1 janvier 2012

 

 

TUNISNEWS
11 ème année, N°4203 du 01.01.2012
archives : www.tunisnews.net

 


APS: Le gouvernement tunisien examine avec le patronat les pistes d’ancrage de la paix sociale

Assabilonline: Arrivée incognito de Béchir Besnoun en Tunisie

Faouzi Bellalouna: Un gouvernement, enfin !

Mouwaten Kareem: Colères Citoyennes 160

Kamel Mahdhaoui: L’impasse et les sacrifices

Sadok Belaid: Et maintenant, qu’allons-nous faire ?
 


 

Le gouvernement tunisien examine avec le patronat les pistes d’ancrage de la paix sociale

 
 
(APS) samedi 31 décembre 2011 16 : 40
 
TUNIS- Le gouvernement tunisien a examiné samedi avec le patronat tunisien les moyens d’ancrer la paix sociale au sein des entreprises tunisiennes.
Mme Bouchamaoui, présidente de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) a indiqué dans des déclarations à la presse qu’elle a examiné avec M.Hamadi Jebali, Chef du gouvernement, les moyens à adopter en vue d’ancrer un climat de paix sociale au sein des entreprises tunisiennes.
 
La première responsable du patronat tunisien a ajouté que son entretien avec le Premier ministre a permis, ainsi, d’examiner les moyens à promouvoir pour mettre fin aux sit-in et aux grèves « arbitraires » qui ont eu de mauvais impacts sur les entreprises économiques.
 
Elle a ajouté qu’elle a fait part, au cours de sa rencontre avec M Jebali, de « la disposition de l’organisation patronale à s’asseoir à la table de négociations avec toutes les parties pour discuter des volets sociaux au sein des entreprises économiques ».
 
Mme Bouchammaoui a indiqué avoir insisté, lors de cet entretien, sur la nécessité « de mettre fin à la vague de grèves anarchiques et de sit-in qui ont eu lieu dans toutes les régions du pays et qui ont poussé plusieurs entreprises étrangères à fermer leurs portes ».
 
La responsable a fait savoir que M.Jebali a promis d’instaurer des mesures urgentes au profit des secteurs économiques les plus affectés.
 
Elle a ajouté que le Chef du gouvernement va s’entretenir, lors d’une « deuxième rencontre sectorielle », avec les représentants de l’UTICA pour « identifier des solutions » aux problèmes rencontrés actuellement.
 
Ces démarches interviennent dans un contexte de détérioration de la situation économique du pays découlant de la paralysie des activités par les protestations sociales. Incapables d’honorer leur engagements sur le marché mondial, prés de 120 petites et moyennes entreprises étrangères ont du fermer leurs portes.
 
Le président tunisien, M. Moncef Marzouki avait averti que « les sit-in et le blocage de l’accès aux entreprises constituaient un suicide collectif qui menace le pays de naufrage » appelant les protestataires à une trêve sociale de six mois après laquelle ils pourront « demander des comptes au gouvernement ».

 

Arrivée incognito de Béchir Besnoun en Tunisie

 
Assabilonline, Tunisie
 
Béchir Besnoun, prisonnier tunisien, est arrivé vendredi 30 décembre en Tunisie en provenance du Mali. Il avait été condamné à mort avant d’être grâcié par le président malien qui avait promis de le remettre aux autorités tunisiennes.
Selon son avocat, Maître Hatem Chelghoum, Besnoun a atterri en Tunisie à sept heures et demie du matin à l’aéroport international de Tunis Carthage. L’opération a été menée dans le plus grand secret entre les autorités sécuritaires maliennes et tunisiennes.
 
Selon la presse, Béchir Besnoun aurait été présenté au Procureur de la République qui aurait émis un mandat d’écrou à son encontre.
31-12-2011
 
(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Un gouvernement, enfin !

L’annonce officielle du premier gouvernement dont la légitimité émane d’un scrutin démocratique s’est enfin faite ! L’exclamation « enfin !» a toute sa place dans cette périphrase car, qui de nous n’a ressenti une impatience et un certain malaise de voir une gestation aussi difficile de ce premier gouvernement démocratique de l’histoire récente en Tunisie… et Dieu sait que je pèse mes mots lorsque je ne suis pas en colère citoyenne !

Un premier malaise provient de la lecture de la composition de ce gouvernement, maintes fois annoncée, où figurent des noms peu connus dans les cercles militants, et dont les nominations ressemblent à des « faits des princes »… et je me remémore alors avec raison le refus poli du parti à l’appel de membres de ‘’l’opposition’’ actuelle à former un gouvernement de « technocrates » et « d’intellectuels », car nous ne voyons de légitimité aux militant(e)s, qu’émanant de luttes pour la dignité et/ou de la représentation populaire et/ou… voir plus loin. Ce gouvernement a, hélas, vu passer des « technocrates » entre les mailles du filet de cette logique ; gouvernement dont, il est vrai, on ne maîtrise pas entièrement la composition…

A propos, je pense que la défense de la « technocratie intellectuelle» par ces membres est tout à fait naturelle au vu de son ‘’noyautage’’ par ces partis… On l’a en tout cas, clairement constaté au gouvernement composé par Monsieur Ghannouchi quelque peu après le 14 janvier, ainsi que dans cette « technocratie » de nos media.

