Atmosphère délétère au palais de Carthage…
Correspondance de Tunis (*)
Les séquences récemment diffusées par la télévision nationale et montrant, sous tous les angles, Zine Ben Ali, sa femme Leila et leur fils Mohammed en pleine forme, sont une nouvelle simulation. Nous réaffirmons solennellement que Zine est sérieusement malade et est dans une phase dégressive (Le Canard Enchaîné du mercredi 16 novembre l’a de son coté attesté avec force).
Ses apparitions publiques où il donne l’air d’être bien portant sont dues à un intensif traitement hormonal qui, après un temps relativement court d’euphorie et d’embelli, le vide d’énergie et le réduit à un état quasi léthargique. Nous réaffirmons aussi que son fils – à qui nous souhaitons une prompte guérison – est lui aussi atteint d’une méchante déficience.
Dans les trois textes informatifs dont nous commençons la publication (un par jour) nous allons révéler des faits et des vérités indicatifs de la délétère atmosphère qui règne actuellement au palais de Carthage ainsi que les combines qui s’y nouent et s’y dénouent dans la perspective de la succession. …Nous y révélerons surtout le nom du dauphin déjà désigné au cas où les événements se précipitent…
(1) Les clans se clarifient…
Commençons d’abord par examiner la configuration clanique « up to date » qui structure le système Ben Ali.
Le clan des Ben Ali. Il règne sur le Sahel. C’est sa chasse gardée et sa propriété privée. Avec à sa tête une figure de proue devenue une star nationale tellement elle s’est distinguée par un arsenal de pratiques qui n’ont rien à envier à ceux des parrains les plus insolents de la mafia – l’intelligence et l’élégance en moins : Le tristement célèbre Qais Ben Ali, neveu de Zine. Les frères et sœurs de ce dernier et leur progéniture ont mis le Sahel en coupe réglée. Il n’est pas de secteur fructueux de l’activité économique qui n’ait été soit confisqué, soit copartagé soit carrément extorqué par tous les moyens, y compris par les intimidations physiques et les faux procès. Les Ben Ali ont « sagement » choisi des le début de se contenter du Sahel comme leur part du butin et de ne point se mêler à la compétition pour le pouvoir….
Le clan Chiboub. Longtemps dominant et surpuissant, ce qui lui a permis de ramasser une fortune colossale mise bien à l’abri dans les banque suisses (1), Slim Chiboub, mari de Dorsaf, fille cadette de Zine, née de son premier mariage, est depuis les dernières années en perte de vitesse jusqu’à ne plus être aujourd’hui qu’un gendre déposé. La raison ? Nous allons nous contenter d’envoyer un simple signe (sous la forme d’un nom) à Zine pour qu’il sache bien que nous en sommes parfaitement au courant : « Khayati ! » …
Chiboub est, aujourd’hui, politiquement hors jeu.
Le clan Zarrouk-Mabrouk. Du nom des deux maris des deux autres filles de Zine, nées de son premier mariage. Ghazoua épouse Zarrouk et Cyrine épouse Mabrouk. Ceux là aussi ont fait le choix des affaires au lieu de la politique, instrumentalisant toutes fois les leviers de l’Etat pour consolider et élargir, souvent en tordant le cou aux lois du pays, leurs immenses fortunes. Ils n’interviennent d’ailleurs dans le champ politique (en imposant certains ministres à la place d’autres) que pour les besoins de cette cause là.
Le clan Trabelsi-Materi. Apres la chute de Hédi Jilani, démasqué à temps dans ses manigances avec Leila Trabelsi pour son intronisation à la fonction stratégique de Premier Ministère dans la perspective de la succession, c’est la famille Materi qui devient l’alliée privilégié et unique des Trabelsi. Une alliance scellée par le mariage de Sakhr Mohammed Fahd, fils du co-auteur du coup d’Etat manqué contre le régime de 1961 Moncef Materi et de Nesrine, fille du couple Zine-Leila. On sait que Moncef Materi a du sa non pendaison à une dramatique intervention de son oncle, le dirigeant historique du Néo Destour, feu Mahmoud Materi, auprès de Bourguiba. Le mariage de son fils avec la fille du couple présidentiel lui a valu une avalanche de privilèges autant insolents qu’immérités : payement à titre rétroactif de l’ensemble de ses mensualités et primes depuis sa radiation de l’armée jusqu’à nos jours en tenant compte des avancements dans la hiérarchie militaire comme s’il n’avait jamais quitté l’armée – ce qui est une insulte aux valeurs de la république et à l’éthique de l’armée ; accession à la chambre des conseillers à la tête de la liste de Tunis du parti politique dont il a voulu assassiner le fondateur et président, enfin privatisation, en sa faveur, de la société de commercialisation des voitures et des camions « Ennakl » qui lui fait engranger un bénéfice net de pas moins 7 millions de dinars par an.
Le clan Materi-Trabelsi (si on compte les enfants, les cousins, les neveux et les nièces des six frères et des cinq sœurs de Leila, cela fera quelques deux cents personnes) forme aujourd’hui l’ossature mafieux-sécuritaire du régime. Surtout après le retour, d’une insultante manière, de Mohammed Ali Ganzoui à la tête de la Sécurité de l’Etat. La boucle est vraiment bouclée. Le clan Materi-Trabelsi fait – et défait – aujourd’hui la loi dans le pays. Il a même choisi le successeur du finissant Zine…
Demain : le dauphin est choisi et il s’installe…
(1) Le rapport établi par la commission d’enquête désignée par l’ONU sur les conditions d’application de l’accord « nourriture contre pétrole » en faveur de l’Irak assiégé a bien mentionné la participation de Slim Chiboub au trafic organisé par le tyran de Bagdad et des siens alors que son peule crevait la faim.
(*) L’équipe de « tunisnews » a reçu les précisions nécessaires quant à l’identité des auteurs de ces importantes correspondances qui nous parviennent de Tunis.
La Commission de suivi du Comité national de soutien aux grévistes de la faim a appelé à une réunion le lundi soir dans le local du Parti démocrate progressiste (PDP), elle regroupera les huit grévistes avec la participation de Monsieur Khémaïs Chammari et du Dr. Mustapha Ben Jaafar .
Cette réunion rassemblera également 32 personnalités pour se consulter et débattre de l’avenir de l’action du 18 octobre 2005, ainsi que de coordonner entre les différents courants et forces politiques, militantes et associatives.
(Source : le site pdpinfo.org, le 28 novembre 2005)
Procès de la LTDH: le gouvernement tunisien affirme sa non-ingérence
AFP Infos Mondiales International, lundi 28 novembre 2005
TUNIS – La gouvernement tunisien a affirmé lundi que le procès intenté à la direction de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) était le « résultat d’un conflit interne ».
« La situation que la Ligue traverse actuellement est le résultat d’un conflit interne dans lequel l’autorité publique n’interfère nullement », a assuré le Premier ministre Mohamed Ghannouchi devant la chambre des députés dans le cadre de l’examen du budget de l’Etat pour 2006.
La LTDH, créée en 1977 et doyenne en Afrique et dans le monde arabe des organisations de défense des droits de l’homme, « est un acquis national à préserver », a ajouté M. Ghannouchi en réponse aux questions de députés de l’opposition.
Cette association est embourbée depuis septembre dernier dans une crise politico-judiciaire et accuse le pouvoir d’avoir provoqué la contestation dans ses rangs.
La LTDH a été interdite de congrès par la justice saisie par des militants contestataires majoritairement proches du pouvoir, qui accusent les dirigeants de la Ligue d' »abus et violations du règlement intérieur ».
Cette plainte a été partiellement retirée le 12 novembre par les vingt-deux plaignants, parmi lesquels deux n’avaient pas signé la demande de révocation de l’affaire.
