20 mars 2010

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TUNISNEWS
9 Úme année,N° 3588 du 20.03.2010
 archives : www.tunisnews.net 


AISPP: DĂ©tĂ©rioration de l’état de santĂ© du prisonnier Ghaith Ghazouani C.I.L.A.E.: Le franco-tunisien Ahmed ELEUCH sera jugĂ© en appel le mardi 23 mars 2010 pour l’affaire de Sfax Assabilonline: ZouhaĂŻer Makhlouf, notre correspondant en Tunisie, fait l’objet d’un accident qui pose bien des questions AFP: Tunisie: le prĂ©sident Ben Ali dĂ©nonce “des accusations gratuites” Ă  l’approche des municipales PANA: 150 millions de dollars de la BAD Ă  la Tunisie pour un projet Ă©nergĂ©tique La Voix des Tunisiens: Dernier mandat de Ben Ali : Chant du cygne ou chant funeste ? Le Monde: L’assassinat d’un nationaliste tunisien en 1952 revient devant la justice française Luiza Toscane: La Bosnie se dĂ©barrasse de ses indĂ©sirables El Watan: Nadia Marzouki. Politologue, universitĂ© de Yale « Les AmĂ©ricains simplifient le dĂ©bat sur l’islam en France »


 

Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazia, Tunis Aispp.free@gmail.com 19 mars 2010

DĂ©tĂ©rioration de l’état de santĂ© du prisonnier Ghaith Ghazouani

Monsieur Ahmed Ghazouani lance un cri d’alarme et un appel au secours Ă  toutes les consciences libres Ă  la suite de la dĂ©tĂ©rioration de l’état de santĂ© de son fils Ghaith Ghazouani qui a quittĂ© la prison le 13 dĂ©cembre 2009 pour ĂȘtre soumis Ă  cinq annĂ©es de peine complĂ©mentaire, le contrĂŽle administratif, et pour faire des examens mĂ©dicaux en raison des maladies graves contractĂ©es en prison, notamment : chute des cheveux, asthme, allergie, caries dentaires, baisse de l’acuitĂ© visuelle, douleurs lombaires. Quelques jours aprĂšs sa libĂ©ration, des analyses mĂ©dicales ont mis en Ă©vidence des problĂšmes pulmonaires. L’état de santĂ© de Ghaith Ghazouani s’est aggravĂ© notoirement. Il s’est mis Ă  cracher du sang, est devenu pĂąle. Il a renouvelĂ© les examens le 1er mars 2010 Ă  l’hĂŽpital Abderrahman Mami, et il s’est avĂ©rĂ© qu’il Ă©tait atteint de tuberculose. Il devait revoir le mĂ©decin le 8 mars 2010 pour poursuivre les analyses et les examens. Mais le 3 mars 2010, cinq agents de la police politique sont venus Ă  sons domicile, exigeant qu’il les suive pour une affaire le concernant qui ne demanderait que quelques minutes.. !! En rĂ©alitĂ©, il a Ă©tĂ© dĂ©fĂ©rĂ© Ă  l’instruction pour une accusation de « non rĂ©vĂ©lation d’infractions terroristes », accusations qui ont valu d’ĂȘtre ramenĂ©s en prison Ă  nombre de jeunes soumis au contrĂŽle administratif et qui avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© condamnĂ©s dans des affaires en rapport avec la loi antiterroriste. Le jeune Ghaith Ghazouani est nĂ© le 10 juin 1983 Ă  Tunis. Il a Ă©té  arrĂȘtĂ© une premiĂšre fois le 23 mai 2005, pour des accusations en relation avec la dite « loi antiterroriste ». il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  quatre ans et demi d’emprisonnement et cinq annĂ©es de contrĂŽle administratif. Le premier juge d’instruction, monsieur Omar Ben Mansour, avait refusĂ© de le soumettre Ă  un examen mĂ©dical prouvant les sĂ©quelles de torture dont Ghaith Ghazouani avait affirmĂ© avoir fait l’objet dans les locaux du ministĂšre de l’IntĂ©rieur. Ghaith Ghazouani a Ă©tĂ© soumis Ă  de multiples reprises Ă  des provocations du chef du poste de l’Ariana-ville qui avait menacĂ© plus d’une fois de le renvoyer en prison.. ! il ne lui aura fallu pour s’exĂ©cuter que 
. dix semaines 
 [
] Pour la commission de suivi des prisonniers libĂ©rĂ©s Le vice PrĂ©sident de l’Association MaĂźtre Abdelwahab Maatar (traduction d’extraits, ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe,LT)


CommuniquĂ© du ComitĂ© International pour la LibĂ©ration d’Ahmed ELEUCH (C.I.L.A.E.)
 Le franco-tunisien Ahmed ELEUCH sera jugĂ© en appel le mardi 23 mars 2010 pour l’affaire de Sfax


Le C.I.L.A.E (ComitĂ© International pour la LibĂ©ration d’Ahmed ELEUCH) informe l’opinion publique française, tunisienne et internationale, que le docteur Ahmed ELEUCH comparaĂźtra le mardi 23 mars 2010 devant la Cour d’Appel de Sfax.                                                                           

