Assabilonline: Ben Gardane est le théâtre d’événements sans précédent – La population réclame « Ras Jdir » AFP: Tunisie: affrontements avec la police Afef Bennaceur: Un mois sur quatre ans Taoufik Ben Brik: Fahem Boukadous, le Panda -15 juillet-15 août Slim Bagga: Lettre d´Andalousie (5) Ahmed Ounaïes: La republique – un ideal exigeant Khémais KHAYATI: Question d’images ou l’image en question ? Magharebia: Tunisia caters to Algerian tourists Kapitalis: Algérie. Tahar Ouettar et la Tunisie Kapitalis: Tunisie. Com à l’américaine INN: Hadad’s Arrest a Political Move, Libyan Admits Palestine Note: Gaddafi son: ‘Palestinian prisoners were swapped for Israeli’
Ben Gardane est le théâtre d’événements sans
précédent – La population réclame « Ras Jdir »
Tunisie: affrontements avec la police
Par AFP 14/08/2010 Des affrontements entre Tunisiens et forces de l’ordre ont fait des blessés dans la région de Ben Guerdane, dans le sud de la Tunisie, à une trentaine de kilomètres de la Libye, après la fermeture du point de passage entre les deux pays, a-t-on appris aujourd’hui de source syndicale. “Depuis le début de cette semaine, la ville de Ben Guerdane a connu des accrochages violents entre citoyens et forces de l’ordre”, a précisé la source, évoquant des blessés et des dégâts matériels. La principale cause des troubles a été la fermeture du seul point de passage frontalier entre la Tunisie et la Libye aux habitants de Ben Guerdane voulant introduire des produits importés, a-t-on ajouté. Cette fermeture imposée par les autorités libyennes, selon la même source, a provoqué la colère d’habitants déjà mécontents d’une taxe de 150 dinars (80 euros) instaurée il y a quelques mois par la Libye pour le passage de chaque voiture. “Des jeunes ont brûlé des pneus et ont lancé des pierres sur des voitures de la police et de voyageurs libyens” a-t-on ajouté. La raison de la fermeture n’a pas été précisée et aucun commentaire n’a été fait par les autorités tunisiennes interrogées sur ces informations. La majorité de la population de Ben Guerdane, une ville connue par son important marché de produits importés de Libye, tire leur ressource du commerce avec le pays voisin. Les Tunisiens sont généralement exemptés du visa d’entrée en Libye, ce pays accordant des avantages aux hommes d’affaires tunisiens. La Libye est actuellement le premier partenaire de la Tunisie au niveau régional et le cinquième à l’échelle mondiale, après la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, avec un volume d’échanges estimé à plus de deux milliards de dollars (960 millions d’euros) annuels.
Un mois sur quatre ans
Le 14 août 2010 Aujourd’hui, mon mari, le journaliste Fahem Boukaddous, a effectué un mois d’emprisonnement sur les quatre ans auxquels il a été notoirement condamné et qui sont, -le doute n’est pas permis-, le fruit d’un procès inique, qui a fait fi des critères minima, locaux ou internationaux, de l’équité, mais il y a plus, le maintien de Fahem derrière les barreaux, dans les conditions sanitaires qui sont les siennes, n’a pas la moindre justification, y compris si on le replace dans le cours de l’affaire connue comme celle de l’ »entente criminelle ». Fahem est enfermé dans une pièce dont on peut dire qu’elle correspond aux descriptions négatives des prisons tunisiennes quant à la surpopulation, la pollution de l’air, les maladies, les perversions, le brouhaha qui détruit les nerfs…. Il résiste sans nul doute à ces circonstances pour passer les journées et surmonter les crises d’asthme qui se sont aggravées ces derniers jours, du fait de la tension nerveuse, des difficiles conditions et du faible suivi médical. Il commence le second mois, loin de sa famille et de sa vie, de sa profession