Le tribunal de première instance doit réexaminer l’affaire samedi prochain.
SMSI: des journalistes se plaignent d’avoir été manipulés par les organisateurs
Le lundi 28 novembre 2005
Associated Press
PARIS
Plusieurs journalistes dont la signature accompagne une pétition dénonçant une campagne hostile à la Tunisie lancée par « certaines parties étrangères » à l’occasion du récent Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) disent avoir été victimes d’une manipulation des autorités tunisiennes, organisatrices de cet événement chapeauté par les Nations unies.
Au total, près de 200 journalistes ont signé le 18 novembre, en fin de SMSI, un texte qui, dans sa forme initiale, saluait d’une phrase anodine l’accueil « chaleureux » réservé aux professionnels de l’information par les organisateurs.
Or, dans la version finale, relayée par les médias tunisiens et plusieurs agences de presse, le texte s’est transformé en « communiqué des représentants de la presse internationale assurant la couverture des travaux du SMSI à Tunis », faisant dire aux journalistes signataires qu’ils n’avaient « subi aucune contrainte ni entrave » durant leur séjour tunisien.
Dans ce texte, comptant cette fois une vingtaine de lignes, les prétendus signataires, parmi lesquels des journalistes occidentaux, arabes, latino-américains et asiatiques, ainsi qu’un membre de la délégation des Etats-Unis, qualifient de « partiaux » les auteurs de la campagne de « propagande éhontée » à l’encontre de la Tunisie, qu’ils accusent d' »acharnement gratuit » préjudiciable à « l’intérêt national de ce pays émergent ».
Directement visé par ce texte, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, qui avait été refoulé à son arrivée à Tunis où il comptait participer au SMSI, a estimé lundi que l’incident « apporte la preuve de ce que sont les responsables du régime tunisien: des manipulateurs et des menteurs ». « Ils ont berné des journalistes en leur faisant signer un texte qui n’était pas le vrai, et ils ont utilisé ça contre nous et contre l – es gens qui les mettaient en cause », a-t-il déclaré à l’agence Associated Press (AP). « Le texte a été signé par de nombreux journalistes, et même par un collaborateur de chez nous. Cela nous apprendra à être plus prudents ».
Journaliste pour la revue « Médias » de RSF, Cédric Gervet a reconnu avoir signé un texte en fin de sommet, après s’être fait aborder deux fois par des représentants de l’organisation: « C’était du racolage actif », raconte-t-il.
Lui aussi signataire, Eric Chaverou de Radio France explique qu’il était en pleine interview quand on lui a réclamé son paraphe pour saluer « le bon déroulement, la bonne organisation pratique du sommet ». Le reporter, qui « récuse totalement une quelconque adhésion » au texte final, évoque une mésaventure « très désagréable ». Valia Shami, envoyée spéciale de Radio-Orient à Tunis, affirme pour sa part n’avoir « jamais signé un tel texte ».
Ce « communiqué » salue également les conditions de travail, « la sécurité et le bien-être des journalistes, leur liberté de communication et d’accès aux sources de l’information ».
A l’appel de nombreuses organisations associatives, partis politiques et indépendants tunisiens en France, nous vous invitons à une réunion de concertation sur la poursuite du mouvement de mobilisation sur les trois revendications de liberté d’association, d’_expression et des prisonniers d’opinio (dans la continuité du mouvement de soutien aux grévistes). Nous nous réunirons mercredi 30 novembre à 18h, au CICP, 21ter rue Voltaire, Paris 11ème, métro : rue des boulets (ligne 9). Cette réunion est ouverte à tous, En vous souhaitant nombreux le CRLDHT
Droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers,
où en sommes-nous ?
REUNION DEBAT
Organisée par L’UTAC
Union des Tunisiens pour l’Action Citoyenne
association membre de la FTCR pour la Région Parisienne et l’Ile de France
avec le soutien de la
Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
Mercredi 30 Novembre à 20h00
FIAP, 30 rue Cabanis – Paris XIVème
Le 3 mai 2000, l’Assemblée Nationale adoptait en première lecture une loi donnant le droit de vote à tous les résidents étrangers pour les élections municipales. Cette loi n’a jamais été examinée par le Sénat.
Aujourd’hui alors que 15 pays de l’Union Européenne ont accordé le droit de vote selon des modalités diverses, le débat ressurgit en France.
A l’occasion de la Campagne « Votation Citoyenne » qui se déroulera du 5 au 11 décembre sur toute la France, la FTCR vous invite à un débat avec :
Avec :
Khedidja BOURCART
Adjointe au Maire de Paris, chargée de l’Intégration et des étrangers non communautaires
Pierre CASTAGNOU
Maire du 14ème arrondissement de Paris
Paul ORIOL
Collectif national Votation Citoyenne
Umit MUTIN
Assemblée des Citoyens Originaires de Turquie (ACORT)
Ali EL BEZ
Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF)
Tarek BEN HIBA
Fédération des Tunisiens pour une Citoyennenté des deux Rives (FTCR)
Un représentant de l’Association des Tunisiens en France (ATF)
UTAC et FTCR, 3 rue de Nantes, 75019 Paris. Tél : 01 46 07 54 04. e-mail : ftcr2@wanadoo.fr
Contacts UTAC – Paris 14ème : ben-said2@wanadoo.fr – 06 86 78 78 65
Institut international de la pensée islamique – IIIT France
INVITATION
Rencontre – Débat
« La laïcité au regard du coran»
Avec
Ghaleb BENCHEIKH
(autour de son dernier livre paru chez éd. Presses de Renaissance, Paris, 2005)
Discutant :
Abderraouf BOULAABI
Directeur de l’ISSI
Samedi 10 Décembre 2005 à 14H00
Au bureau de l’institut situé au
126 rue du Landy 93400 St Ouen
Métro n°13, arrêt Carrefour Pleyel, Sortie BD Ornano
Entrée : libre
Confirmation obligatoire, places limitées
Tél. : 01.40.10.24.46 – Fax : 01.40.10.24.47 – E. mail : iiitfrance@yahoo.fr
Site Internet : www.iiitfrance.net
Un Tunisien défigure son épouse « trop arrogante » (journal)
AFP, le 27 novembre 2005
TUNIS – Un Tunisien, enseignant à l’université, a été inculpé et écroué après avoir défiguré au couteau son épouse dont il jugeait l’attitude trop arrogante, a rapporté dimanche le Quotidien (*) de Tunis.
L’inculpé, dont l’identité n’a pas été révélée, a tenté de justifier son acte par « l’entêtement » et « le sale caractère » de son épouse, décrite comme « une de ces femmes qui sont attachées à leur indépendance ».
Le femme, dont le couple battait de l’aile, dormait dans le salon lorsque son mari, rentrant ivre, lui demanda des explications sur son refus de partager le lit conjugal, croyant qu’elle le trompait.
La discussion dégénéra et l’époux, pris de colère, alla chercher un couteau de cuisine avec lequel il asséna des coups sur le visage de sa femme défigurée à jamais, ajoute le journal.
