1 octobre 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2688 du 01.10.2007

 archives : www.tunisnews.net

 Liberté & Equité:Communiqué fodateur L’équipe de PDPinfo.org:Bulletin d’information de la grève de la faim de Mme Maya Jribi et de Me Ahmed Néjib Chebbi. AFP: Tunisie: dix corps rejetés par la mer sur le littoral sud-est Le Temps:Qu’on arrête de se voiler la face Reuters:L’Iran pose ses conditions pour aider les USA en Irak – presse AFP:Londres: les musulmans britanniques entament une campagne anti-islamophobie AFP: En Europe, quelques programmes télé résistent encore à la mondialisation Le Monde: Les Japonais menacés de disparition, par Frédéric Lemaître


 

 Liberté & Equité Pour la Défense des Prisonniers Politiques, des Prisonniers d’Opinion et des Libertés Publiques 33, rue Mokhtar Atiya Tunis 1001 Tél/Fax: +216 71.340.860 E-mail: liberte_equite@yahoo.fr Tunis, le 1er Octobre 2007

 Liberté & Equité:Communiqué fodateur

 
Il a été annoncé ce matin la création d’une association tunisienne défendendant les libértés et les droits de l’homme en général et plus particulièrement les prisonniers politiques. Son siège est sis au: 33, rue Mokhtar Atiya à Tunis. L’association est dénommée: « Liberté & Equité » pour la défense des prisonniers politiques et des libertés publiques. Vendredi 28 septembre 2007 à 11h00 du matin, Maître Mohamed Ennouri, avocat à Tunis, s’est déplaé du siège de l’association rue Mokhtar Atiya pour se rendre au siège du gouvernorat (Wilaya) de Tunis pour y déposer un dossier informant de la création de l’association. Mais un grand nombre d’agents de l’ordre en civil lui ont barré la route et lui ont interdit de poursuivre son chemin vers le siège du gouvernorat. En lui demandant de retourner à son cabinet, sous la menace d’utiliser la violence dans le cas de non obéissance. Il est à rappeler que le fonctionnaire en charge des associations au gouvernorat de Tunis avait refusé de fournir, aux membres de l’associaiton, les formulaires des Statuts types des associations à caractère de défense des droits de l’homme (Houqouqiyya), pour le motif de rupture de stock. Face à cette situation, un des membres du comité directeur de l’association a été mandaté pour informer le gouvernorat de Tunis de la constitution de l’association par voie postale. Les membres fondateurs ont désigné un Comité provisoire, de 20 membres, pour l’administration de l’association et un Bureau exécutif de 10 membres a été constitué. Il se compose des membres suivants: 1- Maître Mohamed Ennouri, Président 2- Maître Abderraouf Ayadi, Secrétaire général 3- Maître Fathi Bouattour, Chargé des Etudes 4- Monsieur Fathi Jerbi, Chargé des Relations Extérieures 5- Madame Zeineb Chebli (Oum Khaled), Chargée des Contacts avec les familles des prisonniers 6- Monsieur Slim Boukhdhir, Chargé de l’Information 7- Monsieur Zouheir Makhlouf, Trésorier 8- Madame Jamila Ayyed (Oum Maher), Secrétaire générale adjointe 9- Monsieur Hamza Hamza, Chargé de la Documentation 10- Monsieur Omar Graydi, Chargé des Relations Intérieures Pour le Bureau exécutif de l’association Maître Mohamed Ennouri


Bulletin d’information de la grève de la faim de Mme Maya Jribi et de Me Ahmed Néjib Chebbi.

 

29/09/2007 (10ème jour de la grève de la faim pour la liberté)

 

 

 

Rassemblement de soutien  à Montréal

 

Des dizaines de militants-es tunisiens-ennes et d’activistes canadiens-ennes se sont rassemblés hier entre 11h et 14h à l’entrée du marché Jean-Talon à Montréal, pour soutenir la grève de la faim entamée depuis dix jours à Tunis par Mme Maya Jribi, Secrétaire générale du Parti Démocrate Progressiste (PDP) et Maître Ahmed Néjib Chebbi, fondateur du parti et Directeur du journal « Al-Mawkif ».

Les manifestants ont distribué aux passants des tracts expliquant les raisons de cette grève de la faim et le contexte politique général en Tunisie. Ils ont collecté plus de 400 signatures à la pétition internationale de soutien aux deux grévistes.

Mme Jribi a parlé par téléphone aux manifestants pour les remercier, affichant sa détermination, ainsi que celle de son camarade, de ne pas arrêter leur action avant l’arrêt des poursuites judiciaires et les exactions dont leur parti fait l’objet ces dernières semaines.

 

 

Le Congrès national arabe est solidaire

 

Maître Khaled Sofiani, le Secrétaire général du Congrès national arabe, a téléphoné à Me Néjib Chebbi pour s’informer de son état de  santé et exprimer sa solidarité avec lui et sa camarade dans leur combat légitime. Sofiani a invité Chebbi à parler par téléphone (amplification de voix par haut-parleurs) aux participants à une conférence sur la liberté d’expression se tenant à Paris. Chebbi, ému, a exprimé sa gratitude aux démocrates arabes pour leur soutien. La conférence, ainsi que l’intervention de Chebbi, ont été transmises en direct sur la chaîne d’information «Al-Jazira on live ».