qu’il aime en dépit de son coût exorbitant, coût dont il était conscient, refusant tout marchandage pour transmettre la vérité nue, et toute trêve pour faire triompher les causes des couches déshéritées et opprimées, cette victoire qui l’a placé malgré la distance au cœur de la splendide insurrection du bassin minier. […] Il a contribué dans une large mesure à remettre l’insurrection sociale dans son vrai cadre et à abattre le mur du silence érigé par la dictature pour d’induire en erreur l’opinion publique à l’intérieur et surtout à l’étranger sur ce qu’on appelle mensongèrement le miracle économique tunisien, la prospérité sociale et autres slogans trompeurs. Fahem Boukaddous a résisté avec honneur et est entré en prison avec dignité. Chaque lundi matin lors de ma visite, j’intercepte sur les traits de son visage, l’éclair de son regard, les paroles qui échappent au contrôle et à la paroi de la vitre, de nouvelles acceptions de la résistance, de l’espoir d’une véritable victoire, des valeurs de la liberté et de la justice sociale. Liberté pour Fahem Boukaddous Honte aux ennemis de la liberté Afef Bennaceur (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Fahem Boukadous, le Panda -15 juillet-15 août
Taoufik Ben Brik. Tout un mois long. Tout un mois loin, très loin de chez toi. Longtemps. Tout un mois en prison. Trente jours sans Afef, ta little big woman. Trente jours loin des petites ruelles poussiéreuses d’Erdayef. Sans la poussière blanche sale du phosphate qui te cause peut-être ton asthme. Mal. Très mal. Trente jours en prison pour un homme né libre. Comment tu les passes ? Est-ce que tu les comptes comme nous, les captifs du dehors ? Est-ce qu’Afef te prépare tes bons petits plats pour les partager avec tes codétenus tous pauvres ? La douche c’est mercredi ou samedi ? Qui lave ton linge propre ? Combien dure la visite ? Juste pour dire « ça va » pour rassurer Afef. Pour qu’elle tienne bon et flan…Au cachot. Finis les salamalecs. Comment ça fonctionne pour toi en prison ? Tu es un gibier rare. Les matons te bichonnent sans cesse. Je suis sûr qu’après un mois, ils ont pondu un quintal de rapports sur toi. Sur ton moral, sur ton comportement en captivité ! Normal. Tu es le premier gorille né dans un zoo, un poisson sur terre et un oiseau sans ponte. Un tigre blanc. C’est quoi d’être tout le temps sous contrôle ? Mais peuvent-ils contrôler ce qu’il y a sous ta caboche ? Peuvent-ils acheter chez l’épicier du coin tes pensées, ta volonté? Tu es fils de mineur. Tu as tes propres galeries souterraines. La terre t’offre ses propres entrailles. Tu n’as que faire de la surface. Plonge alors pour échapper à la superficialité des autres. Ces autres qui ne comprennent pas ton langage. Un langage d’E.T. Je sais que dans ta tête il y a toujours un arc en ciel, que le mariage du loup s’est consommé et que la rencontre de troisième type a lieu. Dans ta tête, il y a ce leitmotiv : maison…maison…Pendant ce mois loin de chez nous, près de chez vous, la terre entière a parlé de toi. L’Etat français, l’Etat américain, RSF, CPJ, HRW, AI, FIDH, CRDHLT, FTCR, LTDH, CNLT, IFEX, Pen Club, Al Jazira, FR 24, TV5, The Economist, Le Nouvel Observateur, le Monde, Libération, JDD, El Watan, Tel Quel, Al Mawquif, Tunizine, Kalima, Takriz, Mouatinoun… jusqu’à Tunis 7. Qui dit mieux ? Bon boulot, mon gars ! Il y a surtout ton infatigable Afef qui ne se lasse pas d’ameuter la planète entière. Mention spéciale pour Mohieddine Cherbib, Tunisnews, le site d’El Badil qui font le relais. Ton incarcération, c’est du pain béni. Une juste cause gagnante. “Un bon client” diront de toi les ONG. Qui aurait cru qu’on peut capter l’attention des média en ces mois-festivals. Tu as réussi là où toutes les