1 octobre 2011

du message

TUNISNEWS
11 ème année, N°4111 du 01.10.2011
archives : www.tunisnews.net

 


L’INRIC met en garde contre l’absence d’un cadre légal régissant le secteur de l’information à la veille des élections

Noureddine Ferchichi: Pouvoirs politiques et pouvoirs économiques sous le règne de la dictature et en temps de démocratie

PANA: Tunisie: L’UE soutient la relance économique Tunisie: L’UE soutient la relance économique

Europe1: La Tunisie se prépare à des élections libres

La Croix: Les électeurs tunisiens ont l’embarras du choix

La Croix: Les islamistes d’Ennahda favoris des scrutins

La Croix: La vie hors du temps du sud tunisien

Tekiano: Tunisie : La controverse Lina Ben Mhenni

COMMUNIQUE

L’INRIC met en garde contre l’absence d’un cadre légal régissant le secteur de l’information à la veille des élections


Tunis, 30 septembre, 2011- L’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC) attire l’attention de l’opinion publique sur la gravité de l’absence d’un cadre législatif et légal régissant le secteur de l’information et des médias alors que la Tunisie s’apprête à vivre les premières élections libres, démocratiques et pluralistes de son histoire.
Compte tenu de l’importance du rôle de l’information dans la réussite de ce processus, l’INRIC appelle tous les partis politiques et toutes les composantes de la société civile à réaffirmer leur engagement en faveur de la défense de la liberté d’expression et leur attachement à asseoir les fondements d’une presse professionnelle respectueuse des règles déontologiques, loin de toutes considérations électoralistes ou de calculs partisans.
Les dérapages que nous constatons actuellement sur les colonnes de certains journaux, les plateaux de télévision et les émissions radiophoniques, dont notamment les invectives, les insultes, les échanges d’accusations, la diffamation et les attaques contre la dignité des personnes sont la résultante du non respect des règles déontologiques et de l’absence d’un cadre légal garantissant l’émergence d’une presse libre et intègre et la promotion de la profession, et favorisant la rupture totale et définitive avec les pratiques anti-déontologiques.
L’INRIC considère que l’absence d’un cadre législatif et légal dans le domaine de l’information est un facteur négatif pour la profession journalistique et ses principes déontologiques et que la responsabilité de relever les défis de la prochaine étape est une responsabilité collective qui engage toutes les parties sans exclusive.
En conséquence, l’INRIC appelle tous les partis politiques, toutes les associations et toutes les parties concernées à assumer leur responsabilité et à appuyer les efforts visant à adopter les textes législatifs nécessaires à l’organisation de la transition démocratique.
L’INRIC appelle également le président de la république et le premier ministre à promulguer les deux décrets-lois adoptés par la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, la Réforme Politique et la Transition Démocratique (HIROR), en vue de garantir le droit du tunisien à une information libre, objective et intègre. L’INRIC estime qu’il est inadmissible que les élections de l’Assemblée Nationale Constituante se déroulent en l’absence d’un cadre légal régissant le secteur de l’information.
L’INRIC appelle aussi tous les candidats aux élections à faire part à l’opinion publique de leur degré de disposition à respecter la liberté d’expression et d’information, après les élections, en tant que principe constitutionnel et en tant que pratique quotidienne ainsi que leur degré d’attachement à défendre ce droit qui a subi durant les deux dernières décennies des violations flagrantes ayant entraîné la destruction des institutions de l’Etat, la propagation de la corruption et le ternissement de l’image et de la réputation de la Tunisie.

Pouvoirs politiques et pouvoirs économiques sous le règne de la dictature et en temps de démocratie.


 
Sous le règne de la dictature, le pouvoir politique domine et asservie tous ceux qui sont sensés détenir le pouvoir économique. Il les met à sa solde par la force en utilisant tout l’arsenal répressif administratif et judiciaire ou par opportunisme de ceux là même en vue de préserver d’une part, leurs richesses et privilèges et pour d’autres part, profiter du système en vue de s’enrichir d’avantage. Ceci a été valable et l’est encore ,sous le règne de toutes les dictatures du monde surtout dans les pays arabes, africains et ceux de l’amérique du sud.
 
