TUNISNEWS
7 ème année, N° 2170 du 01.05.2006
Agression policières a Gafsa
AFP: Le Premier ministre tunisien en France pour renforcer la coopération Nawaat: Entrevue avec le professeur Moncef Ben Salem Cercle des Tunisiens des Deux Rives à Marseille: 1er mai : Manifestons avec les sans-papiers Le Temps: L’AJT inaugure son nouveau local Le Temps: La communauté tunisienne à l’étranger930.000 émigrés et ça change Le Temps: Colloque organisé à Tunis sous le thème « expression plurielle : religions, humanisme et citoyenneté »
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Rassemblement devant le siège de la radio et télévision tunisienne
Gathering in front of the seat of the radio and Tunisian television
Agression policière à Gafsa
Des militants ont été agressés aujourd’hui à Gafsa par des policiers lorsqu’ils essayaient de célébrer le 1er mai aux locaux de l’UGTT à Gafsa; parmi les victimes:
HBIB AMMAR
FETHI TEBHI
FETHI TITEY
HBIB TABBESSI
FAHEM BOUKADOUSS
On a appris aussi que le militant chômeur TABBABI BOUALI a été arête devant le siège de l’UGTT de Gafsa.
(Source : Correspondance particuliére)
Le Premier ministre tunisien en France pour renforcer la coopération (PRESENTATION)
Entrevue avec le professeur Moncef Ben Salem
Traduit de l’arabe par Luiza Toscane
Première partie
A chaque fois que sont perpétrées de graves violations des droits de l’homme en Tunisie, les autorités de ce pays les dissimulent aux médias autant que faire se peut. D’autre part, elles incitent ou, du moins, tentent de faire pression sur ces derniers pour masquer la réalité aux Tunisiens et au monde. Comment les autorités ont-elles géré votre cas ?
Le régime tunisien craint les médias qui sont devenus, à mon avis, l’arme du moment au main de l’opposition. Et c’est pour cette raison que le régime œuvre à étouffer les vérités. Il n’existait pas dans le passé de chaînes satellitaires, et lorsque surgissait un différend sur l’appréciation du croissant de lune pour le Ramadan ou le jour de l’Aïd, la chaîne tunisienne diffusait un ancien enregistrement du rituel du Mont de Arafa [une des étapes du pèlerinage à la veille de l’Aïd – NDLR] et affirmait que c’était le moment. On pensait qu’on pouvait berner le peuple tunisien car il ne pouvait pas regarder d’autres chaînes qui auraient démenti les allégations de la chaîne tunisienne. C’est pour cela qu’aujourd’hui Tunis souhaite que ces chaînes satellitaires n’auraient jamais existées. En 1996, par exemple, le ministère de l’Intérieur a émis un décret de réquisition de toutes les paraboles des chaînes satellitaires en Tunisie dont le nombre s’élevait alors à près de cinquante mille. Ensuite, elles ont été rendues à leurs propriétaires qui ont été contraints de s’acquitter d’un impôt annuel de cent dinars. Cette peur des médias a poussé le régime a créer la commission nationale des communications extérieures, présidée par Salaheddine Maaoui, par ailleurs ministre du tourisme. Cette commission reçoit des crédits importants pris sur le budget de l’Etat. Sa mission a consisté à démentir l’opposition et à dissimuler les scandales à l’intérieur du pays comme à l’étranger, sans compter les insultes, calomnies et diffamations contre les militants. La Tunisie a été le premier pays du monde à interdire la navigation sur Internet et à condamner les internautes. Ce pays enregistre également le plus grand nombre de sites dont l’Etat interdit l’accès aux internautes, soit 4000 sites.
