21 septembre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4101 du 21.09.2011
archives : www.tunisnews.net

 


Afrik: Les partis tunisiens à la rencontre de la diaspora en France

Afrik: « Laïcité In’chAllah » mercredi dans les salles

Le Monde.fr: « Laïcité Inch Allah » : un document utile à la compréhension du printemps arabe

Le Nouvel Observateur: La laïcité en Tunisie ? Inch’Allah

Investir en Tunisie: Tunisie : la scène médiatique en ébullition

Atlantico: La mystérieuse tentative de suicide de Leïla Ben Ali-Trabelsi

Rue 89: En Tunisie, Amami tabassé par la police : « On a trop parlé de moi »

Marianne: Tunisie : la démocratie naissante se fait sans les Français

Luiza Toscane: Une Française victime des nervis de Bachar El Assad


Les partis tunisiens à la rencontre de la diaspora en France


Samedi 24 septembre, les représentants de partis tunisiens en lice pour l’élection pour la Constituante du 23 octobre, vont aller à la rencontre de la diaspora tunisienne en France, à l’occasion d’une conférence-débat au Bourget. A un mois du scrutin, l’enjeu est de taille : la communauté tunisienne de France, la plus importante à l’étranger, rapportera 10 sièges à l’Assemblée Constituante tunisienne.

La mairie du Bourget accueillera samedi, pour la seconde fois, une conférence-débat en présence de représentants des principaux partis tunisiens en lice pour l’élection de la Constituante du 23 octobre.« L’idée au départ était de répondre à une demande des Tunisiens de France, loin de leur pays, mais tout aussi inquiet que l’ensemble des Tunisiens au sujet de l’avenir du pays,explique Aida Amri, membre de l’association Actif (association des compétences tunisiennes innovantes de France).C’est une initiative citoyenne qui offre la possibilité aux Tunisiens de France, perdus devant le nombre impressionnants de partis en compétition (104), pour la première élection démocratique en Tunisie, d’échanger avec des représentants des principaux partis. »Du jamais vu pour la diaspora tunisienne : en l’absence d’élections libres en Tunisie, les Tunisiens de France n’ont jamais été associés à la vie politique tunisienne sous le régime de Ben Ali.

15 partis

A l’initiative d’ACTIF (Association des Compétences Tunisiennes Innovantes de France), en partenariat avec des associations réunies au sein d’un collectif (le PACTE, le Pays vert et l’Association de soutien au peuple tunisien), la manifestation réunira15 formations politiques en compétition.« Des partis que nous avons contacté, d’autres ont demandé à nous rejoindre sur Facebook. Aussi bien des grands partis que des petits partis, moins médiatisés. Pour cette édition, la notion de liste s’est ajoutée. Il y a des listes indépendantes, des coalitions. Contrairement à la rencontre précédente où chacun était invité à se présenter, cette fois, il s’agira de tables-ronde, trois plus précisément, avec cinq partis à chaque fois, à qui l’on posera les mêmes questions, afin de permettre au public de comparer et d’établir ce qui les distingue. »Le thème principal étant : les enjeux et les programmes pour la Constitution.La forme du régime, la place de la religion, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice…Soit autant de points qui devraient être abordés samedi.« La première fois, nous avions eu quelques problèmes techniques, là nous serons mieux organisés. Chacun candidat aura le même temps de parole et les participants pourront poser les questions qu’ils souhaitent. A un mois des élections, les inquiétudes sont nombreuses, le débat promet d’être intéressant. »Ces derniers mois, les leaders des principaux partis en compétition ont multiplié les meetings dans la métropole. A un mois de l’élection, l’enjeu est de taille : la future assemblée comprendra 218 sièges, dont 19 réservés à la diaspora tunisienne.

Quelque 1.600 listes candidates ont été enregistrées en Tunisie et une centaine à l’étranger pour l’élection du 23 octobre, premier scrutin depuis la chute du régime Ben Ali en janvier. Au total, près de 10.000 candidats ont été enregistrés.

Source: ”Afrik.com” Le 20-09-2011

Lien: http://www.afrik.com/article23711.html

 


« Laïcité In’chAllah » mercredi dans les salles


« Laïcité Inch’Allah », le film de Nadia El Fani, sort mercredi 21 septembre dans les salles de cinéma françaises. A travers le regard de cette réalisatrice franco-tunisienne, fille d’un des fondateurs du Parti communiste tunisien, le public découvre une Tunisie tolérante, ouverte, où la question de la laïcité se pose plus que jamais, à un mois des élections pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

Le film deNadia El Fani, « Laïcité Inch’Allah », sort mercredi 21 septembre dans les salles de cinéma françaises. Tourné en août 2010, en plein ramadan, rattrapée par la révolution tunisienne, le film pose la question de la laïcité dans un pays à majorité musulmane, où le premier article de la Constitution déclare :« la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain : sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république. »Une question qui se pose plus que jamais depuis la chute de l’ancien régime. Alors que les Tunisiens vont élire, le 23 octobre, leurs représentants chargés de rédiger une nouvelle constitution, le débat sur la laïcité, une notion nouvelle, méconnue, parfois rejeté parce que qualifiée d’occidentale, fait polémique. Ce qui a valu à sa réalisatrice un procès d’intention. Dès le 1er mai, les cybernautes se déchaînent, sur des comptes tels que « Pour qu’il y ait dix millions de crachats sur la tête de cette truie chauve » qui comptait alors 35 000 signataires.