D’autre part, d’aucuns ne peuvent qu’être dubitatifs, voire malaisés, quant à l’appellation ‘’gouvernement d’entente nationale’’, affirmée par notre parti ; devant ces tiraillements, ces tergiversations observées tout au long de cette grossesse difficile. Un sentiment de malaise diffus émane aussi de ce fait de voir ces négociations serrées qui ont enfanté ce gouvernement, trop « serrées » pour émaner d’une quelconque entente… Surtout après celles que l’on a vues à propos des hautes responsabilités de l’état, frisant parfois les querelles d’égos. Mais, ‘’à quelque chose, malheur est bon’’, car je ne vois pas quelqu’un d’autre que le Camarade Ben Jaafar, diriger les débats de l’Assemblée Constituante avec autant de tact, de dignité, d’ouverture et de fermeté, nécessaires à son bon déroulement… Ces négociations serrées autour de la composition de l’équipe gouvernementale n’ont pas été ‘’jolies-jolies’’ à voir, surtout au vu de ces fuites, savamment distillées dans la presse, au vu de cette apparence, peu ‘’jolie’’, de négociations de positions et non autour d’un programme gouvernemental d’urgence ou de projet politique visionnaire… et l’on ne peut alors qu’avoir à l’esprit cette question : « Pourquoi cela après cette mobilisation du peuple, éclatante, historique, que l’on a vu le 23 octobre ? ». « Pourquoi ne sommes-nous pas à la hauteur de ces événements historiques ? Surtout après ce passage à côté de l’histoire, et tout ce temps perdu, le 15 janvier, par ces gouvernements ‘’Ghannouchi 1’’ et 2 !». « Que fait-on depuis le 24 octobre, si ces positions que l’on ‘’négocie’’ depuis ont été si mouvantes à la fin, aussi bien entre les trois partis de l’entente, qu’à l’intérieur de chacun d’eux ? »… Bien que j’aie constaté peu de ‘’remous’’ dans Ennahdha, dont les militant(e)s auront prouvé leur ‘’discipline’’ à cette occasion, en tout cas à mon su !… discipline due, peut-être, à leur plus fort sentiment d’appartenance, ce parti ayant, je crois, vu peu de nouveaux arrivants dans ses rangs !… ou à leur discipline naturelle !…

Messieurs, il aurait fallu nommer un gouvernement resserré ; composé, non exclusivement, par des membres des bureaux politiques des trois partis de l’entente, appartenance dont découle naturellement leur légitimité à cet honneur d’être de ce gouvernement historique… en principe. Cette légitimité découle, à mon sens, de trois lignes possibles :

Celle des Bureaux Politiques des trois partis de l’Entente, dont la légitimité est évidente.

Celle des membres des « ceintures de sécurité » de ces trois partis ; de ces personnalités dont la légitimité politique ou citoyenne est incontestable ; parmi les rangs de la société civile, engagée et représentative ; des gens qui ont l’expérience des structures démocratiques, car comment représenter les gens, si on ne les a pas assidûment côtoyés ; des gens qui ont un vécu de luttes, car ce premier gouvernement sera vraiment un gouvernement de luttes ; des gens qui se dévouent pour servir le pays et non point un quelconque ‘’plan de carrière’’, ou qui se bousculent au portillon des honneurs de la République, honneurs qui ne viennent naturellement qu’aux militant(e)s…

Enfin, cette légitimité de gens qui ont la confiance de l’un des trois Bureaux Politiques qui disposent, eux, de la légitimité démocratique. Cette « légitimité de confiance » est, à mon sens, entière car elle émane de la direction qui représente le parti, en qui les membres du parti se doivent d’avoir confiance, en dépit de leurs différences, naturelles. Cette légitimité se doit évidemment d’être renforcée par la compétence et l’engagement de celles et ceux qui disposent de cette confiance…

Ces affirmations d’opinions, générales, s’adressent plus particulièrement aux militant(e)s de mon parti qui ont contesté les récentes nominations par le parti, au gouvernement ou sur les listes de la Constituante, car ces actes et décisions politiques, se font sur une trame d’expérience politique, de maîtrise des enjeux du moment et de profonde connaissance de l’intérêt du parti et de celui du pays… Il va sans dire que ces décisions se prennent en étroite concertation avec la base militante ; et que, même si cette concertation n’a pas été optimale, ceci doit relever plutôt de la compréhension d’une gestion de l’urgence que d’un déni de confiance en la perspicacité de sa direction élue… C’est le b a-ba de toute action politique positive, à l’intérieur de tout parti, que d’avoir confiance en sa représentation !! Donc, Camarades, un peu de décence, s’il vous plaît ! … Bien sûr, la contestation des décisions est un signe de bonne santé démocratique, à condition qu’elle soit exprimée à l’intérieur des structures du parti, peu agissantes il est vrai… Fin de la « leçon » de sciences politiques, de moi, qui déteste tellement en recevoir, des leçons !… Ou plutôt non ! Il arrive aussi au Bureau Politique de faire des erreurs de casting… Comme celle de l’intronisation de cette dame, qui a mordu la main qui l’a nourrie dès sa brutale chute aux élections de la Constituante, et regagné illico l’espace qu’elle partage avec les 0,0x% ; ou celle de ce « néo-camarade », si médiatique, qui a tellement semé la zizanie dans le parti, qui a tellement pris à contre-pied l’opinion dominante de ses militant(e)s qu’on se demande pour qui et pourquoi il roule !! Il reste qu’il est fort heureux que son influence au parti soit inversement proportionnelle à son butinage médiatique ; et qu’il s’est considérablement assagi à la sonnerie de la fin de la récré, qu’on lui a signifiée… Tout cela à cause de nos urgences !? Ah, l’urgence !

