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Reuters: Tunisia joins international war crimes court
ANSA: Onu: Tunisia ratifica Cpi, primo paese Nord Africa
ANSA: Tunisia: 94 partiti; 31 in lista attesa; 118 domande bocciate
AP: Tunisia joins ICC amid sweeping national change
AP: First post G-8 project starts in Tunisia
AP: Defecting Libyan officers describe daily tragedy
Khemaies ROMDHANI: Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Sécurité Sociale
Houcine Ghali: Tunisie : la pauvrete est politique
20 minutes: La Tunisie a rejoint la Cour pénale internationale
Gnet: Omar Mestiri : « Les médias sont indignes du Tunisien de 2011 »
Nord Eclair: En Tunisie, « on s’est débarrassé de la peur »
Le Temps: Le jeu de la Vérité… Avec Ahmed Néjib Chebbi, président du PDP «Ennahdha notre ennemi juré? C’est trop dire!»
Kapitalis: Tunisie. Mourou décontracté, sans robe ni turban (1/2)
Leaders: Gardons-nous à droite, gardons-nous à gauche!
Tekiano: Tunisie : Carthage 2011… le «Sayeb Salah» des artistes
Reuters: Tripoli opposition waits for its moment
Le Figaro: Navi Pillay, de l’apartheid au printemps arabe
Tunisia joins international war crimes court
Onu: Tunisia ratifica Cpi, primo paese Nord Africa
Tunisia: 94 partiti; 31 in lista attesa; 118 domande bocciate
Tunisia joins ICC amid sweeping national change
First post G-8 project starts in Tunisia
Defecting Libyan officers describe daily tragedy
By BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de la Sécurité Sociale
Monsieur le Ministre,
Depuis environ deux décennies, les contrôleurs assermentés ? de la CNSS, ne cessent de fermer des lieux de travail et ce suite aux instructions de la police politique de Ben Ali. Ils notifient des procès verbaux dans les cafés autour d’un « CHICHA » ! Puis ils rangent ces PV dans leurs serviettes jusqu’à l’expiration des délais de recours, pour commencer à harceler les contribuables suivant leur importance de dérangement de la sécurité du dictateur.
Monsieur le ministre,
Ces mêmes contrôleurs assermentés ? qui ont été les piliers du pouvoir de ben Ali demeurent encore dans leurs postes en utilisant les mêmes comportements et les mêmes pratiques.
La révolte du peuple tunisien du 14 janvier 2011 a fait tomber le somment de la pyramide de la dictature, mais les piliers qui ont fait l’équilibre dudit pyramide demeurent inchangés dans leurs postes. Donc une sonnette d’alarme doit retentir dans les quatre coins de la Tunisie libre afin d’enlever ces vis cachés et continuer avec des hommes honnêtes pour préserver les intérêts des Tunisiens.
Tunis le, 25/06/11
Khemaies ROMDHANI
Ingénieur Géomètre Expert.
Code employeur CNSS : 206380-61
TUNISIE : LA PAUVRETE EST POLITIQUE
Houcine Ghali, Genève
Ainsi donc, les bourgeois et les citadins tunisiens n’ ont découvert le spectre de la pauvrerté qui ronge l’ intérieur du pays qu’ après le 14 janvier 2011, date de la révolution entreprise par ces désérités, oubliés, chômeurs, paysans et ruraux exclus des plans de développement des différents gouvernements qui se sont imposés depuis l’ indépendance en 1956 pour tracer la destinée du peuple tunisien.