            Nous rappelons qu’Ahmed ELEUCH avait Ă©tĂ© condamnĂ© en premiĂšre instance Ă  Sfax, le mardi 19 janvier 2010, Ă  une peine de deux ans de prison avec sursis au motif qu’il aurait « financĂ© un groupe qui prĂŽne la haine religieuse ». Or quelques jours plus tard, le lundi 25 janvier 2010, il avait Ă©tĂ© acquittĂ©, cette fois par la Chambre d’Appel  de Tunis, de sa condamnation Ă  quatre ans d’emprisonnement ferme pour « participation Ă  un groupe clandestin portant atteinte aux biens et aux personnes », ceci pour les mĂȘmes faits qui lui avaient valu d’ĂȘtre condamnĂ© Ă  Sfax ! Cette innocence enfin reconnue avait mis un terme Ă  de longs mois de souffrance pour le psychiatre franco-tunisien, qui Ă©tait restĂ© emprisonnĂ© sept semaines durant l’étĂ© 2009 et avait ensuite Ă©tĂ© contraint Ă  de multiples allers-retours de Paris Ă  Tunis pour un procĂšs en appel sans cesse reportĂ©.

            Nous, collĂšgues, confrĂšres et sympathisants du docteur ELEUCH, comprendrions difficilement que ce dernier continue Ă  ĂȘtre poursuivi Ă  Sfax, aprĂšs avoir Ă©tĂ© innocentĂ© Ă  Tunis, dans la mesure oĂč il s’agit de facto d’une seule et mĂȘme affaire, puisque d’une part le « groupe » incriminĂ© dans les deux chefs d’inculpation est le mĂȘme – l’ex parti En-Nahda –  et que, d’autre part, les deux concernent des faits identiques, Ă  savoir la participation prĂ©sumĂ©e de monsieur ELEUCH Ă  une rĂ©union politique Ă  Tripoli en 1993. Nous rappelons au demeurant la vacuitĂ© de ce dossier, le seul Ă©lĂ©ment matĂ©riel retenu contre l’accusĂ© restant Ă  ce jour le tĂ©moignage d’un participant Ă  cette mĂȘme rĂ©union, qui affirme que ce dernier y Ă©tait prĂ©sent.

            Dans ce contexte, nous demandons Ă  nos membres et sympathisants, en France et Ă  l’étranger, de maintenir leur mobilisation en vue d’une rĂ©habilitation complĂšte de notre ami, collĂšgue et confrĂšre, afin qu’il puisse recouvrer sans ambiguĂŻtĂ©s ses droits et sa dignitĂ©. Nous voulons croire que les autoritĂ©s judiciaires tunisiennes auront Ă  cƓur, au nom du respect des droits fondamentaux des citoyens tunisiens et de l’AmitiĂ© franco-tunisienne, de fournir Ă  Ahmed ELEUCH un nouveau procĂšs Ă©quitable et de prendre une dĂ©cision cohĂ©rente avec le non lieu qu’elles lui ont rĂ©cemment accordĂ©.

            Paris, le 20 mars 2010

            Docteur Patrick CHALTIEL,

            PrĂ©sident du ComitĂ© International pour la LibĂ©ration d’Ahmed ELEUCH (C.I.L.A.E.)   

            Site internet : http://www.liberez-ahmed-eleuch.net

            Contact : liberez.ahmed.eleuch@gmail.com


 Zouhaïer Makhlouf, notre correspondant en Tunisie

fait l’objet d’un accident qui pose bien des questions


Assabilonline, Tunisie Vendredi 19 mars 2010, ZouhaĂŻer Makhlouf, correspondant d’Assabilonline en Tunisie, militant des droits de l’homme et de l’information, a eu un accident Ă©trange alors qu’il conduisait sa voiture avenue Mohammed V au centre de Tunis. Il a senti que les freins de sa voiture ne rĂ©pondaient pas, qu’il ne pouvait s’arrĂȘter. Il a dĂ» faire remorquer sa voiture par une autre jusqu’au plus proche garage et il s’est avĂ©rĂ© que la pompe Ă  vide avait Ă©tĂ© bidouillĂ©e de maniĂšre Ă  ce que le conducteur ne puisse arrĂȘter son vĂ©hicule. L’avarie de la pompe avait dĂ©truit complĂštement le moteur. [
] Ce n’est pas la premiĂšre fois qu’un militant des droits de l’homme a un tel accident, cela est dĂ©jĂ  arrivĂ© Ă  MaĂźtres Mohammed Nouri et Abderraouf Ayadi derniĂšrement [
] Source : Assabilonline, Tunisie, 19 mars 2010 (traduction d’extraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version en arabe, LT)

Tunisie: le prĂ©sident Ben Ali dĂ©nonce “des accusations gratuites” Ă  l’approche des municipales


