. Les autoritĂ©s sont tenues par la loi de dĂ©livrer un reçu. Dans la pratique, cependant, le gouvernement utilise cette exigence comme un moyen pour empĂȘcher les groupes d’obtenir un statut lĂ©gal. Soit les autoritĂ©s refusent d’enregistrer les demandes, soit elles ne dĂ©livrent pas le reçu. Lorsqu’en septembre, Human Rights Watch a demandĂ© au gouvernement des clarifications sur les raisons pour lesquelles la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale tunisienne du travail n’est pas considĂ©rĂ©e comme ayant une existence lĂ©gale, le gouvernement a rĂ©pondu, comme l’on pouvait s’y attendre, qu’il n’avait jamais reçu leur dossier. En octobre 2009, un tribunal Ă  Manouba a condamnĂ© 17 Ă©tudiants Ă  des peines de prison aprĂšs que la police a violemment dispersĂ© un sit-in organisĂ© pour protester contre le refus arbitraire de logement Ă  un groupe d’étudiantes. Le 21 octobre 2010, une cour d’appel de la ville tunisienne de Monastir a reportĂ© pour la quatriĂšme fois l’examen des inculpations de cinq Ă©tudiants syndiquĂ©s de la facultĂ© de Mahdia, rattachĂ©e Ă  l’UniversitĂ© de Tunis, le jour mĂȘme oĂč Human Rights Watch publiait dans la capitale un rapport sur la situation des syndicats dans le pays. Le gouvernement a arrĂȘtĂ© les Ă©tudiants, les a accusĂ©s de voies de fait et destruction de biens lors d’une manifestation en 2007, et les a condamnĂ©s Ă  une peine d’emprisonnement de vingt mois. Leur vĂ©ritable « crime », toutefois, Ă©tait d’avoir organisĂ© une manifestation pacifique contre le refus de l’universitĂ© d’autoriser la tenue du congrĂšs annuel de leur syndicat. Pareil scĂ©nario est frĂ©quent en Tunisie, oĂč le respect apparent de la loi se substitue Ă  son application effective et oĂč le pouvoir judiciaire fait Ă©talage de procĂšs dont l’issue est fixĂ©e Ă  l’avance. Chaque fois que je me rends en Tunisie, je suis frappĂ©e par la façon dont des militants, jeunes et vieux, rĂ©sistent face Ă  une oppression aussi aveugle. Ils sont douloureusement conscients que les atteintes aux droits humains commises par leur gouvernement continueront sans doute de passer inaperçues et d’ĂȘtre ignorĂ©es en raison des alliances du gouvernement tunisien avec les capitales occidentales en matiĂšre commerciale et antiterroriste.  Par Rasha Moumneh Rasha Moumneh est chercheuse Ă  la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. Elle est basĂ©e Ă  Beyrouth et a rĂ©cemment rĂ©digĂ© un rapport intitulé : « Le prix de l’indĂ©pendance : Les syndicats professionnels et Ă©tudiants sont rĂ©duits au silence en Tunisie » (www.hrw.org/fr ). (Source: LeMonde.fr le 10 novembre 2010) lien:http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2010/11/09/tunisie-la-ou-la-solidarite-est-sanctionnee_1437464_3232.html  


Canada: rumeurs de fermetures d’ambassades en Afrique

 


