1 janvier 2010

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TUNISNEWS

9 Úme année, N° 3510 du 01.01.2010

 archives : www.tunisnews.net 


Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie
ComitĂ© de Soutien aux Militants de l’UGET: PrĂ©mices d’une Victoire

Khaled Ben MÂŽBarek: AprĂšs Ali Saidi Ă  qui le tour?

AFP: Entretiens du ministre français de la Culture à Tunis

AFP: Mauritanie: Al-QaĂŻda au Maghreb publie des photos du couple d’otages italiens

Le bilan 2009 de Reporters sans frontiĂšres

  

Intervention de M. Imad Daimi membre du bureau executif de  l’ Organisation Internationale des ExilĂ©s Tunisiens ( Manfiyoun Tounes) su « Arljazeera Magharebiya » le 30 decembre 2009:
 

Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 31 décembre 2009

Nouvelles des libertés en Tunisie

 

1) Agression de Zyed Fakraoui, ancien prisonnier d’opinion La famille de Zyed Fakraoui, ancien prisonnier d’opinion, nous a informĂ©s qu’il les avait contactĂ©s dans l’aprĂšs midi du 31 dĂ©cembre 2009 par tĂ©lĂ©phone, qu’il les avait informĂ©s en criant qu’il occupait le poste de police de Alala dans le gouvernorat de Kairouan et qu’il avait Ă©tĂ© violemment agressĂ© par des inconnus qui l’avaient attaquĂ© et saccagĂ© le projet agricole auquel il avait consacrĂ© du temps des efforts et de l’argent. Zyed Fakraoui, ex prisonnier d’opinion, dont la famille rĂ©side Ă  Fouchana, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  deux reprises pour des accusations en relation avec la « loi antiterroriste » non constitutionnelle, et il a Ă©tĂ© harcelĂ© Ă  de nombreuses reprises par des agents de la police politique, ce qui l’a contraint Ă  aller Ă  Elala dans le gouvernorat de Kairouan dans l’espoir de monter un projet agricole loin de ces tracasseries rĂ©currentes [
] 2) Bouclage du domicile du journaliste Slim Boukhdhir Le domicile du journaliste Slim Boukhdhir, correspondant de l’organisation Reporters sans frontiĂšres en Tunisie, a Ă©tĂ© encerclĂ© dans l’aprĂšs midi du 31 dĂ©cembre 2009 par un nombre impressionnant d’agents de la police politique. Il s’inquiĂšte pour son devenir et celui de sa famille, d’autant qu’à de nombreuses reprises il a Ă©tĂ© violemment agressĂ© par des personnes dont il est avĂ©rĂ© qu’il s’agit d’agents de la police politique. 3) HarcĂšlement de Lazhar Zarrouk, ex prisonnier d’opinion Encore une fois, Lazhar Zarrouk, ancien prisonnier d’opinion, a Ă©tĂ© harcelĂ©, agressĂ© verbalement par des agents de la police politique qui le convoquent verbalement au district de police d’El Omrane supĂ©rieur. S’il leur demande une convocation Ă©crite, comme le dispose la loi, ils l’abreuvent d’insultes, de menaces de coups et d’emprisonnement. 4) Report du prononcĂ© du jugement de Lotfi Dassi Aujourd’hui, la sixiĂšme chambre correctionnelle, prĂ©sidĂ©e par la juge Faouzi Jebali, a examinĂ© l’affaire n°32454 dans laquelle est dĂ©fĂ©rĂ© monsieur Lotfi Dassi, pour collecte de fonds non autorisĂ©e, en vertu du dĂ©cret du 8 mai 1922. Le juge a dĂ©cidĂ© de reporter le prononcĂ© du jugement au 4 janvier 2010. Pour sa dĂ©fenses, MaĂźtres Abderraouf Ayadi, Najet Labidi, Noureddine Bhiri et Samir Dilou se sont prĂ©sentĂ©s, qui ont plaidĂ© la nullitĂ© de procĂ©dure pour dĂ©passement du dĂ©lai lĂ©gal de garde Ă  vue, extorsion d’aveux sous la torture et falsification des procĂšs verbaux puisque l’arrestation a eu lieu Ă  Gafsa alors que dans le procĂšs verbal il est consignĂ© qu’elle a eu lieu avenue Habib Bourguiba Ă  Tunis [
] Pour le bureau exĂ©cutif de l’Organisation Le PrĂ©sident MaĂźtre Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)

 


 

