10 février 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2818 du 10.02.2008

 archives : www.tunisnews.net


Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques: l’affaire de Slimane Chedi ben Mohamed Nejib Bouzouita: Lettre au Ministre de l’Intérieur Tunisien –  Avis d’harcèlements policier sur toute ma famille Le Quotidien:Ben Arous : Hédi Ould Bab Allah, de nouveau devant la justice pour trafic de devises Kalima :Un humoriste en prison, victime d’une machination juridico-policière Kalima :Expulsion de Baaziz: une coopération sécuritaire fructueuse… contre la culture Kalima :Grève: les facultés de médecine en Colère contre le Ministre de tutelle Kalima :Le ministre Lazhar Bouaouni à la trappe ? Kalima :Des doyens élus de plus en plus rétifs à accorder des dérogations sur «instruction » TunisiaWatch: Les Juifs de Tunisie ont droit à des dédommagements d’après un tribunal israélien Le Temps :Parution:”Bourguiba, à l’épreuve de la démocratie 1956 – 1963″ de Noura Borsali Le Temps :De la survie de la langue arabe sous nos cieux Raison et sentiments… Jeune Afrique: Hélé Béji, le retour AFP:Espagne – La droite veut encadrer le voile islamique AFP:Turquie/université/voile : vaste manifestation de protestation à Ankara

The International Herald Tribune: Turkey’s Parliament lifts scarf ban


 
Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques 43 rue Eldjazira, tunis e-mail : aispptunisie@yahoo.fr Tunis, le 8 février 2008

l’affaire de Slimane

La vingt septième chambre de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Mannoubi Ben Hamidane, a examiné aujourd’hui, vendredi 8 février 2008, l’affaire n°10604, connue comme « l’affaire de Slimane ». L’audience s’est déroulée dans des conditions matérielles pénibles puisque la salle était remplie par la police politique et des dizaines d’agents en tenue.   Des avocats ont suivi les échanges debout dans le fond de la salle et les familles ont été empêchées d’assister au procès. […] le juge a interrogé les accusés par un procédé digne d’un interrogatoire de police […] le tribunal a été le théâtre de procédures d’exception[…] le tribunal était encerclé par des centaines d’agents armés.   15 accusés ont été interrogés, à savoir : Ahmed Mrabet, Ali Arfaoui, Ali Sassi Marouane Khlif, Moukhless Ammar, Khlifa Kraoui, Mohammed Khlil Zendah, Nafti Bennani, Mohammed Bakhti, Jamaleddine Mellakh, Sahbi Nasri, Badreddine Ksouri, Mejdi Latrèche, Zyed Sid et Medhi Bel Hajj Ali.   Ils ont tous donné des détails sur les tortures abominables subies dans les locaux de la Sûreté de l’Etat.   Ahmed Mrabet a dit avoir été suspendu, dépouillé de ses vêtements et fouetté pendant cinq par jours pendant cinq jours d’affilée.   Ali Arfaoui s’est adressé au juge par ces mots : « Y a-t-il pire injustice qu’une condamnation à perpétuité sans interrogatoire ? » Il a dit que des agents de la police politique avait agressé sa famille et les avaient terrorisés, puis il s’est adressé au juge en ces termes : « Peut-on logiquement accréditer que le régime est menacé par … 4 mitrailleuses ? » et il a conclut en disant : « votre tribunal est petit, mais le tribunal suprême est celui d’Allah ! »   Quant à Ali Sassi, il a affirmé que les investigations et l’instruction ont eu lieu alors qu’il était alité à l’hôpital, après avoir été visé par une pluie de balles alors qu’il s’était rendu aux forces de la Sûreté. De même, Marouane Khlif a affirmé avoir été agressé après s’être rendu, un officier supérieur l’a frappé sur le torse, lui occasionnant des fractures multiples aux côtes.   Au terme de l’interrogatoire de Moukhless Ammar, la séance a été levée, pour prendre un peu de repos et répondre à la demande des accusés voulant faire la prière) .   A quatre heures de l’après midi, le juge a repris par l’interrogatoire de Khlifa Kraoui qui a dénoncé les tortures qui lui ont été infligées à la prison de Mornaguia : il a revêtu une tenue bleue souillée, on lui a mis un sac sur la tête et les agents l’ont agressé sur ordre du directeur de la prison.   Les interrogatoires de Mohammed Khlil Zendah, Nafti Bennani, et Mohammed Bakhti n’ont duré que quelques minutes, mais Mohammed Bakhti a affirmé qu’il avait toujours les séquelles de la torture à laquelle il avait été soumis dans les locaux du ministère de l’Intérieur.   Quant à Jameleddine Mellakh,il a fait remarquer au juge que les objets saisis sur lui se bornaient au matériel agricole qui se trouve dans la ferme familiale depuis des années et que le juge d’instruction l’avait menacé de le remettre entre les mains de la brigade de la Sûreté de l’Etat s’il n’entérinait pas les contenus des procès verbaux de l’enquête préliminaire et il a demandé au juge ce qu’il était advenu des 600 dinars saisis chez sa mère et dont il n’y avait aucune mention au dossier des pièces saisies !   Le reste des interrogatoires est caractérisé par ce qu’a raconté Badreddine Ksouri sur les méthodes de torture sauvage qu’il a subies dans les locaux de la brigade de la Sûreté de l’Etat pendant… 17 jours ! Et de l’émotion intense exprimée par Mehdi El Hajj Ali manifestée lorsqu’il a exposé les méthodes de tortures immorales pratiquées sur lui au ministère de l’Intérieur.   Des observateurs de l’OMCT, d’Amnesty International, du CRLDHT, de l’AISPP, ainsi que des représentants de plusieurs ambassades de pays arabes ont assisté à l’audience.   Le juge a décidé de reporter l’examen de l’affaire au 12 février 2008 pour le reste des interrogatoires et les plaidoiries;   […]   Pour l’association Le comité directeur   (Traduction d’extraits, ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Le 9/02/2008                                                               Au nom d’Allah le clément et le tous miséricordieux. Requête:                                                          A Monsieur                                                         Le Ministre de l’Intérieur Tunisien Objet:  Chedi ben Mohamed Nejib Bouzouita:  Avis d’harcèlements policier sur toute ma famille Nom et Prénom: Chedi ben Mohamed Nejib Bouzouita Date et Lieu de Naissance: 26/04/1978 à Bruxelles Nationalité: Tunisienne N° du Passeport: Adresse: Monsieur le Ministre, Après avoir vécue presque la totalité de ma vie à l’étranger, je décide de retourner dans mon pays pour m’y installer définitivement et ce depuis 5 ans (alors que mon permis de séjour était encore valable 1 année et renouvelable pour 5 ou 10 ans). Une année avant de rentrer en Tunisie je suis devenu musulman pratiquant. Je me suis marié et actuellement je suis père d’un enfant de 2 ans. Je vous avise Monsieur le Ministre que je suis opprimé et victime de pressions policières dès mon arrivée à mon pays (5ans déjà).Je compte plus que 60 arrestations moyennant 1 par mois. Parfois je me suis fait interpellé 2 à 3 fois par jour par des brigades différentes (brigades des renseignements policiers, brigades spécialisées ex-sûreté de l’état et brigades d’enquêtes de la garde national) avec cela des perquisitions chez moi chez mes parents et même chez ma grand-mère. A chaque fois on m’interroge jusqu’à 5 heures par jour et même durant des journées entières. Le 5/02/2008 en rentrant chez moi avec un voisin 3 agents de police nous ont arrêtés et ont exigés de les rejoindre au poste de police de Nabeul après avoir fait monter mon voisin dans la voiture (ces agents m’ont interpellés questionnés durant des heures au moins 15fois). Ma réponse fut claire et net:”j’exige l’application de la lois, envoyer moi une convocation avec le motif à mon adresse et je viendrais”, mais au lieu de cela ils voulurent m’emmener de force et me frappèrent, j’ai crié, quelques voisins, ma femme et mon fils sont sortis ainsi que mon père (qui m’ordonna de rentrer), alors ils partirent. Depuis 5ans, ni même avant, je n’ai enfreint la lois et  la police n’a rien trouver de suspect sur moi, je n’ai aucune activité politique, je ne fais partis d’aucun groupe islamique, je suis musulmans! Est-ce que mon péché est de suivre une religion ou je suis appeler à n’adorer qu’Allah est de faire du bien aux géniteurs, aux proches, aux orphelins, aux miséreux , aux voisins, d’accomplir la prière et de ne pas boire d’alcool, de ne pas commettre d’adultère, de ne pas voler,de respecter autrui…? Je ne peut plus supporter d’être interpellé puis menacé, frappé, insulté, terrorisé et arrêté pendant des heures, ce qui m’arrive est horrible des insultes que vous ne pouvais pas imaginer je suis poursuivis partout. Ceci est devenu un harcèlement que je ne peux plus supporter, mon père ma mère ma femme et un enfant de 2ans vivant dans une inquiétude et un stress permanent, je suis devenu nerveux, je n’arrive plus à aller travailler. Je demande que cette poursuite infernal s’arrête afin de pouvoir vivre une vie normal avec mon père ma mère ma femme et mon fils de 2ans.                                                                                                                                                                              Dans l’attente d’une réponse favorable,                                                                                              veuillez agréer mes salutations.
 
