4 novembre 2010

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TUNISNEWS
10 ème année, N° 3817 du 04.11.2010
archives : www.tunisnews.net 


OIET: RASSEMBLEMENT SAMEDI 06 NOVEMBRE 2010 A 12H00 Amnesty International: Tunisie. Les grèves de la faim en cours jettent un coup de projecteur sur les atteintes aux droits humains en Tunisie AISPP: Non à la torture, non aux traitements inhumains des prisonniers politiques AISPP: Agression violente de Nizar Jmi’i, prisonnier à la Mornaguia Liberté et Equité: Convocation d’une série de prisonniers libérés du mouvement En Nahdha LTDH Section de Kairouan: Affaire n°38459 – Information Luiza Toscane: Deux ex prisonniers sont en grève de la faim depuis un mois Taoufik Ben Brik: La Dictature racontée à mes enfants (7 nov 1987 – 7 nov 2010) Tunigeek: Tunisie : Un jeune de Nabeul se suicide après la défaite de l’EST


 

RASSEMBLEMENT SAMEDI 06 NOVEMBRE 2010 A 12H00

 DEVANT LE CONSULAT DE TUNISIE A PANTIN 1, avenue Jean Lolive à Pantin Métro Porte de Pantin ou Hoche (Ligne 5)  


 
En vue de défendre le droit des exilés tunisiens à leurs passeports et au RETOUR DIGNE à leur pays. Ce serait une occasion pour sensibiliser l’opinion nationale et internationale par rapport au calvaire des centaines de tunisiens et protester contre le chantage des autorités consulaires. Une occasion aussi pour affirmer que le passeport est un droit qui doit bénéficier à toutes les citoyennes et à tous les citoyens sans discrimination ni chantage : « En priver un seul citoyen nuira à la citoyenneté tout entière ». Organisation Internationale des Exilés Tunisiens Bureau exécutif L’exil, le 04 novembre 2010

AMNESTY INTERNATIONAL Déclaration publique Index AI :        MDE 30/023/2010    (Public) ÉFAI 29 octobre 2010

Tunisie. Les grèves de la faim en cours jettent un coup de projecteur sur les atteintes aux droits humains en Tunisie