Donc la Tunisie a la phobie des médias, dans la mesure où ils révèlent sa réalité. Il s’est trouvé des plumes mercenaires et des mauvaises langues pour voler à son secours : Borhan Bessis, Ridha Mellouli, etc…, La Tunisie est allergique aux chaînes satellitaires du monde arabe comme El Jazira ou El Arabiyya, au point qu’on a consacré une émission sur la Canal 7 pour insulter El Jazira. Lorsque le Docteur Moncef Marzouki a été invité à participer à une émission d’El Jazira, le gouvernement qatari lui a demandé de mettre une sourdine à ses critiques habituelles à l’endroit du régime tunisien et qu’il lui décoche moins de flèches. Il leur en a fait la promesse et s’est rendu de Paris au Qatar, mais à l’aéroport il a été accueilli par les autorités du pays, qui tenaient à s’assurer que leurs recommandations lui avaient bien été transmises. Avec cela, il n’a pas pu participer à l’émission. Le cheikh Rached Ghannouchi, lui aussi, a été invité à participer à une émission. Cela a été annoncé lors d’un flash d’informations, mais à la dernière minute, l’émission a été annulée. Lors de l’émission de Sami Haddad « Akthar min rayy’ », sur la chaîne El Jazira, l’un des intervenants a parlé du Danemark et a évoqué la Tunisie. Alors Sami Haddad a levé la main et a dit « je demande au frère de ne pas évoquer la Tunisie avec laquelle nous avons beaucoup de problèmes. Je donne maintenant la parole au ministre israélien de l’Industrie qui est membre du parti Qadima et coordinateur avec la parti du Likoud » Il a répondu à la question qui lui a été posée « Et si le Parti du Likoud remportait les élections ? » : « Le likoud ne remportera pas les élections quand bien même il aurait à sa tête le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. » Au Parlement européen aussi la question a été posée de savoir si les élections ukrainiennes avaient vu des irrégularités, il a été répondu que oui, il y a eu tant de fraudes que je peux les qualifier l’élections à la Tunisienne, où à la Cubaine, ou Coréenne. Le monde s’est mis à plaisanter sur la dimension des violations des droits de l’homme en Tunisie.
Professeur, vous avez été invité pour un entretien sur la chaîne El Arabiyya, lequel n’a pas eu lieu. Que s’est-il passé au juste ?
Oui, c’est très précisément jeudi 6 avril 2006 que la chaîne El Arabiyya m’a joint par téléphone à plusieurs reprises et m’a demandé une interview pour six heures (Greenwich). On m’a réclamé une photo, que j’ai envoyée. J’ai attendu que le bulletin d’information se termine, mais personne ne m’a contacté. J’ai tenté en vain de joindre le président de la rédaction de la chaîne qui m’avait promis l’entretien, mais personne n’a décroché le téléphone !! Je souhaite que la chaîne El Arabiyya répare cette erreur et organise la discussion pour faire prévaloir le droit, car celui qui ne le fait pas est un diable muet.
Professeur Ben Salem, nous voudrions comprendre les interventions des autorités tunisiennes auprès des médias internationaux. Lorsque cela se reproduit comme avec vous, est-ce que cela renvoie à une autre signification ?
En ce qui me concerne, en vérité il n’y a pas eu seulement intervention des autorités tunisiennes auprès des médias, mais aussi auprès d’une délégation du congrès américain. Dans les années quatre vingt dix, j’ai été contacté depuis les Etats Unis , puis par l’ambassade américaine pour recevoir une délégation du congrès américain qui devait me rendre visite, suite aux pressions d’institutions scientifiques dont l’Académie Nationale des Sciences en Amérique est la plus importante, de nombreuses organisations de droits de l’homme, et de collègues américains occupant des postes importants dans l’administration américaine. Au bout de quelques temps, l’ambassade américaine m’a contacté pour s’assurer que j’étais chez moi. Une délégation souhaitait me rendre visite tel jour pour s’informer de ma situation. J’ai attendu toute la journée et quelle ne fut pas ma surprise lors du bulletin d’information sur Canal 7 de voir que le président Ben Ali recevait un groupe du Congrès américain, ceux-là mêmes qui n’étaient pas venus me voir. Cela s’est répété à trois reprises, espacées de près d’une année. A chaque fois, le congrès va me rendre visite, il rencontre le Président et s’en va. J’ai entendu dire par la suite qu’on leur avait dit que de me rendre visite compromettrait les bonnes relations entre la Tunisie et les Etats Unis d’Amérique, et ces derniers partageaient le point de vue de la Tunisie dans la mesure où ils étaient engagés dans la course à l’hégémonie sur l’Afrique du Nord.