Revenant à un certain sérieux dont ne doit se départir cette contribution, et à propos de la composition de ce gouvernement, une divine surprise m’a été la nomination de monsieur Hassine Dimassi, au Ministère de l’économie. Figure peu médiatique, homme de la gauche populaire, économiste du développement, figure emblématique des experts de l’UGTT, il s’est toujours opposé à ce libéralisme sauvage qui nous a envahi et tant fait de mal au pays, sous la dictature. Rappelons au passage, que monsieur Dimassi a été nommé au gouvernement Ghannouchi 1, sur le ‘’contingent réservé’’ à l’UGTT, nomination qu’il a refusée, à l’instar des Camarades Ugététistes Anouar Ben Kaddour et Abdeljelil Bédoui, et du Camarade du Parti, monsieur Mustapha Ben Jaafar… On sait ce qu’il advînt de ce gouvernement et de celui qui l’a suivi ! Il reste que la nomination de monsieur Dimassi par notre parti m’a rasséréné quant à la relation organique de notre parti avec la centrale syndicale. Que cela perdure ! Ce partage transparent de valeurs est encore plus corroboré par la nomination du Camarade Khelil Ezzaouia, membre du Bureau Politique et Secrétaire Général du Syndicat des Médecins Hospitalo-Universitaires, au Ministère des affaires sociales, et aujourd’hui interlocuteur direct de la centrale syndicale, ne faisant ainsi que « traverser la rue »… Avouez que ça en bouche un coin ! Ce que seule aurait pu faire en Tunisie ; cette révolution historique, de la Dignité des Citoyen(ne)s et des Travailleur(e)s !

Le fil de ce papier m’amène à cet épisode malheureux, qui a secoué le parti et le pays, qu’est « l’affaire ! » du Camarade Khayam Turki, proposé à l’origine par le parti au Ministère de l’économie. Le parti a eu à cette occasion l’honorable position de principe, de défense de l’honneur de son candidat, ainsi que celui du parti, confondus à cette occasion.

Au-delà de l’aspect « sombre » du problème, que ne connaissent que les plaignants pour l’instant, je voudrais m’élever contre les accusations d’ingérence ou autre que le parti aurait subie ; et rappeler que c’est le Camarade Khayam Turki qui a choisi de se mettre en retrait pour affûter ses armes de la défense de sa probité et de son honneur, combat pour lequel tous-toutes les membres authentiques du parti le soutiennent totalement et refusent de voir touchée son intégrité morale. Je pense que le Camarade Khayam Turki est convaincu, à raison, de cet engagement et de cette confiance, d’une part ; et, d’autre part, qu’il serait inacceptable pour notre nouvelle république naissante, de voir un Ministre de la République affronter un contentieux d’affaires, privé, dans un poste aussi sensible.

Pour ma part, je me permets de dire au Camarade Khayam Turki que c’est dans ce genre d’épreuves que se forgent les Hommes (et les Femmes !), surtout dans ce monde impitoyable de la vie publique, où l’on se doit d’avoir une vie transparente. Maintenant, le Camarade Khayam Turki se doit du prendre du recul, d’affûter sa ligne de défense, que j’espère cinglante ; et l’assure, osant m’exprimer au nom de ces Militant(e)s, de notre vigilance, de notre veille militante jusqu’à ce que sa dignité bafouée lui soit entièrement rendue.

Je voudrais lui dire, moi qui le connais peu, l’opinion que j’ai de lui ; qui est celle d’un homme d’honneur, modeste dans sa visible probité, engagé pour une lutte de longue haleine de voir notre pays accéder au rang des démocraties pérennes. Je voudrais lui dire aussi, qu’après cette phase de retour-sur-soi et de défense de son honneur, de profiter de ce « temps mort » dans son action, pour mieux connaître et se faire connaître du parti, de labourer ses sections, d’acquérir cette profondeur militante de l’intérieur du parti ; expérience qui, alliée à sa jeunesse et à sa valeur intrinsèque, ne pourra qu’être capitalisée pour son action au service du parti. En lutte, Camarade Khayam.