(*) L’ARICLE INTEGRAL PUBLIE PAR « LE QUOTIDIEN »
LE DIMANCHE 27 NOVEMBRE 2005
Il balafre le visage de sa femme, “trop arrogante” … Après avoir subi les sautes d’humeur et les caprices de sa femme qui est allée jusqu’à déserter le lit conjugal, il s’est muni d’un couteau avant de lui balafrer le visage et la défigurer à jamais… Tunis – Le Quotidien
«Tu n’as aucun pouvoir à exercer sur moi», c’est cette goutte qui a fait déborder la vase. Des mots aussi secs sortant de la bouche d’une épouse ne peuvent que provoquer la colère de son mari. Il va sans dire que dans un mariage, l’homme, et c’est dans la nature des choses, ne peut céder son rôle de locomotive à sa femme et ce, quelles que soient les conditions. Même les plus fragiles et les moins forts s’accrochent comme ils peuvent pour avoir toujours le dernier mot. Il va de soi également, que cette opposition donne lieu parfois à des drames, surtout lorsque le fondement même de la vie conjugale est touché. En témoigne l’affaire présente qui est l’issue logique d’une vie conjugale tourmentée. Pourtant, il s’agit des deux époux au niveau intellectuel très élevé. Car lorsqu’on est enseignant à l’université, il y a de quoi être confiant quant à la nature des rapports qui peuvent exister entre les deux époux. Malheureusement, cela n’a pas suffi à épargner à ce couple les aléas de la vie et même de commettre l’irréparable. A vrai dire, dès les premiers mois du mariage, l’époux a découvert que sa femme avait une forte personnalité. Elle était du genre des femmes qui sont attachées à leur indépendance. Du coup, toutes les décisions prises par son mari étaient rejetées en bloc. A la longue chaque discussion se transformait en une altercation au point que même dans ses droits les plus légaux, l’époux est contraint de suivre le rythme imposé par sa femme qui fonctionnait au goutte à goutte. Il était tout à fait logique, dès lors, que l’époux soit éternellement frustré et sur ses nerfs. Alors pour noyer son chagrin, il s’est mis à boire devenant un client fidèle des bars. Bien évidemment, cette situation n’a fait qu’envenimer les choses. C’est que sa femme a décidé dans la foulée de ne plus partager le lit avec lui. Peu à peu, l’époux a commencé à s’interroger si sa douce moitié pouvait tenir tout ce temps sans satisfaire un besoin aussi naturel. Rongé par le doute, il a décidé de l’affronter. Après avoir trop bu, il est rentré s’adressant directement à sa femme qui dormait au moments des faits dans le salon. Voulant avoir des éclaircissements sur son abstinence, l’époux fut surpris par la réponse de sa femme qui lui a balancé en pleine figure qu’elle est libre de faire ce que bon lui semble et de coucher avec n’importe qui sauf bien évidemment lui. Du coup, et sous l’effet de l’alcool, l’époux a cru que sa femme le trompait. Alors, il n’a pas hésité à aller chercher un couteau avant de venir lui balafrer le visage et la défigurer à jamais. En pleine nuit, la victime quitta la maison pour aller demander de l’aide aux voisins avant de héler un taxi et se rendre à l’hôpital. Informés par les responsables de l’hôpital, les agents de police dépêchés sur les lieux ont constaté les faits avant d’enregistrer la plainte déposée par l’épouse. Suite à quoi, son mari a été convoqué au poste. Interrogé, il a déclaré aux enquêteurs qu’après avoir subi l’entêtement et le sale caractère de sa femme , il n’a pu se retenir et contenir sa colère avant de se munir d’un couteau et commettre ce qu’il a commis. Il a été inculpé d’agression à l’arme blanche et écroué. Habib Missaoui
(Source : « Le Quotidien », le 27 novembre 2005)
Les pays euro-méditerranéens concluent dans la douleur un accord sur le terrorisme
Associated Press, le 28.11.2005 à 16h52
–par Christine Ollivier–
BARCELONE (AP) — Les 35 pays partenaires du processus euro-méditerranéen réunis à Barcelone sont finalement parvenus, dans la douleur, à adopter lundi un « code de conduite contre le terrorisme » et un nouveau programme de travail sur cinq ans, à l’occasion du dixième anniversaire du processus de Barcelone.
Toutefois, l’UE a dû renoncer, en raison de divergences de vues sur le processus de paix au Proche-Orient, à une déclaration politique sur une « vision commune » du partenariat, qui aurait lié plus directement l’aide européenne au progrès des réformes démocratiques, économiques et politiques au Proche et au Moyen-Orient, selon des diplomates.
Le « code de conduite contre le terrorisme » exprime une « totale condamnation du terrorisme, quelles que soient ses formes et ses manifestations » et la « détermination » des 35 à « l’éradiquer ».
Les pays membres du partenariat euro-méditerranéen (UE, Algérie, Autorité palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie) s’y engagent donc à développer leur coopération policière et judiciaire contre le terrorisme.
Jusqu’au bout, les négociations auront pourtant failli échouer, les pays arabes souhaitant que le texte souligne que cette condamnation ne remettait pas en cause « le droit des peuples sous occupation étrangère » à mettre fin à cette occupation.
« Le fait que nous ayons un accord de tous sur le code de conduite est un pas en avant très significatif », a assuré lundi le Premier ministre britannique Tony Blair, président en exercice de l’UE.
« Nous avons fait un pas de plus vers notre objectif, qui est de faire de la Méditerranée un trait d’union et non pas une barrière, et pour avoir une aire de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain », s’est félicité de son côté le président français Jacques Chirac en saluant un résultat « tout à fait positif ».
Les pays arabes sont « autant que nous victimes d’actes terroristes », a-t-il souligné, en faisant état d’une « vraie coopération, une vraie analyse commune » sur ce sujet.
Profondément divisés sur le processus de paix israélo-palestinien, les 35 ont en revanche renoncé à adopter une déclaration sur leur « vision commune » des relations entre les deux rives de la
Méditerranée. C’est Tony Blair qui en a résumé le contenu dans une déclaration de la présidence britannique, au nom des pays membres.
Ils y réaffirment l’objectif du processus de Barcelone de créer une « aire commune de paix, de stabilité et de prospérité », et notamment celui de la création d’une zone de libre-échange d’ici 2010.
Sur la question des migrations internationales, « on a également progressé », a assuré Jacques Chirac. « Nous sommes déterminés à lutter de façon efficace contre tous les trafics auxquels cette
immigration donne lieu et à rassembler nos informations et nos énergies » pour cela, a-t-il affirmé.
Depuis 1995, l’UE a versé quelque 20 milliards d’euros de subventions et de prêts aux pays méditerranéens pour tenter de faire progresser l’économie et la démocratie, pour l’heure avec des résultats décevants. « Cela fait beaucoup d’argent », a souligné Jacques Chirac. « On ne peut pas dire que l’Europe ait eu un comportement égoïste ». Et, dans les années à venir, « l’effort sera poursuivi », a-t-il promis.
Reste que seuls deux dirigeants des dix pays maghrébins et proche-orientaux membres du partenariat avaient fait le déplacement à Barcelone: le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas
et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
En revanche, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président égyptien Hosni Moubarak, le président algérien Abdelaziz Bouteflika -hospitalisé à Paris-, les rois Abdallah de Jordanie et Mohammed VI du Maroc, ainsi que le président libanais Emile Lahoud, ont tous déclaré forfait. Le président syrien Bachar el-Assad, lui, n’a pas été invité en raison du manque de coopération de son pays
dans l’enquête sur l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Euromed – La lutte contre le terrorisme sauve Barcelone
Reuters, le 28.11.2005 à 16h37
par Sophie Louet et Yves Clarisse
BARCELONE, 28 novembre (Reuters) – L’Union européenne et ses dix partenaires du pourtour de la Méditerranée ont adopté lundi un code de conduite pour lutter contre le terrorisme, une « première » qui a permis d’éviter un fiasco total à Barcelone.
Les représentants des 35 pays, qui sont facilement parvenus à un accord sur un plan d’action pour relancer la coopération euro-méditerranéenne dix ans après l’avoir portée sur les fonts baptismaux, ont dû négocier jusqu’à la dernière minute pour parvenir à un compromis sur ce dossier très sensible.
« Le terrorisme ne peut jamais être justifié », peut-on lire dans ce code qui les engage à arrêter et à traduire en justice tous les auteurs d’actes de cette nature, tout en renforçant les échanges d’information et la collaboration entre les pays.