(Source: Liberte’ et equite’ le 9 fevrier 2008)

Sommaire du numéro 92 d’ELKHADRA*

elkhadra@hotmail.com  http://elkhadra.over-blog.com

    – WALLOU.. – HEDI Ould Baballah n’est pas un larbin – Moncef Marzouki, l’opposant tunisien qui voulait être président – MONCEF MARZOUKI -Never Again – KIF-KIF LES YANKEES -La globalisation de Christophe Colomb et Vasco de Gama à aujourd’hui – MOYEN-ORIENT EXPRESS – LAPIDATION OR NOT LAPIDATION…      -L’indice de liberté Économique 2008 : La Tunisie 84ème sur 162 pays – Hamas: Islamic democracy and national liberation – La classe moyenne musulmane européenne -ABU TRIKA THE BOSS -Islam light : un produit qui se vend bien   -TRAOULI PUR JUS -Juger les crimes israéliens au Liban -R.NABA dans le texte آيباك والمصالح القومية الامريكية والاسرائيلية –    APPEL SITE MARZOUKI – COMMENT DÉJOUER LA CENSURE DU WEB 2.0 – La campagne « Sauver le Darfour » est une vulgaire arnaque – Un sionisme de mort – La faim et les droits de l’homme -Gandhi appartient à notre avenir – Le paradoxe errant -Rupture de la politique étrangère française au Proche-Orient -Vaste trafic d’enfants à Bagdad -‘Dear Palestinian Brothers . . . Please Return to Gaza’ ما الذي حدث في رفح؟ –     Le capital contre l’Islam  – Leçon de choses aux jeunes tunisiens

 


Ben Arous : Hédi Ould Bab Allah, de nouveau devant la justice pour trafic de devises

