22 juillet 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3347 du 22.07.2009

 archives :www.tunisnews.net  


Slim Bagga: Carte postale d´Andalousie Arabpress: Tunisnews.net : média composite tunisien BabelMed: « Les médias en Méditerranée » : instruments de changement Basler Zeitung: In Tunesiens Phosphatregion herrscht Polizeiwillkür Neue Zürcher Zeitung: Tunesiens Bergbauregion im Griff der Polizei – Repression statt Investitionen nach monatelangen Protesten EL Moujahid: Vers la création d’une commission interparlementaire Tunisie-Algérie AFP:  Algérie: Vendredi et samedi deviennent jours de congé hebdomadaire Jeune Afrique: Chinois en danger Les Afriques: Mali : La France accorde un appui à l’armée dans sa lutte contre Al-Qaida AFP: Maroc: le roi Mohammed VI passe jeudi le cap des 10 ans de règne AFP: Turquie: Erdogan salue une réforme favorable aux étudiants religieux Reuters: L’Iran ne serait pas plus sûr avec l’arme atomique, dit Clinton Le Soir d’Algérie: Entretien – PAUL BALTA  «L’Europe doit repenser sa politique avec le monde arabe» Le Temps Suisse: Le prince Hassan de Jordanie «Le monde arabe est piégé par le lien entre Etat et religion»

 

Carte postale d´Andalousie

 
22 juillet à 17h51 Le journaliste Slim BAGGA arrive en Andalousie pour prendre quelques vacances bien méritées. La belle Espagne qui a su surmonter la dictature franquiste avec brio lui inspire quelques reflexions bien senties sur la Tunisie. Oh que c’est beau de prendre le large, de retrouver ses amis et sa famille et de se sentir un peu comme dans une Tunisie libre et libérée de la mafia voyeuriste… !!! Dans ce pays — je parle de l’Espagne — qui a mis à peine 10 ou 15 ans pour se libérer de la dictature franquiste, où la démocratie s’est installée avec et grâce à l’Europe, il y a ceux qui font un rêve, et il y a ceux qui ont vécu le rêve de voir la liberté s’éclore et s’épanouir. Mais il y a ceux qui, comme moi, rêvent de voir la liberté germer comme cette fleur de nuit…distillant son parfum qui laisserait chavirer Jean-Baptiste Grenouille. Il y a surtout à mes côtés cet homme me rapportant des nouvelles vieilles comme la Tunisie millénaire. Cet homme qui n’est ni dans le système ni hors de lui, et qui me narre ce que Qoussay Derouiche appelait en 1987 « yahdoth fi Tounes » ; « Voilà ce qui se passe en Tunisie »… Que s’y passe-t-il en réalité ? Que s’y produit-il en fait ? Rien que l’on ne sache déjà aux détails croustillants près. Et pour cause : Leila « leilise », Ben Ali « benalise », Imed Ben Leila Ben Ferid, Ben… « imedise », Sakhr Materi « materise » (eux c’est en famille), Slim Chiboub « Chiboubise », les Mabrouk ’mabroukisent ». Tenez, Slim Chiboub a tenté il y a trois semaines de faire un retour en force à l’Espérance de Tunis. Dois-je rappeler que le premier club de la capitale passe de gendre en gendre depuis plus de 20 ans ? Après l’inénarrable Mondher Zenaidi, ministre de la Santé financière de l’entreprise de son frère, Hedi Jilani l’a « patronné » jusqu’à « vendre sa fille » (c’est le mot de l’intéressée) à Belhassen Trabelsi. Huit milliards dont il était redevable envers la Banque centrale, six millions d’euros de l’époque effacés d’un trait de plume des comptabilités de l’Etat pour obtenir les faveurs d’une jeune lycéenne de la rue de Russie… Slim Chiboub fera par la suite les années d’or de l’Espérance. Bons joueurs et arbitres achetés, drogue éclaboussant le milieu du football, crise avec le Zidane tunisien, Tarek Dhiab… qui a juré d’assainir en faisant fi des familles régnantes. Il faut dire qu’il avait et a toujours l’amitié de l’Arabie Saoudite. N’a-t-il pas appelé “Fahd” son fils aîné ? Rappeler cela, c’est dire aussi que Tarek Dhiab est d’une autre étoffe. En tout cas pas de celle qui rappelle tous les matins la Cosa Nostra. Lui voulait introduire plus de morale dans le sport, comme son ami Platini, il oublia qu’il était dans la Tunisie des Ben Ali et Trabelsi… Il le paye dignement encore aujourd’hui !
« Monsieur le Président »
Slim Chiboub, disais-je, qui effectue petit à petit un retour en grâce, a voulu mesurer sa popularité à l’occasion d’un match entre l’Espérance et le Widad de Casablanca. Ce match retour à Tunis s’est soldé par un nul 1-1, mais l’Espérance y fut sacrée champion du Maghreb. L’ex-gendre du Général fut tout bonnement ignoré, car à la fin de ce match des milliers de tee-shirts confectionnés à la hâte par l’actuel président du club, Abdelwaheb Meddeb, affichaient « Merci Monsieur le Président ». (Entendez Monsieur le président de l’Espérance » ). Dans la nuit, 120 personnes furent arrêtées, chez elles, à leurs domiciles, tabassées. « Comment traîter le président Meddeb de l’Espérance de Président » dans un semblant d’Etat où il n’y a de Président que le seul Ben Ali à se croire vraiment Président… Bien sûr, puisque même Sarkozy le reconnaît comme tel, et surtout qu’Imed Ben Leila Ben Ferid Ben Gaddour y croit comme je vois mon fleuriste d’Andalousie… Plus cocasse, Hedi Jilani, qui vient de marier son fils le 28 juin à la fille Meddeb (nous y reviendrons dans quelques jours) a conseillé à son nouveau gendre de se faire oublier en Italie quelques jours  » car le Président est très en colère ». Ce qu’il fit. Cinq jours plus tard, il demanda conseil pour rentrer en Tunisie. Et cette fois c’est Leïla qui lui recommanda de temporiser. Et Leïla en sait quelque chose en matière de colère du « Président » depuis qu’elle conseilla son garde du corps, Larbi Khayat, de disparaître en Suède muni d’un pactole délivré par Abderrahmane Tlili qui croupit en prison… C’est fou, vous ne pourrez peut-être pas me suivre. Alors digérons… ce qui se passe en Tunisie !!! Il y a enfin dans ce climat convivial de senteurs et de saveurs, ma fille qui tient mordicus à voir le procureur de la République de « la France démocratique ». Insultée sur des tracts depuis des années déjà, traitée « de pétasse » à 14 ans, elle n’oublie pas. Je lui conseille alors de porter plainte en s’amusant pour ne pas y laisser son énergie. Mais elle a la foi, et quand on a la foi on est déjà subversif…
Slim Bagga Prochaine carte postale : Le théatre des Meddeb-Jilani.
(Source : le blog « CHAKCHOUKA TUNISIENNE, UN BLOG PARFUMÉ AU JASMIN » hébergé par « Bakchich » (Hebdomadaire satirique – France), le 22 juillet 2009)

 

Tunisnews.net : média composite tunisien

Un nouveau livre publié dans la série des études méditerranéennes des éditions Actes Sud, intitulé «Les Médias en Méditerranée, nouveaux médias, monde arabe et relations internationales», contient entre autres un article intéressant sur le cas deTunisnews.net

Ce journal électronique s’est illustré par la diffusion quotidienne, essentiellement depuis la Suède, d’informations variées sur la Tunisie, concernant notamment« la situation des libertés et des droits humains, les activités des formations de l’opposition et des associations indépendantes ».  L’objectif principal du média est de faire parvenir aux Tunisiens, tant de l’intérieur que de l’extérieur, un maximum d’actualités non épurées par le régime du président Ben Ali.

Les recherches de Larbi Chouikha, professeur en communication à l’Université de la Manouba, à Tunis, montrent comment de nombreux lecteurs de Tunisnews.net rusent pour obtenir les infos en Tunisie même. La réception des dépêches passe exclusivement par la messagerie électronique via des fournisseurs d’accès tels que Yahoo, Hotmail ou Gmail.

Larbi Chouikha a recensé différents procédés d’abonnement auxquels recourent les Tunisiens du pays :« Quelques uns seulement s’y abonnent directement en déclinant ouvertement leur identité et leur adresse, mais la majorité préfère garder l’anonymat en fournissant une identité fictive et une adresse électronique créée uniquement pour cet usage, celle-ci pouvant être utilisée par plusieurs personnes à la fois. Il existe un autre moyen qui permet de faire suivre la lettre d’information quotidienne à ses différents amis. Généralement, l’abonnement à Tunisnews se fait soit directement, soit par le truchement d’une personne déjà abonnée. »

Un site islamiste ?

Les animateurs de Tunisnews semblent liés de près ou de loin au mouvement islamiste tunisien en exil « An-Nahda ». A partir des échanges de Larbi Chouikha avec quelques proches du régime tunisien, il apparaît que Tunisnews est perçu par eux comme étant le site « du mouvement islamiste interdit An-Nahda qui ambitionne de regrouper toutes les sensibilités de l’opposition. »  Larbi Chouikha explique que « les initiateurs étaient au départ cinq personnes, pour la plupart des réfugiés politiques islamistes des années 1990, mais aussi des résidents de longue date à l’étranger » (…) Dans les écrits qui portent la signature de Tunisnews« les références à la religion et à la morale musulmane reviennent souvent ». Mais les animateurs du site reproduisent fréquemment des opinions hostiles à «An-Nahda». L’identité islamiste de Tunisnews aurait provoqué une vague de rejet et de désabonnements vers 2003, mais aujourd’hui, des laïques s’abonnent à la newsletter, consultent le site et lui adressent leurs informations et communiqués. Par exemple : l’Association tunisienne des femmes démocrates envoie ses communiqués à Tunisnews, alors qu’elle« affirme explicitement dans sa charte son adhésion aux idées laïques et féministes ».