Quelle diffusion en Tunisie ?

Le film, au départ intitulé « Ni Allah, ni maître », deviendra « Laïcité Inch’Allah ». Pourtant, à travers le regard de Nadia El Fani, le public découvre une Tunisie ouverte, où chacun est libre de jeûner ou non.« Mon film défend la laïcité, qui est selon moi le débat central de notre révolution,a-t-elle déclarait lors d’une interview donné à Afrik.com à l’occasion de la projection de son film au festival de Cannes.« C’est l’un des premiers sujets débattus (depuis) la chute de Ben Ali. Dans notre constitution, l’article premier précise que l’Islam est notre religion. Or il existe une véritable hypocrisie sociale. Il faut défendre la liberté de penser et donc d’être aussi des « laïcards » comme nous appellent les islamistes. Maintenant que nous nous apprêtons à élire notre assemblée constituante en juillet prochain, il y a deux projets de société possibles : un retour en arrière ou un départ vers la modernité.Et cette modernité passe par la laïcité. »Et donc par un film, le sien. Encore faut-il qu’il puisse être projeté en Tunisie. Sa première diffusion, le 24 avril à Tunis, en clôture d’un festival de documentaires, s’était déroulée sans heurts.Depuis la situation s’est détériorée. Lors d’une autre projection, le 26 juin, une centaine de manifestants violents ont investi le cinéma Africart à Tunis où le film était projeté et l’ont saccagé.

Lire également Nadia El Fani :« On s’est mis debout, pas question d’être à genoux »

Source: “Afrik.com” Le 20-09-2011

Lien: http://www.afrik.com/article23716.html

 


« Laïcité Inch Allah » : un document utile à la compréhension du printemps arabe


A l’été 2010, alors que le portrait du présidentBen Alirestait omniprésent sur les murs de Tunis (après tout il lui restait encore un triomphe électoral àvenir), Nadia El Fani est venuefilmersa ville et son pays pendant le mois de ramadan.Six mois plus tard, la Tunisie étonnait le monde et le film de Nadia El Fani s’en trouvait bouleversé.

Ce qui aurait sans doute été une déploration de l’emprise de l’islam sur la société, poussée par une intellectuelle qui revendique son athéisme, est devenu un argument – voire une arme – dans le débat qui traverse la société tunisienne.

Aux plans volés dans les cafés aux vitrines aveugles où les hommes (les hommes seulement) se réfugient pendant les journées de canicule pourromprele jeûne avant l’heure se sont ajoutés des débats passionnés autour de la notion de laïcité, des plans saisis dans les manifestations où féministes et islamistes s’affrontent.

Le matériau est passionnant et par la vertu de l’histoire,Laïcité InchAllahest un document utile à la compréhension du printemps arabe.

Quant aux défauts du film, ce sont sans doute ceux de la réalisatrice.Sûre de la justesse de sa cause, elle en fait essentiellementintervenirles partisans.On se rend compte que les laïcs tunisiens ne sont pas issus du petit peuple et que leur moyenne d’âge est plutôt élevée.

Nadia El Fani a l’honnêteté de ne pascachercet état de fait, elle n’en expose pas non plus la genèse. Au détour d’une séquence de manifestation, une jeune journaliste explique comment elle a pris conscience, à l’occasion d’un reportage dans un quartier populaire, de l’influence prédominante de la religion sur la vie quotidienne des délaissés de la croissance tunisienne.

On voit aussi la patronne d’un atelier de confectionrépondreà la réalisatrice qui lui rappelle que Bourguiba conseillait dechoisirle développement plutôt que le ramadan :« Mais ce n’est pas Bourguiba qui nous feraentrerau paradis ». Ces fenêtres qui s’ouvrent sur d’autres façons depenserse referment bien vite pourlaisserla place au discours passionné de la réalisatrice.

Source:”Le Monde.fr” Le 20-09-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/09/20/laicite-inch-allah-un-document-utile-a-la-comprehension-du-printemps-arabe_1574515_3476.html

 


La laïcité en Tunisie ? Inch’Allah


LE PLUS. D’un côté, un documentaire prônant la laïcité.De l’autre, un parti islamiste au centre du débat politique tunisien. Le combat entre les deux, et l’analyse qu’en fait Séverine Labat, chercheur au CNRS, rappelle que l’obscurantisme religieux n’est jamais loin et que le « Printemps arabe » a peut-être même permis le retour d’un islam politique.

« Ce n’est pas moi le mécréant, mais la faim qui est mécréante,

Ce n’est pas moi le mécréant, mais la maladie qui est mécréante,

Ce n’est pas moi le mécréant, mais la pauvreté qui est mécréante,

Et l’humiliation est mécréante. » (« Ana mosh kafir », Ziyad Rahbani)

 

« Est-il en notre temps rien de plus odieux

De plus désespérant, que de n’pas croire en Dieu ?