Lorsqu’il s’agit de dissimuler ce qu’il en est du Professeur Ben Salem, c’est à mon sens différent des autres personnalités nationales, telles messieurs Néjib Chabbi, Hamma Hammami ou Mohammed Nouri, ou autre symboles du 18 octobre. Ils ont reçu la visite de l’ambassadeur américain, d’autres ambassadeurs, et de personnalités d’envergure internationale. Aucun n’a été empêché de les rencontrer, mais qu’à trois reprises, le Congrès soit déterminé à vous rendre visite, puis détourné de son objectif, donc de prendre connaissance de votre situation, cela montre que la question pour les autorités tunisiennes est lourde de signification et que cela va au-delà du politique. Comment pouvez-vous l’expliquer ?
C’est vrai, lorsque j’étais en prison, j’ai appris que mon dossier était classé comme sensible et que ce prisonnier était spécial et qu’il devait rester dans une cellule ne comportant pas d’autre détenu politique. J’ai été emprisonné deux fois de suite la première fois de 1987 à 1989 (relativement au Comité de Salut National) et la deuxième fois de 1990 à 1993 à la suite d’une déclaration à la presse où je révélais ce qui m’était arrivé. Il y a beaucoup d’explications et je ne peux ici relater les événements depuis le début, mais il semble que je représente un danger pour le pouvoir. J’ai appris qu’un responsable au ministère de l’Intérieur assénait des leçons aux agents en charge de mon contrôle à domicile. Il leur disait « Vous êtes maintenant en charge d’un tel ; Bon, si vous apprenez qu’un bateau est entré dans le port avec à son bord des armes de contrebande et qu’un tract a été distribué ici ou là par Moncef Ben Salem, et il se trouve que vous manquez d’effectifs, quel est l’objectif que vous allez privilégier : le bateau passant des armes ou le tract de Moncef Ben Salem ? » Tous ont répondu « le bateau chargé d’armes ». Il leur a rétorqué : « Non, c’est le tract de Moncef Ben Salem dont vous devez vous occuper »,
Ça, c’était le ministère de l’Intérieur. Les interventions au plus haut niveau du pouvoir et les réactions à ces interventions révèlent la crispation du régime, de la tête du pouvoir à mon égard. L’ex ministre de l’enseignement supérieur, le grand savant en mathématiques…. Est venu en Tunisie et a rencontré le chef de l’Etat, qui lui a promis de régler définitivement ma situation. Le ministre m’a nommé à l’université Pierre et Marie Curie de Paris, mais aucune promesse n’a été tenue et le ministre m’a dit par la suite : pour la première fois, je reçois des promesses du plus haut responsable de l’Etat, qui se rétracte ensuite. Ensuite, l’éminente personnalité qu’est le professeur Mohammed…, prix Nobel à l’origine de la fabrication de la bombe atomique au Pakistan, est venu à deux reprises en Tunisie. Il a reçu la promesse que ma situation serait réglée, mais ces promesses n’ont pas été tenues. Puis il y a eu l’intervention du prince héritier saoudien Abdallah qui m’a nommé Professeur à l’Université de Riadh et a demandé aux autorités tunisiennes de me laisser allers à l’ambassade d’Arabie Saoudite y retirer l’arrêté de nomination, mes émoluments, ainsi que les documents de voyage, d’autant que mon départ était fixé pour le mercredi. Je les ai informés que ni moi ni ma famille n’avions de passeport. On m’a répondu qu’en une heure, les passeports seraient à ma disposition. Mais… rien, en dépit de toutes ces importantes interventions, mon problème n’a pas été réglé. Le Président lui même m’a envoyé son conseiller qui m’a assuré que mon problème serait résolu le plus vite possible, mais… rien. Je ne peux expliquer ces pratiques disproportionnées à mon encontre que parce que je suis intègre, Dieu soit loué, et que le régime n’a rien trouvé à exploiter, ni à me reprocher ; Quant à moi, je ne transigerai pas sur le droit. On attend de moi que je cède aux provocations matérielles (…)
(Source: Le Site de www.nawaat.org le le 1er mai 2006 )
1er mai : Manifestons avec les sans-papiers
Médias
L’AJT inaugure son nouveau local
M. Rafaa Dkhil, ministre chargé de la communication et des relations avec la Chambre des députés et la Chambre des Conseillers, a inauguré, samedi après-midi, le nouveau siège de l’Association des Journalistes tunisiens, à Tunis, au cours d’une cérémonie à laquelle ont pris part notamment le président du Conseil supérieur de la communication, ainsi que certains anciens présidents de l’association et plusieurs journalistes et professionnels de l’information, toutes générations confondues.
