AISPP: Procès du 10 juillet
AISPP: Procès du 4 et 5 juillet
AFP: Journaliste tunisien condamné: les USA “inquiets” pour les droits de l’homme
AP: US troubled by sentence of Tunisian journalist who covered violent protests AFP: Tunisie: Huit Tunisiens condamnés pour “terrorisme” AFP: Tunisie: un parti veut l’arrêt des poursuites contre un journaliste condamné IOL: Tunisia ‘dangerous’ for journalists
An open letter from journalist Fahem Boukadous sentenced to 4 years in prison Hend Harouni: La Police Civile Empêche Mon Frère de Sortir de Son Domicile Sous « Instructions » Hend Harouni: The Civil Police Prevent My Brother from “Leaving Home” Under “Instructions” Le Figaro: L’ex-Premier ministre analyse les causes de la crise financière et estime que seule la social-démocratie apporte des réponses.
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques
· Aujourd’hui, samedi 10 juillet 2010, le jeune Kaïs Ben Hassen Ben Taïeb Aouissi, né le 12 février 1983, a été déféré en liberté devant la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, dans l’affaire n°20915 pour non révélation. Après l’appel de l’affaire, l’accusé a été interrogé. Il a nié les accusations portées à son encontre. Puis son avocat, maître Samir Ben Amor, a plaidé. Il a demandé un non lieu. Puis la séance a été levée pour le délibéré et le prononcé du jugement. Kaïs Aouissi avait fait opposition à un jugement prononcé par défaut le condamnant à une peine de quatre ans d’emprisonnement. · Samedi 10 juillet 2010, Mohammed Ben Ali a été déféré en liberté devant la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, pour adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs. Après l’appel de l’affaire, l’accusé a été interrogé. Il a nié les accusations portées contre lui. Le tribunal a décidé de reporter l’affaire au 14 juillet 2010 pour les plaidoiries à la demande de son avocat, maître Chaker Alaouane. Le jeune Mohammed Ben Ali vivait en Italie et il est accusé d’adhésion à la cellule de Milan dont les membres ont été condamnés en Tunisie et en Italie. Pour la commission de suivi des procès politiques Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politique
43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com Tunis, le 9 juillet 2010
· Mercredi 4 juillet 2010, ont été déférés devant la quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, dans l’affaire n°20445 : Ryadh Ben Mohammed Ben Lazhar Ben Mizouni Laouati, né le 15 mai 1979, Anis Ben Habib Ben Salah Sliti, né le 3 mars 1985, Mouaz Ben Hédi Ben Mohammed Haïzem, né le 18 octobre 1979, Nasreddine Ben Mnaouer Ben Taïeb Aloui, né le 8 août 1979, Ounas Ben Ali Ben Sadok Frigui, né le 29 janvier 1985, Karim Ben Amor Ben Mabrouk Marzouki, né le 21 juin 1973, en état d’arrestation Bilel Ben Mustapha Ben Abderrahmane Beldi, né le 24 juin 1979 et Sami Ben Béchir Ben Messaoud Bouras, né le 6 mai 1975, en fuite Pour incitation à la commission d’infractions terroristes, adhésion à une organisation ayant fait de la terreur un moyen de réaliser ses objectifs, tenue de réunions non autorisées, non révélation. Après l’appel de l’affaire, les accusés ont été interrogés. Ils ont nié les faits dont ils sont accusés. Certains ont dit que les aveux enregistrés par la police leur avaient été extorqués sous la torture. Puis la commission de la défense composée de Maîtres Anouar Aouled Ali, Abderrahmane Kraïem, Fethi Mouldi et Abdelhamid Ammara, a plaidé. La commission du tribunal en suite prononcé le jugement qui suit : Ryadh Laouati, Sami Bouras et Bilel Beldi : 12 ans d’emprisonnement et 5 ans de contrôle