Je voudrais, pour finir, énoncer pêle-mêle au gouvernement le souci et les aspirations d’un citoyen ordinaire, se sentant scruté par l’histoire, et se voulant à la hauteur de ce défi…

Je pense qu’une des urgences du gouvernement ; avec d’autres, tellement nombreuses, économiques, sociales, politiques… est celle de libérer enfin l’Information de ses carcans hérités de la dictature, de rendre enfin nos media au peuple, d’éradiquer de nos chaînes publiques ces postures intellectualistes de pacotille, qui prétendent nous dicter ce que l’on doit penser des faits et des choses…

On a vu, à titre d’exemple, la Nationale 1, adopter ces mêmes postures, parachutées du privé… On a vu des figures qui respirent l’intelligence, qui ont une belle posture de langage, qui frise le maltais (on entendrait presque sur la Une « Wezaret l’affariyet el barrania !) que je vois si peu dans le peuple ! Il faut dire que ce phénomène est bien connu, en ces temps de cette autre dictature qu’est le libéralisme sauvage : On crée du privé, on fait par le privé, puis on aligne… le public sur le privé ! Le nivellement par le bas, à l’état pur…

Je crois qu’il urge maintenant de mettre en place un « haut conseil des media », une structure pérenne et indépendante ; qui ferait adopter une charte assignant à une morale déontologique nos organes d’information, de toutes sortes ; à même de faire réconcilier les Citoyen(ne)s avec l’information, libre et non dictée. Il va sans dire que devra y être associée une autre structure de vigilance citoyenne, où seraient représentées les composantes de la société civile, représentatives ; et ce, afin de faire que l’action de ce conseil des media découle vraiment d’une approche démocratique.

Une autre urgence me semble être cette réponse à ce message de détresse sociale de nos régions et classes sociales « déshéritées » qu’a été le vote du 23 octobre ; vote qui a fait que ce courant populiste, qui a surfé sur cette détresse sociale, en bon pompier-pyromane, soit le troisième ‘’parti’’ de Tunisie. La honte ! Un plan économique d’urgence devra ainsi être mis en place, par un engagement de l’état et des incitations fiscales, afin d’y créer des emplois et des services publics, éducatifs, de santé, agricoles, culturels… à même de désenclaver ces régions de la vie socio-économique du pays… en attendant d’y créer, à moyen terme, des pôles universitaires assurant la pérennité de ce développement…

Ce plan pourrait s’insérer dans ce nouveau contrat social que vous proposez au pays, dont une autre disposition devra être celle qui redonnerait leur dignité aux Travailleur(e)s de notre pays, interdisant à jamais ces sévices des patrons-voyous, qui ont tant proliféré sous la dictature. Je citerais, à titre d’exemple, cette affaire de l’usine japonaise d’Oum Larayès, qui a mis la clé sous la porte, sans crier gare… Tout le pays bien-pensant a alors mis cela sur le compte des « sit-in’s qui se sont multipliés », de « l’irresponsabilité de l’UGTT »… ! L’UGTT ! L’UGTT qui a tant défendu votre dignité ! L’UGTT qui défendra toujours vos droits, même si vous n’en voulez pas ! L’UGTT, pour laquelle la lutte farouche pour le Travail Digne et Honorable, est génétique ! L’UGTT, messieurs !… Il se trouve que les Travailleur(e)s de cette usine n’ont pas de représentation syndicale !… Et c’est peut-être pour cela qu’ils-elles ont été si maltraité(e)s !

On a ainsi poussé des cris d’orfraie à la fermeture de cette usine et d’autres, sans s’interroger aucunement pour certains, ou le feignant pour d’autres, sur les soubassements de ce phénomène, qui serait ‘’récent’’, ‘’concomitant à la révolution’’, ce qui est complètement faux… Messieurs, sous la dictature, l’information était sous les verrous, et les gens qui ne recherchaient pas l’information n’en étaient pas informés. Voilà tout !..

On a ainsi fleurir sur facebook des réparties du style : « M6 remercie l’UGTT pour son dévouement à la cause maghrébine, par ce transfert des usines au Maroc, qui ferment en Tunisie »… Proprement ignoble à l’égard du Travail !

Celles et ceux qui profèrent ce genre d’insanités ont-ils seulement connaissance d’une rubrique qui s’appelle « Droits des Travailleur(e)s !? Ne se posent-ils-elles pas la question que nombre de sous-traitants dans nos murs le sont surtout pour un moins-disant social et une « main-d’œuvre plus docile » !? Ces multinationales et ces patrons, voyou(e)s, qui s’enrichissaient sur le dos des Travailleur(e)s, qu’ils spoliaient de leurs droits élémentaires, ont tout simplement pris la fuite, se sentant soudain en danger, à la fuite du dictateur-bandit qui assurait leur protection, à coups de ces matraques, non moins voyou(e)s.

Accepterions-nous cela, en notre pays, après cette révolution pour notre dignité ? Non, messieurs-dames, ceci est inacceptable !

Il importe ainsi, à ce premier gouvernement légitime, de mettre en place ce nouveau plan de développement économique et social, soucieux des richesses du pays et, en premier lieu, de sa richesse humaine. La présence de monsieur Hassine Dimassi, à son pilotage, ne peut que rassurer sur son devenir.

Achouddou ‘ala ayadikoum.

