26 juin 2011

Ýí ßá íæã¡ äÓÇåã ÈÌåÏäÇ Ýí ÊÞÏíã ÅÚáÇã ÃÝÖá æÃÑÞì Úä ÈáÏäÇ¡ ÊæäÓ Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to a better information about our country, Tunisia

TUNISNEWS
11 ème année, N°4051 du 26.06.2011

 


AP: Tunisie: manifestation islamiste contre la projection d’un film sur la laïcité

Angop: Ahmed Nejib Chebbi se veut une alternative « moderniste » aux islamistes

Mondher Sfar: La Tunisie, comme l’Egypte, trahie par son élite

Houcine Ghali: La pauvreté est politique

Le post: Tunisie: Une nouvelle étape d’importance vers la démocratie..

Kapitalis: Tunisie. ‘‘Jeune Afrique’’ mouille la chemise pour Abderrahim Zouari

Business News: Tunisie – Les abus de la télé qu’ils voulaient cacher

Gnet: Tunisie/Islam et démocratie, quelle combinaison pour une société moderne?

Business News: Tunisie – Violente critique de Nejib Chebbi contre l’Instance de Ben Achour

African Manager: Tunisie : Menacés de saisie et de prison, des chefs d’entreprises deviennent SDF et suicidaires

Tunisie Numerique: Iyadh Ben Achour: « Le retrait d’Ennahdha n’aura aucun impact sur le travail de la Haute Instance »

Tunisie Numerique: Conférence internationale sur la relation entre politique et religion : discours d’Ennahdha

 


 

Tunisie: manifestation islamiste contre la projection d’un film sur la laïcité

AP Publié le 26-06-11 à 21:20
 
TUNIS (AP) — Une centaine d’islamistes ont tenté dimanche de s’opposer à la projection à Tunis d’un film de la réalisatrice Nadia Féni, une Tunisienne résidant en France, traitant de la laïcité, a constaté un journaliste de l’Associated Press. Intitulé « Ni Allah ni maître », le film avait déjà été mal accueilli dans les milieux islamistes il y a plusieurs semaines.
 
Aux cris de « Allahou Akbar » (Dieu est le plus grand) et « la Tunisie est un Etat islamique », les manifestants, la plupart barbus et qui scandaient des slogans hostiles à la laïcité, ont brisé les vitres du « Cinéma Africa » en plein centre de Tunis. Huit d’entre eux ont ensuite pénétré dans la salle, où ils ont été interpellés par les forces de l’ordre accourues les lieux, sous les acclamations du public. Le patron de la compagnie « Familia Productions », Habib Belhedi a été agressé et avait l’oeil tuméfié.
 
« Les salafistes voulaient empêcher la projection du film. Nous leur avons suggéré de le voir pour ensuite donner leur point de vue, mais ils ont refusé », a déclaré à l’AP le critique cinématographique Naceur Saâdi, connu pour être un fervent défenseur de la liberté d’expression et de création.
 
La projection du film était une initiative de l’association « Lam Echaml » (Rassemblement de toutes les parties) visant à contrecarrer les actes agressifs dont plusieurs artistes tunisiens ont été victimes. Le réalisateur Nouri Bouzid, honoré lors du dernier festival de Cannes, a ainsi été dernièrement violemment agressé à la tête par un islamiste. AP


 

La Tunisie, comme l’Egypte, trahie par son élite


 

 

Par Mondher Sfar

Quelle extraordinaire similitude entre les expériences post-révolutionnaires en Tunisie et en Egypte!

La classe politique de nos deux pays partage un même aveuglement devant les problèmes majeurs sécuritaires, sociaux et économiques qui tourmentent nos concitoyens dans leur quotidien, mais qui laissent de marbre notre élite politique toute affairée qu’elle est dans la course aux sièges des assemblées à élire! « Les pauvres d’abord, fils de chien ! » s’exclame un blogueur à l’adresse des partis politiques égyptiens. Personne en Tunisie ne songe aux « pauvres », au petit peuple, aux souffrances économiques et sécuritaires de tout un peuple.

Il est vrai que les maudites élections sont devenues l’horizon incontournable de la conscience politique de nos politiciens et de nos intellectuels. Essaie un peu d’appeler à renoncer aux élections et l’on s’abat sur toi pour te traiter de tous les noms, comme si tu avais blasphémé.

Maudites élections qui sont une véritable machination et machine à détruire systématiquement notre pays, mais personne ne veut le voir, ne veut le comprendre.

Le pays a besoin de réformes urgentes qu’il serait criminel de remettre aux calendes grecques. Mais on nous dit : « mais qui va les décider?, il faut des élections ». Quel aveuglement ! On accepte bien volontiers un gouvernement auto-proclamé et issu de l’ancien régime, mais on exige la légitimation au moyen d’élections des hommes appartenant au camp de la révolution! On donne davantage de légitimité à l’ancien régime qu’à son propre camp! Quel manque de confiance en soi ! On accepte bien volontiers un Haut Comité pour la défense de la Révolution, non élu, parce que désigné par le gouvernement de l’ancien régime, mais on refuse d’imaginer un instant que l’on puisse constituer un authentique Haut Comité de salut national qui prenne en mains les destinées du pays!

Cela signifie tout simplement que le camp de la Révolution a décidé de ne pas assumer ses responsabilités politiques. Il a tout simplement trahi la Révolution par son manque de confiance en soi. Et ce n’est pas étonnant d’assister au retour progressif et grand jour des hommes de l’ancien régime, et surtout au retour des anciennes pratiques sécuritaires, judiciaires, médiatiques, et de la corruption.

Lisez chers concitoyens l’article ci-dessous sur l’expérience égyptienne, miroir fidèle de la Tunisie trahie par son élite:

 

Quelques impressions et observations d’un séjour au Caire entre le 17 et le 22 juin 2011

 

Omar Benderra. Fondation Frantz Fanon.

http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/?p=961

Le Caire, juin 2011. Quatre mois après la « révolution » de janvier, la capitale égyptienne reste égale à elle-même et à sa réputation : embouteillages permanents, concert ininterrompu de klaxons, rugissements de moteurs, radios poussées à fond et invectives colorées de conducteurs stressés ; dans ce maelstrom, traverser la rue est toujours synonyme de risque sérieux. Au coucher du soleil et jusque tard dans la nuit les Cairotes sortent se promener pour profiter d’une fraicheur relative particulièrement agréable après une longue journée caniculaire. Les rôtisseurs, Chawarma et Koufta, et les glaciers sur la rue Talaat Harb sont comme partout pris d’assaut par des jeunes, des moins jeunes, des femmes en hidjab ou sans foulard et des nuées d’enfants. La foule est détendue et les sourires ne sont pas rares. Les conditions restent difficiles, mais les Égyptiens vivent le nouveau cours de leur histoire dans la décontraction et la bonne humeur. Cette même rue Talaat Harb avait pourtant vu des scènes de grande violence lors des journées de janvier fatidiques au vieux dictateur Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trente ans.

Peu de stigmates visibles des événements qui ont abouti à la chute du clan Moubarak. Seul témoignage de ces journées intenses : le siège incendié du parti au pouvoir, le PND, qui surplombe le Musée des antiquités égyptiennes, place Tahrir. En ce vendredi de juin, la célèbre agora est quasiment vide. Une poignée de manifestants scandent des slogans anti-régime sous l’œil débonnaire de jeunes policiers en uniformes blancs. La ville semble avoir retrouvé son rythme habituel. Les apparences de normalité ne trompent pourtant pas les Cairotes. Ils savent que la transition est incertaine. Le gouvernement dirigé par Essam Charaf, chargé des affaires courantes et surtout de la préparation des élections législatives prévues en septembre 2011, se livre à un délicat numéro d’équilibrisme : gérer les puissantes revendications sociopolitiques de la population tout en veillant, selon la volonté clairement perceptible des décideurs militaires et de la grande bourgeoisie, à maintenir autant que possible le système en l’état.  

Une scène politique en reconstruction

Pronostiquer la composition du prochain Parlement relève de la gageure. On s’accorde néanmoins sur l’influence des mouvements islamistes, avec à leur tête le nouveau parti Liberté et Justice, lancé par les Frères musulmans, qui se réfère au modèle turc de l’AKP. L’organisation des Frères musulmans, mouvement de droite derrière une façade religieuse, est animée par la grande bourgeoisie d’affaires et des dignitaires religieux particulièrement prospères. L’islam politique qu’ils promeuvent aussi sous d’autres formes, dans leur déclinaison « modérée » du Hizb el Wassat – certains le qualifient plutôt sommairement de « post-islamiste » – ou nettement plus radicale, comme le salafiste Hizb En-Nour, occupe une place centrale sur la scène politique égyptienne, même s’il a peu, et tardivement, participé aux manifestations de la place Tahrir.