organisations confondues ont failli : pousser l’Amérique à blâmer Ben Ali. Depuis tu es devenu le Tunisien le plus googolisé du pays. C’en est fini de ta petite stature de journaliste local. Ici et maintenant tu traduis à toi tout seul la tragédie tunisienne. Tu fais peur. Tant que tu étais un pygmée, tout le monde te trouvait beau et gentil. Maintenant que tu as poussé comme un arbre géant, tu dois gérer les petites convoitises. (Pourquoi lui et pas moi ? Qu’est-ce qu’il a fait de plus qu’on a fait déjà). Jalousie et autres mesquineries. Mesquin est un mot arabe. Tu les connais mieux que moi les Nabaras de quat’ sous. Ben ! C’est comme ça. Il ne suffit pas de trimer, de labourer le champ. Il faut savoir être au bon moment et au bon endroit pour rafler la mise. Il faut aussi pour « crever l’écran » avoir de la chance de son côté. La chance t’a élu. Bienheureux ceux qui sont nés sous une bonne étoile. Ceux que la chance a oublié resteront à jamais dans l’ombre. Désolé les Salieri ! Sur le rocher de l’éternité, il n’y a de place que pour Mozart. Les historiens de la résistance diront qu’il y a un « avant » et un « après ». To be or not to be. Reste cette sensation d’impuissance qui nous gangrène. Qu’est-ce qu’on peut faire de plus pour faire plier Ben Ali ? Danser la danse du ventre peut-être ? Mais tu sais qu’on ne sait que danser le Fazzani Mertah. Mais pour toi on va s’initier à toutes les danses du monde. Tango frangin. Taoufik Ben Brik (Source: “Nouvelobs” le 14 juillet 2010)
LETTRE D’ANDALOUSIE (5)
Par Slim BAGGA
COMBIEN Y A-T-IL D’AMBASSADEURS DE TUNISIE A PARIS?
La diaspora tunisienne en France, et tout particulièrement le microcosme parisien, sont aux anges et regardent le spectacle affligeant qu’offre la guerre larvée menée par Mezri Haddad, représentant tunisien à l’UNESCO contre l’ambassadeur Raouf Najjar.
Au printemps dernier, ce dernier a même dû recadrer publiquement l’agité Haddad lorsqu’il l’avait maladroitement interrompu lors de son allocution au cours d’une réception.
C’était une manière tout à fait légitime de rappeler à la girouette que c’était lui, Najjar, le patron et le représentant officiel de Tunisie en France.
C’était sans compter avec la hargne de Mezri Haddad.
Tous les jours, prétendent des milieux très informés, celui qui est censé s’occuper de culture et d’éducation, tient dans les locaux mêmes de l’UNESCO des réunions à caractère politique dont le but est de destabiliser Raouf Najjar “incompétent et mou dans sa démarche de contrecarrer l’opposition et d’occuper la scène médiatique”.
Au cours de ces réunions, il y a bien sûr Ahmed Kedidi, le faux ami de Mohamed Mzali et d’autres prétendants au retour, usés par l’exil ou aspirant à des miettes comme leur mentor qui leur promet monts et merveilles. Pour le moment, ils n’ont que l’espoir à caresser puisque même des droits comme le passeport tardent à se concrétiser.
L’arrière-pensée de Mezri Haddad est sans nul doute d’occuper un poste politique. Pourquoi pas? Après tout, lorsqu’on observe de près la nullité ambiante au sein du régime, Mezri Haddad peut prétendre représenter une bougie dans la pénombre….
MEZRI HADDAD: DES COUPS BAS POLITIQUES, CERTES…
MAIS AUSSI MENSONGES EHONTES
Le mensonge chez le représentant tunisien auprès de l’UNESCO est une constante dont peuvent témoigner tous ceux qui l’ont approché.
Ainsi, en 1996, il racontait à tous ceux qui voulaient bien l’entendre qu’il était au moins co-fondateur de “L’Audace”. Et il tenait à cette reconnaissance comme à la prunelle de ses yeux. Curieusement, cette période de sa vie où il collaborait assez assidument au journal a disparu de son CV et de son blog. La prudence est une vertu dont Mezri Haddad a appris à user avec le temps.
