1 juillet 2011

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في كل يوم، نساهم بجهدنا في تقديم إعلام أفضل وأرقى عن بلدنا، تونس Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to a better information about our country, Tunisia

TUNISNEWS
11 ème année, N°4056 du 01.07.2011

 


FIDH: Tunisie : Liberté d’expression en danger

Omar Mestiri: Déclaration – A l’attention de M Raouf Khalsi rédacteur en chef du journal Le Temps

Jeune Afrique: Tunisie : adoption d’un « pacte républicain » comme base de la future Constitution

France24: Le vote des Tunisiens de France, enjeu majeur du scrutin du 23 octobre

WMC: Qui gouverne la Tunisie?

Le Monde: Tunisie : les hirondelles et les rapaces

Tekiano: Tunisie : Nadia El Fani et l’article 1 de la Constitution

Le Temps: L’Islam est-il vraiment menacé?

Kapitalis: Tunisie. Comment Ben Ali a détruit Hammi, son ancien chef des renseignements


Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) Communiqué

Tunisie : Liberté d’expression en danger

http://www.fidh.org/Liberte-d-expression-en-danger


 

Tunis, Paris, 1er juillet 2011 – La campagne de diffamation dont fait l’objet la réalisatrice Nadia El Fani et l’attaque récente du cinéma Afric’Art qui devait projeter son film « Laïcité Inch’allah », font craindre une mise en danger de la liberté d’expression en Tunisie. En effet, alors que le documentaire devait être projeté, la salle de cinéma Afric’Art a été prise d’assaut dans l’après midi du dimanche 26 juin et saccagée par plusieurs personnes, scandant « Dieu est le plus grand » et « Il n’y a de dieu que Dieu et Mohammed est son prophète ». Certains portaient des drapeaux noirs où était inscrite cette dernière phrase. Par ailleurs, la réalisatrice du film reçoit régulièrement des menaces de mort et une campagne de diffamation a été orchestrée à la suite d’une interview donnée à la chaîne Hannibal TV dans laquelle, se prévalant de la liberté de croyance, elle affirmait son athéisme. Son avocate, Bochra Bel Hadj Hamida déclarait récemment à Rue89 : « On manque d’un courant fort pour défendre la liberté des artistes. Vu ce qui s’est passé pour Nadia, et l’absence de réaction des intellectuels je me demande si la liberté d’expression et la liberté de croyance ne sont pas menacées, alors qu’on vient de gagner les libertés publiques. » La FIDH met en garde contre de telles dérives mettant en danger les libertés fondamentales . Elle appelle les autorités tunisiennes à prendre toutes les mesures pour protéger et garantir les libertés d’expression et de croyance et à poursuivre tout auteur d’actes criminels menaçant ces libertés conformément au droit international. Contact presse : Karine Appy + 33 1 43 55 14 12 / + 33 1 43 55 25 18


Déclaration
1 er juillet 2011

A l’attention de M Raouf Khalsi

rédacteur en chef du journal Le Temps


 
A l’annonce de la recommandation, émise par l’instance nationale de réforme de l’information et de la communication (INRIC), sur l’octroi de la fréquence FM à de nouvelles radios, j’ai mis fin, mercredi 29 juin, à ma grève de la faim, entamée le 21 juin. Je considère que ces recommandations, quoique tardives, sont un pas important en faveur de l’ouverture des ondes. Mon action visait à interpeller l’opinion sur les dangers d’un maintien du monopole des ondes, à l’approche d’une échéance électorale capitale. Il s’agit, aujourd’hui, de consolider cette avancée. Je tiens ici à exprimer toute ma gratitude envers ceux, très nombreux, qui ont exprimé leur solidarité avec le combat de radio kalima, notamment les membres des comités de soutien, à travers les régions.
 
Il appartient aujourd’hui au gouvernement de transition d’initier la mise en place d’un pluralisme audiovisuel véritable et d’assurer les conditions d’une concurrence transparente, équitable et loyale entre les différents acteurs (anciens et nouveaux). L’exigence de transparence implique qu’on s’attelle enfin à démanteler réellement l’agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), après avoir rendu public un audit de ses comptes. La publication du plan de fréquences national permettrait de s’assurer de l’équité dans la répartition des ressources en fréquences et de leur disponibilité pour accueillir encore plus de radios. Un état des relations financières des opérateurs privés et publics officiant dans l’audiovisuel doit être rendu public. Il y a également lieu d’instituer l’indépendance éditoriale et financière du service public. Enfin, le rôle des pouvoirs publics doit se confiner strictement dans la régulation, les stations de l’audiovisuel assurant leur propre diffusion. L’office national de la télédiffusion, organisme anachronique, symbole d’une vision étatique tutélaire, est, aujourd’hui, appelé à subir une transformation conséquente, voire un démantèlement.
 