Le paysage politique égyptien est une jungle de sigles et de partis plus ou moins structurés, reconnus ou en attente d’agrément. La droite non religieuse n’est pas – pas encore ? – réellement organisée. Elle est surtout incarnée par quelques personnalités très médiatiques, au premier rang desquelles le docteur Mohamed El Baradeï, l’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et l’avocat Ayman Nour. Les grandes fortunes n’apparaissent pas au premier rang des partis libéraux, à l’exception d’un parti des « Égyptiens libres » créé en mars dernier par le milliardaire Naguib Sawiris, notoire propriétaire du groupe Orascom.

Face à ce courant conservateur majoritairement religieux, qui bénéficie du soutien actif d’Al-Azhar, véritable institution ecclésiastique en Égypte, la faiblesse relative des forces de gauche est visible. Ces groupes et partis, dont le Parti communiste, les Socialistes révolutionnaires, le Parti socialiste populaire, le Parti de l’Alliance populaire démocratique, le Parti socialiste d’Égypte, le Parti démocratique des travailleurs, des nassériens et marxistes de diverses obédiences, sont faiblement implantés et sans réel leadership. Ces formations, parfois groupusculaires, ont tenté un rapprochement en mai 2011 pour constituer un « Front des forces socialistes ». Au-delà des positionnements idéologiques, une des pierres d’achoppement entre ces courants est la différence d’analyse et de posture vis-à-vis des politiques néolibérales mises en œuvre sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale. Les forces de gauche peinent à s’organiser dans le cadre légal mis en place pour permettre l’émergence de nouvelles forces politiques organisées. Les enjeux sont pourtant considérables pour les très larges couches de la population qui ne tirent aucun bénéfice d’une économie rentière dominée par les exportations d’hydrocarbures, les revenus du canal de Suez et du tourisme, ainsi que les transferts des travailleurs à l’étranger.  

Les forces de progrès en ordre dispersé

Sur cet échiquier en construction, le nouveau Parti socialiste d’Égypte, altermondialiste et antilibéral, prend clairement position. Il a tenu son congrès constitutif le 18 juin 2011 et prône la rupture avec l’économie de rente en défendant un modèle de développement fondé sur la relance de la production industrielle et l’élévation du niveau de vie des exclus et des catégories les plus fragiles. Pour autant, le PSE, qui revendique un millier de militants, n’a pas la moindre chance d’obtenir l’agrément du ministère de l’Intérieur, qui exige en préalable un minimum de 5 000 adhérents dûment recensés. Les animateurs de ce nouveau parti, des intellectuels et des syndicalistes, ne se font d’ailleurs pas d’illusions : la participation aux élections n’est pas leur objectif premier. La construction d’un parti de progrès sur des bases claires et la consolidation de la démocratie dans un contexte mouvant constituent les priorités stratégiques du parti présidé par l’ingénieur Ahmed Baha’edine Chaabane.

Les forces de gauche émergent d’une longue période de clandestinité, où elles étaient en butte à une répression très brutale. Ces forces se reconstituent dans une société politique vibrante, mais encore largement embryonnaire. Les progressistes sont confrontés directement au défi lancé par l’armée et les Frères musulmans, qui cherchent à relooker le régime sans en changer les structures. Selon Mamdouh Al Habashi, chargé des relations internationales du parti, le PSE appuie les jeunes militants qui ont conduit le mouvement de la place Tahrir, très circonspects devant les manœuvres entre Frères musulmans et haut commandement militaire. Tous ceux qui exigent plus de libertés et une démocratisation effective entendent faire à nouveau entendre leur voix lors d’une grande manifestation prévue pour le 8 juillet 2011, qui devrait rassembler un million d’Égyptiens selon ses organisateurs.

Outre une réelle ouverture de la vie politique et l’instauration d’un État de droit, la priorité pour les Égyptiens est d’abord une amélioration de leurs conditions d’existence. La croissance de l’économie égyptienne ces dernières années est pour beaucoup un leurre. La dynamisation de l’activité n’a profité qu’à une infime minorité d’une population qui dépasse aujourd’hui 80 millions d’habitants. De fait, la politique néolibérale mise en œuvre depuis les premières années de l’Infitah il y a plus de quarante ans a permis l’émergence d’une classe d’affairistes en symbiose avec le pouvoir, appauvrissant les classes moyennes et aggravant terriblement la situation des classes populaires. Selon la Banque mondiale, plus de 18 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour. En réalité, selon des journalistes et des économistes, plus de 40 % de la population – 30 millions de personnes – survivent en dessous du seuil de pauvreté.  

Inégalités, pauvreté, injustice

La misère et la faim sont la réalité quotidienne de trop nombreux citoyens égyptiens. Nul besoin pour les voir de se rendre dans quelque banlieue « informelle » souvent cachée derrières de hauts murs, où vivent dans des conditions infrahumaines 12 millions d’Égyptiens, ou dans la tristement célèbre ville-cimetière du Caire, dont les tombes abritent 1,5 million de déshérités bien vivants. Il suffit de déambuler dans les rues de la capitale aux 20 millions de résidents qui n’habitent pas tous, loin de là, les quartiers chics de Garden City ou de Zamalek et qui ne fréquentent pas les hôtels internationaux ou les clubs huppés des berges du Nil…

Au Caire, comme dans les autres centres urbains et les zones touristiques, les turbulences politiques ont, bien entendu, davantage affecté les plus pauvres, ceux qui tirent quelques guinées des services aux touristes et de la vente d’objets artisanaux. Il suffit de visiter les hauts lieux du tourisme cairote, Pyramides de Guizeh, Musée des antiquités ou le marché Khan El Khalili, pour constater de visu la chute du tourisme. Les échoppes sont peu fréquentées et tous déplorent la raréfaction des visiteurs. Le nombre d’étrangers ayant visité l’Égypte en avril 2011 a connu une baisse de 36 % par rapport à la même période en 2010 ; et les analystes estiment que sur l’ensemble de l’année, le nombre de touristes devrait diminuer de 25 %. Les revenus du secteur devraient malgré tout atteindre 10 milliards de dollars en 2011 contre 12,5 en 2010.

Le même mouvement est observé pour les investissements étrangers. Cela dans un contexte marqué par une forte poussée inflationniste – le chiffre officiel est de 13 %, mais selon des économistes égyptiens, il se situerait plutôt au-dessus de 20 % – et la hausse du chômage, qui dépasse de très loin les 12 % admis par l’administration. Les recettes du canal de Suez ayant également pâti des événements de janvier, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en volume devrait en conséquence avoisiner 1,5 % en 2011, contre un peu plus de 5 % en 2010.

Au cours des trois derniers mois, le coût de la vie a connu une hausse brutale, attribuée à la spéculation et à la volonté de faire payer – au sens littéral – au peuple une révolution ayant fait vaciller sur ses bases hautement sécuritaires l’édifice politico-administratif de corruption et de prédation qui constitue la seule vérité du régime. Les mouvements sociaux et les revendications syndicales d’un salaire mensuel minimum de 1 200 livres (autour de 150 euros) dans la fonction publique ont eu pour effet d’amener le Conseil militaire suprême à interdire les grèves. Le gouvernement a proposé que le salaire minimal soit porté à 700 livres (moins de 90 euros) pour atteindre 1 200 livres sur une période de cinq années. Il convient de préciser que le secteur privé n’est pas du tout concerné par un quelconque salaire minimum : dans la plupart des cas, les patrons égyptiens fonctionnent de manière informelle sans déclarations ni contrôles. Un autre indicateur de la nature du régime est la fiscalité : pour l’essentiel, la pression fiscale est supportée par les populations les plus pauvres, par le biais des taxes sur les produits de large consommation. L’impôt sur le revenu, qui concerne les mieux lotis, avait été ramené par l’administration Moubarak de 40 % à 20 % et vient d’être porté à 25 %, une hausse jugée dérisoire par un syndicaliste égyptien qui confie avec un sourire complice : « 5 % de plus… Serait-ce le prix de la révolution ? »  

« Les pauvres d’abord, fils de chien ! »

Les inégalités, une redistribution extrêmement injuste et des choix économiques opérés au détriment du plus grand nombre ont considérablement contribué à l’écœurement d’une population considérée comme un fardeau par le régime. Les Égyptiens sont légitimement très fiers de ce qu’ils ont déjà réussi à obtenir. La chute du clan Moubarak n’a pas été une partie facile, son coût humain a été substantiel, mais ils ont redressé la tête et effacé des décennies d’humiliation. Cette fierté, partagée par tous, femmes et hommes à travers le monde qui luttent pour la dignité, les libertés et de meilleures conditions d’existence, est exprimée dans un langage très imagé par quelques amis égyptiens réunis dans un petit restaurant populaire près de la mosquée El-Hussein.