Des sources parfois « peu fiables »

Le succès de Tunisnews semble en partie dû à sa régularité et à sa longévité. Plusieurs autres tentatives de médias électroniques de l’opposition tunisienne n’ont en effet eu qu’une existence éphémère.   Les contenus de la lettre quotidienne de Tunisnews sont très composites. Les informations diffusées rassemblent tous les communiqués des associations et organisations politiques qui n’ont pas droit de cité dans le pays, mais aussi toutes les informations concernant la Tunisie, sur base de sources très variées et parfois« peu fiables », constate Larbi Chouikha. Ce fut le cas en juillet 2006, avec un « pseudo scoop » faisant état d’un remaniement ministériel à Tunis et « reproduisant même la composition intégrale du gouvernement remanié ». Cette information ne sera jamais confirmée,« alors qu’elle avait accaparé l’attention de nombreux Tunisiens. » A l’instar du contenu, le lectorat s’avère également composite et varié :« dans l’ensemble, il comprend tous ceux qui ressentent un besoin pressant de s’informer autrement que par les médias traditionnels et qui cherchent à assouvir leur curiosité de tout ce qui se rapporte au pays, aux événements qui se produisent et, surtout, aux informations et rumeurs qui concernent l’élite dirigeante et ses proches. Ce public comprend aussi bien des personnes engagées dans la vie politique et associative, des « dignitaires de l’Etat (ministres, hauts fonctionnaires, etc.), des diplomates accrédités à Tunis, que des Tunisiens ordinaires : chômeurs diplômés, étudiants, retraités, etc. »

Pour ses détracteurs, Tunisnews.net« serait un site militant au service de « An-Nahda », qui fait la part belle aux thèses développées par les islamistes », conclut Larbi Chouikha. Il convient sans doute de comprendre Tunisnews.net comme« un projet porteur au travers duquel l’idéologie islamiste, dans sa version moderniste et modérée, peut trouver un terrain propice pour éclore et se propager » (…) Mais pour la plupart des utilisateurs,«Tunisnews constitue d’abord une source d’information fondamentale dans un pays où l’espace médiatique est contrôlé par l’Etat. Si de plus en plus de Tunisiens du pays s’y abonnent ou la lisent, c’est en raison de sa régularité et de la somme des informations, des communiqués, des opinions – les plus diverses – qu’elle recèle. »

(Source : « arabpress », le 17 juillet 2009)

Lien :http://arabpress.typepad.com/arab_press/tunisnewsnet-m%C3%A9dia-composite-tunisien.html


« Les médias en Méditerranée » : instruments de changement 

Yassine Temlali

«Les médias en Méditerranée» est un ouvrage collectif récemment publié en coédition entre Actes Sud et la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, en France, et Barzakh en Algérie. Il a été coordonné par Khadija Mohsen Finan, la responsable du programme «Maghreb» à l’Institut français des recherches internationales» (IFRI).

Le souci des auteurs de cet ouvrage, selon Khadija Mohsen Finan, est celui de «repenser la place des médias dans les sociétés des pays du pourtour de la Méditerranée et de questionner, si possible, leurs effets sur les scènes politiques et les comportements des utilisateurs». Cette entreprise, ajoute-elle, part de l’observation de deux phénomènes. Le premier est la «multiplication des chaînes de télévision par satellite et l’essor d’internet [qui] ont modifié le rapport de nombreuses populations à l’information et transformé le paysage médiatique de certains pays». Le second phénomène est, «au plan international, la substitution de ces médias à des gouvernements en perte de légitimité et de représentativité».

«Les médias en Méditerranée» permet d’avoir un aperçu exhaustif – et critique – de la scène médiatique arabe. Car si sa thématique est «méditerranéenne», il s’intéresse plus particulièrement aux mutations de l’information dans le monde arabe depuis l’émergence des télévisions satellitaires et la généralisation de l’utilisation d’internet aussi bien comme outil de communication que comme instrument militant.

Le livre est divisé en cinq parties. La première («Appréhender le fait historique») est composée de seulement deux articles : «Deux cents ans de presse francophone d’Egypte» (Jean-Yves Empereur) et «L’expérience télévisuelle de ‘’Méditerranée’’ de Fernand Braudel» (Maryline Crivello). Le premier est une recherche pour ainsi dire «archéologique» sur la presse égyptienne d’expression française, un «lieu de mémoire» mais aussi un moyen de reconstitution de l’histoire politique du pays. Le second analyse l’expérience d’une autorité académique, Fernand Braudel, à la télévision et sa recherche de voies alternatives de transmission des savoirs scientifiques : l’émission «Méditerranée» a contribué à sortir l’«idée méditerranéenne» de sa coquille intellectualiste et permis sa diffusion dans des milieux moins restreints.

Les médias arabes: un instrument de changement politique?

La deuxième partie aborde «La réception et les effets du message médiatique». Si l’on excepte le premier article, «Le Web : identités et génération de publics numériques» (Samuel Bordreuil), elle est tout entière consacrée au monde arabe. Franck Mermier («Médias et espace public panarabe : de quoi parle-t-on ?») appelle à la plus grande prudence lorsqu’on évoque la naissance d’un «espace public» dans cette région du monde. Il est vrai, écrit-il en substance, que les télévisions satellitaires et l’internet ont comblé un grand vide, mais ceci ne signifie pas que, de façon mécanique, ils ont créé une identité arabe transnationale ou joué un rôle de premier plan dans ce que les gouvernements occidentaux appellent «l’apprentissage de la démocratie». Ce point de vue circonspect sur l’influence des médias, souligne Khadija Mohsen Finan, renvoie à celui défendu par Naomi Sakr dans une recherche intitulée «Les canaux de l’interaction : le rôle des médias des pays du Golfe dans la globalisation» : ce chercheur affirme que «ce sont les changements dans l’environnement politique qui ont fait surface à travers le paysage télévisuel transnational et non les contenus télévisuels qui ont suscité ces changements».

Khaled Hroub («Les médias satellitaires et le changement social dans le monde arabe») prône lui aussi une appréciation mesurée des capacités des moyens d’information à produire des changements majeurs ou à trancher la bataille rangée opposant dans le monde arabe les tenants de la «tradition» et les défenseurs de la «modernité». Molhem Chaoul («Les médias au Liban : l’identitaire, le civil et le global») s’intéresse, quant à lui, à la presse privée libanaise. Il analyse sa naissance dans un contexte de guerre civile qui a exacerbé les sentiments d’appartenance confessionnelle ainsi que le processus complexe par lequel elle s’est mue, après les accords de Taëf (1991), en un ensemble d’établissements capitalistes. A la fin des années 90, écrit-il, cette presse a recouvré son caractère d’outil de lutte confessionnelle mais elle remplit aussi, pour d’évidentes raisons de rentabilité économique, des missions de «service public» : «La plupart des chaînes [de télévision] libanaises reviennent à la division du travail de naguère : la politique et les débats politiques se font sous la contrainte des clivages sociopolitiques et communautaires alors que le divertissement et les autres programmes s’adressent à toute la population libanaise et aussi à un public arabe.»

Sous le titre «L’illusion de la liberté et de l’indépendance», la troisième partie se penche sur les limites des expériences des presses non gouvernementales – ou alternatives (internet) – dans certains pays arabes : au Maroc («Presse écrite et transition politique» de Mohamed El Ayadi, «Liberté fragile pour la presse écrite marocaine» de Driss Ksikès), en Algérie («Une ouverture médiatique entravée» de Saïd Djaafer), en Syrie («Internet ou Inter-Not : l’expérience syrienne» de Salam Kawakibi) et, enfin,en Tunisie («Un cyberspace autonome dans un espace autoritaire : l’expérience de Tunisnews» de Larbi Chouikha). On peut également lire dans cette partie un article sur la «berlusconisation de la télévision italienne», signée par Luca Guzetti.

Les médias dans les conflits : les limites de la «neutralité »

En deux articles, la quatrième partie («Le pouvoir de penser les relations internationales») étudie la spécificité de la pratique journalistique dans les situations de conflits. Le premier, cosigné par Jacques Walter et Béatrice Fleury («Un débat sur les médias et la seconde Intifada») est une synthèse des principales critiques faites en France à la couverture médiatique de la lutte opposant le mouvement de libération palestinien à l’Etat hébreu. Cette couverture, concluent les auteurs, fournit un exemple de la difficulté d’évoquer certains événements de façon satisfaisante, ces événements renvoyant toujours à d’autres (ceux du Moyen-Orient, par exemple) ou relançant des débats locaux explosifs (la montée de l’antisémitisme, etc.).

Le deuxième article («Médias et construction de la paix») est cosigné par Daniel La Parra Casado, Clemente Penalva Verdù et Miguel A. Mateo Pérez. Il analyse le traitement médiatique au Maroc et en Espagne de l’éphémère conflit territorial (2002) qui a opposé ces deux pays qui revendiquaient tous deux une minuscule île inhabitée, Leïla (Persil, en espagnol). De cette étude, les auteurs concluent à la prédominance, des deux côtés de la Méditerranée, d’un «journalisme de guerre», assez surprenant «car il s’agissait d’une dispute territoriale à un niveau insignifiant […] pour lequel on ne relève pas de morts, de populations civiles touchées ou d’intérêts économiques ou stratégiques». L’explication de l’intérêt médiatique belliqueux pour cet îlot désert serait à chercher dans le «substrat nationaliste au sein des deux pays» : «Du côté des gouvernements, le conflit a permis d’actualiser les sentiments d’identité et de cohésion nationales ; du côté des médias, il est plus facile d’atteindre leur public, au travers d’un discours emphatique, avec leur sentiment nationaliste.»

La dernière partie de l’ouvrage («Médias et imaginaires politiques») compte quatre articles consacrés à l’influence de l’information sur les rapports entre les Etats et les peuples : «Les médias français et la représentation du Prophète» (Thomas Deltombe), «les paradoxes de la réception des chaînes arabes en France» (Claire-Gabrielle Talon), «Médias arabes et recomposition de l’offre religieuse» (Malak Labib) et «Les médias et l’enjeu religieux au Maroc» (Abdellah Rami).