Chaque camp a dû faire des compromis pour y arriver.
Les Européens ont abandonné leur volonté d’y voir inclure une référence au fait que le droit à l’autodétermination ne justifie pas le terrorisme et les pays arabes ont accepté en retour d’omettre une référence à la résistance à l’occupation.
La définition du terrorisme est d’ailleurs laissée à l’Onu.
Mais les organisateurs du sommet, Tony Blair et son homologue espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, ont estimé qu’il n’y avait pas la moindre ambiguïté dans la condamnation.
« C’est la déclaration la plus forte qu’on puisse avoir », a déclaré le Premier ministre britannique.
L’absence de huit dirigeants à Barcelone n’a pas non plus été jugée comme un signe de faiblesse de la coopération.
PAS DE VISION COMMUNE DE LA PAIX
Si la Turquie et l’Autorité palestinienne étaient présentes au plus haut niveau, l’Algérie, la Syrie, l’Egypte, la Tunisie, le Liban, la Jordanie, le Maroc et Israël étaient, pour des raisons diverses, représentés par des hommes qui ne concentrent pas réellement le pouvoir dans leurs mains.
« Il y avait de bonnes raisons dans chaque cas », a expliqué Blair, qui a refusé d’inviter les présidents syrien et libanais éclaboussés par l’enquête de l’Onu sur l’attentat qui a coûté la vie à l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en février.
En privé, toutefois, les diplomates européens regrettaient l' »occasion manquée » par les dirigeants arabes de faire entendre leur voix au plus haut niveau dans ce forum créé pour eux.
Mais le désaccord sur la vision du processus de paix au Proche-Orient, qui traverse toute la relation entre le nord et le sud de la Méditerranée, n’a pas pu être passé sous silence.
Le communiqué final sur le 10e anniversaire de la coopération euro-méditerranéenne n’a pas été approuvé par les pays arabes en raison de divergences persistantes et a été remplacé par des « conclusions de la présidence » britannique.
Pour Blair, il s’agit d’un détail, puisque le désaccord porte sur les « mots » qu’utilisent les Palestiniens et les Israéliens, et non sur la perspective de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et à l’abri de frontières sûres.
Il a toutefois été impossible de mettre d’accord les 35 pays sur un texte qui évoquerait par exemple la frontière du futur Etat palestinien ou la question des réfugiés.
« Le long conflit israélo-arabe, l’occupation continue par Israël de territoires en Palestine, en Syrie et au Liban et les perspectives de paix qui s’éloignent continuent à faire obstacle au processus de paix », a ainsi estimé le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk al Chara.
RELANCE DU PROCESSUS
La relance du processus par un plan d’action sur cinq ans est dans ce contexte passée pratiquement inaperçue.
« Nous avons fait un pas vers notre objectif, qui est de faire de la Méditerranée un trait d’union et non pas une barrière et pour avoir une aire de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain », a pourtant estimé Jacques Chirac.
La lutte contre l’immigration clandestine, l’éducation, la recherche et la création d’une zone de libre-échange en 2010 – y compris pour l’agriculture et les services, jusqu’ici exclus – figurent parmi les priorités de ce plan, qui prévoit des fonds pour les pays qui améliorent leur « gouvernance » démocratique.
Car le bilan est bien maigre jusqu’à présent.
Certes, en 10 ans, l’UE a conclu avec tous ces pays des accords d’association – pour la Syrie, sa signature attend pour des raisons politiques – avec des volets commerciaux.
Vingt milliards d’euros – 9 milliards de dons et 11 milliards de prêts – ont été accordés à la région depuis 1995, à des projets qui vont de l’éducation à l’assainissement des eaux usées en passant par le soutien à l’économie palestinienne.
Mais, comme le relève le président du Parlement européen, Josep Borrell, le revenu par tête dans l’UE des Quinze est passé en dix ans de 20.000 à 30.000 dollars, alors qu’il restait bloqué à 5.000 dollars dans les dix pays du Sud.
Pour lui, le problème est principalement le manque d’investissements privés, qui sont allés vers l’Est.
Euro-Med summit battles to agree on terrorism code
Reuters, le 28.11.2005 à 00h14
By Adrian Croft
BARCELONA, Nov 28 (Reuters) – Ministers from the European Union and 10 Mediterranean nations worked into the night to try to overcome differences over a code of conduct against terrorism and to agree a statement on Middle East peace.
The Barcelona summit, which began on Sunday, was meant to be the first time that leaders of a group that includes Israelis and Palestinians as well as the 25 EU countries had met.
Previous meetings of the Euro-Mediterranean group, launched in Barcelona 10 years ago, have been at foreign minister level.
Nearly all the EU leaders turned up. But poor health or political problems at home kept most of the Mediterranean leaders — including Egyptian President Hosni Mubarak, Algerian President Abdelaziz Bouteflika and Israeli Prime Minister Ariel Sharon — away.
That undermined the prestige of a meeting aimed at boosting cooperation across the Mediterranean — something many leaders think is vital to combat terrorism and illegal immigration.
Nevertheless, European leaders insisted that the summit, which ends on Monday, will produce important results, including a pioneering code of conduct against terrorism.
Late on Sunday, foreign ministers were still battling to resolve differences over the definition of terrorism in the code of conduct and over references to the Israeli-Palestinian conflict in a proposed common vision statement.
Syria and other Arab partners want the EU to distinguish between terrorism and the right to resist occupation, while the Europeans and Israel oppose any qualification of terrorism.
« The meetings are very intense. They are going on now and will continue into the night, » a Spanish official said.
Spain — co-hosting the summit with current EU president Britain — has lobbied for greater EU commitment to North Africa. Madrid believes more prosperity in Africa will help stem the flow of migrants desperate to reach wealthy Europe and counter extremist beliefs that feed terrorism.
MADRID BOMBINGS
Spain has sought to step up cooperation with Morocco since the March 11, 2004 Madrid train bombings by Islamic extremists that killed 191 people. Many of those arrested in connection with the bombings are Moroccan.
European statesmen put a brave face on the poor turnout by their Mediterranean partners, but one European official said privately they had missed a rare opportunity to win more attention and support from Europe.
Only two — Turkey and the Palestinian Authority — sent their top leaders to the conference.
Sharon and Mubarak pulled out because of the political situation at home while Bouteflika was flown to Paris on Saturday for urgent hospital tests.
The presidents of Syria and Lebanon were persuaded to stay away because they are in diplomatic quarantine over the assassination of former Lebanese Prime Minister Rafik al-Hariri.
An Arab diplomat said some leaders, such as Tunisian President Zine al-Abidine Ben Ali, preferred to stay home rather than be lectured by the Europeans on democracy, human rights and freedom of expression.
On the streets of Barcelona, several thousand anti-summit demonstrators staged two marches under the banner « No to the Mediterranean of capital and war » on Sunday.
The summit set the stage for an Israeli-Palestinian meeting, at which Israeli Deputy Prime Minister Ehud Olmert urged Palestinian President Mahmoud Abbas to disarm the militant Hamas group.
German Chancellor Angela Merkel, making her summit debut, sought to reassure Turkish Prime Minister Tayyip Erdogan at a separate meeting that she would not stand in the way of Turkey’s negotiations to join the EU.
Le Proche-Orient au coeur d’un sommet Euromed déserté par les leaders arabes
AFP, le 27.11.2005 à 21h23
Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS
BARCELONE (Espagne), 27 nov 2005 (AFP) – En l’absence de presque tous les leaders arabes et du Premier ministre israélien, le premier sommet euroméditerranéen de l’histoire s’est ouvert dimanche soir à Barcelone sur fond de fortes dissensions sur le Proche-Orient.