 

 

Visite d’enseignants syndicalistes

 

Une délégation du syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire a effectué une visite de solidarité aux grévistes. Les enseignants ont salué la lutte du PDP et ont exprimé leur soutien à ses revendications justes, qu’ils ont considéré comme étant celles de toutes les forces démocratiques et syndicales tunisiennes.

 

 

Jendoubi appelle les grévistes

 

M. Mouldi Jendoubi, le Secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), a appelé Me Ahmed Néjib Chebbi pour lui exprimer sa solidarité et son soutien aux revendications de la grève.

 

 

Les visites continuent

 

De nombreuses personnalités publiques tunisiennes, toutes tendances confondues, ne cessent de rendre visite au siège central du PDP pour apporter leur solidarité et leur soutien aux deux grévistes. Parmi les visiteurs de cette 10ème journée de grève : Mesdames Saida Grach, Nadia Hkimi et Bochra Belhaj Hmida, de la direction de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Me Mokhtar Trifi, Président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), Me Anouar Koussri, Hbib Marssit, Président de la section tunisienne d’Amnistie internationale ainsi que Messieurs Hatem Chaâbouni, Slim Arfa, Salah Manaî et Ridha Belhaj.

 

 

Un télégramme de Gérard FUCHS

 

Gérard FUCHS, Directeur du département Coopération internationale de la Fondation Jean-Jaurès (France) a envoyé un télégramme aux grévistes, dans lequel il a exprimé son entière solidarité et sa volonté de soutenir leurs revendications.  

Jeunesse Euro-maghrébine 

 

L’union de la jeunesse Euro-maghrébine a publié un communiqué de soutien aux grévistes, dans lequel elle a considéré la démocratie comme étant la pierre angulaire d’une vraie citoyenneté, invitant le gouvernement tunisien à se montrer conséquent avec son discours sur la démocratie à la veille de sa 20ème année au pouvoir.

 

Réunion du bureau politique du PDP

 

Le bureau politique du PDP a tenu au siège central du parti, jusqu’à tard dans la soirée de samedi dernier, une longue réunion consacrée aux développements de la grève de la faim. La Secrétaire générale, Mme Maya Jribi, et Me Ahmed Néjib Chebbi ont tenu à saluer les membres présents, avant de se retirer à cause de la fatigue.

À la fin de ses travaux, le bureau politique a publié un communiqué dans lequel il a remercié les partis de l’opposition tunisienne, les associations de la société civile indépendante, les syndicalistes et les personnalités publiques solidaires des grévistes.

Les membres du BP ont aussi noté l’élargissement du mouvement de solidarité internationale avec les dirigeants du PDP dans leur combat pour la liberté en Tunisie. Ils ont également relevé l’intérêt porté à la grève de la faim par les Tunisiens à l’étranger, par les médias internationaux et par les délégations diplomatiques en poste à Tunis.

La direction du PDP a terminé par un appel à amplifier le mouvement de solidarité et à organiser une journée nationale de soutien tout en rappelant au gouvernement tunisien sa responsabilité dans toute éventuelle détérioration de la santé des grévistes.

 

Conférence de presse

Mme Maya Jribi et M. Chébbi tiendront demain 01-10-2007 une conférence de presse, dès que sera rendue publique la décision de la cour quant à la plainte engagée contre le PDP dans le but de le déloger de son siège central.

 

L’équipe de PDPinfo.org


 

Tunisie: dix corps rejetés par la mer sur le littoral sud-est

 

  AFP, lundi 1 octobre 2007 TUNIS – Dix corps en décomposition, probablement de migrants clandestins, ont été rejetés par la mer sur les côtes de Chebba et Sfax, dans le sud-est de la Tunisie, a-t-on appris lundi de sources concordantes.  Deux corps ont été découverts sur les rivages de Chebba selon l’hebdomadaire privé Assabah-Ousbouî, qui ne précise pas quand ils ont été trouvés.  Une source médicale a confirmé à l’AFP qu’un hôpital de Monastir (170 km au sud de Tunis) a reçu deux corps non identifiés pour des analyses ADN. Huit autres cadavres en état de décomposition avancée ont été retrouvés sur les côtes de Sfax (270 km au sud de Tunis), a ajouté Assabah-Ousbouî, indiquant qu’il s’agissait « très probablement » de migrants clandestins.  Le journal a, d’autre part, rapporté l’arrestation de vingt candidats marocains à l’émigration à Menzel Temime (90 km au sud de Tunis) et le sauvetage de douze migrants algériens à bord d’une barque en difficulté au large de l’île de la Galite (Nord). Par ailleurs, à Guedhabna, près de Mahdia (centre-est), neuf candidats à l’émigration clandestine ont été appréhendés alors qu’ils s’apprêtaient à prendre la mer pour l’Italie, selon le journal.  Le littoral méditerranéen des pays du Maghreb sert de point de départ aux migrants cherchant à gagner illicitement le sud de l’Europe, notamment les îles italiennes de la Sicile et de Lampedusa.  La presse privée fait régulièrement état des tentatives déjouées et d’opérations de sauvetage qui se sont multipliées durant l’été mais aucun décompte officiel n’a été publié à Tunis. L’Italie a fait état de l’arrivée de 12.419 migrants clandestins par la mer au cours des huit premiers mois de 2007 contre 14.511 pour la même période de 2006.