ComitĂ© de Soutien aux Militants de l’UGET

uget.solidarite@gmail.com

Paris le 01/01/2010

PrĂ©mices d’une Victoire

Mohemed Soudani, l’étudiant exclu de toutes les universitĂ©s tunisiennes Ă  cause de ses activitĂ©s syndicales et politiques et condamnĂ© Ă  4 mois de prison lors d’un procĂšs inique, a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© le 1 janvier 2010 Ă  1h15. ArrĂȘtĂ© le 22 octobre 2009 suite Ă  un entretien avec deux journalistes françaises, dĂ©tenu dans un endroit secret et privĂ© de son droit Ă  la dĂ©fense, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  4 mois de prison ferme pour ivresse et atteinte aux bonnes mƓurs. Une sentence qui a Ă©tĂ© confirmĂ© en Appel.

Par ailleurs Najeh Saghrouni, Ayoub Amara, Isam Sallami, Rabii Warghi et les Ă©tudiants de Manouba, en grĂšve de la faim depuis le scandaleux procĂšs du 21/12/2009, sont toujours en prison.

Selon un communiquĂ© de l’Association tunisienne de lutte contre la torture (communiquĂ© du 01/01/2010), certains des Ă©tudiants de Manouba ont refusĂ© de faire Appel pour protester contre le caractĂšre injuste du procĂšs du 21/12/2009. D’autres, notamment Nabil Balti, commencent Ă  avoir des problĂšmes de santĂ© sans pour autant avoir le droit aux soins mĂ©dicaux. L’Association tunisienne de Lutte contre la Torture rapporte que les prisonniers de Manouba sont isolĂ©s les un des autres sans avoir la possibilitĂ© de se rencontrer. Ils n’ont toujours pas reçu de rĂ©ponse quand Ă  leurs requĂȘtes de pouvoir prĂ©parer et passer les examens en prison. 

Les militants de la centrale syndicale estudiantine n’ont pas encore soldĂ© leurs comptes en matiĂšre de procĂšs prĂ©fabriquĂ©s ; d’autres procĂšs sont encours.

Le 31/12/2009 le tribunal de Tunis a ajournĂ©, pour la troisiĂšme fois, la sentence qu’il devait rendre contre E. Zatour le premier responsable de l’UGET et un ancien membre du Bureau exĂ©cutif. La sentence a Ă©tĂ© fixĂ©e pour le 14 janvier 2010.

Le ComitĂ© de Soutien aux Militants de l’UGET considĂšre que cette victoire, aussi partielle soit-elle, ne peut que motiver pour maintenir la vivacitĂ© de toutes les formes de solidaritĂ© avec les militants de l’UGET pour exiger :

 – La libĂ©ration de tous les militants emprisonnĂ©s.

– L’arrĂȘt de toutes les poursuites judiciaires engagĂ©es contre les militants de l’UGET.

– La rĂ©intĂ©gration dans leurs universitĂ©s de tous les Ă©tudiants exclus.

– La satisfaction des revendications syndicales et pĂ©dagogiques des Ă©tudiants.

– L’arrĂȘt de toute forme de rĂ©pression contre l’UGET et lui permettre de tenir son congrĂšs en toute libertĂ© et de fonctionner en toute indĂ©pendance.

Signez et faites signer la PĂ©tion internationale de solidaritĂ© avec les militants de l’UGET en envoyant vos signatures Ă  uget.soldidarite@gmail.com ou en cliquant sur ce lien www.jesigne.fr/petitioninternationale

 


 

Il y a huit ans, une mort programmĂ©e dans une atmosphĂšre semblable Ă  celle d’aujourd’hui,

APRES ALI SAÏDI, A QUI LE TOUR ?  