Tunis-Le Quotidien   L’humoriste Hédi Ould Bab Allah sera entendu par un juge d’instruction relevant du tribunal de première instance de Ben Arous pour répondre d’un nouveau chef d’inculpation relatif à la détention de faux billets de banque en devises.   Des agents de l’ordre ont saisi, en effet, une importante somme en devises au domicile de l’artiste.   Examinés par des experts, il s’est avéré qu’il s’agit de faux billets. Le suspect a nié toutefois avoir un quelconque rapport avec cette affaire. Il a déclaré qu’il n’a jamais détenu de l’argent en devises sauf ce qui est permis par la loi. L’artiste a clamé qu’il s’agit d’un coup monté.   Il est à noter qu’au cas où il sera reconnu coupable, Hédi Ould Bab Allah risque gros. Le code pénal prévoit une peine allant jusqu’à vingt ans de prison.   Rappelons également que le suspect a été condamné lundi dernier par le tribunal de première instance de Ben Arous à un an de prison et à mille dinars d’amende pour avoir été pris en flagrant délit de détention  d’une matière stupéfiante classée dans la catégorie B.     H. MISSAOUI   (Source : « Le Quotidien » (Quotidien – Tunis), le 10 février 2008)

Un humoriste en prison, victime d’une machination juridico-policière

Sihem Bensedrine   Tunis vient d’accueillir de grands humoristes durant son Festival du rire qui a eu lieu du 26 janvier au 2 février. On a bien ri des imitations décapantes de personnalités politiques françaises présentées par le talentueux Ives Lecoq. Mais en Tunisie, on rit des autres, jamais de nous-mêmes, l’humour s’arrête là, à la frontière de la dictature qui connait la force subversive du rire mais ne l’apprécie jamais. Hédi Ouled Baballah, vient de l’apprendre à ses dépens.   Achourouk et Le Quotidien, les deux porte-voix du ministère de l’Intérieur, annonçaient dans leur édition du 8 février, la condamnation le 4 février dernier par le tribunal de première instance de Ben Arous (banlieue de Tunis) de l’humoriste tunisien Hédi Ouled Baballah à «un an de prison et une amende de mille dinars.» pour «détention d’une matière stupéfiante classée dans la catégorie B.» ; et l’article s’étale sur les détails peu crédibles de cette découverte «spontanée» par les services spéciaux lors d’un autre contrôle de «routine» !   L’humoriste audacieux, qui était accompagné d’un chauffeur dans une voiture de location, a été arrêté au péage du Mornag sur l’autoroute reliant Tunis à Hammamet pour un contrôle de «routine». Il avait été embarqué seul dans la voiture de la police et conduit au poste, tandis qu’un agent de police s’était chargé de conduire sa voiture ! Arrivé au poste de police, les agents ont prétendu avoir trouvé un sachet contenant quelques grammes de «Zatla» (cannabis) dans la boite à gants de sa voiture au moment où ils l’ont fouillée.   Devant le tribunal de première instance où il avait comparu le lundi 4 février en état d’arrestation, il avait déclaré à la cour qu’il ignorait jusqu’à l’existence de ce sachet, étant convaincu qu’il est victime d’une machination et qu’il est en train de payer pour sa liberté de ton. Notons qu’il avait été contrôlé négatif au test de dépistage de la drogue auquel il avait été soumis durant sa garde à vue.   De nouvelles charges plus graves sont en train d’etre montées contre lui. Une instruction pour détention de fausse monnaie en devises vient d’être ouverte par le parquet de Ben Arous. La police prétend avoir « découvert » ces faux billets de devises étrangères à son domicile lors d’une perquisition effectuée alors qu’il était en prison.   Il va de soi que personne en Tunisie – à l’exception peut être de ses auteurs – n’ont pu ajouter foi à ce grossier mensonge.   Toute la Tunisie est au courant que Hédi Ouled Baballah vient de produire un sketch où il imite le président Ben Ali. Ce sketch qui avait été présenté dans un lieu privé à Sfax, il y a environ trois semaines, a largement circulé en Tunisie de façon informelle par un enregistrement de téléphone portable;   C’est le deuxième que l’humoriste tunisien produit sur le même sujet. Après la production du premier sketch, il avait été arrêté par la police et conduit au centre de détention de Bouchoucha du 9 au 11 mars 2007. Il avait été violemment battu par les agents des services de sécurité durant sa garde à vue et avait, à sa libération, porté plainte pour «violences aggravées», mais sa plainte est restée sans suite.   Après cette «récidive», c’est une sale affaire de drogue qui a été montée contre lui pour le punir d’avoir transgressé les lignes rouges. Car il est interdit de rire du «Président» dans une dictature qui se respecte.   En mettant en prison un humoriste, le pouvoir est en train de créer une nouvelle icône de la dissidence, mais cette fois dans le monde artistique.   (Source : « Kalima » (Mensuel électronique), N° 60 – Février 2008)

Expulsion de Baaziz: une coopération sécuritaire fructueuse… contre la culture

Omar Mestiri   Impuissants à protéger les frontières communes des infiltrations Djihadistes, les services sécuritaires tunisiens et algériens se rattrapent sur la «subversion» culturelle. Trois membres de la brigade de «sécurité de l’Etat », de sinistre réputation, ont cueilli, tôt le matin du samedi 2 février, l’humoriste Algérien Baaziz à sa chambre de l’hôtel «Maison blanche», au centre de Tunis.   Ils lui intimèrent courtoisement – mais fermement – l’ordre de faire ses valises séance tenante, avant de l’escorter à l’aéroport où il fut mis dans le premier avion en partance pour Paris. Les despotes de la région peuvent se rassurer, le dernier pays Arabe à se régaler des menées de ce «dangereux extrémiste» lui est désormais fermé.   L’artiste s’était produit la veille au théâtre municipal de Tunis, dans le cadre du festival du rire et devait donner deux autres spectacles – le soir même du samedi 2 et le lendemain – à l’espace «El Teatro» où il avait tenu de nombreux concerts, remportant un succès fou auprès du public tunisien. Il eut droit à une importante couverture médiatique ces derniers mois, et a même été l’invité vedette d’une émission de la chaîne TV publique «Tunis7».   De l’avis des connaisseurs, la teneur de la prestation de Baaziz, souvent virulente envers les dictateurs, ne peut être la cause de cette expulsion cavalière. Il a pris soin, lors de son sketch de la veille, d’assurer tenir compte des «instructions de modération» transmises par ses amis.   Certes, une «explication» officieuse a bien circulé dans les milieux des artistes : Baaziz n’aurait pas respecté la réglementation locale qui exige une double autorisation du ministère de l’Intérieur et de celui de la culture… Elle reste cependant un peu courte, tout juste suffisante à couvrir l’annulation du spectacle d’ «El Teatro» ; quant à l’expulsion… et, surtout, comment justifier l’intervention de la «sécurité de l’Etat» dans ce registre ?   On reste pétri d’admiration devant ces lettrés besogneux qui se suent à échafauder toutes sortes de thèses destinées à sauver la mise mais, sans cesse contredits par les gros sabots des sécuritaires.   Reste la thèse de l’échange de bon procédés entre Tunis et Alger : à quelques jours de la visite officielle de Boutef à Tunis, Ben Ali se serait senti en devoir de lui renvoyer l’ascenseur, après que l’Algérie eut exaucé, le mois dernier, sa demande pressante d’interdire la tournée de son ennemi juré, le journaliste Taoufik Ben Brik.   (Source : « Kalima » (Mensuel électronique), N° 60 – Février 2008)