Le plus grave est lorsque le pouvoir politique lui même s’accorde tous les privilèges pour asseoir sa domination économique sur le monde des affaires : c’est le prince et son clan qui deviennent commerçants,agriculteurs et industriels et par là même ils s’arrogent de soumettre les lois, les règlements et la justice à leurs volontés et à leurs convenances. Cette situation a prédominé la période de la dictature de Ben Ali .
 
Sous le règne de la démocratie, le pouvoir économique détenu par les opérateurs et les riches prend le dessus sur le pouvoir politique en cherchant toujours à le soumettre à sa volonté et à ses propres intérêts mercantiles. L’exercice de ce pouvoir se fait par de multiples façons : le financement des élections, la détention des moyens de communication et va même jusqu’au chantage sur l’emploi ( risques de délocalisation et renvoi en masse des salariés…). Les détenteurs du pouvoir économique font de telle sorte que toute politique économique et sociale des élus du peuple, doit dépendre du degré d’adhésion de ces derniers à la vision des détenteurs du capital.
 
Ainsi sous la dictature les peuples subissent les méfaits de l’exercice du pouvoir politique en collision avec les opérateurs économiques et en démocratie le pouvoir politique s’affaiblie et perd les moyens de toute politique volontariste pour assurer une équité sociale. Cependant en temps de démocratie, il y’a au moins la liberté d’expression, le contre pouvoir des médias indépendants et de la société civile, la relative indépendance de la justice….
 
Nos élus qui sont appelés à construire les fondements de la démocratie doivent se donner les moyens nécessaires pour éviter au peuple la dictature de la puissance de l’argent et des outils modernes de l’asservissement avec une façade de démocratie et de liberté.
 
Noureddine FERCHICHI

 

Tunisie: L’UE soutient la relance économique


Pana 30/09/2011
Economie – Deux dons de 157 millions d’euros de l’UE à la Tunisie – L’Union européenne (UE) a accordé jeudi à la Tunisie deux dons d’un montant global de 157 millions d’euros pour soutenir la relance de son économie et accompagner la transition démocratique engagée dans ce pays après la chute du régime du président Ben Ali balayé par un soulèvement populaire en janvier dernier.
L’aide européenne intervient à moins d’un mois des élections prévues en Tunisie pour la mise en place d’une Assemblée constituante dont la tâche essentielle sera d’élaborer une nouvelle Constitution pour le pays.
Le scrutin sera le premier à être organisé dans le pays qui a déclenché le ‘printemps arabe’ et devrait être ‘le premier véritablement démocratique depuis l’indépendance du pays’ espèrent les acteurs de la scène politique tunisienne.
Les dons ont fait l’objet de deux conventions de financement signées dans la capitale tunisienne par la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton, et le Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi.
La première fournit un appui de 100 millions d’euros aux mesures de relance économique récemment adoptées par le gouvernement tunisien.
Selon un communiqué de l’UE, elle vise à répondre aux défis auxquels la Tunisie doit faire face, à savoir le chômage, la pauvreté et les inégalités entre les régions à l’origine de la révolte populaire, en plus des atteintes aux droits de l’Homme et aux libertés.
La deuxième convention consiste en une enveloppe de 57 millions d’euros pour aider à la gestion des ressources en eau pour le développement rural et agricole.
L’apport de l’UE vient s’ajouter aux 1,25 milliard de dollars de prêts mobilisés par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence française de développement (AFD).
Les deux documents sanctionnaient les travaux d’une Task force UE-Tunisie réunie à Tunis pendant deux jours avec la participation des principales institutions financières régionales et internationales et un grand nombre d’opérateurs économiques des pays membres de l’UE.
Selon les conclusions de la réunion, plusieurs bailleurs de fonds ont mobilisé une enveloppe totale d’un milliard d’euros pour soutenir le programme de relance tunisien et répondre aux besoins à court terme de la Tunisie.
Le représentant spécial de l’UE pour la Méditerranée du Sud, Bernardino Léon, a annoncé que des négociations vont être amorcées dès vendredi par les deux parties en vue d’asseoir un ‘partenariat privilégié’ Tunisie-UE.
La réunion s’est déroulée en présence de la présidente de la confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey.
Elle a permis également d’aborder la question des avoirs placés ‘frauduleusement’ à l’étranger par les proches de l’ancien régime tunisien.
Toutes les parties ont affiché leur volonté d’œuvrer à accélérer le processus de récupération de ces avoirs au profit du peuple tunisien, malgré la complexité des procédures judiciaires y afférentes.
‘Une Tunisie nouvelle se dessine ouverte, dynamique, prospère et démocratique. C’est un exemple pour toute la région’, a déclaré Mme Ashton lors de la cérémonie de clôture de la rencontre qu’elle a qualifiée de ‘grand succès’.