administratif Le reste des accusés : 5 ans d’emprisonnement. Les jeunes qui ont été déférés sont arrêtés depuis octobre 2009. Ryadh Laouati, Sami Bouras et Bilel Beldi avait déjà été arrêtés en avril 2003 dans le cadre de l’affaire connue sous le nom de l’»Ariana » et avaient quitté la prison à titre conditionnel en 2006. Actuellement Bilel Beldi et Sami Bouras sont en Europe où ils ont demandé l’asile politique. · Jeudi 5 juillet, ont été déférés devant la seconde chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Abderrazak Ben Mena dans l’affaire n°20894 : Omar Ben Béchir Ben Hamida Romdhani, né le 4 mars 1987, Ahmed Ben Hassouna Ben Hédi Cherni, né le 18 février 1987, Bahaeddine Ben Ali Ben Khemaïs Amdouni, né le 7 décembre 1985, Tarek Ben Abdallah Ben Hamda Abbassi, né 20 mai 1985, Ramzi Ben Noureddine Ben Ammar Ayadi, né le 6 mars 1986, Karim Ben Ahmed Ben Salah KalaÏ, né le 29 juin 1975, Lotfi Ben Khalifa Ben Mohammed Elmay, né le 21 septembre 1981, Mohammed Ben Azzedine Ben Hassen Guenouni, né le 2 novembre 1980, tous en état d’arrestation, pour adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, tenue de réunions non autorisées, et non révélation. Le tribunal a décidé de reporter l’audience au 23 septembre 2à&à à la demande de la commission de la défense constituée de Maîtres Abdelfattah Mourou, Abderraouf Ayadi et Samir Ben Amor. · Aujourd’hui, Mohammed Ben Naïb Bekkay et Oualid Ben Tahar Jarray, arrêtés depuis le 24 juillet * 2010 ont été déférés devant le juge d’instruction du 4ème bureau du Tribunal de Première Instance de Tunis, pour incitation à la commission d’infractions terroristes et tenue de réunions non autorisées. L’interrogatoire du jeune Mohammed Bakkay a eu lieu en présence de son avocat, maître Samir Ben Amor, tandis que l’interrogatoire du jeune Oualid Jarray a été reporté au 21 juillet 2010 à la demande de ce dernier qui voulait pouvoir mandater un avocat. Pour la commission de suivi des procès politiques Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor * [sic], LT (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, lT)
Journaliste tunisien condamné: les USA “inquiets” pour les droits de l’homme
US troubled by sentence of Tunisian journalist who covered violent protests
Tunisie: Huit Tunisiens condamnés pour “terrorisme”
Tunisie: un parti veut l’arrêt des poursuites contre un journaliste condamné
Tunisia ‘dangerous’ for journalists
An open letter from journalist Fahem Boukadous sentenced to 4 years in prison
La Police Civile Empêche Mon Frère de Sortir de Son Domicile Sous « Instructions »
The Civil Police Prevent My Brother from “Leaving Home” Under “Instructions”
Magistral Michel Rocard.. Interview lucide et d’une excellente profondeur analytique, audelà du positionnement de l’ancien Premier Ministre français, de ses deux intervieweurs et de l’orientation du journal. Et si nos médias offraient une tribune à nos anciens Premiers Ministres en vie, Si Rachid Sfar, Si Hédi Baccouche et Si Hamed Karoui, entre autres acteurs, pour livrer leurs analyses de la crise et leurs propositions, en fonction de leurs riches expériences différenciées, afin d’aider le Gouvernement et la Nation à comprendre et à mieux surmonter les effets néfastes de la crise qui étranglent notre Economie et menacent notre Société… En attendant, Al Hikmatou Dhallatou Al Mo’omin, Anna Wajadaha Fahoua Ahaqqou Annasi Biha(الحِكْمَةُ ظَالَّةٌ المُؤْمَنِ، أنَّا وَجَدَهَا فَهُوَ أَحَقُّ النَّاسِ بِهَا)…
L’ex-Premier ministre analyse les causes de la crise financière et estime que seule la social-démocratie apporte des réponses.