Amnesty International a condamné ce 29 octobre les autorités tunisiennes pour leur harcèlement des victimes de violations des droits humains ; selon certaines informations, au moins cinq personnes victimes d’atteintes aux droits humains auraient entamé une grève de la faim pour exiger le respect de leurs droits. Fatigués par des années de harcèlement et sans solution en vue, journalistes, militants politiques, opposants au gouvernement et défenseurs des droits humains semblent ne plus avoir d’autre recours que les grèves de la faim pour attirer l’attention sur leur exigence légitime de respect de leurs droits fondamentaux. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des prisons tunisiennes, les revendications des grévistes de la faim vont de la libération de prisonniers d’opinion à la délivrance de passeports et l’accès aux soins médicaux pour d’anciens prisonniers politiques. Fahem Boukadous, journaliste prisonnier d’opinion, est en grève de la faim dans la prison de Gafsa depuis le 8 octobre 2010 ; il proteste contre sa détention arbitraire prolongée, le harcèlement dont il fait l’objet de la part des autorités pénitentiaires et la dégradation de ses conditions de détention. Il a également arrêté tout traitement médical, mettant sa vie en danger et déclare vouloir poursuivre sa grève de la faim jusqu’à ce que son exigence de remise en liberté soit satisfaite. Fahem Boukadous et Hassan ben Abdallah, autre prisonnier d’opinion, purgent une peine de quatre années d’emprisonnement prononcée à l’issue d’un procès inéquitable. Ils ont été jugés pour leur participation présumée aux manifestations de 2008 organisées pour protester contre la situation socio-économique et les mauvaises conditions de vie dans la région minière de Gafsa, riche en phosphates, dans le sud-ouest de la Tunisie Fahem Boukadous a été condamné pour avoir effectué un reportage télé sur les manifestations. Il souffre d’asthme aigu grave et son état nécessite des soins constants. Son épouse, Affef Benacer, fait également l’objet d’une surveillance constante visant à l’intimider et à l’amener à cesser la campagne qu’elle mène sans relâche pour la libération de son mari. Elle a déclaré à Amnesty International que le 27 octobre, elle avait été insultée, frappée et avait eu ses vêtements déchirés par cinq hommes en civil qui seraient des officiers de la sécurité, en plein centre ville de Gafsa. Elle a expliqué que ses agresseurs s’en étaient pris à elle lorsqu’elle avait refusé d’ôter une petite photo de Fahem Boukadous qu’elle portait épinglée sur son corsage. Elle a ajouté que les deux amies qui l’accompagnaient avaient également été frappées lorsqu’elles avaient tenté de la protéger. Depuis le début du mois d’octobre, d’autres personnes se sont mises en grève de la faim pour attirer l’attention sur la gravité de leur situation. Ghezala Mohammedi, défenseure des droits humains et membre du Parti démocratique progressiste d’opposition, a mis un terme le 27 octobre à une grève de la faim de deux semaines. Elle entendait ainsi protester contre son licenciement, pour raisons politiques, de l’association de développement, connue comme étant proche du Rassemblement constitutionnel démocratique au pouvoir, dans laquelle elle travaillait à Ksar, au sud de Gafsa. Selon Ghezala Mohammedi, son licenciement en 2008 est lié à ses activités de soutien au mouvement de protestation de Gafsa ; son poste a été confié à une personne réputée proche des autorités de Gafsa. Abdellatif Bouhajila, ancien prisonnier politique, est aussi en grève de la faim depuis le 11 octobre à son domicile, dans la banlieue de Tunis ; il demande que soit respecté son droit à obtenir un passeport afin de pouvoir se rendre à l’étranger pour des soins de santé urgents. Abdellatif Bouhajila a déclaré à Amnesty International : « Lors de la grève de la faim que j’ai faite en 2008,  je demandais aux autorités qu’elles m’accordent les soins médicaux gratuits et le passeport auxquels j’ai droit. Deux années ont passé depuis ma rencontre avec deux représentants du ministère de la Santé publique qui m’avaient promis de m’aider mais mon dossier n’a pas avancé, les promesses n’ont pas été tenues et ma santé se dégrade. Aujourd’hui, ma seule revendication porte sur l’obtention d’un passeport qui me permettra de me rendre à l’étranger pour me faire soigner. » Depuis sa libération conditionnelle à la faveur d’une grâce présidentielle en novembre 2007, il n’a pu obtenir de passeport en dépit de requêtes répétées.  Abdellatif Bouhajila a subi une opération des reins lors de sa détention en 2002 ; il souffre toujours de problèmes cardiaques et rénaux et son état de santé resterait précaire en raison des mauvais traitements subis en prison et de ses nombreuses grèves de la faim. Les appels d’Amnesty International aux autorités tunisiennes en faveur d’Abdellatif Bouhajila sont restés sans effet. Deux autres anciens prisonniers, Mohammed Rihimi et Mohamed Akrout, auraient également entamé une grève de la faim pour protester contre le harcèlement policier et la surveillance quotidienne dont ils font l’objet et qui les auraient empêché d’obtenir un travail rémunéré. Amnesty International  a recueilli de nombreux témoignages, illustrant les pratiques et politiques répressives des autorités tunisiennes à l’égard d’anciens prisonniers politiques, dans un rapport publié en février 2010, :intitulé Libérés mais pas libres : les anciens prisonniers politiques en Tunisie, http://www.amnesty.org/en/library/asset/MDE30/003/2010/en/2579e794-0c04-4fa0-9aaf-83677f438601/mde300032010fra.html De nombreux anciens prisonniers politiques sont soumis à des peines complémentaires de « contrôle administratif » et tenus de se présenter plusieurs fois par semaines dans des postes de police précis. Ils sont également soumis à une surveillance policière étroite et rencontrent des difficultés pour obtenir un emploi et des soins médicaux ; ils sont en outre soumis à des restrictions en matière de liberté de circulation sur le territoire tunisien et de déplacement hors du pays. Les autorités tunisiennes refusent de leur délivrer des passeports et, à plusieurs reprises, des membres de leur famille proche se sont vus également refuser un passeport, en violation de la Constitution tunisienne et des obligations internationales du pays en matière de droits humains, notamment l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Tunisie est État partie. Pour Amnesty International, les grèves de la faim qui se poursuivent constituent un rappel brutal du harcèlement auquel sont confrontés tous ceux qui s’opposent aux autorités tunisiennes et de la mise en marge systématique des anciens prisonniers politiques en Tunisie.  


