2 janvier 2012

 

 

TUNISNEWS
11 ème année, N°4204 du 02.01.2012
archives : www.tunisnews.net

 


AP: Des gardes-frontières tunisiens enlevés pendant quelques heures par un groupe armé libyen

African Manager: Tunisie : Marzouki voyagera dans le 737 de Ben Ali

Le Parisien: Le président tunisien aux politiques français : évitez l’islamophobie !

Maghreb Emergent: Tunisie – reprise du sit-in des jeunes chômeurs devant les usines du G C T à Gabès

Leaders: Les Tunisiens anciens de Harvard créent leur association

Business News: Mandat de dépôt contre Béchir Besnoun, extradé du Mali

Business News: Tunisie. Des experts donnent l’alerte: «l’oasis de Gabès est menacée»

Kapitalis: L’allergie de certains Tunisiens aux pays du Golfe est-elle raisonnable ?

Investir en Tunisie: Un budget 2012 aux couleurs du régime déchu, selon El Majd

Kapitalis: Gros plan sur le «style» de Soumaya Ghannouchi


 

Des gardes-frontières tunisiens enlevés pendant quelques heures par un groupe armé libyen

 
Créé le 01-01-2012 à 14h40- Mis à jour à 17h20
 
TUNIS (AP) — Le nouvel an en Tunisie a été marqué par un incident inédit à la frontière avec la Libye, où une patrouille de quatre gardes-frontières tunisiens a été kidnappée pendant plusieurs heures par un groupe libyen armé à bord de quatre voitures tout-terrain.
 
L’incident, qui intervient deux jours avant la visite du président tunisien Moncef Marzouki en Libye, s’est produit dans la localité d’El Aguel relevant de la délégation (sous-préfecture) tunisienne de Ben Guerdane, proche de la frontière libyenne, rapporte l’agence officielle TAP.
 
C’est le premier acte du genre dans cette zone frontalière où plusieurs incidents armés « isolés » ont eu lieu ces derniers mois, à l’instigation d’éléments libyens incontrôlés.
 
Selon le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur Hicham Meddeb cité par la TAP, trois membres de la patrouille ont pu s’échapper, le quatrième restant aux mains de ravisseurs dont le nombre et le mobile n’ont pas été précisés.
 
Cet otage, Walid Othmani, aurait été libéré dimanche matin, rapporte la radio Mosaïque FM, à la suite de contacts entrepris aussitôt par le ministre tunisien de l’Intérieur Ali Larayedh avec les autorités libyennes.
 
Blessé par balle à la jambe, il devait être transféré à l’hôpital orthopédique Kassab de Tunis après avoir reçu les premiers soins à Tripoli.
 
D’après Mosaïque FM, les ravisseurs seraient des contrebandiers opérant dans la zone frontalière.
 
Le porte-parole a cependant implicitement accusé « certaines parties », sans plus de précisions, de « tenter de troubler la sérénité des relations » entre les deux pays voisins, à la veille du voyage du président tunisien à Tripoli, pour son premier déplacement à l’étranger depuis sa récente élection.
 
La Libye est, après la France, le deuxième partenaire économique de la Tunisie avec un volume d’échanges de plus de deux milliards de dollars en 2010.
 
Le week-end avait par ailleurs été marqué par une manifestation devant le siège de l’Assemblée constituante, près de Tunis, hostile à la normalisation avec Israël.
 
Répondant à l’appel d’un collectif de 13 ONG tunisiennes, les participants ont observé vendredi un sit-in sous le slogan « je suis tolérant, je suis contre le sionisme ».
 
« Nous appelons les constituants à promulguer une loi qui criminalise la normalisation avec l’entité sioniste dans ses différentes formes politique, économique et culturelle », a déclaré à la TAP le président de la Ligue tunisienne pour la tolérance, Slah Masri, un des principaux organisateurs de la manifestation.
 
Les ONG ont appelé à la proclamation du 30 décembre comme « journée nationale pour la criminalisation de la normalisation ».
 
Elue en octobre dans la foulée du soulèvement populaire qui a fait chuter le régime totalitaire de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, l’Assemblée constituante, dominée par le mouvement islamiste « Ennahdha » et deux partis de gauche, le Congrès pour la République (CPR) et « Ettakatol », a pour principale tâche l’élaboration d’une nouvelle constitution.
 