Le roi d’Espagne Juan Carlos a donné dimanche soir le coup d’envoi du sommet par un dîner offert aux chefs de délégation, au commencement duquel il a déclaré que « le Processus de Barcelone répond à une nécessité politique, stratégique, économique et sociale ».
Le partenariat lancé en 1995 « a été conçu pour affronter le défi d’apporter davantage de paix et de stabilité à la région », a dit le roi, en demandant désormais des « mesures politiques concrètes capable d’affronter les nouveaux défis ».
Sur les dix partenaires méditerranéens de l’UE conviés à ce sommet pour essayer de relancer le partenariat, seules l’Autorité palestinienne et la Turquie sont représentées à Barcelone par leurs plus hauts responsables gouvernementaux, Mahmoud Abbas et Recep Tayyip Erdogan.
Ni les chefs d’Etat ou de gouvernement d’Algérie, d’Egypte, d’Israël, de Jordanie, ni ceux du Maroc ou de Tunisie n’ont fait le déplacement. Les présidents de Syrie et du Liban n’avaient pas été invités par la présidence britannique de l’UE, en raison de la controverse entourant l’enquête de l’Onu sur l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le chef de l’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui hospitalisé et s’est fait représenter par son ministre d’Etat, Abdelaziz Belkhadem.
« Certaines absences sont justifiées, d’autres moins », a commenté le président du parlement européen Josep Borrell.
Presque tous les leaders européens étaient en revanche présents, sous la houlette des deux hôtes, Tony Blair et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.
M. Zapatero a conduit dimanche une réunion avec tous les participants au sommet pour les informer sur le projet d’Alliance des civilisations qu’il avait formellement lancé plus tôt dans la journée à Palma de Majorque (Baléares) avec M. Erdogan.
Le groupe de haut niveau de l’Onu mis en place dimanche devra proposer des « solutions concrètes » pour fomenter le dialogue entre l’islam et l’Occident, avec pour ambition de saper les « prétextes de légitimation » du terrorisme islamiste.
M. Zapatero a assuré qu’il « considèrerait le sommet comme un succès s’il permet de conclure un plan d’action sur cinq ans », concernant notamment le problème de la régulation de l’immigration clandestine qui préoccupe l’Espagne.
Ce document, l’un des trois que doivent adopter les participants d’ici lundi à la mi-journée, est celui qui pose le moins problème.
Plus polémique est le « code de conduite » antiterroriste sur lequel les délégations semblent avoir finalement trouvé un accord, en renvoyant à la déclaration finale les références controversées aux frontières israéliennes de 1967 et au « droit à l’autodétermination et à la résistance » réclamée par les pays arabes.
Les 35 ont du coup encore plus de mal à s’entendre sur la déclaration finale, selon une source européenne.
L’Egypte et la Tunisie résistent fortement aux pressions européennes pour qu’elles prennent des engagements sur la bonne gouvernance, la démocratisation ou les droits des femmes, selon une source espagnole.
La chancelière allemande Angela Merkel, qui s’est entretenue dans la soirée avec M. Erdogan, a déclaré que ce sommet, le premier auquel elle participe, « doit envoyer le message selon lequel nous sommes interdépendants au sein de la région Méditerranée ».
« Nous avons des problèmes d’immigration, de terrorisme, et nous ne pourrons faire des progrès » que si les pays du sud « ont des perspectives économiques », a-t-elle ajouté.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté pacifiquement en milieu de journée dans le centre de Barcelone contre « la Méditerranée du capital et de la guerre ».
Le Proche-Orient au coeur d’un sommet Euromed déserté par les leaders arabes
AFP, le 27.11.2005 à 19h08
Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS
BARCELONE (Espagne), 27 nov 2005 (AFP) – En l’absence de presque tous les leaders arabes et du Premier ministre israélien, le premier sommet euroméditerranéen de l’histoire s’ouvrait dimanche soir à Barcelone sur fond de fortes dissensions sur le Proche-Orient.
Sur les dix partenaires méditerranéens de l’UE conviés à ce sommet pour essayer de relancer le partenariat créé en 1995, seules l’Autorité palestinienne et la Turquie sont représentées à Barcelone par leurs plus hauts responsables gouvernementaux, Mahmoud Abbas et Recep Tayyip Erdogan.
Ni les chefs d’Etat ou de gouvernement d’Algérie, d’Egypte, d’Israël, de Jordanie, ni ceux du Maroc ou de Tunisie n’ont fait le déplacement. Les présidents de Syrie et du Liban n’avaient pas été invités par la présidence britannique de l’UE, en raison de la controverse entourant l’enquête de l’Onu sur l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le chef de l’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui hospitalisé à Paris depuis samedi soir et s’est fait représenter par son ministre d’Etat, Abdelaziz Belkhadem.
« Certaines absences sont justifiées, d’autres moins », a commenté le président du parlement européen Josep Borrell.
Presque tous les leaders européens étaient en revanche présents, sous la houlette des deux hôtes Tony Blair et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.
M. Zapatero conduisait dimanche peu avant 19h00 (18h00 locales) une réunion avec tous les participants au sommet pour les informer sur le projet d’Alliance des civilisations qu’il a formellement lancé plus tôt dans la journée à Palma de Majorque (Baléares) avec M. Erdogan.
Le groupe de haut niveau de l’Onu mis en place dimanche devra proposer des « solutions concrètes » pour fomenter le dialogue entre l’islam et l’Occident, avec pour ambition saper les « prétextes de légitimation » du terrorisme islamiste.
M. Zapatero a assuré qu’il « considèrerait le sommet comme un succès s’il permet de conclure un plan d’action sur cinq ans », concernant notamment le problème de la régulation de l’immigration clandestine qui préoccupe l’Espagne.
Ce document, l’un des trois que doivent adopter les 35 participants d’ici lundi à la mi-journée, est celui qui pose le moins problème.
Plus polémique en revanche est le « code de conduite » antiterroriste sur lequel les délégations semblent avoir finalement trouvé un accord, en renvoyant à la déclaration finale les références controversées aux frontières israéliennes de 1967 et au « droit à l’autodétermination et à la résistance » réclamée par les pays arabes.
Les 35 semblent du coup avoir encore plus de mal à s’entendre sur la déclaration finale, selon une source européenne.
L’Egypte et la Tunisie opposent de fortes résistances aux pressions européennes pour qu’elles prennent des engagements en matière de bonne gouvernance, de démocratisation, de droits des femmes, selon la source espagnole.
« Si on a les trois documents, pour moi, c’est un vrai succès », a estimé la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner.
La nouvelle chancelière allemande Angela Merkel, qui devait s’entretenir dans la soirée avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que ce sommet, le premier auquel elle participe, « doit envoyer le message selon lequel nous sommes interdépendants au sein de la région Méditerranée ».
« Nous avons des problèmes d’immigration, de terrorisme, et nous ne pourrons faire des progrès sur ces fronts que si ces pays ont des perspectives économiques », a-t-elle ajouté.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche en milieu de journée dans le centre de Barcelone contre « la Méditerranée du capital et de la guerre », avant de se diriger en fin de journée vers le Centre de Conférences ou se tient le sommet et de se disperser sans incidents sérieux.
Conflit au Sahara occidental: une « survivance de la guerre froide » (Mohammed VI)
AFP, le 27.11.2005 à 14h31
RABAT, 27 nov 2005 (AFP) – Le conflit du Sahara occidental qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 1975 est une « survivance de la guerre froide », a estimé dimanche le roi Mohammed VI du Maroc, actuellement en visite officielle au Japon.
Le conflit du Sahara occidental qui « continue à nous opposer à nos voisins algériens » est « en réalité une survivance de la guerre froide et de la rivalité qui opposaient les deux anciens blocs », a déclaré le roi Mohammed VI dans un entretien au quotidien japonais, Nihon Kezaï Shimbun, reproduit par l’agence marocaine de presse Map.
Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole -annexée par le Maroc en 1975- dont l’indépendance est réclamée par le Polisario, un mouvement armé soutenu par l’Algérie.
Le roi du Maroc effectue depuis samedi une visite officielle de trois jours au Japon, axée sur le renforcement de la coopération politique et économique entre les deux pays.
Dans son interview au quotidien japonais, le monarque a évoqué la paralysie de l’Union du Maghreb arabe (Uma), rappelant que le conflit du Sahara occidental en est la raison principale. Outre le Maroc et l’Algérie, l’Uma, fondée en 1989 à Marrakech (Maroc), compte la Tunisie, la Libye et la Mauritanie.
« Nous demeurons attachés à l’Uma, et le Maroc, qui a toujours exprimé sa disponibilité au dialogue dans le cadre des Nations unies, est pour une solution politique du différend (au Sahara occidental) sous la forme d’un statut d’autonomie définitif qui respecte sa souveraineté et son intégrité territoriale », a expliqué Mohammed VI.
Le roi du Maroc a ajouté « espèrer que l’Algérie intégrera cette dynamique de paix afin de relancer l’édification maghrébine sur des bases saines et claires ».
Berlusconi’s office says more than 200 terror arrests in four years, opposition disputes numbers.
ASSOCIATED PRESS, LE 27.11.2005 à 19h32
ROME (AP) _ The office of Premier Silvio Berlusconi said Sunday that more than 200 alleged terrorists have been arrested in Italy over the past four years _ most of them suspected of belonging to terror cells that provided support to groups operating abroad.
The statement, which was carried by Italian news agencies, came one day after Berlusconi mentioned the arrests in a speech to his party. It was a response to a barrage of criticism from the opposition that contested the numbers and accused Berlusconi of bandying about distorted figures to promote himself during election season.
Opponents also said the numbers do not take into account the fact that, in many cases, charges were dropped, according to media reports.
The premier «has literally cited data and numbers that have been made public since last August by the (Interior Ministry’s) report on safety in Italy,» the statement from Berlusconi’s office read. It said 203 people had been arrested.
The office said many of the alleged terrorists were recruiting people for such hotspots as Iraq and Chechnya.
In the latest case, authorities earlier this month arrested three Algerians believed to have links to an Algerian militant group that has allied itself with Osama bin Laden. However, a judge later dropped the terror charges against two of the suspects and upheld lesser charges, including trafficking fake documents and facilitating illegal immigration.
An intelligence report to the government earlier this year by Italy’s Executive Committee of Information and Security Services found that the greatest threat came from North African communities in northern Italy _ mostly Tunisians and Moroccans operating in the northern regions of Piedmont, Lombardy and Emilia Romagna.
Première grande soirée radio-télévisée sur le sida au Maroc
AFP, le 26.11.2005 à 19h01
RABAT, 26 nov (AFP) – L’Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS) a décidé d’organiser le 9 décembre une grande soirée radio-télévisée « Premier Sidaction au Maroc » destinée notamment à récolter plus de fonds pour aider à la prise en charge des malades, a-t-on appris dimanche auprès des organisateurs.
Le Maroc compte actuellement 1.850 cas de sida, selon le ministère de la Santé alors que l’ALCS (indépendante) estime à 16.000 le nombre de séropositifs (malades et porteurs sains) en 2005.
L’émission radio-télévisée, organisée sous une forme similaire au téléthon, doit regrouper des acteurs, des chanteurs et des présentateurs autour de quatre thèmes « le Sida au Maroc et dans le monde, la perception du virus dans la société, la prise en charge des malades ainsi que la prévention ».
« Premier Sidaction au Maroc » sera notamment animée par Hakima Himmich, présidente de l’ALCS (une des premières associations en Afrique anti-Sida), Pierre Piot, directeur de l’Onusida et Pierre Berger, président de Sidaction en France.
« Cet évènement exceptionnel ne sera pas une simple soirée de variétés mais bien une prise de conscience importante sur le virus » du Sida, estime dimanche le journal Maroc soir.
L’émission passera en directe sur les quatres chaînes de TV marocaines 2M, TVM, 2M Maroc et Al Maghribia.
Selon le professeur Hakima Himmich, le nombre de séropositifs est « bien plus important que celui du ministère car beaucoup de gens ne connaissent pas leur état ».
« On peut estimer, a-t-elle ajouté, que 16.000 personnes sont réellement touchées par le virus au Maroc en 2005 et 20.500 le seront en 2006 », selon la présidente de l’ALCS.
Le Maroc est doté de 13 centres de dépistage anonyme et gratuit, dont deux laboratoires mobiles.
Un silence qui en dit long
Liberté chérie
Un somment en chasse un autre, après le sommet de la honte pour un régime à court d’idée et d’imagination pendant lequel les gifles ont fusé de toute part, un autre sommet a lieu depuis hier à Barcelone « Euro-méditerranée ».
Contrairement au sommet de Tunis où les questions de droits de l’homme s’étaient imposées malgré le refus catégorique du régime de laisser place à un tel débat, celui de Barcelone a à l’ordre du jour les droits de l’homme comme sujet principal. Sur les huit pays arabes de la Méditerranée aucun président n’a assisté au sommet et bien évidemment le dictateur Tunisie brillait encore une fois par son absence surtout qu’il est l’auteur de l’essentiel des entraves aux libertés. Pourquoi ne s’était-il pas déplacé à Barcelone ?
Plusieurs raisons l’empêchent de se déplacer. Parmi les constantes chez le dictateur tunisien c’est son aversion aux rencontres internationales pour cause d’incapacité intellectuelle à tenir une conversation et à être confronté aux journalistes. C’est ce qui explique le fait qu’après près de 20 ans de règne il n’a jamais donné d’interview ou parler au peuple tunisien sans lire un bout de papier rédigé par ses sbirs et appris presque par cœur et réciter avec un minimum d’articulation et d’accentuation.
La deuxième constante est relative au soucis sécuritaire aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Pour l’extérieur il craint non seulement pour sa sécurité physique, pour cause de paranoïa, mais aussi judiciaire. Il vit dans la psychose de se voir malmener par des juges occidentaux et notamment dans des pays comme l’Espagne, la Belgique ou encore la Suisse dont les tribunaux se sont déclaré compétants pour poursuivre en justice des responsables convaincus de pratique de la torture et d’exactions. C’est ce qui explique sont absence très remarquée en juillet dernier lors de la cérémonie organisée à Toulon (France) en hommage aux anciens combattants. Tous les présidents et Roi ont assisté à la cérémonie sauf Ben Ali d’abord annoncé partant officiellement et annulé à la dernière minute et ce malgré les assurances apportées par M. Chirac contre toute poursuite judiciaire (commentaire fait en direct par le présentateur de France2 et repris sur TV5).
Après les constantes viennent les raisons conjoncturelles. La première est relative au sujet de ce sommet à savoir les droits de l’homme et l’article 2 de l’accord d’association. Ayant pleinement bénéficié des subventions européennes de toutes sortes sans jamais avoir respecté cet article Ben Ali n’a absolument aucune envie de se voir infligé la même leçon que celle donnée par l’honorable Président Schmidt.
La deuxième raison est d’ordre émotionnel. Ayant été boudé par l’ensemble des chefs d’Etat européens, pendant son abominable sommet Ben Ali ne s’est toujours pas remis de cette humiliation ou du moins ressentie comme telle car sa déception est à la hauteur des espoirs de qu’il accrochait à cette manifestation. Alors rendre la monnaie aux européens est une question d’orgueil et d’Ego car comme tous les dictateurs, l’hypertrophie de son ego l’empêche de voir réellement ce qu’il est.