J’voudrais avoir la foi, la foi d’mon charbonnier

Qui est heureux comme un pape et con comme un panier

Mon voisin du dessus, un certain Blaise Pascal

M’a gentiment donné ce conseil amical : ‘Mettez-vous à genoux, priez et implorez

Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez.' » (« Le mécréant », Georges Brassens)

Il n’existe pas, à proprement parler, de terme, dans la langue arabe, pour désigner la laïcité. Tout au plus peut-on la signaler sous le vocable de ‘ilmaniyya, dérivation du mot ‘ilm, la science, ou sous celui de ‘almaniyya, issue du mot ‘alm, renvoyant au monde séculier.

Pour son nouveau film, qui sort en salles le 21 septembre, Laïcité, Inch’Allah[1], la cinéaste franco-tunisienne, Nadia El Fani, a opté pour la’ikyya, traduction littérale de la laïcité telle que nous la concevons en France.

Ayant débuté le tournage de son documentaire à Tunis trois mois avant la chute de Ben Ali, Nadia El Fani a poursuivi sa quête d’une Tunisie où pourraient cœxister liberté de croyance et liberté de non-croyance, aux lendemains de ce que d’aucuns qualifient de « Printemps arabe ».

Farouche partisane d’une Constitution laïque, où l’article premier de l’actuelle Loi Fondamentale, qui pose que « la Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la république », serait abrogé, la cinéaste a, depuis lors, fait l’objet d’attaques haineuses.En témoignent les nombreuses pages Facebook lui promettant les flammes de l’enfer.

L’une des pages s’intitule avec grâce « Qu’il y ait des milliers de crachats sur elle ! » et sa photo, déformée, la figure en diable, en singe, en porc, en cadavre, ou le crâne explosé.

Lors d’une interview accordée à la chaîne tunisienne Hannibal TV, cette dernière fera défiler un bandeau indiquant courageusement que le programme « se désolidarise des propos tenus contre l’islam par Nadia El Fani »…

Lors de la projection du film, alors intitulé Ni Allah, ni maître[2], à la salle Africart, en plein centre de Tunis le 26 juin 2011, des islamistes se sont rassemblés devant les lieux, proclamant que « la Tunisie est un État islamique ou le peuple veut criminaliser la laïcité », avant de briser les portes en verre de la salle et de pénétrer à l’intérieur.

En proie à ces attaques, en butte à un cancer qui ne lui fait pourtant pas renoncer à faire avancer ses convictions, Nadia El Fani s’interroge : « Comment dire, exprimer, le désarroi des athées, agnostiques ou autres ‘irréligieux’, qui sont si impuissants face à l’oppression religieuse ? »

Et c’est là que le film de Nadia El Fani résonne avec les débats qui agitent la Tunisie post-Ben Ali. En effet, dans cette Tunisie où nombre de démocrates, face à la montée de l’islamisme, se raccrochent à l’héritage bourguibien laïcisant, singulièrement en matière de liberté de la femme, comment défendre la liberté de conscience sans laquelle la Tunisie libérée de son dictateur ne saurait être pleinement démocratique ?

En imposant à la société tunisienne un débat tournant autour des valeurs dont il estime qu’elles doivent être les siennes, le parti islamiste En-Nahdha a remporté une première victoire en se plaçant au centre du débat politique et en imposant aux partis démocrates de devoir se positionner par rapport à lui.

Certains estiment qu’il leur faut composer avec ce qui apparaît, pour l’heure, comme la première force politique du pays. D’autres jugent que l’on ne peut transiger avec une mouvance qui considère la démocratie comme impie et ne l’envisage que comme un moyen pour parvenir au pouvoir, à défaut d’être une fin.

Ce débat retentit curieusement avec celui qui, dans les années 1990, avait mis aux prises, en Algérie, les tenants d’une intégration du FIS au jeu politique et les partisans de son exclusion, au motif que l’islamisme est ontologiquement incompatible avec les principes démocratiques, avec le respect des libertés individuelles, et, plus encore, avec la conception de l’individualisme moderne. On connaît la suite…

Rached Ghannouchi, le leader d’En-Nahdha, n’a-t-il pas, à l’occasion d’une interview accordée le 2 août 2011 à la première chaîne de télévision égyptienne lors de l’émission « Sabah el kheir ya Masr », que l’objectif ultime des musulmans était « l’instauration du Califat », qui, s’il n’était nullement atteignable à court terme, n’en demeurait pas moins une ambition ?

N’en déplaise aux « prophètes » ayant annoncé « la mort de l’islam politique », les pays occidentaux semblent, d’ores et déjà, avoir pris la mesure de l’influence de l’islam politique aux lendemains du « Printemps arabe » (selon l’expression consacrée). Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a-t-il déclaré, lors d’une conférence à l’Institut du monde arabe de Paris, le 16 avril 2011, qu’il espérait « réconcilier l’islamisme avec la laïcité »…

Comment, dès lors, les démocrates tunisiens pourront-ils contrer efficacement le parti islamiste En-Nahdha, lequel pourra brandir cette déclaration hasardeuse à l’envi ?

Quant à supprimer l’article premier de la Constitution, comme y invite Nadia El Fani, voilà ce que répond Rached Ghanouchi : « La Tunisie, à travers l’article 1 de sa Constitution, est un État islamique et non pas un État laïc. Toutes les élites tunisiennes sont d’accord pour conserver cet article. Pourquoi demander plus ? »

Rached Ghanouchi a tout dit : il sait que toucher à cet article consisterait, pour les démocrates, à provoquer un casus belli avec, non seulement les islamistes, mais aussi avec les nationalistes arabes qui ont refait surface à la faveur de la chute de Ben Ali. Mais ne serait-ce pas à l’honneur de la Tunisie, que de supprimer cet article, qui, de Djeddah à Casablanca, pipe les dés d’une éventuelle démocratisation ?