AFP 20/03/10 15:37 GMT Le prĂ©sident tunisien Zine El Abidine Ben Ali a dĂ©noncĂ© samedi “des accusations gratuites” et “sans fondements” de “professionnels de la suspicion” en prĂ©vision du scrutin municipal de mai. “A ceux qui ont dĂ©jĂ  entrepris de lancer des accusations gratuites contre cette opĂ©ration Ă©lectorale avant mĂȘme qu’elle n’ait commencĂ©, et qui se sont mis Ă  prĂ©tendre dĂšs Ă  prĂ©sent l’existence d’une falsification imaginaire dont ils se servent comme d’un paravent, nous disons simplement que les urnes seront l’unique arbitre entre les listes candidates, quelles qu’en soient les couleurs et les appartenances”, a-t-il dĂ©clarĂ© dans un discours au Palais de Carthage Ă  l’occasion du 54e anniversaire de l’indĂ©pendance. M. Ben Ali a estimĂ© que “ces professionnels de la suspicion et des accusations sans fondements, en semblables circonstances, qui redoutent toujours la confrontation honnĂȘte et courageuse lors des compĂ©titions Ă©lectorales, ayant si peu confiance en eux-mĂȘmes et en leurs programmes et sachant que le peuple ne cesse de se dĂ©tourner d’eux”. Les dirigeants du Parti dĂ©mocratique progressiste (PDP, opposition lĂ©gale en Tunisie) avaient dĂ©noncĂ© “un climat politique verrouillĂ© qui n’est pas propice Ă  la participation aux Ă©lections municipales”, accusant le gouvernement tunisien “d’ignorer l’exigence des rĂ©formes impĂ©ratives”. Ils avaient affirmĂ© que “la dĂ©tĂ©rioration de la vie politique et la violation des droits et des libertĂ©s les plus fondamentaux (…) ne peuvent pas rĂ©unir les conditions sĂ©rieuses pour une concurrence loyale pour les Ă©lections municipales prochaines”. Le PDP avait rĂ©clamĂ© la formation d’un comitĂ© national neutre pour superviser les municipales, l’examen du systĂšme de vote, la libĂ©ration des mĂ©dias et l’ouverture des espaces publics aux partis politiques et aux composantes de la sociĂ©tĂ© civique indĂ©pendante.


150 millions de dollars de la BAD à la Tunisie pour un projet énergétique


PubliĂ© le 20 mars 2010 Ă  12h50 (PANA)- La Banque africaine de dĂ©veloppement a octroyĂ© un prĂȘt de 150 millions de dollars amĂ©ricains pour le dĂ©veloppement d’un champ pĂ©trolier en Tunisie, annonce un communiquĂ© de la BAD transmis samedi Ă  la PANA. Ce prĂȘt non-souverain d’une durĂ©e de cinq ans est destinĂ© Ă  soutenir un plan d’investissement de l’entreprise tunisienne des activitĂ©s pĂ©troliĂšres (ETAP), « principalement le dĂ©veloppement du champ pĂ©trolier et gazier Hasdrubal (sud) », exploitĂ© Ă  parts Ă©gales par l’ETAP et British Gas-Tunisie, indique le communiquĂ©. Des quantitĂ©s importantes de gaz provenant de ce champ estimĂ©es Ă  quelque 100 millions de mĂštres cubes/jour seront commercialisĂ©es sur le marchĂ© local, le pĂ©trole et le condensĂąt devant ĂȘtre exportĂ©s. Selon le communiquĂ©, ce projet devrait permettre au gouvernement tunisien « d’engranger des revenus supplĂ©mentaires importants Ă  travers dividendes et taxes et d’amĂ©liorer la balance des paiements du pays ».


Edito

Dernier mandat de Ben Ali : Chant du cygne ou chant funeste ?


A l’image d’une composition musicale que la pratique par un orchestre depuis deux dĂ©cennies a conduit Ă  la maĂźtrise de l’ensemble de ses partitions, l’élection prĂ©sidentielle en Tunisie d’octobre dernier s’est une fois encore, jouĂ©e en accord Ă  des sĂ©quences bien dĂ©terminĂ©es. En effet, orchestrĂ© par Zine Ben Ali, le concerto prĂ©sente toujours la mĂȘme harmonie : omniprĂ©sence dans les mĂ©dias, dĂ©ploiement massif de portraits, participation de candidats fantoches, absence de dĂ©bats et plĂ©biscite. En conclusion de cette symphonie si bien rodĂ©e, la fĂȘte du 7 novembre qui rĂ©sonne systĂ©matiquement comme une vĂ©ritable apothĂ©ose. Aussi harmonieuse soit-elle, cette symphonie est bien la derniĂšre jouĂ©e par Zine Ben Ali. La Constitution dans son Ă©tat actuel, l’ñge et la maladie du PrĂ©sident, imposent cela. Aussi, le durcissement du rĂ©gime policier est le signe de son affaiblissement comme l’attestent les menaces prolifĂ©rĂ©es directement par Ben Ali, fait remarquable, la veille du scrutin lors d’une allocation tĂ©lĂ©visĂ©e contre « quiconque faisant campagne contre la Tunisie ». Deux jours auparavant la journaliste du Monde, Florence BeaugĂ©, fut refoulĂ©e du sol Tunisien Ă  cause de « ses allĂ©gations mensongĂšres » Ă  l’encontre du pays du Jasmin. S’en est alors suivie une vĂ©ritable campagne de lynchage mĂ©diatique durant des semaines entiĂšres au cours desquelles la journaliste du Monde s’est vue traitĂ©e de « psychotique et hystĂ©rique » et son vĂ©nĂ©rable journal accusĂ© « d’appel au meurtre ».  Le sort rĂ©servĂ© au critique journaliste Tunisien Taoufik Ben Brick fut encore plus malheureux car son arrestation Ă  prĂ©cĂ©dĂ© son emprisonnement quelques jours aprĂšs la mascarade Ă©lectorale.  D’autres exemples pourront illustrer ce durcissement qui est une marque explicite d’un rĂ©gime craignant que les critiques mettant en cause sa lĂ©gitimitĂ©, agissent comme un stimulant Ă  une contestation gĂ©nĂ©rale. Un rĂ©gime inquiet par le potentiel vivier de forte protestation sociale que constituent les milliers de jeunes chĂŽmeurs, diplĂŽmĂ©s ou non, et qui ressentent un profond sentiment d’injustice au regard des frasques du clan des Trabelsi, gangrenant le tissu Ă©conomique du pays. Ce mĂ©contentement croissant est d’ailleurs notable dans le rĂ©seau social Facebook, qui depuis la fin de son interdiction grĂące aux pressions internationales, connaĂźt une considĂ©rable activitĂ©, envers laquelle la police d’internet chargĂ©e de traquer les dissidents, s’est vite trouvĂ©e dĂ©passĂ©e.   La Tunisie de Zine Ben Ali, l’homme qui a Ă©rigĂ© l’Etat policier, celui qui a favorisĂ© l’enrichissement vorace de son Ă©pouse Leila et sa famille sur les deniers du peuple qu’il dit reprĂ©senter dignement, a changĂ© depuis son coup d’Etat sur Habib Bourguiba. Certes, certaines rĂ©formes de modernisation de la Tunisie ont Ă©tĂ© poursuivies mais l’accaparation de biens publics, le dĂ©veloppement d’une logique quasi-mafieuse, reflĂštent une des diffĂ©rences avec Bourguiba que la considĂ©ration et l’affection pour son peuple lui imposaient de respecter le labeur de toute une Nation. Le dernier mandat de Ben Ali doit ĂȘtre celui de l’ouverture politique, de la recherche d’une nouvelle crĂ©dibilitĂ© des institutions Tunisiennes et de mise Ă  la diĂšte du clan de son Ă©pouse, afin d’éviter pour la suite de son rĂšgne, un horizon crĂ©pusculaire pour le pays. Ce sera le choix du chant du cygne pour Ben Ali ou du chant funeste pour la Tunisie.  
SYLLA (Source: “La Voix des Tunisiens”  N°5 Mars – Avril 2010 )