Il y a huit ans, le 30 dĂ©cembre 2001, le cadavre d’Ali SaĂŻdi Ă©tait soi-disant trouvĂ© enterrĂ© quelque part Ă  Oum LaĂąrayes. Le pouvoir a immĂ©diatement Ă©chafaudĂ© une histoire cousue de fil blanc en vue d’accrĂ©diter la thĂšse du crime crapuleux. Deux femmes dont on ne sait rien aujourd’hui, ont Ă©tĂ© condamnĂ©es. L’opposition tunisienne s’est rĂ©solue Ă  laisser tomber ce pestifĂ©rĂ© de ses rangs, autorisant le pouvoir Ă  le tuer une deuxiĂšme fois en le prĂ©cipitant dans les abĂźmes de l’oubli, Jamais la quĂȘte de vĂ©ritĂ© ne s’éteindra Ă  propos de ce martyre ignorĂ©. Son fils a grandi et pourra bientĂŽt reprendre le tĂ©moin. L’AISPP, LibertĂ©/EquitĂ© et l’ATFD se doivent de rechercher les deux sƓurs SaĂŻdi-Biskri et de leur porter secours, y compris par une demande officielle de rĂ©ouverture de dossier. Certains aujourd’hui feignent d’ignorer leur prĂ©dĂ©cesseur dans le jeu d’apprenti sorcier avec le pouvoir, en lui faisant la courbette, en lui lĂ©chant les bottes et en faisant les rabatteurs-maquereaux. Il y en a mĂȘme qui se font nommer ambassadeurs
 Ils ne devraient pourtant pas dormir tranquilles, car, comme avec Ali, L’InfĂąme ajourne, ignore, refoule, patiente, mais il n’oublie jamais
 Tous les dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s devenus benaliĂ©nĂ©s comme s’ils avaient Ă©tĂ© frappĂ©s d’un sort subit, doivent mĂ©diter le cas Ali SaĂŻdi et bien rĂ©flĂ©chir avant de retourner coudre publiquement et ostensiblement leur tricot de corps
 Et par-dessus le marchĂ©, de faire de cette dĂ©chĂ©ance absolue une sorte d’épopĂ©e glorieuse (toz hikma !) Ă©rigeant la traĂźtrise et la bassesse, la nĂ©gation de soi et l’autodestruction morale, en vĂ©ritable croisade personnelle. Encore un peu, Ă  les entendre, la « khiĂȘna » (de soi d’abord) serait remboursĂ©e par la SĂ©curitĂ© sociale. Comme disait l’éternel Almoutanabbi : من يَهٌنْ ÙŠŰłÙŽÙ‡Ù„Ù Ű§Ù„Ù‡ÙˆŰ§Ù†ÙŒ Űčليه .. Ù…Ű§ Ù„ŰŹŰ±Ű­ÙŒÙ ŰšÙ…ÙŠÙ‘ŰȘ Ű„ÙŠÙ„Ű§Ù…ÙŒ. Fait Ă  Besançon, le 1er janvier 2009 Par nous : Khaled Ben MÂŽBarek

 


 

Entretiens du ministre français de la Culture à Tunis

AFP / 29 dĂ©cembre 2009 21h45 TUNIS – Le ministre français de la Culture, FrĂ©dĂ©ric Mitterrand a eu mardi des entretiens avec ses homologues tunisiens des Affaires Ă©trangĂšres, de la Culture et de la Communication, a constatĂ© un journaliste de l’AFP. M. Mitterrand, arrivĂ© vendredi en Tunisie pour des vacances, a effectuĂ© une visite de travail lundi et mardi, la premiĂšre d’un ministre français depuis la rĂ©Ă©lection en octobre dernier du prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali pour un cinquiĂšme mandat. Cette visite intervient quelques semaines aprĂšs les tensions entre Tunis et Paris concernant le respect des droits de l’Homme aprĂšs l’arrestation fin octobre du journaliste Taoufik Ben Brik. Ben Brik a Ă©tĂ© condamnĂ© fin novembre pour violence alors qu’il clame son innocence et que des organisations françaises de dĂ©fense de la presse et des droits de l’Homme affirment qu’il est victime de ses Ă©crits dans la presse française contre le rĂ©gime du prĂ©sident Ben Ali. A l’issue de son entretien avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Abdelwaheb Abdallah, M. Mitterrand, citĂ© par l’agence gouvernementale TAP, a indiquĂ© que l’entrevue s’Ă©tait dĂ©roulĂ©e « dans un climat confiance et d’amitié » et permis d’Ă©voquer « des questions relatives Ă  la culture et Ă  la communication ». « Ce fut un Ă©change de vues trĂšs Ă©largi, plein de confiance, au cours duquel chacune des parties a soulignĂ© l’importance des relations tuniso-françaises, l’amitiĂ© qui les caractĂ©rise et la nĂ©cessitĂ© de leur raffermissement », a-t-il ajoutĂ© selon la TAP. Au cours de son sĂ©jour, le ministre français devait remettre l’insigne de chevalier des arts et des lettres Ă  des artistes tunisiens, notamment la comĂ©dienne Jalila Baccar, le metteur en scĂšne Fadhel Jaibi et le directeur de thĂ©Ăątre Taoufik Jebali.  