Thomas Deltombe tente de saisir dans son article les contours de l’image du prophète Mohammad dans la presse de l’Hexagone au travers du traitement réservé à l’affaire des «Versets sataniques» et à celle dite des «caricatures danoises», jugées offensantes pour leur foi par de nombreux musulmans. Il relève que ces deux affaires ont nourri des polémiques strictement franco-françaises sur le statut de certaines populations immigrées, la «place des religions dans la république» ou encore «le christianisme et l’identité européenne». Il n’était pas neutre, écrit l’auteur, que François Hollande se fasse interviewer sur l’affaire des caricatures devant une église rurale de la «France profonde».

Quant à Claire-Gabrielle Talon, elle aborde «les paradoxe de la réception des chaînes arabes en France» mettant l’accent sur le grand écart entre les objectifs proclamés par ces chaînes et la réalité de leur influence médiocre, qui ne dépasse pas le cercle de minorités politisées, principalement islamistes. La raison de cet écart, note-t-elle, est la mauvaise perception, par ces médias, des particularités politiques et culturelles de l’islam européen.

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«Les Médias en Méditerranée : nouveaux médias, monde arabe et relations internationales», ouvrage collectif (400 pages) dirigé par Khadija Mohsen-Finan, 2009, Actes Sud et La Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme (France), Barzakh (Algérie).

(Source : « BabelMed » (Portail culturel – France), le 5 juin 2009)

Lien :http://www.babelmed.net/Pais/M%C3%A9diterran%C3%A9e/%C3%A2les_m%C3%A3dias.php?c=4355&m=34&l=fr


 

In Tunesiens Phosphatregion herrscht Polizeiwillkür

Repressionen statt der von Staatspräsident Zine El Abidine Ben Ali versprochenen Investitionen

Annegret Mathari*, Tunis

In der Phosphatminenregion im Südwesten Tunesiens protestieren die Menschen gegen Arbeitslosigkeit und Vetternwirtschaft. Zahlreiche Personen wurden inzwischen zu Haftstrafen verurteilt.

Dreimal wöchentlich darf Leila Labidi ihrem Mann Béchir gemäss Gesetz das Essen ins Gefängnis bringen, dienstags ist zudem Besuchstag. Béchir Labidi ist einer der Sprecher der sozialen Protestbewegung in Redeyef, einer Stadt mit 30 000 Einwohnern in der Phosphatminenregion bei Gafsa im Südwesten Tunesiens. Zurzeit befindet sich Leilas Mann in der 400 Kilometer entfernten Hauptstadt Tunis im Gefängnis, und ihr Sohn Modhafer ist in Redjim Maatoug in der Sahara inhaftiert. Ihn kann die Familie nur einmal pro Woche besuchen, weil der Ort zu weit weg ist, wie Leila sagt. Auch andere Familien von Verurteilten der Bewegung werden auf diese Weise schikaniert. Boujemaa Chraiti braucht fast die Hälfte seines Lohnes als Krankenpfleger, wenn er seinen Sohn Ghanem im Gefängnis in Medenine im Südosten des Landes besuchen will.

Ausgelöst wurden die sozialen Proteste, als im Januar 2008 die Resultate einer öffentlichen Stellenausschreibung bei der Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) bekannt wurden, der wichtigsten Arbeitgeberin der Region, in der die Arbeitslosenrate offiziell 30 Prozent beträgt. Bei der Auswahl der Kandidaten waren Beziehungen und Loyalität gegenüber der Regierung höher gewertet worden als Kompetenz. Junge Arbeitslose, darunter Studienabgänger, sowie Schüler, Studenten, Gewerkschafter, Minenarbeiter und deren Angehörige protestierten friedlich gegen Arbeitslosigkeit, steigende Lebenskosten und auch Korruption, die nach ihrer Meinung zur Armut der Region beitrug. Tunesien ist weltweit der viertgrösste Phosphatproduzent. Die Proteste weiteten sich auf andere Städte aus.

Schliesslich kam es zu Verhandlungen zwischen lokalen Behörden und einem Komitee der Einwohner von Redeyef, um Lösungen gegen die Arbeitslosigkeit zu finden. Sprecher des Komitees waren Adnane Hajji, der Generalsekretär der lokalen Lehrergewerkschaft, und Béchir Labidi, ebenfalls Lehrer, die beide inzwischen wegen «krimineller Vereinigung» zu acht Jahren Gefängnis verurteilt worden sind.

Am 6. Juni 2008 setzte die Polizei scharfe Munition gegen eine friedliche Demonstration ein, ein 25-jähriger Teilnehmer wurde getötet und mindestens 26 Menschen wurden verletzt. Schliesslich riegelte die Armee die Region ab. Rund 300 meist junge Menschen wurden verhaftet, 38 weitere Personen als Anstifter verurteilt. Alle wurden den Anwälten zufolge gefoltert, darunter auch 13- und 16-Jährige. Modhafer Labidi erhielt drei und Ghanem Chraiti zwei Jahre Gefängnis.

fassade wahren. Von Präsident Zine El Abidine Ben Alis versprochenen Investitionen für die unterentwickelte Region ist nichts zu sehen. Die Regierung unternimmt jedoch alles, damit weder die Proteste noch die Repression bekannt werden. Vor den Präsidentschafts- und Parlamentswahlen im Oktober soll die demokratische Fassade des Landes gewahrt werden. Ben Ali ist seit 1987 an der Macht und kandidiert erneut.

freie hand. Heute wütet die Polizei erneut in Redeyef. Zeitweise können die Einwohner die Stadt praktisch nicht verlassen – die Polizei holt sie aus Bussen und Sammeltaxis –, und von ausserhalb kann kaum jemand die Stadt besuchen. Die Polizei droht, sie habe freie Hand und werde keinen Mann in der Stadt lassen. Polizisten verhaften, prügeln und drohen den Personen mit Gefängnis, die mit einem Anwalt sprechen. Ammar Amroussia, der mit seiner Onlinezeitung «El Badil» massgeblich dazu beigetragen hatte, dass die Protestbewegung bekannt wurde, ist mehrmals von Polizisten tätlich angegriffen worden.

* Die Autorin ist freie Journalistin und lebt in Genf.

(Source:  « Basler Zeitung » (Quotidien – Suisse), le 16 juillet 2009)


 

Tunesiens Bergbauregion im Griff der Polizei

Repression statt Investitionen nach monatelangen Protesten

 

Mathari A. (mri)

Nach monatelangen Protesten gegen Arbeitslosigkeit und Vetternwirtschaft in der Bergbauregion im Südwesten Tunesiens, die Anfang 2008 begonnen hatten, ist die Repression auch heute noch allgegenwärtig. Die versprochenen Investitionen hingegen sind ausgeblieben.

mri. Tunis , im Juni

Leila Labidis Tag ist ausgefüllt. Sie behauptet zwar lächelnd, sie arbeite nicht. Montags, dienstags und donnerstags darf sie ihrem Mann Bechir das Essen ins Gefängnis in Tunis bringen. Da die Häftlinge in Tunesien nur die nötigste Nahrung erhalten, haben die Familien gemäss dem Gesetz das Recht, ihren Angehörigen dreimal wöchentlich eine Mahlzeit zu bringen. Am Dienstag darf Leila Labidi ihren Mann auch besuchen. Bechir Labidi ist Lehrer und Gewerkschafter und war als einer der Anführer der Protestbewegung gegen Armut, Arbeitslosigkeit und Vetternwirtschaft in der Phosphat-Region bei Gafsa im Südwesten des Landes wegen Mitgliedschaft in einer kriminellen Vereinigung zu acht Jahren Haft verurteilt worden. Anlass der während Monaten anhaltenden Proteste waren im Januar 2008 unlautere Machenschaften bei der Vergabe öffentlich ausgeschriebener Stellen durch die Compagnie des phosphates de Gafsa, die wichtigste Arbeitgeberin der Bergbauregion, wo nach offiziellen Angaben die Arbeitslosenrate bei 30 Prozent liegt. Sie ist doppelt so hoch wie im Rest des Landes.

Bestrafung ganzer Familien

Leila Labidi muss jeweils von der 400 Kilometer entfernten Stadt Redeyef, wo die Proteste besonders ausgeprägt waren, nach Tunis reisen. Ihrem zu drei Jahren verurteilen Sohn Mondhafer, der ins Gefängnis von Redjim Maatoug im Süden des Landes verlegt wurde, kann die Familie nur einmal wöchentlich das Essen bringen. Der Ort liegt zu weit weg von Redeyef. Das Gesetz verlangt zwar auch, dass Gefangene in der Nähe des Wohnorts inhaftiert werden. Aber auch zahlreiche andere Familien aus der Phosphat-Region wurden ähnlich bestraft. Boujemaa Chraiti, Vater von acht Kindern, braucht fast seinen halben Lohn als Krankenpfleger, um seinen Sohn Ghanem im Gefängnis in Medenine im Südosten des Landes zu besuchen. Dieser erhielt eine Haftstrafe von zwei Jahren. Boujemaa selber wurde zu zwei Jahren mit einer Bewährungsfrist von fünf Jahren verurteilt.

Nachdem am 6. Juni 2008 ein Demonstrant erschossen worden war, setzte eine Verhaftungswelle ein. Neben rund 300 Jugendlichen und arbeitslosen Studienabgängern wurden 38 Personen als angebliche Anstifter der Protestbewegung verurteilt. Sie alle wurden gefoltert, ihre Folterknechte erfreuen sich jedoch völliger Straflosigkeit. Insgesamt kamen bei den Protesten mindestens 5 Personen ums Leben, die Umstände wurden nicht untersucht. Von den von Präsident Ben Ali im Juli 2008 versprochenen wirtschaftlichen Investitionen in der Region ist nichts zu sehen. Die Repression hingegen ist allgegenwärtig.