Le pain et le citoyen


DotĂ©e d’une position gĂ©ographique avantageuse et aidĂ©e par des circonstances particuliĂšres, la Tunisie n’a cessĂ© de connaĂźtre divers envahisseurs. La multiplicitĂ© des conquĂȘtes et des occupations en Tunisie ont conduit Ă  façonner un peuple riche de sa diversitĂ©, d’un esprit consensuel, mais qui n’a jamais exercĂ© la souverainetĂ© qui lui revient. Ce caractĂšre structurant de la personnalitĂ© du peuple Tunisien, s’est vu encore davantage soulignĂ© sous le rĂ©gime le plus autoritaire que la Tunisie ait connu, celui de la dictature de Zine Ben Ali. Divers occupants pour une personnalitĂ© spĂ©cifique Telle une vague remplaçant la prĂ©cĂ©dente, ceux qui contrĂŽlaient tout ou une partie de la mer MĂ©diterranĂ©e, sont devenus maĂźtre de la Tunisie Ă  un moment donnĂ© de l’Histoire. Depuis la reine de Tyr Elissa, fondatrice lĂ©gendaire de Carthage et de la civilisation punique au 9Ăšme siĂšcle avant JC, le visage de ce que l’on n’appelait pas encore Ifriqiya, s’est façonnĂ© peu Ă  peu : les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabes, les Ottomans et les Français se sont succĂ©dĂ© et ont contribuĂ© Ă  un brassage de populations, de cultures diffĂ©rentes, engendrant ainsi un peuple dotĂ© d’une personnalitĂ© spĂ©cifique. Le peuple de la Tunisie a presque toujours Ă©tĂ© contraint d’accepter de ne pas participer au choix de celui qu’il le dirige et de connaĂźtre les changements de pouvoir inhĂ©rents Ă  la conquĂȘte du nouvel envahisseur amenĂ© par le rivage. C’est devenu au cours des siĂšcles un trait de caractĂšre intrinsĂšque. D’ailleurs, la Tunisie a-t-elle jamais connu une rĂ©volution  qui a conduit Ă  un changement de pouvoir par la force ? Ce trait de caractĂšre n’est pas pour autant synonyme de soumission systĂ©matique, comme en attestent les rĂ©sistances berbĂšres de Jugurtha et de la Kahena envers leur adversaires que furent respectivement les Romains et les Omeyyades, mais qui conduisirent Ă  leur dĂ©faite suivie de leur exĂ©cution. Le mouvement de libĂ©ration nationale du joug colonial Français est le reflet d’une part, de cette personnalitĂ© et d’autre part, de l’affirmation d’une identitĂ© Tunisienne qui a vĂ©ritablement Ă©mergĂ© Ă  partir du 18Ăšme siĂšcle. Hormis quelques heurts, la rĂ©sistance des Tunisiens envers le pouvoir Français, s’est manifestĂ©e par un mouvement politique, le Destour devenu le NĂ©o-Destour, qui ne se voulait pas belliqueux et dont la stratĂ©gie Ă©tait fondĂ©e sur le dialogue. La « politiques des Ă©tapes » mise en Ɠuvre par le leader du NĂ©o-Destour, Habib Bourguiba, Ă©tait fondamentalement conforme Ă  cette personnalitĂ© Tunisienne, car elle reposait sur une sĂ©rie d’objectifs Ă  atteindre et devant conduire Ă  la libĂ©ration de la Tunisie de maniĂšre pacifique, en excluant toute forme de haine envers la France, malgrĂ© les injustices et la rĂ©pression.  C’est le seul moment de l’Histoire de la Tunisie oĂč les aspirations du peuple reprĂ©sentĂ©es par le « Jugurtha qui a rĂ©ussi », ont entraĂźnĂ© un changement de pouvoir. AprĂšs l’indĂ©pendance de la Tunisie en 1956, l’acceptation de la PrĂ©sidence d’Habib Bourguiba durant trente ans  est une nouvelle fois, la manifestation, de ce caractĂšre du peuple. De plus et compte tenu de ce fait structurel, pourquoi changer de dirigeant quand celui qui incarne une figure paternelle auprĂšs du peuple, bien nourrit et bien soignĂ©, fait de l’émancipation des femmes et de l’Education massive, des objectifs prioritaires ? Seule une dĂ©cision a poussĂ© les Tunisiens Ă  exprimer avec vĂ©hĂ©mence leur mĂ©contentement : celle de l’augmentation du prix du pain. Les Ă©meutes du pain de 1983, ont alors contraint Bourguiba Ă  annuler cette dĂ©cision et Ă  limoger son Premier Ministre. Les Tunisiens ayant obtenu gain de cause, ils ont par la suite exprimĂ© leur satisfaction envers le PrĂ©sident Bourguiba qui a su les Ă©couter et qui demeura au pouvoir