 

Moncef Ben Slimane, universitaire et syndicaliste

« Qu’on arrête de se voiler la face »

 

Pour réussir la réforme des diplômes, de la recherche, des structures de gestion ou du métier de l’universitaire, il nous faut du temps et de l’argent et l’esprit de libre initiative.

 

Le système est injuste et démotivant pour ceux qui croient au service public de l’université, qui ne donnent pas de cours particuliers ou ont une officine privée. La théorie de «tous les universitaires sont beaux, tous les universitaires sont gentils» est démagogique.

 

Là où il faut s’inquiéter, c’est quand les réunions syndicales se transforment en une tribune où les « flambeurs » promettent des actions historiques, les courtisans réitèrent  leur soutien indéfectible et les inquisiteurs font la chasse aux soupçons de critiques. Ce type de syndicalisme cadenasse la pensée, l’imagination et la diversité.

 

L’université tunisienne qui revendique la qualité, se doit de mettre un terme aux pouvoirs occultes des lobbys de toutes sortes. Les candidats à des postes de responsabilité pédagogique et scientifique devraient présenter un programme, le défendre en public devant les Instances de référence et être élus sur cette base.

 

L’université tunisienne va abandonner le modèle napoléonien des années 60 pour se conformer au moule néo-libéral et anglo-saxon. Ces mesures sont d’autant plus importantes qu’elles accompagneront notre université durant les 30, voire 50 prochaines années.

 

Notre invité, aujourd’hui, est Moncef  Ben Slimane, professeur  de l’enseignement  supérieur  et  président  de l’Association  de Promotion de l’Enseignement et de la Recherche en Aménagement et en Urbanisme. Né en 1948, à Tunis, M. Ben Slimane  a poursuivi  ses études universitaires à Poitiers,   en France, et à Tunis,  il a occupé plusieurs postes  de responsabilité dans  les instances universitaires dont notamment président du jury de recrutement    des maîtres-assistants en architecture  et des assistants en urbanisme et directeur du département urbanisme. M. Moncef Ben Slimane  est auteur  de plusieurs ouvrages axés notamment sur  l’urbanisme.

 

En parallèle à ses activités académiques et scientifiques, M. Ben  Slimane a été très  actif dans le travail associatif   et syndical. Il a été membre  de la direction nationale du syndicat de l’enseignement  supérieur  de 1980  à 2005  et membre  de plusieurs   commissions de réforme de l’université   et auteur de nombreux articles et études sur la question.

 

A ce titre, il nous parle, ici, de la rentrée universitaire et des questions  qui se posent concernant les réformes   à l’université  et la relation du syndicat de l’enseignement supérieur  avec  le ministère. Interview.

 

 

Le Temps :   Comment s’annonce cette rentrée universitaire ?

 

 Moncef Ben Slimane : Dure. Contrairement à ce que prétend Sarkozy, quand on travaille plus on se fatigue plus mais, on ne gagne pas nécessairement plus. J’ai personnellement terminé de travailler début août et j’ai repris début septembre. Et pour les vacances, j’avais pris avec moi deux thèses à lire et quelques dossiers à finaliser.

 

 

* Mais, il y a eu de nouvelles primes accordées aux universitaires ?

 

– C’est vrai, une prime d’encadrement et une de participation aux jurys de recrutement. C’est bien, parce que ça vient corriger un système de rémunération qui mettait dans le même panier des universitaires qui investissent la majorité tout leur temps à leur métier, et d’autres qui se contentent du SMIG statutaire, c’est-à-dire de l’enseignement présentiel. Mais attention aux effets pervers de ces mesures! Une charte des thèses et des mémoires est absolument nécessaire pour fixer les règles du jeu et garantir les droits et les devoirs des enseignants et des doctorants. Ceci étant dit, ce n’est qu’une mesure, ce qui est urgent c’est une véritable mise à plat de notre métier et une transformation du statut dont les lignes directrices, et la configuration générale  n’ont pas changé depuis plus de 30 ans.

 

 

* Que proposez-vous ?¨

 

– Je propose qu’on arrête de se voiler la face. Notre manière d’exercer notre mission d’universitaire s’est largement diversifiée au cours de ces 20 dernières années. On peut dénombrer actuellement dans nos institutions 14 types d’interventions différentes des collègues hors enseignement. Le statut actuel est donc caduc et fait perdurer le flou artistique.

 

 

* Pouviez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?

 

– Dans les faits, le statut actuel ne fixe d’une manière claire et précise que l’activité d’enseignement présentiel. Résultat : si vous êtes par exemple professeur, vous pouvez sans aucun problème – mauvaise conscience mise à part – vous astreindre à 5 heures et demi de cours par semaine.