La Tunisie a rejoint la Cour pénale internationale
Omar Mestiri : « Les médias sont indignes du Tunisien de 2011 »
En Tunisie, « on s’est débarrassé de la peur »
Six mois après le geste désespéré de Mohamed Bouazizi dont l’immolation par le feu a fait de la ville de Sidi Bouzid l’épicentre du séisme qui a amorcé la révolution tunisienne avant de gagner le monde arabe, sa région natale et le reste du pays hésitent entre fierté et désenchantement. « La révolution de la dignité et de la liberté est celle du 17 décembre et non du 14 janvier », lit-on sur un mur de l’avenue Habib-Bourguiba à Sidi Bouzid, à 270 km au sud-ouest de Tunis. Le 14 janvier est la date de la fuite du président tunisien Ben Ali ; le 17 décembre, celle de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. Le suicide de ce jeune marchand de fruits excédé par des humiliations policières a déclenché la Révolution de jasmin en Tunisie avant de se transformer en printemps arabe. Six mois plus tard, le désenchantement a gagné la ville de Sidi Bouzid. « Depuis des mois, les journalistes du monde entier défilent et ma situation n’a pas changé pour autant », déplore Youssef, un jeune vendeur de légumes. « Avant, je me faisais 100 dinars (50 E ) par semaine ; depuis la révolution, une vingtaine (10 E) », se plaint-il, en cachant à peine son regret du temps de « ZABA », acronyme de l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali. « Il paraît qu’il pleut des milliards sur Sidi Bouzid. Je n’ai pas vu un centime », lâche un autre vendeur de légumes. Dans la Maison des jeunes toute proche, trois membres de l’association Al-Karama (la dignité en arabe) sont réunis pour élaborer des solutions de développement. Après le 14 janvier, « les critiques ne sont valables qu’assorties d’alternatives », tranche Hichem Daly qui propose ainsi « un projet de « comité de développement régional » réunissant des représentants de l’État, des communes et de la société civile qui débattront en public des priorités pour leur région ». Apparition de plus de 90 partis Au-delà de Sidi Bouzid, de nombreux Tunisiens trouvent que les choses ne vont pas assez vite. Mais, selon un baromètre de l’institut Sigma conseil, plus de 70 % de la population se dit confiante dans l’avenir, même si une liberté retrouvée ne fait pas oublier toutes les difficultés. Dans la colonne positive du bilan des six derniers mois, Pierre Vermeren, historien spécialiste du Maghreb, constate : « Une vie politique s’est mise en place avec la création de nombreux partis, le pays n’a pas basculé dans la guerre civile ou un degré de violence trop grand et il ressent une grande fierté nationale d’avoir été à l’origine du printemps arabe. » Sur le plan politique, après de longues tergiversations, les autorités, les partis et la commission électorale se sont entendus pour fixer au 23 octobre la date des élections qui désigneront l’assemblée chargée d’élaborer une nouvelle Constitution pour la Tunisie. La scène politique est toutefois extrêmement morcelée avec l’apparition de plus de 90 partis. Côté négatif, la crainte du marasme d’une économie tirée vers le bas par la baisse considérable d’une de ses principales ressources, le tourisme, assombrit le paysage. La guerre en Libye pèse aussi sur la Tunisie avec les quelque 500 000 réfugiés qu’elle a dû accueillir. La blogueuse Lina Ben Mhenni tire pour sa part un bilan simple mais éloquent des six derniers mois en Tunisie : « On s’est débarrassé de la peur. Source: « Nord Eclair » Le 25-06-2011 Lien:http://www.nordeclair.fr/France-Monde/Monde/2011/06/25/en-tunisie-on-s-est-debarrasse-de-la-peu.shtml
Le jeu de la Vérité… Avec Ahmed Néjib Chebbi, président du PDP«Ennahdha notre ennemi juré? C’est trop dire!»
«J’ai toujours défendu l’action politique légale, pourquoi dois-je la refuser à des citoyens de l’ancien RCD ?»- Néjib Chebbi, leader du Parti démocratique progressiste (PDP), se livre à nous dans un entretien qui se veut un tant soit peu récapitulatif de la somme d’un parcours politique … non sans remous.
