Khaled Ben MÂŽBarek: AprĂšs Ali Saidi Ă qui le tour?
AFP: Entretiens du ministre français de la Culture à Tunis
AFP: Mauritanie: Al-QaĂŻda au Maghreb publie des photos du couple d’otages italiens
Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 31 décembre 2009
Nouvelles des libertés en Tunisie
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ComitĂ© de Soutien aux Militants de lâUGET
Paris le 01/01/2010
PrĂ©mices dâune Victoire
Mohemed Soudani, lâĂ©tudiant exclu de toutes les universitĂ©s tunisiennes Ă cause de ses activitĂ©s syndicales et politiques et condamnĂ© Ă 4 mois de prison lors dâun procĂšs inique, a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© le 1 janvier 2010 Ă 1h15. ArrĂȘtĂ© le 22 octobre 2009 suite Ă un entretien avec deux journalistes françaises, dĂ©tenu dans un endroit secret et privĂ© de son droit Ă la dĂ©fense, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 4 mois de prison ferme pour ivresse et atteinte aux bonnes mĆurs. Une sentence qui a Ă©tĂ© confirmĂ© en Appel.
Par ailleurs Najeh Saghrouni, Ayoub Amara, Isam Sallami, Rabii Warghi et les Ă©tudiants de Manouba, en grĂšve de la faim depuis le scandaleux procĂšs du 21/12/2009, sont toujours en prison.
Selon un communiquĂ© de lâAssociation tunisienne de lutte contre la torture (communiquĂ© du 01/01/2010), certains des Ă©tudiants de Manouba ont refusĂ© de faire Appel pour protester contre le caractĂšre injuste du procĂšs du 21/12/2009. Dâautres, notamment Nabil Balti, commencent Ă avoir des problĂšmes de santĂ© sans pour autant avoir le droit aux soins mĂ©dicaux. LâAssociation tunisienne de Lutte contre la Torture rapporte que les prisonniers de Manouba sont isolĂ©s les un des autres sans avoir la possibilitĂ© de se rencontrer. Ils nâont toujours pas reçu de rĂ©ponse quand Ă leurs requĂȘtes de pouvoir prĂ©parer et passer les examens en prison.Â
Les militants de la centrale syndicale estudiantine nâont pas encore soldĂ© leurs comptes en matiĂšre de procĂšs prĂ©fabriquĂ©s ; dâautres procĂšs sont encours.
Le 31/12/2009 le tribunal de Tunis a ajournĂ©, pour la troisiĂšme fois, la sentence quâil devait rendre contre E. Zatour le premier responsable de lâUGET et un ancien membre du Bureau exĂ©cutif. La sentence a Ă©tĂ© fixĂ©e pour le 14 janvier 2010.
Le ComitĂ© de Soutien aux Militants de lâUGET considĂšre que cette victoire, aussi partielle soit-elle, ne peut que motiver pour maintenir la vivacitĂ© de toutes les formes de solidaritĂ© avec les militants de lâUGET pour exiger :
 – La libĂ©ration de tous les militants emprisonnĂ©s.
– LâarrĂȘt de toutes les poursuites judiciaires engagĂ©es contre les militants de lâUGET.
– La rĂ©intĂ©gration dans leurs universitĂ©s de tous les Ă©tudiants exclus.
– La satisfaction des revendications syndicales et pĂ©dagogiques des Ă©tudiants.
– LâarrĂȘt de toute forme de rĂ©pression contre lâUGET et lui permettre de tenir son congrĂšs en toute libertĂ© et de fonctionner en toute indĂ©pendance.