En avril 2010, Mme Khedija Zammouri, une Tunisienne de 45 ans dont on loue partout les compétences, a été nommée assistante de la directrice générale de l’UNESCO, la Bulgare Irina Bokova. Et Mezri de saisir au vol cette nomination pour s’attribuer tous les mérites du lobbying quant à cette désignation. On lira même sur certaines colonnes de la presse officieuse que la nomination de Khedija Zammouri à l’UNESCO est “un témoignage de l’habileté diplomatique du régime et de son prestige”. On a à peine manqué de préciser “le prestige de Mezri Haddad”…
En réalité, c’est faux, absolument faux: la nomination de cette dame a été faite grâce à ses compétences reconnues et ses diplômes, contrairement à ceux qui n’ont obtenu ce poste qu’à force de courber l’échine et vendre leur âme.
A ce sujet, et pour rester dans les délicieuses confidences, beaucoup ont assisté à la sortie indécente de Mezri Haddad contre Moncef Marzouki à l’Institut des sciences politiques de Paris en octobre dernier. Il s’est de manière grotesque adressé au président du CPR en lui lançant: “Tu couchais chez moi lorsque tu n’avais pas où dormir en France”. Tout le monde a été scandalisé par de tels propos mesquins; pourtant la vérité est ailleurs.
Il faut savoir qu’à chaque arrivée de Moncef Marzouki à Paris, lors de ces années de plomb, Mezri Haddad s’organisait pour accaparer “son ami” et organiser lui-même ses rendez-vous, ses déplacements où il l’accompagnait du reste.
Et…un beau jour, je crus rêver lorsque Mezri Haddad m’affirma Place de la Sorbonne à Paris: “Je ne comprends pas ces gens-là. Ils veulent tous rencontrer Moncef Marzouki. Eh bien non, qu’ils me donnent de l’argent d’abord”. “Ils”, c’était Mohamed Mzali, Ahmed Bennour, Tahar Belkhoja…
Pour mes commentaires, inutile d’en rajouter. Tout est dit!!!
2014, C ‘EST AUJOURD’HUI
Beaucoup semblent surpris par la précocité de ces appels à Ben Ali pour se “représenter” en 2014. Ils lancent des pétitions et des suggestions invitant ce monsieur à la raison et au comportement civil et civilisé.
J’avoue que ces initiatives m’amusent. Quant à Ben Ali lui-même, elles doivent le faire plier en quatre.
Car l’on semble ne pas réaliser que ce tyranneau usurpateur ne se représente pas: il reste et restera ainsi que sa smala jusqu’au dernier souffle. De quel bon sens peut-on parler avec un dictateur? Les dictateurs, les tyrans, ça ne s’en va pas: ça se chasse, ça se pousse à la porte, ça s’éjecte…!!!
Personnellement, je n’ai nullement été surpris par ces appels infâmes: savez-vous que le nom du domaine benali2014. je ne sais quoi avait été réservé bien avant le déroulement de la mascarade du 25 octobre 2009?
Ainsi, et puisque 2014 commence aujourd’hui, j’ai mis à la disposition des rares courageux patriotes informés, qui avaient accompagné “L’Audace” durant de longues années une adresse mail ultra sécurisée: zabanostra@gmail.com
Je leur demande, même anonymement de nous transmettre des informations, toutes sortes d’informations, principalement sur le pillage de l’Etat et des biens publics.
Je vérifierai et publierai dans le cadre d’un projet en gestation.
Si Ben Ali et ses veules conseillers ont choisi que 2014, c’est aujourd’hui, faisons en sorte que la guerre de l’information concernant les méfaits de cette mafia commence à son tour le plus tôt possible…
LA REPUBLIQUE DES LÂCHES: JE PERSISTE ET JE SIGNE
Un certain nombre de lecteurs m’ont transmis leurs désapprobations et leurs désaccords sur les termes utilisés dans la lettre d’Andalousie (4), intitulée ” la République des lâches”.
Selon eux, il était excessif “d’insulter et de mettre dans le même panier une large partie de notre peuple”. J’en meurs de rire encore…
Je dois tout d’abord rappeler que ce sont toujours les mêmes, bousculés par leur conscience ou ce qu’il en reste, qui se cachent derrière des symboles grandiloquents comme le peuple, le pays, la fonction présidentielle, pour justifier leur propre couardise et leurs veuleries.