In den Strassen der südtunesischen Stadt Redeyef gab es Anfang Juni mehr Polizisten als Einwohner. Die politische Polizei trägt Zivilkleider, die sogenannte BOP (Brigade de l’ordre publique) ist uniformiert. Redeyef wurde praktisch abgeriegelt. Die Einwohner können die Stadt kaum verlassen. Die Polizei holt sie aus Bussen und Sammeltaxis. Von ausserhalb kann kaum jemand die Stadt besuchen. «Wir fühlen uns schikaniert», sagt Boujemaa Chraiti. Die Polizei erklärt den Einwohnern, sie habe freie Hand, sie werde keinen Mann in der Stadt lassen und alle ins Gefängnis bringen. Die Polizisten verhaften, prügeln und drohen jenen mit Gefängnis, die mit einem Anwalt sprechen. Junge Männer werden mit Vorliebe am Zahltag verhaftet unter dem Vorwand, sie müssten in den Militärdienst. Selbst wenn sie diesen bereits geleistet haben, werden sie trotzdem auf den Polizeiposten mitgenommen und geschlagen.

Umfassende Kontrolle

«Die Polizei will Angst verbreiten», sagt Chraiti. «Es ist ein Drama, selbst unter der französischen Kolonialherrschaft sahen weder mein Vater noch mein Grossvater solche Zustände.» Als die Mütter und Ehefrauen von Gefangenen vor ein paar Wochen in Redeyef die Freilassung ihrer Angehörigen gefordert hätten, seien sieben Jugendliche verhaftet und zu Strafen zwischen sechs Monaten und einem Jahr verurteilt worden, berichtet Amar Amroussia. Er ist Mitglied des Parti communiste des ouvriers de Tunisie. Allein im Mai wurde er dreimal physisch von der politischen Polizei angegriffen. Als er dagegen Klage einreichte, hinderte ihn die Polizei, mit seiner Anwältin zu sprechen. Mehr als 500 Jugendliche, die im Visier der Polizei waren, haben die Region inzwischen verlassen, einige gingen nach Italien und Frankreich.

Auch andere Bevölkerungskreise sind ausgeklügelten Repressionen ausgesetzt. Am 11. Juni bestätigte das Kassationsgericht in Tunis Gerichtsentscheide, wonach die unabhängige und staatlich zugelassene Menschenrechtsliga (LTDH) nicht aktiv sein darf. Das Verbot gilt seit 2001. Das Verfahren war von vier Mitgliedern angestrengt worden, die der Regierungspartei Rassemblement Constitutionnel Démocratique nahestehen. Sie bestritten die Legalität des damaligen Kongresses der LTDH, weil sie nicht in die Leitung gewählt worden waren. Die Lokale der Menschenrechtsliga werden seither dauernd von der politischen Polizei überwacht. Zudem wurde die Organisation seit 2001 mit mehr als 30 Gerichtsverfahren schikaniert.

Zahlreiche Verhaftungen

Präsident Ben Ali stellt Tunesien immer wieder als Bollwerk gegen den Terrorismus hin, um die Repression zu rechtfertigen. Seit der Einführung eines entsprechenden Gesetzes Ende 2003 wurden rund 3000 sogenannte Salafisten, meist junge Männer, verhaftet und gefoltert. Gut die Hälfte von ihnen wurde bereits zu drastischen Strafen verurteilt. Nach Ansicht von Menschenrechtsanwälten ist die grosse Mehrheit von ihnen nicht organisiert, und es sind keine Terroristen. Ramzi Romdhani etwa wurde wegen Zugehörigkeit zu einer terroristischen Gruppe zu 29 Jahren Haft verurteilt, laut seiner Familie fünfmal für denselben Tatbestand, der im Übrigen nicht zutreffe. Er habe bloss mit Freunden über die Religion gesprochen. Auch Mabrouka Dadi sagt, ihr Sohn Khays gehöre keiner Terrorgruppe an. Er war während zweier Wochen in geheimer Haft, wurde gefoltert und schliesslich zu acht Jahren Gefängnis verurteilt.

Nach Meinung des Anwalts und Vizepräsidenten der LTDH, Anouar Kousri, sind die tunesischen Salafisten die Früchte saudiarabischer Satelliten-Fernsehsender wie Igra und al-Majid sowie des Fehlens eines öffentlichen Raums in Tunesien für Diskussionen. Die Behörden machten zudem keinen Unterschied zwischen Salafisten, die andere bekehren wollten, und Anhängern des Jihad, betont er.

(Source:  « Neue Zürcher Zeitung » (Quotidien – Suisse), le 15 juillet 2009)


 

Vers la création d’une commission interparlementaire Tunisie-Algérie

Le 22 juil. 09 Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN),  M. Abdelaziz Ziari, a proposé, lundi dernier, à son homologue tunisien, M. Foued Lembazaâ,  président de la Chambre tunisienne des députés, la création d’une commission  interparlementaire Tunise-Algérie pour impulser la coopération bilatérale. Cette commission « pourrait organiser et structurer la concertation et  le dialogue entre nos députés sur toutes les questions d’ordre bilatéral, régional  ou international qui revêtent un intérêt particulier pour nos deux institutions  parlementaires », a précisé M. Ziari, lors d’un dîner offert par son homologue  tunisien dans le cadre de sa visite officielle qu’il a entamée lundi en Tunisie.          Evoquant les objectifs de cette future commission, il a expliqué qu’ils  porteraient sur « le suivi des relations économiques, sociales et culturelles  et les échanges de vues sur les moyens de promouvoir et renforcer la coopération  bilatérale ».          M. Ziari a ajouté que ces objectifs porteraient également sur « la coordination  de nos positions dans les instances parlementaires internationales, la programmation  de rencontres périodiques entre les commissions permanentes spécialisées des  deux Assemblées et l’organisation conjointe de colloques, séminaires, journées parlementaires sur les questions économiques et sociales d’intérêt commun ». Dans cette perspective, il a suggéré à son homologue tunisien, la signature  d’un accord de coopération et de l’installation de cette future commission, lors  d’une visite en Algérie à laquelle il l’a convié. Auparavant, M. Ziari s’est réjoui du niveau des échanges commerciaux  entre les deux pays qui ont atteint aujourd’hui, a-t-il rappelé, plus d’un milliard de dollars faisant de la Tunisie l’un des partenaires économiques « les plus  importants » de l’Algérie.          Il a affirmé que cette tendance à la hausse est appelée à « se consolider et à croître à la faveur de nombreux projets d’investissements actuellement en phase de réalisation » par les entreprises des deux pays.           A cet égard, M. Ziari a émis cette proposition d’une commission interparlementaire pour « favoriser une plus grande implication » des institutions parlementaires des deux pays dans « l’évolution prometteuse » que connaissent les relations économiques  bilatérales, a-t-il dit. Par ailleurs, évoquant les échanges intermaghrébins, dont il a relevé « la faiblesse », il a estimé que « des efforts considérables doivent être menés pour réaliser un développement solide moins dépendant et moins vulnérable aux secousses extérieures ».           M. Ziari, qui a relevé l’exclusion de « la dimension régionale » dans les politiques économiques maghrébines, a indiqué que « le temps est venu pour élargir nos perspectives au moment où se constituent partout dans le monde des  ensembles régionaux pertinents qui atténuent les faiblesses de chacun, amplifient et renforcent la totalité des pays membres ». (Source: « EL Moujahid » (Quotidien- Algérie) le 22 juil. 09) lien:http://www.elmoudjahid.com/accueil/cooperation/39333.html


 

Algérie: Vendredi et samedi deviennent jours de congé hebdomadaire

22/07/2009 – AFP Le conseil des ministres algérien a décidé de faire du vendredi et du samedi jours de congé hebdomadaire à partir du 14 août, au lieu de jeudi et vendredi, selon un communiqué officiel publié mardi soir. « Le Conseil des ministres a décidé que le repos hebdomadaire sera désormais organisé les vendredi et samedi », a indiqué le communiqué, cité par l’Agence de presse APS. « Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur à partir du vendredi 14 août », a précisé le texte publié à l’issue de cette réunion présidée par le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika. Fin d’une loi datant de 1976 Le repos hebdomadaire est fixé depuis 1976 à jeudi et vendredi en Algérie, pays dont la quasi-totalité de la population est musulmane et où l’islam est religion d’Etat. Auparavant, il était observé samedi et dimanche. La loi promulguée sous la présidence de Houari Boumediène (1965-1978), sous la pression du courant islamiste, est toujours strictement appliquée par l’administration et la plupart des entreprises publiques. Mais elle a été contournée par les banques, qui, les premières, ont institué le week-end mixte du vendredi et samedi. Le week-end mixte déjà appliqué La société indienne ArcelorMittal Steel, propriétaire du complexe sidérurgique d’Annaba (est), est passée elle aussi en juin 2007 au week-end mixte comprenant les vendredi, jour de la grande prière hebdomadaire musulmane, et samedi, au lieu de jeudi et vendredi, sans provoquer de réaction des autorités. Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) algériens, l’une des plus importantes organisations patronales du pays, avait appelé en 2007 les dirigenants d’entreprises privées à passer au congé hebdomadaire mixte sans attendre de décision officielle. L’Algérie rejoint ainsi plusieurs monarchies du Golfe (Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis et Qatar), qui ont abandonné ces dernières années le congé hebdomadaire islamique (jeudi, vendredi) pour se rapprocher des congés hebdomadaires en Occident et dans d’autres pays.