Un journaliste du site Web progressiste Al-Badil et un syndicaliste discutent à bâtons rompus autour d’un pigeon farci, plat emblématique et spécialité du restaurant Ferhat. Ce qui fait grand bruit et anime la discussion est l’article d’un jeune (23 ans) blogueur d’Al-Badil, Mohamed Abou El-Gheit, intitulé : « Les pauvres d’abord, fils de chien ! » Publié le 17 juin (http://elbadil.net/) et disponible sur sa page facebook ce papier, illustré de photos émouvantes de jeunes martyrs de la révolution, est un véhément rappel aux réalités. L’auteur y exprime avec force et conviction l’opinion de nombreux jeunes Égyptiens saturés par les discours idéologiques et les interminables controverses sur la laïcité et la religion qui dominent les débats publics. Il s’insurge contre la représentation médiatique d’une révolution qui aurait été le fait de jeunes issus des classes moyennes et revendique un traitement plus objectif pour tous ceux issus des milieux les plus défavorisés qui se sont sacrifiés pour la liberté et la justice.

Le blogueur Abou El-Gheit rappelle le courage et la détermination des jeunes des quartiers « informels » qui ont affronté les très brutales forces antiémeutes et fait reculer les blindés de la police à coups de cocktails Molotov. Il salue ces jeunes, pauvres parmi les pauvres, qui ont protégé les manifestants de la police et repoussé les baltadjias, voyous au service du régime : « Ces jeunes ne sont pas sortis pour réclamer une Constitution – avant ou après les élections – ni des élections. Ils ne sont pas sortis pour un État laïc ou religieux… Ils sont sortis pour des raisons ayant trait à leur vie quotidienne : les prix des produits alimentaires, des vêtements, du logement. Ils sont sortis contre le policier qui arrête le minibus du frère pour lui extorquer 50 livres, contre l’officier qui l’a arrêté et torturé pendant des jours, pour la sœur qu’ils n’arrivent pas à marier, pour l’oncle qui a perdu son travail parce que l’usine a été privatisée, et pour la tante morte d’un cancer parce qu’on ne lui a pas trouvé de lit dans l’hôpital public… »

Pour tous les exclus qui ont constitué le gros des troupes lors des manifestations, les débats autour de la Constitution et des élections ne sont que vains bavardages. « Ce qui n’a pas l’air d’être le souci des partis en conflit. Le résultat en est qu’une grande partie des gens insulte la révolution et les révolutionnaires et les politiciens suite à la hausse des prix ces derniers jours… Nous n’avons entendu personne parmi les élites s’élever contre la hausse des prix. Ceux qui ont bruyamment protesté après l’agression d’une activiste ne sont pas venus au secours des habitants de la ville d’Al-Salam qui ont vécu cinq jours à la belle étoile pour protester contre leur sort, et dont l’un a été renversé par une voiture et un autre s’est noyé. Ces gens n’avaient qu’à rester dans leurs trous jusqu’à ce que soient réglées nos controverses politiques bien plus importantes que leurs sottises ! »

La conclusion de l’article est impitoyable : « Dans les années 1990, [en Turquie], Erdogan participait à une conférence d’organisations islamiques. Plutôt que de proclamer son intention d’appliquer la charia, il avait déclaré qu’il s’attacherait à régler le problème des égouts d’Istanbul, ce qui avait provoqué la colère de l’assistance. […] Nous n’avons malheureusement pas aujourd’hui d’Erdogan égyptien, seulement de vieux élitistes uniformément ennuyeux, immergés dans des débats laïc/islamique, Constitution/élections. À tous ceux-là, je dis : les pauvres d’abord, fils de chien ! »  

La transition et le contexte régional

Un rappel aux réalités salutaire qui remet quelques pendules à l’heure dans une situation où derrière le calme apparent et les interminables « débats de société » se dissimulent de réelles inquiétudes : « La période est trouble, on ne sait pas distinguer l’ami de l’ennemi, affirme un vieux Cairote. On veut nous faire croire que l’alternative est entre théocratie et État laïque. Les gens s’en fichent, ils veulent la vraie dignité : celle du travail, du pain et de la justice. » Les Égyptiens, dont beaucoup semblent vivre une histoire d’amour avec leur armée – elle n’a pas tiré sur le peuple –, ne sont pas tous dupes de la neutralité affichée des militaires. Le haut commandement, très proche des milieux d’affaires et de la grande bourgeoisie, négocie avec les Frères musulmans dans le but de stabiliser la situation politique au profit de la classe dominante. L’armée, étroitement liée aux États-Unis pour son équipement et l’aide annuelle d’un milliard et demi de dollars qu’elle reçoit de Washington, gère une transition qu’elle souhaite voir déboucher sur la continuité du système, avec quelques aménagements et le maintien en l’état de ses alliances internationales.

Mais pour nombre de citoyens de toutes les classes, la dignité, au premier rang des revendications du peuple égyptien, ne sera reconquise que lorsque les relations avec Israël se fonderont sur l’égalité et le respect des droits du peuple palestinien. Pour la majorité des Égyptiens, la soumission de Hosni Moubarak aux États-Unis et à Israël était une atteinte à l’honneur national. De ce fait, la solidarité avec les Palestiniens et l’hostilité à l’égard d’Israël s’expriment avec force. L’impressionnant déploiement de forces chargées de la protection de l’ambassade israélienne au Caire est une illustration éloquente de la perception des rapports avec Israël.

L’ouverture du terminal de Rafah avec la ville martyre de Gaza, le 28 mai dernier, est le moins que pouvaient faire les nouvelles autorités égyptiennes, soumises à une pression très vive. Pour la majorité des Égyptiens, la solidarité avec les palestiniens est une exigence absolue et la normalisation avec un voisin spoliateur et arrogant n’est pas à l’ordre du jour. Depuis mai 2008, l’Égypte fournit du gaz à des prix subventionnés à Israël en vertu d’un contrat à long terme. Le comble est que, pour pouvoir fournir les quantités contractuelles, Le Caire importe du gaz du Qatar aux prix mondiaux. Si le peuple égyptien perd beaucoup dans le contrat, ce n’était pas le cas semble-t-il du clan Moubarak, qui aurait reçu d’importants dessous de table pour « faciliter » la transaction.

Ce contrat scandaleux n’est pas le seul du genre. Beaucoup souhaitent l’abrogation de l’accord textile signé en décembre 2004 avec Israël, sous la supervision des États-Unis. Cet accord dispose que la production de produits textiles de sept zones industrielles qualifiées (ZIQ), notamment dans les régions du Caire, d’Alexandrie et du Canal de Suez, pourrait être exportée vers le marché américain sans quota ni droits de douane. Condition préalable : ces produits devront être constitués d’au moins 11,7 % de composants israéliens… L’exploitation des ressources d’eau souterraines du Sinaï est bloquée par Israël, qui ne s’interdit pourtant pas de pomper abondamment la même nappe de son côté de la frontière.

Le ressentiment à l’endroit d’Israël n’est donc pas seulement politique et les Égyptiens vivent très mal ce rapport inégal consenti par Sadate et généralisé par Moubarak. Les Israéliens ont donc bien raison de regretter Moubarak, qui était, selon la formule d’un diplomate de Tel-Aviv, « un allié d’une valeur inestimable ».

Les Égyptiens observent également avec inquiétude les développements de la situation en Libye, même si ce pays voisin paraît bien lointain vu du Caire. Si le consensus est rapidement trouvé autour de la dénonciation de Mouammar Kadhafi, les avis divergent sur les bombardements de l’OTAN. À droite, sans le dire trop haut, l’affaire est entendue : tous les moyens sont bons pour renverser le dictateur. À gauche, de manière bien plus inattendue, des cadres soutiennent l’intervention occidentale et acceptent avec une réticence marquée les critiques sur la guerre « humanitaire » de l’organisation atlantique.