Le temps : Le PDP est déjà parti pour une campagne de communication politique avant l’heure. Soit. Est-ce que le PDP se vend bien ? Encore est-il, qu’il ne faut pas utiliser des méthodes nouvelles à part les affiches, une technique ayant fait son temps
Aujourd’hui les partis se tirent dessus à boulets rouges et il paraît presqu’évident qu’Ennahdha est devenu votre ennemi juré alors qu’en 2005 vous étiez ensemble dans « le comité du 18 octobre ». Que s’est-il passé entre temps ?
Ennemi juré, c’est trop dit. Nous ne sommes pas en conflit mais en concurrence loyale. Par contre il y a une suite logique d’évènements qui a fait que tous les partis toutes idéologies confondues, soient réunis pour défendre des libertés qui ont été réalisés par la Révolution. En 2006 les islamistes ont été élargis et depuis le comité a cessé de fonctionner réellement pour que chacun suive sa ligne à proprement parler. La campagne que le PDP a menée contre le 6ème mandat de Ben Ali a carrément approfondi le fossé entre notre parti et celui des islamistes. La base de notre alliance est donc dépassée par le temps ce qui exempt le projet de société qui la supporte. Notre projet de société est libéral, moderne, tolérant et ouvert sur le monde extérieur. Je crois que le religieux en tant que programme idéologique à la tête d’un pays risque de brouiller notre image à l’extérieur.
Avant le 14 janvier quand les islamistes n’avaient pas leur visa vous avez fait en sorte qu’ils soient de votre partie. Après le 14 janvier vous n’étiez pas contre l’adhésion des anciens Rcédistes à votre parti. Est-ce que tous les moyens sont bons pour drainer le maximum de citoyens ?
Avant la Révolution tout le monde était face à un système répressif pour défendre les libertés d’expression et l’élargissement des prisonniers politiques, etc. Personnellement, j’ai défendu le droit de tout un chacun à l’existence légale, y compris les islamistes. Par ailleurs, je me suis opposé au RCD qui a cautionné le pouvoir absolu d’un chef et ses pratiques répressives, et non pas à l’Etat RCD qui a contribué à l’élaboration d’un projet de société pour notre pays. J’ai toujours défendu l’action politique légale pourquoi dois-je la refuser à des citoyens de l’ancien RCD. Je ne suis pas pour l’exclusion des citoyens mais pour leur inclusion dans la vie politique. Les anciens Rcédistes qui n’ont rien à se reprocher du point de vue de la loi sont les bienvenus. C’est la justice, et au regard de la loi, qui va demander des comptes, en toute sérénité, aux Rcédistes rendus responsables ou impliqués dans des crimes contre le peuple tunisien. Cela ne relève pas des prérogatives de la rue ou du pouvoir public. Ceux qui ne sont pas rendus coupables ou responsables d’actes répréhensibles aux citoyens doivent trouver leur place dans la vie démocratique. Nul n’a le droit de priver un citoyen de jouir de la plénitude de ses droits, entre autres, celui de se présenter au verdict des urnes. Je crois en l’égalité des chances qui doit être garantie à tous les acteurs politiques.
Pourquoi refusez-vous les alliances avec d’autres partis notamment ceux qui sont de la rive gauche du spectre politique, à l’exemple du pôle démocratique moderniste?
Nous serons toujours favorables à l’alliance démocratique. Je crois que chacun doit aller aux urnes en comptant sur ses propres forces et que nous devons réunir nos forces plus tard au sein de l’assemblée comme c’est le cas du PC et PS en France dont l’union n’a jamais donné lieu à une liste commune. Cela ne veut pas dire qu’on est contre toutes forces démocratiques qui le souhaitent de fusionner.
Pour la Haute instance, quelle est votre position par rapport à l’inclusion de l’article sur la non normalisation avec l’Etat hébreu et celui du financement des partis ?