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Aispp.free@gmail.com 43 rue Eldjazira, Tunis Tunis, le 4 novembre 2010 Communiqué

Non à la torture, non aux traitements inhumains des prisonniers politiques


L’association a appris que Monsieur Mohammed Ben Houssine Ben Abdelkader Bakhti, prisonnier politique, condamné sur les fondements de la loi antiterroriste dans l’affaire n°42581 à douze ans d’emprisonnement et détenteur d’une carte d’handicapé (n°1521/215752), un jeune homme quasiment aveugle, actuellement à la prison de Messaadine, est soumis à la torture supervisée par le lieutenant « Abderrrahmane » depuis le début du mois d’août jusqu’à présent. Sa famille affirme que son état est grave et craint pour sa santé et sa vie. Au terme d’un mois durant lequel les visites ont été interdites, soit tout le mois de Ramadhan, sa mère a été surprise durant la visite qu’elle lui a rendue mercredi 11 octobre 2010 de constater une blessure grande et profonde à la tête, des lésions sur ses membres. Lorsqu’il a voulu parler de la torture et des agressions qu’il a endurées, la visite a été interrompue. Lorsqu’elle a voulu se plaindre à l’administration, le directeur, Imed Ajmi, a prétendu qu’il s’était agressé lui-même. Lors de la visite suivante le 18 octobre 2010, monsieur Mohammed Bakhti a affirmé que le lieutenant Abderrahmane l’avait conduit dans une cellule du pavillon d’arrestation où se trouvent des prisonniers mineurs et a ordonné à ces derniers de l’agresser (coups et insultes) et il a excité les prisonniers de cette cellule qui l’ont roué de coups sous la supervision des agents et en présence du lieutenant, ces derniers l’accablant de coups de matraques et de pieds. Le calvaire de monsieur Mohammed Bakhti ne s’est pas arrêté là. Mercredi 25 octobre, la visite a été interdite dès qu’il a voulu parler des violences, de ses lunettes brisées, de sa détention au cachot pendant 28 jours, qu’il voyait ses parents les pieds enchaînés et qu’il souffrait de douleurs intenses et qu’il était enflé. Le directeur de la prison, Imed Ajmi, lui a promis qu’il ne sortirait de la prison qu’handicapé. Lorsque sa mère a demandé des explications, le directeur de la prison a de nouveau allégué qu’il s’était agressé lui-même. Ses parents ont voulu déposer plainte et poursuivre les agresseurs chez le procureur de la République de Sousse, mais il a refusé de recevoir la plainte. Son père a présenté deux requêtes au directeur général des prisons et de la rééducation pour lesquelles on lui a remis des reçus (N°06552 et 06553) sans que n’ait pour autant changé dans la situation de leur fils jusqu’à maintenant. […] Le Président de l’Association Samir Dilou (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Aispp.free@gmail.com 43 rue Eldjazira, Tunis Tunis, le 2 novembre 2010  