Selon un avocat égyptien, le soutien à l’intervention occidentale est largement dû à l’influence des médias satellitaires arabes, qui avaient positivement couvert les manifestations de janvier. Al-Jazira a ainsi gagné la sympathie de tous les Égyptiens et le soutien actif de la chaîne à l’ingérence en Libye a été immédiatement intériorisé par une opinion qui exècre le « Guide » de la Jamahiriya. Une certaine inquiétude est néanmoins perceptible, car la déstabilisation de la Libye pourrait avoir des conséquences en Égypte, où circulent des rumeurs sur l’introduction d’armes en provenance de Cyrénaïque.  

Réformes ou approfondissement de la crise : le risque d’une issue « paskistanaise »

Le calme relatif qui règne en Égypte en juin 2011 ne doit pas faire illusion. Les insupportables inégalités socioéconomiques, l’absence de perspectives pour une jeunesse avide de changement, l’humiliation permanente et la soumission à l’ordre américain sont le carburant de futures explosions sociales. Le mal-être est alimenté par l’injustice et la brutalité d’un système où coexistent deux populations distinctes. Sur les rives du Nil, le fossé qui sépare les nantis et les pauvres est un abîme.

Combler ce fossé au moyen d’un surcroît de religion constitue aux yeux de ceux qui tirent avantage du système un palliatif commode. Soutenus par les Saoudiens et les Américains, les militaires qui contrôlent le pouvoir sont visiblement tentés par une approche « paskistanaise » : ils continueraient ainsi à tenir les commandes tout en confiant la gestion de la société aux partis religieux. Il reste à savoir si ce « deal » fonctionnera dans un pays caractérisé par une profonde religiosité, mais dont la jeunesse a montré un degré élevé de maturité politique. Et qui, tous le soulignent, ne s’est pas révoltée sur la base de slogans religieux, mais bien sûr des revendications politiques et sociales. Il est admis par tous que les Égyptiens ont brisé le tabou de la peur et ont osé contester un ordre établi sur la corruption et la répression. Un retour aux vieilles méthodes répressives pourrait donc se révéler très coûteux.

Après la phase très active de janvier 2011, l’Égypte est entrée dans l’œil du cyclone. La réserve légendaire de patience des Égyptiens paraît épuisée. Ils ne veulent pas que leur révolution soit détournée par les milliardaires qui forment l’ossature invisible du système de pouvoir. Pour de nombreux militants, une authentique restructuration de la scène politique et la mise en œuvre de réformes économiques constituent l’unique voie pour une issue apaisée à une crise profonde et complexe. L’ampleur des déséquilibres socio-économiques est telle que si des mesures significatives ne sont pas rapidement mises en œuvre d’autres déflagrations paraissent inévitables. En Égypte, pour paraphraser Gramsci, le « vieux qui se meurt » dispose, en raison notamment des intérêts géostratégiques américains, des ressources pour se perpétuer à travers une alliance nouvelle entre militaires et Frères musulmans. La nouveauté est bien l’émergence d’une société politique qui refuse la soumission et revendique la justice et les libertés. Il reste à cette société à trouver le plus tôt possible ses modalités d’organisation.


 

TUNISIE : LA PAUVRETE EST POLITIQUE


 

Houcine Ghali, Genève

 

Ainsi donc, les bourgeois et les citadins tunisiens n’ ont découvert le spectre de la pauvrerté qui ronge l’ intérieur du pays qu’ après le 14 janvier 2011, date de la révolution entreprise par ces désérités, oubliés, chômeurs, paysans et ruraux exclus des plans de développement des différents gouvernements qui se sont imposés depuis l’ indépendance en 1956 pour tracer la destinée du peuple tunisien.

 

Que de noms de villages, de bourgades et de bleds n’ ont sonnés aux oreilles des Tunisois, des Sfaxiens, des Sahéliens que quelques semaines après la révolution avec des reportages qui montrent la désolation, la misère et le denouement avec des gourbis d’ un autre siècle, une promiscuité dangereuse, une absence totale desinfrastrutures indispensables pour une vie digne de l’ être humain. Des femmes qui crient misère, des hommes qui ne peuvent pas se tenir debout tellement leurs corps ont été ereintés par un labeur pénible et suffisant à peine à leur procurer une nourriture banale. Les médicaments, les visites médicales, ils n’ en ont profité que très peu tellement les dispensaires et les hôpitaux se trouvent éloignés de leurs demeures.

 

Entre le 12 et le 24 janvier dernier, j’ étais en Tunisie, et j’ ai demandé à un marsois s’ il sait où se trouve le village de Jedeniana ( 50. 000 habitants ). Il m’ a répondu, le plus sérieusement du monde :  » Au Tchad « !

C’ est dire combien le monde rural en Tunisie est le dernier des soucis des citoyens du Grand Tunis et des villes surtout côtières.

Bien sûr, étonnés et touchés par ce qu’ ils viennent de découvrir de monstrueux dans les régions reculées du pays, les citoyens n’ ont pas manqué de venir au secours de ces malheureux et leurs actions continuent jusqu’ à présent. Le gouvernement provisoire a lui aussi ordonné quelques aides ponctuelles. Cet élan de solidarité est à saluer, mais les Tunisiens doivent comprendre que la pauvreté dans le pays est avant tout un problème politique, c’ est à dire que lorsque le pouvoir de Bourguiba et surtout de Ben Ali a axé sa stratégie sur l’ enrichissement de la classe dominante, avec en plus l’ instauration d’ un système mafieux et la prépondérance de la corruption, il est normal qu’ une minorité amasse des fortunes au détriment de la misère qui touche les plus démunis. Ajoutons à tout cela l’ esprit régionaliste qui a été appliqué à tous les plans économiques concernant le pays depuis plus de 50 ans, et on constate aisément maintenant pourquoi des régions entières de l’ intéreur se trouvent dans la misère la plus absolue.

 

La Tunisie est en train de payer 50 ans de manque d’ intérêt pour l’ agriculture. Les politiques de développement ont négligé les petits paysans produisant des cultures vivriéres. Elles se sont focalisées sur les filières d’ exportations, le tourisme et le textile, sans oublier l’ apport facile et san investissement de l’ apport en devises d’ un million deux cents mille travailleurs tunisiens à l’ étranger. C’ est ainsi que la pauvreté rurale a augmenté d’ une manière dramatique.

 

C’ est pourquoi, il es du devoir de tous les partis politiques qui se battent pour la prise du pouvoir, ainsi que des associations de la société civile, de consacrer une place prépondérante dans leurs programmes politiques et leurs visions économiques, au monde rural longtemps marginalisé, oublié, blessé et meurtri. Car la pauvreté, ce n’ est pas seulement la faim, mais aussi la misère psychologique, l’ absence de soins, d’ accès à la culture et aux loisirs et la perte de la dignité humaine.

 

Houcine.ghali@bluewin.ch


 

Tunisie: Une nouvelle étape d’importance vers la démocratie..


 
 
26/06/2011 à 08h55 – mis à jour le 26/06/2011 à 09h01 |
 
Malgré les problématiques économiques et sociales auquelles elle doit faire face (tourisme en berne, afflux de réfugiés lybiens, ..) la Tunisie vient de faire un pas d’une grande importance symbolique et politique en adhérant au statut de Rome.
 
Communication de la CPI:
 
ICC-CPI-20110624-PR688
 
Le 24 juin 2011, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a reçu du Gouvernement tunisien son instrument d’adhésion au Statut de Rome, traité régissant la Cour pénale internationale (CPI), ainsi que l’accord sur les privilèges et immunités de la Cour. Le Statut entrera en vigueur pour ce pays le 1er septembre 2011, portant ainsi à 116 le nombre total des États parties.
 
La CPI se félicite de la décision de la Tunisie de se joindre aux efforts de la communauté internationale pour mettre un terme à l’impunité des responsables des crimes internationaux les plus graves, à savoir le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime d’agression, qui menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde.
 
La Tunisie, qui est le 32e Etat africain à intégrer la CPI, est le premier pays d’Afrique du Nord et le quatrième membre de la Ligue des Etats arabes à se porter partie au Statut de Rome. Son adhésion met en lumière le rôle essentiel joué par la CPI dans le domaine de la justice pénale internationale à un moment où la région connaît des changements importants.
 
Dans sa déclaration, le Président de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome, M. l’Ambassadeur Christian Wenaweser a salué dans la décision de la Tunisie l’expression de son attachement à l’état de droit et à l’avenir du pays. Il a ajouté que l’adhésion de la Tunisie au Statut de Rome était aussi un témoignage des profonds changements engendrés par le « printemps arabe », qui a commencé en Tunisie. Elle répond à une demande importante des peuples pour une société guidée par des règles claires et le principe de l’égalité devant la loi.
 