LE FIGARO. – La crise financière ne semble pas terminée. Y a-t-il le feu ?
MICHEL ROCARD. – Il y a sérieusement le feu, mais nous ne comprenons ni pourquoi ni comment. Il n’y a pas de consensus international chez les gouvernants sur l’analyse de ce qui se passe et de ce qu’il faut faire. Or, aucun traitement n’est possible, si on ne pose pas d’abord un bon diagnostic. Je vis cette crise comme un danger inouï. Si on ne la traite pas, c’est le déclin du Bas-Empire romain qui recommence. Mais c’est aussi une fascinante aventure intellectuelle. La réponse à la crise est dans la science économique et chez les jurés du prix Nobel, bien avant d’être chez les gouvernants.
Est-ce une crise du capitalisme ?
Le capitalisme est une affaire formidable. Et c’est un social-démocrate qui vous le dit. Le marché est une invention géniale de l’humanité, car il est le fondement de notre liberté. Et tout système, qu’il soit théocratique ou communiste, qui visait à s’en séparer a assassiné les libertés.
Ce système n’est pourtant pas parfait…
En effet, le capitalisme est d’une immense efficacité et d’une abominable cruauté. Vers 1820-1850, avec la révolution industrielle, les gens travaillaient 4000 heures par an, soit dix-sept heures par jour, samedis compris, sans congés payés ni retraite. Le capitalisme est né dans la violence sociale: grèves, émeutes, répression. L’enjeu de la bagarre, c’était la baisse de la durée quotidienne des heures de travail. Les populations des pays développés – États-Unis, Europe, Japon – ont adopté le capitalisme, autant de gré que de force, en espérant que son efficacité permettrait de réduire sa cruauté. De fait, la durée du travail annuelle est passée de 4000 heures en 1850 à 3000 en 1900, 2000 en 1935 pour tomber à moins de 1550 maintenant. Et tout cela, sans que l’État s’en mêle, sauf en France où il a fallu en passer par trois lois maladroites et trop brutales.
Le capitalisme n’est-il pas en lui-même générateur de crises ?
Sur les premiers 150 ans, le capitalisme a connu des crises, d’inégale puissance, tous les dix ans. Elles marquent alors des ruptures vis-à-vis du plein-emploi qu’offre en temps normal le capitalisme. En 1929, le chômage en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Allemagne passe à près de 40% en six mois, tandis que la richesse produite baisse d’un tiers, et cela sans aides sociales. Les dégâts sont socialement énormes et entraînent un cataclysme politique, l’élection de Hitler en 1933. Ce qui est éclairant aujourd’hui, avec la montée du populisme dans certains pays développés. Tout désordre économique grave et continu produit des dégâts dans le corps politique.
Comment réguler le capitalisme ?
De fait, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, un accord au sein des pays développés va se faire sur trois régulateurs de principe. Le premier s’appelle la Sécurité sociale, c’est-à-dire l’assurance-maladie, l’assurance-chômage, les allocations familiales ou les retraites, et a favorisé le capitalisme en limitant la cruauté du système, mais aussi assuré des revenus déconnectés des aléas économiques. Dans les années 1950, la Sécu redistribuait le tiers de la totalité des revenus de tous les Français. Le second régulateur, issu des idées de Keynes, permet de limiter les mouvements cycliques et donc les crises grâce au budget et la politique monétaire. À partir de 1945, le keynésianisme inspire tous les pays développés et donne naissance aux Trente Glorieuses. Le troisième régulateur, le plus puissant, c’est le pouvoir d’achat. Henry Ford l’avait bien compris lorsqu’il disait: «Je paye mes salariés pour qu’ils m’achètent mes voitures.» Grâce à ces trois régulateurs, le revenu par habitant dans les pays développés va tripler en quinze ans. Les Trente Glorieuses ont offert aux pays développés le plein-emploi, une croissance rapide et régulière avec un début de resserrement de l’éventail des rémunérations et jamais de crise financière. Voilà de quoi nous sortons.