Troisième et dernière raison concerne son état de santé qui l’empêche de faire le moindre déplacement non seulement à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du pays voir l’intérieur de la capitale puisqu’il est notoire aujourd’hui que tout se passe au palais de Carthage transformé en véritable bunker et siège effectif des institutions de « l’Etat » tunisien.
Pour résumé on peut dire qu’au handicap intellectuel s’ajoute maintenant l’handicap physique et dans les deux cas ce n’est pas la faute du dictateur mais celle de l’histoire et de ses crises de diarrhée qui ont donné lieu à une telle déjection.
Liberté chérie
28-11-2005
(Source : le forum Tunezine, le 28 novembre 2005 à 14h27)
Répression:un signe qui ne trompe pas
Liberté chérie
La vague de répression ne fait que commencer et elle ne peut qu’aller crescendo. Non seulement la dictature ne peut pas se désavouer elle-même mais aussi parce qu’elle vit ses derniers soubresauts. La vraie bataille commence maintenant et Ben Ali a enclenché les hostilités le lendemain du sommet par la nomination de Ganzoui.
Ce qu’il faudrait comprendre, c’est que Ben Ali n’a qu’une seule préoccupation, celle qui lui impose la marche à suivre à savoir sa propre succession. Une succession qui selon lui ne doit rien laisser au hasard pour ne pas perdre une miette de pouvoir même après son départ ou sa disparition. Le temps presse et ce qui peut paraître absurde et suicidaire en constatant son entêtement malgré la vague de protestation sans précédant, n’est que logique de succession.
Ben Ali n’a plus à se soucier des chancelleries étrangères et encore moins de l’opinion nationale qui n’a jamais existé pour lui, car ces mêmes chancellerie savent que son règne touche à sa fin et que son action ne s’inscrit plus dans la durée mais au contraire elle n’a qu’un seul et unique objectif assurer la pérennité du pouvoir entre les mains de sa famille.
Ben Ali ne gouverne pas selon des règles politiques mais en fonction d’objectifs personnels très centrés sur sa personne et sa famille c’est ce qui explique la perplexité des observateurs qui eux ont d’autres références et d’autres règles de fonctionnement.
En un mot : Ben Ali a un enfant d’un an et une femme très ambitieuse et les intérêts d’une famille à protéger, pour cela il est prêt à vendre la Tunisie pour ceux et celles qui peuvent l’aider à arriver à ses fins (Israël, USA, personnalités politiques peu regardantes sur les valeurs humaines, presse achetables à l’intérieur comme à l’extérieur, etc.)
Alors rien d’étonnant à ce qu’il mette le pays à feu et à sang s’il le faut car il n’a plus le choix non pas parce que les Tunisiens ne sont pas capables de pardonner mais parce qu’il y a une contradiction fondamentale entre ses objectifs (intérêts personnels) et ceux du pays (intérêts généraux).
Reste à savoir si la population tunisienne est aujourd’hui à même d’imposer une autre équation celle de sa propre volonté ? De ce point rien n’est moins sûr.
(Source : Forum Tunezine, le 28 novembre 2005 à 17h39)
Les survivants du Sinn Féin
Laurence McKeown est revenu du pays des ombres. Celles de ses camarades, autosacrifiés sur l’autel de l’Irlande républicaine. Dix sont morts, Bobby Sands le premier, en ce terrible printemps de 1981. Lui, a survécu, de justesse, et contre son gré. Tant d’années plus tard, sa mémoire est intacte.
Il garde dans l’oreille tous les bruits du supplice, captés depuis sa cellule : les familles qui sanglotent, le grincement du chariot qui emporte un cadavre, les grilles qui claquent. Il imagine le drame où chavirent les proches, et la vie qui continue, normale ou presque, hors les murs du bloc H de la prison de Maze, d’où les grévistes de la faim de l’IRA espèrent faire plier Margaret Thatcher. Et la convaincre qu’ils ne sont pas de vulgaires droit commun, qu’ils luttent pour une cause noble. « Profession : prisonnier politique », a écrit Bobby Sands sur son formulaire de candidature à l’élection législative, qu’il remportera en beauté, avant de mourir quelques semaines après.
Le 29 juin 1981, vient le tour de Laurence. Lui aussi est volontaire. Il a rejoint l’Armée républicaine irlandaise (IRA) à l’âge de 17 ans. Il n’a pas 20 ans lorsqu’il se retrouve en prison. Avec pour horizon la détention à vie. Il a posé des bombes et tenté d’assassiner un policier. Sa grève durera soixante-dix jours, la plus longue de toutes. C’est sa mère, convaincue par un prêtre, qui met fin à l’épreuve, en exerçant le droit, reconnu à un parent, d’intervenir pour épargner la vie d’un gréviste plongé dans le coma.
Sauvé, il aura passé, en tout, seize ans en prison. Mais celle-ci reste au centre de sa vie : il anime aujourd’hui Coiste, une association d’aide aux anciens détenus républicains — 15 000 ont séjourné dans les geôles de la Couronne. Grand, droit comme un i, le visage long et maigre, il raconte sobrement son travail et sa vie. Les luttes légitimes de sa jeunesse, les leçons apprises en prison, qu’il a racontées dans un livre intitulé Hors du temps, et son combat actuel pour une pleine réinsertion des ex-détenus. A 49 ans, il ne regrette rien. Il parle d’honneur, d’identité, de confiance.
Des treize grévistes survivants de 1981, Laurence McKeown incarne le mieux la difficile conversion du mouvement républicain irlandais : le troc des fusils pour les urnes ; le recul de la violence et de sa dérive terroriste face aux succès de l’activisme électoral ; la rigidité doctrinale qui s’émousse sous les contraintes de la démocratie ; la victoire finale du Sinn Féin sur l’IRA, des politiques sur les militaires.
Sur les treize, certains ont mal tourné, quelques-uns ont disparu, l’un est devenu mystique. Laurence a écrit, étudié, réfléchi, et même passé un doctorat. Il donne ses rendez-vous, à deux pas de son bureau, dans un centre communautaire, mi-librairie, mi-cafétéria. C’est une ancienne église de brique, sur Falls Road, le bastion catholique de Belfast-Ouest. Un peu plus loin, la boutique du Sinn Féin vend des cartes postales à l’effigie des martyrs du bloc H, et les écrits de prison de Bobby Sands avec, en exergue, sa phrase la plus célèbre : « Les rires de nos enfants seront notre revanche.«
Le drame de 1981 marque un tournant crucial dans l’histoire de l’IRA et du Sinn Féin. Il donne un avantage décisif à ceux qui, autour de Gerry Adams, prônent une double stratégie, où la conquête électorale accompagnerait la violence armée. Voilà déjà cinq ans que les détenus de l’IRA cherchent à récupérer leur statut spécial, aboli par Londres. Ils ont refusé l’uniforme réglementaire, revêtu à sa place une simple couverture, laissé leurs excréments sur le sol de leur cellule. En vain.
Lorsque l’IRA présente Bobby Sands à un scrutin partiel, elle espère aussi le sauver. Elu député, le prisonnier attire soudain l’attention du monde sur sa lutte et lui donne toute sa dimension politique. Cette victoire apporte plus, en un jour, au combat des Républicains que douze années d’action violente.
C’est un formidable argument pour les dirigeants du Sinn Féin. « Cela vaut vingt bombes en Angleterre », dit alors l’un d’eux. Dans l’immédiat, Margaret Thatcher ne cède pas, et la grève s’achève après 172 jours. « Il était possible d’admirer le courage des grévistes de la faim qui sont morts, admettra-t-elle plus tard, mais pas de sympathiser avec leur cause meurtrière.«
Le Sinn Féin a aujourd’hui cent ans. Il a été créé à Dublin le 28 novembre 1905 par un imprimeur, Arthur Griffith. Son seul nom — « Nous seuls » en gaélique — est tout un programme. Il prône l’autodétermination irlandaise, la séparation d’avec l’Angleterre, la renaissance culturelle, même s’il n’exclut pas, au début, une double monarchie. Très vite, son objectif est clair : instaurer une république dans l’île.