À rebours des tenants du « choc des civilisations », à rebours du discours angélique concernant le « Printemps arabe », il se peut que la fin des despotes arabes ouvre une phase d’instabilité caractérisée par un « choc des valeurs » au sein même des sociétés arabes et, par là, au sein de la société tunisienne.

Laïcité Inch’Allah est un cri, lancé par Nadia El Fani. Pour l’heure, nombreux sont ceux qui le chuchotent dans leur for intérieur. C’est à nous, des deux côtés de la Méditerranée, notre bien commun, de lui offrir un porte-voix afin que les sociétés arabes échappent à la malédiction d’un obscurantisme mortifère auquel nous ne pouvons demeurer indifférents.

[1] Sous les diverses pressions qu’elle a endurées, Nadia El Fani a dû changer le titre de son film.

[2] Le film a reçu le Grand Prix International de la Laïcité en 2011

Source: “Le Nouvel Observateur” Le 20-09-2011

Lien: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/191941;la-laicite-en-tunisie-inch-allah.html

 


Tunisie : la scène médiatique en ébullition


L’Association des directeurs de journaux et le Syndicat tunisien des dirigeants de médias ont fait part de leur « désagrément » en raison de « leur exclusion de l’élaboration du projet du décret-loi relatif à l’organisation du secteur audio-visuel préparé par l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication ».

Ils ont, également, dénoncé la création, prévue par ce projet, d’une haute instance indépendante de la communication audiovisuelle ayant des prérogatives répressives l’autorisant à fermer une radio ou une télévision ». Dans une déclaration commune publiée, lundi, les deux structures estiment que ce projet constitue une mesure « privative de libertés » qui « enchaîne les entreprises et anéantit les objectifs de la Révolution ». Ils ont appelé l’INRIC à renoncer à ce projet et à élaborer un nouveau projet auquel participent les différentes parties, exprimant leur entière détermination à défendre leurs droits par tous les moyens prévus par la loi. Ils ont, en outre, appelé à ouvrir le dossier de l’information de manière sérieuse et à examiner ses problèmes, notamment, l’emploi, les salaires et les rapports avec le pouvoir. Ils ont appelé les journalistes, à travers leur syndicat, « à coordonner ensemble afin de défendre la profession contre les menaces qui peuvent lui porter atteinte.

ls ont exhorté le gouvernement, les partis et la société civile, à « assumer entièrement leurs responsabilités et à exprimer leurs positions à l’égard de ces projets arbitraires attentatoires à la liberté d’information et à son avenir en Tunisie ». L’Association des directeurs de journaux et le Syndicat tunisien des dirigeants de médias ont fait part, également, de leur « profond mécontentement de l’atteinte portée à l’image des chefs d’entreprises de presse auprès de l’opinion publique, en raison des déclarations de dénigrement délibéré faites par l’Instance Nationale pour la réforme de l’information et de la Communication », considérant cette attitude comment étant préjudiciable aux entreprises de presse et à leurs personnels. Le communiqué des deux structures patronales fait suite à un communiqué commun publié par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), le Syndicat général de la culture et de l’information relevant de l’UGTT et l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC). Les trois structures ont dénoncé, mardi 14 septembre 2011, « les tentatives de putsch menées actuellement contre des syndicats légitimes dans le secteur de la presse ». Elles s’indignent des restrictions exercées contre l’activité syndicale au sein de certains organes d’information, qualifiées de « violation de la législation nationale et des conventions internationales ». Elles « fustigent toutes tentatives de putsch contre les structures syndicales légitimes et contre les syndicalistes de certaines entreprises de presse, dont notamment « Dar El Anwar » et la Société SNIPE », réaffirmant leur attachement à défendre l’action syndicale au sein des entreprises d’information et leur rejet catégorique de toutes les pratiques qui rappellent l’ancien régime. Le SNJT, le syndicat général et de la culture et de l’information et l’INRIC condamnent aussi fermement « la campagne de diffamation et de calomnie dirigée contre l’INRIC par les caciques de l’ancien régime qui suppliaient le président déchu de postuler à un nouveau mandat en 2014 et qui s’opposent aujourd’hui à toute réforme susceptible de les déposséder des privilèges mal acquis sous le régime dictatorial, au premier rangs desquels figurent les responsables des chaînes Hannibal TV et Nessma ». Elles appellent, en outre, le gouvernement de transition à réviser les critères de distribution de la publicité de l’Etat et des abonnements contractés par les entreprises et établissements publics, afin d’accorder des chances égales à toutes les entreprises de presse et en particuliers aux nouvelles entreprises. Les trois instances exhortent le gouvernement à veiller au respect des dispositions de la convention collective de la presse écrite, et qui privent toute entreprise contrevenante de publicité publique. Elles insistent, en outre, sur l’impératif de mettre un terme au vide juridique et d’accélérer la promulgation des textes législatifs garantissant la protection de la liberté de presse et d’expression, et organisant le secteur de l’information conformément aux législations en vigueur dans les pays démocratiques.