AFP / 10 novembre 2010 20h52 MONTREAL – Le Canada envisagerait de fermer plusieurs ambassades en Afrique, dont celle au Cameroun, selon l’opposition et la presse canadiennes qui dĂ©plorent la sous-reprĂ©sentation du pays sur le continent. Une telle dĂ©marche s’inscrirait dans une rĂ©orientation de la politique Ă©trangĂšre d’Ottawa vers l’AmĂ©rique Latine, souhaitĂ©e par le gouvernement conservateur. Et qui pourrait s’ĂȘtre accentuĂ©e aprĂšs l’Ă©chec du Canada Ă  se faire Ă©lire au Conseil de sĂ©curitĂ©, attribuĂ© entre autres au vote de nombreux pays en dĂ©veloppement, remarque mercredi le quotidien The Globe and Mail. Aucune information officielle en ce sens n’a Ă©tĂ© rendue publique par le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, mais des rumeurs persistantes – qui citent aussi les missions de Lusaka et de Tunis – avaient conduit l’opposition Ă  poser la question au parlement au chef de la diplomatie Lawrence Cannon. La rĂ©ponse de celui-ci au dĂ©putĂ© libĂ©ral Mauril BĂ©langer n’a pas apportĂ© de dĂ©menti ferme. “Nous regardons en permanence oĂč nous pouvons servir le mieux les intĂ©rĂȘts canadiens Ă  l’Ă©tranger (…) De nouveaux postes s’ouvrent, d’autres sont fermĂ©s. Nous le faisons en toute connaissance de cause pour dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts du Canada”, a dit M. Cannon il y a deux semaines dĂ©jĂ . “Le ministre n’a pas niĂ©” les fermetures, qui pourraient ĂȘtre au nombre de sept, dont quatre en Afrique, a affirmĂ© M. BĂ©langer mercredi Ă  l’AFP. “Le gouvernement Harper veut s’orienter vers l’AmĂ©rique Latine et les CaraĂŻbes. Je veux bien, mais pas au dĂ©pens de l’Afrique”, a-t-il ajoutĂ©, citant les engagements internationaux du Canada concernant l’aide au dĂ©veloppement en Afrique pris au sommet du G8 Ă  Kananaskis en 2002 et la prĂ©sence de nombreux immigrĂ©s d’origine africaine au Canada. Le Canada n’a que 21 reprĂ©sentations diplomatiques en Afrique, a soulignĂ© le parlementaire, dĂ©nonçant la “sous-reprĂ©sentation” de son pays. Selon lui, une ligne de crĂ©dit d’un milliard de dollars ouverte Ă  l’Angola n’a pas Ă©tĂ© utilisĂ©e faute d’appui diplomatique sur place et, si l’ambassade de Tunis est fermĂ©e, les entreprises canadiennes risquent de rater d’importants appels d’offres Ă  venir. “En Afrique, l’Ă©conomie est en bonne partie Ă©tatique. Nous avons besoin de l’appui de notre pays”, a dit Ă  l’AFP Lucien Bradet, prĂ©sident du Conseil canadien pour l’Afrique, reprĂ©sentant des entreprises privĂ©es, qui dĂ©plore les fermetures des ambassades au Gabon en 2006 et au Malawi en 2009.


L’islam souvent utilisĂ© pour lĂ©gitimer les violences contre les femmes


TUNIS, 9 nov 2010 (AFP) – 09/11/2010 22:36 Une association fĂ©ministe tunisienne a dĂ©noncĂ© mardi le recours Ă  la religion pour “lĂ©gitimer” les violations des droits de l’homme dans le domaine sexuel dans les pays musulmans, et exprimĂ© sa solidaritĂ© avec l’Iranienne menacĂ©e de lapidation pour adultĂšre. “La religion est souvent utilisĂ©e comme un puissant instrument de contrĂŽle et d’oppression sexuelle dans le but de lĂ©gitimer les violations des droits de l’homme dans le domaine de la sexualitĂ©”, a affirmĂ© dans une dĂ©claration l’Association tunisienne des femmes dĂ©mocrates (ATFD). Cette dĂ©claration Ă©tait publiĂ©e Ă  l’issue d’une rĂ©union sur le thĂšme: “les droits sexuels, de la violence des lois Ă  la violence de la sociĂ©tĂ©”, Ă  laquelle ont participĂ© des ONG, des militants, des avocats et des dĂ©fenseurs des droits de l’homme. Association fĂ©ministe revendiquant sa laĂŻcitĂ©, l’ATFD a mis en cause une montĂ©e des conservatismes, les inĂ©galitĂ©s, la politisation de la religion, ainsi que l’islamophobie, qui accentuent, selon elle, “le recours Ă  la sexualitĂ© comme outil d’oppression”. “Il est temps de considĂ©rer les droits sexuels comme des droits humains”, a affirmĂ© Ahlem Belhaj. Selon ce mĂ©decin psychiatre qui intervenait pendant la rĂ©union, 166 cas d’abus sexuels sur des enfants de moins de 15 ans ont Ă©tĂ© recensĂ©s en 2008 en Tunisie. L’ATFD a aussi exprimĂ© sa solidaritĂ© avec Sakineh Mohammadi-Ashtiani menacĂ©e de lapidation en Iran, “avec les femmes palestiniennes opprimĂ©es et avec toutes les victimes de mariages forcĂ©s” dans les pays musulmans. Selon elle, 40 associations dans douze pays ont appelĂ© mardi Ă  une “lutte commune” pour “les droits sexuels et corporels dans les sociĂ©tĂ© musulmanes”.