Avant les élections, de nombreuses voix avaient préconisé l’inscription dans la nouvelle loi fondamentale d’une disposition qui interdirait la normalisation avec Israël. AP


 

Tunisie : Marzouki voyagera dans le 737 de Ben Ali.

AfricanManager
 
La présidence de la République tunisienne a annoncé que Moncef Marzouki se rendra en Libye à partir de lundi 2 janvier 2012 pour une visite officielle de deux jours. Il y sera accompagné d’une importante délégation d’hommes d’affaires tunisiens.
 
Ce lundi, le Président provisoire prendra le deuxième symbole de la République tunisienne. Moncef Marzouki qui conduit une délégation, de 40 personnes dont 10 ministres et un bouquet d’hommes d’affaires, voyagera pour la Libye dans le Boeing 737 de l’ancien président tunisien. Marzouki, dont la cour officielle en hommes d’affaires ne comportera que la patronne des patrons Wided Bouchammaoui, fera trois escales dont Tripoli et Mesrata. Le reste des hommes d’affaires, choisis, nous dit-on, selon la représentativité des principaux secteurs d’activité de la coopération tuniso-libyenne, auraient été priés de régler par eux-mêmes les détails de l’intendance de leur voyage.
 
(Source: « African Manager » le 2 janvier 2012)
 


Le président tunisien aux politiques français : évitez l’islamophobie !

 
Publié le 01.01.2012, 17h41 | Mise à jour : 21h02
 
PALAIS PRESIDENTIEL DE CARTHAGE (TUNISIE), 27 DECEMBRE 2011. Le président tunisien a placé derrière lui les portraits de trois martyrs de la lutte du peuple tunisien pour la liberté et la justice. De gauche à droite: Mohamed Bouazizi, dont l’immolation à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010 a déclenché les émeutes; Farhat Ached, l’un des principaux dirigeants du mouvement national et le fondateur de la centrale syndicale, l’UGTT, assassiné en 1952 par des officines françaises; Mohamed Daghbagi, résistant à la colonisation française, pendu en 1924, selon Mediapart
 
Le président tunisien s’invite dans la campagne électorale française. En adressant ses «vœux aux Français», sollicité par le site d’informations en ligne Mediapart, Moncef Marzouki souhaite aux «politiciens français» qu’ils «n’utilisent pas trop la carte de l’islamophobie» en cette année électorale.
 
L’ancien opposant au régime de Ben Ali, élu le 12 décembre président de la République tunisienne, explique avoir accepté de se prêter à cette cérémonie de vœux «bizarre» et «originale» dans la mesure où il s’agit «d’une tradition instaurée par le journal» qui avait accueilli en 2010 l’ancien résistant français Stéphane Hessel.
 
«La France n’est grande que dans la mesure où elle reste un pays d’accueil»
 
«Je souhaite aux Français que cette année ne soit pas trop dure (…), que les élections se passent bien et que certains politiciens n’utilisent pas trop la carte de l’islamophobie», déclare le président dans une vidéo (ci-dessous). «La France, qui tient en 2012 des élections présidentielle et législatives, n’est grande que dans la mesure où elle reste un pays d’accueil, le pays du refuge, de la tolérance, de la diversité culturelle», affirme celui qui fut exilé pendant dix ans en France.
 
«De ce côté-ci de la Méditerranée, nos peuples se réveillent aux valeurs de la démocratie, des droits de l’Homme, à la tolérance. Nous allons tout faire pour que les liens historiques entre nos deux nations se raffermissent encore davantage», promet-il, espérant voir un jour «cette union euro-méditerranéenne des peuples, des cultures et pas seulement des Etats».
 
Ne pas transiger sur les libertés publiques
 
A la tête d’un parti de la gauche nationaliste interdit sous Ben Ali, Moncef Marzouki, s’était rapproché des islamistes d’Ennahda, grands vainqueurs des élections d’octobre, après la chute du dictateur, en soulignant bien qu’il y avait «des lignes rouges» sur lesquelles il ne transigerait pas : «Les libertés publiques, les droits de l’homme, les droits de la femme, de l’enfant».
 
Les relations entre les deux pays avaient été crispées par la non-perception par Paris de ce qui se passait en décembre au début de la révolte en Tunisie, puis par les déclarations maladroites et la révélation des vacances de Michèle Alliot-Marie, alors aux Affaires étrangères, alors que la répression était déjà en cours. Le nchef de la diplomatie française, Alain Juppé, est attendu en fin de semaine à Tunis.
 