Grève: les facultés de médecine en Colère contre le Ministre de tutelle

Sihem Bensedrine   Le 14 février tous les médecins, pharmaciens et dentistes universitaires observeront une grève de l’enseignement, en signe de protestation contre le traitement cavalier fait aux doyens des 4 facultés de médecine par Lazhar Bououni, le Ministre de l’enseignement supérieur.   Lazhar Bououni semble se tromper d’espace et de temps. Il est en train de gérer les institutions universitaires dépendantes de son ministère comme on gère une école primaire, et traite les responsables qui veillent aux destinées de ces institutions, comme des élèves d’une classe d’école primaire du début du 20e siècle.   Depuis sa prise de fonction, il n’a cessé de soumettre les responsables d’institutions universitaires et notamment les doyens des facultés de médecine de Tunis, Sfax, Sousse et Monastir à un harcèlement administratif. En vue de les mettre au pas et de leur faire comprendre que c’est lui qui commande, il fait pleuvoir inspections, blâmes, avertissements et injonctions de façon arbitraire. En voici quelques exemples :   – Il a intimé aux doyens, sous menace de «poursuites pénales pour malversation», l’ordre de mettre fin aux activités de préparation des étudiants au concours de résidanat.   – Le doyen de la faculté de Tunis, s’est vu par exemple, reprocher d’avoir fait imprimer les polycopiés des étudiants en dehors de l’imprimerie officielle.   En réalité, l’imprimerie officielle – qui détient le monopole de l’impression de ces documents, avec à la clé une qualité d’impression médiocre – avait fait part de son indisponibilité pour imprimer, dans les délais impartis, une partie de ces documents (30%). Le doyen avait alors eu recours aux services d’une autre institution publique, l’office du planning familial, pour mettre ces polycopiés à la disposition des étudiants ; ce qui fut fait, dans les délais et avec une qualité nettement supérieure, mais avec une majoration des frais de l’ordre de…moins de 1 millime par page. Le Ministre réagit en ordonnant une inspection !   (Source : « Kalima » (Mensuel électronique), N° 60 – Février 2008)

Le ministre Lazhar Bouaouni à la trappe ?

Omar Mestiri   Les responsables gouvernementaux se montrent affolés par les proportions que prend la crise entre Lazhar Bouaouni et les doyens des facultés de médecine. Plusieurs Ministres, ainsi que leurs collaborateurs, s’affairent à trouver une sortie de crise «honorable pour tous», c’est-à-dire, en clair, sauver la face de leur collègue de l’enseignement supérieur tout en désamorçant la protestation du 14 février.   Les contacts se sont multipliés ces derniers jours et plusieurs missions de conciliation ont échoué, les doyens refusant de rencontrer Bouaouni tant qu’il n’aura pas retiré les sanctions les concernant. Ils demeurent intransigeants sur cette exigence.   Aux dernières nouvelles, Lazhar Bouaouni serait lâché en haut lieu et son départ quasiment acquis. Il lui serait reproché un manque de doigté : trop carré, il a échoué à mater ce qui est considéré comme un embryonnaire mouvement d’émancipation des milieux académiques.   (Source : « Kalima » (Mensuel électronique), N° 60 – Février 2008)

Des doyens élus de plus en plus rétifs à accorder des dérogations sur «instruction »

Omar Mestiri   Il semblerait que le principal enjeu de la discorde entre les doyens des facultés de médecine et le ministère de l’Enseignement Supérieur provienne de la volonté affichée par les doyens de mettre fin à la pratique des dérogations autorisant l’inscription d’étudiants «fortement recommandés», mais qui n’ont pu satisfaire aux critères de l’orientation par la voie normale (elle-même sujette aux «corrections» de la présidence de la République).   L’ire du Ministre s’est en particulier déversée sur l’un des doyens qui a eu «l’impudence» de ne pas obtempérer à une demande de dérogation transmise oralement par un membre du cabinet du ministre : il a réclamé de son interlocuteur une note écrite, contrevenant gravement aux règles non écrites de notre «Etat de droit» où seul l’oral compte !   Les facultés de médecine ont, depuis de nombreuses années, institué un concours de réorientation – sous tutelle du ministère de l’Enseignement secondaire – destiné à offrir une nouvelle chance pour un nombre réduit d’étudiants désirant suivre les études médicales (moins de 10% du total des inscriptions en première année).   Là aussi, le politique s’impose à l’académique : l’usage établi veut que les listes retenues à l’issue de ce concours soient transmises au ministère de l’Enseignement supérieur qui les retourne ensuite à la faculté pour inscription, après y avoir introduit des «révisions» plus ou moins substantielles.   La pratique des dérogations conduit à des excès insoutenables : Lazhar Bouaouni est ainsi intervenu pour faire inscrire à la faculté de Monastir une étudiante recalée au concours de réorientation, avec des notes faibles dans les matières fondamentales, dont une catastrophique (2/20 en sciences naturelles) !   (Source : « Kalima » (Mensuel électronique), N° 60 – Février 2008)