La Tunisie se prépare à des élections libres


Par Marie-Laure Combes

Ce sera la première élection libre de l’Histoire de la Tunisie. Six après la révolution qui a fait tomber le régime deBen Ali au pouvoir pendant 23 ans, les Tunisiens voteront pour constituer leur Assemblée constituante le 23 octobre prochain. La campagne électorale commence samedi.

1.500 listes validées

Près de 1.500 listes électorales ont été validées par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée d’organiser le scrutin. Les premières statistiques montrent un raz-de-marée des listes indépendantes – 587 listes, rapporte le quotidien tunisien La Presse. Parité oblige, les femmes sont très bien représentées parmi les presque 11.000 candidats. Elles sont même 292 à être têtes de liste. Les jeunes sont également fortement mobilisés : ils représentent un candidat sur quatre.

Du côté des médias, on oscille entre liberté d’expression et respect des restrictions imposées par l’Isie. L’Instance a en effet fixé des règles assez strictes, comme l’interdiction de publier, commenter ou analyser des sondages d’opinion pendant la durée de la campagne. L’Isie justifie notamment cette décision par l’absence de cadre juridique et le manque de culture des sondages dans les organes de presse tunisiens,souligne l’agence de presse belge Belga. Les médias publics nationaux diffuseront tout de même des messages de trois minutes par liste jusqu’au scrutin. Les candidats ne pourront même pas compter sur les médias étrangers pour s’exprimer puisque seuls les médias accrédités pourront couvrir la campagne.

Les islamistes favoris

Le parti islamiste Ennahda semble malgré tout le grand favori du scrutin. Son président a déclaré qu’il était en faveur d' »un régime démocratique basé sur les valeurs de l’islam ». Selon lui, les priorités de son parti sont l’instauration d’un régime parlementaire, la lutte contre le chômage et la corruption, l’indépendance de la justice et le respect de l’égalité homme/femme. Pour rassurer les milieux laïcs, Ennahda s’est engagé à « garantir la liberté de croyance et de pensée » et « les droits des minorités religieuses », et à « préserver les acquis de la femme ».

Le principal enjeu de cette élection est finalement le taux de participation, dans un pays où l’on n’a jamais voté. Les Tunisiens de France se sont en tout cas précipité dans les ambassades et les consulats pour s’inscrire sur les listes électorales. Certains ont même posé des journées de congés pour faire la queue. « On est impatients de voter », avait confié l’un d’eux à Europe 1 en juillet dernier.

(Source: europe1.fr le 30 septembre 2011)

Lien:http://www.europe1.fr/International/La-Tunisie-se-prepare-a-des-elections-libres-745477/


Les électeurs tunisiens ont l’embarras du choix


Le mode de scrutin a encouragé à la constitution de nombreuses listes pour cette première élection libre.

Onze partis ont signé une déclaration commune limitant à un an la durée de l’Assemblée constituante.