CĂŽte d’Ivoire: le second tour de l’Ă©lection prĂ©sidentielle reportĂ© d’une semaine


AP 09/11/10 17:56 ABIDJAN (AP) — Le second tour de l’Ă©lection prĂ©sidentielle a Ă©tĂ© reportĂ© d’une semaine pour donner davantage de temps Ă  la rĂ©alisation de tĂąches logistiques, comme le transport de matĂ©riel Ă©lectoral et l’impression des bulletins de vote. Le Premier ministre Guillaume Soro a annoncĂ© mardi que le scrutin Ă©tait reportĂ© au 28 novembre par dĂ©cret prĂ©sidentiel, la commission Ă©lectorale ayant fait savoir qu’elle n’aurait pas suffisamment de temps pour organiser le second tour. Samedi dernier, le Conseil constitutionnel avait certifiĂ© les rĂ©sultats du premier tour de l’Ă©lection prĂ©sidentielle du 31 octobre, et fixĂ© la date du second tour au 21 novembre, une semaine plus tĂŽt que prĂ©vu. Lors du premier tour, le prĂ©sident sortant Laurent Gbagbo a obtenu 38% des voix, contre 32% au chef de l’opposition et ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Aucun candidat n’ayant obtenu la majoritĂ© absolue, les deux hommes seront opposĂ©s au second tour. L’ancien prĂ©sident Henri Konan BĂ©diĂ© a Ă©tĂ© Ă©liminĂ© au premier tour aprĂšs avoir recueilli 25% des suffrages. AP


En Guinée, chaque camp revendique la victoire


Face Ă  l’impatience grandissante de leurs partisans suspendus Ă  l’annonce des rĂ©sultats dĂ©finitifs, les Ă©tats-majors des deux candidats Ă  l’Ă©lection prĂ©sidentielle du 7 novembre, l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo et l’opposant historique Alpha CondĂ©, distillent “leurs” propres chiffres, invĂ©rifiables et divergents. Un point commun entre les deux camps, toutefois : chacun revendique la victoire et prĂ©pare la contre-attaque en cas d’annonce dĂ©favorable par la commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI), synonyme de dĂ©faite lors de cette premiĂšre Ă©lection dĂ©mocratique depuis l’indĂ©pendance de 1958.