 

Mauritanie: Al-QaĂŻda au Maghreb publie des photos du couple d’otages italiens

AFP – le 31 decembre 2009

DUBAI — Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiquĂ© lundi l’enlĂšvement de deux Italiens le 18 dĂ©cembre en Mauritanie, a publiĂ© des photos du couple, a annoncĂ© jeudi le centre amĂ©ricain de surveillance des sites islamistes SITE. L’Aqmi a publiĂ© un communiquĂ©, en date du 30 dĂ©cembre, accompagnĂ© de trois photos, deux photos des piĂšces d’identitĂ© des otages et l’une montrant le couple. Sergio Cicala, retraitĂ© de 65 ans, et sa femme PhilomĂšne Kabouree, Italienne d’origine burkinabĂ© ĂągĂ©e de 39 ans, sont agenouillĂ©s et entourĂ©s de cinq hommes armĂ©s, selon SITE qui publie ces images. Dans son communiquĂ©, l’Aqmi prĂ©cise, selon SITE, que « l’enlĂšvement intervient alors que le gouvernement de Silvio Berlusconi soutient les guerres en Afghanistan et en Irak et soutient la +croisade+ contre l’islam ». L' »Aqmi prĂ©cise que si la famille des otages et le peuple italien tiennent Ă  la sĂ©curitĂ© de Cicala et Kabouree, ils doivent exercer une pression sur leur gouvernement pour qu’il rĂ©ponde Ă  sa demande », indique SITE. Le 28 dĂ©cembre, la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Al-Arabiya, basĂ©e Ă  DubaĂŻ, avait indiquĂ© qu’Aqmi avait revendiquĂ© dans un message audio l’enlĂšvement des deux Italiens. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Franco Frattini avait dĂ©clarĂ© que l’Italie n’a « aucun contact direct avec un Ă©missaire » d’Aqmi. Les deux Italiens avaient Ă©tĂ© enlevĂ©s sur une route du sud-est de la Mauritanie. Ils se rendaient au Burkina Faso Ă  bord d’un minibus immatriculĂ© en Italie, avait indiquĂ© une source de sĂ©curitĂ©. Ces deux derniĂšres annĂ©es, Aqmi a revendiquĂ© une sĂ©rie d’actions meurtriĂšres en Mauritanie, dont l’assassinat fin 2007 de quatre Français Ă  Aleg (250 km Ă  l’est de Nouakchott) et celui d’un AmĂ©ricain en juin dans la capitale.  

 


 

Le bilan 2009 de Reporters sans frontiĂšres

 

31 dĂ©cembre 09 – Guerres et Ă©lections contestĂ©es : sujets les plus dangereux pour les journalistes.

 

RSF – L’annĂ©e 2009 restera marquĂ©e par deux Ă©vĂ©nements dramatiques : le plus grand massacre de journalistes commis en une seule journĂ©e, celui de 30 professionnels des mĂ©dias par la milice privĂ©e d’un gouverneur du sud des Philippines ; et une vague d’arrestations et de condamnations sans prĂ©cĂ©dent de journalistes et blogueurs en Iran aprĂšs la rĂ©Ă©lection contestĂ©e du prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad.

Par ailleurs, pour Ă©chapper Ă  la prison ou Ă  la mort, prĂšs de 160 journalistes de tous les continents ont pris le chemin de l’exil, dans des conditions parfois trĂšs pĂ©rilleuses. Photographes de presse iraniens traversant la frontiĂšre vers la Turquie pour Ă©chapper Ă  l’arrestation, ou reporters radio somaliens fuyant vers les pays frontaliers pour Ă©viter une mort certaine, ces professionnels sont autant de relais d’information que l’on cherche Ă  faire taire par tous les moyens.

« Les guerres et les Ă©lections ont Ă©tĂ© les principales menaces concernant les journalistes en 2009. Couvrir un conflit est de plus en plus dangereux, tant les journalistes sont pris pour cibles et risquent assassinats ou enlĂšvements. Mais faire son travail de reporter en pĂ©riode Ă©lectorale peut s’avĂ©rer tout aussi dangereux et conduire directement en prison ou Ă  l’hĂŽpital. Les violences prĂ© ou post-Ă©lectorales commises contre des journalistes ont Ă©tĂ© particuliĂšrement importantes en 2009 dans des pays peu dĂ©mocratiques. Autre constat – qui n’est pas une surprise – les blogueurs et les sites Internet sont de plus en plus nombreux Ă  ĂȘtre touchĂ©s par la censure et la rĂ©pression. Il n’existe pratiquement plus aucun pays, aujourd’hui, qui Ă©chappe Ă  ce phĂ©nomĂšne. Chaque fois qu’Internet ou les nouveaux mĂ©dias (rĂ©seaux sociaux, tĂ©lĂ©phones portables, etc.) jouent un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la diffusion d’informations, le retour de bĂąton est sĂ©vĂšre. Les blogueurs sont dĂ©sormais tout autant surveillĂ©s que les journalistes des mĂ©dias traditionnels.