Signez et faites signer la PĂ©tion internationale de solidaritĂ© avec les militants de lâUGET en envoyant vos signatures Ă uget.soldidarite@gmail.com ou en cliquant sur ce lien www.jesigne.fr/petitioninternationale
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Il y a huit ans, une mort programmĂ©e dans une atmosphĂšre semblable Ă celle dâaujourdâhui,
APRES ALI SAĂDI, A QUI LE TOUR ? Â
Il y a huit ans, le 30 dĂ©cembre 2001, le cadavre dâAli SaĂŻdi Ă©tait soi-disant trouvĂ© enterrĂ© quelque part Ă Oum LaĂąrayes. Le pouvoir a immĂ©diatement Ă©chafaudĂ© une histoire cousue de fil blanc en vue dâaccrĂ©diter la thĂšse du crime crapuleux. Deux femmes dont on ne sait rien aujourdâhui, ont Ă©tĂ© condamnĂ©es. Lâopposition tunisienne sâest rĂ©solue Ă laisser tomber ce pestifĂ©rĂ© de ses rangs, autorisant le pouvoir Ă le tuer une deuxiĂšme fois en le prĂ©cipitant dans les abĂźmes de lâoubli, Jamais la quĂȘte de vĂ©ritĂ© ne sâĂ©teindra Ă propos de ce martyre ignorĂ©. Son fils a grandi et pourra bientĂŽt reprendre le tĂ©moin. LâAISPP, LibertĂ©/EquitĂ© et lâATFD se doivent de rechercher les deux sĆurs SaĂŻdi-Biskri et de leur porter secours, y compris par une demande officielle de rĂ©ouverture de dossier. Certains aujourdâhui feignent dâignorer leur prĂ©dĂ©cesseur dans le jeu dâapprenti sorcier avec le pouvoir, en lui faisant la courbette, en lui lĂ©chant les bottes et en faisant les rabatteurs-maquereaux. Il y en a mĂȘme qui se font nommer ambassadeurs⊠Ils ne devraient pourtant pas dormir tranquilles, car, comme avec Ali, LâInfĂąme ajourne, ignore, refoule, patiente, mais il nâoublie jamais⊠Tous les dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s devenus benaliĂ©nĂ©s comme sâils avaient Ă©tĂ© frappĂ©s dâun sort subit, doivent mĂ©diter le cas Ali SaĂŻdi et bien rĂ©flĂ©chir avant de retourner coudre publiquement et ostensiblement leur tricot de corps⊠Et par-dessus le marchĂ©, de faire de cette dĂ©chĂ©ance absolue une sorte dâĂ©popĂ©e glorieuse (toz hikma !) Ă©rigeant la traĂźtrise et la bassesse, la nĂ©gation de soi et lâautodestruction morale, en vĂ©ritable croisade personnelle. Encore un peu, Ă les entendre, la « khiĂȘna » (de soi dâabord) serait remboursĂ©e par la SĂ©curitĂ© sociale. Comme disait lâĂ©ternel Almoutanabbi : Ù Ù ÙÙÙÙÙÙ ÙŰłÙÙÙÙ Ű§ÙÙÙۧÙÙ ŰčÙÙÙ .. Ù Ű§ Ùۏ۱ŰÙÙ ŰšÙ ÙÙŰȘ Ű„ÙÙŰ§Ù Ù. Fait Ă Besançon, le 1er janvier 2009 Par nous : Khaled Ben MÂŽBarek
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Entretiens du ministre français de la Culture à Tunis
AFP / 29 dĂ©cembre 2009 21h45 TUNIS – Le ministre français de la Culture, FrĂ©dĂ©ric Mitterrand a eu mardi des entretiens avec ses homologues tunisiens des Affaires Ă©trangĂšres, de la Culture et de la Communication, a constatĂ© un journaliste de l’AFP. M. Mitterrand, arrivĂ© vendredi en Tunisie pour des vacances, a effectuĂ© une visite de travail lundi et mardi, la premiĂšre d’un ministre français depuis la rĂ©Ă©lection en octobre dernier du prĂ©sident Zine El Abidine Ben Ali pour un cinquiĂšme mandat. Cette visite intervient quelques semaines aprĂšs les tensions entre Tunis et Paris concernant le respect des droits de l’Homme aprĂšs l’arrestation fin octobre du journaliste Taoufik Ben Brik. Ben Brik a Ă©tĂ© condamnĂ© fin novembre pour violence alors qu’il clame son innocence et