 

Dix mille candidats pour 218 sièges à pourvoir ! Les Tunisiens n’ont plus que trois semaines pour faire leur choix parmi les 1 600 listes officielles. À Sidi Bouzid, ville emblématique de la révolution, pas moins de 64 listes sont en compétition : 30 listes de partis politiques parmi les 111 qui ont dorénavant pignon sur rue dans le pays et 34 listes indépendantes qui sont à elles seules une indication de la défiance à l’égard des formations politiques. Le gouvernorat de l’Ariana, jouxtant Tunis, détient le record avec 92 listes !

De quoi y perdre son latin, d’autant que tous se proclament pour la République, la démocratie et le progrès.

Le paysage politique est un véritable maquis. « Il faudra des années pour comprendre le jeu électoral », estime le célèbre avocat tunisien Abdelfattah Mourou qui lui-même participe à brouiller les pistes.

L’ancien cofondateur du parti islamiste Ennahda fait cavalier seul à Tunis en tête de liste de « l’alliance démocratique ». Il se garde bien de dire quels liens il entretiendra à l’avenir avec Ennahda, dont chacun s’accorde à penser qu’il sortira forcément vainqueur du scrutin du 23 octobre.

Trois partis de l’opposition historique

Outre Ennahda, seuls quatre partis présentent des listes dans les 27 circonscriptions. Tout d’abord les trois partis de l’opposition historique à l’ancien régime. Le PDP (Parti démocrate progressiste) d’Ahmed Néjib Chebbi, qui s’oppose ouvertement à Ennahda ; le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL rebaptisé « Ettakatol » – « Forum ») de Mustapha Ben Jaafar, social-démocrate, sorte de PS tunisien ; et le Pôle démocratique moderniste, constitué de petits partis qui ont formé une coalition avec Ettajdid, l’ex-Parti communiste. À cela s’ajoute le Congrès pour la République (CPR), de Moncef Marzouki, opposant historique réfugié en France, qui rassemble des militants des droits de l’homme.

Ils sont talonnés par le PTT, Parti du travail tunisien d’Abdeljelil Bedoui, qui s’appuie sur le puissant réseau syndicaliste de l’UGTT, acteur majeur de la révolution. « Si Ennahda fait un très gros score, ces différents partis de gauche et centre gauche devraient se rapprocher », estime un diplomate.

Reste la variable des « RCDistes », les anciens du RCD, ex-parti au pouvoir aujourd’hui dissous, que l’on retrouve dans plusieurs partis, notamment ceux des anciens ministres Kamel Morjane (L’Initiative) et Mohamed Jegham (Al Watan, « la patrie »).

Engagements en matière des droits de l’homme

Pour que le premier vote libre ne soit pas un grand saut dans l’inconnu, 11 partis représentés dans la Haute Instance de la réforme politique, ont signé le 15 septembre une « déclaration du processus transitoire », feuille de route dans laquelle ils s’engagent notamment à limiter à un an la durée de l’Assemblée constituante. Seul le CPR s’est étonnamment retiré de cette décision collective.

Amnesty International a publié mardi 27 septembre un manifeste pour que les partis prennent 10 engagements en matière de droits de l’homme. Vingt-neuf partis ont déjà signé la charte qui les engage à réformer la justice et la police et lutter contre les violences et discriminations.

« Neuf autres partis ont accepté sept des dix engagements, précise Lotfi Azzouz, le directeur d’Amnesty International Tunisie. Malheureusement la lutte contre les discriminations, l’égalité homme-femme, font débat pour certains partis. » La position des différents partis sera rendue publique une semaine avant le scrutin.

 

 
MARIE VERDIER
(Source:_ La Croix le 29 septembre 2011)

Les islamistes d’Ennahda favoris des scrutins


La forte popularité du parti religieux, légalisé depuis le 1er mars, inquiète les milieux intellectuels et laïques tunisiens.

 

Quand la voix s’est élevée, récitant un verset du Coran, les militants d’Ennahda – hommes d’un côté, femmes de l’autre – se sont tus. Puis ils ont longuement applaudi leur leader, Rached Ghannouchi. Ce 14 septembre, à Tunis, il présentait le programme du parti islamiste en vue de l’élection de l’Assemblée constituante. « Avec Ennahda, le futur de la Tunisie sera grand », s’enthousiasmait Rahna Madiouni, une étudiante en informatique de 22 ans.