Mardi en fin d’aprĂšs-midi, une foule compacte se pressait devant le siĂšge de l’Union des forces dĂ©mocratiques de GuinĂ©e (UFDG) Ă  Conakry, le parti de Cellou Dalein Diallo. Transistor collĂ© aux oreilles, les yeux rivĂ©s sur le balcon oĂč les silhouettes de leurs leaders apparaissaient briĂšvement, les militants attendaient anxieusement d’en savoir un peu plus. “Le premier tour a eu lieu le 27 juin, il y a une Ă©ternitĂ©. Maintenant on veut savoir le rĂ©sultat mĂȘme si on sait dĂ©jĂ  qu’on a gagnĂ©”, expliquait Hamza Bah, un jeune militant et chauffeur d’une mototaxi. CLIVAGES COMMUNAUTAIRES ATTISÉS Il y a plus de quatre mois, le candidat UFDG avait fait le plein des voix dans sa communautĂ© peule (environ 40 % des dix millions de GuinĂ©ens). Fort de la discipline de son Ă©lectorat, il Ă©tait arrivĂ© largement en tĂȘte (44 %) laissant penser Ă  une victoire facile. Affaibli par la concurrence d’autres candidats chassant Ă©galement sur les terres des MalinkĂ©s (40 % de la population), son adversaire au deuxiĂšme tour, Alpha CondĂ©, n’avait lui recueilli que 18 % des suffrages. Depuis, l’opposant historique Ă  tous les rĂ©gimes dictatoriaux ou militaires qui ont dirigĂ© sans discontinuer l’ancienne colonie française a radicalisĂ© ses discours de campagne en maniant les stĂ©rĂ©otypes et en attisant les clivages communautaires. Pari dangereux en terme de stabilitĂ©, mais pari potentiellement gagnant, qui lui a, semble-t-il, permis de rassembler un Ă©lectorat dispersĂ© en jouant sur le sentiment anti-Peul d’une partie de la population. A l’annonce des rĂ©sultats trĂšs partiels portant sur moins de 10 % des votants, communiquĂ©s mardi soir par la CENI, les propos tenus par Amara DinbatĂ©, directeur commercial d’une brasserie, montrait que le message d’Alpha CondĂ© avait Ă©tĂ© entendu, jusque dans ce bar au bord de l’ocĂ©an. “Les Peuls ont dĂ©jĂ  le pouvoir Ă©conomique, ils ne peuvent pas tout avoir, la responsabilitĂ© politique en plus”, disait-il, concentrĂ© sur la tĂ©lĂ©vision retransmettant en direct la confĂ©rence de presse de la CENI. “Et s’ils essaient de nous voler la victoire, on leur bottera les fesses”, avertissait ce quadragĂ©naire membre de la minoritĂ© Soussou. RÉGULARITÉ DU VOTE CONTESTÉE Fortement implantĂ©s Ă  Conakry et dans la rĂ©gion de Basse-CĂŽte, les Soussous sont en position d’ĂȘtre faiseurs de roi compte tenu du poids comparable, au sein de la population, des Peuls et des MalinkĂ©s dans un vote caractĂ©risĂ© par son ethnicisme. Or, les premiers rĂ©sultats semblent indiquer que les Soussous n’ont pas suivi l’appel de leur candidat au premier tour, Sidya TourĂ© (14 % le 26 juin), ralliĂ© Ă  Cellou Dalein Diallo. Les Soussous auraient votĂ© assez massivement en faveur d’Alpha CondĂ©. Faut-il y voir un lien ? L’UFDG est passĂ©e Ă  l’offensive en contestant la rĂ©gularitĂ© du vote, notamment dans le Nord de la GuinĂ©e. Ce fief d’Alpha CondĂ© a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre de violences intercommunautaires en octobre, soldĂ©es par l’exode de quelques milliers de Peuls. “Nos reprĂ©sentants ont eu peur le jour du vote et n’ont pas pu ĂȘtre prĂ©sents dans les bureaux de vote. Par ailleurs, nous avons la preuve que le camp d’en face avait mis en place des bureaux de vote fictifs pour bourrer les urnes, nous avons donc portĂ© plainte devant la Cour suprĂȘme pour dĂ©fendre notre victoire et faire prĂ©valoir la vĂ©ritĂ© des urnes”, affirmait Bah Oury, vice-prĂ©sident de l’UFDG. “Si, au final, les scores des deux candidats sont assez proches, on peut s’attendre Ă  une bataille de recours judiciaires qui retarderaient la proclamation du nom du vainqueur et ouvrirait une pĂ©riode d’incertitude porteuse de violences potentielles”, s’inquiĂšte un observateur Ă©tranger. “Chaque candidat dispose d’une niche de contestation”, confirme Moktar Diallo, reprĂ©sentant modĂ©rĂ© de la sociĂ©tĂ© civile guinĂ©enne. Si Cellou Dalein Diallo avance la question du vote des personnes dĂ©placĂ©es, Alpha CondĂ© pourra soulever celle relative Ă  une partie de l’Ă©lectorat originaire de son fief du Nord, mal recensĂ©e et qui n’a pas reçu de cartes d’Ă©lecteur. Environ 70 000 GuinĂ©ens n’ont pas Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  voter dimanche. “L’avenir dĂ©pendra de la capacitĂ© de chacun des deux candidats Ă  crĂ©er le chaos”, estime Moktar Diallo.  

Christophe ChĂątelot
 
(Source: : Le Monde.fr | 10.11.10 | 16h25  ‱  Mis à jour le 10.11.10 | 18h56)

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