Le ministre a précisé que ce nouveau siège de l’AJT est venu répondre aux aspirations et attentes des journalistes, et constitue un acquis supplémentaire concrétisé grâce à l’attention majeure dont le Président de la République entoure
les professionels de l’information qui célèbrent le 44ème anniversaire de la fondation de leur association.
M. Dkhil a, par ailleurs, indiqué que ce siège abritera la direction du fonds d’entraide des journalistes.
Il s’est ensuite félicité des relations de coopération et d’entente établies entre le ministère et l’association, dans le cadre desquelles s’effectue l’examen des questions importantes ayant trait aux réalités de la profession et aux mécanismes de sa promotion, en particulier la concrétisation des décisions prises par le Chef de l’Etat en vue d’améliorer le rendement du secteur de l’information.
Après avoir passé en revue les nombreuses réalisations qui ont enrichi le paysage médiatique national à l’ère du Changement et permis d’améliorer le contenu du discours médiatique à tous les niveaux et d’instaurer une information libre, pluraliste et intègre, qui répond aux exigences de l’oeuvre de réforme et de changement, et aux enjeux de l’étape à venir, le ministre a annoncé que dans le cadre de la préparation du 11ème plan de développement, un programme de mise à niveau du secteur est en cours d’élaboration par des experts et des spécialistes du domaine.
De son côté, M. Faouzi Bouzaiane, président de l’AJT, a exprimé la gratitude des journalistes et des professionnels de l’information pour ce nouvel acquis qui n’aurait pu être concrétisé n’eut été la volonté présidentielle de réunir toutes les conditions nécessaires à l’association des journalistes tunisiens afin de lui permettre de contribuer de manière effective au projet présidentiel visant à promouvoir ce secteur stratégique et sensible.
(Source : « Le Temps » du 1er Mai 2005)
La communauté tunisienne à l’étranger
930.000 émigrés et ça change :
C’est l’émigration familiale définitive et d’installation
L’émigration a toujours constitué une échappatoire pour les jeunes en détresse. Le chômage, le besoin, la mauvaise condition sociale et le désir de construire une fortune les pousse à penser à l’émigration, imaginant qu’à peine sortis du pays natal, toutes les portes de la chance et de la fortune vont s’ouvrir.
Ils partent d’une manière légale ou illégale et décident de refaire leurs vies dans un autre monde totalement différent du leur. Certains réussissent leurs vies mais décident de ne plus revenir au pays natal. D’autres échouent, mais continuent, quand même, à vivre dans un autre pays que le leur. Ils refusent de retourner définitivement, après tant d’années d’émigration. Ils refusent aussi de travailler n’importe quel boulot dans leur pays natal alors qu’ils le font dans le pays d’immigration. D’ailleurs, certains passent leurs vies à travailler en tant qu’agents de sécurité, ouvriers ou femme de ménage et refusent de faire le même boulot dans leur pays natal.
83,5 % de l’ensemble des Tunisiens à l’étranger vivent en Europe, dont 57,8 % en France.
Les pays arabes accueillent 120 mille Tunisiens, dont 85 mille au Maghreb et essentiellement en Libye.
Les femmes émigrées représentent (chiffres de 2004) à peu près 24,5 % de l’ensemble. En France, nos concitoyennes sont estimées à 38,2%.