Les Etats arabes contribuent depuis longtemps de façon substantielle aux travaux de la CPI ; ce fut le cas lors du processus de négociation qui a abouti à la création de la Cour, et cette contribution se poursuit dans le cadre du dialogue constructif et de la coopération avec celle-ci. L’adhésion de la Tunisie met en exergue le soutien mutuel existant entre la région arabe et la Cour, et sert d’exemple pour que d’autres Etats de la région adhèrent au Statut de Rome.
 
Déclaration du Président de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome, M. L’Ambassadeur Christian Wenaweser :Français,English,ÚÑÈí, Español
 
Pour toute information complémentaire, veuillez contacter Fadi El Abdallah, juriste adjoint chargé des activités de sensibilisation, au +31 (0)70 515-9152 ou à l’adressefadi.el-abdallah@icc-cpi.int.
 
(Source: Le post.fr le26 juin 2011)

 
 

 

Dans son dernier numéro, le magazine parisien se demande si le maintien en prison d’Abderrahim Zouari, l’ancien ministre des Transports de Ben Ali, n’est «une erreur judiciaire». ‘‘Jeune Afrique’’ affirme que l’ex-secrétaire général du Rcd, ancien parti au pouvoir dissous, «est maintenu en détention sans explication » et qu’il «commence à trouver le temps long». M. Zouari, arrêté le 13 avril et mis en détention à la prison militaire d’El-Aouina, au nord de Tunis, est soupçonné de détournement de fonds publics et d’abus de pouvoir. On lui reproche notamment d’avoir favorisé des membres de l’ex-clan au pouvoir dans l’octroi de marchés publics. Mais pas seulement… Après avoir souligné la «bourde du ministère de la Justice» – qui a accusé M. Zouari sans preuves, avant de se rétracter – d’avoir attribué un marché à Imed Trabelsi, le neveu de l’épouse de l’ex-président, ‘‘Jeune Afrique’’ y va de son plaidoyer: «Alors que d’anciens hauts responsables comme Hamed Karoui ou Hédi M’henni ont été relâchés, Zouari est toujours en prison. Ses quatre avocats tunisiens affirment pourtant que le dossier d’accusation, qu’ils ont pu consulter, est vide.» Le scoop de JA Le magazine parisien nous apprend aussi – et là c’est carrément un scoop ! – que M. Zouari, l’un des rares ministres restés en poste durant pratiquement tout le règne de l’ancien président, «a pourtant subi les foudres de Ben Ali lorsqu’il imposait d’avoir recours à des appels d’offres pour attribuer des marchés publics, s’opposant notamment à Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla». M. Zouari a-t-il été un révolutionnaire voire un «opposant» (et le mot est de ‘‘Jeune Afrique’’)? Serait-il une sorte de Taoufik Ben Brik, Mokhtar Trifi ou Sihem Bensedrine qui aurait «infiltré», 23 ans durant, le système Ben Ali? Sans préjuger de la suite que la justice tunisienne pourrait donner aux accusations à l’encontre de l’ancien proche collaborateur de Ben Ali – il pourrait même être relâché –, la décence nous empêche cependant de laisser dire, «même» (et «surtout») par ‘‘Jeune Afrique’’, que celui qui fut secrétaire général du Rcd (1988-1991), ministre de la Justice (1991-1992), de la Jeunesse et Enfance (1993-1997), des Affaires étrangères (1997), de l’Education (1998-1999), des Sports et Education physique (2000-2002), du Tourisme et Artisanat (2002-2004) et des Transport (2004-2001), était… un «opposant» de l’intérieur à Ben Ali, ou qu’il est aujourd’hui une victime de la justice tunisienne post-Ben Ali. Tout de même… Ce serait continuer de prendre les Tunisiens pour des idiots. Source: « Kapitalis » Le 26-06-2011 Lien:http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4559-tunisie-jeune-afrique-mouille-la-chemise-pour-abderrahim-zouari.html


 

Tunisie – Les abus de la télé qu’ils voulaient cacher


 

 