Je suis contre la normalisation avec l’Etat hébreu mais je ne suis pas pour l’inclusion de cette position dans une déclaration de principe sur les droits. Je crois que c’est un artifice de lutte contre Ennahdha, sans effets. Pour moi une déclaration de partis qui se méfient les uns des autres n’a aucun sens. C’est une fausse bataille. Je crois qu’une déclaration des droits du citoyen et de l’Homme en Tunisie doit être votée par le peuple à travers des urnes et sur la base d’un texte référentiel pour apporter tous les amendements nécessaires à la prochaine Constitution. Celle –ci obligera les pouvoirs publics à commencer par la magistrature.
Pour le financement des partis, il faut comprendre qu’est-ce qu’on veut dire par là. Est-ce une loi à usage unique comme l’a toujours fait l’ancien régime ? Cela n’est louable que si c’est durable. Nous sommes contre des lois qui ligotent des partis au point de se permettre de légiférer en dehors de la légitimité du pouvoir. La loi interdit les financements étrangers et stipule le fait de soumettre le compte des partis et l’état des financements au contrôle des cours des comptes, on est appelé à s’en tenir à ces dispositions. Si demain il faudrait légiférer pour mieux affiner ces principes nous pouvons le faire dans le cadre de la Constitution ou le parlement. On aura ainsi une loi impersonnelle et une loi qui dure.
Mais aujourd’hui des partis sont fragilisés de par le peu de financement qu’ils ont, alors que le PDP, Ennahdha et Afek Tounès en ont.
Ce n’est pas mon problème. Ce n’est pas mon problème non plus, si Afek Tounès a une base bourgeoise qui finance sa campagne, que le PDP impose le respect et que des hommes d’affaires mettent leur confiance dans son projet de société.
A vos débuts vous étiez nationaliste (Parti El Baath), puis vous êtes devenu un militant de gauche, ensuite de l’extrême gauche, puis vous avez fait un basculement à 180° en acceptant de faire partie du gouvernement Ghannouchi et enfin du jour au lendemain vous vous êtes reconverti en libéral. On a du mal à voir clair dans votre vie politique qui est à géométrie variable. Est-ce que chaque étape a sa politique ?
Ce que vous appelez du jour au lendemain est un parcours de 46 ans. J’ai été un nationaliste arabe de gauche. Je me suis radicalisé dans le sens de l’extrême gauche, par rapport à des événements survenus en Tunisie et dans le monde arabe. J’ai vécu 14 ans d’expérience extrêmement coûteuse puisque j’ai été condamné à 32 ans de prison. J’ai été incarcéré pendant deux ans, puis exilé pendant sept ans et j’ai passé quatre ans de lutte clandestine. Le tout versait dans le seul but de reconsidérer nos choix par rapport à l’expérience mondiale de la gauche. Je me suis toujours passionné pour un idéal de justice sociale irréalisable. Nous sommes devenus des sociaux démocrates et notre parti a été rebaptisé sur cette base, il est devenu le PDP jusqu’à ce jour. Dans le sillage le fruit de nos réflexions nous ont amenés à comprendre qu’à la lumière de l’expérience mondiale, l’économie de marché est le seul cadre propice à la production de richesse pour la mieux répartir. Dans les années 90 le monde a été frappé du sceau de la globalisation qui malgré les inégalités qu’elle a générées elle a apporté beaucoup de progrès à l’humanité. Nous ne pouvons progresser que dans un échange avec l’économie mondiale. C’est donc une évolution naturelle étalée sur plusieurs années avec une rupture en 1979 lorsque nous avons quitté l’idéologie de gauche et les méthodes d’action révolutionnaire pour choisir une action légale et la ‘’Social- Démocratie’’ sur la base du progressif social démocrate. Cela n’a jamais été un effet de mode mais le fruit d’expériences pénibles qui nous ont servies d’enseignement. Le gouvernement Ghannouchi était une position dictée non pas par une idéologie mais par ce que nous croyons être l’intérêt national. Le choix était limité : refuser et lui dire ‘’débrouillez-vous’’ serait irresponsable, ‘’remettez le pouvoir à l’armée’’ serait compromettant pour l’avenir du pays, ‘’poussez-vous pour qu’on s’y mette’’ serait relever du fantasme car les forces politiques et l’UGTT ne sont pas à l’origine de cette révolution et donc ne pouvant pas parler en son nom pour dire aux jeunes, continuez nous prenons l’Etat d’assaut pour arriver à un scénario libyen. Toutes ces éventualités étaient possibles. Nous avons choisi un compromis évolutif entre les technocrates de l’ancien régime et des représentants de la société civile pour réaliser le programme de la Tunisie démocratique en six mois dans le cadre des lois réformées sous l’égide d’une commission indépendante et en la présence d’observateurs étrangers. C’est ce qu’on a fait en 45 jours. Je ne vois pas en quoi cette démarche serait en opposition avec notre ligne démocratique. En résumé, l’action politique a été un sacrifice constant que j’ai toujours payé et dont je me suis toujours acquitté sous forme d’exil, de grèves de la faim, d’emprisonnement.