(Source: Leparisien.fr le 1er janvier 2012)

 


 

Tunisie – reprise du sit-in des jeunes chômeurs devant les usines du G C T à Gabès

 
Des jeunes chômeurs ont repris, depuis samedi soir, à Gabès, un sit-in à l’entrée des usines d’Acide Phosphorique et celle de DAP (Di-ammonium phosphate), relevant du Groupe Chimique Tunisien (GCT).
 
Ces jeunes chômeurs ont contraint, à une heure tardive de la nuit du samedi, les employés travaillant dans ces deux unités de production industrielle, à quitter leurs postes de travail, ce qui a arrêté net les préparatifs pour relancer le processus de production.
 
Ils ont expliqué à la TAP, le retour au sit-in par  »le durcissement de la position de la direction générale du GCT. Aucune solution qui réponde à nos aspirations en matière d’emploi, n’a été trouvée avec elle ».
 
Plusieurs sit-inneurs réclament la proclamation des résultats du concours organisé par le GCT pour le recrutement de 650 agents et techniciens, tandis que plusieurs autres demandent une intégration au sein de la société, tout en refusant les critères adoptés pour l’organisation du concours.
 
Les employés des usines du GCT avaient rejoint leurs postes, le 27 décembre 2010, après la levée du sit-in observé, par un groupe de jeunes chômeurs, depuis plus d’un mois, au niveau des entrées de ces usines.
 
Le Groupe Chimique qui a subi de grandes pertes à cause de l’interruption, depuis plusieurs mois, de sa production due à la multiplication des mouvements de protestation, a été contraint d’importer, récemment, 30 mille tonnes d’engrais azotés (Ammonitrate).
 
Une source de la direction régionale du GCT à Gabès, avait annoncé que durant les prochains jours, » 20 mille tonnes additionnelles d’ammonitrate seront importées, moyennant une enveloppe de 8 millions de dinars, un montant qui vient s’ajouter aux grandes pertes enregistrées, ces derniers mois, par le Groupe ».
 
Source: ”Maghreb Emergent” Le 01-01-2012

 

Les Tunisiens anciens de Harvard créent leur association

 
C’est finalement fait ! Les Tunisiens diplômés de Harvard viennent de constituer leur assocation qui portera le nom de HATS (Harvard Alumni of Tunisian Scientists, l’Association des scientifiques Tunisiens Anciens de Harvard). Pour son fondateur, le professeur Mohamed-Dahmani Fathallah [MDF, Harvard Medical School] c’est la consécration de 25 années de collaboration avec cette illustre institution d’outre atlantique.
 
Avec ses co-fondateurs, Fares Mabrouk [Harvard Kennedy School], le professeur Dhafer Laouini, les Drs Makram Essafi, Karim Ouahchi, Kaouthar Ajroud et Houda Haouas [HMS], ils se sont fixés comme objectifs i) de contribuer à promouvoir l’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche, en s’inspirant du modèle Harvardien ii) de stimuler les échanges et les collaborations avec Harvard et de multiplier les opportunites pour que les jeunes tunisiens méritants puissent bénéficier de formations doctorale ou post doctorale de haut niveau dans les domaines des sciences et technologie ainsi que la gouvernance iii} de promouvoir le transfert vertical des technologies et de participer à la mise en place des outils nécessaires a l’interaction fructeuses et la synergie entre les secteurs académique et industriel, condition sine qua non à l’édification d’une économie du savoir [KBE, Knowledge based economy].
 
Dahmani a ajouté : « Ce sera notre contribution à l’effort de construction du modèle de développement de la nouvelle Tunisie ; un modèle qui intègre les sciences et technologies mais aussi la bonne gouvernance, la méritocratie et l’éthique, comme valeurs essentielles pour un développement durable. Il a souligné que ces objectifs sont certes ambitieux mais l’ambition se conjugue bien avec l’humilité et le devoir envers notre pays.
 
Enfin il a rappelé l’association est ouverte à toutes les collaborations constructives et qu’elle compte sur toutes les bonnes volontés pour que HATS réalise ces objectifs dans l’intérêt de la Tunisie. L’association bénéficie du soutien bénévole de Me Wissem El Kamel, avocat Tuniso-Belge comme conseiller Juridique et financier.
 