Au fil du siècle, le Sinn Féin connaîtra bien des crises, des schismes, et autant de renaissances. Les grands partis de la République d’Irlande contemporaine, le Fine Gael et le Fianna Fail, sont issus de lui. Il vit des heures de gloire, par exemple lorsqu’il proclame l’indépendance à Dublin (1919) sous la conduite d’Eamon de Valera, futur premier ministre de l’Etat libre d’Irlande (1921) puis de la République (1937). Il accomplit aussi de longues traversées du désert, aux mains de bureaucrates ou des gardiens du dogme, entre les années 1930 et 1960.
Dans ce parti pas comme les autres, qui mêle intellectuels, militants et révolutionnaires, chaque crise voit s’affronter ceux que tente l’action politique et ceux qui ne font confiance qu’à leur fusil pour arracher l’unité de l’île. Cette ligne de fracture est encore plus visible au Nord, dans ces six comtés de l’Ulster à majorité protestante, rattachés au Royaume-Uni, et qui plongeront bientôt dans la haine et la peur.
En 1970, au début d’une nouvelle guerre civile, l’IRA et le Sinn Féin, rompant avec les officiels républicains, deviennent provisoires, le parti opérant comme couverture politique de l’armée. Les « provos », selon leur rôle, déchaînent la violence ou la justifient. Les chefs, Gerry Adams et Martin McGuinness en tête, appartiennent aux deux organisations.
Elu président du Sinn Féin en 1983, Gerry Adams le transformera, avec patience et pragmatisme, en un parti à part entière, ancré dans le terreau des quartiers catholiques, en une machine disciplinée puisant efficacement dans ses viviers électoraux, au Nord comme au Sud. Il abandonne le dogme de l’abstentionnisme républicain, vieux gage du refus de cautionner les institutions de l’île. Il fait évoluer le Sinn Féin sans le déchirer à nouveau ni l’obliger à se renier.
Cette mutation résulte d’un triple constat. D’abord, la quasi-totalité des citoyens de la République la tiennent pour légitime depuis longtemps ; bouder le Parlement de Dublin est donc suicidaire. Ensuite, la victoire militaire au Nord étant impossible, la poursuite de la violence, avec ses nombreuses bavures terroristes, est devenue un handicap politique. Enfin, le Sinn Féin a besoin, pour progresser, d’un accord avec le camp protestant. Ainsi s’ouvriront les négociations couronnées en 1998 par les accords de paix dits du « vendredi saint » instaurant en Ulster un partage du pouvoir entre catholiques et protestants, dans le cadre d’institutions semi-autonomes, un exécutif et une Assemblée.
Gerry Adams et ses amis ont rendu le Sinn Féin puissant, riche et respectable. Seule formation présente sur la scène politique de deux pays de l’UE, il est devenu, en 2001, le premier parti catholique d’Ulster, et le pivot, dans son camp, de toute négociation. Ils ont surtout renversé au fil des ans le lien hiérarchique entre le Sinn Féin et l’IRA. Pendant longtemps, l’armée dicta sa loi au parti. Il avait besoin d’elle pour grossir ses rangs ou maintenir l’ordre dans ses meetings. Ensuite, il l’a convaincue de la justesse de sa stratégie électorale et, à mesure qu’il se renforçait, la lui a imposée en douceur.
L’épilogue officiel de cette épreuve de force a lieu le 28 juillet 2005. Ce jour-là, l’IRA annonce son intention de démanteler son arsenal. Deux mois plus tard, une commission internationale confirme que la promesse a été tenue. Mais les politiques ont pris soin de ne pas humilier les militaires. L’IRA ne s’est pas autodissoute. Elle a refusé qu’on photographie ses armes détruites. Les républicains ne se sont pas couvert le visage de cendres. Ils n’ont pas capitulé, mais ont présenté leur ultime concession comme un noble sacrifice offert sur l’autel de la paix.
Hormis une poignée de dissidents, presque inactifs, le Sinn Féin contrôle aujourd’hui fermement l’IRA. « Nombre de militants de l’IRA étaient très jeunes lors du cessez-le-feu de 1994. Ce sont des enfants de la paix. Les plus vieux, eux, deviendront vite des anciens combattants », souligne Richard English, historien à l’université Queen’s de Belfast. « Le Sinn Féin, poursuit-il, utilise les vestiges de l’IRA comme une force résiduelle à son service, une milice tranquille, presque privée, un recours en cas de besoin. Le fait que Gerry Adams puisse ainsi maintenir le calme dans sa communauté arrange d’ailleurs Londres et Dublin. »
Il n’empêche : certains activistes de l’IRA ont allégrement franchi le pas entre terrorisme et gangstérisme. L’organisation clandestine, comme d’ailleurs les groupes paramilitaires protestants, se livre à des activités criminelles et mafieuses. Elle est accusée, solides preuves à l’appui, d’avoir cambriolé, le 20 décembre 2004, la Northern Bank à Belfast. Butin : 38 millions d’euros, le plus important vol d’argent liquide dans l’histoire criminelle de l’Europe.
Le 30 janvier 2005, une douzaine de membres de l’IRA participent au meurtre gratuit à Belfast de Robert McCartney, 33 ans, père de deux enfants, catholique et électeur du Sinn Féin. Un mois plus tard, dans un stupéfiant communiqué, l’IRA se dit prête à exécuter les assassins. En février, la République d’Irlande multiplie les coups de filet contre l’IRA, accusée de mener de vastes opérations de blanchiment d’argent. En octobre, à Manchester, la police perquisitionne dans des propriétés achetées avec l’argent sale de l’IRA. Décidément, le centenaire du Sinn Féin tourne à l’annus horribilis, même si ses électeurs lui restent massivement fidèles.
Comme toujours, Gerry Adams rejette les soupçons en maniant la rhétorique. Il refuse de « criminaliser ceux qui violent la loi en poursuivant des objectifs politiques ». Nul doute pourtant qu’il a dû sermonner certains coupables en privé. Habituée depuis trop longtemps à ne reconnaître aucune loi, hormis les siennes, l’IRA ne tient pas pour des crimes ses mille trafics, dont certains menés à une échelle industrielle inconnue en dehors de la Sicile. C’est le même double langage qui conduit Gerry Adams à nier son appartenance passée à l’IRA. Pour couper court aux mille questions que susciterait son aveu, et pour ménager son propre avenir politique.
Reste la raison d’être initiale du Sinn Féin : une Irlande républicaine enfin unie. Pas question pour lui d’abandonner cet objectif fondateur, qui semble pourtant s’éloigner toujours plus. La « guerre des berceaux » n’est plus gagnée d’avance. Le taux de natalité des catholiques (44 % de la population) ne cesse de faiblir. Une minorité de l’électorat catholique, moins homogène sur ce sujet que le protestant, souhaite maintenir les liens de l’Ulster avec Londres.
« Il y a deux autres obstacles, ajoute Adrian Guelke, historien à Queen’s. Les immigrants, de plus en plus nombreux, sont pour le statu quo. Quant aux Irlandais du Sud, ils ne sont pas forcément enthousiastes. Or l’unification de l’île devra se faire par consentement mutuel.« En attendant, le Sinn Féin continue d’entretenir le grand rêve au nom duquel sont morts Bobby Sands et ses camarades.
Jean-Pierre Langellier
(Source: Le Monde du 29.11.05)
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