Je persiste et je signe que c’est une République de lâches où une magistrate bataillant pour l’indépendance de la Justice se trouve mutée à 500 km de la capitale, le jour même où une poignée de lâches ouvrent le bal invitant un tyran a prolonger sa tyrannie, à poursuivre le désossement du pays et l’assujettissement du peuple dont on me parle…
Comment devrais-je appeler, désigner, nommer, qualifier ces commis de la République , ces ministres, ces cadres de la police, ces officiers de l’armée qui se teignent les cheveux pour faire comme qui vous savez, qui sont à la recherche du “Hesh Heenara”, ce produit importé d’Inde pour noircir les cheveux, alors que des milliers d’autres sont à l’affût d’un proxy pour s’informer sur la Tunisie ou tout simplement lire leurs mails?
Comment dois-je désigner ces hauts fonctiuonnaires “enchemisés”, cravatés en violet? Et ces décors de la Télé où règne la violette dans un Etat de mauviettes…
Arrêtons, arrêtez plutôt cette mascarade. Dans ce pays où l’on rivalise pour faire preuve d’insuffisance, d’absence de personnalité et d’indignité pour plaire à un piètre dictateur, ne me parlez plus d’excès ni de sévérité des mots…
LE MIRACLE ECONOMIQUE, C’EST A RAS JEDIR
Par 48 degrés de chaleur, la population de Ben Guerdane, frontalière de la Libye , fait front depuis plusieurs jours à la police, à la Garde nationale et aux divers renforts sécuritaires accourus de Sfax et de Gabes notamment. Elle proteste contre la taxe de 150 dinars (80 euros) imposée à chaque voiture tunisienne par l’agité de Tripoli Kadhafi. Conséquence: Ben Ali décide de la fermeture de ce passage et mate la population menacée dans sa subsistance, dans son quotidien.
La presse observe un silence assourdissant, et il n’est aucune voix pour s’interroger sur les visées et les arrières-pensées du berger de Tripoli.
En effet, chaque fois que ce dernier veut obtenir quelque chose de son ami Zinochet, c’est la population du sud tunisien qu’il pénalise.
Déjà, l’année dernière, il avait imposé une taxe surélevée aux commerçants pour faire pression sur Ben Ali et récupérer l’argent qu’il avait avancé à Belhassen Trabelsi pour l’acquisition de deux hôtels à Djerba. Le crâne d’oeuf-frère de sa soeur ne l’entendait pas de cette oreille, et les plus démunis ont casqué jusqu’à ce qu’il cède et rembourse sur ordre de Ben Ali 40 millions de dollars environ…
A Ras Jedir, depuis une semaine, sueur et sang giclent en plein mois de ramadan, et l’on continue à nous chanter les louanges d’un imposteur qui a hypothéqué le sud tunisien auprès d’un imprévisible fou…
Slim BAGGA
EDITO LA REPUBLIQUE : UN IDEAL EXIGEANT
Ahmed Ounaïes, 25 juillet 2010 La République est exigeante, elle interpelle nos consciences et notre sens du devoir national. Méditons les enseignements de plus de cinquante ans de pratique républicaine. Nous méritons un statut avancé en matière de développement politique et d’essor culturel. Nous méritons, sans devoir l’acheter, une meilleure image dans le monde. Posons, pour la prochaine décennie, dix enjeux essentiels parfaitement accessibles.
Par Khémais KHAYATI
Deux événements ont marqué le PAT (Paysage Audiovisuel Tunisien) durant ces dernières semaines et principalement aux premiers jours du Ramadhan. Partant du plus anodin au plus gravissime, ces événements sont : celui de la pétition qui circulerait entre les « artistes » demandant l’arrêt de l’émission « Sans Courtoisie » (Bila Mujamala) sur HTV et le plus dingue est celui initié par quatre jeunes avocats demandant au Mufti d’interdire la diffusion de trois feuilletons étrangers –
iraniens en l’occurrence – diffusés par Nessma et Hannibal et accusés d’enfreindre l’interdiction de la représentation des « Prophètes, des Messagers, des compagnons et des dix annonciateurs du Paradis »…
Qui voit quoi ?