L’équipe de Radio kalima réaffirme son engagement à contribuer à l’enrichissement des prestations médiatiques. Nous tenons à développer notre vocation de radio citoyenne, consacrée à répercuter les opinions les plus diverses et à offrir une information crédible et pertinente, à réussir des débats aussi relevés que variés. Depuis 2008, nous nous sommes épanouis dans les zones d’ombre de la Tunisie profonde dont on a porté les voix et relayé les aspirations. Toutes ces années, nos relais de Jendouba, Gafsa, Gabès, Sfax, La Chebba, Monastir ont au quotidien affronté l’appareil répressif pour assurer leur mission et participer à vaincre la censure et la propagande. Cette dimension, partie intégrante de notre identité, fonde notre demande d’une couverture nationale, contestée par certains.
 
Omar Mestiri
Directeur de radio Kalima

Tunisie : adoption d’un « pacte républicain » comme base de la future Constitution


La commission de réforme politique tunisienne a adopté un « pacte républicain », qui affirme notamment le refus de toute normalisation des relations avec Israël.Le « pacte républicain », qui servira de base à la future Constitution tunisienne, vient d’être adopté à la majorité par la commission de réforme politique tunisienne. La teneur du document n’a pas été communiquée parYadh Ben Achour, le président de la commission, qui a simplement annoncé l’adoption de ce pacte lors d’une conférence, vendredi. Mais la presse arabophone s’est emparée de la question, et a diffusé le contenu précis du document. Lequel stipule que la Tunisie est définie comme un État « démocratique et libre […] Sa langue est l’arabe et sa religion est l’islam ». Les principes fondamentaux évoqués dans le pacte portent sur la séparation des champs politiques et religieux ; des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; l’indépendance des citoyens quant à leurs croyances et la liberté de pratique religieuse. Les droits de la femme font également l’objet d’une réaffirmation, afin de garantir les acquis obtenus par les Tunisiennes. Soutien à la cause palestinienne La mesure sur laquelle la polémique a de fortes chances de porter concerne les relations avec Israël. « Toute forme de normalisation avec l’État sioniste » y est proscrite, alors que la nouvelle Tunisie affirme son soutien à la cause palestinienne. La mention avait fait l’objet de désaccords et était l’une des causes du retrait de la commission du parti islamiste Ennahdha. La formation politique avait insisté sur le caractère essentiel d’inclusion de cette motion dans le pacte républicain, tandis que d’autres ne la jugeaient pas nécessaire. S’il ne s’est pas prononcé sur le contenu de ce pacte, M. Ben Achour a annoncé avoir envoyé ce matin au président tunisien par intérim un décret présidentiel. Le texte détermine les postes et les fonctions des membres du parti unique du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali. Ces anciens responsables du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), et parmi eux les membres du bureau politique, du comité central, des comités de coordination, des présidents de cellules et de fédérations, seront exclus des élections de l’Assemblée constituante prévues le 23 octobre. La liste des personnes ayant appelé Ben Ali à briguer un autre mandat pourrait également être publiée, a annoncé M. Ben Achour Source: « Jeune Afrique » Le 01-07-2011 Lien:http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110701172237/elections-tunisie-arabe-ben-alitunisie-adoption-d-un-pacte-republicain-comme-base-de-la-future-constitution.html


Le vote des Tunisiens de France, enjeu majeur du scrutin du 23 octobre


À un peu plus de trois mois de l’élection de l’Assemblée constituante, les leaders des principaux partis politiques tunisiens viennent courtiser leurs compatriotes installés en France. Au nombre de 600 000, ils seront des acteurs clés du scrutin.