 


Les Juifs de Tunisie ont droit à des dédommagements d’après un tribunal israélien

 La cour de district de Tel Aviv a décidé que les Juifs tunisiens qui vivaient sous le régime Nazi méritent le même statut que leurs homologues européens et ont droit à des dédommagements en tant que victimes des persécutions nazies.   Jusqu’à cette sentence sans précédent, le ministère des Finances rejetait toutes les requêtes de Juifs originaires de Tunisie réclamant une pension du gouvernement en tant que victimes des persécutions nazies. Le ministère considérait en effet que la loi des dédommagements ne s’appliquait qu’aux réfugiés contraints de fuir leur patrie à cause de l’occupation nazie.   Jusqu’à présent le ministère considérait que les Juifs tunisiens avaient gardé leur citoyenneté tunisienne pendant la Shoah, même si les Nazis ont occupé le pays pendant six mois, persécutant les résidents Juifs.   Deux personnes ont œuvré pour faire reconnaître les droits des Juifs tunisiens. Yéhouda Teshouva et l’avocat David Etzion ont affirmé jeudi qu’environ 20 000 Juifs originaires de Tunisie vivant actuellement en Israël auraient droit d’être reconnus comme victimes des persécutions Nazies. C’est-à-dire qu’ils auraient droit à une pension mensuelle du gouvernement d’environ 333 dollars…   Dans sa sentence, le tribunal a fait remarquer que même si théoriquement les Juifs tunisiens ont gardé leur citoyenneté pendant l’occupation nazie, ce statut n’avait aucun sens, étant donné que le pays n’était pas indépendant à cette époque, mais était sous mandat français.   Par ailleurs, la France ne reconnaissait pas à l’époque la citoyenneté française des résidents tunisiens. La cour a donc décidé que le ministère des Finances ne pouvait pas repousser catégoriquement les demandes de dédommagements des Juifs originaires de Tunisie.   (Source : le blog « TunisiaWatch », le 10 février 2008) Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org


Parution

“Bourguiba, à l’épreuve de la démocratie 1956 – 1963” de Noura Borsali

 
Notre consœur Noura Borsali vient de publier un livre sur “Bourguiba, à l’épreuve de la démocratie” 1956 – 1963″ un livre écrit-elle qui est en partie “Une série d’articles qui ont été publiés dans l’hebdomadaire “Réalités durant le deuxième trimestre 2006 à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays (1956-2006).   L’ouvrage comporte cinq parties enrichies d’interviews et de témoignages vivants et dans lesquelles sont évoqués les premières élections de la Tunisie indépendante, la lutte armée et les fellaghas : La mise au pas des organisations nationales et de la société ; le pouvoir personnel confronté à la liberté de presse ; et enfin le complot avorté de décembre 1962 et l’institutionnalisation du parti unique”. Mme Borsali explique que “ce travail s’étend sur les huit premières années de l’indépendance (1956-1963) durant lesquelles s’est construit l’Etat national (Etat – parti) et consolidée l’autorité politique”.     Libertés   Dans la préface du livre intitulée “Une démocratie autoritaire”, l’auteur écrit “avec l’indépendance, le nouvel Etat tunisien a cherché à se consolider  en engageant dans tous les domaines, des réformes audacieuses pour l’époque (…)   Toutefois la question démocratique fut étudiée et reportée aux calendes grecques au nom de l’unité impérative. Le Noé-Destour et son chef Habib Bourguiba estimèrent que le peuple n’était pas encore mûr pour une démocratie. Aussi toute contestation et toute critique n’étaient-elles pas tolérées dans un contexte national et régional jugé difficile (…).   Concernant la liberté de la presse à l’époque, Mme Borsali souligne que “La Liberté de parole est considérée désormais comme” un dénigrement systématique”, titre donné à la section d’une étude faite par les services du Secrétariat à la Présidence, publié dans “La République délivrée” et dans laquelle il est noté à propos de la presse communiste “Pendant toute cette période (1956-1962) le dénigrement du gouvernement du président Bourguiba, de ses réalisations ainsi que du Néo-Destour est poursuivi, systématiquement dans les publications de la presse du PCT.   L’auteur a cité Charles Debbasch qui écrit dans son ouvrage “La République Tunisienne” “Les constituants tunisiens, en s’inspirant de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ont consacré des droits importants tels que le droit syndical, la liberté d’opinion, d’expression, de presse, de publication, de réunion et d’associations… mais toutes ces libertés ne peuvent s’exercer que dans les limites prévues par la loi et donc ne pouvaient qu’être restreintes par cette dernière”.   Mme Borsali espère que le livre suscitera l’intérêt des lecteurs lesquels écrit-elle “y trouveront matière à lire et à débattre”.   Néjib SASSI   (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 février 2008)