que des organisations françaises de dĂ©fense de la presse et des droits de l’Homme affirment qu’il est victime de ses Ă©crits dans la presse française contre le rĂ©gime du prĂ©sident Ben Ali. A l’issue de son entretien avec le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Abdelwaheb Abdallah, M. Mitterrand, citĂ© par l’agence gouvernementale TAP, a indiquĂ© que l’entrevue s’Ă©tait dĂ©roulĂ©e « dans un climat confiance et d’amitié » et permis d’Ă©voquer « des questions relatives Ă la culture et Ă la communication ». « Ce fut un Ă©change de vues trĂšs Ă©largi, plein de confiance, au cours duquel chacune des parties a soulignĂ© l’importance des relations tuniso-françaises, l’amitiĂ© qui les caractĂ©rise et la nĂ©cessitĂ© de leur raffermissement », a-t-il ajoutĂ© selon la TAP. Au cours de son sĂ©jour, le ministre français devait remettre l’insigne de chevalier des arts et des lettres Ă des artistes tunisiens, notamment la comĂ©dienne Jalila Baccar, le metteur en scĂšne Fadhel Jaibi et le directeur de thĂ©Ăątre Taoufik Jebali. Â
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Mauritanie: Al-QaĂŻda au Maghreb publie des photos du couple d’otages italiens
AFP â le 31 decembre 2009
DUBAI â Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiquĂ© lundi l’enlĂšvement de deux Italiens le 18 dĂ©cembre en Mauritanie, a publiĂ© des photos du couple, a annoncĂ© jeudi le centre amĂ©ricain de surveillance des sites islamistes SITE. L’Aqmi a publiĂ© un communiquĂ©, en date du 30 dĂ©cembre, accompagnĂ© de trois photos, deux photos des piĂšces d’identitĂ© des otages et l’une montrant le couple. Sergio Cicala, retraitĂ© de 65 ans, et sa femme PhilomĂšne Kabouree, Italienne d’origine burkinabĂ© ĂągĂ©e de 39 ans, sont agenouillĂ©s et entourĂ©s de cinq hommes armĂ©s, selon SITE qui publie ces images. Dans son communiquĂ©, l’Aqmi prĂ©cise, selon SITE, que « l’enlĂšvement intervient alors que le gouvernement de Silvio Berlusconi soutient les guerres en Afghanistan et en Irak et soutient la +croisade+ contre l’islam ». L' »Aqmi prĂ©cise que si la famille des otages et le peuple italien tiennent Ă la sĂ©curitĂ© de Cicala et Kabouree, ils doivent exercer une pression sur leur gouvernement pour qu’il rĂ©ponde Ă sa demande », indique SITE. Le 28 dĂ©cembre, la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Al-Arabiya, basĂ©e Ă DubaĂŻ, avait indiquĂ© qu’Aqmi avait revendiquĂ© dans un message audio l’enlĂšvement des deux Italiens. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Franco Frattini avait dĂ©clarĂ© que l’Italie n’a « aucun contact direct avec un Ă©missaire » d’Aqmi. Les deux Italiens avaient Ă©tĂ© enlevĂ©s sur une route du sud-est de la Mauritanie. Ils se rendaient au Burkina Faso Ă bord d’un minibus immatriculĂ© en Italie, avait indiquĂ© une source de sĂ©curitĂ©. Ces deux derniĂšres annĂ©es, Aqmi a revendiquĂ© une sĂ©rie d’actions meurtriĂšres en Mauritanie, dont l’assassinat fin 2007 de quatre Français Ă Aleg (250 km Ă l’est de Nouakchott) et celui d’un AmĂ©ricain en juin dans la capitale. Â
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Le bilan 2009 de Reporters sans frontiĂšres
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31 dĂ©cembre 09 – Guerres et Ă©lections contestĂ©es : sujets les plus dangereux pour les journalistes.