 

Votre collègue, à côté, encadre, dirige un labo, prépare des séminaires, anime une revue, s’implique dans des réseaux internationaux… Il assure, disons, entre 30 et 40 heures de travail par semaine. A la fin du mois, vous êtes logés à la même enseigne sur le plan de la rétribution salariale de votre rendement. Le système est injuste et démotivant pour ceux qui croient au service public de l’université, qui ne donnent pas de cours particuliers ou ont une officine privée. La théorie de «tous les universitaires sont beaux, tous les universitaires sont gentils» est démagogique.

 

Plus sérieusement, il faudrait repenser le statut des universitaires en s’inspirant de celui des médecins. Créer deux grandes catégories : les universitaires à plein temps et ceux à temps partiel. Ces derniers dont le nombre ne devrait pas dépasser les 25% sont redevables d’un service statutaire de base et peuvent consacrer le reste de leur temps à des activités extra-universitaires, s’ils le désirent. Pour les plein-temps, en plus de l’activité d’enseignement, ils sont appelés à accomplir, à leur demande, un certain nombre d’interventions de formation, de recherche et de gestion choisies dans une grille nationale qui identifie les missions, les quantifie et fixe les indemnités afférentes. Normalement, les collègues qui sacrifient leur temps et leur énergie aux étudiants et à leur institution devraient percevoir, d’après mes calculs, entre 5000 et 10.000 dinars de plus que leur émolument actuel et ce n’est pas exagéré au regard des salaires dans le privé. Attention, je ne parle pas d’une augmentation générale, mais d’indemnités au cas par cas en fonction d’activités programmées, mises en œuvre et évaluées par une instance scientifique compétente. On peut dans le même statut proposer, pour les plein-temps, d’autres mesures incitatives telles que les bénéfices de points de retraite, la promotion par une voie spécifique ou la création de classes spéciales dans le grade.

 

Mes propos ne signifient pas, loin de là, qu’il y a uniquement un problème de rémunération concernant l’accomplissement des fonctions autres que d’enseignement. A la base de la « démotivation » des enseignants, il y a un tissu complexe de facteurs longs à expliquer..

 

 

* Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les autres aspects de la réforme : le LMD, la recherche, … ?

 

– Il faut d’abord avoir l’esprit que les chantiers de la réforme inaugurés par le ministère depuis l’année dernière, ne ressemblent nullement aux précédents. Nous assistons, sous l’impulsion de l’Europe,  à une véritable mutation culturelle et civilisationnelle du modèle universitaire. L’université tunisienne va abandonner le modèle napoléonien des années 60 pour se conformer au moule néo-libéral et anglo-saxon. C’est dire combien cette réforme, et les mesures sur lesquelles elle va déboucher, sont importantes puisqu’elles accompagneront notre université durant les 30 ou 50 prochaines années. Entre le rejet pur et simple du processus de Bologne et son transfert tel quel dans notre enseignement supérieur, il y a la place pour la construction d’une alternative réaliste, démocratique et originale. Réaliste en tenant compte des contraintes du cadre global européen ; démocratique en y impliquant les structures scientifiques, syndicale et de la société civile ; originale au sens où elle préservera « l’exception tunisienne », face au risque du mimétisme pur et dur.

 

L’année dernière la réforme LMD s’est passée dans la précipitation et les formations tubulaires qui ont démarré passent à côté des enjeux fondamentaux du LMD : la mobilité, l’autonomie des étudiants et la rénovation du message pédagogique. Souvent, on assiste pour le L ou le M à de simples reformulations des anciennes maîtrises soit comprimées en 3 ans soit dilatées sur 5 ans.

 

Pour réussir la réforme des diplômes, de la recherche, des structures de gestion ou du métier de l’universitaire, il nous faut du temps et de l’argent et l’esprit de libre initiative.

 

En outre, s’il n’y a pas 3 ou 4 mesures rapides et urgentes de redressement de l’université qui sont prises, toutes les réformes stratégiques, aussi généreuses et ambitieuses qu’elles puissent être, resteront lettre morte.

 

 

* Quelles sont donc les mesures aussi urgentes?

 

– Elles concernent les finances, les dirigeants et les procédures.

 

Pour les finances, il est vital que les budgets de recherche soient libérés du carcan de la comptabilité publique. On peut passer au système EPIC ou agence pour faciliter la gestion des budgets de la recherche, sinon les responsables de laboratoire finiront dans un asile psychiatrique…

 

Secundo, pour le choix des dirigeants des structures universitaires, allant du directeur de département jusqu’au président d’université en passant par les directeurs et doyens, il faudrait mettre fin aux dérapages actuels. La nomination d’un responsable scientifique ne se limite pas au choix entre le tout nommé ou le tout élu.

 

L’université tunisienne qui revendique la qualité, se doit de mettre un terme aux pouvoirs occultes des lobbys de toutes sortes. La compétence doit être visible et le titulaire d’un mandat responsabilisé. C’est pour cette raison que tous les candidats à des postes de responsabilité pédagogique et scientifique devraient présenter un programme, le défendre en public devant les Instances de référence et être élus sur cette base. C’est, je pense, une manière de les responsabiliser et la possibilité de les évaluer en cours et à la fin d’un mandat par rapport à un programme précis.