De la survie de la langue arabe sous nos cieux Raison et sentiments…

Samia HARRAR   Pourquoi devrait-on craindre à ce point, pour la survivance de la langue arabe dans nos murs? Et a t-on raison de s’alarmer, au point de vouloir remettre en question, les fondements même de ce qui fait la richesse de notre système éducatif, en voulant à tout prix tout chambouler, en arabisant le contenu du cursus universitaire, que cela regarde les disciplines scientifiques ou autres, sous prétexte d’un retour aux sources, lequel est censé nous réconcilier avec notre propre identité ?   C’est du moins le point nodal du débat, soulevé il y a quelques jours, par un quotidien de la place, s’exprimant en langue arabe, sur les pseudo- dérives inhérentes à ces choix éducatifs, qui donnent la suprématie à une langue étrangère : entendre par cela le français, et dans une moindre mesure l’anglais, sur la langue d’origine du pays.   Cela regarde tout aussi bien, le programme scolaire que les émissions télévisées, tous genres confondus, lesquels véhiculeraient un langage hybride et inapproprié, qui accentuerait l’énorme écart qui prévale, entre la langue arabe en tant que telle, et le dialecte local. Sauf qu’il convient de rappeler, que même dans les pays donnés comme défenseurs de la langue pure et dure, il est rare, pour ne pas dire rarissime, que dans la rue l’on use d’une langue littéraire châtiée, pour se parler. En Egypte il y a le dialecte égyptien, en Syrie le dialecte syrien, au Liban c’est du pareil au même, avec la différence que l’on y parle également le français ; idem au Maroc, en Algérie…, et nous en passons.   Les choses changent si l’on prend effectivement en compte, le patrimoine littéraire de ces pays, où il est vrai, concernant l’Egypte notamment, qu’une forte tradition en matière de production romanesque et poétique, donne la suprématie à la langue académique. Même si les œuvres en dialectal sont légion aussi.   Mais sous nos propres latitudes, il n’y a vraiment pas lieu de rougir, pour les choix éducatifs qui permettent l’ouverture sur d’autres langues : choix que l’on doit considérer en tant qu’une richesse dont il convient plutôt de s’enorgueillir, histoire de ne pas se fermer sur nous mêmes, en faisant montre d’un chauvinisme réducteurs et d’autant plus déplacé, que l’histoire de notre pays, c’est d’abord l’histoire de brassages successifs, qui ne justifient en rien qu’on recule au lieu d’avancer, en optant pour appauvrissement culturel, sous prétexte que l’on ferait partie d’une aire arabe, d’autant que l’on ferait plutôt partie d’une aire maghrébine et méditerranéenne, ayant en partage toute une culture, qui ne se réduit pas uniquement à l’apport de la civilisation arabo-musulmane. Même si celle-ci en l’occurrence, fait effectivement partie intégrante de notre identité nationale.   Parce qu’il serait absurde, vain et rétrograde, de vouloir opérer un changement, lequel serait une perte de temps et d’argent, en cherchant à traduire, des concepts scientifiques ou autres, en arabe, châtié ou pas, rendant ainsi la tâche plus dure, pour des résultats qui seraient à coup sûr stériles, à des enseignants et des étudiants, qui n’en demandaient pas tant. Qui plus est que la langue du Coran, ne risque pas de perdre de son lustre parce qu’on n’aura pas ” formaté ” les programmes à son niveau, – ce qui serait d’ailleurs difficile, pour ne pas dire impossible-, puisque l’usage d’autres langues sous nos cieux, pour tous ceux qui adorent les belles lettres, ne risque certes pas de les en détourner. Il n’y a point de paradoxe à notre sens, à aimer la langue de Voltaire et celle d’Al Moutanabbi. Ou encore celle de Shakespeare. La preuve en est que la génération de poètes et écrivains d’après l’indépendance, est une génération parfaitement bilingue. Il est vrai aussi qu’au jour d’aujourd’hui, elle se compte sur les doigts d’une seule main peut-être. Et la perte à déplorer se situerait plutôt au niveau des deux langues…   (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 10 février 2008)


 

Hélé Béji, le retour

 Plus de vingt-cinq ans après son célèbre essai sur les indépendances (Le Désenchantement national, Maspero, 1982), l’universitaire et écrivaine tunisienne Hélé Béji revient sur sa critique des États postcoloniaux dans « Nous, décolonisés », qui paraît aux éditions Arléa.   (Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2453 du 14 au 20 janvier 2008)   Hélé Béji est née à Tunis en 1948. Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné la littérature à l’Université de Tunis, puis a occupé un poste de fonctionnaire international à l’UNESCO. Elle a fondé en 1998 le Collège international de Tunis.   Elle est l’auteur de plusieurs livres dont « Le Désenchantement national, essai sur la décolonisation », Maspéro 1982, « L’Œil du jour », roman, Nadeau, 1985 et « L’Imposture culturelle », essai, Stock, 1997. Elle a également collaboré à de nombreux ouvrages collectifs sur le tiers-monde et sur les questions du monde arabe.   Nous, décolonisés Hélé Béji   La décolonisation est la forme la plus instinctive et la plus avancée de la liberté. Elle est l’avant-garde de toutes les libertés. Mais elle est la plus malheureuse de toutes, car elle n’a pas tenu ses promesses. J’avais annoncé que je ferais mieux que les Européens mais, un demi-siècle après, je ne sais toujours pas où j’en suis, si j’avance ou si je recule, si je suis un primitif ou un moderne, un sauvage ou un civilisé, si j’aime la patrie ou si je l’exècre. Suis-je encore le jouet de forces extérieures qui me dépassent ? Ou bien est-ce moi qui précipite ma perte par mes erreurs et mes aveuglements ? Mais j’ai beau me chercher des excuses, elles ne me convainquent pas. Quoi, encore victime, moi ? Non, c’est trop facile. Je ne suis plus cet objet hébété, inconscient, subissant les effets sans être pour rien dans les causes, dépouillé de ses facultés de penser et d’agir. Je ne suis plus sous tutelle. Je suis souverain.   D’emblée, Hélé Béji donne le ton : « liberté » est le maître mot de sa brillante analyse sur la fin du colonialisme, l’Indépendance et la démocratie dans son pays, la Tunisie – qui est ici parangon de tous les jeunes États ayant gagné leur indépendance de haute lutte dans les années 1950-1960. Si, parmi les causes des errements et des incuries des « jeunes pays », elle n’oublie pas les crimes et les injustices des ex-puissances coloniales, ce sont surtout les responsabilités de ces jeunes nations qu’elle entend stigmatiser dans cet essai.   Comparant l’état actuel de son pays avec les rêves et les espoirs qui ont alimenté les diverses luttes anticoloniales, Hélé Béji constate à quel point les ambitions des « combattants de la liberté » ont été déçues.   Après son remarquable travail sur la place de la femme dans le monde musulman moderne (Une force qui demeure, Arléa, 2006), Hélé Béji prend de la hauteur et étend son analyse à l’ensemble des jeunes États, refusant de voir une fatalité dans leurs dysfonctionnements. Elle met ainsi en évidence les responsabilités des intellectuels et des politiques, et, entre la maîtrise d’un passé assumé, une pratique tolérante de la religion, l’instauration d’une « laïcité » originale et réellement démocratique, elle ouvre la voie à quelques perspectives capables d’apporter des solutions aux problèmes de ces jeunes nations.   Quoi que nous fassions ou que nous pensions, nous, décolonisés, la liberté est désormais l’air invisible que nous respirons sans nous en rendre compte. Maladive ou vigoureuse, elle est déjà en nous, même si nous ne la voyons pas. Fantôme insaisissable sorti d’un monde devant lequel nous nous sentons impuissants et chétifs, elle exige un courage dont il faudra bien que nous trouvions un jour la force. Elle est là, même si nous détournons le regard pour ne pas la voir. Elle est un devoir dont nous nous acquitterons vis-à-vis de nos enfants, même si nous ne l’avons pas reçue de nos ancêtres. L’héritage n’est pas seulement quelque chose qui remonte du passé, c’est un bien qui dévale du futur.   Prix : 18 euros   237 pages, 2008, EAN 9782869597990   Lien : http://www.arlea.fr/Nous-decolonises