Tout d’abord pour être un tantinet scientifique dans notre appréciation, voyons à qui le téléspectateur tunisien accorde-t-il sa préférence parmi cette offre pléthorique ramadhanesque. D’après une étude menée par Sygma Conseil sur un échantillon de 1250 individus représentatifs et couvrant les 24 Gouvernorats pour les deux premiers jours de l’édition 2010 de Ramadhan, il apparaît que HTV a chuté le premier jour de 46.3% à 45.3% pour le second tandis que la chaîne nationale T7 a progressé de 45.1% à 48.2%. Quant à Nessma, et malgré son matraquage publicitaire, elle a gagné trois points passant de 31.1 à 34.3% laissant derrière elle la parente pauvre du PAT, Tunisie 21, qui n’a progressé que d’un point, passant de 9.3 à 10.4%… Ceci pour le parc des chaînes nationales… Quant aux chaînes étrangères (arabes principalement), elle s’annoncent ainsi : MBC1 (7.9%), Mélodie Drama (1.0%), Al-Jazeera sport (0.8%), al-Jazeera (0.6%) et l’écran coranique al Majd avec 0.5% .
Le Ramadan, puisqu’il se caractérise par ce mode de vie agnatique, est un vrai examen de passage pour les chaînes télévisuelles nationales et leurs productions et ce en l’absence d’une instance de régulation existant en tant que telle et ayant qualité juridique pour le faire… Les deux premiers jours ont donné les préférences suivantes … la liste des productions les plus suivies – selon Sygma – comporte : Noujoum al-Lil (Hannibal TV) dans sa seconde saison avec 32.4%, Casting (Cactus Prod &T7) avec 26.9%, Nessibti Laaziza (Nessma TV) avec 20.7%, Dar al-Khleaa (T7) avec 15.4% et Gueddachna Logik (T7) avec 14.9%, Tunis 2050 (HTV) avec 7.5%, Min Ayyaem Mliha (T21) vient après le journal de 20h, avec 5.8% suivi par Le prêche de Cheikh Machfar (T7-Radio Zeitouna) avec 5.0% talonné par Ness Nessma et Kollena Twansa, qui ont respectivement obtenu 4.9 et 4.7% … Sans préjuger des retournements du lendemain, il est à remarquer que ce top ten comporte quatre productions du service public (Dar al-Khleaa, Gueddachna Logik et Min Ayyem Mliha) et une production (Casting) en bartering avec Cactus Prod (Sami Fehri)… Seul le Syrien « Bab al-Hara » en tant que production étrangère a obtenu 10.3%, bien qu’il soit à sa cinquième édition.
On se tromperait de pays ?
Si les « artistes » tunisiens (entre guillemets) avaient réellement signé cette pétition demandant l’arrêt de l’émission Bila Mujamala (HTV) qui joue tant bien que mal son rôle d’agitateur culturel grâce, principalement, au franc-parler du journaliste Lotfi Laamari, si cet acte se révèlerait être vrai… il nous faut chercher un psy pour ceux qui l’ont signée… Pourquoi ? Parce que demander l’arrêt d’une émission de quelque nature et de quelque niveau que ce soit dans une période et une aire où l’expression dans le cadre de la loi est seule garante d’un peu de sincérité, c’est vouloir revenir aux enfants de chœur, à la chaîne unique, au parti unique qui sont les ennemis désignés de l’image et de la liberté d’expression… Les artistes qui auraient émis un tel désir démontrent qu’ils n’ont pas un zeste d’art mais bel et bien un business du gosier. Rien de plus…
Si les choses s’étaient arrêtées là, on aurait dit que ce ne sont là que velléités d’artistes bien en mal de public et que ce n’est pas bien bête pourvu que ce soit passager… Mais que nenni !
Ne voilà-t-il pas que quatre avocats, des jeunes de surcroît, qui étaient censés connaître à la fois le goût de l’avenir et la nature du droit qui régit notre Cité, ne voilà-t-il pas qu’ils nous ont donné la preuve d’une névrose culturelle des plus incurables puisque, outre qu’elle soit doublée d’une inculture de l’image, elle fait référence à une mentalité qui n’est pas celle de notre communauté et à un système juridique et politique qui n’est pas le nôtre non plus…. C’est à croire qu’ils se sont trompés de pays !