Enfin, notre principale inquiĂ©tude concernant l’annĂ©e 2009 vient de l’exode massif de journalistes en provenance de pays rĂ©pressifs comme l’Iran ou le Sri Lanka. Les autoritĂ©s de ces pays ont compris qu’en incitant les journalistes Ă  partir, elles rĂ©duisaient ainsi considĂ©rablement le pluralisme des idĂ©es et le degrĂ© de critique. Cette tendance est dangereuse et il faut absolument qu’elle soit dĂ©noncĂ©e avec force », a dĂ©clarĂ© Jean-François Julliard, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Reporters sans frontiĂšres, Ă  l’occasion de la publication de ce bilan de l’annĂ©e 2009.

Une augmentation de 26% du nombre de journalistes tués

La quasi-totalitĂ© des journalistes tuĂ©s en 2009, Ă  l’exception du rĂ©alisateur de documentaires franco-espagnol Christian Poveda, assassinĂ© au Salvador, Ă©taient des nationaux. « Moins connus de l’opinion publique internationale que les grands reporters, ce sont pourtant ces journalistes locaux qui paient, chaque annĂ©e, le prix le plus lourd pour garantir notre droit Ă  ĂȘtre informĂ©s sur les conflits, la corruption ou la destruction de l’environnement », a dĂ©clarĂ© Jean-François Julliard, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Reporters sans frontiĂšres.

2009 a trĂšs mal dĂ©butĂ© avec l’offensive militaire israĂ©lienne Ă  Gaza. En plus de fermer l’accĂšs du territoire palestinien aux mĂ©dias Ă©trangers, le gouvernement israĂ©lien a menĂ© des raids violents sur des bĂątiments abritant des mĂ©dias. Deux reporters ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans ces attaques. Dans le Caucase russe, journalistes et dĂ©fenseurs des droits de l’homme ont connu une annĂ©e de tous les dangers. Natalia Estemirova en TchĂ©tchĂ©nie, Malik Akhmedilov au Daghestan, autant de tĂ©moins de la sale guerre menĂ©e par Moscou et ses alliĂ©s locaux, qui ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s en toute impunitĂ©.

Les groupes islamistes radicaux ont causĂ© la mort d’au moins 15 journalistes dans le monde. Ainsi, en Somalie, la milice Al-Shabaab multiplie les assassinats ciblĂ©s et les attentats suicides. Au total, neuf reporters sont morts, dont quatre de la station Radio Shabelle, laquelle tente d’informer malgrĂ© le chaos. Au Pakistan, les reporters sont davantage visĂ©s par les groupes taliban du nord-ouest du pays.

Enfin, le nombre d’enlĂšvements continue Ă  augmenter lĂ©gĂšrement. La majoritĂ© des cas sont concentrĂ©s en Afghanistan, au Mexique et en Somalie. Si le journaliste du New York Times David Rohde et son fixeur ont rĂ©ussi Ă  Ă©chapper aux mains des taliban, le reporter afghan Sultan Munadi a Ă©tĂ© tuĂ© lors de l’opĂ©ration militaire qui devait le sauver.

« Trois ans aprĂšs l’adoption de la rĂ©solution 1738 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies sur la protection des journalistes en zones de conflit, les gouvernements semblent toujours incapables d’assurer la sĂ©curitĂ© des professionnels des mĂ©dias », a ajoutĂ© Reporters sans frontiĂšres.

Autres formes de violences, les agressions et les menaces ont augmentĂ© d’un tiers (passant de 929 cas en 2008 Ă  1456 en 2009). C’est sur le continent amĂ©ricain (501 affaires) que les journalistes sont les plus exposĂ©s, notamment quand ils dĂ©noncent le narcotrafic, la corruption, ou les potentats locaux. L’Asie vient derriĂšre avec 364 affaires de ce genre, notamment au Pakistan, au Sri Lanka et au NĂ©pal. Le nombre de mĂ©dias censurĂ©s augmente dangereusement, avec au moins 570 cas de journaux, radios ou tĂ©lĂ©visions interdits de diffuser une information ou contraints Ă  la fermeture. Ce fut le cas pour un magazine satirique de Malaisie, une douzaine de journaux rĂ©formateurs en Iran, Radio France Internationale en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ou encore la BBC World Service au Rwanda.