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RSF – LâannĂ©e 2009 restera marquĂ©e par deux Ă©vĂ©nements dramatiques : le plus grand massacre de journalistes commis en une seule journĂ©e, celui de 30 professionnels des mĂ©dias par la milice privĂ©e dâun gouverneur du sud des Philippines ; et une vague dâarrestations et de condamnations sans prĂ©cĂ©dent de journalistes et blogueurs en Iran aprĂšs la rĂ©Ă©lection contestĂ©e du prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad.
Par ailleurs, pour Ă©chapper Ă la prison ou Ă la mort, prĂšs de 160 journalistes de tous les continents ont pris le chemin de lâexil, dans des conditions parfois trĂšs pĂ©rilleuses. Photographes de presse iraniens traversant la frontiĂšre vers la Turquie pour Ă©chapper Ă lâarrestation, ou reporters radio somaliens fuyant vers les pays frontaliers pour Ă©viter une mort certaine, ces professionnels sont autant de relais dâinformation que lâon cherche Ă faire taire par tous les moyens.
« Les guerres et les Ă©lections ont Ă©tĂ© les principales menaces concernant les journalistes en 2009. Couvrir un conflit est de plus en plus dangereux, tant les journalistes sont pris pour cibles et risquent assassinats ou enlĂšvements. Mais faire son travail de reporter en pĂ©riode Ă©lectorale peut sâavĂ©rer tout aussi dangereux et conduire directement en prison ou Ă lâhĂŽpital. Les violences prĂ© ou post-Ă©lectorales commises contre des journalistes ont Ă©tĂ© particuliĂšrement importantes en 2009 dans des pays peu dĂ©mocratiques. Autre constat â qui nâest pas une surprise â les blogueurs et les sites Internet sont de plus en plus nombreux Ă ĂȘtre touchĂ©s par la censure et la rĂ©pression. Il nâexiste pratiquement plus aucun pays, aujourdâhui, qui Ă©chappe Ă ce phĂ©nomĂšne. Chaque fois quâInternet ou les nouveaux mĂ©dias (rĂ©seaux sociaux, tĂ©lĂ©phones portables, etc.) jouent un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la diffusion dâinformations, le retour de bĂąton est sĂ©vĂšre. Les blogueurs sont dĂ©sormais tout autant surveillĂ©s que les journalistes des mĂ©dias traditionnels.
Enfin, notre principale inquiĂ©tude concernant lâannĂ©e 2009 vient de lâexode massif de journalistes en provenance de pays rĂ©pressifs comme lâIran ou le Sri Lanka. Les autoritĂ©s de ces pays ont compris quâen incitant les journalistes Ă partir, elles rĂ©duisaient ainsi considĂ©rablement le pluralisme des idĂ©es et le degrĂ© de critique. Cette tendance est dangereuse et il faut absolument quâelle soit dĂ©noncĂ©e avec force », a dĂ©clarĂ© Jean-François Julliard, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Reporters sans frontiĂšres, Ă lâoccasion de la publication de ce bilan de lâannĂ©e 2009.
Une augmentation de 26% du nombre de journalistes tués
La quasi-totalitĂ© des journalistes tuĂ©s en 2009, Ă lâexception du rĂ©alisateur de documentaires franco-espagnol Christian Poveda, assassinĂ© au Salvador, Ă©taient des nationaux. « Moins connus de lâopinion publique internationale que les grands reporters, ce sont pourtant ces journalistes locaux qui paient, chaque annĂ©e, le prix le plus lourd pour garantir notre droit Ă ĂȘtre informĂ©s sur les conflits, la corruption ou la destruction de lâenvironnement », a dĂ©clarĂ© Jean-François Julliard, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Reporters sans frontiĂšres.
2009 a trĂšs mal dĂ©butĂ© avec lâoffensive militaire israĂ©lienne Ă Gaza. En plus de fermer lâaccĂšs du territoire palestinien aux mĂ©dias Ă©trangers, le gouvernement israĂ©lien a menĂ© des raids violents sur des bĂątiments abritant des mĂ©dias. Deux reporters ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans ces attaques. Dans le Caucase russe, journalistes et dĂ©fenseurs des droits de lâhomme ont connu une annĂ©e de tous les dangers. Natalia Estemirova en TchĂ©tchĂ©nie, Malik Akhmedilov au Daghestan, autant de tĂ©moins de la sale guerre menĂ©e par Moscou et ses alliĂ©s locaux, qui ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s en toute impunitĂ©.