Source: ”Investir en Tunisie” Le 20-09-2011

Lien: http://www.investir-en-tunisie.net/index.php?option=com_content&view=article&id=11434


La mystérieuse tentative de suicide de Leïla Ben Ali-Trabelsi


La nouvelle n’a été publiée que récemment : la femme de l’ex-Président tunisien Ben Ali aujourd’hui en exil en Arabie Saoudite aurait tenté de se suicider cet été. Explications.

Ladeuxième semaine du mois d’août, la petite famille de l’ancien dictateur est en villégiature dans la ville d’Abha, dans la province d’Asir. Le prince Nayef Bin Abdelaziz, ministre de l’Intérieur et ami de longue date de Ben Ali, décide d’accorder une faveur à ce dernier en lui permettant de quitter la ville de Jeddah, suffocante et humide, pour Abha dont la température est plus clémente et l’air plus sec.

Ben Ali, quidepuis sa fuite de Tunisie, consacre le plus clair de son temps à la lecture et à la prière est content de quitter l’ancien palais du roi Fahd pour une villa plus conviviale. Ce n’est pas le cas de Leïla Trabelsi. L’ancienne coiffeuse devenue en vingt ans la « régente de Carthage», ne se plait pas dans cette petite ville isolée. En réalité, elle ne se plaît pas du tout en Arabie Saoudite où l’austérité des mœurs ne lui convient pas.

Au départ,Leïla Trabelsi pensait que son séjour saoudien n’allait durer que quelques semaines. Selon ses proches, elle projetait à l’origine de s’établir à Dubaï et d’effectuer des allers-retours à Tripoli en Libye d’où elle aurait fomenté une contre révolution avec l’aide de Mouammar Kadhafi.

Une autre femme est venue contrecarrer ce plan :la princesse Haya de Jordanie, épouse du Sheikh Rachid Bin Al Maktoum, émir de Dubaï a opposé son véto catégorique à la venue de l’ex-première dame de Tunisie dont la réputation de « voleuse d’hommes » est solidement établie.Et comme un malheur n’arrive jamais seul, une révolte sanglante éclate dans la Jamahiriya et finit par affaiblir sérieusement le guide la révolution libyenne.Les plans de Leïla tombent à l’eau.

Au sein de son couple, ses relations avec son mari se détériorent rapidement. Zine El Abiddine n’est plus ce mari docile et aimant. Il lui voue aujourd’hui une telle haine qu’il ne s’empêche pas de la rabrouer et de l’humilier, même devant le personnel de maison ou les rares invités que le couple reçoit encore. En outre, les Ben Ali font chambre à part depuis des mois. Etl’ancien dictateur refuse de divorcer, malgré les injonctions de Leïla qui aimerait tant retrouver sa libertéet se chercher un nouveau parti.

«C’est une véritable ambitieuse doublée d’une bonne vivante. Elle ne se voit pas finir ses jours à côté d’un ex-président vieillissant et sénile, elle qui voulait devenir la première présidente au monde arabe », avoue un membre du clan Trabelsi qui la connaît depuis une quarantaine d’années.

C’est alors que, d’après la même source,l’idée de tenter de se suicider germe dans sa tête.« Leïla s’aime trop pour attenter à sa vie. Elle aurait seulement voulu importuner ses hôtes saoudiens et les obliger à l’expulser vers les Emirats arabes unis », ajoute un proche de la famille.

D’après une source médicale saoudienne, la quantité de poison absorbé, ainsi que la nature du poison en lui-même n’auraient jamais pu tuer Leïla Trabelsi. Gage de ses intentions, l’ex première dame n’a pas attendu le soir pour mettre fin à ses jours etelle aurait vraisemblablement attenté à sa vie pendant la journée et en présence de plusieurs personnes.Ceci aurait permis de la transporter rapidement aux urgences.

Les Saoudiens ont pu garder la chose secrète pendant plus de quinze jours.Mais ils savent désormais que, contrairement à un Zine El Abiddine Ben Ali résigné, sa femme risque d’être un hôte encombrant et une source d’ennuis potentielle.

Source: “Atlantico” Le 20-09-2011

Lien: http://www.atlantico.fr/decryptage/leila-ben-ali-trabelsi-tentative-suicide-arabie-saoudite-tunisie-185517.html


En Tunisie, Amami tabassé par la police : « On a trop parlé de moi »


Mercredi dernier, le blogueur tunisienAzyz Amami (@Azyyoz) a été interpelléet passé à tabac par la police pour avoir raconté une histoire drôle de bananes en passant devant un poste de police, en référence à un discours du Premier ministre qui avait déclaré quelques jours avant : « 97% des agents de la Garde nationale sont bons, et le reste sont des singes. »

Azyz a été relâché.Il racontece passage au posteet surtout dénonce la poursuite des comportements policiers arbitraires et répressifs en Tunisie.

Huit mois jour pour jour aprèsle fameux 14 janvier, j’ai été illégalement arrêté et tabassé (le pléonasme est voulu, on ne peut être légalement tabassé) pendant quelques heures dans un poste de police. Grâce à la vague déferlante de solidarité, j’ai pu être vite libéré, excuses à l’appui.

Pendant trois jours, tout Internet (du moins celui visible en Tunisie) en parlait. C’était le buzz du moment, une affaire de banane. Et depuis on ne cesse de me poser la question, que ce soit en public ou en privé : « Mais quelle a été la blague ? ». Parce que le motif premier du défoulement policier sur mon corps civil fût bel et bien une blague.