Faouzi Bellalouna

Universitaire, Syndicaliste

 
 

Colères Citoyennes 160

I. Décidément invétérée !

L’autre soir en zappant je tombe sur le ‘’talk-show’’ sic, de cette décidément invétérée Nessma, endormi par son inénarrable Sofiene Ben Hamida, qui réunissait plus d’un 0.0%, à commenter le nouveau gouvernement élu et les travaux de la Constituante (Ah ! si on en avait fait partie, vous auriez vu ce que vous auriez vu…)… Pour conclure ce « débat » ronflant, Monsieur Ben Hamida a l’outrecuidance de crier (déjà !?) au danger qui plane sur leurs libertés ; avec pour exemple étayant son argumentaire, je cite : « Pensez donc ! Aujourd’hui, (c’était y avait deux-trois jours, monsieur !) deux syndicalistes sont passés en justice à cause de leurs idées ! »… Il parlait de cette plainte que subissent les Camarades Sami Tahri et Ghassen Ksibi qui, croyez-moi, n’ont pas besoin qu’on les défende ! Et surtout pas par ce genre de « structures » médiatiques… Achouddou ‘ala ayadikoum, Camarades !… Voyez ces amalgames insidieux ! Faire endosser la responsabilité des agissements de monsieur Taieb Baccouche, ex- secrétaire général (pas très légitime) de l’UGTT ; et, jusqu’à hier, actuel ministre de l’éducation de ce gouvernement illégitime ; au nouveau gouvernement élu le 23 octobre, qui est venu justement ‘’dégager’’ ceux-celles qu’on subit depuis quelque temps ! N’est-ce pas cela le comble de l’intox et de la démago !? Vous allez en entendre de tels discours incendiaires, mes ami(e)s, de ces gens qui, décidément invétérés, jouent avec des allumettes… Alors quoi les enfants, Occupy Nessma ?

II. Les copains et les…

J’ai trouvé sur la « page officielle »- Facebook de monsieur Yassine Ayari, blogueur invétéré, ce post rédigé en arabe un peu dialectal, fort empreint de colère, que j’assume en la publiant, avec son accord, j’espère…

آفاق في جبهة يسارية ايه نعم يسارية و معاه البدب؟! آفاق و البدب يا بو قلب! جبهة يسارية وسطية فيها آفاق؟! يسارية فيها البدب؟! ما أشبه السياسة في بلدي بالبغاء! البغي تراود عن نفسها و سياسيو بلدي يراودون عن أفكارهم! أو ربما فقط لأنهم ليست لهم أفكار، ليست لهم مشاريع مجتمعية، كل ما يملكون : نحن لسنا هم! اليوم جبهة يسارية الهدف منها هو : التكتل و العدد! أي إقتراحات مجتهمعية و اقتصادية قد يتفق فيها التجديد و آفاق؟ حزب العمل و التقدمي؟ و الا موش مهم! منذ متى كانت السياسة في تونس للبناء و الإقتراح لتمرير مشاريع مجتمعية؟ هم فقط، ليسو النهضة! أهذا ما تفتقت عليه أذهانكم؟ أهكذا ستهزمون النهضة؟ عجبي من من له أربعون سنة سياسة و لم يطور نظرة و مشروع مجتمعي و لم يتعلم من هزيمة انتخابية! واصلو في صنع الثنائية نحن وهم، ردبالكم تخدمو على مشروع ! آفاق و التجديد يا بوقلب؟ ماركس و آدام سميث اليوم تسامحو على يد نجيب الشابي و بتزكية عبد الجليل البدوي! سياسة هذه أم بغاء! كان موش عيب توة نقول الي هي مؤامرة من النهضة مخلصتهم باش تلمهم بدون مشروع مجتمعي و مع اختلاف خطابهم باش يكون مشروعهم : نحن لسنا النهضة أما في الإقتصاد ما نجموش نتفاهمو أما أحنا مناش النهضة و في حجم تدخل الدولة منجموش نقولولكم أما أحنا مناش النهضة و في التعليم ما عندناش نفس الرؤية أما أحنا مناش النهضة باش يولي القطب الجديد و يجيبو مع بعضهم 2%! لهالدرجة بالنسبة ليهم التونسي بهيم؟ ما أتعس من كتلة حكومية مترددة و موش عارفة اش تعمل كان معارضة تلوج على السهولة و تعيش في مراهقة سياسية ! ! !

 

III. A mes Camarades du PTT

Alors comme ça, on parle d’une ‘’coalition’’ bric-à-brac, ou même de son ébauche, qui ressemble à s’y méprendre à de l’électoralisme, entre PDP, Afek…sic, Ettajdid… Réveille-toi Camarade Vladimir Ilitch, ils sont devenus… Doustour-houm… et le … PTT !? Nous les Syndicalistes !? Nous qui défendons les Travailleur(e)s « des bras et de l’esprit » !? Etre d’un pareil bricolage !? Réveille-toi Camarade Farhat, ils sont devenus … fous ! Vous vous imaginez, les syndicalistes, vous allier avec « Afek-light », ce vrai ‘’nid d’activistes du syndicat … des patrons’’ !? Et quelle lutte partagerez-vous avec ces golden boys & girls !? Il vous faudra négocier avec eux de longues années, pour adopter le premier paragraphe de l’introduction au préambule de votre plate-forme politique commune, que j’attends de voir… A moins d’enterrer pour un temps vos Constantes, ce que je n’ose croire de vous, une seule seconde ! Alors quoi, parlons électoralisme ! Vous allez additionner des 0.0?% !? Bien que vous en soyez, ce qui m’a fortement désolé, mais pas du tout pour les mêmes raisons… Alors vous qui avez toujours travaillé sur la durée, vous allez être KO au premier score maigre !?… Il m’a semblé lire sur Mouatinoun 159 ce passage qui vous était adressé : « Le PTT a participé aux élections de la Constituante ; nombre de compagnons de luttes pour la défense de la dignité humaine, ainsi que nombre d’autres honorables citoyen(ne)s, s’y sont investi(e)s, de manière réfléchie et engagée. Le score du PTT n’a pas été à la hauteur des espérances de ses membres, de qualité (et des miennes !) ; de son travail… de fourmi sur ce projet présenté au pays, sociétal, économique et social, ambitieux, fondé sur le Travail humain, respectant scrupuleusement la dignité des Travailleur(e)s. Ce parti, encore tout jeune, a vu une mobilisation et un engagement, sincères, peu vus dans d’autres partis ; et je mettrais la maigreur de son score, sur le compte de sa jeunesse d’abord, ensuite de la méfiance des citoyen(ne)s devant ces partis d’après-14 janvier, déboussolé(e)s qu’ils sont devant leur prolifération et n’ayant pas la patience nécessaire pour défricher ce terrain, afin de distinguer les partis, vraiment politiques… »… Patienzia Camarades !… Et puis, les autres ! Il m’a semblé que vous avez refusé d’être du même gouvernement qu’eux, au soir du 14 janvier ! Alors, dites-moi ce qui a changé depuis !? Y a-t-il eu convergence des trajectoires, ou un quelconque mea culpa de leur part, pour que ce qui vous a séparé ce soir-là ait subitement disparu !? Moi, je ne vois qu’une seule chose qui s’est passée entre-temps , dans cette plate-forme électoraliste, que j’attends impatiemment de voir !… : « Ennahdha est sur les marches du pouvoir » !… A quand le retour à nos Constantes, Camarades !?