 

Chinois en danger

22/07/2009 09:16:37 – Jeune Afrique- Par : Cherif Ouazani – À Pékin comme à Alger, les menaces d’Al-Qaïda au Maghreb islamique sont prises très au sérieux. Mais le dispositif sécuritaire à mettre en place est un casse-tête. Qui l’eût cru? Les affrontements interethniques suivis d’une opération de « maintien de l’ordre » plutôt musclée (192 morts et plus de 1 700 blessés entre le 5 et le 13 juillet) à Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, pourraient avoir d’inattendus prolongements au Maghreb. Plusieurs forums islamistes ont repris sur le Net un communiqué d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) menaçant de représailles les ressortissants chinois « là où ils se trouvent ». En l’occurrence, sur la terre de prédilection des insurgés salafistes qui s’étend de l’Atlantique aux confins de l’Aïr, au Niger. Il va de soi que la zone la plus exposée se situe en Algérie. Plus de 80 % des effectifs d’AQMI s’activent dans les maquis de Kabylie, de Tébessa et de la périphérie d’El-Oued, aux portes du Sahara. Autre facteur aggravant le risque pour l’Algérie: ce pays est un chantier à ciel ouvert et les entreprises chinoises ont décroché le jackpot en matière de marchés de réalisation d’infrastructures. On recense, officiellement, près de 25000 résidents chinois dans ce pays, contre un millier au Maroc et moins de 500 en Tunisie. Dès le 15 juillet, l’ambassade de Chine à Alger a appelé ses ressortissants à la vigilance après « les événements criminels du 5 juillet », formule officielle qu’utilise Pékin pour évoquer la répression qui a frappé la minorité ouïgour, musulmane et turcophone. Les autorités algériennes prennent, elles aussi, les menaces très au sérieux. D’autant que, le 17 juin, une embuscade meurtrière (17 gendarmes assassinés et leurs armes dérobées) avait visé un convoi transportant les ouvriers chinois d’un chantier de l’autoroute est-ouest, à El-Mansourah, à 160 kilomètres à l’est d’Alger. Les assaillants avaient épargné les travailleurs asiatiques, ne s’en prenant qu’à l’escorte. Le dispositif sécuritaire à mettre en place est un vrai casse-tête… chinois. Cette communauté ne se concentre pas dans quelques China Towns faciles à sécuriser. Que ce soit en rase campagne ou dans les cités, l’activité des Chinois nécessite de nombreux déplacements. Sur les chantiers, ils travaillent avec des ouvriers locaux et, au quotidien, se mêlent volontiers à la population. En cette période estivale, ils ont pris l’habitude de fréquenter les plages et font leurs courses dans les marchés populaires. Bref, il sera aussi complexe de protéger les Chinois que de préserver les Algériens. (Source: « Jeune Afrique » (Quotidien – France) le 22 juil. 09) Lien:http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2532p050-051.xml2/-terrorisme-AQMI-menace-terroriste-Chinois-en-danger.html


 

Mali : La France accorde un appui à l’armée dans sa lutte contre Al-Qaida

 
le 22 juil. 09 Un lot d’équipements roulants, constitué de 28 véhicules, sera offert par la France à l’armée malienne pour l’aider dans sa lutte contre des groupes terroristes d’Al Qaïda dans le Maghreb (Aqmi), selon l’ambassadeur de France à Bamako, Michel Reveyrand De Menthon. Pour le diplomate, le conflit qui se joue dans la bande saharienne est d’un « grand enjeu pour la communauté internationale » et le rôle du Mali est stratégique. (Source:  » Les Afriques » le 22 juil. 09) Lien: http://www.lesafriques.com/mali/mali-la-france-accorde-un-appui-a-larmee-dans-sa-lutte-contre-al.html?Itemid=66?articleid=17952


 

Maroc: le roi Mohammed VI passe jeudi le cap des 10 ans de règne

 

AFP, le 22 juillet 2009 à 14h24     Par Hervé GUILBAUD         RABAT, 22 juil 2009 (AFP) – Le roi Mohammed VI du Maroc passe jeudi le cap des 10 ans d’un règne caractérisé par des réformes importantes mais aussi des frustrations dans, notamment, les domaines de l’éducation, la santé, les droits de l’Homme et la justice.     Les célébrations officielles n’auront lieu qu’à la fin du mois, avec un discours très attendu le 29 juillet et, le lendemain, la traditionnelle et haute en couleurs cérémonie d’allégeance, la bey’a.     L’endroit où se déroulera cette Fête du trône, qui a lieu chaque année et correspond aussi à la fête nationale, n’est pas encore annoncé mais la presse marocaine penche pour Tétouan ou Tanger, deux villes du nord du pays.     A cette occasion, le souverain alaouite, tout de blanc vêtu, à cheval et protégé du soleil par un parasol tenu à bout de bras par un serviteur, traverse une foule de personnalités -oulémas (docteurs en théologie), ministres, hauts fonctionnaires, parlementaires, etc.- qui se courbent à son passage et font acte d’allégeance.     C’est le 23 juillet 1999 au soir que Mohammed VI, alors âgé de 35 ans, a succédé à son père Hassan II, décédé le même jour.     Dix ans ont passé et, indéniablement, le Maroc bouge.     En 2008, le pays a obtenu de l’Union européenne un « statut avancé » qui lui permettra à terme d’accéder librement au marché européen et se dote d’infrastructures (routières, ferroviaires, portuaires) sans commune mesure au Maghreb.     Sur le plan économique, les trois principaux postes de recettes budgétaires -tourisme, transferts de fonds des MRE (Marocains résidant à l’étranger) et exportations de phosphates- accusent des baisses sensibles, « impactés » par la crise mondiale.     Malgré cela, le Maroc enregistre une croissance annuelle de son PIB d’environ 5%, un taux qui ferait la joie de nombre d’économies occidentales.     Sur le plan des libertés, le bilan est contrasté.     Les victimes des « années de plomb » du règne précédent ont été indemnisées à l’issue d’un travail important -à défaut d’être complet, puisque les tortionnaires n’ont été ni nommés ni inquiétés- de l’Instance équité et réconciliation (IER).     Un nouveau code de la famille (Moudawana) a été adopté en 2004, donnant aux femmes (presque) les mêmes droits qu’aux hommes, rendant plus difficile la répudiation et la polygamie. Et ce, malgré l’hostilité des islamistes radicaux.     Commandeur des croyants (Amir Al-Mouminine), Mohammed VI a aussi initié une ambitieuse reconquête du champ religieux destinée à promouvoir un islam tolérant.     Enfin, la presse écrite jouit d’une liberté enviable dans le monde arabe, dès lors qu’elle ne remet pas en cause la religion (rite sunnite malékite officiel), la monarchie ou l’intégrité territoriale (le Sahara occidental, annexé par le Maroc en 1975).     Une vingtaine de quotidiens et hebdomadaires marocains sont toutefois sortis sans éditorial le 10 juillet pour protester contre de récentes décisions de justice prononcées à l’encontre de trois journaux arabophones et d’un mensuel économique francophone, condamnés à de lourdes amendes pour diffamation.     L’indépendance de la justice est régulièrement critiquée par la presse et les ONG marocaines, qui affirment que torture et détentions arbitraires continuent.     Et, en dépit des efforts des autorités, la corruption reste largement pratiquée à tous les niveaux. Selon l’Instance centrale de prévention de la corruption (officielle), le Maroc a « régressé de la 37ème place sur 90 Etats en 2000 à la 80ème place sur 180 en 2008 ».     Enfin, plus de 40% de la population est encore analphabète et les inégalités sociales perdurent. Et, dans le rapport mondial sur le développement humain 2007-2008 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le Maroc occupe une peu flatteuse 126ème place.  AFP


 

Turquie: Erdogan salue une réforme favorable aux étudiants religieux

AFP, le 22 juillet 2009 à 12h20 ANKARA, 22 juil 2009 (AFP) – Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui dirige un gouvernement islamo-conservateur, s’est félicité mercredi d’une réforme qui permet l’accès à l’Université des élèves des lycées d’enseignement religieux. Le Conseil supérieur de l’éducation turc (YÖK) a décidé mardi de permettre l’accès, longtemps refusé par les autorités pro-laïques, aux lycéens de ces établissements publics, qui forment des imams, à l’enseignement supérieur. Le YÖK, une institution autrefois bastion du laïcisme, empêchait depuis des années, par un complexe jeu de coefficients, ces lycéens et lycéennes d’accéder aux universités, excepté les facultés de théologie. « Le YÖK a mis fin à une injustice visant le droit à l’éducation », s’est félicité M. Erdogan devant la presse. M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) est au pouvoir depuis 2002, a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une décision politique, comme l’affirment les milieux pro-laïcs. Le YÖK, une institution de tutelle fondée par les militaires après le coup d’Etat de 1980 et qui était parti en guerre contre le parti d’Erdogan, a été réformé de fond en comble par l’AKP et la plupart de ses membres, des recteurs d’universités, ont été nommés par le président Abdullah Gül, ancien cadre de l’AKP. Les membres défendant un respect strict de la laïcité y sont aujourd’hui minoritaires. L’AKP avait fait adopter l’an dernier un amendement constitutionnel pour autoriser le port du foulard islamique dans les universités mais celui-ci a été annulé par la Cour constitutionnelle, qui a failli ensuite interdire le parti pour « activités anti-laïques ». Le port du voile islamique est strictement interdit dans la fonction publique et les universités en Turquie, pays musulman au régime laïque, et est perçu par les milieux pro-laïques comme un signe ostensible de soutien à l’islam politique.