C’est décidé, je vous raconte tout. La blague qui a causé mon arrestation est : « On s’en fout pas mal. » Enfants bananiers de républiques bananières (néo-ex-colons inclus), la main d’un système qui se débat pour survivre, n’en est pas à sa première singerie.

S’indigner, mais pas par simple copinage

Je remercie tous ceux qui se sont solidarisés avec moi. Mais quitte à s’indigner, il faudrait que ce le soit par rapport à la répression continue, non pas par simple copinage.

Le gouvernement actuel, héritier légitime de l’autoritarisme ancestral, n’a pas cessé de montrer (avec une fierté inégalée) son illégitimité, tant sur le plan du discours que sur le terrain.

BCE [Beji Caid Essebsi, ndlr], Premier ministre valsant avec l’ange de la mort, n’avait-il pas répété à maintes reprises au peuple tunisien que « de toutes façons, ce n’est pas vous qui m’avez mis ici, et je n’ai de compte à rendre à personne » ?

De même, la violence policière (toujours illégale) s’est maintes fois manifestée : le 28 janvier, ce furent les braves gars du sit-in de « Kasbah 1 » qui y goutèrent, persécutés ruelle par ruelle toute une nuit, qui restera comme une nuit des plus effroyables dans les mémoires.

La longue liste des victimes de la répression policière

Le dernier week-end de février, les manifestants anti-gouvernement eurent droit à un lynchage, balles réelles (Mohamed Hanchi en a été le martyr), des scènes de tabassage à trente policiers contre un (ce qui montre un peu la valeur arithmétique d’un policier).

En avril, avec les « vendredis de violence noire », quand des agents cagoulés et des policiers armés de bâtons frappèrent aveuglément les passants dans le centre-ville de Tunis.

Les événements de Siliana, de Menzel Bourguiba et Sidi Bouzid, dont un jeune a trouvé la mort par balles réelles. Plein de jeunes leaders locaux de la révolution ont été arrêtés et tabassés puis relâchés, un par un.

Hed Zoghbi, militant de droits de l’homme, est arrêté depuis quatre mois sans accusation, et il en est à sa troisième arrestation après la dite révolution.

Oussama Gaidi et Imed Aouidi, ont été arrêtés et tabassés le 24 avril par tous les services de police accessibles (dont le service antiterrorisme) pour avoir osé avoir une caméra en pleine rue.

Le 15 août , Refik Rezine – ressortissant algérien – a été tabassé de la pire façon, puis arrêté des heures pour avoir osé prendre des photos en pleine manifestation pour l’indépendance de la justice.

Un professeur universitaire meurtri a été laissé pour mort le même jour en pleine rue.

Amine Rekik y est passé auparavant.

Taher Melliti, simple bachelier ayant eu une mention « très bien » lors de son bac dans un quartier populaire, a trouvé la mort début août, après avoir été tabassé par quatre policiers, à mort.

Sans parler des violences extrêmes des manifestations de la fin mai, là oùBassem Bouguerra a failli laisser les bras.Encore moins de cet ami avec lequel j’ai pris des bières le lendemain de mon arrestation, et qui a été tabassé tout de suite après que l’on s’est quittés.

Et j’en passe de ces « cas » que je ne peux énumérer, dont une grande partie est mentionnée dansle rapport de la FIDH de 2011.Hélas, devant le traitement médiatique, ce ne sont que des « cas ». La police, la violence institutionnalisée, n’est pas indépendante de la volonté politique qui contrôle l’appareil exécutif. Et on l’a bien vu, les policiers ont beau gronder, ils se résignent toujours aux ordres.

On a trop parlé de moi

Je remercie encore de tout mon cœur ceux qui m’ont supporté. Mais, je ne peux que constater avec amertume que le « deux poids, deux mesures » est toujours là. Les médias, de mèche dans le petit jeu de « construction de symboles », y ont fortement contribué. Ainsi que le jeu d’influence qui en découle.

Jeté sous les projos, on a trop parlé de moi. Etant un « connu » relatif, mes amis se sont débrouillés, et le directeur de sûreté nationale est intervenu pour que l’on me relâche, après les pressions de la part de « connaissances », voulues et moins voulues, et après la campagne instantanée déclenchée sur Internet. En une seconde, les policiers se sont métamorphosés après ce coup de fil, et le loup a troqué sa peau contre celle d’un agneau.

Et bien que ça flatte mon égo, je ne peux m’en réjouir.Car ce n’est en rien l’acheminement logique des choses. Mes autres concitoyens n’ont pas eu droit à ce privilège, et c’est là que je m’effraie pour moi-même, de peur que ces médias ne me biaisent. De peur que même à travers ma personne, une mini-corruption revienne.

Mes concitoyens n’ont pas eu droit au privilège auquel j’ai eu droit, et qui a fortement allégé ce qui aurait dû être mon sort. Et ça me révolte. Ce n’est pas de leur faute qu’ils ne s’appellent pas « Azyz Amami », encore moins de la mienne.