Agression violente de Nizar Jmi’i, prisonnier à la Mornaguia


Un agent de la garde de la prison de Mornaguia, le dénommé « Mohammed Melliti », a agressé le prisonnier Nizar Ben Abderrahmane Jmi’i, lui assénant des cops dans le dos après lui attaché les mains et le visage contre le mur, et ce jusqu’à le faire tomber. L’agent a continué à lui donner des coups de pieds sans arrêt, jusqu’à ce qu’il perdre connaissance et qu’il soit transféré ensuite à l’hôpital. Après les soins de secours, il a été reconduit en prison et s’est retrouvé dans une cellule minuscule (moins de deux mètres) en compagnie de deux autres prisonniers. Sa famille a déposé plainte contre l’agent Mohammed Melliti qui avait violenté le prisonnier Nizar Ben Abderrahmane Jmi’i. […] La commission de contrôle de la situation dans les prisons Le Président Maître Samir Dilou (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la revue en arabe, LT)


Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation Indépendante de Droits Humains 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 3 novembre 2010

Nouvelles des libertés en Tunisie


1)   Convocation d’une série de prisonniers libérés du mouvement En Nahdha Le poste de police de la ville de Menzel Jmil dans le gouvernorat de Bizerte a informé verbalement lundi 1er novembre 2010 messieurs Kamel Trabelsi, Mohammed Tliba et Saïd Gharbi, anciens prisonniers dans des affaires d’appartenance au mouvement En Nahdha, qu’ils devaient se présenter au poste. Cette convocation, formellement illégale, s’inscrit dans le cadre du contrôle sécuritaire permanent auquel sont soumis ces personnes libérées, et de l’obligation qui leur est faite de se soumettre à l’actualisation de leurs fiches de renseignements. […] 2)   Arrestation d’une nouvelle série de jeunes de Menzel Bourguiba Mardi 2 novembre 2010 à Menzel Bourguiba, Messieurs Béchir Laouini, Farid Bejaoui, Salah Zahani ont été arrêtés et conduits dans un lieu inconnu. Leurs familles ignorent toujours la raison et le lieu de leur détention. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme Section de Kairouan 4 novembre 2010 Information


Le tribunal cantonal de Kairouan a prononcé hier son jugement dans l’affaire de l’opposition n°38459 faite par les étudiants ·        Houssine Souissi, quatrième année d’arabe, secrétaire général du Bureau Fédéral de l’UGET ·        Badreddine Chaabani, quatrième année d’arabe, membre du bureau fédéral ·        Othman Karaoui, quatrième année de philosophie, membre du bureau fédéral ·        Saber Salmi, deuxième année de français, syndicaliste et les a condamnés à une amende de deux cents dinars. Ces étudiants qui avaient été renvoyés de la faculté l’année dernière, avaient fait opposition à un jugement par défaut, les condamnant à trois mois d’emprisonnement pour « outrage verbal à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions » à la suite d’une tentative de rencontre avec le responsable ministériel de la faculté. […] Pour le comité de section Messaoud Romdhani (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

Deux ex prisonniers sont en grève de la faim depuis un mois


 

 Abdellatif Bouhjila et Mohammed Rhim sont en grève de la faim à leurs domiciles respectifs de Mégrine et de Monastir depuis un mois. Ex prisonniers politiques, ils réclament chacun que soit mis un terme à la privation de leurs droits : le droit à la santé et à un passeport pour le premier, le droit à travailler et à circuler pour le second. En dépit des démarches entreprises par leurs avocates respectives, en dépit de l’important écho recueilli par ce mouvement de grève, tant au niveau national qu’international, les intéressés n’ont pas encore reçu le moindre signe des autorités leur indiquant qu’une solution était prochaine. Abdellatif Bouhjila et Mohammed Rhim accusent un épuisement physique évident. Mohammed Rhim, notamment, qui a perdu 18 kilos et ne peut plus marcher. Contraint d’émarger quotidiennement au poste de police, il s’y rend en fauteuil roulant, accompagné par sa mère. Pour autant, l’un comme l’autre affichent une détermination à toute épreuve et entendent bien continuer leur mouvement. Luiza Toscane Pour leur témoigner votre solidarité : Mohammed Rhim : 00 216 23 927 788 ou 00 216 73 447 230 Abdellatif Bouhjila : 00 216 23 048 533

La Dictature racontée à mes enfants (7 nov 1987 – 7 nov 2010)

Un texte du journaliste et dissident tunisien Taoufik Ben Brik.