Composition du Bureau directeur
 
Med-Dahmani Fathallah : Président
Fares Mabrouk : Vice Président
Dhafer Laouini : Secrétaire Général
Makram Essafi : Trésorier
Karim Ouahchi : Membre consultant
Khaouthar Ajroud : Membre consultant
Houda Houas : Membre consultant
 
Source: “” Le 01-01-2012
 
 

Mandat de dépôt contre Béchir Besnoun, extradé du Mali

 
A peine 24 heures après son extradition du Mali, le jeune Tunisien, Béchir Besnoun, condamné à mort et gracié par le gouvernement malien pour avoir fait exploser, le 5 janvier 2011, une bombonne de gaz devant l’ambassade française à Bamako, est désormais mis à la disposition de la justice tunisienne.
 
En effet, un mandat dé dépôt a été lancé, officiellement, à son encontre en attendant d’être déféré devant l’une des chambres criminelles du Tribunal de première instance de Tunis.
 
Source: ”Business News” Le 01-01-2012

 

Tunisie. Des experts donnent l’alerte: «l’oasis de Gabès est menacée»

 
L’Etat d’insécurité qu’a connu la région de Gabès au cours des derniers mois et l’absence des agents de la police municipale sont à l’origine de la dégradation de l’oasis de Gabès.
 
Les habitations anarchiques construites au cours de cette période, et qui se sont étendues au circuit touristique Gabès-Chenini, ont altéré le paysage autour de cette zone.
 
L’entrée nord de l’oasis, entre El Hamma et Gabès a perdu de sa superbe. Les palmeraies ne sont plus visibles de ce côté-là. A la place, de hautes rangées de briques et de ciment.
 
Le vide sécuritaire a également encouragé le trafic du «lagmi», le vin du palmier. Les vendeurs de cette boisson, très appréciée par les habitants de la région, vont jusqu’à sacrifier l’arbre pour en extraire la sève. Plusieurs variétés de palmiers sont ainsi condamnées à disparaître dans cette région.
 
Selon des experts environnementaux dans la région, la protection de l’oasis de Gabès constitue un impératif et une urgence. Ils appellent à l’élaboration d’un programme d’intervention pour protéger l’oasis qui doit être classée patrimoine universel.
 
Source: “Business News” Le 01-01-2011
 

L’allergie de certains Tunisiens aux pays du Golfe est-elle raisonnable ?

 
La Tunisie aimerait bien vouloir choisir ceux qui peuvent l’aider, encore faudrait-il qu’elle puisse le faire. Avec la crise actuelle dans le monde, elle doit chercher l’argent où elle le trouve.
 
Beaucoup aujourd’hui semblent développer une allergie à ce qui vient du Moyen-Orient, notamment du Qatar. Leur argument est le suivant : «Ces pays veulent influencer la Tunisie dans son mode de vie, alors il ne faut pas accepter leurs pétrodollars».
 
Certes, ceux qui craignent que l’argent en provenance des pays du Golfe entraînera une dépendance forte vis-à-vis de ces pays n’ont peut-être pas tort car, effectivement, on devient (presque) toujours engagé vis-à-vis de celui qui nous aide et surtout il vaut mieux avoir plusieurs soutiens plutôt qu’un seul.
 
Sauf que, vu son contexte économique, la Tunisie n’a pas les moyens aujourd’hui de faire la fine bouche. Est-il nécessaire de rappeler les alertes quasi quotidiennes ces jours-ci sur la fragilité de la situation économique tunisienne des différents acteurs économiques et surtout de la très sérieuse Banque centrale de Tunisie (Bct).
 
Et si l’on y regarde de plus près, de quelles solutions dispose la Tunisie aujourd’hui ?
 
L’urgence économique
 
Il y a quelques mois, la Tunisie a présenté un plan de relance très raisonnable de 125 milliards aux institutions mondiales.
 
Le G8 avait proposé une aide substantielle. Où en est-on aujourd’hui ? Quelle aide a reçu la Tunisie ?
 
Presque rien, une goutte d’eau. Environ 1 petit milliard entre la Banque africaine de développement (Bad) et la Banque mondiale (BM). Un don de 100 millions d’euros de l’Union Europénne (UE) et un prêt d’environ 200 millions d’euros de la France.
 
Soulignons qu’à part le don de l’UE, toutes les autres aides sont des prêts assortis de taux d’intérêts et on n’est pas dans le cadre d’une aide désintéressée, quel que soit le prêteur !
 