IV. De l’art de faire du buzz

Ah ces messieurs de cette ligue trucmuch, cette association pour la « transparence financière », ’’inquiète, voire «stupéfaite» ‘’… qui en ont tellement fait de cette noble politique, de ces « gouvernement restreint ne dépassant pas les 20 membres… », qui parle de ‘’ .. restriction budgétaire suivant des logiques imparables de rigueur…’’, sans peser nullement le sens politique de ce mot « rigueur »… qui ose déblatérer un ‘’communiqué de «mise en garde au prochain gouvernement»’’, publié sur La Presse du 20 décembre… ou la ! La trouille que vous leur mettez avec vos troupes indignées…‘’… et parlant du salaire de Moncef Marzouki : «nous trouvons les chiffres complètement disproportionnés pour un poste qui jouit de prérogatives honorifiques»,’’ notez bien ce mot ‘’honorifiques’’… Ah ce syndicat de défense des intérêts moraux de Moncef Marzouki, qui fait des siennes, encore et toujours !….. ‘’ «Le bénévolat des élus devient inéluctable», affirment les membres de l’association….’’ Combien de membres, au fait ? Ça tient en une cabine téléphonique ou sous un abribus !?

Vous devriez avoir un peu plus d’humilité, messieurs-dames, et arrêter de nous prendre la tête avec vos buzz, comme on dit, et surtout de vous regarder dans un miroir, pour appréhender votre vraie dimension ! Et surtout arrêter instamment cette démarche de donneurs de leçons, aux représentant(e)s du peuple, élu(e)s, je vous le signale !

Mouwaten Kareem


 

L’impasse et les sacrifices

La première année où je suis arrivé en France en 1980 fut pour suivre des études. Mais à l’époque la foi et la pratique étaient depuis quelques années encadrés chez beaucoup de jeunes tunisiens par une mouvance nouvelle qu’on appelait al Ettijah al Islami.

Ainsi un ami m’envoyait régulièrement de Tunisie le prêche pour chaque vendredi, car les études effectuées ne permettaient pas de consacrer du temps à la rédaction de ces prêches.

Ceux qui faisaient la prière à l’époque dans les établissements universitaires en question avaient le droit à ces prêches plus ou moins engagés en fonction de l’actualité qui était dominée par la guerre Iran Irak qui venait alors de commencer.

La prière se faisait dans une salle religieuse chrétienne (une crypte) mise à disposition pour les musulmans par l’établissement.

Inutile de faire un dessin, mais de semaine en semaine le « ton » du prêche avait de plus en plus un arrière goût qui indisposait les humbles croyants sincères que nous étions et que nous sommes peut-être.

Le « ton » et le « lieu » généreusement mis à disposition se trouvaient en équation parabolique, pour ainsi dire, dans nos têtes sensées être bien faites.

Au-delà de l’anecdote ce point fut quand même, je pense, une grande première déception inavouée pour certains et peut être une première timide flamme à porter pour d’autres.

Aisément on peut concevoir la même idée pour d’autres contextes plus larges dans ce monde hôte de lui même.

L’éducation et la raison font ainsi face à l’ignorance dans les médias, sur internet et dans tout ce monde bâti en commun par le travail des hommes aux milles convictions, opinions ou religions et aux intérêts partiellement contradictoires et globalement communs.

Mais les contradictions sont aussi utiles chez chacun et dans chaque culture ou société. Il s’agit donc d’un effort de conscience nécessaire.

Il est d’ailleurs frappant de voir que dans tous les pays, comme la Tunisie, mêmes petits en surface et en nombre de population, l’on puisse avoir autant d’histoire dans des temps aussi vastes et qui ne se répètent pas littéralement.

La raison en est ces différences et ces contradictions qui impriment des mouvements, tracent des reliefs et constituent ce monde non déterminé d’avance lequel s’il l’était ne serait plus.