Pourquoi cela craque-t-il au début des années 1970 ?
Parce que l’on a cassé les régulateurs. Notamment le système international de change fixe qui donnait, via les accords de Bretton Woods signés en 1944, de la prévisibilité aux agents économiques, en organisant le système monétaire mondial autour du dollar avec un rattachement nominal à l’or. Toutefois, avec une monnaie qui domine le monde, les États-Unis vont vite entrer dans la spirale des déficits budgétaires. La guerre du Vietnam, très coûteuse, n’a pas arrangé les choses. Ces déficits entament le crédit des Américains sur les marchés financiers. Sous l’influence de Dick Cheney, dont le caractère maléfique se manifeste très jeune, le président Nixon décide de suspendre en 1971 la convertibilité du dollar en or. Le monde est envoyé à la pagaille internationale sous le beau nom de changes flottants, et donc des prix aussi. Face à la volatilité des changes et des prix des matières premières – pétrole, blé, riz… -, le monde du commerce cherche à se mettre à l’abri de ces risques. La science financière va ainsi inventer les produits dérivés: on s’engage à livrer des produits à des prix fixés à l’avance. Mais le marché, c’est le goût du gain par définition, mais aussi du lucre. Les marchés font une trouvaille géniale, le contrat annexe (qui fixe les prix et la date de règlement) va être déconnecté du contrat principal (qui traite de la nature du produit et de son volume). Il se crée ainsi des produits dérivés déconnectés de l’économie réelle et qui n’ont plus de limites physiques.
C’est la porte ouverte à la spéculation.
En effet. En 1970, pour un dollar qui circulait dans le monde pour des raisons commerciales circulait un autre dollar pour des raisons financières (prêts, emprunts, remboursements, achats d’actions). En 2006, le rapport était de 1 à 120, avec un volume quotidien supérieur à 20.000 milliards de dollars. Cette technique de produits dérivés repose sur le pari d’une croissance régulière des prix. D’où des bulles gigantesques.
Ce mouvement spéculatif a donné naissance à d’immenses fortunes.
C’est vrai. Le rêve américain devient justement: «tous capitalistes, tous propriétaires», le slogan électoral de George Bush. Les banques vont offrir des prêts immobiliers à tout le monde mais, au lieu de prendre une garantie sur la solvabilité de l’emprunteur, elles vont la prendre sur la valeur de la pierre. Là encore le système marche si on parie sur la hausse du prix des logements. En 2007, 1,7 million de familles, souvent avec de nombreux enfants, sont expropriées. C’est l’indignation collective. Mais pour retrouver l’équilibre il aurait fallu en expulser 3,5 millions. Toutes les banques américaines passent au rouge. Et, au lieu de provisionner leurs créances douteuses, elles inventent la titrisation de leurs prêts en les transformant en actifs transférables de banques à banques. Elles vont ainsi distiller des créances pourries dans le monde entier, même si la France a été à peu près sage. L’économie réelle est touchée, provoquant une mégarécession. Du coup, les États réagissent en accordant au système bancaire privé la garantie publique. Merci les contribuables! Ces garanties vont représenter plus de 75% du PIB aux États-Unis et en Grande-Bretagne et 36% dans la moyenne européenne. Ce cataclysme vient s’ajouter à deux ruptures inouïes dans l’histoire du capitalisme.
Lesquelles ?
D’abord, l’organisation des actionnaires sous forme de fonds de pensions et de fonds d’investissements extrêmement cyniques, puisqu’ils donnent la priorité au versement de dividendes sur l’activité même de l’entreprise. Cette pression du capital développe la précarité du travail et la pauvreté. En trente ans, on assiste au passage du plein-emploi à une population fragilisée qui atteint 25% de la population des pays développés. La seconde rupture est l’émergence d’une doctrine monétaire qui revient à de l’ultralibéralisme et peut se résumer à «moins l’État est là, mieux on se porte». Les pays développés ont privatisé et n’ont pas accru les impôts, ce qui a aggravé leur endettement public.