Ils méritent amplement le détour. Malgré le report du 24 juillet au 23 octobre de l’élection de l’Assemblée constituante qui sera chargée de façonner les institutions de la Tunisie démocratique, les chefs des principaux partis politiques tunisiens continuent de courtiser leurs compatriotes expatriés en France. Rached Ghannouchi, le fondateur du parti islamiste Ennahda, a été le premier à se déplacer dans l’Hexagone au mois d’avril pour la 28e rencontre annuelle des musulmans de France. Ahmed Brahim, le premier secrétaire de l’ex-parti communiste Ettajdid, et Mustafa Ben Jafaar, le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), ont également tenu des meetings en France au mois de juin. Aujourd’hui, c’est au tour d’Ahmed Néjib Chebbi, le fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP), d’effectuer une tournée dans le pays avec, en point d’orgue, l’organisation de deux réunions publiques à Paris et à Lyon, les 1er et 2 juillet. Au nombre de 600 000 – soit l’équivalent de la population d’un gouvernorat comme celui de Sousse (est de la Tunisie) -, les Tunisiens de France représentent un enjeu majeur du scrutin du 23 octobre. Sur les 273 sièges que comptera la future Assemblée constituante, 10 leurs sont exclusivement réservés. « Leur poids électoral est très important. Il s’agit de la première communauté de la diaspora installée à travers le monde. À eux seuls, ils représentent presque un dixième de la population tunisienne », décrypte ainsi Yazid Debbiche, consultant franco-tunisien qui vient de rédiger une note sur la question. « Vecteur de mode de vie » « Les Tunisiens de France retiennent tout particulièrement notre attention parce qu’il ne s’agit pas d’une communauté comme les autres. Symboles de réussite sociale, ils sont des prescripteurs d’opinion susceptibles d’influencer leur entourage resté au pays », poursuit Samy Ghorbal, conseiller politique du leader du PDP. En clair : pour les partis de la mouvance démocratique, leur expérience du pluralisme politique occidental représente un socle sur lequel ils espèrent pouvoir s’appuyer pour enraciner la Tunisie dans la modernité. « Les Tunisiens de l’étranger sont un important vecteur de mode de vie. En plus des devises qu’ils envoient régulièrement au pays, ils ont largement contribué à son émancipation. On compte donc sur eux pour renforcer les institutions démocratiques en jouant un rôle pédagogique, grâce à leur vécu », renchérit Rafik Baraket, qui milite en France pour Ettajdid. Reste que pour pouvoir compter sur les suffrages de cet électorat à part, le PDP et ses concurrents doivent au préalable lever une inconnue de taille : la mobilisation des électeurs. Si tout porte à croire qu’elle sera forte au regard de la dimension historique de l’événement, les états-majors des formations en lice se veulent très mesurés sur le sujet. « Le principal enjeu de la campagne en France consiste d’abord à faire disparaître la peur qui reste attachée aux institutions tunisiennes afin d’inciter les gens à aller voter. Sous l’ère Ben Ali, les Tunisiens expatriés prenaient bien soin de rester à l’écart de leur ambassade et de leurs consulats, qu’ils considéraient comme un instrument de ‘flicage’ du régime. Il faut donc leur faire comprendre que cette époque est révolue », reprend Samy Ghorbal. « Le français ou l’arabe ? » Un message d’autant plus difficile à faire passer pour les partis politiques que cet électorat se caractérise par une très grande hétérogénéité. « Des questions aussi simples que la langue dans laquelle s’adresser à lui – le français ou l’arabe ? – ou par quels canaux le toucher – les grands médias traditionnels ? Les médias communautaires ? Les réseaux sociaux ? – sont délicates à résoudre… », analyse encore Samy Ghorbal. Parmi les 600 000 Tunisiens vivant en France – dont les deux tiers au moins jouissent de la double nationalité – beaucoup semblent par ailleurs déconnectés des enjeux politiques de leur pays d’origine, qu’ils aient abandonné l’idée de s’investir pour lui du fait des ramifications du régime répressif de Ben Ali sur le territoire français ou qu’ils se soient détournés de tout engagement par manque d’intérêt. « Les enfants de militants exilés en France restés alertes sur la vie politique tunisienne sont effectivement minoritaires. Le gros des troupes est plutôt constitué de jeunes franco-tunisiens qui ont orienté leur engouement politique vers d’autres causes, comme la question palestinienne, ou les enfants de la deuxième et de la troisième génération qui n’entretiennent pas de véritable lien de citoyenneté avec la Tunisie ou rejettent l’idée même de tout investissement politique, quel qu’il soit », développe Yazid Debbiche. À un peu moins de quatre mois du premier scrutin libre et transparent de la Tunisie indépendante, l’offensive de charme risque de tourner au long travail de pédagogie.

Source: »France24″ Le 01-07-2011

Lien: http://www.france24.com/fr/20110630-vote-tunisiens-france-enjeu-majeur-scrutin-23-octobre-assemblee-constituante#


Qui gouverne la Tunisie?