Le nombre de journalistes arrĂȘtĂ©s (de 673 en 2008 Ă  573 en 2009) connaĂźt une lĂ©gĂšre baisse, notamment du fait de la baisse des privations de libertĂ© en Asie. C’est le Moyen-Orient qui connaĂźt le plus grand nombre de cas.

Violences Ă©lectorales

Les 30 journalistes assassinĂ©s sur l’üle de Mindanao couvraient la tentative d’un opposant au potentat local de s’inscrire comme candidat aux Ă©lections rĂ©gionales de 2010. De mĂȘme, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a Ă©tĂ© emprisonnĂ© dans les jours qui ont suivi la rĂ©Ă©lection du prĂ©sident Ben Ali, alors que son collĂšgue Slim Boukhdhir a subi une violente agression. Au Gabon, plusieurs journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s et d’autres menacĂ©s de mort dans les jours qui ont suivi l’élection d’Ali Bongo Ă  la tĂȘte du pays. Une demi-douzaine de mĂ©dias ont, en outre, Ă©tĂ© fermĂ©s temporairement pour avoir fait Ă©tat des violences post-Ă©lectorales et critiquĂ© les membres du nouveau gouvernement. Enfin, c’est bien l’élection controversĂ©e de Mahmoud Ahmadinejad en Iran qui a conduit Ă  une vague de rĂ©pression dĂ©lirante contre les mĂ©dias.

Les Ă©lections pluralistes, symboles de dĂ©mocratie et de libre expression, peuvent tourner au cauchemar pour les journalistes. En pĂ©riode Ă©lectorale, les mĂ©dias d’Etat sont trop souvent empĂȘchĂ©s de couvrir Ă©quitablement les activitĂ©s des candidats, comme cela a Ă©tĂ© le cas lors de l’élection afghane controversĂ©e ou du simulacre Ă©lectoral en GuinĂ©e Ă©quatoriale. Tandis que les journalistes les plus engagĂ©s s’exposent aux reprĂ©sailles du camp adverse. Lors du scrutin, l’accĂšs aux mĂ©dias n’est pas toujours respectĂ© non plus, comme en ont tĂ©moignĂ© les Ă©lections provinciales dans les zones tamoules du Sri Lanka.

Les problĂšmes les plus sĂ©rieux surgissent Ă  l’annonce des rĂ©sultats. Les partisans de Mahmoud Ahmadinejad, dĂ©bordĂ©s par un mouvement d’opposition largement relayĂ© sur Internet et dans la presse rĂ©formatrice, se sont lancĂ©s dans une rĂ©pression ultra-violente contre des centaines de journalistes et blogueurs, accusĂ©s d’ĂȘtre des espions Ă  la solde de l’étranger ou des agents de la dĂ©stabilisation.

Cette annĂ©e, l’audace dont ont fait preuve les journalistes en pĂ©riodes prĂ© et post Ă©lectorales a Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par des dĂ©tentions, des mauvais traitements et des peines de prison, pour certaines extrĂȘmement lourdes. Ces scĂ©narios rĂ©pressifs d’aprĂšs scrutin doivent inciter la communautĂ© internationale Ă  trouver les moyens de mieux protĂ©ger la presse aprĂšs l’annonce de victoires bien souvent volĂ©es ou biaisĂ©es.

« En tout cas, cette vague de violences augure mal de l’annĂ©e 2010 au cours de laquelle des Ă©lections clĂ©s auront lieu notamment en CĂŽte d’Ivoire, au Sri Lanka, en Birmanie, en Irak ou encore dans les Territoires palestiniens », s’inquiĂšte Reporters sans frontiĂšres qui mĂšne rĂ©guliĂšrement un travail de monitoring des mĂ©dias en pĂ©riode Ă©lectorale.

Plus de cent blogueurs et cyberdissidents emprisonnés

Pour la premiĂšre fois depuis l’apparition d’Internet, Reporters sans frontiĂšres recense prĂšs de 110 blogueurs, cyberdissidents et internautes emprisonnĂ©s dans le monde pour avoir exprimĂ© sur le Web leurs opinions. Ce chiffre illustre la rĂ©pression qui sĂ©vit sur le Net dans une dizaine de pays. Plusieurs Etats ont dĂ©finitivement adoptĂ© une politique de criminalisation de l’expression en ligne, mettant Ă  mal les espoirs d’un Internet sans censure.