« Mon cher Bukowski, Pourquoi n’écrivez-vous jamais sur la politique ou les grandes affaires internationales ? » M.K.

« Cher M.K., Et pourquoi, hein ? Quoi de neuf ? Tout le monde sait que les carottes sont cuites. Notre fou à lier s’assied tranquillement pendant qu’on regarde les poils d’un tapis et qu’on se demande comment la merde a commencé (…) Voilà ce qui compte : le rêve s’est envolé, et quand le rêve s’en va, tout se débine. Le reste : des jeux à la con pour les généraux et les trafiquants. » Charles Bukowski (La politique est l’art d’enculer les mouches) C’est à peu près ça. La politique dans mon pays est l’art de chasser les mouches et tourner les pouces… Soit. Mais qu’est-ce que la Dictature, père ? Il n’ya pas de Dictature, mes enfants. Il y a Dictateur. Un titre qui sonne comme flingueur, tueur. L’ure efféminé de la Dictature s’emploie pour cacher la virilité masculine du eur du Dictateur. Nous y voilà. Notre Dictateur local n’a rien de méchant. Il ressemble à tous les Dictateurs. Tous risibles… et pas possibles. Du miel pour blagueurs. Le Dictateur de Charlie Chaplin, le Mussolini de Fellini dans Amarcord, l’Idi Amin Dada du Dernier Roi d’Ecosse. Relisez avec moi « Le Général dans son Labyrinthe » de Gabriel Garcia Marquez, sinon « La Fête au Bouc » de Mario Vargas Llosa. Des clefs de verre pour comprendre le Chaos (Ran) tunisien. Comprenez : c’est l’Afrique latine. Dites perdre son latin ou perdre le nord, c’est kif kif. (Ces deux livres sont paraît-il introuvables. Les mauvaises langues parlent d’une descente nocturne des SS dans les librairies. Le chef voit bien qu’on le moque dans ces romans, et qu’il y a un parfum de sa femme, de ses Raspoutine, de ses gendres et autres coqs du poulailler). Le Dictateur, mes enfants, c’est toujours un homme, un seul, qui perd la boule et prend des airs de totem. Un manitou qui a le pouvoir de transformer les hommes en sous-hommes. Des lapins. Ils procréent pour lui. Se dépensent pour lui. Lui, doit être un Râ qui habite des palais de Gulliver et dépense ce que la fourmilière a amassé. Tout est à lui : la femme, les enfants, le chien, le couffin et le pain. Tout à César. Que dalle pour Dios. Même pas mourir pour lui. Difficile dans ce cas, mes chiots, de parler de Ben Ali. Celui qui a fait le coup d’Etat médical en 1987, le coup d’Etat électoral en 1989, le coup d’Etat constitutionnel en 2002 ? Celui qui fomente un coup familial, pour 2014 ? Ou celui d’avant, lorsqu’il était R.G militaire puis ambassadeur, directeur de la Sûreté Nationale, général, ministre de l’intérieur, Premier ministre et enfin président. Un Ben Ali qui s’insurge sur lui-même ? L’après Ben Ali sous Ben Ali ? Ou celui qui est considéré comme le père fondateur du régime de renseignement. L’Etat policier, la junte militaire, c’est du passé pour Zinou. Il y a du Shogoun en lui. Pour conserver et accaparer le pouvoir, un pouvoir absolu (plus absolu que celui détenu par Fidel le barbu, ou Mugabe le têtu), il manœuvre comme un chef de guerre du Japon médiéval. Son pouvoir est sans limites. Sans contre-pouvoirs, un pouvoir d’antan, anachronique. Le pouvoir de Caligula sans sénat et son cheval en guise de sénateur. Un conquistador. Aguirre, la colère de Dieu. Il est tout le système. Il n’y a pas d’intérêt en dehors de ses intérêts. Un quart de siècle au pouvoir, ou presque et toujours neuf. Il ne s’use pas. De l’or. C’est tout juste si Ben Ali lui-même ne se prosterne pas face à sa propre majesté, son Excellence. Difficile de parler de votre ombre, votre peau d’âne, mes enfants. Un habit qui colle à votre peau. De la sueur qui perle de vos aisselles. Vous naissez avec, vous vivez avec, vous mourrez avec et vous l’emportez avec vous dans votre tombe. Une épitaphe écrite sur votre pierre tombale. Vous ne pouvez pas vous en défaire. Vous ne pouvez pas y échapper. Les uns disent destinée, les autres course de vie et de mort. Ici, naquit TBB, le fou de ZABA, l’Hitchcock de Tunis by night, sans suspense… C’est un legs, une gêne, un souffle qui précède vos premiers pas ici–bas. Votre emprunte et votre infortune sur la terre des Hommes et des souris. Vous l’ingurgitez, Vous le déjectez, mais il est là, incrusté au plus profond de vos entrailles comme une peur bleue inexpliquée. Ce n’est pas parce que j’ai peur, mais je suis fatigué d’être courageux. Vous ne vous