L’évolution et le changement ordonnent l’histoire et donnent une âme à l’aventure humaine.

Mais on trouve également des clivages et des dissensions qui peuvent empêcher d’avancer et favorisent le sentiment que l’on est peu capables de partage et d’acceptation des contradictions bien modestes en face des réalités du monde passé et actuel.

Malheureusement on n’a pas d’autres choix que l’éducation et la tolérance.

A la citation d’Abraham Lincoln « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance » on peut rajouter que si la tolérance critique, le travail de paix sociale et de paix tout court sont inconfortables essayez donc le fanatisme et l’exclusion pour la promotion de l’avenir de vos enfants.

Aujourd’hui dans ce grand pèlerinage qu’est l’aventure humaine, la Tunisie est dans une croisée sans chemins préétablies pour ce que l’on sache. Le travail est la prière du musulman et du mécréant sur une terre que le passé prête à un avenir. La fatalité de la dictature a suggéré, par les sacrifices et l’impasse, une démocratie inconnue.

Le chemin à créer dessinera le destin.

Kamel Mahdhaoui

31 décembre 2011

 

 
 

Et maintenant, qu’allons-nous faire ?

 
 
 
Par Sadok Belaid *
Ce pays est, aujourd’hui, à la croisée des chemins.
 
1 – Avec la mise en place, dans les jours qui viennent, d’un gouvernement qui sera consacré sans surprise et sans débat par l’Assemblée, comme cela a été le cas pour l’élection hier de son candidat à la présidence de la République, la Nahdha, avec ses deux satellites d’aujourd’hui, pourra « former le carré» à l’intérieur duquel elle va s’enfermer pour une durée indéterminée, munie de toutes les provisions nécessaires pour l’exercice du pouvoir total. Elle dispose, en effet, des «pleins pouvoirs», pratiquement sans partage ni contrôle; elle a obtenu qu’elle ne soit point limitée par des délais encombrants ; elle a esquivé tous débats inutiles sur sa future politique générale et sur ses programmes d’action dans les mois — ou, les années — à venir ; et enfin, elle s’est assurée que le jour où elle voudra bien mettre fin à cette situation provisoire, il n’y aura pas trop de mauvaises surprises pour ce qui est de l’adoption de la future Constitution, l’on mette en œuvre les votes à la majorité des deux tiers ou la détestable procédure de la consultation populaire. La « clé de sûreté » de l’ensemble de l’opération est que la durée de la préparation de la Constitution sera allongée à loisir et de telle manière qu’elle permette à la Nahdha de mettre en œuvre son véritable et réel agenda : l’édification sur des bases solides et irréversibles du régime nahdhaoui — et peut-être, du « califat » — qu’elle considère comme étant le régime à la fois idéal pour la Tunisie, et peut-être aussi pour le reste du monde arabo-musulman : il y a comme un souffle « fatimide » dans ces visions nahdhaouies…
 
 
2 – Tous les observateurs éclairés de ce pays et aussi, une grande partie de la société civile sont parfaitement édifiés quant aux intentions réelles du « Mouvement ». Mais, contrairement à la Nahdha, qui, elle, avec des idées et des slogans simplistes mais martelés sans cesse (au moins cinq fois par jour) et avec une inlassable activité en profondeur sur le terrain, a pu se créer des allégeances solides et des fidélités illimitées, cette frange éclairée de la population ne s’est pas suffisamment préoccupée ou, peut-être, n’a pas fourni les efforts nécessaires et suffisants pour constituer un front politique suffisamment informé de la réalité des choses et suffisamment averti de l’importance des enjeux de la bataille politique, économique, sociale et culturelle que le pays doit affronter, ni encore moins, pour fonder une nouvelle idéologie et une vision rénovée de l’avenir de la nation.
Le résultat paradoxal et désespérant qui émerge de cette contradiction flagrante est que la Nahdha, qui n’a aucune vision crédible de l’avenir du pays, détient présentement le pouvoir réel et elle est même capable de le pérenniser à son profit, tandis que la frange éclairée du pays, qui est la seule capable d’apporter cette vision globale et même de concevoir l’alternative réparatrice de ses propres erreurs, se trouve marginalisée et même carrément exclue du pouvoir. En d’autres termes, le paradoxe peut se formuler ainsi : d’un côté, nous avons un premier groupe social qui détient le pouvoir réel mais qui est incapable de produire la vision régénératrice dont le pays a besoin ; de l’autre côté, nous avons un autre groupe social qui est capable de produire l’alternative globale susceptible de sauver le pays, mais qui est, aujourd’hui, en Tunisie mais aussi, dans les autres pays arabo-musulmans qui passent par les mêmes profondes turbulences, dans l’incapacité d’accéder au pouvoir.
C’est précisément, cette contradiction qui doit, en tout premier lieu, être résolue ; et c’est, en second lieu, à la classe éclairée de cette nation qu’il revient exclusivement de trouver les voies et moyens de résoudre ladite contradiction.
 