Depuis sa légalisation le 1er mars, après des années de répression sous l’ancien régime, le parti, né en 1981, a pris de l’importance : il est aujourd’hui le favori des prochaines élections. Les sondages – à la fiabilité incertaine, l’exercice étant nouveau en Tunisie – le créditent de 20 à 25 % des voix, loin devant ses concurrents.

Une popularité acquise, dénoncent certains, par des méthodes clientélistes. L’économiste Abdeljelil Bedoui accuse le parti de « payer des factures d’électricité » ou d’« aider à l’organisation des mariages ». Ennahda serait aussi lié à des organisations caritatives, qui assureraient sa promotion via leurs actions de terrain.

Proximité idéologique avec l’AKP

Le poids d’Ennahda suscite beaucoup d’inquiétude dans les milieux intellectuels et laïques, où l’on craint qu’une Assemblée constituante dominée par les islamistes ne mène à « une Constitution gommant les avancées de la Tunisie en matière de libertés individuelles », dit le militant des droits de l’homme Salah Zeghidi.

« Nous n’avons pas l’intention de chambouler le modèle de société », affirme Samir Dilou, membre du bureau exécutif d’Ennahda, qui souligne que le parti s’engage à « garantir la liberté de croyance et de pensée ». « Nous souhaitons concilier valeurs arabo-musulmanes et universelles », abonde son collègue Ajmi Lourimi.

À ceux qui mettent en garde contre une possible confiscation du pouvoir, Ennahda répond vouloir « travailler avec toutes les parties » et plaide pour la formation d’un gouvernement d’union nationale après l’élection de la Constituante. Ses dirigeants ne manquent pas une occasion de revendiquer leur proximité idéologique avec l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie.

« Ambiguïtés »

Mais certains observateurs dénoncent le « double discours » d’Ennahda. Pour Saloua Charfi, universitaire et spécialiste du discours islamiste, ses dirigeants « tiennent à leur base un tout autre langage, plus proche de la rhétorique islamiste classique ».

Elle relève aussi les « ambiguïtés » du programme du parti, qui promet de « préserver le statut de la femme » en Tunisie, très avancé par rapport au reste du monde arabe, mais aussi « d’endiguer les causes du divorce », sans préciser ses moyens d’action.

« Le discours progressiste est-il une façade destinée à rassurer, ou le discours radical un calcul pour ne pas perdre une base conservatrice ? », s’interroge l’universitaire. Sans reconnaître de double discours, Ajmi Lourimi explique que « les dirigeants du parti sont plus progressistes que la base des militants ».

Une hétérogénéité que confirme Slaheddine Jourchi, politologue et ancien militant islamiste. « Le mouvement comprend une frange réformiste, des courants proches des salafistes, et nul ne peut présager de l’évolution du rapport de force entre les uns et les autres. »

 

 
Camille Le Tallec, à Tunis
(Source:_ La Croix le 29 septembre 2011)

La vie hors du temps du sud tunisien


Nul besoin d’être un grand sportif pour goûter aux charmes du désert tunisien, de ses villages troglodytes et de ses oasis, dans la douceur de l’automne.

De la terrasse du gîte Kenza, la vue est magnifique : juste en face, le ksar, citadelle en ruine, est juché sur une butte, où les habitants stockaient, jadis, des réserves alimentaires et des biens de valeur. En cas d’attaques (et elles furent nombreuses, de l’époque romaine jusqu’à la conquête arabe au XIIIe siècle), il servait de refuge, comme tous les ksour du sud de la Tunisie.

À ses pieds, des maisons troglodytes abandonnées. Toutes se cachent derrière des façades de pierre rousse, aux ouvertures béantes. Un peu à droite, la mosquée, toute blanche.