conduisez pas, il vous conduit. Il vous maîtrise. Le Sid est en vous. Il est vous. Il vit en vous et vous vivez en lui. Il est immortel. Eternel. Intemporel. Ben Ali, la pleine lune qui envoûte les loups garous. Ben Ali, c’est tout et rien. Comme un lieu sacré : Jérusalem. Y a pas moyen de l’extraire, de s’en défaire, père ? Comment ? J’aurais tant aimé… Impossible ! Rien qu’en parlant de lui, je le fais à voix basse. Ne me méprisez pas, je suis comme ça : Tunisien, lapin. Il est chez moi, au téléphone, à la radio, à la télévision, dans les journaux, dans les manuels scolaires, dans mon stylo. Mes voisins, mes cousins parlent, s’habillent et me regardent comme Lui. Dans la rue, derrière moi. Dans les magasins, au café, dans les bars, sur la route, derrière les poteaux, sur les arbres. Il ne me suit pas, il me précède. Je le suis partout où je vais, où il va. Il est immobile. Je le traîne. N’oubliez pas, moucharder est un sport national, en Tunisie. La béliomachie vient juste après. Je croyais vivre à ses dépens en rouspétant. Non, mes enfants, c’est lui qui vit de la sève de mon mécontentement. Il vit sur le dos de mes chagrinements. Il provoque votre indignation pour que vous le nommez. Le pouvoir de nomination, voilà son Graal. Vous le nommez pour qu’il continue à nommer ses vigiles, ses vizirs, ses walis, l’autre Dictature de proximité. Aux confins du XVIIème siècle, le curé Jean Meslier n’a pas cessé de marteler : « Le premier abus est cette énorme disproportion que l’on voit partout dans les différents états et conditions des hommes, dont les uns semblent n’être nés que pour dominer tyranniquement sur les autres et pour avoir toujours leurs plaisirs et leurs contentement dans la vie, et les autres, au contraire, semblent n’être nés que pour être des vils, des misérables et malheureux esclaves et pour gémir toute leur vie dans la peine et dans la misère. » Il y a Dictateur, mes enfants, lorsque tout un pays se « relooke » à l’image de son despote. Les instituteurs, les infirmiers, les petits fonctionnaires soignent méticuleusement leur apparence afin de ressembler étrangement à Ben Avi. Et toutes les femmes, phénomène classique, ressemblent à Leila, notre future Al Kahina tant désirée. On rêve d’avoir Sakhr El Materi ou Slim Chiboub pour gendre, et un Belhassen Trabelsi pour beau-frère. Les Hammer, les Jaguars, les porches qui circulent et bouchent les artères de Tunis sont les signes de cette imitation, aliénation, de ce baiser mortel des frères siamois. Aliens. Les villas qui poussent comme des champignons sont toutes des palais de Carthage en miniature et de mauvais goût. On est à l’image du Dictateur : un peu libéral, croyant pour le besoin, socialiste dans le discours, nationaliste quand il faut, et je m’en foutiste par moment. Les deux millions d’adhérents au R.CD, parti au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, parti-Etat, camouflent l’adhésion gargantuesque de tous les Tunisiens au Benalisme. La donne du peuple fier et indomptable est un canular. Celui ou celle qui fantasment sur l’impopularité du Rais doivent confondre les p’tits tunisiens avec les Crétois du Greco, ces insulaires qui ont suivi fidèlement ce commandement : « ne pas accepter, même pour gagner le paradis, de vendre son âme. » Il n’y a aucune excuse à l’avilissement et à la lâcheté, disait ma défunte mère. C’est le pays des imbécilheureux. Heureux de conduire des petites citadines populaires, d’avoir une machine à laver 5 kg, un appart’ 90m2 standard, un mobile tactile, un P.C portable webcam intégrée, un Nintendo pour les bambins, de consommer importé contre-façon, de manger du couscous le dimanche… et d’avoir son antenais bien gavé pour l’aïd El Kébir. Avec Zaba, tout le monde trouve son compte, l’instituteur qui fait des heures supplémentaires, le concierge qui fait l’indic la nuit et la ménagère le jour, le contrebandier qui brûle les frontières algéro-libyennes pour quelques bidons de gasoil moins cher, les policiers qui se sucrent avec des khamous et des danous ; et tous les Ben Ayed et les Jilani et autres Trabelsi qui dévalisent les banques avec des crédits sans garanties. Les veinards. Je hais les gens qui rêvent de camembert et de chocolat. Marhaba au bled de Benaliland ! Un oasis climatisé. Et du coup, on ne voit rien. On ne dit rien, on n’entend rien. Tout le monde tourne