Entre-temps vous avez séjourné aux Etats-Unis sur une invitation des néoconservateurs qui ont influencé la politique des Bush père et fils pour mener des guerres injustes en Afghanistan et en Irak au nom de la démocratie. Selon vous est-ce que les révolutions arabes seraient une continuité de cette politique ?
Je suis un pragmatique en politique. Mon but c’est de pouvoir démocratiser mon pays et toutes mes relations sous-tendent cet objectif. Cela étant, défendre la cause de la démocratie ne devait pas se soumettre à aucun préalable idéologique. Dans ce Think-tank auquel j’ai participé le but était de se rencontrer sur une plate-forme démocratique mais je n’étais pas obligé de cautionner leurs stratégies guerrières. J’ai toujours exprimé mon opposition farouche et constante à la guerre contre l’Irak. Maintenant penser qu’il y a une main cachée qui actionne les révolutions c’est quitter la rationalité qui doit s’en tenir à la dynamique des faits. Les révolutions qui ont déferlé dans le monde arabe ont été menées par le peuple d’une manière indépendante de toutes formes d’encadrement. Cela n’a rien à voir avec la démocratie par la guerre.
Quel est votre livre de chevet. Qu’est-ce que vous lisez en ce moment ?
Les mémoires de Jean Monet. C’est lui l’artisan du rapprochement entre l’Allemagne et la France après les deux guerres et l’édificateur de l’Europe des années 50.
Source: »Le Temps » Le 25-06-2011
Lien: http://www.letemps.com.tn/article-57057.html
Tunisie : Carthage 2011… le «Sayeb Salah» des artistes
Tekiano : Le visuel affichant les highlights de la programmation du Festival International de Carthage a suscité une importante controverse sur le web social tunisien. Quelle est la portée politique du choix des artistes participants ?
Kerim Bouzouita : Il faudrait que nous ayons en main la programmation définitive pour pouvoir analyser les choix du ministère et établir une vraie critique. Qui qu’il en soit, si nous nous retrouvons encore avec une programmation qui ne laisse pas la place aux jeunes artistes, il y a fort à parier que l’opinion publique et le syndicat des métiers de la musique – qui a prouvé sa volonté de rompre avec la mafia culturelle- contesteront les programmations «mauves». Cela pourrait même amener au boycott des grands festivals.
Quels sont, d’après votre observation et votre expérience, les principes fondateurs pouvant être les catalyseurs de la politique culturelle tunisienne en cette phase de transition démocratique ?
Tout d’abord, le constat de la politique culturelle benaliste est dramatique. Il est plutôt facile de faire le bilan de 23 ans de gouvernance despotique en regardant de plus près quels ont été les « artistes » systématiquement programmés et ceux qui ont profité de larges subventions sous le régime de la tyrannie. Mais il ne faudrait pas s’arrêter à cela, il faudrait également faire le bilan des réelles contributions à l’espace culturel tunisien de ceux qui touchaient les deniers publics.