Les problématiques, les enjeux et les mutations démographiques et sociales de l’émigration tunisienne ont été discutés autour d’une table ronde organisée vendredi dernier par l’Office national de la Famille et de la Population.
930 mille émigrés
Abderrazak Bel Haj Zekri, directeur des Etudes à l’Office des Tunisiens à l’étranger a souligné dans son intervention que l’émigration tunisienne est récente en comparaison avec l’émigration des autres pays du Maghreb central et notamment l’Algérie.
A travers les années, l’émigration tunisienne a connu une croissance importante et des mutations rapides au niveau de ses caractéristiques. Ces dernières années, on ne parle plus d’une émigration de travail d’hommes seuls, on parle plutôt d’émigration familiale définitive et d’installation.
On compte actuellement plus de 930 mille émigrés tunisiens.
83,5%de l’ensemble des Tunisiens à l’étranger vivent en Europe dont 57,8% en France.
L’Italie devient le deuxième pays d’accueil européen avec plus de 112 mille émigrés et ce malgré la récente émigration tunisienne vers ce pays.
Les pays arabes accueillent, quant à eux, 120 mille tunisiens dont plus de 85 mille au Maghreb et essentiellement en Libye.
Dans les pays du Golfe, la présence des Tunisiens est dominée par les coopérants techniques.
Les Etats Unis d’Amérique et le Canada représentent une nouvelle destination pour l’émigration tunisienne. Ce sont surtout des étudiants et des jeunes diplômés qui émigrent dans ces pays.
L’émigration tunisienne continue d’une manière légale (regroupements familiaux, émigration par quota) et illégale.
Toutefois les profils des émigrés tunisiens s’adaptent de plus en plus aux exigences du marché du travail.
On est à la troisième génération d’émigrés
Pour ce qui est des tendances futures de l’émigration, Abderrazak Bel Haj Zekri souligne que 24% des Tunisiens à l’étranger sont âgés de moins de 16 ans. Il s’agit donc d’un rajeunissement de l’émigration tunisienne qui est actuellement à sa 3ème génération.
Elle est également caractérisée par une féminisation croissante due essentiellement aux regroupements familiaux et aux mariages contractés à l’étranger.
Les femmes émigrées représentent en 2004, 24,5% de l’ensemble. En France, le pourcentage des Tunisiennes est estimé à 38,2%.
On compte aussi plus de 128 mille familles dans les différents pays de l’Europe avec une concentration en France et en Allemagne.
L’émigration tunisienne est aussi caractérisée par une baisse progressive de la fécondité. Le comportement des émigrées se rapproche de plus en plus des femmes des pays d’accueil vis-à-vis de la fécondité. Elles ont tendance à avoir leurs enfants plus âgées qu’auparavant.
Par ailleurs, environ 7% des Tunisiens vivant en France ont plus de 60 ans. Ceci démontre un accroissement sensible des émigrés âgés.
L’émigration tunisienne a aussi connu des mutations sociales. Il existe d’ailleurs, un chômage prononcé chez les jeunes allant jusqu’à 24 ans. En France, il est estimé à 52% et il est aggravé par des attitudes discriminatoires.
Regroupement familial et Installation définitive
Abdelkader Zghal, sociologue, a souligné que le mythe psychologique de retour est un moyen efficace de s’installer définitivement en Europe.
Actuellement 48,9% de la communauté tunisienne vivant à l’étranger font partie de la deuxième et de la troisième génération. Il existe actuellement une population tunisienne installée dans des structures familiales pour toujours. Ils reviennent pendant les vacances, mais préfèrent vivre dans le pays où ils sont nés et où ils ont vécu, le pays d’immigration de leurs parents.
Abdelkader Zghal souligne que la Tunisie est actuellement un pays de transit notamment pour les africains. Toutefois, il indique que le phénomène de l’émigration clandestine est un problème social gonflé surtout par les fantasmes et les dégâts occasionnés, mais statistiquement, ce n’est rien.
Hassen Boubakri, chercheur à l’IRMC a indiqué dans son intervention qu’en 2005, 120 mille nouvelles arrivées en Europe ont été enregistrées dans le cadre des regroupements familiaux maghrébins.