Internet a Ă©tĂ© le moteur de la contestation dĂ©mocratique en Iran, en Chine et ailleurs. C’est avant tout pour cela que les gouvernements autoritaires sont si enclins Ă  punir sĂ©vĂšrement les internautes, comme ces deux blogueurs azerbaĂŻdjanais condamnĂ©s Ă  deux ans de prison pour avoir tournĂ© en dĂ©rision les Ă©lites politiques dans une vidĂ©o.

Si, en 2009, la Chine est restĂ©e le principal censeur d’Internet, l’Iran, laTunisie, la ThaĂŻlande, l’Arabie saoudite, le ViĂȘt-nam et l’OuzbĂ©kistan ont Ă©galement eu recours aux blocages rĂ©currents de sites et de blogs, et Ă  la surveillance de l’expression en ligne. L’Internet turkmĂšne demeure en outre sous contrĂŽle total de l’État.

Cette annĂ©e encore, des blogueurs et de simples citoyens s’exprimant sur le Net ont Ă©tĂ© agressĂ©s, menacĂ©s ou interpellĂ©s alors que la popularitĂ© des rĂ©seaux sociaux et des sites participatifs a pris davantage essor. L’Egyptien Kareem Amer est toujours dĂ©tenu, tandis que le cĂ©lĂšbre comĂ©dien birman Zarganar a encore 34 ans de prison Ă  purger. Des figures de proue de la dĂ©fense de la libertĂ© d’expression sur Internet, notamment les Chinois Hu Jia et Liu Xiaobo ou les Vietnamiens Nguyen Trung et Dieu Cay, font partie de la centaine de victimes des policiers du Net.

La crise compte dĂ©sormais parmi les thĂšmes susceptibles de provoquer des rĂ©actions de censure, en particulier sur la Toile. Ainsi, en CorĂ©e du Sud, un blogueur a Ă©tĂ© dĂ©tenu Ă  tort pour avoir commentĂ© la situation catastrophique du pays. En ThaĂŻlande, une demi-douzaine de net-citoyens qui ont Ă©tĂ© interpellĂ©s ou intimidĂ©s pour avoir Ă©voquĂ© la crise au sein du royaume. Le simple fait d’avoir mis en relation la santĂ© du roi et la chute des cours de la Bourse de Bangkok, en a fait des cibles de choix pour les autoritĂ©s. Enfin, Ă  DubaĂŻ, la censure a Ă©tĂ© imposĂ©e aux mĂ©dias locaux quand ils ont dĂ» relater l’effondrement du marchĂ© intĂ©rieur.

Les pays dĂ©mocratiques ne sont pas en reste : alors que plusieurs États europĂ©ens planchent sur de nouvelles mesures de contrĂŽle de la Toile au nom de la lutte contre la pĂ©dopornographie ou le tĂ©lĂ©chargement illĂ©gal, l’Australie a annoncĂ© son intention de mettre en place un systĂšme obligatoire de filtrage, dangereux pour la libertĂ© d’expression. La justice turque a encore augmentĂ© le nombre de sites Internet, notamment YouTube, censurĂ©s pour des critiques Ă  l’encontre de la personnalitĂ© du premier prĂ©sident de la RĂ©publique, Mustafa Kemal AtatĂŒrk.

« D’une annĂ©e sur l’autre, le nombre de pays touchĂ©s par la censure d’Internet a Ă©tĂ© multipliĂ© par deux. Une tendance inquiĂ©tante qui illustre le renforcement du contrĂŽle exercĂ© sur les nouveaux mĂ©dias alors que des millions de net-citoyens sont de plus en plus mobilisĂ©s sur la Toile. C’est pour mieux dĂ©noncer cette criminalisation de l’expression sur le Net que Reporters sans frontiĂšres va organiser le 12 mars prochain une nouvelle mobilisation contre les Ennemis d’Internet », a affirmĂ© Lucie Morillon, responsable du Bureau Internet et LibertĂ©s.

Les médias en procÚs

Au 30 dĂ©cembre 2009, au moins 167 journalistes sont emprisonnĂ©s dans le monde. Il faut remonter au dĂ©but des annĂ©es 1990 pour trouver un nombre aussi important de journalistes emprisonnĂ©s dans le monde. Bien que le rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la libertĂ© d’expression ait maintes fois rĂ©pĂ©tĂ© que la prison Ă©tait une peine disproportionnĂ©e dans une affaire de presse, de nombreux gouvernements maintiennent de telles sanctions dans la loi, et en abusent. Les peines infligĂ©es Ă  des journalistes Ă  Cuba, en Chine, au Sri Lanka ou en Iran sont tout aussi sĂ©vĂšres que celles imposĂ©es Ă  des auteurs de crimes de sang ou Ă  des terroristes.