Citoyens, ils ont droit au respect, de la part de ceux qui sont censés être les serviteurs des citoyens. Il ne devrait pas y avoir de différenciation, ou de répression, et l’indignation devrait être la même pour tous. J’aurais aimé voir cette même vague de solidarité avec Amine Rekik, Rafik Rezine, Sami Feriani, etc. Via les mêmes médias.

Pour finir, je dis que si nos policiers sont des singes, c’est parce qu’ils sont gouvernés par des macaques. Il suffit de voir Caid Essebsi gouverner, comme s’il était au dessus d’un bananier.

Source: “Rue 89” Le 20-09-2011

Lien: http://www.rue89.com/2011/09/20/en-tunisie-amami-tabasse-par-la-police-on-a-trop-parle-de-moi-222687

 


Tunisie : la démocratie naissante se fait sans les Français


Alors que les premières élections démocratiques tunisiennes auront lieu le 23 octobre prochain, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, élue PS, et Anne-Claire Jarry-Bouabid, ancienne élue PS, nous font remarquer que la France est bien absente dans les moments clés que vit actuellement ce pays. Gérant de surcroit les réfugiés libyens, la Tunisie se débat toute seule pour mettre en place un processus démocratique.

La Tunisie est en train d’accoucher de la première démocratie maghrébine , et cela ne semble plus intéresser personne en France. Pourtant, tant de leçons pourraient être tirées de ce qui s’y déroule. Plusieurs semaines passées en Tunisie nous ont montré ce que signifie une mise à nu d’une conscience politique, citoyenne et intellectuelle. Les esprits, décapés du vernis Benaliste et tourmentés par l’inconnu, font preuve d’une prolixité sans tabous, oscillant parfois d’une tendance vers une autre au gré des multiples débats télévisés qui ont remplacé le foot et les feuilletons égyptiens. On y trouve des radicalistes musulmans comme de fervents militants de la laïcité. Certaines femmes y mènent des combats idéologiques au péril de leurs vies : c’est bien à travers elles que la Tunisie ira vers le progrès ou régressera. Mais quels repères, quels guides, quels conseils, quels échanges ? La colonne vertébrale administrative reste miraculeusement solide, malgré quelques grèves. Ce consensus tunisien durera-t-il longtemps ? Néanmoins, si lors du passage en douane la peur a disparu , la pratique du bakchich perdure. Malgré l’augmentation des salaires des policiers, certains n’ont pas repris le travail et l’insécurité et les incivilités augmentent.L’armée, très respectée, est aujourd’hui garante de la stabilité du pays. Avec l’évolution du conflit libyen, elle va pouvoir « quitter » la frontière sud-tunisienne et réintégrer les villes.Les Tunisiens ne comprennent pas certains verdicts de la justice, trop cléments à leur goût, rendus à l’encontre des anciens du régime dans une période que d’aucuns qualifient de « transition opaque ». Sur le petit écran, des spots didactiques présentés par des personnalités de la société civile tunisienne ont incité tout l’été les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales. Malgré les premières inquiétudes, un nombre croissant de tunisiens, 52%, se sont rendus dans les mairies ouvertes tous les jours pour l’occasion. Mais que se passera-t-il après le 23 Octobre prochain et l’élection de l’Assemblée Constituante chargée de définir la nouvelle constitution du pays? Les partis tentent un travail pédagogique de fond, cependant ils sont plus de 100. Comment les Tunisiens vont-ils choisir? Et d’ailleurs comment fonctionnent ces partis, comment sont-ils financés? Est venu se rajouter à ce tohu-bohu généralisé le conflit libyen. Après avoir reçu des dizaines de milliers d’Egyptiens, Sri lankais, Africains à travers sa frontière de Ras Jdir au printemps dernier, la Tunisie a accepté sans ciller un million de réfugiés libyens, des deux camps. Cela a pu entraîner des différends sur son sol entre pro et anti-Kadhafi dont la violence a parfois nécessité l’intervention des forces de l’ordre tunisiennes. Mais la cohabitation s’est globalement bien passée. Cette arrivée massive s’est également soldée par des pénuries ponctuelles et artificielles de produits aux prix administrés (lait, sucre) que certains commerçants n’hésitaient pas à revendre au prix fort au marché noir. L’eau minérale et l’essence sont devenues rares, le carburant étant en fait acheminé par camions vers la Libye pour alimenter les belligérants. Les Tunisiens, pourtant peu coutumiers de ces faits, se sont pliés au rationnement sans protester, par solidarité avec leurs voisins qui leur demanderont certainement demain de les aider à reconstruire leur pays. Pourtant qui nous tient informés de ce qu’est devenue la Tunisie depuis le 14 janvier et des premières élections démocratiques, le 23 octobre prochain? La vie privée du président Sarkozy comme le retour de DSK nécessitaient-il plus d’attention qu’un peuple qui écrit l’Histoire de la région pour leur consacrer autant de temps et d’espace médiatique?Des semaines passent sans éditorial ni tribune sur ce qui se passe à nos portes, sur l’autre versant de la Méditerranée . Les Tunisiens, francophiles, ne demandent ni la charité ni qu’on leur donne des leçons. Ils cherchent un soutien et veulent gagner du temps pour ne pas tomber dans les mêmes écueils que nos démocraties plus anciennes. Ils attendaient peut-être des échanges de pratiques à la fois sur le fonctionnement des partis, les campagnes de proximité ou la tenue des bureaux de votes. D’autres sont venus leur en parler, pas tellement les Français.Aujourd’hui, la Tunisie se débat toute seule avec son passé et son avenir incertain. Toute seule, elle gère localement les conséquences du conflit Libyen. Toute seule, elle met en place un processus démocratique dont l’enjeu principal à nos yeux, en tant que démocrates progressistes, est de valoriser nos idées pour faire barrage aux intégristes islamistes, qui dans leur double discours ciblent surtout l’intégrité du droit des femmes. Eux sont soutenus : ils nourrissent leurs réseaux internationaux depuis de nombreuses années et bénéficient d’échanges pour optimiser leur campagne. En face, les démocrates sont ignorés par les partis républicains français, et c’est à tort. Il semble que notre pays n’ait pas encore pris la mesure de ce qui se passe là-bas. A quoi bon alors créer une Union pour la Méditerranée si nous sommes absents dans les moments clé que vivent ces pays ? Aujourd’hui comme hier, il est toujours aussi difficile pour leurs ressortissants, y compris leurs étudiants les plus brillants, d’obtenir un visa pour la France. Avons-nous réfléchi aux échanges équilibrés que nous pourrions établir ensemble?Car c’est bien en s’alliant notamment à la jeunesse démocrate tunisienne qu’une partie de la stabilité dans la région sera acquise, et ce dans l’intérêt de tous. Non, le silence de la France est décidément incompréhensible.