Une agression dans la salle de cinéma «Africart», une agression avec fermeture des portes et violence dans la Grande Mosquée de Kairouan, une agression dans un centre de loisirs à Mrazga – Hammamet, des violences devant le palais de Justice, des violences contre des femmes (uniquement) à l’hôpital Charles Nicolle, un bar cassé à Tabarka, des femmes qu’on intimide car elles portent des bretelles, …

Dimanche, lundi, mardi,…Matin, midi, la nuit,… Juin, juillet, ramadhan, …Elections ou pas élections. A ce rythme, nous allons commencer à avoir peur des jours de la semaine, des semaines qui font l’année, des concerts qui se tiendront peut-être, des mariages qui pourraient finir en bain de sang, des élections qui se tiendront sûrement…

Qui est réellement derrière ces agissements? Islamistes, fondamentalistes, manipulateurs, bandits, restes du clan déchu, nous autres Tunisiens? Tous à la fois? Entre ceux qui font le plus de bruit et ceux qui en font le moins, le pouvoir bascule et la Tunisie semble en suspens.

Les fautifs de ces derniers troubles sont, peut-être, des salafistes qui abusent en mettant en péril l’avenir du pays. Pourtant, d’autres responsables sont aussi à pointer du doigt. Ceux qui ont une ou plusieurs autres parties du pouvoir et pas forcément celui de la rue! La majorité silencieuse qui n’use pas encore suffisamment de son poids à bon escient. A l’heure où nous sommes à un tournant de l’avenir et tous responsables devant l’histoire à écrire.

Alors que le monde nous observe, que des populations souffrent et meurent sous des dictatures, que le prix Nobel pour la paix de Birmanie annonce que les Birmans envient les Tunisiens de leur révolution… nous, dans notre quotidien, nous ne pouvons nous empêcher de douter.

Qu’est-ce qui nous arrive? Où va la Tunisie? Où veut-on la mener? Sommes-nous capables de construire une démocratie? Que voulons-nous? Qui détient le pouvoir? Que s’est-il passé le 14 janvier? «Man Antom» (qui sont-ils) «Man Ahna» (qui sommes-nous?).

A force de questions sans réponses, chacun remplit les blancs à sa manière et en fonction de sa propre vision des choses. Si certains adhèrent totalement à la thèse où des fous de Dieu s’en prennent aux artistes, aux femmes et aux touristes mettant en exergue un vent d’extrémisme et de fanatisme qui risqueraient de tout emporter sur son passage (retour du tourisme, liberté d’expression, dialogue, espoirs de démocratie…), d’autres restent plus circonspects et crient à la manipulation. Aux manipulations.

Sans être folle ni de Dieu ni de la théorie du complot, la Tunisie est dans l’attente. Elle attend les réponses des urnes dans un contexte troublant aggravé par une fragilité économique et sécuritaire tant que la situation en Libye ne connaît pas d’issue.

Nous ne pouvons que nous demander si nous ne sommes pas aussi en plein dans la stratégie de la distraction et la dégradation, où l’on crée des problèmes pour offrir des solutions en maintenant la population dans l’ignorance pour en arriver à remplacer la révolte par la culpabilité? Ne sommes-nous pas face à un des exercices de la stratégie de manipulation des masses? En version “travaux pratiques“, cela s’exprime par les incidents passés et ceux probablement encore à venir.

Cette accélération détourne des vrais problèmes comme la justice ralentie, la communication maladroite, les médias –ou journalistes- incompétents… Ces événements continuent de révéler les défaillances et détournent de l’urgence de traiter en profondeur des dossiers brulants: chômage, Constituante, économie, dette, rapatriement des fonds tunisiens à l’étranger… Ces dossiers sont d’autant plus frustrants lorsqu’un journal occidental balance la liste des journalistes étrangers qui ont bénéficié des largesses de Ben Ali et que nous peinons encore à obtenir les dossiers de l’ATCE.

A bientôt 6 mois de la chute de l’ancien pouvoir, le pouvoir est fractionné entre des commissions comme celle de Jendoubi et Ben Achour. Une partie du pouvoir est chez le Premier ministre provisoire, le ministère de l’Intérieur, l’armée, l’UGTT, Ennahdha et les partis politiques, les juges, les avocats, la société civile, les régions, les tribus, les jeunes… Il y en a forcément aussi un bout chez le président provisoire de la République… Chacun, à sa manière exerce, apprend, pèse, jauge, influence, oriente… Tous se croient représentatifs, majoritaires, puissants… C’est cela même l’apprentissage de la démocratie.