 

L’Iran ne serait pas plus sûr avec l’arme atomique, dit Clinton
 
Reuters Le 22 juil. 09 Hillary Clinton déclare que l’obtention de l’arme nucléaire ne rendra pas l’Iran plus sûr, parce que les Etats-Unis répondraient en armant ses voisins et en renforçant la défense antimissile dans la région. Les Occidentaux soupçonnent la République islamique de mener un programme nucléaire militaire, bien que Téhéran s’en défende et affirme que ses activités sensibles ont pour objectif la production d’électricité. « Nous laisserons toujours la porte ouverte (aux discussions) mais nous avons aussi dit clairement que nous agirions, comme je l’ai répété encore et encore, en travaillant au renforcement de la défense de nos partenaires dans la région », a déclaré la secrétaire d’Etat américaine dont les propos étaient retransmis à la télévision thaïlandaise. Hillary Clinton se trouve en Thaïlande pour assister à un sommet asiatique annuel sur la sécurité. « Nous voulons que l’Iran réfléchisse à ce qui me paraît être une juste appréciation » de la situation, a-t-elle poursuivi. « Si les Etats-Unis étendent le bouclier de défense sur la région, si nous faisons davantage encore pour soutenir les capacités militaires des (pays) du Golfe, il est peu probable que l’Iran devienne plus fort ou plus sûr parce qu’il ne sera pas en mesure d’intimider ou de dominer comme il croit pouvoir le faire lorsqu’il aura l’arme atomique. » Le président Barack Obama a proposé aux Iraniens d’entamer des négociations sur le nucléaire et pris ainsi le contrepied de son successeur George Bush, qui refusait tout dialogue direct si Téhéran n’acceptait pas des conditions préalables. Mais l’Iran n’a pour l’heure pas donné suite. La semaine dernière, Hillary Clinton a estimé que les intentions iraniennes au lendemain de l’élection présidentielle du 12 juin n’étaient pas claires et prévenu que l’offre de dialogue de Washington n’était pas illimitée dans le temps. Arshad Mohammed, version française Grégory Blachier

 Entretien: PAUL BALTA au « SOIR D’ALGÉRIE » :

«L’Europe doit repenser sa politique avec le monde arabe»

Ancien correspondant du journal Le Monde en Algérie, Paul Balta est directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain à la Sorbonne. Il vient de publier un livre Islam et Islamisme, gare aux amalgames, coécrit avec sa compagne Claudine Rulleau, écrivaine et journaliste. Ensemble, ils ont coécrit plusieurs ouvrages sur le monde arabe et la Méditerranée. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il nous livre son analyse sur les évolutions géopolitiques et la nouvelle menace d’Al- Qaïda qui trouve en Afrique une zone privilégiée pour se ramifier et se fortifier. Il estime s’agissant du conflit au Proche-Orient que les intérêts stratégiques de l’Europe sont menacés par ce conflit et qu’elle devrait exiger qu’Israël applique les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’évacuation des territoires occupées.

Entretien réalisé par Fatma Haouari

Dans votre dernier livre Islam et islamisme, gare aux amalgames coécrit avec Mme Claudine Rulleau, votre épouse, vous faites le distinguo entre la religion musulmane et son instrumentalisation à des fins politiques. Pourquoi une telle mise au point ?

Sur environ 1,5 milliard de musulmans dans le monde, les intégristes, en particulier les partisans d’Oussama Ben Laden, ne sont qu’une infime minorité, mais par leurs clameurs et leurs violences, ils font du tort à la majorité. C’est pourquoi, nous parlons dans notre livre de l’islamisme contre l’islam.

Ils déclarent la guerre aux juifs et aux croisés, mais très souvent, leurs principales victimes sont les musulmans. La plupart des non-musulmans ne connaissant pas cette religion font l’amalgame: pour eux les deux termes sont souvent synonymes. Ils rejettent donc en bloc tout ce qui concerne de près ou de loin l’islam, voire le monde arabe. Alors qu’il y a des Arabes chrétiens, beaucoup posent même l’équation: arabe = musulman = islamiste = terroriste. Les attentats du 11 septembre 2001 ont déclenché l’islamophobie dans de nombreux pays occidentaux et l’ont intensifiée là où elle se manifestait déjà. En outre, les islamistes affirment défendre le vrai Islam, or dans presque tous les domaines leurs actions sont contraires au Coran, comme nous le démontrons.

Vous évoquez tout au début de votre livre les attentats du 11 septembre 2001, qu’est-ce qui a réellement changé dans le monde après ce triste événement?

Avant de répondre, je rappelle qu’en 2001 les Etats-Unis ont été victimes d’un tragique retournement de l’histoire mais qu’ils y ont contribué sans s’en rendre compte. En effet, au XXe siècle leurs gouvernements successifs ont soutenu les Frères musulmans, matrice des mouvements islamistes dans le monde. Ils l’ont fait pour des raisons politiques et économiques car ils reprochaient aux chefs d’Etat et aux dirigeants nationalistes arabes d’être laïcisants et de procéder à des nationalisations contraires aux intérêts du capitalisme américain.

Leurs analyses erronées de la situation géopolitique du monde musulman se sont poursuivies.

Les troupes soviétiques envahissent l’Afghanistan en 1979. Les Etats-Unis apportent un important soutien, y compris financier, à Ben Laden. L’islamisme leur paraissait moins dangereux que le communisme et l’URSS. Leurs services secrets l’ont même aidé à gagner l’Afghanistan. Ayant renforcé la formation des talibans puis créé Al-Qaïda en 1988, il a obligé l’Armée rouge à se retirer en 1989. Washington a alors suspendu ses subventions et Ben Laden s’est vengé. Les attentats du 11 septembre sont l’attaque la plus violente jamais subie par les Américains sur leur propre territoire (3.039 morts et des dégâts considérables).Ce qui a réellement changé, c’est que, hélas, islamisme et islamophobie se sont depuis répandus.

Vous distinguez entre l’Islam en Iran et celui du Maghreb, en quoi sont-ils différents?

En Iran (1 648 200 km2) environ 90% des 70 millions d’habitants, en 2008, sont chiites de rite imamite. A ce titre, ils sont dénoncés par Ben Laden. La République islamique, malgré les excès de certains de ses dirigeants, est contre Al-Qaïda qui n’a pas réussi à y infiltrer des talibans ou des terroristes et elle lutte contre eux en Afghanistan et au Pakistan. Au Maghreb, les habitants sont sunnites et dans leur très grande majorité de rite malékite.

Beaucoup de membres des mouvements islamistes maghrébins qui se sont développés dans les années 1980 sont allés se former et combattre en Afghanistan. Des négociations en 2006 entre compagnons de Ben Laden et ces mouvements ont abouti à la formation de l’AQMI, «Al Qaïda au Maghreb islamique».

Ne pensez-vous pas que l’islamophobie exacerbée par les attentats du 11 septembre n’est qu’un prétexte pour justifier les actions militaires comme l’invasion de l’Irak, qui est pourtant un pays laïque?

C’est effectivement un prétexte. Il a servi aussi à masquer les graves erreurs stratégiques commises

par le 46e président, George W. Bush, au cours de ses deux mandats de 2001 à 2009. C’est en particulier le cas pour l’Irak. Certes Saddam Hussein était un dictateur mais il avait fait de l’Irak, où dominait l’analphabétisme, le pays arabe le plus alphabétisé avec le plus d’universitaires. Il avait défendu la laïcité et les droits des femmes, protégé les chrétiens, développé l’agriculture et l’industrie, restauré des vestiges de la période babylonienne.

Le 19 mars 2003, les Etats-Unis ont déclenché la guerre contre Saddam Hussein, accusé à tort de posséder «des armes de destruction massive» et d’être un partisan de Ben Laden alors qu’il en était l’ennemi. En 5 ans, ce conflit a favorisé l’introduction de groupes d’Al-Qaïda, a déstructuré le pays et fait plus d’un million de morts sur 26 millions d’Irakiens alors que 300 000 chiites et 170 000 Kurdes avaient été éliminés par Saddam en 20 ans.

Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, soutient que le coût de la guerre dépassait les 3.000 milliards de dollars à la fin 2007. Plus que la Seconde Guerre mondiale.

Votre connaissance du monde arabe vous donne une bonne longueur d’avance sur les hommes politiques occidentaux qui cultivent une méfiance due à leur méconnaissance de ce monde, faut-il repenser la politique extérieure de l’Europe et des Etats-Unis qui s’avère être une politique d’échec?

J’ajoute les journalistes occidentaux qui, trop souvent, connaissant mal l’islam et ne contribuent guère à éviter les amalgames entre islam et islamisme. Pour l’Europe, la Méditerranée a une importance stratégique. Pour la France aussi dont la relation avec les Ottomans remonte à François I.

C’est le général de Gaulle qui a défini la politique arabe de la France en 1967. A part Pompidou, ses successeurs n’y sont pas très fidèles. En 1995, le Processus de Barcelone avait posé les bases d’un dialogue, en particulier avec les Arabes, mais il a été en parti bloqué par le conflit israélo-arabe. Il est grand temps que l’UE repense sa politique avec le monde arabe si elle veut que l’UPM éussisse. La politique des Etats-Unis a été à l’évidence un échec depuis le milieu du XXe siècle. Toutefois, Barack Obama a déjà donné des preuves de sa volonté d’innover et d’établir de nouveaux rapports avec le monde arabe et les musulmans. Il a tendu une main à l’Iran et s’est montré plus ferme à l’égard d’Israël.

On parle souvent de terrorisme international mais on occulte le terrorisme d’Etat. On parle de celui exercé par Israël sur les civils palestiniens avec la bénédiction des Etats-Unis, les bombardements de Ghaza en sont la preuve irréfutable, ne pensez vous pas que le paternalisme de l’Occident envers Israël conforte Ben Laden dans son entreprise meurtrière car il se positionne comme le sauveur des opprimés, ne faut-il pas rectifier le tir?

Comme les Etats-Unis avec Al-Qaïda, Israël a connu un retournement de l’histoire avec le Hamas. Les services secrets israéliens l’avaient encouragé à se créer pour faire concurrence à l’Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat. Puis ils lui ont apporté leur soutien dans les années 1970-1980 pour affaiblir l’OLP. Ils n’avaient pas prévu que le Hamas s’implanterait aussi fortement à Ghaza et que, le 26 janvier 2006, il remporterait démocratiquement les élections législatives avec 56% des suffrages. Ces rudes revers ont conduit Israël à déclencher la terrible opération «Plomb durci» contre Ghaza. Vous avez raison, le paternalisme occidental à l’égard d’Israël conforte Ben Laden aux yeux de beaucoup d’Arabes et de musulmans, qui pourtant le critiquent sur d’autres points. Les intérêts stratégiques de l’Europe sont menacés par ce conflit et elle devrait exiger qu’Israël applique les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’évacuation des territoires occupés depuis 1948 en échange de la paix. Le président Barack Obama a une politique différente de celle de Bush: il a demandé à Netanyahu d’accepter un Etat palestinien et de ne pas attaquer l’Iran.