Personnellement, je ne crois pas à «l’Etat Providence» en ce qui concerne l’art et la culture. Je m’oppose à la politique culturelle considérée comme un ensemble de choix et d’orientations décidés par une poignée «d’experts» pour une nation entière. Cependant, les pouvoirs publics peuvent veiller à ce que les artistes aient le droit de pratiquer leur art sans entraves en décrétant que ce dernier est un espace de liberté qui ne doit pas être investi ou entravé par les pouvoirs publics, les idéologies ou les intérêts privés, ce qui n’était pas le cas sous l’ancien régime.
Par exemple, sous le système Ben Ali, les jeunes étaient privés du droit de créer des associations culturelles afin de produire des évènements, de promouvoir une pratique ou un courant artistique.
Bien pire, les policiers intervenaient brutalement dès qu’ils voyaient quatre jeunes avec une guitare s’installer sur un trottoir au centre ville de Tunis.
Pour résumer, je considérerai deux axes principaux pour rompre avec les pratiques passées et donner de l’air à une vie culturelle asphyxiée par le népotisme :
-La priorité aux nouvelles générations à travers le soutien d’artistes qui n’ont jamais perçu de subventions ou n’étaient jamais programmés sous l’ancien régime.
-La promotion des pratiques artistiques au lieu de la consommation culturelle à travers la mise en œuvre de nombreuses mesures comme par exemple : la création de théâtre et de studios de répétition et de production audiovisuelle dans tous les lycées et toutes les universités publiques, la défiscalisation totale des instruments de musique, des cours d’arts, des cachets des artistes locaux…
-Pour finir, si les pouvoirs publics ne savent pas ou ne peuvent pas soutenir les artistes, qu’ils ne les sabotent pas. Comme le disent si bien les cybers-guerriers : «Sayab Sala7 !».
Quelles sont les grandes lignes d’une réforme à faire afin de rompre avec la culture de propagande?
Je ne suis pas certains que nous puissions parler de culture de propagande dans le cas tunisien. Nous ne sommes pas dans la configuration d’un système totalitaire qui impose les choix esthétiques. D’ailleurs, l’Histoire nous montre que même le puissant régime de Mussolini a échoué à imposer une esthétique «romano-aryenne».
Cependant, il existe bien des dictats culturels qui sont l’œuvre – plus ou moins concertée – des sphères mass-médiatiques, celle du divertissement et celle du politique. En ce qui concerne la musique par exemple, nos goûts, nos imaginaires et jusqu’aux valeurs du projet de société auquel nous aspirons sont le résultat d’un processus complexe auquel participent les choix des directions commerciales et artistiques des radios FM nationales, des télévisions locales et internationales, de la politique culturelle plus ou moins décidée et mise en œuvre par le ministère de la culture à travers les choix de programmation et la distribution des subventions.
Je suis personnellement convaincu, et l’Histoire de l’Art nous le prouve, que les artistes révolutionnaires, ceux-là même qui ont amené des ruptures avec les ordres esthétiques et moraux établis sont des outsiders, des marginaux avant-gardistes qui se sont «fabriqués» par opposition à une société et son système de valeurs avec lesquels ils étaient en conflit. Vous pouvez imaginer un seul instant que Van Gogh, Abu el Kacem Chebbi, Jimi Hendrix, Charlie Parker, John Cassavetes ou Tupac, prendre un taxi jusqu’à la place de La Kasbah pour présenter un dossier de subvention au ministre de la culture? Ces gens là ne rêvaient pas d’être entretenus par les deniers du contribuable. L’Art n’a besoin de cause, parce qu’il est une cause, et il n’a certainement pas besoin d’un ministère de tutelle.
Source: « Tekiano » Le 25-06-2011
Gardons-nous à droite, gardons-nous à gauche!