En Tunisie, sur 1500 dossiers de regroupement 30% des demandeurs sont originaires du Sud Est.
Hassen Boubakri ajoute que les femmes tunisoises et sfaxiennes qui rejoignent leurs familles sont plus instruites que celles du Sud et du Sahel qui ont un niveau d’études très bas parfois elles sont même analphabètes et elles sont jeunes.
Aujourd’hui, plusieurs Tunisiens cadres et hautement qualifiés préfèrent émigrer en Europe, au Canada ou aux pays du golfe que de rester en Tunisie.
Pourtant d’importantes opportunités d’embauche s’ouvrent devant eux. Ils peuvent également opter au lancement de leurs projets personnels ou même décider de poursuivre leurs études supérieures dans une université tunisienne.
Le problème du chômage persistera toujours et dans tous les pays du monde. Il n’y aura jamais de postes d’emploi pour tout le monde. Le jeune doit acquérir l’esprit d’initiative et prendre en main son propre destin et l’idéal serait qu’il le fasse dans son pays où il sera mieux intégré et aura tous ses droits. Si le jeune opte pour l’émigration, il doit tout de même le faire dans un cadre légal et très bien étudié.
Afef BEN ABDELJELIL
(Source : « Le Temps » du 1er Mai 2005)
Colloque organisé à Tunis sous le thème « expression plurielle : religions, humanisme et citoyenneté »
«Si tu n’est pas athée mon fils, tu es ignorant ! »
Le colloque s’intitule « Expression plurielle : Religions, humanisme et citoyenneté » , les intervenants, d’illustres personnalités religieuses et universitaires, sont venus des quatre coins du globe, et rare selon leur dire, les fois où ils sont ainsi rassemblées, c’est dire que le colloque offre une occasion en or d’échanges et de dialogue :
…On compte parmi eux, le Grand Rabin de Marseille Charles Bismuth, le pasteur Jean-Marie de Bourqueney , l’imam A. Ghoul, président du CRCM ( comité du culte musulman) Abdulmalik Mansour Almasabi,, le père Thierry Becker, Wahid Essafi, Madame Jasna Samic …etc. Les sous-thèmes débattus sont, quant à eux, divers et variés …Ce colloque qui s’est étalé sur trois jours, du 26 au 28 avril, est organisé par l’université de Tunis El Manar en partenariat avec l’université Ezzitouna et le comité de Coopération Marseille-Provence-Méditerranée – Tunisie …
Pour cette deuxième journée du colloque ayant eu lieu le jeudi matin deux tables rondes furent à l’ordre du jour, l’une baptisée « Religions et Humanisme », l’autre, « Religion et violence »…
Le pasteur Jean Marie De Bourqueney : « Pour rétablir l’humanisme religieux, il convient de mettre en œuvre des rencontres réelles et non théoriques entre religieux, comportant confrontations et participations aux débats publics … »
En guise de prélude, et tentant d’élaborer une définition du concept « humanisme », le modérateur de la séance le Pasteur Jean Marie De Bourqueney a déclaré que la religion, partout où elle a été au pouvoir, a dérivé de sa fonction première, celle de servir Dieu, en servant les hommes . Evoquant la notion de pureté, il chemine vers celle définie par Bernard Henry Levy, laquelle révèle tous les paradoxes relevant de ce concept : Au nom de la pureté de l’âme, l’homme a accompli des œuvres de grandeur et d’élévation certes, mais au nom de la pureté il a également procédé à des purifications ethniques …Il affirme plus loin, que tous les hommes sont des chercheurs de vérité, et que le point faible et le tort des religions c’est de prétendre la détenir …Dès lors quelle devient arrogante, la vérité cesse d’être humaniste, dit-il …et de poursuivre… » l’humanisme auquel j’adhère c’est l’humanisme de Florence au 15ème siècle ; ce prêtre philosophe a fait preuve d’une grande sagesse et de clairvoyance lorsqu’il a appelé à la concertation et au dialogue, autour d’une table, tous les hommes quel que soit leur domaine d’activité, confessions et identité, qu’ils soient prêtres, scientifiques, artistes, philosophes … peut -être devrons nous retrouver cet esprit de Florence autour de cette méditerranée dit-il …La religion se doit d’établir des