Vous faites un constat fort pertinent en disant qu’Al-Qaïda développe ses réseaux dans les pays musulmans qui sont déstabilisés et vous citez l’Irak; la même chose pour l’Afghanistan, le Pakistan est confronté à la menace des talibans, l’Iran, eu égard aux manoeuvres d’Israël dans la région, risque d’être attaqué, on imagine aisément un scénario catastrophe dans cette zone sensible où le nucléaire est un enjeu capital. Quelle analyse faites-vous de cette situation?

Effectivement, pour expliquer la stratégie et les objectifs d’Al-Qaïda, nous montrons dans notre livre quand et comment elle s’est implantée dans nombre de pays musulmans. Pour ce qui est de l’Iran, je signale que depuis près de trois siècles, il a été engagé dans plusieurs guerres, mais n’a jamais attaqué le premier.

Personnellement, j’estime aussi qu’il a le droit de produire de l’énergie nucléaire pour prendre la relève du pétrole quand il sera épuisé. Quant à la possibilité qu’il se dote de l’arme nucléaire, cela mérite réflexion.

N’oublions pas que trois de ses voisins la possèdent: l’Inde, le Pakistan et Israël, lequel n’a pas signé le Traité de non-prolifération. Comment réagirait l’ONU si l’Iran proposait, lui, de le signer?

Une attaque d’Israël contre l’Iran serait effectivement une catastrophe, mais il me paraît peu probable que Netanyahu prenne le risque de défier le président Obama. Autre sujet d’inquiétude: que les talibans s’emparent des armes nucléaires au Pakistan.

Le Sahel est devenu la plaque tournante du terrorisme international mais c’est l’Afrique entière qui est menacée de déstabilisation. On assiste même à l’émergence de la piraterie, quel est votre commentaire?

Oui, l’Afrique entière est menacée ! Continent de plus de 30 millions de kilomètres carrés, aux 54 Etats, aux milliers de langues, aux frontières coupées au cordeau par les colonisateurs et tenant rarement compte des frontières humaines et géographiques naturelles, l’Afrique présente un intérêt stratégique pour Al-Qaïda. Quant au Sahel, appelé «Arc intégriste du Sahara», il sert de base arrière au réseau d’Al-Qaïda, dont 500 à 600 vétérans venus d’Afghanistan. Elle présente pour eux de multiples avantages. Aride, immense et peu peuplée, cette zone comprend, du Sénégal au Soudan,des régions de six pays: Mauritanie, Mali, Burkina, Bénin, Niger, Tchad. Les frontières n’étant ni matérialisées ni contrôlées, cela favorise les conflits locaux, les déplacements de populations et les trafics illicites (armes, cocaïne, cigarettes, réseaux de prostitution et d’adoption d’enfants) qui rapportent beaucoup d’argent aux groupes mafieux qui les contrôlent.

Les terroristes islamistes se ravitaillent en coopérant avec les rebelles et les trafiquants. Ces comportements ne sont pas conformes au Coran, mais les islamistes bénéficient d’une certaine bienveillance auprès des populations pauvres du Sahel, grâce aux soins médicaux et aux aides alimentaires qu’ils leur donnent. C’est aussi avec le soutien d’Al-Qaïda que les islamistes radicaux de Somalie empêchent toute solution pacifique au détriment de la population. La misère a aussi favorisé la piraterie. Pour tenter de redresser la situation, il faudrait remédier à l’échec des programmes nationaux et internationaux de développement. L’Union africaine devrait être plus volontariste de même que les organisations internationales. Trafic de drogue, blanchiment d’argent, racket, rançonnage sont les moyens de financement du terrorisme.

Des experts pensent qu’il faut attaquer ces fléaux à la source pour affaiblir le terrorisme à commencer par bannir les paradis fiscaux. Qu’en pensez vous?

Tout à fait d’accord avec vous sur le bannissement des paradis fiscaux. Je tiens aussi à souligner que les pratiques dont vous parlez sont en totale contradiction avec l’enseignement du Saint Coran! De même les talibans interdisent aux filles d’aller à l’école alors que de très nombreux versets recommandent au croyant et à la croyante «d’acquérir la connaissance et le savoir». En Afghanistan, les talibans ont encouragé la culture de la drogue et fait du pays son premier exportateur mondial, car ils bénéficient de ce trafic pour acquérir des armes. La lutte contre ces fléaux n’est pas aisée, mais elle doit se situer à plusieurs niveaux. Il faudrait tout d’abord que les grandes institutions religieuses musulmanes et les autorités théologiques les condamnent de façon plus vigoureuse et plus audible. De même l’Organisation de la Conférence islamique et la Ligue arabe devraient se doter des moyens de combattre ces fléaux pour affaiblir le terrorisme

Croyez-vous à la thèse du choc des civilisations ou pensez-vous, comme certains philosophes et penseurs, que cette thèse est pernicieuse et ne sert qu’à agrandir le fossé entre les différents peuples et qu’il n’y a en réalité qu’une lutte d’intérêts et de pouvoir puisqu’il arrive que des pays ayant la même religion et la même culture entrent en conflit armé? Quelle est votre opinion à ce sujet?

Victimes du 11 septembre, les Etats-Unis ont alors dénoncé «l’axe du mal», souscrit à la thèse du «choc des civilisations» de Samuel Huntington et déclaré la guerre à Al-Qaïda.

Je rappelle que la Méditerranée est le berceau des trois religions monothéistes révélées, judaïsme, christianisme, islam. Malgré les guerres, le flambeau de la civilisation a toujours circulé d’une rive à l’autre. Dans plusieurs de mes livres dont La Méditerranée, berceau de l’avenir (Éditions Milan), je critique la thèse pernicieuse du choc des civilisations et défends la pratique du dialogue des civilisations qui a généralement prévalu en Méditerranée. Les conflits entre des peuples qui ont la même religion relèvent, en effet, d’une lutte d’intérêts et de pouvoir La thèse d’Huntington a été utilisée par George W. Bush pour servir ses intérêts et justifier ses interventions en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et sa condamnation de l’Iran. C’est aussi la raison pour laquelle il affirmait que le Grand Moyen-Orient allait du Maroc à l’Afghanistan. C’est absurde et irréaliste.

Comment peut-on encourager l’ijtihad ou la recherche face au radicalisme religieux?

Je voudrais d’abord rappeler une réalité historique occultée en Europe et trop souvent ignorée par les Arabes et les musulmans. Du VIIIe au XIIIe siècle et même au XVe si on pense à Ibn Khaldoun, la civilisation arabo-islamique a été à la pointe de la modernité. Ses savants ont exploré tous les domaines du savoir: mathématiques, astronomie, physique, chimie, médecine, philosophie, géographie, architecture, botanique, histoire. Sans leurs apports, la Renaissance européenne n’aurait pas été ce qu’elle fut. C’était la grande période de l’ijtihad. Puis il y eut le déclin et il s’est poursuivi malgré la Nahda (Renaissance) au XIXe siècle. Réalisé par des intellectuels arabes de haut niveau, le rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement consacré au monde arabe (2002-2006) relève les nombreux retards et les graves défaillances qui vont du fort pourcentage de l’analphabétisme au statut des femmes. Il donne des directives pour assurer le redressement et conclut en soulignant que c’est en renouant avec leur âge d’or que les Arabes redeviendront innovants. Il conviendrait aussi de prendre en compte les propositions des «nouveaux penseurs de l’islam» qui souhaitent une mise à jour de la religion face au conservatisme, au fondamentalisme et au radicalisme. Comme je l’ai écrit dans plusieurs de mes livres, «l’islam a besoin de réaliser un renouveau comme les catholiques l’ont fait lors du concile Vatican II».

Vous dites dans votre livre que la piste qui conduirait à une véritable entente entre l’Orient et l’Occident est le dialogue mais que ce dernier a besoin d’un cadre organisé et de volonté politique de part et d’autre.L’Union pour la Méditerranée (UPM) peut-elle constituer une structure ou faut-il penser à un autre mécanisme qui impliquerait davantage l’élément humain?

L’UPM lancée par Nicolas Sarkozy me paraît une bonne idée. Toutefois, elle comporte des lacunes qu’il convient de combler. La plus grave est l’absence d’un volet culture. Au départ, l’UPM estimait que ce secteur était celui de la Fondation Anna Lindh pour le dialogue des cultures. Néanmoins, outre que son budget est insuffisant, elle n’a pas de lien avec l’UPM. Face aux critiques, un Conseil culturel vient d’être mis en place pour faire des propositions. L’UPM pourrait être un cadre favorisant le dialogue culturel et humain entre l’Orient et l’Occident, à condition de s’en donner les moyens.

Les médias doivent-ils jouer un rôle dans l’instauration de ce dialogue?

Cela me paraît indispensable dans tous les pays riverains de la Méditerranée. De 1985 à 1998, j’avais animé le Séminaire Islam et monde arabe au Centre de formation des journalistes de la rue du Louvre à Paris. J’avais constaté que mes étudiants, bac + 4 ou 5, ignoraient tout de ces thèmes.

Hélas, cela n’a guère changé depuis. Les dirigeants responsables de ce secteur ont le devoir de prendre des dispositions pour y remédier. Les journalistes des pays arabes devraient aussi faire un effort. La Copeam dont la présidence était assurée par l’Algérie en 2008, joue un rôle important en favorisant une meilleure connaissance réciproque des Méditerranéens. Télés, radios et presse écrite devraient s’impliquer plus pour favoriser ce dialogue.