Les groupes islamistes radicaux ont causĂ© la mort dâau moins 15 journalistes dans le monde. Ainsi, en Somalie, la milice Al-Shabaab multiplie les assassinats ciblĂ©s et les attentats suicides. Au total, neuf reporters sont morts, dont quatre de la station Radio Shabelle, laquelle tente dâinformer malgrĂ© le chaos. Au Pakistan, les reporters sont davantage visĂ©s par les groupes taliban du nord-ouest du pays.
Enfin, le nombre dâenlĂšvements continue Ă augmenter lĂ©gĂšrement. La majoritĂ© des cas sont concentrĂ©s en Afghanistan, au Mexique et en Somalie. Si le journaliste du New York Times David Rohde et son fixeur ont rĂ©ussi Ă Ă©chapper aux mains des taliban, le reporter afghan Sultan Munadi a Ă©tĂ© tuĂ© lors de lâopĂ©ration militaire qui devait le sauver.
« Trois ans aprĂšs lâadoption de la rĂ©solution 1738 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies sur la protection des journalistes en zones de conflit, les gouvernements semblent toujours incapables dâassurer la sĂ©curitĂ© des professionnels des mĂ©dias », a ajoutĂ© Reporters sans frontiĂšres.
Autres formes de violences, les agressions et les menaces ont augmentĂ© dâun tiers (passant de 929 cas en 2008 Ă 1456 en 2009). Câest sur le continent amĂ©ricain (501 affaires) que les journalistes sont les plus exposĂ©s, notamment quand ils dĂ©noncent le narcotrafic, la corruption, ou les potentats locaux. LâAsie vient derriĂšre avec 364 affaires de ce genre, notamment au Pakistan, au Sri Lanka et au NĂ©pal. Le nombre de mĂ©dias censurĂ©s augmente dangereusement, avec au moins 570 cas de journaux, radios ou tĂ©lĂ©visions interdits de diffuser une information ou contraints Ă la fermeture. Ce fut le cas pour un magazine satirique de Malaisie, une douzaine de journaux rĂ©formateurs en Iran, Radio France Internationale en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ou encore la BBC World Service au Rwanda.
Le nombre de journalistes arrĂȘtĂ©s (de 673 en 2008 Ă 573 en 2009) connaĂźt une lĂ©gĂšre baisse, notamment du fait de la baisse des privations de libertĂ© en Asie. Câest le Moyen-Orient qui connaĂźt le plus grand nombre de cas.
Violences Ă©lectorales
Les 30 journalistes assassinĂ©s sur lâĂźle de Mindanao couvraient la tentative dâun opposant au potentat local de sâinscrire comme candidat aux Ă©lections rĂ©gionales de 2010. De mĂȘme, le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik a Ă©tĂ© emprisonnĂ© dans les jours qui ont suivi la rĂ©Ă©lection du prĂ©sident Ben Ali, alors que son collĂšgue Slim Boukhdhir a subi une violente agression. Au Gabon, plusieurs journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s et dâautres menacĂ©s de mort dans les jours qui ont suivi lâĂ©lection dâAli Bongo Ă la tĂȘte du pays. Une demi-douzaine de mĂ©dias ont, en outre, Ă©tĂ© fermĂ©s temporairement pour avoir fait Ă©tat des violences post-Ă©lectorales et critiquĂ© les membres du nouveau gouvernement. Enfin, câest bien lâĂ©lection controversĂ©e de Mahmoud Ahmadinejad en Iran qui a conduit Ă une vague de rĂ©pression dĂ©lirante contre les mĂ©dias.