 
3 – Notre pays, comme les autres pays arabo-musulmans qui se trouvent dans la même situation, fait face à la nécessité vitale de concevoir et de mettre en œuvre un modèle de développement global qui suscite à l’intérieur de la nation, mais aussi à l’extérieur, la confiance nécessaire pour lui procurer des chances raisonnables de succès. Si le défi est incontournablement là, il faudra se rendre à l’évidence qu’à ce jour, aucune religion n’a apporté un tel programme ni aucun espoir de succès dans la recherche d’un tel modèle. Dans tous les pays en développement – pour nous limiter à ceux-là —, on n’a jamais vu la religion préconiser et encore moins construire avec succès un quelconque système de développement économique et social. C’est plutôt le contraire qui s’est produit : toutes les politiques économiques et sociales qui ont réussi dans les pays en développement, en Asie ou en Amérique latine, notamment, sont celles qui ont pris leurs distances avec les religions les mieux implantées dans ces pays. On ne connaît aucun système de développement bouddhique, brahmane, ou même d’inspiration chrétienne.
Foi et business ne font jamais bon ménage. L’Islam n’échappe pas à cette constatation : on ne connaît aucun «Prix Nobel» islamique de l’économie politique ; on ne connaît aucune expérience réussie de développement fondée sur les enseignements d’une prétendue doctrine « islamique ». Il ne vaut même pas la peine de faire mention de quelques institutions traditionnelles préconisées par certains hommes d’affaires, et dont le mérite principal est qu’elles brillent par leur anachronisme et par les confortables profits qu’elles génèrent pour leurs promoteurs. Ce n’est donc pas dans cette direction qu’il faut chercher la voie du salut.
 
4 – Le développement global exige une toute autre démarche que celle recommandée par les religions. Par définition, ces dernières sont tournées vers l’au-delà et, en dehors des quelques recommandations morales qu’elles contiennent mais qu’elles partagent en fait, avec toutes les philosophies universelles, elles n’apportent rien d’utile qui forme véritablement une politique de développement qui inspire confiance. Le développement global qui intéresse tous les hommes est celui qui apporte des réponses concrètes à leurs préoccupations mondaines et immédiates. En un mot comme en cent, c’est la vie d’ici-bas qui intéresse « l’homme économique ». Pour répondre aux attentes que ce dernier exige, c’est cette seule idée de développement global qui puisse lui apporter les solutions qu’il attend et les espoirs qu’il nourrit. Or, ces solutions et ces espoirs sont inévitablement fondés sur la création, sur les inventions et sur les défis. Ils ne peuvent être créés que par cette frange de la société qui est tournée vers les problèmes du monde d’ici-bas, vers l’effort d’en découvrir les mystères et d’en tirer profit pour le bien commun des hommes. Cette mission ne peut donc être confiée qu’à cette élite vouée au développement, à la recherche du progrès et de la science. C’est cette élite qui doit avoir la capacité d’exercer le pouvoir, non pas à titre de récompense de ses capacités, mais au titre d’une responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de la société : ce que nous ne pourrons pas demander aux hommes de religion pour la simple raison qu’ils n’ont pris aucun engagement à ce sujet et qu’ils en sont, du reste, bien incapables. Il revient donc à l’élite éclairée du pays de prendre ses responsabilités et de créer les conditions nécessaires pour rendre cela politiquement possible.
 
5 – La première tâche de cette élite est de définir un programme d’action crédible et capable de réaliser ses promesses en matière de développement global. Dans les circonstances actuelles, il faut que cette élite soit en mesure, par-delà les clivages politiques, idéologiques ou autres qui peuvent les séparer, de produire une « plateforme commune d’action » et des « programmes communs » qui les unissent et qu’ils doivent présenter et défendre devant l’opinion publique de ce pays et rallier la majorité de la population à leurs objectifs fondamentaux. Ce qui est essentiel ici, c’est de définir ce qui unit et d’écarter ce qui les divise, et qui est souvent futile. Tous les partisans de ces fondamentaux doivent admettre qu’il est essentiel, pour le succès de l’entreprise, de renoncer aux détails, aux excessives et inutiles subtilités pour se rallier à ce qui est utile au peuple et au bien général.
La conception et la formulation de ce consensus fondamental national peut se faire en un temps assez court et par des délibérations conciliatoires, « sans vainqueurs ni vaincus »…
 
6 – Ce programme commun, cette plateforme commune, cette politique globale, ne peuvent être conçus que par l’élimination des «ego» personnels ou claniques, l’effacement des individualités au profit de la collectivité et du désir commun de se rendre utile à la nation et à l’intérêt supérieur de la nation. La recommandation principale qui découlera de ce vœu que nous adressons à tous les membres de cette élite est d’accepter le sacrifice et le renoncement. Nous avons perdu une bataille à cause des divisions et des débats stériles, qui nous ont coûté une victoire possible aux dernières élections. Retenons donc la leçon de cette défaite. Engageons-nous dans la voie de l’union et de l’unité d’action. Agissons en «politiques» et non plus en simples « partisans ». Formons un front commun de la démocratie, qui sera créé à partir de la fusion au sein d’un ensemble national des nombreux mais inefficaces groupuscules politiques actuels. Et sur la base d’un « programme commun » et d’un «front commun pour la démocratie », engageons-nous à redonner l’espoir à notre peuple !…
 
 
Auteur : S.B. * (Ancien doyen de la faculté de Droit de Tunis)
 
(Source: “La Presse” (Quotidien – Tunisie) le 15-12-2011)

 

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