Sauf erreur, l’aide du G8, de 35 milliards promise à l’Egypte et à la Tunisie, n’est, au moment où ces lignes sont écrites, qu’un espoir hypothétique d’aide. Une belle promesse mais rien qu’une promesse ! Au point tel que les autorités égyptiennes viennent, chose plutôt rares, de dénoncer officiellement l’hypocrisie des pays qui ont promis de donner dans le cadre du G8, car Le Caire n’a encore rien reçu !
 
Il est évident que, pour justifier les prêts promis, les pays bénéficiaires doivent présenter des projets utiles et bancables. C’est là l’exigence de tout bailleur de fonds. La Tunisie et l’Egypte l’ont-ils fait ? Le Plan Jasmin tunisien, élaboré par l’ex-gouvernement, peut-il vraiment séduire les experts du G8 ? On l’espère bien, mais attendons pour voir la suite.
 
Pas besoin de promesses mais de financements
 
Alors ceux qui crient aujourd’hui à la mainmise des pays du Golfe sur la Tunisie, s’ils ont, comme ils semblent s’en prévaloir, des contacts bien placés au niveau des pays européens et du G8, ils devraient user leur énergie pour convaincre leurs connaissances d’appliquer leur promesse et d’aider financièrement la Tunisie.
 
A défaut, s’ils n’ont pas de solutions à proposer, qu’ils laissent le gouvernement démocratiquement élu tenter de sortir la Tunisie du marasme économique par tous les moyens dont il dispose. Sauf à nous pousser à croire que l’on veuille que la situation économique pourrisse au point tel que le gouvernement actuel «tombe» sous la pression populaire pour qu’un autre gouvernement, plus en phase avec les désirs de certains – disons le franchement moins islamiste –, prenne les commandes de la Tunisie. Bref, un retour en arrière sauf qu’à la place d’avoir un dictateur unique, on aurait un «directoire de bénis oui-oui dociles à souhait».
 
La Tunisie a aujourd’hui besoin d’une aide concrète, sonnante et palpable, et non, même si elle les accepte avec plaisir, de messages de sympathie et de soutien psychologique. Et puis le débat idéologique, s’il est peut-être nécessaire au sein de la Constituante, où se décide l’avenir du système politique dans le pays, il ne devrait pas polluer le travail gouvernemental. Car le Premier ministre Hamadi Jebali et son équipe ne vont pas travailler sur des dossiers appelés «identité» et/ou «modernité». Ils vont devoir œuvrer avec tous les moyens dont ils pourront disposer, à l’intérieur ou en comptant sur l’aide extérieure, pour stabiliser la situation dans le pays, de relancer la machine économique gravement grippée, trouver du travail à plus de 800.000 chômeurs, sortir de la pauvreté le quart de la population nationale, améliorer les conditions de vie dans les régions défavorisées, et, last but not least, contenir l’inflation et la hausse continue des prix, etc.
 
Source:”Kapitalis” Le 01-01-2012
 
 

Un budget 2012 aux couleurs du régime déchu, selon El Majd

 
En dépit de sa courte durée de vie, le budget de l’Etat pour l’an 2012 a pu faire couler énormément d’encore ! Adopté dans des conditions exceptionnelles (notamment en l’absence d’un débat en la matière), l’évaluation de ce budget a fait la Une de divers supports médiatiques.
 
Dans ce sens, le parti politique « El Majd » a invité, vendredi 30 décembre 2011, l’expert financier M. Mohamed Chouchen pour une rencontre évaluative de ce budget.
L’invité a mis en question l’absence d’une nouvelle méthode de développement : « La révision de la méthode de développement est indispensable. La Constituante a déterminé le budget de 2012 selon les méthodes de l’ex-Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. C’est un budget qui a les empreintes et les orientations du régime déchu et c’est honteux ! ».
La position de M. Chouchen a été partagée par l’ensemble des présents au débat. Le recours abusif à la compensation et à l’endettement (les emprunts financent 30% du budget) font de cette position « légitime et rationnelle » selon les différents intervenants.
Les présents ont ainsi proposé l’élaboration d’un audit des comptes de l’Etat et des institutions bancaires afin de bien évaluer les capacités et les richesses de l’Etat. Selon eux, l’architecture actuelle du budget n’a pas pris en considération les véritables ressources du pays, notamment les revenus du phosphate et du pétrole.
« Nous préconisons un audit des comtes de l’Etat et des institutions bancaires (vu leurs rôle dans l’opération de développement). La loi complémentaire qui sera adoptée février prochain, devrait stipuler ces points afin de donner plus de crédibilité au gouvernement Jebali et pour rompre avec les anciennes méthodes des gouvernements technocrates de Mohamed Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi », a conclu M. Mohamed Chouchen.
 