   La baguette ou le bĂąton : un choix contraint Mais, le 7 Novembre 1987, Zine Ben Ali, alors Premier Ministre, a mis en Ɠuvre un coup d’Etat par lequel il s’est emparĂ© de la magistrature suprĂȘme, dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale d’un peuple habituĂ© Ă  ce qu’on change ses dirigeants sans le consulter. Si les Tunisiens avaient commencĂ© timidement Ă  reprendre leur destin en main dans la Tunisie de Bourguiba oĂč il Ă©tait possible de dĂ©battre et de contester, ils comprirent vite qu’avec Ben Ali, il en Ă©tait autrement. Cet ennemi intĂ©rieur a rĂ©ussi l’exploit d’anesthĂ©sier le peuple qui, quelques annĂ©es plus tĂŽt s’était tout de mĂȘme battu pour son indĂ©pendance face Ă  un maĂźtre extĂ©rieur, en exploitant son apathie, hĂ©ritage des siĂšcles. Plus que cela, le gĂ©nie (sic) de Ben Ali a consistĂ© Ă  imprimer le schĂ©ma de la servitude volontaire dans l’inconscient des Tunisiens, Ă  travers un lavage de cerveau couplĂ© Ă  un jeu de la carotte et du bĂąton qui dure depuis plus de 22 ans. GavĂ©s de carottes, nourris, logĂ©s, les Tunisiens semblent avoir abdiquĂ©, renoncĂ© Ă  toute vellĂ©itĂ© libertaire en Ă©change d’une mie de pain. De l’autre cĂŽtĂ©, le bĂąton suspendu au-dessus de leur tĂȘte, les a habituĂ©s Ă  s’auto-censurer, faisant de la Tunisie sans doute le seul pays dont les habitants ont peur de prononcer le nom de leur PrĂ©sident, que ce soit pour en dire du bien ou du mal. Ils ont finalement consenti Ă  la confiscation de leur sociĂ©tĂ©, de leur destin, faisant l’autruche face aux injustices qui se multiplient, le tout, en Ă©change du gĂźte et du couvert. On peut alors se demander si cette lĂ©thargie n’est pas le symptĂŽme d’une mĂ©tastase. En est-il donc fini des aspirations citoyennes, des Ă©lans contestataires, de l’esprit critique ? La rĂ©ponse se trouve dans la prĂ©cĂ©dente affirmation ! Le Tunisien a fait taire sa conscience contre un bout de pain. L’on peut alors penser qu’il la retrouvera lorsqu’on lui arrachera la baguette de ses mains. L’expĂ©rience l’a d’ailleurs montrĂ©. Nous osons en dĂ©duire que seule une erreur de dĂ©cision de nature Ă©conomique de la part du gouvernement de Ben Ali pourrait causer avec certitude un soulĂšvement, dĂšs lors que cette erreur aurait pour consĂ©quence de priver les Tunisiens de leur gagne-pain. Mais n’en est-on pas proche ? Vu le fort taux de chĂŽmage, et Ă  la lumiĂšre des derniĂšres rĂ©voltes du bassin minier de Gafsa, il est possible de penser que oui. Mais il faudra une atteinte plus grave au confort du Tunisien pour que celui-ci dĂ©cide de devenir citoyen, lorsque le prĂ©judice Ă©conomique sera supĂ©rieur au prix de sa conscience. La confiscation de la baguette n’est toutefois pas le seul levier de la citoyennetĂ©. En effet, si les Tunisiens se mettaient Ă  court-circuiter le gouvernement qui assure mal leurs besoins, Ă  travers des initiatives de solidaritĂ© citoyennes via la sociĂ©tĂ© civile, cela Ă©veillerait sans doute la conscience citoyenne face Ă  l’inefficacitĂ© d’un Etat providence
 providence des hommes de l’Etat. Encore faudrait-il que l’Etat permette l’entraide citoyenne sans la placer dans le carcan de ses administrations dont les chefs se servent au passage et dont le rĂ©sultat serait Ă©videmment portĂ© au crĂ©dit de Ben Ali.

Yasmine Mellouli et Foued Semlali

(Source: “La Voix des Tunisiens”  N°5 Mars – Avril 2010 )

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Compte rendu

L’assassinat d’un nationaliste tunisien en 1952 revient devant la justice française


 La famille de Farhat Hached, un syndicaliste nationaliste tunisien assassinĂ© en 1952, cherchait le moyen de porter l’affaire devant la justice française depuis cinquante-huit ans. Une dĂ©claration recueillie par la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision qatarie Al-Jazira lui en a fourni pour la premiĂšre fois l’occasion. Mardi 16 mars, une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e au tribunal de grande instance de Paris, au nom de la famille Hached, de la Ligue française des droits de l’homme et la FĂ©dĂ©ration internationale des droits de l’homme (FIDH), pour “apologie de crime de guerre”.