A l’heure où le face à face entre les juges et les avocats et le rythme des procès s’accélèrent, où la liste des bannis des ex du RCD se dessine, où de nouveaux médias se créent et où de nouveaux fronts politiques commencent à voir le jour, où le Pacte républicain est en discussions et les étapes des élections pour la Constituante sont définies… voilà que l’on sort une nouvelle arme, celle du salafisme. Comme le tribalisme ou le régionalisme, cet instrument fera son heure et se dissipera. La société civile y veille. La nature du Tunisien, son histoire et sa personnalité sauront en extraire les conclusions qu’il faut.

La Tunisie libre et débarrassée de la terreur souffre mais avance avec fermeté vers de jours meilleurs. Pour le moment, ceux qui veulent faire peur aux Tunisiens et leur faire regretter leur révolution sont en train de comprendre que malgré les embuches, ces derniers savent mieux que quiconque que le plus difficile n’est plus de faire tomber une dictature mais bel et bien de construire une démocratie.

Ils ont compris aussi et surtout qu’il ne s’agit plus de faire trop de concessions pour retrouver une sécurité qui ne pourra qu’être surfaite et abusive. Les Tunisiens savent désormais où conduit le chantage à la sécurité. Ils sauront répondre à toutes les formes d’autres chantages d’où qu’elles viennent: du système en place et qui ne lâche prise, du parti «Ennahdha» qui se pense plus fort que tous, des mafias qui ont pris en otage son économie et détruit ses valeurs.

Des troubles, il y en a. Il y en aura encore. Ben Ali est parti mais ceux qui ponctuaient son système sont toujours là. Ils veillent à ralentir le processus. Le report des élections et le choix même de la Constituante sont des choix difficiles et pas égalitairement approuvés et reçus par la population et les différents partis politiques qui se jaugent, s’ignorent, s’observent et se surestiment. Les accapareurs de la Révolution sont nombreux mais ses défenseurs aussi.

Source: « wmc » Le 01-07-2011

Tunisie : les hirondelles et les rapaces


L’une des hirondelles s’appelle Nadia El Fani. Elle vient d’obtenir le Prix international de la laïcité pour son travail. Des films qui bousculent et font réfléchir. Le dernier en date, Ni Allah ni maître, plaide pour la liberté de conscience en Tunisie. Il rend fou les intégristes. Tout comme sa déclaration : « Je ne crois pas en Dieu. » Depuis, la réalisatrice est menacée de mort. On promet de couper sa « tête de truie ». Elégante référence à son crâne rasé, qui n’est pas le signe d’une lubie d’artiste mais de son combat contre le cancer. Autant dire qu’elle n’a pas l’intention de se laisser intimider par une poignée de fanatiques rêvant de la précipiter dans l’au-delà.

Les mêmes appellent au meurtre du réalisateur Nouri Bouzid, ex-opposant au régime de Ben Ali et auteur de films qui ont marqué le cinéma tunisien. Le 6 avril, il a été agressé en pleine rue par un fanatique qui l’a frappé à la tête avec une barre de fer en criant « Allah Akbar ». Il s’en est tiré avec quelques points de suture. Ces opérations commandos s’ajoutent aux raids menés contre des femmes dont les tenues vestimentaires sont jugées non conformes à la « morale islamique », et à toute une série d’intimidations inquiétantes mais prévisibles.

On se doutait que des fanatiques, souvent fraîchement revenus de leur exil londonien, tenteraient de confisquer la révolution. Eux qui n’ont pas voulu la fin de l’autoritarisme par soif de liberté, mais pour le remplacer par une autre dictature… Les menaces contre Nadia El Fani constituent un test, parmi d’autres, pour savoir si la vitalité de la société tunisienne saura résister.

La plupart des associations et des partis ont compris cet enjeu et tiennent bon. Notamment à l’initiative du réseau Lam Echaml, qui a organisé une soirée « Touche pas à mon créateur » au cinéma Africart. On devait y projeter Ni Allah ni maître lorsqu’une soixantaine de fanatiques ont débarqué pour tout casser en scandant « la Tunisie est un Etat islamique « . Les participants ont dû se battre, physiquement, pour leur tenir tête. Le directeur de la salle, Habib Belhedi, a été agressé. Et la police a mis bien longtemps à arriver…

Le gouvernement provisoire et le ministère de la culture ont pris position en faveur des créateurs, mais peinent à protéger les citoyens des extrémistes. Ces derniers profitent de forces de l’ordre divisées ou en grève pour faire régner leur loi en toute impunité. Mais le plus inquiétant vient du manque de lucidité et de solidarité de certains démocrates laïques qui, sans avoir la moindre sympathie pour les fanatiques, enfoncent gentiment le couteau dans le dos de Nadia El Fani et de son film : « pas le moment », « trop provocant »,« irresponsable ». Ce sont eux les irresponsables.