en rond, autour de la Kaâba carthaginoise. Corruption, torture, procès inique, mascarade électorale, abrutissement de masses, pacification de la rue, désertification de la vie politique et sociale… Ce n’est pas grave. L’abus du pouvoir, c’est le propre de tout homme de pouvoir. Sans ça, notre fou furieux local sera taxé de faible par les faibles. Abrutis ! Sous Ben Ali, la nation n’a enfanté que des mesquins (Miskin en hébreu, et pardonnez l’indélicatesse). Pas de poètes, pas de théâtre, pas de musique, pas de danse, pas de cinéma. Pas de jardin. Que de la caillasse, des avocats, des huissiers notaires, des médecins et des écrivains publics. Ce n’est pas parmi nous, mes enfants, que vous allez rencontrer des fous, des rebelles, des aventuriers, des poètes, des bandits, des rêveurs, des chiens enragés, des emmerdeurs. Des inaptes à la vie sous les sabots de Ben Ali. Des J’ha… Et haro sur Karanza le tombeur de Zapata ! L’image représente un quartier chic de Tunis. Nous sommes le samedi 7 novembre 2010. Un vent clément balaie Charâa Hédi Nouira, un boulevard trop éclairé qui traverse l’interminable cité Ennasr, à l’Est d’El Menzah. Une baguette coûte 200 millimes. La Baraka ! Les automobilistes, pour la plupart, sont beaux. Tout le monde est gentil, gentil jusqu’à en devenir bête. Tous les gentils petits fonctionnaires et leurs gentilles petites épouses, tous les policiers qui traînassent dans le commissariat et rigolent après une ratonnade, tous les chômeurs qui ont de quoi payer le petit cireur, un tabloïd et un capuccino, tous les professeurs qui ne croient plus à ce qui est écrit dans leurs livres de classe. Ils sont tous heureux. Heureux d’être les enfants de (Be)naâli , mes savates. Et la liberté ? La dignité ? La justice ?, père… Sincèrement, tout le monde s’en fout et moi avec. Un automobiliste conduit le jour, mange, dort, baise. Qu’est-ce qu’il veut de plus ? S’il lui arrive malheur, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Il lui arrivera malheur uniquement parce qu’il est bête. Il n’a pas l’intention d’être bête, bien qu’il soit bête. Regardez-moi tous ces gens. Ils ont la force de se lever et d’aller au travail. Dans dix ans, pas plus, ceux qui ont aujourd’hui dix ans, en auront vingt, ceux qui ont quinze ans en auront vingt cinq. Ils hériteront de leurs aînés les années de plomb de Ben Ali et ils apporteront dans leur besace leur propre Ben Ali scellé. Dans dix ans, ces gens perpétueront le culte de Zaba. On peut voir et comprendre ce qui nous attend, mes enfants. C’est comme un œuf de serpent. A travers la mince membrane vous pouvez distinguer clairement le reptile déjà formé : un petit Ben Avi. Avis à tout le monde : je tire ma révérence. Je suis fou, mais pas assez pour me coltiner un second Ben Ali en puissance. Je ne suis pas un chat. Je n’ai pas sept vies devant moi. Un lapin. J’en profite au maximum : ma devise. Mes petits, Mes petits, Mes petits… Qu’est-ce que je peux vous apprendre, que vous ne sachez déjà. ? La Dictature des dictateurs est une sale blague. Une si douce dictature. Vous devriez en rire davantage. En attendant, je vous prive d’en parler. Je vous prive de liberté. Etouffante, oppressante, tyrannique liberté. J’avoue que j’ai vécu. Underground. Tito vous salue ! Taoufik Ben Brik A mes lieux de perdition, à mes contrées hostiles. A mes damnés de la terre, les prisonniers de droits communs enterrés vivants dans les cachots sordides de ZABA. Aux insurgés du Bassin minier de Gafsa. Aux étudiants embastillés depuis plus d’une année pour avoir quémandé un foyer. A Fahem Boukadous condamné à 4 ans de prison depuis le 15 juillet 2010. En grève de la faim depuis le 8 octobre. A Hamma Hammami en cavale depuis les présidentielles d’octobre 2009. A Kamel Jendoubi interdit de retour au bercail depuis l’année de la grêle sur Douar Hicher et qui a causé l’incroyable perte de la mémoire de Amti Mahbouba… A Moncef Marzouki qui bataille pour un « demain à Jerusalem ». A Oum Zied, son silence du guerrier, nous pèse. A Sihem Ben Sedrine, pour quand le retour ? « Go home ». A Néjib Chebbi qui tient la boutique. A Slah Hnid qui est « toute ma cour ». (Source: Nouvelobs.com le 4 novembre 2010) lien: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/opinion/20101104.OBS2301/tribune-la-dictature-racontee-a-mes-enfants-7-nov-1987-7-nov-2010.html