 

La troisième mesure concerne les procédures et je pourrais sur ce sujet vous parler des heures et des heures des mésaventures des collègues avec l’administration universitaire qui éprouve un malin plaisir à contrôler, harceler, étouffer et tuer toute initiative. C’est un miracle si vous rencontrez encore des chercheurs qui croient encore à leur travail malgré les devis, les arrêtés, les contrats, les signatures, les démarches…..

 

Vous savez l’administration est devenue en quelque sorte un véritable Etat dans l’Etat dont les membres bénéficient d’une impunité totale. Mettons immédiatement un terme à cette machine broyeuse du service public. Il est dramatiquement urgent que les plus hautes autorités de l’Etat, non pas par des discours et des promesses mais par la publication, l’affichage et la distribution à des milliers d’exemplaires d’un texte officiel, fixent les devoirs des fonctionnaires à tous les échelons de l’administration, leurs obligations précises en matière de procédures, les instances de recours efficaces et concrètes avec, s’il le faut, un système de sanctions  auxquels on peut rapidement faire appel. Parallèlement à ces mesures, il est vrai cœrcitives, un travail à long terme de formation civique des fonctionnaires pour leur faire prendre conscience qu’ils ont entre leurs mains l’avenir de la Tunisie et de sa jeunesse, ne serait pas de trop.

 

Je vais vous donner un exemple concret des lenteurs administratives qui va certainement vous étonner : vous pouvez retrouver la première mesure dont j’ai parlé concernant le financement de la recherche dans les recommandations faites par le président de la république à la suite d’un CMR réuni en … mai 2005 ! C’est-à-dire il y a de cela 2 ans et 4 mois. No comment!

  

 

* Il est étonnant de vous entendre parler de tous ces sujets sans évoquer la nouvelle fédération de l’enseignement supérieur, ni la rentrée syndicale ?  

 

-Cela veut tout simplement dire que je suis plus un observateur qu’un acteur de la scène syndicale. J’essaie  d’être  »syndicalement correct » même si des fois les mots d’ordre et les actions me semblent d’une banalité affligeante et d’une inefficacité désarmante.

 

Fondamentalement, le passage à vide syndical des années 90 a fait beaucoup de tort au niveau de la conscience politique, civique et critique des militants. Exemple…  »erjoulia » est devenu une catégorie supérieure d’analyse politico-syndicale !

 

Vous avez utilisé le vocable fédération, mais pour moi c’est toujours le syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Je ne dis pas cela par dépit ou pour blesser qui que ce soit. Tout simplement et honnêtement, je ne peux pas me résigner à couvrir les montages de congrès et les tours de passe-passe dont l’ex-responsable du règlement intérieur à l’UGTT a le secret. D’autres sont libres de se laisser berner par les unifications illusoires.

 

Ces vérités qui dérangent sans doute les « syndicatchiks » ne mettent évidemment pas en cause le fait que la fédération regroupe la majorité écrasante des collègues et reste la formation syndicale la plus représentative du secteur ; qu’il y a des efforts qui sont faits pour sortir les négociations de la situation de blocage.

 

 Nous sommes un certain nombre, pas des masses, à exiger plus de liberté, plus de démocratie et à répéter aux responsables la vérité du paradoxe suivant : une université politiquement, culturellement et académiquement autonome et plurielle est dans l’intérêt, certes, des universitaires mais également du pouvoir et de notre pays.

 

Mais être exigeant et s’arroger le droit de contester son ministre ou son directeur d’établissement, ce n’est crédible que lorsqu’on a balayé devant sa porte !

 

 

* Qu’entendez-vous par là ?

 

– Quand un syndicat universitaire est un lieu de débats dans la différence, un espace d’autocritique et parfois même de polémique, c’est un signe de bonne santé. Là où il faut s’inquiéter, c’est quand les réunions syndicales se transforment en une tribune où les  »flambeurs » promettent des actions historiques, les courtisans réitèrent  leur soutien indéfectible et les inquisiteurs font la chasse aux soupçons de critiques. Ce type de syndicalisme cadenasse la pensée, l’imagination et la diversité.

 

Dans le même temps, il faut reconnaître qu’il n’est pas aisé de solutionner l’équation syndicale présente. C’est un contexte d’action nouveau, une situation de blocage singulière qui exigent des formes et des contenus de mobilisation nouveaux.

 

 

. Alors quelle solution préconisez-vous ?

 

– J’ai été sollicité à deux reprises pour contribuer à l’esquisse d’une solution. J’ai contacté toutes les parties en cause et une ébauche de plate-forme de sortie de crise qui préserve les principes syndicaux et les intérêts des universitaires a été élaborée et a bénéficié – je le pense – du consensus de tous les intéressés par la question de la représentativité syndicale.

 

 

* Pour quelles raisons cette solution n’a pas vu le jour ?