Plus bas, d’autres maisons, encore habitées, se remarquent à leurs portes de couleurs vives. Quasi désert aux heures chaudes du jour, le vieux village de Chenini, encore habitué par une cinquantaine de familles, s’anime aux premières heures du matin.

Les écoliers filent en riant. Quelques jeunes fument une cigarette et bavardent devant un pressoir à huile désaffecté, d’autres descendent, en chevauchant leur bourricot, les ruelles empierrées accrochées à flanc de collines. Trois femmes couvertes d’un long voile pastel passent. Une autre, vêtue de foncé, distribue à boire à ses chèvres devant sa porte.

LA VIE SEMBLE HORS DU TEMPS

Ici, la vie semble hors du temps. Pourtant, en contrebas, un restaurant à trois étages accueille des fournées de touristes venus dans des cars énormes. Sur les hauteurs, le gîte Kenza préfère les voyageurs en quête de tranquillité et d’authenticité.

Sa cuisine, traditionnelle, est goutteuse. Ses chambres installées dans des grottes aménagées dans le style local, sont dotées de toutes les commodités. L’eau qui court depuis le réservoir du village, est chauffée par panneaux solaires. De là, ceux qui veulent profiter du désert, peuvent se lancer dans de belles randonnées.

Évidemment, cela se mérite. Une fois arrivé à Djerba où atterrissent les avions, il faut emprunter la voie romaine qui relie cette île au continent, ou si l’on préfère, prendre le bac, puis filer droit au sud, vers les montagnes du Dhaer.

On longe d’abord des champs de piments d’un vert insolent et, surtout, des étendues d’oliviers poussiéreux. Ici et là, des arbres fruitiers : ils deviennent de plus en plus rares à mesure que le sable et les cailloux prennent le dessus. La saison des pistaches est finie, celle des grenades bat son plein, celle des dattes débute.

« EN TUNISIE, NOUS AVONS TROIS SORTES DE DÉSERT »

Après trois heures de voiture, on aborde Tataouine, seule ville importante (70 000 habitants) du grand sud. Proche de la Libye, elle a vu affluer, à l’été, des milliers de réfugiés qui, depuis, sont, en majorité, repartis. Subsistent des étalages où se vendent des drapeaux aux couleurs de la révolution libyenne.

À Tataouine, on trouve, paraît-il, les meilleures « cornes de gazelle » du pays : fourrées aux amandes, trempées dans le miel liquide… Ici, jadis, les habitants vivaient de la culture du blé et des oliviers. Avec l’aggravation de la sécheresse et l’avancée du désert, la majorité des hommes doit aller travailler en Libye ou en France.

« S’il tombe 70 millimètres d’eau dans l’année, c’est bien ! »,précise, philosophe, Mohamed. Ce guide vient de Nouaiel,« le dernier village avant le désert ».Intarissable sur les études de ses six filles, cet amoureux de littérature, arabe notamment, connaît la région.« En Tunisie, nous avons trois sortes de désert :le reg, désert de cailloux comme ici, à Chenini ; l’erg, le désert de dunes,et au milieu, le désert de steppe. » « Nous avons aussi, reprend-il,plusieurs sortes d’oasis. À Chenini, c’est une oasis de montagne. »Minuscule, peu entretenue, les palmiers y font pâle figure.

DES RANDONNÉES PONCTUÉES DE PETITS VILLAGES BLANCS

D’octobre à mars, lorsque la chaleur se fait moins forte, Mohamed emmène les touristes marcher sur les hauteurs. Ces randonnées ne sont pas difficiles et, de la corniche de Chenini, le regard porte loin. À une étendue de sable et de cailloux succède une autre, chacune ponctuée de petits villages blancs.

En marchant sur la corniche, on découvre la richesse de la vie dans le désert : moineaux, fennecs, lézards, genêts, thym, armoise… En trois petites heures, on atteint le village troglodyte de Douiret. Seul le vieux Khaded, un éleveur de chèvres, s’y accroche encore, avec sa famille. Et aussi Raouf qui transforme en gîte la maison de ses ancêtres.