Source: ”Marianne” Le 20-09-2011

Lien: http://www.marianne2.fr/Tunisie-la-democratie-naissante-se-fait-sans-les-Francais_a210564.html


Une Française victime des nervis de Bachar El Assad


Entrevue avec Saadia Ali

Saadia Ali[1] vit à Paris et a participé aux rassemblements de soutien aux révolutions dans la région arabe. Vendredi 26 août, elle était présente lorsque le rassemblement quotidien du Châtelet en soutien au peuple syrien a été infiltré puis attaqué par des sbires de Bachar El Assad dont il est avéré qu’il s’agissait pour l’essentiel de membres du personnel diplomatique, protégé par leur immunité. Saadia Ali continue de manifester aux côtés des Syriens en lutte. C’est lors d’un rassemblement au Châtelet qu’elle a répondu à nos questions.

·Saadia Ali, vous êtes franco-tunisienne, pourquoi tenez-vous à exprimer votre solidarité aux Syriens ?

Je manifeste avec les Syriens, mais aussi avec le monde entier, pour la liberté et la dignité humaines.

·Que s’est-il passé le 26 août exactement ?

Ce jour-là, lors du rassemblement place du Châtelet, c’est moi qui avais le micro, dans une main, et de l’autre, je tenais un drapeau syrien. Je scandais des slogans. Jamais dans ma vie auparavant, je n’ai participé à la moindre bagarre. Une femme m’a insultée, avec des mots vulgaires. Elle m’a traité en arabe de « sale pute », m’a accusé de toucher de l’argent pour venir manifester ! C’était en arabe syrien et c’est une autre manifestante qui m’a traduit les insultes.

·Qui était cette femme ?

Comme je l’ai dit, j’étais tellement occupée par les slogans que je n’avais pas vu les nervis s’infiltrer dans notre cercle. J’ai soudain entendu des cris et tout le monde s’est mis à courir dans tous les sens. J’ai voulu m’enfuir, mais c’est là que je me suis retrouvée en face de cette nervis, une jeune femme vive et sportive, qui portait un pantalon et un blouson en jean et qui m’a porté plusieurs coups. Et moi, j’ai cinquante-quatre ans. Je lui ai dit de me laisser, que j’étais malade et sans forces. Mais j’ai perdu l’équilibre et j’ai eu une entorse à la cheville droite.

·Vous a-t-elle menacée ? Oui, elle m’a menacée. Et parfois, j’ai peur de la croiser dans la rue, qu’elle m’attaque à nouveau, à chaque fois que je viens aux rassemblements ou lorsque je rentre tard chez moi le soir. Quand je quitte les rassemblements, je m’arrange pour prendre les transports en commun avec d’autres manifestants et ne pas être seule.

·Avez-vous porté plainte ?

Après la bagarre, j’ai été conduite aux urgences de l’Hôtel Dieu. J’ai passé des radios qui ont détecté une entorse et on m’a donné un certificat médical attestant de la présence d’ecchymose au bras gauche. On m’a posé une attelle au pied. Jusqu’à maintenant j’ai du mal à marcher. Quand je suis sortie de l’hôpital, j’ai été au commissariat, mais comme il y avait trop de monde, c’est-à-dire les manifestants contre Bachar et les nervis de Bachar, j’ai dû revenir lelundi 29 août et là j’ai déposé plainte. Ensuite j’ai passé un examen médical sur réquisition judiciaire.

·Dès le lendemain, vous avez tenu à revenir manifester au Châtelet…

Oui, je reviens et je reviendrai manifester avec d’autres victimes de l’injustice. Je veux direBasta à tous les dictateurs et montrer qu’on n’a plus peur. Vive la liberté et la démocratie. Car nous sommes tous nés égaux.

Propos recueillis par Luiza Toscane le 10 septembre 2011


 


[1] Se reporter à « Femmes victorieuses contre l’impunité », 5 janvier 2009,http://memorial98.overblog.com/article-26463208.html

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