Turquie/université/voile : vaste manifestation de protestation à Ankara

 

AFP, le 9 février 2008 à 14h41

ANKARA, 9 fév 2008 (AFP) – Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Ankara samedi pour manifester contre l’autorisation du port du foulard islamique à l’Université, a constaté l’AFP. “La Turquie est laïque et restera laïque”, ont scandé les protestataires qui se sont regroupés sur une place du centre-ville, au moment où le parlement turc votait un amendement constitutionnel en vertu duquel “personne ne peut être privé d’éducation supérieure”. Ce texte est interprété en Turquie comme levant l’interdiction pour les jeunes femmes de porter le voile dans les facultés. Un responsable de la police a évalué à moins de 100.000 le nombre des manifestants, qui s’étaient rassemblés à l’appel de plus de 70 syndicats et ONG, dont plusieurs associations féministes. Les organisateurs n’ont pas fourni de chiffre. Les manifestants brandissaient des drapeaux turcs ainsi que des portraits du fondateur de l’Etat turc moderne, Mustafa Kemal Ataturk. Les femmes, dont certaines portaient le foulard, représentaient la majorité des participants. “Ce qui se passe aujourd’hui au parlement consiste à éliminer le régime républicain et à le remplacer par la bigoterie. Ils veulent détruire la république démocratique laïque”, a déclaré à la foule l’un des organisateurs,  Gokhan Gunaydin. Un autre organisateur, Tuncay Ozkan, propriétaire d’une télévision qui couvrait la manifestation en direct, a accusé le gouvernement de trahison. “Je les préviens, changer le régime constitutionnel est un crime. Ils devraient être jugés pour trahison”, a déclaré M. Ozkan, avant d’ajouter : “nous sommes ici pour défendre le pays”. Une femme âgée, portant un foulard ainsi qu’une écharpe aux couleurs – rouge et blanc – du drapeau turc autour du cou, a été applaudie bruyamment par la foule lorsqu’elle a ôté l’étoffe qui lui recouvrait la tête pour dévoiler sa chevelure. “Longue vie à la république, que la charia aille au diable”, s’est-elle exclamée sous les acclamations des manifestants. 125.000 personnes avaient déjà manifesté le 2 février à Ankara contre une telle levée de l’interdiction du voile islamique dans les universités, présentée par le gouvernement turc comme une réforme nécessaire sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne. Le Parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir, a proposé de réviser la Constitution en estimant que l’interdiction faite aux étudiantes de porter le voile sous peine d’exclusion – en vigueur depuis un putsch en 1980 – portait atteinte à la liberté de conscience et au droit à l’éducation. La légalisation du foulard à l’Université est fortement combattue par les défenseurs des fondements laïcs de ce pays dont 99% de la population est musulmane. Pour les partisans de la laïcité, une révision de la Constitution pour permettre le port du foulard islamique dans les universités sape le principe de séparation entre la religion et l’Etat.   AFP


Espagne – La droite veut encadrer le voile islamique

AFP, le 8 février 2008 à 17h42 Par Jason Webb   MADRID, 8 février (Reuters) – Le port du voile islamique en Espagne doit être restreint, estime l’opposition conservatrice qui souhaite faire de l’immigration l’un des sujets clés des élections législatives du 9 mars. “Il s’agit de défendre l’égalité entre hommes et femmes et de s’assurer que le voile n’est pas un objet de discrimination dans les écoles ou ailleurs”, a déclaré jeudi soir un porte-parole du principal parti de droite, le Parti populaire (PP). Après avoir plaidé mercredi pour un contrat obligeant les étrangers à respecter les “coutumes espagnoles”, le chef de file du PP, Mariano Rajoy, a aussi déclaré qu’il voulait renforcer la législation sur la polygamie et les mutilations génitales. Les socialistes au pouvoir, en tête de 4 à 6 points dans les sondages, ont vivement réagi, parlant de “relents xénophobes” et accusant leurs adversaires de s’attaquer à de faux problèmes. Malgré plusieurs cas de jeunes filles priées d’enlever leur voile à l’école, l’Espagne ne connaît pas le même genre de tensions qu’en France, où une loi exclut le voile des établissements scolaires comme tout autre “signe ostentatoire d’appartenance religieuse”, ou qu’en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas où la question fait débat. Le PP faisait jusque-là campagne sur la dégradation de l’économie mais les analystes estiment que les débats sur l’immigration ciblent l’électorat populaire, en compétition avec les immigrants sur le marché du travail. Le président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré s’excuser devant les immigrants pour les prises de positions du PP, qu’il a qualifiées de “franchement discriminatoires et nauséabondes”. Parti de zéro il y a dix ans, le nombre de résidents étrangers atteint aujourd’hui 10% de la population espagnole. Des millions d’immigrants marocains, latino-américains ou est-européens sont venus s’établir dans le pays en vertu d’une législation tolérante. Le PP doit dévoiler ce samedi sa politique en matière d’immigration.   REUTERS