Les Ă©lections pluralistes, symboles de dĂ©mocratie et de libre expression, peuvent tourner au cauchemar pour les journalistes. En pĂ©riode Ă©lectorale, les mĂ©dias dâEtat sont trop souvent empĂȘchĂ©s de couvrir Ă©quitablement les activitĂ©s des candidats, comme cela a Ă©tĂ© le cas lors de lâĂ©lection afghane controversĂ©e ou du simulacre Ă©lectoral en GuinĂ©e Ă©quatoriale. Tandis que les journalistes les plus engagĂ©s sâexposent aux reprĂ©sailles du camp adverse. Lors du scrutin, lâaccĂšs aux mĂ©dias nâest pas toujours respectĂ© non plus, comme en ont tĂ©moignĂ© les Ă©lections provinciales dans les zones tamoules du Sri Lanka.
Les problĂšmes les plus sĂ©rieux surgissent Ă lâannonce des rĂ©sultats. Les partisans de Mahmoud Ahmadinejad, dĂ©bordĂ©s par un mouvement dâopposition largement relayĂ© sur Internet et dans la presse rĂ©formatrice, se sont lancĂ©s dans une rĂ©pression ultra-violente contre des centaines de journalistes et blogueurs, accusĂ©s dâĂȘtre des espions Ă la solde de lâĂ©tranger ou des agents de la dĂ©stabilisation.
Cette annĂ©e, lâaudace dont ont fait preuve les journalistes en pĂ©riodes prĂ© et post Ă©lectorales a Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par des dĂ©tentions, des mauvais traitements et des peines de prison, pour certaines extrĂȘmement lourdes. Ces scĂ©narios rĂ©pressifs dâaprĂšs scrutin doivent inciter la communautĂ© internationale Ă trouver les moyens de mieux protĂ©ger la presse aprĂšs lâannonce de victoires bien souvent volĂ©es ou biaisĂ©es.
« En tout cas, cette vague de violences augure mal de lâannĂ©e 2010 au cours de laquelle des Ă©lections clĂ©s auront lieu notamment en CĂŽte dâIvoire, au Sri Lanka, en Birmanie, en Irak ou encore dans les Territoires palestiniens », sâinquiĂšte Reporters sans frontiĂšres qui mĂšne rĂ©guliĂšrement un travail de monitoring des mĂ©dias en pĂ©riode Ă©lectorale.
Plus de cent blogueurs et cyberdissidents emprisonnés
Pour la premiĂšre fois depuis lâapparition dâInternet, Reporters sans frontiĂšres recense prĂšs de 110 blogueurs, cyberdissidents et internautes emprisonnĂ©s dans le monde pour avoir exprimĂ© sur le Web leurs opinions. Ce chiffre illustre la rĂ©pression qui sĂ©vit sur le Net dans une dizaine de pays. Plusieurs Etats ont dĂ©finitivement adoptĂ© une politique de criminalisation de lâexpression en ligne, mettant Ă mal les espoirs dâun Internet sans censure.
Internet a Ă©tĂ© le moteur de la contestation dĂ©mocratique en Iran, en Chine et ailleurs. Câest avant tout pour cela que les gouvernements autoritaires sont si enclins Ă punir sĂ©vĂšrement les internautes, comme ces deux blogueurs azerbaĂŻdjanais condamnĂ©s Ă deux ans de prison pour avoir tournĂ© en dĂ©rision les Ă©lites politiques dans une vidĂ©o.
Si, en 2009, la Chine est restĂ©e le principal censeur dâInternet, lâIran, laTunisie, la ThaĂŻlande, lâArabie saoudite, le ViĂȘt-nam et lâOuzbĂ©kistan ont Ă©galement eu recours aux blocages rĂ©currents de sites et de blogs, et Ă la surveillance de lâexpression en ligne. LâInternet turkmĂšne demeure en outre sous contrĂŽle total de lâĂtat.