Vous êtes revenu à Alger au mois de mars dernier, l’Algérie d’après vous est-elle sortie d’affaire après les affres du terrorisme qu’elle a vécues ou est-elle encore menacée? Et qu’est-ce qu’elle a de particulier par rapport aux pays qui souffrent de l’avancée de l’islamisme?

Vous le savez, mais je le rappelle. Voitures piégées, sabotages, bombes dans les lieux publics, attaques de domiciles, prises d’otages, viols de femmes, massacres collectifs, caractérisent la «décennie noire» qui a provoqué, selon les estimations, entre 150 000 et 200 000 morts, dont environ 90% de civils, et un million de victimes. L’Algérie est un des pays qui a été le plus atteint. Depuis neuf ans, la situation a bien évolué. L’armée a quasiment démantelé les réseaux.

Des groupuscules se sont alors unifiés dans le GSPC. Abdelaziz Bouteflika a proposé une Charte de réconciliation nationale pour restaurer la paix civile par «l’extinction des poursuites à l’encontre de tous les individus qui mettent fin à leur activité armée et remettent les armes en leur possession». Elle ne s’applique pas aux individus impliqués dans des crimes de sang, viols, etc.

Depuis son adoption par référendum en septembre 2005, 6 000 hommes environ se sont rendus, les «repentis». Je sais que cette charte a donné lieu à des contestations mais elle me paraît positive par rapport à la situation qui prévaut dans d’autres pays.

A titre d’exemple, je signale dans le livre que le Canadien Eric Margolis, un des meilleurs experts de l’Asie, écrit à propos de l’Afghanistan et du Pakistan: «Il ne peut y avoir de solution militaire […]. Il faut donc sortir du piège en donnant une représentation politique et même en ouvrant une négociation avec les ennemis, les talibans.» D’autres spécialistes occidentaux estiment aussi qu’il faudrait tenter de négocier avec les talibans modérés pour isoler les chefs d’Al-Qaïda. Certains affirment qu’il n’y a pas de talibans modérés, mais ils sont très minoritaires.

Quand vous revenez à Alger, quels sont les endroits que vous aimez visiter?

J’aime plusieurs quartiers. La Casbah, évidemment, d’autant plus que j’avais rédigé nombre d’articles pour rendre compte des problèmes concernant sa restauration que j’ai suivie de près. La Corniche aussi est superbe de même que l’Amirauté. C’est aussi un plaisir de partir de la Grande-Poste pour remonter vers la Tour Diar-el-Kef où nous habitions. Correspondant du Monde, j’ai sillonné l’Algérie en tous sens. J’avais, au cours de ma carrière, parcouru tous les déserts de la Mauritanie à l’Arabie saoudite. Le désert algérien est le plus beau par la diversité de ses sables, de ses roches et de leurs couleurs. Sans oublier ses superbes fresques préhistoriques!

(Source : « Le Soir d’Algérie » (Quotidien – Alger), le 8 juin 2009)

Lien :http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2009/06/08/article.php?sid=84221&cid=40

 

«Le monde arabe est piégé par le lien entre Etat et religion»

Le prince Hassan de Jordanie souhaite une troisième voie entre Occident et islam

Richard Werly

Les réponses sont longues, nourries de références littéraires et de comparaisons historiques. Fin de matinée, ce samedi, dans le salon de l’une des résidences les plus somptueuses de Bellerive (GE) sur les bords du lac. Invité la veille au soir du Forum de Caux sur la sécurité humaine (voir encadré), le prince Hassan de Jordanie, 62 ans, reçoit Le Temps pour défendre cette «route des idées» qui, selon lui, peut seule défaire le prétendu «choc des civilisations».

Gary Vachicouras, directeur de la Fondation sur la recherche interreligieuse que le prince a fondée à Genève avec l’appui du cardinal Joseph Ratzinger – l’actuel pape Benoît XVI – a tiré parti de cette visite princière. Le prince sera ensuite attendu en Allemagne, pour parler à nouveau du dialogue entre les cultures, son thème favori depuis que lui a échappé, en 1999, le trône hachémite. Son neveu, l’actuel roi Abdallah, fut désigné in extremis par Hussein sur son lit d’hôpital.

La politique, pourtant, habite à plein-temps ce pilote d’hélicoptère, souvent récompensé pour son engagement humanitaire et social. En témoigne sa lucidité sur le terrorisme et le monde arabe.

La capitale indonésienne, Djakarta, se remet à peine de ses plaies après deux nouveaux attentats. La terreur est donc toujours à l’œuvre? «Oui, répond le prince. L’idée de porter la bataille dans les capitales anime toujours une certaine internationale islamiste. Ces gens ont des cellules dormantes qu’ils activent au nom d’une soi-disant «Djihad».

Que faire alors? «Circonscrire leur activité, poursuit-il. En s’engageant à fond dans la bataille pour les cœurs et les esprits. En s’appuyant sur des exemples tels que celui de l’Indonésie, premier pays musulman du monde, qui vient juste de connaître une élection présidentielle couronnée de succès.» Mais qui dit exemplarité dit défi: «Il y a pour nous, Arabes, un modèle Sud-Est asiatique. Une sorte de troisième voie entre l’Occident et le monde islamique qui, après avoir irrigué des siècles de son savoir, est aujourd’hui piégé par le lien entre Etat, nationalisme et religion. Nos sociétés arabes, assommées par la mauvaise gouvernance et par les inégalités, sont lobotomisées. Il faut une renaissance intellectuelle. Repartir sur la «route des idées».

Le dialogue, pour cela, est indispensable. Mais pas entre les religions. «Entre les croyants. En tenant compte aussi de l’hétérogénéité du monde musulman», argumente le prince Hassan, dont l’épouse est d’origine pakistanaise. D’où sa demande d’audience à Benoît XVI à l’automne 2006, après son controversé discours de Ratisbonne. «J’ai étudié avec les pères dominicains dont la connaissance des mœurs bédouines était infinie. C’est, entre autres, sur le respect de l’histoire que nous devons, au Proche-Orient, reconstruire la confiance.» D’où son ardeur à établir des ponts: «Est-il normal que, pour parler en même temps à des Israéliens et des Palestiniens, je passe par les catholiques de Pax Christi? Nous devons nous affranchir de la pression politique sur les différentes confessions. Elle ne fait que nous éloigner.»

Les noms du drame proche-oriental glissent dans la conversation. Hassan de Jordanie les a tous côtoyés: Ytzhak Rabin, Ariel Sharon, Shimon Peres, Ehoud Barak, Yasser Arafat. Toujours stupéfait de voir les Israéliens être les seuls à se considérer menacés: «Croyez-vous que la Jordanie soit entourée d’amis?» interroge-t-il, en évoquant le souvenir de sa visite à Auschwitz. L’innommable blessure ne justifie pas le non-dit: «Prenez les colonies israéliennes. Elles occupent le sol. Mais elles accaparent aussi le sous-sol, les ressources hydrauliques, bien plus stratégiques.Qui en parle?»

Sa proposition? Une organisation régionale économique et sociale, qui inclurait l’Etat hébreu et consacrerait, de fait, le rôle d’Israël «comme l’une des trois puissances régionales avec l’Iran et la Turquie».

«Nous devons passer de la négociation à l’émergence de concepts communs poursuit-il. Prenez le changement climatique: il nous affecte tous. Israël a une industrie. Pas la Jordanie. Leur pollution est nôtre. Or le Proche-Orient, et au-delà toute la région du Golfe, est très mal représenté dans les négociations climatiques. Menons au moins ce combat-là ensemble.»

Toutes les ombres, évidemment, ne disparaîtront pas. Comme celle de l’Iran en proie à la répression antidémocratique. Même si les divisions au sommet trahissent la sourde bataille en cours à Téhéran. «Le changement viendra de l’establishment iranien, affirme le prince Hassan. Je suis pour ma part très confiant dans les chiites. Leur bon niveau d’éducation est un gage d’ouverture sur le monde».

Quid, à l’opposé, de l’Europe et du débat sur ses racines chrétiennes? «L’Europe est aveugle. Sa réalité est devenue celle d’une identité hybride qu’il faut consolider car elle est celle de la modernité. On ne réglera rien en désignant des «moutons noirs à la vindicte des électeurs, comme cela a été fait en Suisse.»

La discussion s’achève sur l’évocation de la «burqa» contre le port de laquelle le gouvernement français vient de s’élever. Veste posée sur sa chaise, le descendant du prophète Mahomet n’esquive pas. «L’Islam n’a rien à voir avec la haute couture assène-t-il. Lorsqu’elle est revêtue pour provoquer, la Burqa n’est pas une affaire de conscience religieuse. Je suis pour respecter les lois du pays dans lequel on vit.»

Hassan de Jordanie aime résumer d’une formule le monde qu’il confronte: «un Rubik’s cube religieux et culturel.» Dont il n’a pas la clef. Mais dont il mesure les dangers. Avec une pointe d’humour. «L’urgent, c’est de désintoxiquer nos sociétés de l’extrémisme. On devrait copier l’exemple des alcooliques anonymes. Ouvrons des lignes pour «extrémistes anonymes.Et écoutons…»

La sécurité humaine au Forum de Caux

Ouvert vendredi par le prince Hassan de Jordanie, le second Forum de Caux sur la sécurité humaine s’achèvera mardi. D’importantes délégations étrangères, sont présentes dont une du Sud-Soudan, emmenée par le vice-président soudanais Riek Machar. Plus une forte présence d’intellectuels et d’experts d’Inde et du Pakistan.

Un succès dû au soutien financier du DFAE, et au rôle clef joué par les trois piliers des rencontres de Caux : le président de l’association «Initiatives et Changement» Rajmohan Gandhi, petit-fils du mahatma; l’ancien président du CICR Cornelio Sommaruga et l’ambassadeur Mohamed Sahnoun. La bonne gouvernance internationale sera au centre des débats lundi, et le dialogue culturel dominera les discussions de mardi.

R. W.

www.cauxforum.net

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 20 juillet 2009)

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