La Cour des Comptes vient de publier un rapport concernant le fonctionnement de l’Etablissement de la Télévision publique tunisienne. Un rapport qui décompte un nombre extraordinaire d’abus, de malversations et de mauvaise gestion au sein de la télévision publique. Entre les consultants payés des centaines de dinars (ou d’euros), les bradages de spots publicitaires avec 66% de remise ou contre de l’eau minérale et des billets d’avion ou encore les fonctionnaires cadres de la télé qui avaient des contrats de production avec leur propre télé, il y a de quoi mettre en prison beaucoup de gens. A la télé, le système est pourri et bien pourri, comme le démontre ce rapport. On découvre, surtout, que les vrais coupables ne sont pas ceux qu’on nous a désignés pour être publiquement lynchés. A la lecture de ce rapport, il y a de quoi s’interroger sur la manœuvre de diversion de l’opinion publique opérée par cette même télé qui a (sciemment ou par omission) caché ses propres turpitudes en désignant un bouc émissaire tout trouvé. Les chiffres présentés par Mokhtar Rassaâ, président de la télévision tunisienne, lors de la conférence de presse qu’il a organisée sont spectaculaires. De même que le contenu de l’émission-feuilleton « Dawlet el faced ». On a présenté au public des faits, sortis de leurs contextes, des pertes et manques à gagner puis une plainte contre Zine El Abidine Ben Ali et Sami Fehri, deux parfaits coupables de tous les maux dont souffre la télévision tunisienne. La messe est dite, circulez, il n’y a plus rien à voir. Puisque les coupables sont désignés par les patrons de la télé, il ne manque que l’arrestation de Sami Fehri. Mais ce qui semble être une vérité pour le grand public, qu’on veut manipuler, ne l’est point pour les juges qui, malgré toute la pression de la population, cherchent à travailler en toute sérénité pour ne mettre en prison que ceux dont la culpabilité est bel et bien avérée. En attendant que les juges d’instruction achèvent leurs enquêtes, la Cour des Comptes a fini la sienne. Composée de plusieurs magistrats, cette Cour a la compétence requise pour examiner les comptes et apprécier la gestion de l’Etat, des collectivités locales, des établissements et entreprises publics, ainsi que de tous organismes dans lesquelles l’Etat, les collectivités locales, les établissements et entreprises publics détiennent une participation en capital. Cette cour a mené une enquête de terrain sur la Télévision tunisienne pour la période 2008, 2009 et le premier semestre 2010 et vient, il y a quelques jours, de rendre public son rapport. Les enquêteurs de la Cour des comptes se sont penchés sur la gestion, l’organisation, les ressources humaines, la gestion du patrimoine, la gestion financière, la production et la programmation. Première surprise pour les enquêteurs, la télévision n’a pas d’organigramme, ni de service chargé des études, des recherches ou de la coordination entre les chaînes et les services ! Pire, certaines personnes sont désignées pour auditer et contrôler le fonctionnement de leurs propres services ! On découvre, dans la foulée, que l’on n’a pas fait d’inventaire et que l’on ignore, de fait, la véritable étendue des biens appartenant à la Télé. Et vu qu’on ignore ce qu’on possède, il n’est pas rare qu’on loue, à des prix exorbitants et dans des conditions qui ne sont pas indiquées, du matériel externe ou encore qu’on prête à d’autres son propre matériel sans s’assurer, par la suite, de sa récupération et de son bon état. On a bien cherché à établir cet inventaire et on a même payé 20.000 dinars pour cela, mais l’inventaire n’a pas été réalisé comme il se doit et l’établissement n’a même pas assuré le suivi de l’application de sa commande. Parmi les conséquences de cette mauvaise gestion, la perte de plusieurs équipements ou, pire, de certaines archives. L’autre aspect inquiétant à la télévision, la gestion des ressources humaines. L’établissement emploie 1171 agents titulaires, mais enregistre un manque flagrant de compétences dans plusieurs spécialités. Ainsi, elle ne compte aujourd’hui que 15 réalisateurs (contre 42 en 1998), 4 ingénieurs de décor (contre 15 en 1998) et zéro chef de tournage (contre 7 en 1998). Pour parer à ce déficit, la télé fait appel à des externes en toute illégalité et sans que ces externes ne possèdent la spécialité requise. Le paradoxe est que certains fonctionnaires de la télé travaillent ailleurs tout en continuant à percevoir leurs salaires à la télé. En clair, ils ont bénéficié durant des années de deux salaires. Il est vrai que l’absence de pointage rend la tâche de suivi du personnel et du contrôle du travail effectif fort difficile. Last but not least, la télé tunisienne a fait appel en 2008 à un consultant français (Il s’agit de Gérard Sebag, mais son nom n’est pas indiqué dans le rapport) qu’elle a payé 100.000 euros (184.000 dinars), en plus des frais de son transport (25.000 dinars) et des frais de son hébergement (50.000 dinars). Qui a fait appel à ce consultant, qui a décidé de sa rémunération fort exorbitante ? Allez savoir. Toujours est-il que le consulting n’a pas abouti sur grand-chose, comme l’indique le rapport de la Cour des comptes. Mais ce n’est pas là le plus grand abus opéré par le personnel. Il s’avère que la télévision fait bénéficier à ses agents de contrats de production, comme s’ils étaient des agents externes, ainsi que d’heures supplémentaires et de différentes primes alors que le travail effectué a été réalisé durant les heures de service. Exemple, parmi d’autres, l’émission « Nesmet Sbah » a mobilisé 61 agents titulaires qui ont bénéficié de contrats de production ayant coûté en six mois 252.000 dinars. Cela sans compter le coût des 51 autres agents vacataires. Dans l’ensemble, les coûts de ces contrats de production accordés à 111 salariés titulaires sont de l’ordre de 2,8 millions de dinars. Parmi eux, on trouve 40 hauts cadres qui ont des postes stratégiques ! Pour ce qui est des heures supplémentaires et des primes de rendement, la Cour des Comptes publie des chiffres qui feraient pâlir. 29 agents ont obtenu des primes supérieures à 10.000 dinars chacun en 2009 (sans parler des salaires bien sûr). Trois agents ont obtenu des primes supérieures à 30.000 dinars chacun. Le rapport ne mentionne pas les noms, mais on sait que plusieurs parmi eux exercent jusqu’à aujourd’hui. Abordant la partie des recettes publicitaires, la Cour des comptes indique que la facturation de la télé est basée sur les bons de commande des clients et non sur la tarification officielle de l’Etablissement. Dans ce registre, elle constate que des remises importantes (jusqu’à 66%) ont été accordées aux clients sans la signature d’une quelconque convention. Ce bradage nuit, non seulement à la télé, mais à tous les autres médias qui vivent essentiellement de la publicité. Non seulement la télévision tunisienne brade ses prix, mais elle se permet en plus d’échanger des spots publicitaires contre de la marchandise qu’elle ne réclame même pas ensuite ! Ainsi, on lit que des spots publicitaires ont été échangés contre de l’eau minérale pour une valeur de 30.000 dinars et la télé n’a reçu que l’équivalent de 4000 dinars ou encore des échanges contre des billets d’avion pour un montant de 108.000 dinars et la télé n’a reçu que l’équivalent de 13.972 dinars. Le rapport n’indique pas qui a bénéficié de ces billets d’avion. Le gros manquement en matière de publicité réside cependant dans l’absence de contrôle systématique de la diffusion réelle des spots et de leur durée. Du côté du sponsoring, on remarque que la direction de tutelle n’est pas toujours informée et qu’il arrive que certains sponsors ne remplissent pas leurs engagements en refusant d’offrir, par exemple, les cadeaux promis aux vainqueurs de certaines émissions au motif que le spot publicitaire n’a pas été diffusé correctement. Abordant le sujet de la production des émissions par des sociétés externes, en contrepartie d’espaces publicitaires, la Cour des comptes indique que la pratique existe, mais qu’il n’y a pas toujours de conventions en la matière (ou bien que les conventions aient été réalisées ultérieurement pour régularisation) et que ces opérations ne sont pas enregistrées dans les bilans de la société, ce qui fausse les comptes d’exploitation. Parmi les productions sans convention signalées par la Cour des comptes, celles de Cactus Productions qui a droit à 16,5 minutes de publicité en contrepartie des émissions offertes à la télé. Seulement voilà, la télé n’a pas assuré le contrôle de la publicité diffusée dans les émissions de Cactus et ceci a déjà été signalé par un contrôleur de l’Etat qui a relevé la nécessité de mentionner la valeur de la publicité octroyée à Cactus. Mais la télé n’agit pas ainsi avec Cactus seulement. D’autres entreprises sont signalées dans le rapport de la Cour des comptes montrant que la pratique de l’échange du temps publicitaire contre des productions prêtes à diffuser est courante. La télé a ainsi des engagements de gré à gré avec plusieurs sociétés de production, que ces dernières ne respectent pas toujours. Plusieurs cas sont cités dont certains sont de l’ordre de centaines de milliers de dinars, sans qu’il n’y ait de contrats ! La cour relève même la production d’émissions banales par une société de production (pour un coût de 1,32 million de dinars) alors que la Télé pouvait produire elle-même ces émissions puisqu’il ne s’agit pas de grosse production. Quant à Cactus, c’est tout le contraire, la Cour des comptes indique que cette société a réalisé de grosses productions (en contrepartie de pub) pour un montant global de 40,57 millions de dinars, dépassant ainsi le budget de production total de la télévision qui est de 40 MDT. Le rapport ne mentionne pas les recettes de Cactus puisque la télé n’assurait pas ce suivi et n’a pas de comptabilité analytique pour savoir combien elle gagne exactement en adoptant cette stratégie. La télé a bien essayé de ramener toute seule la publicité diffusée dans les émissions de Cactus, mais elle n’a pas réussi à rentabiliser le coût d’achat des émissions. Le rapport de la cour indique, par exemple, que la télé n’a toujours pas payé sa facture de 6,3 MDT à Cactus pour son émission « Ahna hakka » qui ne lui a généré qu’un million de dinars de recettes publicitaires. La cour des comptes relève, plus loin, que le coût des productions internes de la télé est fortement élevé, notamment pour les productions réalisées (avec des contrats) par les agents titulaires, ce qui explique en partie le choix du contracting (échange de pub contre des émissions prêtes à la diffusion). Autre point, à propos de la production, la Cour relève que des contrats d’habillage des émissions ont été réalisés, en décembre 2006, avec des sociétés tunisiennes pour un montant de 40.000 et 80.000 dinars. Elle remarque que ces contrats sont montés ensuite à 1,93 million de dinars sans qu’il n’y ait d’annexe au contrat ou de passage par la Commission supérieure des marchés. Le rapport mentionne plusieurs autres dossiers et donne même des détails intrigants. Intrigants surtout car ces éléments ne peuvent pas être ignorés par la direction actuelle de la télévision tunisienne et encore moins par son syndicat. Même si la publication du rapport de la Cour des comptes est récente, le personnel et la direction de la télé connaissent parfaitement ces pratiques et n’ignorent pas du tout leur illégalité. A quel dessein ont-ils cherché à dévier le regard du public, à travers des plaintes et des émissions (sur une télé publique) visant des personnes bien déterminées, alors que le plus gros des malversations est ailleurs et touche le personnel même de la télévision. Que les malversations dont on a accusé cactus ne sont même pas mentionnées comme telles par les magistrats de la Cour des comptes ? A la lecture de ce rapport, il devient évident qu’on a cherché à nous cacher des choses. Une partie de la vérité vient d’éclater grâce aux magistrats et aux enquêteurs de la Cour des comptes. L’autre partie finira bien par éclater, dans les prochains jours, grâce au doyen des juges d’instructions qui planche lui-même sur le dossier de la télé. Source: « Business News » Le 26-06-2011 Lien:http://www.businessnews.com.tn/Tunisie—Les-abus-de-la-t%C3%A9l%C3%A9-qu%E2%80%99ils-voulaient-cacher,519,25402,1


Tunisie/Islam et démocratie, quelle combinaison pour une société moderne?


L’Association de Vigilance et d’Engagement pour la révolution Tunisienne et son Immunité (Averti), et Notorious Consulting, ont organisé, hier et aujourd’hui, un colloque international intitulé « La liberté, la démocratie et la question religieuse ». Un titre qui appelle d’emblée à la polémique dans un pays comme la Tunisie, où la religion fait partie du quotidien sans pour autant susciter de débat particulier. Il faut dire que tous ceux qui désiraient politiser la religion avaient été violement réprimés depuis l’indépendance. Après la révolution du 14 janvier, la donne a changé. Un Etat démocratique veut que toutes les composantes de la société participent à la vie politique. C’est alors que depuis l’annonce de la date des élections d’une assemblée constituante qui sera en charge d’élaborer une nouvelle constitution, le milieu intellectuel est en ébullition. Scindé en deux : il y a ceux qui sont attachés à l’identité arabo-musulmane qui doit figurer dans la constitution, et ceux qui défendent le droit à un Etat séculier. Le débat tourne parfois à l’affrontement, là où nous n’avions pas l’habitude de nous douter ni de notre culture, ni de notre identité. Lors de cette rencontre qui a voulu aborder le sujet sans détours, des penseurs, sociologues et philosophes de tous bords ont planché sur le mariage entre la religion et la démocratie.  