ouvertures sur le monde et sur les hommes, de discuter avec les autres sans pour autant croire qu’elle est supérieure à eux …. Tel est l’humanisme, ajoute-t-il. Pour conclure, l’auteur esquisse quelques perspectives et formules de propositions stipulant que pour rétablir l’humanisme religieux, il convient d’organiser des rencontres réelles et non théoriques entre les religieux comportant un travail de confrontation, et une participation active des religieux aux débats publics, et ce, non pour imposer une morale mais pour participer au même rang que toutes les autres idéologies ….De même que pour rétablir la notion de vérité, toutes les religions se doivent d’œuvrer, chacune de son côté, à combattre cette tentation anti-humaniste qui se trouve dans chacune d’elle ( allusion ici à l’intégrisme ), en tâchant de bien intégrer dans leur approche qu’aucune religion n’est meilleure qu’une autre et que toutes, sans exception, oeuvrent à répandre amour du prochain, justice, vertu, tolérance, respect de l’autre et de ses croyances…que toutes prônent l’adoration de Dieu lequel est unique pour tous … Autres propositions de l’auteur : savoir décrypter dans les conflits qui existent un peu partout dans le monde le langage religieux approprié, celui qu’on se doit de mettre sur ces conflits, évitant ainsi les dérives langagières et autres sous entendus…Ce travail sur le vocabulaire et notamment sur certains concepts et autres idées erronées est d’autant plus salutaires s’il est entrepris dès le jeune âge et inclus dans les programmes scolaires… Succédant au pasteur, Ali Hemrit professeur à l’Ecole Nationale d’Administration enseignant en histoire des civilisations, a affirmé que le discours religieux est plus que jamais sur la sellette et revient en force mais sans déroger toutefois à ses convictions primaires, celles de détenir la vérité …Selon lui, la civilisation ne procède pas d’une identité ethnique mais humaniste …à la suite de quoi l’auteur esquisse un autre constat : Le monde vit une situation de crise tant au niveau des croyances, de la pensée qu’au niveau du politique, les préjugés, le recours à de faux concepts et autres informations erronées faussent la compréhension, entravent l’adhésion et rompent le dialogue entre les religions, pourtant telle est la seule issue et la meilleure manière sinon l’unique de mettre un terme à l’intolérance et à la vague de violence qui sévit le monde actuel…L’auteur fait référence ensuite à la pensée d’un savant allemand affirmant qu’il n’y aura pas de paix entre les nations tant qu’il n’y aura pas de paix entre les religions et qu’il n’y aura pas de paix entre les religions tant qu’il n’y aura pas de dialogue entre les religions …
Pour l’Imam A. Ghoul, Président du CRCM ( Comité religieux du culte musulman ) Dieu nous créer, il est notre source et c’est vers lui que nous retournerons un jour …Il est donc de ce fait notre finalité, et entre les deux, de la naissance à la mort nous sommes supposés consacrer notre vie à l’adoration de Dieu. Celle- ci ne se limite pas à l’exercice de gestes répétitifs appris par cœur… Dans ses formes élaborées et concrêtes, l’adoration de Dieu renvoie à des œuvres humanistes où l’amour du prochain, la tolérance et le respect de l’autre quel que soit ses convictions et son identité sont les fers de lance d’une pratique au quotidien …
Fausses interprétations et traductions erronées des textes religieux contribuent à attiser les flammes de la haine et à stimuler la violence…