Ces avocats viennent de pondre une missive destinée au Mufti de la République lui demandant d’intervenir pour interdire la diffusion de trois feuilletons que diffusent Nessma (Joseph Le véritable) et HTV (Le Messie et La Sainte Vierge) et qui sont des productions iraniennes…
Outre le fait honteux de demander l’interdiction d’une production de l’esprit – quelle que soit sa valeur artistique et intellectuelle – dans un monde cathodique de plus en plus ouvert (99% des Tunisiens possèdent des téléviseurs et plus de 70% des foyers sont reliés aux chaînes satellitaires numériques) savez-vous qu’elle est la raison invoquée par ces Messieurs de l’Avocature pour appuyer leur demande saugrenue et d’un autre âge ? Eh bien, ils n’ont pas trouvé mieux que de nous faire revenir à la Grande discorde (VII s.). Que ceux là sont des chiites et que nous sommes des sunnites malékites et je ne sais quoi encore… et que de ce fait, il ne sied pas de laisser diffuser des feuilletons où on représenterait des « Prophètes, des Messagers, leurs Compagnons et les dix annonciateurs du Paradis » et ce malgré « les interdictions » doctrinales en la matière. Proférer une telle bêtise ne signifie pas seulement qu’il est question d’image mais que l’Image est encore en question dans l’esprit de certains…
Les iconoclastes sont là !
Lire ceci à la fin de la première décade du troisième millénaire et dans un pays -la Tunisie – qui a connu plus d’un siècle de modernisation des mentalités et d’institution des bases de la citoyenneté, c’est tomber carrément des nues… Face à un tel acte « oriental » dans le sens péjoratif du terme, on se rend compte que ceux qui sont censé connaître l’esprit et les termes de la loi qui régit notre Cité, et que sont des avocats, empruntent à d’autres pays façonnés par d’autres cultures l’esprit de la leur qu’ils veulent de surcroît appliquer chez nous… Sinon, comment expliquer que leur lettre ait été adressée au Mufti qui n’est pas en charge de l’exercice et de l’application de la loi ni même du contrôle et de la régulation du paysage audiovisuel national… Si ce quarteron d’avocaillons avait un iota d’esprit citoyen, ils auraient déposé leur demande, aussi fantasque qu’elle puisse être, près du Procureur de la République, seule instance républicaine habilitée à appliquer la loi, si loi existait en ce domaine… Ils auraient pu aussi contacter le Ministère de la Communication ou encore le Conseil Supérieur de la Communication, c’eut-été un tantinet logique…
Mais cette bêtise procédurale n’est pas si saine qu’on le croit. Ces avocats prompts à défendre le droit de l’Iran à l’arme nucléaire et à applaudir aux succès militaires du Hezbollah libanais, les voici qu’ils se rendent compte que l’Iran est chiite et qu’il ne sied nullement de diffuser ses drames télévisuels adaptés des Saintes écritures. Pourquoi ? Pour que « la populace ne parlât pas des Prophètes comme elle parlerait de simples questions artistiques et sportives »… Alors là, c’est fort du bouchon ! Car outre cette vision rocambolesque de la séparation entre « Âmma » et « Khâça » qui tord le cou aux principes de la citoyenneté et de l’égalité face au savoir et à ses sources, il y a comme un relent iconoclaste qui prend ses sources et son esprit dans une culture qui n’est ni tunisienne, ni celle de notre temps. Croire qu’une image –élogieuse de surcroît – porterait du tort et « vulgariserait » l’essence de la prophétie et de la Sainteté donc la réifierait et lui ôterait sa sacralité, c’est faire montre d’une inculture manifeste, non seulement dans l’histoire de la relation progressive entre l’art de la représentation et l’Islam (dans ses fondements doctrinaux), mais aussi et surtout en confondant image en mouvement et icône. Comment cet analphabétisme des méninges et du regard s’est-il installé chez nous et pourquoi ? Va savoir !
(Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunisie) le 15 aout 2010)
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