 

Turkey’s Parliament lifts scarf ban

By Sabrina Tavernise The New York Times Saturday, February 9, 2008 Turkey’s Parliament took a major step on Saturday toward lifting a ban against women’s head scarves at universities, setting the stage for a final showdown with the country’s secular elite over where Islam fits in the building of an open society. Turkish lawmakers voted overwhelmingly in favor of a measure supported by Prime Minister Recep Tayyip Erdogan to change Turkey’s Constitution in a way they say would guarantee all citizens the right to go to college regardless of how they dress. Turkish authorities imposed the ban in the late 1990s, arguing that the growing number of covered women in colleges threatened secularism, one of the founding principles of modern Turkey. Secular opposition lawmakers voted against the change, with about a fifth of all ballots cast. Crowds of secular Turks backed them on the streets of Turkey’s capital, Ankara, chanting that secularism — and women’s right to resist being forced to wear head scarves by an increasingly conservative society — was under threat and demanding that the government step down. “This decision will bring further pressure on women,” said Nesrin Baytok, a member of Parliament from the opposition secular party, during the debate in Parliament. “It will ultimately bring us Hezbollah terror, Al Qaeda terror and fundamentalism.” Another member from that party, Kemal Kilicdaroglu, said the group would take the amendments to Turkey’s Constitutional Court, a pro-secular institution that is likely to rule against Erdogan. That process must wait until the changes are approved by the president and published in the official state newspaper. The head scarf ban, and the push to repeal it by Erdogan’s governing party, has become one of the most emotional issues in Turkey. It pits a rising, increasingly wealthy middle class of observant Turks, on one side, against a secular elite, backed by the military and the judiciary, on the other. “It’s all about power,” said Jenny White, a professor of anthropology at Boston University who has been writing about Turkey since the 1970s. “It’s about who gets to decide what Turkey’s image and emblematic lifestyle will be. Islam is the lightning rod for all the fears and concerns.” Many secular Turks are concerned that Erdogan’s Justice and Development Party now has such significant power, controlling the Parliament and the posts of president and prime minister, that party officials will impose their own conservative lifestyle on Turkey. “It’s been presented as a liberty to cover the head, but in practice, it is going to evolve into a ban on uncovered hair,” said Hikmet Sami Turk, a former justice minister, speaking on NTV television. “This is a starting point, that’s the importance.” Turkey’s current tensions are rooted in its recent past, when vast numbers of migrants from the country’s more observant heartland moved to cities, starting in the 1950s, in a process that changed Turkey into an urban society. But it remained divided by class, and when many covered women began entering universities and taking public sector jobs, the secular elite banned head scarves. Now, Erdogan is trying to lift the ban, and the debate, which began in Parliament on Wednesday, has been emotional. “They tell us to trust them with respect to secularism,” Deniz Baykal, the head of the secular opposition party, said Wednesday, according to Today’s Zaman, an English-language daily newspaper. “I will entrust liver to a cat, but won’t entrust secularism to you.” Cemil Cicek, a conservative member of Erdogan’s party, countered, “We are not trying to bring a ban, we are trying to lift a ban.” In Wednesday’s debate he asked: “Why aren’t you willing to reach consensus, but spread radioactive fear and horror across the country like the Chernobyl power station? What is this? Do not destroy peace in the country.” Turkey is groping toward a new understanding of itself. Observant Turks, the underclass for years, are now part of the elite, and hard questions about how to share public space, such as college campuses, Parliament and other public buildings, have become daily topics. Those who argue for retaining the ban say they do not oppose the head scarf worn in times past by grandmothers, tied babushka-style under the chin. Nilufer Gole, a Turkish sociologist who wrote “The Forbidden Modern: Civilization and Veiling,” argues that the past generation was mostly working class, and therefore not threatening, while today’s wealthier covered women are. “We liked our grandmothers because they were just knitting,” she said by telephone from Paris. “They were never trying to go to university.” Turkey’s booming economy is a great equalizer. On the streets of Istanbul, young women in jeans, stylish T-shirts and Keds wear head scarves of all colors. Young observant women are more integrated than ever before. “For me it’s a good sign,” Gole said. “It means they are participating.” Still, Turkey is entering uncharted waters in its attempts to balance liberal democracy, Islam and secularism, and Western analogies do not provide useful models. “It’s not like a Sikh policeman wearing a turban under his helmet in England,” said Murat Belge, a professor at Bilgi University in Istanbul. In Britain, Sikhs are a tiny minority. In Turkey, he said, those asking for more rights are the majority.
(Source: The International Herald Tribune le 9 fevrier 2008) http://www.iht.com/articles/2008/02/09/europe/10turekey.php


 

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Home – Accueil – الرئيسية TUNISNEWS 7 ème année, N° 2401 du 18.12.2006  archives : www.tunisnews.net C.R.L.D.H. Tunisie: Arrestation du journaliste

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