Il n’existe pas de moment plus opportun pour défendre la liberté de conscience comme l’un des acquis de la révolution. Si les tentatives d’intimidation contre cette liberté d’expression ne sont pas condamnées et sanctionnées, elles continueront, et la Tunisie ne sera jamais libre. Pas plus qu’elle ne sera en paix si elle renonce à s’émanciper de l’article 1 de sa Constitution, qui fait de l’islam « sa religion ». Ce seul article contient à lui seul toutes les dérives redoutées. Il conforte les partisans de la supériorité d’une religion sur les autres et discrimine les non-croyants. Mais, surtout, il incite les rapaces à foncer sur les hirondelles. Jusqu’à leur épuisement. Et que la Tunisie passe du printemps à l’hiver.

Source: « Le Monde » Le 01-07-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/01/tunisie-les-hirondelles-et-les-rapaces_1543469_3232.html


Tunisie : Nadia El Fani et l’article 1 de la Constitution

Le film controversé de Nadia El Fani a décroché le «prix international de la laïcité». Une journaliste française, profite de l’occasion pour faire l’éloge de la cinéaste et pour s’attaquer à l’article 1 de la constitution tunisienne. Le film Laïcité Inch’Allah, initialement baptisé Ni Allah, ni maître a obtenu, mercredi 29 juin, le prix international de la laïcité, récompensant une œuvre qui a défendu et promu la laïcité. Le comité Laïcité République décerne deux prix de la laïcité, national et international, depuis 1993. Parmi les personnalités récompensées: Isabelle Adjani, pour son rôle dans La Journée De La Jupe et l’Iranienne Marjane Satrapi pour la réalisation de Persepolis. Contactée par l’AFP la cinéaste franco-tunisienne Nadia El Fani s’est déclarée «ravie d’avoir reçu ce prix honorifique» et «espère que ça va servir à faire parler du film». La réalisatrice s’est dite restée «optimiste», avant de souligner «peut-être que dans le secret des urnes, les Tunisiens voteront pour la laïcité». Une journaliste française, Caroline Fourest en l’occurrence, profite de l’occasion pour faire l’éloge de Nadia El fani, et pour s’attaquer, dans le journal Le Monde, dans son édition du 1er juillet, à l’article 1 de notre Constitution. Pour rappel, l’article 1 de la Constitution énonce que «La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain: sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république». Et selon Caroline Fourest, «Ce seul article contient à lui seul toutes les dérives redoutées. Il conforte les partisans de la supériorité d’une religion sur les autres et discrimine les non-croyants».  
Source: « Tekiano » Le 01-07-2011
Lien:http://www.tekiano.com/component/content/article/21-n-c/3993-tunisie–nadia-el-fani-et-larticle-1-de-la-constitution.html
 

 

L’Islam est-il vraiment menacé?


 

ParHajer AJROUDI

Souvent l’on se plaint ou on accuse ces-jours ci les attaques contre l’Islam, au pire de ne rien faire pour le défendre. Des remarques, critiques et suspicions laissent croire que l’Islam est en grand danger, surtout après le film de Nadia Al Fani, et qu’il faut s’armer de son épée, ou alors utiliser son stylo pour le défendre.

 

Mais l’Islam est-il plus critiqué ou plus attaqué et plus en danger qu’il ne le fut durant les deux dernières décennies. Rafraîchissons un peu la mémoire à ceux qui ont la jugeote un peu courte, un peu trop même : barbes et port de voiles interdits, salles de prière fermées dans les campus, mosquées fermées après les prières, les cours dans ces mosquées sont interdits, les assidus notamment de la prière de l’aube étaient épiés et parfois des arrestations en gros… l’Islam n’a jamais été autant menacé, ni les musulmans autant opprimés sur nos terres qu’ils l’étaient durant cette période.  

Alors si ne nous défendons pas l’Islam aujourd’hui, c’est parce que mises à part les théories de complot sionistes et franc-maçon, rien ne menace vraiment les musulmans.

Pourquoi alors ce déchaînement? C’est peut-être que l’on devient susceptible après tant d’années où l’Islam fut « camouflé » et on a peur de laisser une occasion de le réenterrer encore une fois. Où alors queles quelques violences commises à l’encontre d’une salle de cinéma, d’une église, d’une synagogue (…) et la Rouhia également et qui sont jugés émanant d’extrémistes révoltent notre population qui voit en l’accusation à l’encontre de ces extrémiste une volonté de défigurer l’image de l’Islam.