 

– La première fois le responsable qui m’a sollicité- je ne lui avais rien demandé- a fait une virevolte de 180° deux semaines après m’avoir chargé de cette  »mission ». La deuxième fois, il a manqué le courage d’affronter les bases et les cadres syndicaux avec des propositions qui risquaient de les déstabiliser ou les fâcher ; le courage de défendre ses propres convictions au risque de se retrouver minoritaire, d’essuyer les foudres de ses propres soutiens et de laisser des plumes sur son fauteuil de responsable.

 

Pour faire avancer les choses dans notre pays, c’est souvent une affaire d’étoffe, de dirigeant. Regarder le code du statut personnel. Sinon, on prend malheureusement les mêmes et on recommence.

 

 

Interview réalisée par Néjib SASSI

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 1er octobre 2007)


 

L’Iran pose ses conditions pour aider les USA en Irak – presse

Reuters, le 1er octobre 2007 à 06h15

LONDRES, 1er octobre (Reuters) – L’Iran aidera les Etats-Unis à stabiliser l’Irak si Washington adopte un calendrier de retrait de ses troupes, a déclaré le principal négociateur iranien sur le dossier du nucléaire dans une interview publiée lundi.

« S’ils (les Américains) définissent clairement un calendrier, nous les aiderons à le matérialiser », a déclaré Ali Larijani au Financial Times. Le secrétaire général du Conseil suprême de sécurité

nationale a ajouté que les échecs rencontrés par les Etats-Unis en Irak devraient dissuader l’administration Bush de lancer de nouvelles interventions militaires sur des théâtres étrangers et

il a mis en garde les Etats-Unis contre les conséquences d’une attaque contre son pays.

Larijani a affirmé que Washington « collerait sa main au milieu d’une ruche » s’il décidait d’attaquer l’Iran. Les Etats-Unis ne doivent pas attaquer la République islamique, s’ils ne veulent pas voir « Israël en fauteuil roulant », a-t-il ajouté.

Larijani a conseillé à l’administration Bush de s’inspirer, pour l’Irak, de la stratégie des démocrates et des Britanniques qui, selon le responsable iranien, ont été « plus intelligents que les Américains » en apportant les ajustements nécessaires à leur politique.

Les forces britanniques se sont retirées de la ville de Bassorah dans le sud de l’Irak et une ébauche de calendrier de retrait des 5.500 hommes déployés dans le pays commence à émerger.

Larijani a par ailleurs réaffirmé que son pays était prêt à continuer à collaborer avec l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA). Vendredi, six grandes puissances ont décidé de

repousser à novembre l’examen d’un nouveau train de sanctions de l’Onu contre Téhéran, qui refuse toujours de mettre un terme à ses activités d’enrichissement de l’uranium. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme civil, ce que Téhéran dément.

 


 

Londres: les musulmans britanniques entament une campagne anti-islamophobie

    AFP, le 1er octobre 2007 à 13h18

LONDRES, 1 oct 2007 (AFP) – Une organisation musulmane britannique a entamé lundi une campagne d’affichage dans les transports en commun londoniens visant à « combattre l’islamophobie ».

L’association « Islam is Peace » (« L’islam, c’est la paix ») a fait afficher dans le métro et sur les bus de la capitale des portraits de musulmans de diverses professions, dont une femme policier et un

chef cuisinier, chacun se disant « fier d’être un musulman britannique ».

« Islam is Peace » a été créée à la suite des attentats du 7 juillet 2005 qui avaient fait 52 morts à Londres. Quatre islamistes britanniques s’étaient alors fait exploser dans les transports en

commun londoniens. L’objectif de la campagne est de montrer la « contribution positive » de la communauté à la société britannique, explique l’organisation sur son site.

« Dans l’actuelle atmosphère de suspicion et de crainte à propos de l’islam et des musulmans britanniques, la vérité est souvent confondue avec les stéréotypes et les mensonges », a expliqué Ifhat

Shaheen-Smith, un des organisateurs de la campagne. « Les préjugés se sont ancrés et le sensationnalisme des médias a créé un climat de paranoïa. Il y a un besoin criant d’ouverture

d’esprit, de compréhension mutuelle et d’un débat serein », a-t-il ajouté.

L’affichage est la deuxième phase d’une campagne qui en compte trois. La première étape avait été inaugurée peu après les attentats manqués de la fin juin à Londres et Glasgow (Ecosse). De pleines

pages, intitulées « Not In Our Name » (« Pas en notre nom »), avaient alors été publiées dans la presse condamnant ces actes. Pour la troisième phase, un autobus anglais à impériale, baptisé

« L’autobus de la paix », voyagera à travers le Royaume-Uni afin « d’éduquer la population et de combattre l’islamophobie », selon l’organisation.

Le Royaume-Uni compte 1,6 million de musulmans sur une population totale de 60 millions d’habitants, d’après le dernier recensement officiel, en 2001.

 

AFP


 

En Europe, quelques programmes télé résistent encore à la mondialisation

AFP, le 30 septembre 2007 à 08h25

PARIS, 30 sept 2007 (AFP) – Télé-réalité, soaps ou autre « Nouvelle Star »: les télévisions européennes mettent à l’écran de plus en plus souvent les mêmes programmes, façonnés par les lois du

marché. Mais de la Pologne à la Grèce, des spécificités nationales persistent, recelant un parfum d’excentricité aux yeux de l’étranger.