Tunisie : Un jeune de Nabeul se suicide après la défaite de l’EST


Le jeune Saber Mhedhbi, âgé de 22 ans, habitant la région d’El Mehedhba (délégation de Bou Argoub, une région qui se situe dans le Gouvernorat de Nabeul), s’est donné la mort dans la nuit du dimanche 31 octobre 2010. Ce jeune homme s’est pendu dans l’arrière-cour de sa maison.   Selon sa maman, Saber était dans un état normal comme d’habitude, il était habitué à sortir le soir avec ses amis. Ce jour-là, il est venu lui parler en plaisantant vers le coup de 16h, rien ne prédisait l’acte qui allait avoir lieu. ‘’Comme il n’était pas rentré le soir, au bon matin j’ai demandé à son père de lui téléphoner pour savoir où il était. En essayant de l’appeler sur son mobile, on entendait son téléphone sonner tout près… Son père est allé chercher d’où venait la sonnerie, et c’est là que je l’entendais crier… Saber s’est pendu…‘’. Ce suicide qui coïncide avec la large défaite de l’Espérance Sportive de Tunis face au TP Mazembe, a fait croire à tous que, comme il était espérantiste, le jeune homme n’a pas pu résister à cette humiliation.   (Source : « Tunigeek » le  03-11-2010) Lien : http://www.tunigeek.com/tunisie-un-jeune-de-nabeul-se-suicide-apres-la-defaite-de-l%E2%80%99est/1138/

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