 

 

Le 18 dĂ©cembre 2009, lors d’une Ă©mission consacrĂ©e Ă  l’assassinat de Faraht Hached, un proche d’Habib Bourguiba, fondateur de l’Union gĂ©nĂ©rale tunisienne du travail, Al-Jazira diffuse le tĂ©moignage d’Antoine MĂ©lĂ©ro, un ancien policier français membre de la Main rouge. Ce groupuscule, qui aurait Ă©tĂ© une Ă©manation du service de documentation extĂ©rieure et de contre-espionnage (SDECE, aujourd’hui la DGSE), est soupçonnĂ© d’avoir organisĂ© les meurtres de plusieurs responsables indĂ©pendantistes au Maghreb, pendant la colonisation, puis en Europe.

Le 5 dĂ©cembre 1952, la voiture de Farhat Hached est mitraillĂ©e dans un faubourg de Tunis. Le leader tunisien est achevĂ© par balles par les occupants d’un autre vĂ©hicule. Sur Al-Jazira, M. MĂ©lĂ©ro, qui s’exprime en français, raconte : “C’Ă©tait un groupe, il y avait un commissaire de police dans cette affaire-lĂ …” Puis il ajoute, Ă  propos de l’opĂ©ration : “Moi, je la trouve lĂ©gitime, moi si c’Ă©tait Ă  refaire, je referais.” Une phrase qui motive la plainte. Car, si le crime est prescrit, l’apologie, elle, ne l’est pas.

Selon les avocats Patrick Baudoin, pour la FIDH, et Houcine Bardi, conseil de la famille, la convention de GenĂšve s’applique puisque les faits se situent, sinon dans le cadre d’une guerre, du moins dans celui d’un “conflit armĂ©”.

AUCUN REMORDS

RencontrĂ© Ă  Paris, M. MĂ©lĂ©ro ne nie pas avoir tenu les propos incriminĂ©s, mais il s’emporte. “Ils se rĂ©veillent cinquante ans aprĂšs ? C’est n’importe quoi ! C’est prescrit, totalement prescrit. Et puis il n’y avait pas de guerre en Tunisie ni au Maroc d’ailleurs.” Lui-mĂȘme ne se trouvait pas en Tunisie Ă  cette Ă©poque, mais au Maroc. “J’ai dit “je”, mais je pensais “on””, dit-il, sans exprimer de remords. AgĂ© de 81 ans, M. MĂ©lĂ©ro se prĂ©sente comme le “biographe de la Main rouge”, Ă  laquelle il a consacrĂ© un livre en 1997 (La Main rouge, Editions du Rocher). EntrĂ© dans la police en mars 1952, il a, affirme-t-il, rejoint l’organisation secrĂšte en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e : “Je participais, mais je ne mettais pas la main Ă  la pĂąte, comme on dit.”

SuspectĂ© d’avoir pris part Ă  l’assassinat en 1955 de Jacques Lemaigre-Dubreuil, propriĂ©taire du journal Maroc-Presse, M. MĂ©lĂ©ro a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© aprĂšs son retour en France, puis remis en libertĂ© aprĂšs plusieurs mois de dĂ©tention prĂ©ventive, avant de bĂ©nĂ©ficier d’un non-lieu en 1964. RĂ©voquĂ© en 1965 pour une caricature de De Gaulle publiĂ© dans son journal Pieds-noirs, il a Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ© avec ses droits Ă  la retraite en 1982 Ă  la faveur de la loi d’amnistie. “Cette histoire est rĂ©vĂ©latrice de la rĂ©surgence des nostalgiques du colonialisme et de la banalisation du crime de guerre , s’indigne Me Baudouin. Aucun membre de la Main rouge, qui prenait ses ordres de Paris et comptait quelques dizaines d’hommes rĂ©partis dans trois sections trĂšs cloisonnĂ©es, “renseignement”, “protection” et “action”, n’a jamais Ă©tĂ© condamnĂ©.

 
Isabelle Mandraud
(Source: “Le Monde” (Quotidien – France) le 20 mars 2010)

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La Bosnie se débarrasse de ses indésirables


Luiza Toscane

AdoptĂ©e le 27 juillet 1999 par le Parlement bosniaque, la loi sur la nationalitĂ© a Ă©tĂ© amendĂ©e le 22 avril 2003. Elle prĂ©voyait le retrait possible de la nationalitĂ© pour les Ă©trangers qui avaient demandĂ© la nationalitĂ© bosniaque et l’avaient acquise entre le 6 avril 1992 et l’entrĂ©e en vigueur de la Constitution. Une nouvelle loi portant rĂ©vision de la nationalitĂ©, adoptĂ©e par le Parlement le 16 novembre 2005 prĂ©voit d’examiner les modalitĂ©s d’obtention de la nationalitĂ© bosniaque pour tous ceux qui l’auraient acquise entre le 6 avril 1992 (date officielle du dĂ©but de la guerre correspondant au bombardement de Sarajevo) et le 1er janvier 2006.