En Pologne la quasi-totalité des films étrangers diffusés par les télévisions en Pologne, tant publique que privées, passent en version originale et sans sous-titres. Comment les Polonais

peuvent-ils donc comprendre les dialogues ? La méthode est très simple, héritée de l’époque communiste: la voix d’un lecteur, superposée sur la bande originale, lit la traduction polonaise des dialogues, et cumule les rôles tant masculins que féminins.

En Allemagne, outre les filons « classiques » de la télé mondialisée — talk-shows, télé-crochets façon « Nouvelle Star », télé-réalité — deux types de divertissement semblent avoir la cote:

les émissions gastronomiques et les docu-soaps consacrées aux aventures d’Allemands qui plaquent tout pour recommencer une autre vie à l’étranger.

En matière de divertissement, une des émissions les plus emblématiques est « Wetten, dass… ? » (« On parie que…? »), show diffusé depuis 1981, six ou sept fois par an le samedi soir. Cette

émission culte met en scène des anonymes se proposant de relever les défis les plus spectaculaires, improbables et souvent absurdes. Mais une valeur sûre du divertissement à l’allemande reste les

variétés à la sauce folklorique, sur fond de paysages alpestres bucoliques, qui continuent à faire le bonheur des personnes âgées en prime time sur les chaînes publiques. En matière de fiction, les Allemands sont très friands de séries policières, qu’ils appellent « Krimi » et abordent souvent des problèmes de société.

Sport roi en Italie, le football attire chaque dimanche des centaines de milliers de téléspectateurs, mais faute de droits de retransmission des matches, les chaînes hertziennes sont forcées de

faire appel à la variété et aux animatrices pulpeuses pour faire du foot… sans foot.

14H45, un dimanche comme un autre sur la chaîne publique Rai Due: bronzée et sexy, l’animatrice Simona Ventura donne le coup d’envoi de son émission « Quelli che il calcio », qui va pendant

plusieurs heures mélanger commentaires de match, interviews de chanteurs, publicité et apparitions de « bimbos » en décolleté qui peuplent le petit écran italien.

Pendant ce temps, les abonnés à Sky Sport – la télévision câblée qui détient le monopole de retransmission du Championnat italien – peuvent savourer leur match en direct. Les dimanches après-midi de foot, Sky Sport rassemble en moyenne quelque 13% de parts de marché.

La Grèce, malgré sa population modeste (11 millions d’habitants), compte plusieurs grosses chaînes de TV: un puissant opérateur public (Net) et six importantes chaînes privées (Mega,

Antenna, Alpha, Alter, Skaï, Star). A l’exception de Star – essentiellement orientée sur le people – toutes consacrent une part importante de leur temps d’antenne à

l’information. Elles n’hésitent pas à interrompre les programmes quand l’actualité le nécessite, en plus des nombreux JT qui émaillent la journée. Dans le traitement de ces sujets les TV grecques usent d’un procédé consistant à mettre chaque soir à l’antenne plusieurs analystes, hommes politiques ou quidams d’avis contraires, consignés à l’écran dans des petites fenêtres (parfois jusqu’à cinq) pour de virulents débats.

 


 

 

Analyse

Les Japonais menacés de disparition, par Frédéric Lemaître

LE MONDE | 28.09.07 | 13h45  •  Mis à jour le 28.09.07 | 13h45
 
Les ordinateurs des démographes japonais sont formels. Au rythme actuel de décroissance de la population, le dernier Japonais naîtra dans huit cents ans. Bien sûr, une nouvelle ruse de l’histoire se chargera sans doute de démentir ce scénario catastrophe. Néanmoins les perspectives sont inquiétantes. De plus en plus, même. Il y a un an, les mêmes ordinateurs avaient fixé la date fatidique à l’an 3 200. Dans environ mille deux cents ans, donc. Mais les données officielles publiées à la fin de l’année 2006 les ont amenés à rapprocher l’échéance. Depuis 2005, ce pays de 127 millions d’habitants perd chaque année 1 million d’habitants. Dans moins d’un demi-siècle – en 2050 -, le pays aura perdu environ 37 millions d’habitants. Du jamais-vu dans un pays riche en temps de paix.

 

 

 

Certains Japonais ne s’en inquiètent pas outre mesure. Après tout, ce pays montagneux est essentiellement peuplé sur la bande côtière, où la densité de population dans certaines villes comme Tokyo apparaît comme un frein à la qualité de la vie. Mais cette opinion semble largement minoritaire, et les « déclinistes » ont le vent en poupe. Car non seulement la population va se réduire, mais elle va vieillir.

Le pays compte aujourd’hui 11 millions d’habitants de plus de 75 ans. Ce nombre devrait doubler dans les vingt ans. Signe des temps, le nouveau premier ministre, Yasuo Fakuda, est âgé de 71 ans. Dix-neuf ans de plus que son prédécesseur, Shinzo Abe. Le 18 septembre, le Japon a célébré, comme il se doit, le 112e anniversaire de Tomoji Tanabe, doyen mondial de la gent masculine. Selon les statistiques, le pays comptera dès le mois d’octobre 32 000 centenaires, un nombre en rapide augmentation.