Source: “Investir en Tunisie” Le 01-01-2012
 
 

Gros plan sur le «style» de Soumaya Ghannouchi

 
Comme la plupart des exilés politiques madame Soumaya Ghanouchi est venue rattraper la marche révolution tunisienne, et comme la plupart des citoyens, regagnés brusquement par l’espoir et le désir de communication directe, elle a utilisé le support médiatique promu par les jeunes.
 
Après le 14 janvier, facebook et twitter sont devenus des espaces d’information, d’échange et de créativité. Très vite, des noms sont devenus familiers aux habitués de la Toile. Raja Ben Slama, Olfa Youssef, Bochra Bel Hadj Hmida, Salah Zghidi (pour ne citer que les plus lus) commentent brièvement les faits marquants, ce qui suscite une dynamique conversationnelle entre les «intellectuels» et leurs récepteurs inconnue jusque là.
 
La virulence des propos
 
Mais ce qui distingue les textes de Madame Soumaya Ghannouchi (que je reçois régulièrement par l’intermédiaire d’une amie), c’est la virulence des propos échangés due au style de la rédactrice. Non seulement les 69 articles signés par celle qui s’autoproclame «écrivain» manquent d’argumentation, de références sérieuses ou de légèreté vivifiante, mais ils sont produits selon le même schéma mental basé sur le binarisme – l’ami d’un côté et l’adversaire de l’autre – et le même canevas langagier, la louange (de la femme voilée, de la démocratie en islam, du père, ses idées, son parti, ses méthodes, sa perspicacité politique…) et la dénonciation (des «femmes démocrates», des laïcs, de la France, de la langue française, du bourguibisme, et ses avatars, le gouvernement de Béji Caïd Essebsi, le Comité de sauvegarde de la Révolution…)
 
Parce que le «bonheur n’a pas d’histoire» et que des discours louangeurs et des hyperboles creuses, le peuple tunisien n’en veut plus, plus jamais, je voudrais faire quelques petites remarques sur les «petits» (dans les deux sens du terme) articles publiés entre le 19 février et le 25 décembre 2011.
 
La facebookeuse y laisse libre cours à sa bile, ses ressentiments voire sa rancœur. Elle fustige, malmène, avertit, menace sans retenue ni pudeur. Quelques titres suffisent : «M. Béji arrêtez de nous embobiner» (27 avril 2011) ; «BCE, un objet (ou un produit) en plastique» (31 mars) ; «Qu’ils démissionnent sans regret et qu’ils partent aujourd’hui avant demain» (25 mai) ; «Comité du vol de la révolution, de la corruption politique et du renversement démocratique» (19 mars) ; «Ennahdha et les faux (ou artificiels) modernistes» (13 mai) ; «Aucune solution à part une deuxième révolution» (2 juin) ; «Ils détestent Erdogan de la même manière qu’ils détestent Ennahdha» (15 septembre) ; «Entre les femmes réelles et les fausses femmes» (3 novembre) ; «Voici venir le temps où il faut arracher l’honneur de la représentation de la femme d’entre certaines mains» (4 novembre).
 
Certitude, arrogance et irrespect d’autrui
 
Ecrites en gras et dans la langue d’Ibn Khaldoun (que j’ai essayé de traduire comme je peux et sans franchir les limites du respect que je dois à mes lecteurs), ces affiches choquent le lecteur, contreviennent aux normes islamiques de la tolérance et nous renseignent sur le caractère de la rédactrice. «Le style, c’est l’homme», pensait Pascal.
 
Pascal, l’homme de la «Renaissance» française qui a su (et pu) dépasser la polémique et découvrir les vertus de la foi combattante. Sa foi immerge dans la Bible, mais observe les choses de tous les angles dans un effort infini de décomposition et recomposition de l’équation humaine. Sa voix humble, détachée et fragile me rappelle les douces voix de nos maîtres soufis et celles de mes ancêtres zeitouniens qui nous ont transmis un islam tolérant et un langage ouvert.
 