Cette absence de règles vaut également pour les règles éthiques. Or, le véritable libéralisme exige une éthique forte. L’ultralibéralisme est en fait antilibéral, car il refuse les libertés. La liberté, ce n’est pas la jungle. Résultat: les citoyens en ont assez. Le comportement électoral est devenu atypique, comme l’a illustré le non au référendum sur le traité constitutionnel européen. Le système démocrate est menacé. Et, il n’y aura pas de sortie de crise sans consensus électoral.
Comment sortir de la crise aujourd’hui ?
La social-démocratie mondiale est le seul milieu d’où est sortie une annonce de la crise, une capacité rapide d’en analyser les mouvements fondateurs et une culture politique et citoyenne qui peut proposer les éléments de régulation et de fiscalité en réponse. Voilà pourquoi je demeure furieusement social-démocrate. Ce n’est pas un hasard si tous ceux qui avancent des solutions à la crise sont des sociaux-démocrates: Dominique Strauss-Kahn, Gordon Brown, Barack Obama. Nicolas Sarkozy qui n’est pas économiste mais avocat, intelligent et travailleur, a su faire également preuve de pragmatisme. Le cas allemand est plus particulier. Angela Merkel est une grande dame très courageuse qui a vécu pendant trente ans sous le communisme et en a tiré des leçons. La première, c’est que les deux mots «gouvernement» et «communisme» sont à peu près synonymes. Au nom de la liberté, elle panique dès qu’elle voit le périmètre de l’action publique s’étendre.
Le Parti socialiste français peut-il se prévaloir de la social-démocratie ?
Le PS est trop en dehors du coup, car il n’a jamais vraiment accepté l’économie de marché. Sans doute à cause d’un trop grand voisinage avec le Parti communiste. La paralysie du PS fait qu’il s’interdit tout choix courageux. On l’a vu encore récemment avec la réforme des retraites.
Comment dégage-t-on un consensus ?
Les voies de sortie sont d’ordre financier. Il faut d’abord réadopter partout le Glass Steagall Act, loi américaine de 1933 abrogée en 1999 qui interdisait aux banques de faire des investissements avec l’argent de leurs dépôts. Ensuite un traitement fiscal des surrevenus qui fasse apparaître que, même s’il doit favoriser l’aisance, le capitalisme ne permet pas une multiplicité d’immenses fortunes. Ensuite, l’interdiction de tous les produits dérivés détachés des contrats d’économie réelle. Il faut en outre éradiquer les paradis fiscaux, puisqu’ils accueillent la moitié des immenses liquidités qui circulent dans le monde. Enfin, redonner du pouvoir d’achat aux salariés pour favoriser la croissance.
Faut-il avoir peur de la Chine ?
Non, la peur est mauvaise conseillère. Certes, le réveil de la plus grande civilisation du monde, après cinq siècles de sommeil, va certainement faire des dégâts. Mais dans cette crise, la Chine a été exemplaire de discipline civique mondiale: elle n’a pas perturbé les marchés tout en continuant à garantir le déficit américain. Elle y a bien sûr intérêt, mais la Chine n’a pas oublié Marx et elle sait lire la crise mieux que nous. Elle connaît ainsi le danger encouru pour les 2000 à 3000 milliards de dollars investis dans le Trésor américain. L’émergence prodigieuse de ce pays a deux conséquences dans le comportement public aux États-Unis. La première, c’est que le nom de la Chine n’apparaît plus sans être associé à celui de menace. La seconde est la peur qui se traduit dans le budget militaire américain. Du coup, la Chine se pose des questions stratégiques et affiche son besoin d’Europe. Contrairement à la Russie de Vladimir Poutine, la Chine joue le jeu des institutions mondiales. Je fais le pronostic qu’elle sera une démocratie dans cinquante ou soixante ans.
(Source: “Le Figaro” (Quotidien – France) le 9 juillet 2010)
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