Ce double phénomène – déclin et vieillissement – a d’importantes conséquences. Economiques, tout d’abord. Même si le lien entre population et croissance est complexe, la réduction de la population active devrait, à partir de 2030, priver chaque année le pays de plus d’un demi-point de croissance, a calculé l’institut de recherche de la banque Mizuho. Moins d’actifs, plus de retraités : l’équation pour les régimes de retraite est facile à deviner. L’âge de la cessation d’activité est progressivement porté de 60 à 65 ans, et ce n’est sans doute qu’un début. Du coup, le Japon ouvre trois pistes de réflexion longtemps restées taboues : la politique familiale à mener, la place des femmes dans le monde du travail et l’immigration.

Si la population décline, c’est en partie parce que le nombre de Japonaises âgées de 20 à 39 ans diminue. « Même si le nombre d’enfants par femme augmente, cela sera insuffisant pour maintenir la population au niveau actuel », affirme le professeur Akihiko Matsutani, un des chantres du déclinisme. Mais la raison essentielle est que le taux de fécondité des Japonaises est l’un des plus bas du monde : 1,3, bien loin des 2,1 requis pour assurer le renouvellement des générations. Même si les raisons d’un tel phénomène sont nombreuses, la modestie des aides publiques figure sans doute en bonne place. Le Japon y consacrait, en 2003, 1,1 % de son PIB, contre 2,4 % en moyenne dans les pays de l’OCDE et 3,6 % en France, un des pays où la fécondité est la plus élevée. S’ils veulent faire démentir les démographes, les gouvernements à venir devront aider financièrement les familles à avoir des enfants. Question : des responsables confrontés à un déficit public colossal (180 % du PIB, contre 64 % en France) sont-ils prêts à investir dans une politique dont les effets ne se feront sentir qu’à moyen terme, souvent bien après qu’ils auront eux-mêmes pris leur retraite ?

Les entreprises ont aussi leur part de responsabilité. Le nombre de femmes cadres est extrêmement réduit, et, en raison de l’amplitude des journées de travail – fréquemment douze heures par jour pour un cadre -, concilier vie professionnelle et vie familiale relève de l’exploit. Pourtant, pour limiter la baisse à venir de la population active, les entreprises n’auront d’autre choix que de favoriser l’activité des femmes, de leur offrir les mêmes perspectives de carrière qu’aux hommes, et sans doute de revoir les organisations du travail.

 

L’INNOVATION PLUTÔT QUE L’IMMIGRATION

 

Reste l’immigration. Aujourd’hui, le pays compte 2 millions d’étrangers, dont la moitié de Coréens, installés depuis plusieurs décennies et dont les descendants n’ont pas la nationalité japonaise, ainsi que 500 000 Chinois. Comparé aux pays européens, ce nombre est très faible. Néanmoins, pour des raisons culturelles, et notamment linguistiques, personne n’imagine ouvrir grandes les portes du pays. « Au Japon, on accueille les immigrés très qualifiés. Pas les autres », résume Kuniko Inoguchi, ancienne ministre pour l’égalité hommes-femmes et les affaires sociales, aujourd’hui députée. Mais le système montre vite ses limites. « 99,99 % des chercheurs employés dans le pays sont japonais, alors qu’aux Etats-Unis la moitié ne sont pas américains », affirme le professeur Matsunami. Si le Japon peut espérer puiser dans certaines réserves – notamment dans l’importante communauté japonaise qui réside au Brésil -, celles-ci ne sont pas inépuisables. Une tentative d’autoriser l’immigration de quelques centaines d’infirmières philippines est en cours. Mais cela restera marginal par rapport aux besoins.

Plutôt que l’immigration, le Japon a choisi d’innover. Privilégier les robots plutôt que les femmes de ménage chinoises ou philippines. Alors que la planète se couvre de têtes grises, le Japon, qui reste la deuxième puissance économique mondiale, prend une avance qui peut être décisive dans les technologies facilitant la vie des personnes âgées. Mais cela ne règle évidemment pas tous les problèmes, et la capacité d’innovation d’un pays vieillissant reste à prouver.

Une chose est sûre : le Japon ne pourra pas, dans les années qui viennent, prétendre encore peser dans les relations internationales – en particulier dans le dialogue qui l’obsède tant entre la Chine et les Etats-Unis – s’il ne s’ouvre pas davantage aux autres. Aux hommes, mais aussi aux capitaux et aux marchandises. Aujourd’hui, les investissements étrangers ne représentent que 5 % du PIB (contre 27 % en France) et le commerce avec les autres pays 10 % (contre environ 40 % en France). Alors que le dynamisme démographique américain pourrait permettre aux Etats-Unis de se replier sur eux-mêmes sans forcément décliner, ce n’est pas le cas du Japon. Seule relative bonne nouvelle pour Tokyo : les deux autres principales puissances asiatiques, la Chine et la Corée du Sud, connaissent également d’importants problèmes démographiques.

 
Frédéric Lemaître
Article paru dans l’édition du 29.09.07
 
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 29 septembre 2007)

 


 

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