« Il ne fallait pas dire salafistes » et puis « les gens qui ont attaqué le cinéma l’ont fait pour défendre l’Islam insulté chez nous et vous, vous ne faites rien ».

Le tort est fait

Mais si menace existe vraiment et que l’Islam ne se porte pas si bien. Non pas car une réalisatrice a fait un film que tous ceux qui ne l’ont pas aimé, ou aimé le titre s’abstiennent d’y aller, mais à cause de ces visages haineux quand voit parfois dans nos rues attaquant un édifice ou une personne. L’islam durant des siècles a été un espace rassemblant plusieurs savants qui ont aidé à progresser la civilisation arabo-musulmane. Malek Iben Dinar n’a pas été réfuté quant il est passé d’une vie dissolue à celui de savant de la religion, ni Al Ghazali ne s’est vu refuser le statut d’Imam car il a douté et avait passé des années à élucider ce doute, puisque du doute émerge la certitude.

Alors l’Islam n’est pas menacé par un débat sur Nesma, un film – quide plus parle de toutes les religions – ni par un débat entre Talbi et Mourou, au contraire, ça ne peut qu’enrichir le dialogue

Mais l’Islam est menacé par ceux qui refusent la liberté de pensée et surtout par ces personnes qui voudraient voir les Tunisiens confinés à la même image, pensée et tournés vers l’Orient. En effet, on essaye d’effacer tout un siècle de la vie des Tunisiens pour leur imposer une vision de l’Islam propagée par l’Orient. Ces chaînes ont attiré les Tunisiens par un moment où tout ce qui était relatif à la religion fut interdit en Tunisie, pourquoi pas des chaînes ici aujourd’hui qui détourneraient les regards vers la Tunisie et nous sauveront des fatwas frisant souvent le ridicule. Après tout, nous avons nos problèmes, différents de leurs.

Alors ceux qui demandent qu’on défende l’Islam devraient comprendre qu’on ne peut le faire contre ceux qui en débattent, même si le sacré le reste toujours. Mais bien contre ceux qui veulent ramener un Islam rétrograde dans un pays d’intellectuels et surtout qu’on excuse des actes de vandalisme, comme quoi ils furent transcendés par le sentiment religieux, car il est temps de devenir cartésien si l’on veut avancer. Et surtout défendre le vrai Islam, celui de la de la tolérance, d’ouverture et qui a rassemblé différentes confession dans son empire, plutôt qu’un Islam renfermé et qui dessine sur le visage de celui qui l’embrasse la haine et le repoussement.

 

Source: « Le Temps » Le 01-07-2011 Lien:http://www.letemps.com.tn/article-57226.html

Tunisie. Comment Ben Ali a détruit Hammi, son ancien chef des renseignements

Par Ridha Kéfi Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose. Mais il mérite d’être connu et sa mémoire réhabilitée. Chedly Hammi a eu le malheur de croiser la route de Ben Ali, qui l’a broyé. Récit… Par Chedly Hammi alias Mohamed Ali Mahjoubi ou encore Mohamed Larbi Mahjoubi est, comme son nom l’indique, originaire de Hamma, près de Gabès (littoral sud-est). Au lendemain de l’indépendance de la Tunisie, en 1956, le jeune homme du sud a intégré le ministère de l’Intérieur. Il a ainsi côtoyé les détenteurs successifs de ce portefeuille: Mongi Slim, Taïeb Mehiri, Ahmed Mestiri, Béji Caïd Essebsi, Driss Guiga, Tahar Belkhodja, etc. Sa spécialité: les renseignements généraux (écoutes, contre-espionnage…), dont il n’a pas tardé à se voir attribuer la direction générale. Et c’est tout naturellement qu’il a été amené à gérer les différentes crises politiques et sécuritaires que le pays a traversé.