Cette annĂ©e encore, des blogueurs et de simples citoyens sâexprimant sur le Net ont Ă©tĂ© agressĂ©s, menacĂ©s ou interpellĂ©s alors que la popularitĂ© des rĂ©seaux sociaux et des sites participatifs a pris davantage essor. LâEgyptien Kareem Amer est toujours dĂ©tenu, tandis que le cĂ©lĂšbre comĂ©dien birman Zarganar a encore 34 ans de prison Ă purger. Des figures de proue de la dĂ©fense de la libertĂ© dâexpression sur Internet, notamment les Chinois Hu Jia et Liu Xiaobo ou les Vietnamiens Nguyen Trung et Dieu Cay, font partie de la centaine de victimes des policiers du Net.
La crise compte dĂ©sormais parmi les thĂšmes susceptibles de provoquer des rĂ©actions de censure, en particulier sur la Toile. Ainsi, en CorĂ©e du Sud, un blogueur a Ă©tĂ© dĂ©tenu Ă tort pour avoir commentĂ© la situation catastrophique du pays. En ThaĂŻlande, une demi-douzaine de net-citoyens qui ont Ă©tĂ© interpellĂ©s ou intimidĂ©s pour avoir Ă©voquĂ© la crise au sein du royaume. Le simple fait dâavoir mis en relation la santĂ© du roi et la chute des cours de la Bourse de Bangkok, en a fait des cibles de choix pour les autoritĂ©s. Enfin, Ă DubaĂŻ, la censure a Ă©tĂ© imposĂ©e aux mĂ©dias locaux quand ils ont dĂ» relater lâeffondrement du marchĂ© intĂ©rieur.
Les pays dĂ©mocratiques ne sont pas en reste : alors que plusieurs Ătats europĂ©ens planchent sur de nouvelles mesures de contrĂŽle de la Toile au nom de la lutte contre la pĂ©dopornographie ou le tĂ©lĂ©chargement illĂ©gal, lâAustralie a annoncĂ© son intention de mettre en place un systĂšme obligatoire de filtrage, dangereux pour la libertĂ© dâexpression. La justice turque a encore augmentĂ© le nombre de sites Internet, notamment YouTube, censurĂ©s pour des critiques Ă lâencontre de la personnalitĂ© du premier prĂ©sident de la RĂ©publique, Mustafa Kemal AtatĂŒrk.
« Dâune annĂ©e sur lâautre, le nombre de pays touchĂ©s par la censure dâInternet a Ă©tĂ© multipliĂ© par deux. Une tendance inquiĂ©tante qui illustre le renforcement du contrĂŽle exercĂ© sur les nouveaux mĂ©dias alors que des millions de net-citoyens sont de plus en plus mobilisĂ©s sur la Toile. Câest pour mieux dĂ©noncer cette criminalisation de lâexpression sur le Net que Reporters sans frontiĂšres va organiser le 12 mars prochain une nouvelle mobilisation contre les Ennemis dâInternet », a affirmĂ© Lucie Morillon, responsable du Bureau Internet et LibertĂ©s.
Les médias en procÚs
Au 30 dĂ©cembre 2009, au moins 167 journalistes sont emprisonnĂ©s dans le monde. Il faut remonter au dĂ©but des annĂ©es 1990 pour trouver un nombre aussi important de journalistes emprisonnĂ©s dans le monde. Bien que le rapporteur spĂ©cial des Nations unies sur la libertĂ© dâexpression ait maintes fois rĂ©pĂ©tĂ© que la prison Ă©tait une peine disproportionnĂ©e dans une affaire de presse, de nombreux gouvernements maintiennent de telles sanctions dans la loi, et en abusent. Les peines infligĂ©es Ă des journalistes Ă Cuba, en Chine, au Sri Lanka ou en Iran sont tout aussi sĂ©vĂšres que celles imposĂ©es Ă des auteurs de crimes de sang ou Ă des terroristes.