La prison et la violence sont encore trop souvent les seules rĂ©ponses que les autoritĂ©s offrent aux professionnels des mĂ©dias. Ainsi, au Moyen-Orient, au moins une agression ou interpellation se produit chaque jour. En Irak, par exemple, plus de soixante journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s ou interpellĂ©s en 2009. Dans les Territoires palestiniens, plus de cinquante journalistes ont Ă©tĂ© dĂ©tenus par le Hamas Ă  Gaza et par le Fatah en Cisjordanie. L’Afrique et l’Asie sont au coude Ă  coude pour le nombre de journalistes dĂ©tenus. On recense, en 2009, plus de dix cas d’arrestations au Niger, en Gambie et en Somalie, l’ÉrythrĂ©e se maintenant au rang de premiĂšre prison d’Afrique pour les journalistes avec 29 confrĂšres derriĂšre les barreaux. En Asie, le nombre d’interpellations a heureusement diminuĂ©, mais les forces de sĂ©curitĂ© chinoises ou pakistanaises continuent Ă  interpeller des journalistes Ă©trangers ou locaux quand ils dĂ©passent les lignes rouges qu’ils sont “censĂ©s” respecter. Au Honduras, le coup d’État du 28 juin 2009, soutenu par la presse conservatrice, a donnĂ© lieu Ă  une vĂ©ritable traque des journalistes soupçonnĂ©s de sympathie envers le prĂ©sident renversĂ© Manuel Zelaya, et Ă  la suspension, voire Ă  la fermeture, de leurs rĂ©dactions. Enfin, Cuba s’illustre encore cette annĂ©e avec au moins 24 cas d’arrestations et deux nouveaux emprisonnements de longue durĂ©e, portant Ă  25 le nombre de journalistes incarcĂ©rĂ©s dans l’üle.

Quand les puissants ne font pas arrĂȘter les journalistes, ils les harcĂšlent par des plaintes en sĂ©rie devant les tribunaux. En AlgĂ©rie, le directeur de publication Omar Belhouchet a reçu, Ă  lui seul cette annĂ©e, quinze convocations devant les juges. En Turquie ou au Maroc, la presse d’opposition est la cible de plaintes Ă  rĂ©pĂ©tition qui conduisent presque toujours Ă  des condamnations ou des fermetures de mĂ©dias, car les tribunaux penchent du cĂŽtĂ© du plaignant et non pas de la presse.

L’exil pour survivre

Pour la premiĂšre fois, Reporters sans frontiĂšres inclut dans ce bilan annuel le chiffre des journalistes contraints de quitter leur pays suite Ă  des menaces sur leur vie ou leur libertĂ©. Ce ne sont pas moins de 157 professionnels des mĂ©dias forcĂ©s de prendre les routes de l’exil, parfois dans des conditions trĂšs difficiles. L’exode des journalistes et blogueurs iraniens – plus d’une cinquantaine -, ou de leurs confrĂšres sri lankais – pas moins de 29 cas recensĂ©s cette annĂ©e -, a Ă©tĂ© massif. Sans parler de l’Afrique avec la cinquantaine de journalistes somaliens qui ont fui le chaos et la dizaine de reporters Ă©rythrĂ©ens contraints de quitter leur pays de peur d’ĂȘtre la cible de reprĂ©sailles de la pire dictature du continent. L’exil de journalistes a Ă©galement touchĂ© la GuinĂ©e, l’Afghanistan, le Pakistan, le Mexique, la Colombie ou encore l’Ethiopie.

Ce nouvel indicateur tĂ©moigne de la peur qui rĂšgne dans certains pays au sein de la profession. Sur le chemin de l’exil, les journalistes rencontrent de nombreuses embĂ»ches et leur futur est incertain. Beaucoup attendent des mois, voire des annĂ©es, dans l’attente d’une protection et d’une hypothĂ©tique rĂ©installation.

2009 en chiffres

76 journalistes tués (+26% par rapport à 2008)

33 journalistes enlevés

573 journalistes arrĂȘtĂ©s ‹1456 agressĂ©s ou menacĂ©s

570 mĂ©dias censurĂ©s ‹

157 journalistes ont fui leur pays

1 blogueur mort en prison

151 blogueurs et Net-citoyens arrĂȘtĂ©s

61 agressés

60 pays touchĂ©s par la censure d’Internet

(Source: Info Sud – Tribune des droits humain le 31 decembre 2009)

 

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