L’ennemi intime des Libyens La première a éclaté au lendemain du traité d’union entre la Tunisie et la Libye, signé à Djerba en janvier 1974. Hammi, qui se méfiait beaucoup du gouvernement révolutionnaire mis en place par le colonel Mouammar Kadhafi quelques années plus tôt, était opposé à ce projet. C’est lui qui en a informé le Premier ministre, Hédi Nouira, alors en mission Téhéran, en Iran, via l’ambassade de Tunisie à Paris, dirigée par Hédi Mabrouk. A l’époque, le nom de Ben Ali, qui était un haut gradé de l’armée, a figuré sur la liste des membres du gouvernement d’union. Avait-il, dès cette époque, des relations secrètes avec Kadhafi ou ses collaborateurs? C’est possible, et même probable. Quoi qu’il en soit, on peut se demander si Ben Ali n’avait pas tenu rigueur à Hammi de s’être opposé à un projet qui le propulsait membre de gouvernement. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les Libyens, à commencer par Kadhafi, n’ont pas apprécié le rôle joué par Hammi dans l’échec du projet d’union. Ils lui en tiendront longtemps rigueur. C’est ce qu’affirme à Kapitalis la veuve de l’ancien directeur général des renseignements généraux, Khadija Hammi, qui nous reçut dans sa maison de La Marsa. Les Libyens n’ont pas apprécié non plus le rôle joué par Hammi au lendemain de l’attaque d’un groupe armé contre la ville de Gafsa, en janvier 1980. Ce groupe était formé de Tunisiens entraînés en Libye et manipulés par les services de ce pays, qui cherchaient alors à déstabiliser le gouvernement de Hédi Nouira, le tombeur – avec l’épouse de l’ex-chef d’Etat, Wassila Bourguiba – du projet d’union. Un homme de confiance de Bourguiba «Mon mari avait procédé à l’arrestation de dizaines de Libyens qui travaillaient pour les services de leur pays à partir de la Tunisie», raconte Khadija. Ce qui n’a pas amélioré l’image de Hammi auprès des Libyens, ces derniers ayant inscrit son nom sur la liste de leurs ennemis intimes en Tunisie. Hammi travaillait directement avec Bourguiba, même à l’époque où Ben Ali avait été désigné secrétaire d’Etat chargé de la Sûreté, puis ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre (1986-1987), et jusqu’à la prise du pouvoir par ce dernier, le 7 novembre 1987. A l’exception d’une courte période durant laquelle Ben Ali avait réussi à l’éloigner des services de renseignement au lendemain de l’attaque de Gafsa – il avait été nommé à la tête du Centre de détention de Bouchoucha (Le Bardo) –, Hammi était resté l’un des hommes de confiance de Bourguiba. Ce qui ne le rendait pas particulièrement sympathique aux yeux de Ben Ali. Il n’a donc pas trempé dans le coup d’Etat médico-légal qui a permis à Ben Ali d’accéder à la magistrature suprême. Il ne l’a pas vu venir non plus, puisqu’il était tenu dans l’ignorance de ce qui se tramait alors entre Ben Ali, Saïda Sassi, nièce de Bourguiba, le général Habib Ammar, l’homme d’affaires Kamel Letaief, cousin de Ben Ali et son futur conseiller de l’ombre. Tripoli demande la tête de Chedly Après le départ de Bourguiba, les relations entre Tunis et Tripoli n’ont pas tardé à s’améliorer. Hammi n’a pas tardé lui aussi à céder son poste, dès le 8 février 1988, à Ali Noureddine. Une semaine plus tard, le 15 février, les relations entre Tunis et Tripoli, rompues depuis 1985, sont officiellement renouées. Les délégations tunisiennes se succéderont en Libye. Et vice versa. La première visite de Ben Ali en Libye, en 1988, sera un succès total. La preuve: Ben Ali est rentré en Tunisie avec une aide financière conséquence pour relancer l’économie du pays en crise, et une promesse d’ouverture des frontières libyennes devant les travailleurs tunisiens. «Les Libyens avaient demandé la tête de Chedly. Mais Ben Ali a préféré temporiser. ‘‘J’ai besoin de le débriefer avant de le limoger’’, avait-il alors répondu à ses voisins», raconte Khadija. Sous Ben Ali, Hammi a été successivement directeur général de la Sûreté nationale, puis Secrétaire d’Etat chargé de la Sûreté nationale. Cette fonction, il l’assumera durant cinq mois, entre mars et août 1990. En cette année 1990, pour se débarrasser d’un homme qui n’a pas montré du zèle à servir ses desseins et qui, de surcroît, ne plaît pas à ses alliés libyens, Ben Ali a fait accuser son ex-secrétaire d’Etat d’avoir trempé dans l’assassinat du leader palestinien Khalil Al-Wazir (dit Abou Jihad), le 16 avril 1988. L’homme est arrêté le jour même de son anniversaire et mis en prison. Les médias sont utilisés pour faire accréditer l’accusation à travers des articles pour le moins expéditifs, visiblement soufflés par les services et, pour cette même raison, non signés. Source: « Kapitalis » Le 01-07-2011 Lien:http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4652-tunisie-comment-ben-ali-a-detruit-hammi-son-ancien-chef-des-renseignements-12.html ________________________________________________________________________________________________________________________________________________  

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