Une commission a Ă©tĂ© mise en place Ă  cet effet, sous l’égide du ministĂšre de la SĂ»retĂ©. Cette commission est composĂ©e de neuf membres, deux Bosniaques, deux Croates et deux Serbes de Bosnie et trois personnes autres que des citoyens de Bosnie ou d’un pays voisin et elle est prĂ©sidĂ©e par un fonctionnaire du ministĂšre de la SĂ»retĂ©. Elle a dĂ©butĂ© son activitĂ© en 2006 et depuis est reconduite chaque annĂ©e par le Parlement, voire par le Haut ReprĂ©sentant de la communautĂ© internationale, qui dispose de prĂ©rogatives lĂ©gislatives en cas de vacance parlementaire.

C’est donc avec l’assentiment de l’Europe et des Etats Unis que le pouvoir de Bosnie HerzĂ©govine a concoctĂ© une loi ad hoc lui permettant de se dĂ©barrasser de ressortissants venant de pays arabes ou musulmans et vivant depuis dix, vingt ou trente ans sur son sol.

Les accords de Dayton prévoyaient que tous les combattants étrangers devaient quitter la Bosnie dans les trente jours [1], une formulation qui ne permettait pas de se débarrasser de ces nouveaux indésirables.

En effet, au moment de la signature des accords, ces personnes n’étaient gĂ©nĂ©ralement plus Ă©trangĂšres mais dĂ©jĂ  bosniaques. De plus, nombre d’entre elles n’étaient pas venues pour combattre, mais pour travailler dans des associations humanitaires pendant ou aprĂšs la guerre.

La commission en question a commencĂ© son travail et ĂŽtĂ© la nationalitĂ© Ă  des centaines de ressortissants bosniaques. La dĂ©chĂ©ance de la nationalitĂ© n’est pas assortie d’un droit d’appel ou de recours. Ces ex-Bosniaques, originaires de pays dans lesquels ils seraient en danger de mort ou d’ĂȘtre torturĂ©s, ont alors demandĂ© l’asile, qui leur a Ă©tĂ© systĂ©matiquement refusĂ©, ou le droit au sĂ©jour, qui leur a Ă©tĂ© refusĂ© Ă©galement.

Ils sont devenus en quelques mois des sans-papiers alors qu’ils avaient Ă©tĂ© reçus Ă  bras ouverts pendant la guerre. Les combattants avaient Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s Ă  l’armĂ©e bosniaque qui leur avait attribuĂ©, selon les cas, des dĂ©corations, les avantages sociaux dus aux vĂ©tĂ©rans, des pensions justifiĂ©es pour les invalides de guerre ; ils se retrouvent en situation irrĂ©guliĂšre et pourtant pour l’écrasante majoritĂ© d’entre eux, car il s’agit d’hommes essentiellement, ils sont mariĂ©s avec des femmes bosniaques et ont des enfants bosniaques.

Face au danger, les intĂ©ressĂ©s ont multipliĂ© les communiquĂ©s et les manifestations, essentiellement Ă  Zenica et Sarajevo. Ils ont créé l’association Ensarije [2] et engagĂ© des procĂ©dures devant la Cour suprĂȘme de Bosnie, puis devant la Cour EuropĂ©enne des Droits de l’homme. Plusieurs associations de droits de l’Homme, notamment au niveau international (Amnesty International, Human Rights Watch, ACAT-France, ComitĂ© Helsinki pour les droits de l’homme-Bosnie) ont exprimĂ© leur souhait de voir cette loi assortie d’un droit de recours et ont mis en garde contre la possibilitĂ© de renvois dangereux qu’elle ouvre.

En parallĂšle, des dizaines d’autres ex-Bosniaques ont pris la fuite, souvent avec leurs familles bosniaques, pour demander l’asile en Suisse, Grande Bretagne, SuĂšde, France. En Suisse, six ex Bosniaques, d’origine tunisienne et marocaine, accompagnĂ©s de leurs Ă©pouses et enfants bosniaques, ont dĂ©posĂ© leur demande d’asile entre 1999 et 2003
. Et sont toujours dans l’attente d’une rĂ©ponse des autoritĂ©s helvĂ©tiques !

Seule la Grande Bretagne a acceptĂ© Ă  ce jour d’octroyer des statuts de rĂ©fugiĂ©s, notamment Ă  des ex-Bosniaques redevenus Tunisiens, car tous les Tunisiens ayant fait un sĂ©jour en Bosnie sont immĂ©diatement torturĂ©s et incarcĂ©rĂ©s Ă  leur retour en Tunisie.

Ceux qui n’ont pas encore perdu la nationalitĂ© bosniaque se verraient gĂ©nĂ©ralement refuser l’asile au motif que la Bosnie fait partie des pays « surs ».Actuellement la Bosnie est entrĂ©e dans la phase d’expulsion de ces ex Bosniaques : un AlgĂ©rien a Ă©tĂ© renvoyĂ© en 2007 et un Bahreini en 2009. Un Syrien arrĂȘtĂ© en 2008, Imad Al Hussein [3], est au centre de rĂ©tention de Lukavica depuis un an et quatre mois [4], rejoint depuis par un Tunisien, Ammar Al Hanchi [5], deux Irakiens, Fadhel Al Hamdani et Zeyad Algertani, et un AlgĂ©rien, Omar Frendi [6].ConsidĂ©rĂ©s soudainement et systĂ©matiquement comme une menace, non prĂ©cisĂ©e, pour la sĂ©curitĂ© du pays, ces ex Bosniaques risquent la torture, voire la mort car les pays oĂč ils seront renvoyĂ©s n’ont pas aboli la peine capitale. Leurs Ă©pouses ou leurs filles se mobilisent Ă  leur tour et interpellent les autoritĂ©s et l’opinion publique.