Au premier jour du colloque, le philosophe Abu Yaareb Marzouki a abordé la question religieuse telle que définie dans la philosophie. Selon lui le passage du rien vers la vie et de la vie vers la mort ne suffisent pas à l’Homme et il en cherche l’origine. Il définit la notion le divin comme étant quelque chose de sublime, que l’on n’arrive pas à décrire. «Comme des vagues déchainées suite à un tsunami », dit-il, avant d’ajouter : «Ce qui est plus important c’est que l’on confonde la politique au religieux. Tout Etat qui tend vers le religieux et la politique, devient despotisme religieux et démocratie politique». Selon lui, si l’occident a entamé des réformes politiques qui avaient permis de séparer l’Etat de l’église c’est parce que le pouvoir spirituel de l’église devenait temporel. « L’homme politique ne doit pas s’immiscer dans la religion du citoyen, mais le citoyen doit s’immiscer dans la religion de l’homme politique, même si il est agnostique ou athéé». Une idée que certains dans l’assistance ne cautionnent pas. L’essayiste Noura Borsali, lui répond «Je trouve dangereux que l’on ait son avis sur la confession de l’homme politique. Qu’il est obligation d’avoir une telle confession et pas une autre ». L’Islam étant la religion prédominante en Tunisie, la question est ; qu’en est-il de la démocratie en Islam aujourd’hui ? Ce à quoi à répondu le philosophe tunisien Mohamed Ali Halouani par : « Une impression qui m’est propre : les questions en liaison avec l’Islam n’ont pas eu d’approche moderne…Il faudrait lire l’histoire non pas par les coordonnées de l’époque mais par rapport à aujourd’hui. C’est ce qu’on appelle la récurrence. Je propose que la modernité examine le corpus religieux. Les théologiens et philosophes doivent discuter de ces tâches ».
 
Selon le penseur Egyptien, Adel Rifâat lorsque la religion régit la vie politique, « tout est scellé d’avance. Il n’y a pas de libre arbitre, c’est la fatalité, parce que le pouvoir des politique est légitimé par Dieu ». La pensée philosophique estime que si l’exercice de la politique s’appuie sur le texte religieux, comme texte ultime, il rapproche l’homme politique de la position divine et donc un droit absolu sur tout. Le professeur de sciences politiques au Caire, Hilmi Chaaraoui, appelle dans son exposé au développement de la conscience populaire. Cette même conscience qui a aidé les peuples à se soulever contre les dictatures et à vouloir un avenir meilleur. L’avenir meilleur qui doit émaner d’un projet social qui répond aux aspirations des individus. Il a évoqué l’exemple des frères musulmans qui occupent une grande place en Egypte mais qui selon lui pourraient être encore plus efficaces s’ils avaient un programme social d’utilité nationale. Cette rencontre n’a pas porté de jugement particulier sur la question religieuse, sur le degré de véracité des religions en général et de l’Islam en particulier. Elle ressemble plus à une forme de militantisme, pour la séparation de l’aspect religieux de l’exercice politique, qui incite à laisser la foi du ressort de la sphère privée.
Source: « GlobalNet » Le 26-06-2011


Tunisie – Violente critique de Nejib Chebbi contre l’Instance de Ben Achour


 

Ahmed Nejib Chebbi, leader du Parti démocratique progressiste (PDP), vient de lancer, à son tour, une violente critique conte la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique en estimant qu’elle dépasse largement ses prérogatives et ses attributions. Dans une interview accordée au journal Echourouq du dimanche 26 juin 2011, M. Chebbi est catégorique : cette Instance n’a pas le droit de légiférer parce que ses membres ne sont pas élus et assure que son rôle ne devait être, dès le départ, que consultatif et que ses décisions ne peuvent être prises que par consensus. Ahmed Nejib Chebbi va même plus loin en accusant les membres de l’Instance de faire du « sur mesure », l’objectif étant, selon lui, de mettre les bâtons dans les roues des deux partis d’Ennahdha et du PDP en engageant des discussions en vue de la promulgation de lois sur les partis et sur leurs financements. Encore un opposant de taille à l’Instance de Iyadh Ben Achour dont l’avenir s’annonce des plus incertains.

Source: « Business News » Le 26-06-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%E2%80%93-Violente-critique-de-Nejib-Chebbi-contre-l%E2%80%99Instance-de-Ben-Achour,520,25401,1


Tunisie : Menacés de saisie et de prison, des chefs d’entreprises deviennent SDF et suicidaires


 

Six cents entreprises sinistrées ont été recensées depuis le 14 Janvier 2011. Derrière l’apathie des chiffres, des drames humains se jouent en coulisse. Rochdi, Slim, Samira et Fatma, propriétaires de petites entreprises et commerces ont tout perdu, suite aux pillages et aux déprédations subis par leurs projets. Privés de sources de revenus, ils sont menacés de prison et de la saisie de leurs biens.

Ils ont lancé à plusieurs reprises des signaux de détresse sans résultats. Leur avenir dépend de la publication, qui traîne en longueur, des textes d’application du décret promulgué le 20 mai 2011, portant sur l’indemnisation des entreprises économiques sinistrées. Une fois ces textes entrés en vigueur, ces promoteurs devront encore attendre la constitution d’une commission qui examinera leurs dossiers au cas par cas. Pis encore, 6 mois après les sinistres, ils ne peuvent reprendre leur activités du fait du durcissement des conditions exigées par les banques, malgré la circulaire envoyée par la BCT ( le 12 Avril 2011) aux établissements de crédit, les incitant à soutenir les entreprises économiques ayant subi des dégâts, suite à des incendies et des actes de destruction et de pillage. Dans cette circulaire, la BCT leur demande de rééchelonner les dettes des entreprises sans leur reclassement. Des employeurs sans ressources Tous les témoignages recueillis par l’Agence Tap se ressemblent. Au moment du couvre-feu, durant la période ayant suivi le 14 Janvier, des centaines de petits entrepreneurs et commerçants ont vu leurs sources de revenus se tarir et n’ont même plus de quoi subsister. Rochdi Jennadi, propriétaire de «SMC Cosmétique » à Borj cédria, raconte sa tragédie : » Le 18 janvier, l’usine a été pillée, les machines et les marchandises volées, et le reste détruit. Coût : 50 mille dinars ». Depuis, sa maison a été saisie par la banque et son activité est à l’arrêt. «Nous attendons toujours la promulgation des textes d’application », a t-il indiqué, tout en soulignant la difficulté d’accéder à des crédits et «les banques affirment n’avoir pas connaissance de la circulaire de la BCT». Il tire la sonnette d’alarme et avoue ne plus avoir de souffle pour attendre. Grossiste dans la confiserie (SGN) à Enkhilet (Ariana), Slim Chihi, a vu ses espoirs fondre et son projet s’arrêter, 7 mois seulement après son lancement. Le 16 Janvier, toute sa marchandise d’une valeur de 9 mille dinars a été volée, lors du couvre-feu. «Je suis menacé de prison, les chèques impayés affluent (pour la somme de plus de 4,4 mille dinars) et maintenant, le leasing veut récupérer ma voiture. Il me faut 4 mille dinars pour redémarrer et les banques refusent et demandent des garanties». Samira Jmal offre un visage désespéré après le pillage de son petit commerce de produits fourragers et d’épices, le 17 Janvier. Ses pertes sont estimées à 15,750 mille dinars. Avant, avec son mari, elle employait une à deux personnes. Aujourd’hui, «j’essaie d’emprunter à droite et à gauche», nous avoue cette mère de deux enfants qui craint pour l’avenir de ses petits et semble toucher le fond du désespoir, en les qualifiant de « petits Bouazizi.. » avant d’ajouter que «le gouvernement nous ignore alors que nous sommes au chômage depuis 6 mois, sans revenus ». Même cas pour Fatma Mzoughi, propriétaire avec son mari égyptien d’un taxiphone à El Ouardia. Elle a été victime de deux vols, le 17 janvier et le 27 février, qui lui ont coûté 57 mille dinars. Elle ne sait comment faire face aux échéances bancaires, à son loyer et aux divers frais. «Je ne peux pas rouvrir mon taxiphone, car les banques ont rejeté mes demandes de prêt y compris la BTS qui exige des garanties ».  