Pour découvrir le village pittoresque mais aandonné de Ghermassa, en haut de son piton rocheux, il faut redescendre dans la plaine, traverser le nouveau Chenini (un petit millier d’habitants), et reprendre la route du nord.

UN DÉTOUR S’IMPOSE PAR LES VILLAGES PERCHÉS DE ZAHRA ET OUALED SOLTAN

Plus loin, on s’arrêtera à Toujane où les femmes tissent de splendides tapis sur des métiers traditionnels et vont encore chercher l’eau, très loin, avec des jerricans.

Avant de quitter le sud tunisien, un détour s’impose par les villages perchés de Zahra et de Oualed Soltan. Tous deux possèdent d’étonnants greniers, antérieurs à la conquête arabe.

En pierres enduites à la chaux, ils servaient à entreposer le blé que les habitants, des Berbères, se procuraient dans le Nord en échange de dattes et d’huile d’olive. Pendant des siècles, ces précieuses denrées ont ainsi été protégées des fréquentes razzias. Des temps troublés qui sont bien loin.

Source: « La Croix » Le 30-09-2011

Lien:http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Loisirs/Voyages/La-vie-hors-du-temps-du-sud-tunisien-_NG_-2011-09-30-717879


Tunisie : La controverse Lina Ben Mhenni


Que Lina soit Nobelisable est un couronnement pour toute la génération Facebook. Mais tout le monde ne l’entend visiblement pas de cette oreille. Il parait que les chemins divergent…quand les héros sont fatigués. Et la polémique n’en finit pas de gonfler.

Lina Ben Mhenni, tout récemment promue nobélisable suscite désormais la plus vive des polémiques sur le Net. Des dizaines de pages Facebook, l’ont dans le collimateur. Quelques heures à peine, après la diffusion de la nouvelle, des pages Facebook comme, L’Union des Admins,Kooora Tunisie ou encore News Of Tunisia ont immédiatement réagi en lançant une campagne de dénigrement contre Lina Ben Mhenni. La blogueuse a dû essuyer une série d’attaques la visant personnellement. Certains se sont même attaqués à sa manière de s’habiller, comme si le look était le critère déterminant pour le Nobel.

Les admins tombés de la dernière averse prennent d’assaut leurs claviers, pour descendre en flamme ce petit bout de femme. Aussi dérisoire que facile, maintenant que le bâillon s’est déchiré et que les masques sont tombés. Mais Lina, la «Tunisian Girl» n’en a cure, et poursuit son petit bonhomme de chemin, sans fanfaronnades. «Je suis consciente que cette distinction, au cas où elle me sera attribuée, va récompenser les efforts de tous les jeunes qui ont contribué dans l’aboutissement de notre Révolution» a-t-elle soulignée dans un entretien accordé à Mosaïque Fm. Un couronnement pour la génération Facebook, en quelque sorte. Mais tout le monde ne l’entend visiblement pas de cette oreille.

Et ça déboule…quand les héros sont fatigués!

Pourtant, il fut un temps pas si lointain où les blogueurs de Tunisie faisait front commun contre la dictature. Des personnages comme Yassine Ayari, Slim Amamou, Azyz Amami et Lina Ben Mhenni, étaient soudés, emportés par un rêve commun. Mais il parait que les chemins divergent…quand les héros sont fatigués. Lina Ben Mhenni s’est d’ailleurs indignée contre cette situation dans une série de trois vidéos qu’elle a publiées sur la page Facebook de son Blog. On regrettera tout de même que les amis, autrefois réunis dans l’adversité aient fini par choisir, parfois, des camps opposés. Mais après tout, la Révolution a eu aussi lieu pour garantir la liberté d’expression et d’opinion. Défendable, et même louable. Mais gare aux dérapages. Parce qu’au final, les insultes, les expressions dégradantes, n’avilissent véritablement que leurs auteurs.

Source: « Tekiano » Le 30-09-2011

Lien:http://www.tekiano.com/ness/20-n-c/4332-tunisie-la-controverse-lina-ben-mhenni.html

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