Lisez leurs journaux, écoutez leurs radios, regardez leurs chaînes de télévision, depuis cinq mois, « nos amis » ne parlent jamais de révolution tunisienne, mais de révolte, d’insurrection, de jacquerie, de troubles. Dans leurs bulletins d’informations, ils focalisent sur tout ce qui ne va pas chez nous, les manifestations, les sit-in, la situation sur les frontières, comme pour prévenir leurs populations au cas où elles seraient tentées de suivre notre exemple. Avec délectation, ils parlent de nos plages « désertées par les touristes », de « la montée du chômage », de « la baisse de la croissance », de « l’insécurité ». Et pour faire bonne mesure, le nom de la Tunisie est toujours associée à ceux de la Libye et de la Syrie (Mon dieu, gardez-nous de nos amis, de nos ennemis, on s’en charge) C’est avec un mélange d’étonnement et d’admiration qu’ils ont accueilli la révolution tunisienne. Etonnement parce que les Tunisiens passaient à leurs yeux pour un peuple «pacifique et pacifiste», doux euphémisme pour masquer la piètre estime dans laquelle ils nous tenaient ; admiration, parce que nous avions réussi là où tous les Arabes ont échoué depuis des siècles au point de donner à penser aux Occidentaux que nous n’étions pas faits pour la démocratie. Nous avons réussi la gageure de mener à bien la première révolution populaire du monde arabe au nom de la démocratie, de la dignité et de la liberté, pratiquement à mains nues. Nul autre pays que la Tunisie dans le monde arabe ne pouvait réussir une telle prouesse, parce que nous étions les plus mûrs pour cette révolution. Grâce à l’héritage culturel accumulé depuis trois mille ans, la Tunisie a toujours été en avance sur son environnement géopolitique, même du temps des Beys. Les réformateurs tunisiens ont été les premiers au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle à explorer les causes de la décadence du monde arabe et notamment celle de la Tunisie et à poser le problème du rapport de l’islam à la modernité ; l’esclavage a été aboli en 1846, deux ans avant la France et une bonne vingtaine d’années avant les Etats-Unis ; la première constitution arabe et musulmane est tunisienne (1861) alors que le Code du statut personnel reste, cinquante cinq ans après sa promulgation en 1956, la référence obligée pour le monde arabo-musulman. La révolution, c’est un moment privilégié de l’histoire où notre rapport à la vie, à tout ce qui nous semblait de l’ordre naturel des choses est remis en question, où tout ce qui relevait de la politique-fiction devient dans l’ordre du possible, où la parole se libère, où les réformes les plus audacieuses peuvent être engagées, donnant un formidable coup d’accélérateur à l’histoire. A cet égard, ce qui a été fait depuis cinq mois, quand bien même le rythme des changements paraîtrait lent à certains, relève d’une véritable révolution copernicienne, à tel point que tout ce qui est antérieur au 14 janvier nous semble aujourd’hui relever de la préhistoire. Entre «les Chambres introuvables» d’avant la révolution où régnait le calme des cimetières et les séances houleuses de la Haute instance Ben Achour, entre les JT d’avant et ceux d’après-révolution, entre la presse muselée, se contentant au mieux de broder autour des communiqués officiels et celle qui ne se prive pas de critiquer ni de reléguer en pages intérieures, quand elle ne les occulte pas, les activités des hauts responsables, la différence n’est pas de degré, mais de nature. Certes, ce qui reste à faire est encore plus important, mais de grâce, évitons autant que possible la précipitation et «l’ici et maintenant» au risque de tout remettre en cause. Gardons-nous à droite, gardons-nous à gauche en évitant tout emballement, toute surenchère, n’effrayons pas trop cette classe moyenne avide de justice et de liberté, mais soucieuse aussi d’un minimum d’ordre, restons fidèles à nous-mêmes, gardons ce sens des réalités et cette modération qui ont constitué à travers les âges les traits dominants de notre personnalité de base. Source: « Leaders » Le 24-06-2011 Lien: http://www.leaders.com.tn/article/gardons-nous-a-droite-gardons-nous-a-gauche?id=5576
Navi Pillay, de l’apartheid au printemps arabe