 

Taraudés par le Fisc, oubliés par le gouvernement et méprisés par les banques !  

 

Pour Adel El Manaa, président de la cellule de suivi des entreprises sinistrées au sein de l’Utica, «la passivité du gouvernement nous inquiète, nous n’avons pas trouvé de terrain d’entente avec lui. Ce dossier sur lequel nous planchons depuis le 15 Janvier, est une bombe à retardement. Ces gens se trouvent sans revenus, harcelés par les banques, ils deviennent suicidaires», lance t-il. Il évoque le cas d’un chef d’entreprises devenu SDF (sans domicile fixe), suite à la perte de son usine, dormant dans les couloirs des immeubles avec femmes et enfants. « Avec un tel comportement, l’économie sera à genoux » dit-il. Le président de la cellule évalue les indemnisations totales des petits commerces et entreprises à un million dinars et celles nécessaires aux grandes PME à 150 millions de dinars. « Nous demandons de commencer par l’indemnisation des petits, ensuite des PME au cas par cas ». Il demande aussi une amnistie fiscale et dénonce les procédures de redressement fiscal engagées vis-à-vis des entreprises sinistrées. Les appels réitérés lancés par l’Utica, pour la création d’un fonds d’indemnisation d’urgence des entreprises industrielles, commerciales et de service et la mise en place de mécanismes de financement bancaire pour venir en aide aux entreprises sinistrées, sont restés sans réponse. Selon le directeur central des affaires économiques à l’UTICA, Maher Fki « aucune des propositions émises par la centrale patronale n’a été retenue par le gouvernement et surtout l’indemnisation immédiate des opérateurs dont les dégâts sont inférieurs à 10 mille dinars. Nous préconisons aussi de considérer les montants d’indemnisation pour les entreprises dont les dégâts sont supérieurs à 10 mille dinars comme une avance et le traitement de leurs dossiers par une commission spéciale avec la présence d’un représentant de l’UTICA ». Il estime la valeur globale des sinistres enregistrés depuis le mois de janvier, entre 140 à 150 millions de dinars. « Pour les pertes qui se chiffrent à moins de 10 mille dinars, 250 entreprises touchées ont été recensées. Elles bénéficieront d’une indemnisation totale. S’agissant des pertes de plus de 10 mille dinars, elles concernent 350 sociétés sinistrées. Plafonnée à 500 mille dinars, l’indemnisation concernera dans ces cas, deux catégories d’entreprises. La première intéresse les sociétés assurées, lesquelles seront dédommagées à hauteur de 50% des dégâts et la seconde celles non assurées de 40% des pertes ». « Ceci va léser les entreprises qui ont des dégâts de plus d’un million de dinars », estime Maher Fki. Les secteurs les plus sinistrés sont les industries et le commerce de l’électroménager (vol et incendie) avec près de 35 entreprises sinistrées avec une moyenne de dégâts de 4 millions de dinars par unité. Les pertes pouvant atteindre, pour certaines, les 20 millions de dinars. L’agroalimentaire a été le second secteur le plus touché dont notamment les grossistes. Les dégâts ont été constatés dans tous les gouvernorats, mais la région la plus touchée a été le Grand Tunis, suivi du Kef, Kasserine, Jendouba, Sidi Bouzid, Sfax, Monastir… En dernier recours, ces commerçants et ces entrepreneurs aux abois envisagent de tenir sit-in à la Kasbah, encadré par l’UTICA.
Source: « African Manager » Le 26-06-2011


Iyadh Ben Achour: « Le retrait d’Ennahdha n’aura aucun impact sur le travail de la Haute Instance »


Le Président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, la réforme politique et la transition démocratique, Iyadh Ben Achour, a affirmé que le retrait du mouvement Ennahdha n’aura aucun impact sur le travail de la Haute instance. Il a estimé que la direction a décidé « un retrait définitif », même si l’instance n’a pas reçu d’écrit officiel à ce sujet.

Dans une déclaration à la presse en marge de sa participation, samedi, à un forum organisé à Tunis par l’association « Engagement politique », M. Ben Achour a souligné qu’Ennahdha avait, précédemment, suspendu ses activités au sein de l’Instance et qu’elle avait exprimé franchement, à la presse, son intention de se retirer.

Concernant les déclarations de M. Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, à la presse, M. Iyadh Ben Achour a indiqué « Nous respectons son opinion, mais nous allons poursuivre, en même temps la mission qui nous est dévolue » pour la réalisation des objectifs de la Révolution, la réforme politique et la transition démocratique.

Les représentants du mouvement Ennahdha s’étaient retirés, mercredi, de la réunion de la Haute Instance, à la suite de rudes discussions et d’altercations autour d’un ensemble de points, notamment le financement des partis, le pacte républicain et la question de la normalisation avec Israël.

Source: « Tunisie Numerique » Le 26-06-2011

Lien: http://www.tunisienumerique.com/2011/06/iyadh-ben-achour-le-retrait-dennahdha-naura-aucun-impact-sur-le-travail-de-la-haute-instance/


Conférence internationale sur la relation entre politique et religion : discours d’Ennahdha


La relation entre politique et religion a été au centre d’une conférence internationale organisée à Tunis les 24 et 25 juin, sur le thème « Quels sont les moyens pour renforcer la liberté et la démocratie en Tunisie ».

La dualité du discours politique d’Ennahdha et les craintes exprimées par certaines parties à l’égard du mouvement ont été évoquées par différents intervenants aux assises de cette rencontre organisée par le Centre d’études sur l’Islam et la démocratie (CISD).

La vision du mouvement Ennahdha sur la question de la relation entre politique et religion a été défendue par le Président du mouvement, Rached Ghannouchi, qui a souligné que la situation de gestation que vit la Tunisie après la révolution commande à toutes les parties de faire prévaloir le consensus.

La situation actuelle qui prévaut dans le pays et les défis qui se posent pour assurer la réussite de la transition « sont importants et ne peuvent être assumés par un seul parti politique » a-t-il estimé.

Evoquant les craintes exprimées à l’égard d’Ennahdha, M. Ghannouchi a affirmé qu’il s’agit de craintes infondées. Notre parti a signé, en 1988, le pacte national, une plate-forme qui stipule le respect des droits humains et le code du statut personnel. « Il n’y a plus parmi les membres de notre mouvement ceux qui croient que la violence est le moyen pour accéder au pouvoir », a-t-il soutenu.

Pour Slaheddine Jourchi, Président du forum El Jahadh, le mouvement Ennahdha doit être conscient de l’existence d’une crainte véritable à l’égard du mouvement. Il s’est aussi interrogé concernant l’aptitude du mouvement à remédier à la dualité de son discours politique et à adopter un discours unifié et cohérent.

Le débat sur la liberté religieuse mettra à l’épreuve les tunisiens qui n’ont pas encore décidé le modèle de la démocratie souhaitée ainsi que leur définition de la liberté religieuse, a estimé de son côté l’universitaire Amel Grami. Elle a affirmé que la question de la liberté religieuse qui continue de susciter une large polémique dans le monde arabe permettra de mesurer l’aptitude de la classe politique et de la société civile à concrétiser leurs idéaux. Elle a aussi mis en garde contre l’écart qui existe entre le discours prôné par la direction d’Ennahdha et les agissements de certaines parties, y compris parmi les militants du parti, dit-elle, citant les attaques perpétrées contre des écoles mixtes ou encore le renvoi des Imams des tribunes des mosquées.

Le discours d’Ennahdha compte parmi les discours les plus avant-gardistes des mouvements islamistes dans le monde arabe a estimé, pour sa part, l’universitaire américain Marc Linsh. Il a toutefois précisé que l’écart entre le discours des dirigeants du mouvement et les agissements des militants de base représente, aujourd’hui, un véritable défi dans la mesure où il a eu pour conséquent, a-t-il précisé, de ralentir la décision de la direction américaine à adopter une position claire et franche en faveur du mouvement Ennahdha ».

Cette Conférence internationale s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres organisées par le CISD sur la situation politique en Tunisie. La dernière en date, la tenue d’une conférence à Washington sur le thème « Quel type de démocratie pour la nouvelle Tunisie : islamique ou civile », avec la participation du Secrétaire général d’Ennahdha.

Source: « Tunisie Numerique » Le 26-06-2011

Lien: http://www.tunisienumerique.com/2011/06/discours-dennahdha-conference-internationale-sur-la-relation-entre-politique-et-religion/

 

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