La prison et la violence sont encore trop souvent les seules rĂ©ponses que les autoritĂ©s offrent aux professionnels des mĂ©dias. Ainsi, au Moyen-Orient, au moins une agression ou interpellation se produit chaque jour. En Irak, par exemple, plus de soixante journalistes ont Ă©tĂ© agressĂ©s ou interpellĂ©s en 2009. Dans les Territoires palestiniens, plus de cinquante journalistes ont Ă©tĂ© dĂ©tenus par le Hamas Ă Gaza et par le Fatah en Cisjordanie. LâAfrique et lâAsie sont au coude Ă coude pour le nombre de journalistes dĂ©tenus. On recense, en 2009, plus de dix cas dâarrestations au Niger, en Gambie et en Somalie, lâĂrythrĂ©e se maintenant au rang de premiĂšre prison dâAfrique pour les journalistes avec 29 confrĂšres derriĂšre les barreaux. En Asie, le nombre dâinterpellations a heureusement diminuĂ©, mais les forces de sĂ©curitĂ© chinoises ou pakistanaises continuent Ă interpeller des journalistes Ă©trangers ou locaux quand ils dĂ©passent les lignes rouges quâils sont âcensĂ©sâ respecter. Au Honduras, le coup dâĂtat du 28 juin 2009, soutenu par la presse conservatrice, a donnĂ© lieu Ă une vĂ©ritable traque des journalistes soupçonnĂ©s de sympathie envers le prĂ©sident renversĂ© Manuel Zelaya, et Ă la suspension, voire Ă la fermeture, de leurs rĂ©dactions. Enfin, Cuba sâillustre encore cette annĂ©e avec au moins 24 cas dâarrestations et deux nouveaux emprisonnements de longue durĂ©e, portant Ă 25 le nombre de journalistes incarcĂ©rĂ©s dans lâĂźle.
Quand les puissants ne font pas arrĂȘter les journalistes, ils les harcĂšlent par des plaintes en sĂ©rie devant les tribunaux. En AlgĂ©rie, le directeur de publication Omar Belhouchet a reçu, Ă lui seul cette annĂ©e, quinze convocations devant les juges. En Turquie ou au Maroc, la presse dâopposition est la cible de plaintes Ă rĂ©pĂ©tition qui conduisent presque toujours Ă des condamnations ou des fermetures de mĂ©dias, car les tribunaux penchent du cĂŽtĂ© du plaignant et non pas de la presse.
Lâexil pour survivre
Pour la premiĂšre fois, Reporters sans frontiĂšres inclut dans ce bilan annuel le chiffre des journalistes contraints de quitter leur pays suite Ă des menaces sur leur vie ou leur libertĂ©. Ce ne sont pas moins de 157 professionnels des mĂ©dias forcĂ©s de prendre les routes de lâexil, parfois dans des conditions trĂšs difficiles. Lâexode des journalistes et blogueurs iraniens – plus dâune cinquantaine -, ou de leurs confrĂšres sri lankais â pas moins de 29 cas recensĂ©s cette annĂ©e -, a Ă©tĂ© massif. Sans parler de lâAfrique avec la cinquantaine de journalistes somaliens qui ont fui le chaos et la dizaine de reporters Ă©rythrĂ©ens contraints de quitter leur pays de peur dâĂȘtre la cible de reprĂ©sailles de la pire dictature du continent. Lâexil de journalistes a Ă©galement touchĂ© la GuinĂ©e, lâAfghanistan, le Pakistan, le Mexique, la Colombie ou encore lâEthiopie.
Ce nouvel indicateur tĂ©moigne de la peur qui rĂšgne dans certains pays au sein de la profession. Sur le chemin de lâexil, les journalistes rencontrent de nombreuses embĂ»ches et leur futur est incertain. Beaucoup attendent des mois, voire des annĂ©es, dans lâattente dâune protection et dâune hypothĂ©tique rĂ©installation.
2009 en chiffres
76 journalistes tués (+26% par rapport à 2008)
33 journalistes enlevés
573 journalistes arrĂȘtĂ©s âš1456 agressĂ©s ou menacĂ©s
570 mĂ©dias censurĂ©s âš
157 journalistes ont fui leur pays
1 blogueur mort en prison
151 blogueurs et Net-citoyens arrĂȘtĂ©s
61 agressés
60 pays touchĂ©s par la censure dâInternet
(Source: Info Sud – Tribune des droits humain le 31 decembre 2009)
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