La certitude, l’arrogance et l’irrespect d’autrui de Soumaya Ghannouchi (qui, faisant fi de la tradition orientale, ne se présente pas par le nom de son époux) m’attristent en tant que musulmane et me dérangent en tant que citoyenne croyant dur comme fer en une Tunisie démocratique et définitivement libérée du joug de la dictature.
 
Certes notre «écrivain» réclame à corps et à cri la démocratie, les libertés générales et individuelles : liberté de parole, de vie, et d’habit notamment le hijab, thème privilégié, toujours d’actualité et mêlé à toutes les sauces. Mais son «style» dit tout autre chose ; il donne à voir ses contradictions et ses véritables intentions.
 
Je passe sur les clichés usés jusqu’à la corde du genre les modernistes sont les «ennemis» (mot très cher à l’«écrivain») d’Ennahdha et de l’islam, ou les femmes (non nahdhaouies) sont des êtres sans foi ni lois, appartenant au «club parisien», des fumeuses qui circulent en mini-jupes, traînent dans les boîtes de nuit pour noyer leurs chagrins dans l’alcool (voir l’article du 3 novembre 2011).
 
Je passe également sur l’incohérence de l’«écrivain» qui affirme avoir été élevée dans un climat familial où règnent la libre parole et l’affirmation de soi, et qui se fait, par ailleurs, un docile porte-drapeau de son «père» et de ses idées machistes. Je passe aussi sur le retournement des postures : après avoir été une demandeuse de grèves, sit-in, désobéissance civique, l’«écrivain» se transforme en une dénonciatrice acariâtre de toute forme de protestation sociale ou politique fabriquée par une minorité jalouse qui comploterait contre la marche triomphale de son parti gagnant. Aussi réclame-t-elle pondération, patience, douceur et bonne conduite.
 
Insolence et subjectivisme étriqué
 
Mais c’est le 25 décembre 2011 que sa plume la trahit. Alors que la polémique fait rage à l’occasion de la nomination de son époux à la tête du ministère des Affaires étrangères, elle publie un article intitulé «Nous allons traduire ces diffamateurs en justice». Avec la même insolence, le même subjectivisme étriqué, elle s’attaque aux journalistes, internautes, citoyens qui ont eu l’audace de contester cette nomination bien méritée selon elle.
 
A arrogance, arrogance et demie. Les réponses explosent immédiatement, elles fusent de toutes parts et sous différentes formes. Aux articles parus dans la presse et les réseaux sociaux, s’ajoutent les 1.537 commentaires (observés à ce jour) sur le compte de Soumaya Ghannouchi, des commentaires aussi diffamatoires les uns que les autres : les «amis» la félicitent sans oublier d’insulter ses ennemis (et les leurs), et les «ennemis» la déchirent en déchirant son époux, son père, son parti, ses proches. Rien n’illustre mieux la fameuse assertion de Sartre «l’Enfer c’est les autres», que cette cascade de notifications qui se suivent et se ressemblent. Elles dénotent une même violence et une tension sociale réellement préoccupante.
 
Il va sans dire que la réussite (ou l’échec) de notre Tunisie postrévolutionnaire dépendra de notre aptitude à dépasser le nombrilisme, les querelles de partis, et l’opposition stérile. L’ouverture passe (et se fait dans) la parole. Les sciences de la communication ont montré qu’il existe une similitude entre les catégories de pensée et le langage. On sait, par exemple, que l’ordre, la demande, l’avertissement, classés dans la même catégorie des «directifs», contreviennent au processus dialogique qui définit toute relation horizontale, fondement de la démocratie. L’emploi des «directifs» dénote le figement du sujet parlant et le déni de la différence. Il a été démontré également que la louange et la diffamation sont étroitement liées (elles se répondent comme des échos) et que certains actes de langage se retournent souvent contre ceux qui les profèrent comme la promesse, la menace et l’auto-valorisation (qui est forcément une dévalorisation de l’adversaire).
 
Il est à noter que cette nouvelle science, la pragmatique, fleurit en Amérique et en Angleterre. Les linguistes et les lecteurs francophones sont en train de la découvrir et de rattraper le retard.
 
Madame l’«écrivain» pourrait s’abreuver à la source pour le bien de tous. Qui ignore désormais l’influence des premières dames sur les citoyens tunisiens, les hommes politiques et l’appareil de l’Etat ?
 
Source: ”Kapitalis” Le 01-12-2011
Lien: http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/7596-tunisie-gros-plan-sur-le-lstyler-de-soumaya-ghannouchi.html

 

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