À l’heure oĂč l’Europe discute des conditions d’accueil des ex-dĂ©tenus de Guantanamo, oĂč la France accueille deux AlgĂ©riens de Guantanamo, faut-il rappeler que ces derniers, Lakhdar Boumedienne et Saber Lahmar, arrivĂ©s en France respectivement les 15 mai et 1er dĂ©cembre 2009 , avaient Ă©tĂ© livrĂ©s par
 la Bosnie aux forces amĂ©ricaines, et que Lakhdar Boumediene avait Ă©tĂ© dĂ©chu de sa nationalitĂ© en vertu de la loi que nous venons de commenter.

En somme, pendant que l’Europe accueille deux AlgĂ©riens ayant vĂ©cu en Bosnie, ses Ă©lus donnent un blanc-seing Ă  leur reprĂ©sentant en Bosnie, Valentin Insko, pour avaliser la politique de renvoi de centaines de parias vers la torture et la mort, vers les Guantanamo de Syrie, de Tunisie, d’Irak ou d’AlgĂ©rie.

[1] « Foreign combatants forces currently in Bosnia are to be withdrawn within 30 days », Annex1-4 : Military Aspects, Dayton Peace Agreement on Bosnia-Herzegovina, November 30, 1995.

[2]www.ensarije.com

[3] ArrivĂ© en ex-Yougoslavie en 1983 pour Ă©tudier la mĂ©decine, Imad El Houssine, s’est enrĂŽlĂ© dans l’armĂ©e bosniaque en 1992, s’est mariĂ© Ă  une Bosniaque en 1993 et a obtenu la nationalitĂ© bosniaque en 1994. DĂ©chu de sa nationalitĂ© bosniaque, il est retenu au centre de rĂ©tention depuis octobre 2008, en attente d’un Ă©ventuel renvoi vers la Syrie malgrĂ© deux dĂ©cisions de la Cour EuropĂ©enne des Droits de l’Homme et de la Cour constitutionnelle bosniaque demandant de surseoir Ă  toute mesure visant Ă  son expulsion. Il est pĂšre d’enfants bosniaques.

[4] La rétention en Bosnie est illimitée.

[5] Le 10 dĂ©cembre 2009, le renvoi d’Ammar Al Hanchi a Ă©tĂ© bloquĂ© in extremis par une dĂ©cision de la CEDH demandant surseoir au renvoi de ce dernier vers la Tunisie jusqu’au 15 janvier 2010, date Ă  laquelle la cour devait statuer sur le fonds.

[6] Au terme d’une annĂ©e passĂ©e au centre de rĂ©tention, Omar Frendi, dont le sort n’était toujours pas tranchĂ©, a dĂ©cidĂ© de rentrer en AlgĂ©rie.

(Source: Divergences le 15 mars 2010)

Lien:http://divergences.be/spip.php?article1834&lang=fr


 

Nadia Marzouki. Politologue, universitĂ© de Yale « Les AmĂ©ricains simplifient le dĂ©bat sur l’islam en France »


InvitĂ©e aujourd’hui des DĂ©bats d’El Watan Ă  14h Ă  l’hĂŽtel Safir, elle prĂ©sente une confĂ©rence sur les sciences sociales Ă  l’épreuve de l’islam.   Comment abordez-vous l’islam dans vos travaux de recherche ? Mon doctorat a portĂ© sur les dĂ©bats universitaires publics et politiques sur l’islam, en France et aux Etats-Unis. Je suis actuellement en train de transformer ma thĂšse en livre qui sera publiĂ© en anglais. Je n’exclus pas de le faire en français, mais je trouve intĂ©ressant de convaincre un public anglophone. Car les AmĂ©ricains ont tendance Ă  simplifier de maniĂšre excessive les dĂ©bats sur l’islam tels qu’ils ont lieu en France. Il y a cette idĂ©e que les musulmans sont victimes de politiques rĂ©pressives autoritaires. La critique du religieux en France est parfois un peu gĂȘnante.   Pourriez-vous envisager de faire du Maghreb votre prochain terrain de recherche ? AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© la façon dont l’Occident gĂšre la question des minoritĂ©s religieuses, je vais m’intĂ©resser Ă  la problĂ©matique inverse : comment au Maghreb, donc dans un contexte musulman, on gĂšre la question de la diversitĂ© religieuse.   Vous connaissez bien les Etats-Unis et la France : comment expliquez-vous que l’AlgĂ©rie contemporaine intĂ©resse davantage les chercheurs amĂ©ricains que français ? MĂȘme les AmĂ©ricains sont peu nombreux ! Je crois que l’AlgĂ©rie souffre, aux Etats-Unis comme en France, de beaucoup de clichĂ©s
 Peu de sujets sont explorĂ©s et cela contribue Ă  les perpĂ©tuer. Du cĂŽtĂ© amĂ©ricain, il y a des modes, des terrains privilĂ©giĂ©s par les financements et les partenariats – c’est le cas avec les universitĂ©s marocaines. En France, le Maghreb est un terrain moins Ă  la mode que le Mashreq et puis les jeunes sont persuadĂ©s que l’AlgĂ©rie est un terrain compliquĂ©, moins confortable que le Maroc. Par MĂ©lanie Matarese
(Source: “El Watan” (Quotidien – Algerie) le 20 mars 2010)

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