Entamant la deuxième séance sous l’intitulé « Religion et violence », Wahid Essafi a indiqué que quand on parle de violence, la religion est comparable à un médicament et si les religieux ne modèrent pas son dosage il peut devenir mortel …Pour Père Thierry Becker l’une des sources de la violence réside dans les écritures …Quelques récits dans la bible regorgent de mauvais exemples, si on les prend à la lettre. Il est un fait cependant, que la seule manière de remédier à la violence réside dans l’amour et l’acceptation de l’autre …Recourant à des exemples plus concrêts, Madame Jasna Samic, bosniaque, a parlé de l’Internet et des sites que l’on peut trouver qui incite à la haine en fournissant de fausses informations sur les musulmans , elle évoque notamment les traductions souvent erronés de textes coraniques… Le mot Jihad en l’occurrence ne serait pas traduit de la même manière selon que la traduction est Française ou bosniaque…Selon elle, les musulmans ne sont pas violents, comme il est dit, et dans le conflit qui a opposé les Serbes au musulmans, la faute incombe aux Serbes lesquels auraient procédé par esprit de vangence contre les musulmans afin d’exorciser des épisodes d’agressions douloureux qu’ils avaient subit par le passé par une autre communauté …et d’ajouter ce sont les massacres des musulmans qui ont ouvert la voie à l’intégrisme …
Le Grand Rabin Charles Bismuth a, quant à lui, indiqué clairement qu’il est venu pour parler de judaïsme…Décontracté et sur un ton plaisant il entama son intervention en signalant qu’il aurait mieux fallu ajouter au titre du colloque Religion, Humanisme et Citoyenneté, les termes « et abandon de la langue de bois… » …Et de poursuivre, l’homme a certes des devoirs envers Dieu dit-il mais tout autant envers son prochain et l’un des principes fondamentaux c’est d’apprendre à se parler sans détours ni fioritures ….L’idée que c’est la religion qui incite à la violence est reprise par l’auteur et imputé encore une fois, selon son expression à des récits « horribles » qui ponctuent la bible tout autant que la Torra.
A la question de savoir si l’homme est naturellement violent, l’auteur n’exclu pas ce fait, mais précise que dans chacun de nous il existe une part de bien et de mal et que c’est à l’homme lui-même de faire triompher l’une au détriment de l’autre, encore faut-il toutefois savoir de quel bien on parle , d’autant que ce qui est bien chez l’un peut- être perçu comme mal chez l’autre …Réponse à cette interrogation : Le bien dont il est question serait celui prôné par la loi de la spiritualité ( de Dieu )…Cette voie qu’il convient de suivre et non celle que nous dicte la logique par exemple …Si la loi de Dieu dit , « tu ne tuera point » ; certains l’adoptent car il la juge logique justifiant qu’on ne peut construire une société régit par le crime …Néanmoins, selon le Rabin, celui qui abéit par croyance a plus de mérite que celui qui obéit en se fiant à la logique, Explication de l’auteur : les lois spirituelles sont immuables valables pour tous les temps et toutes les circonstances et savent ce qui est e mieux pour l’être humain, celles de la logique fluctuent en fonction des personnes et des circonstances …Par ailleurs, pour revenir à la violence dit-il, il faut savoir, que lorsqu’on tue un homme c’est une petite parcelle de Dieu qu’on élimine…les hommes n’étant pas constitués de corps uniquement mais aussi d’une étincelle spirituelle ( l’âme ) …Il ajoutera plus loin dans un tout autre registre « je rassure tous le monde, le judaïsme ne s’adresse qu’au juif et ne nourrit pas des désirs de conquête… Son seul objectif étant de faire de faire des juifs de bons juifs… et de poursuivre, aujourd’hui 60 à 70% du peuple juif n’est pas convaincu de ses croyances, religieuses notamment, et notre responsabilité à nous autres religieux c’est de « judaïser » ces juifs et non les autres …Pour illustrer ces propos, le Rabin conte l’histoire du juif qui va voir le Rabin et lui dit : « je suis athée… » et le Rabin de répondre :: pourquoi tu dis que tu es athée ? ; « Parce que je ne suis pas sensible à tout ce que vous racontez … » et le Rabin de rétorquer : « As- tu lu mon fils, la torra ou la bible ? « non !…As-tu lu les textes ( compléments des textes religieux ) .. non ! As- tu lu les textes plus en détails ( comportant des interprétations ) ? et le personnage de répondre toujours par la négative… et le Rabin de conclure : « tu n’est pas athée mon fils , tu es ignorant ! ».
Heïfa BACCAR
(Source : « Le Temps » du 1er Mai 2005)