23 septembre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année,N° 3410 du 23.09.2009

 archives : www.tunisnews.net  


AFP: Inondations en Tunisie: victimes et dégâts matériels dans le sud CP: Tunisie: 17 morts et plusieurs disparus dans les intempéries Abdel Wahab Hani : Catstrophe naturelle à Redeyef: Importantes pertes humaines et matérielles  – Les leçons d’une catstrophe.. Réaction à chaud Adeltif Bouhjila: Ma  Declaration AFP: De 4 à 7 ans ferme requis pour 4 islamistes (tunisiens) liés à un réseau kamikaze belge L´Humanité: Tunisie« La répression fait le lit de l’islamisme » Le Monde: Mme Obama pousse sa ville, Chicago, pour les JO de 2016 Catholic News Service: Like shifting sands, Tunisian church is always in flux, says bishop Catholic News Service: Synod may not reflect reality of North Africa, say church leaders Afrik.com: Mohamed Bouchiha : « Nous avons une vision claire de la société tunisienne » AFP: Elie Wiesel : l’Unesco a échappé à un “désastre” avec Farouk Hosni Reuters: Unesco – Wiesel et BHL se félicitent de la défaite d’Hosni L´Express:  Quand Kadhafi vient parler de paix à l’ONU Le Monde: Mustapha Kessous: “Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom quand je me présente au téléphone”

Inondations en Tunisie: victimes et dégâts matériels dans le sud

TUNIS – Plusieurs personnes ont péri dans des inondations mardi à Redeyef, dans le sud de la Tunisie, a indiqué mercredi l’agence tunisienne TAP, sans préciser le nombre de victimes. Selon la radio privée Mosaïque, quinze personnes ont péri à Redeyef. “Le président Zine El Abidine Ben Ali suit avec une grande préoccupation l’évolution de la situation engendrée par les fortes pluies qui se sont abattues sur la région de Redeyef, et qui ont fait des victimes et d’importants dégâts matériels”, a rapporté TAP. Un nombre indéterminé de personnes sont portées disparues, ont indiqué en outre des sources associatives. Le chef de l’Etat a donné ses instructions pour mobiliser tous les moyens des ministères de la Défense nationale, de l’Intérieur et du développement local, de la Santé et des Affaires sociales “pour garantir une intervention rapide et efficace”, selon TAP. Il a également ordonné de “fournir en toute urgence des aides aux sinistrés des inondations et aux familles affectées”, a ajouté l’agence. Des pluies torrentielles se sont abattues mardi sur la Tunisie dépassant les cent soixante millimètres à Redeyf, ville de 60.000 habitants, habituellement aride. AFP / 23 septembre 2009

Tunisie: 17 morts et plusieurs disparus dans les intempéries

The Canadian Press 23 sept. 09 TUNIS — Dix-sept personnes ont péri et huit autres ont été blessées dans la région de Gafsa (sud-ouest tunisien), à la suite des pluies torrentielles qui se sont abattues mardi et mercredi sur la région, selon un bilan officiel établi à la mi-journée. L’agence de presse TAP fait en outre état de disparus, dont le nombre n’est pas précisé, ainsi que d’importants dégâts matériels. C’est la localité de Redeyef, située dans un creux d’une zone montagneuse, qui a été la plus touchée. Les précipitations, qui ont dépassé les 150mm (litres au mètre carré) “en un temps record”, ont causé la crue de l’oued Om Larayès. Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali qui suit avec “une grande préoccupation” l’évolution de la situation, a donné des instructions pour “une intervention urgente” en vue d’y remédier. Il a recommandé de “mobiliser tous les moyens disponibles pour réduire l’ampleur des dégâts” et fournir les premières aides aux sinistrés. Plusieurs ministres, dont ceux des affaires sociales et de la solidarité, de la santé publique et de l’équipement et de l’habitat ont été dépêchés sur les lieux pour superviser les opérations de secours auxquelles participent des unités de l’armée, de la protection civile et de la garde nationale, ainsi que des équipes médicales. Les perturbations ont affecté plusieurs autres régions de la Tunisie, notamment dans le nord, le centre et le sud du pays, où les pluies abondantes étaient accompagnées de vents dépassant les 100 km/h. De nombreuses routes ont été coupées en raison des crues des oueds notamment dans les régions de Sidi Bouzid, Mahdia (centre) et de Sfax (sud) où les services météorologiques ont enregistré mercredi des chutes de pluies de plus 100mm en l’espace d’une heure. 2009


Catstrophe naturelle à Redeyef: Importantes pertes humaines et matérielles

Les leçons d’une catstrophe.. Réaction à chaud

 Abdel Wahab Hani

 
17 morts et 8 blessés est le bilan provisoire  des violentes inondations causées par des pluies déluviennes qui se sont déversées sur la région minière de Redeyef, selon les premiers bilans, établis à 20h00, heure de Tunis. Les recherches sont en cours pour récupérer des personnes portées disparues. 150mm se sont abattus en un temps record.
 
Le oued Oum Larayes (Moularès) est sorti de son lit, provoquant la rupture de la route reliant Redeyef à Oum Larayes. Le Comité régional des catastrophes naturelles s’est réuni à Gafsa. D’un autre coté le chef de l’Etat a dépêché les inistres Chaouch, Zenaidi et Malouch, en charge, respectivement, des Affaires sociales et de la Solidarité et des tunisines à l’étranger; de la Santé publique; de l’Equipement, d el’Habitat et de l’aménagement du territoire.
 
Plusieurs oueds et rivières ont débordé de leurs lits. Des routes ont été coupées et la circulation est fortement perturbée, sur les routes nationales et départementales. De nombreuses localités sont coupés du reste du territoire de la Rébulique.
 
L’alerte a été donnée dans les départements du Sud et du Centre, notamment Sfax, Sidi Bouzid, Gafsa, Tozeur, Monastir, Kairouan, Le Kéf, Mahdia (plus de 200 mm en un temps record). Des orages accomapgnée de violents rafales de vents allant jusqu’à 100 km/heure sont attendus cette nuit.
 
En ces temps de deuil, nous ne pouvons que nous incliner devant la mémoire des disparus et exprimer notre solidarité avec les blessés et les familles des disparus. Toutes nos pensées vont à nos vaillants soldats et aux corageux sapeurs pompiers qui oeuvrent dans des conditions difficiles pour récupérer le maximum de vivants parmi les disparus et de sécuriser la vie des populations, des biens publics et privés, de sponts et chaussés, des oeuvres du génie civil et du bétail.
 
Ces inondations doivent être l’occasion d’un vrai élan de solidarité nationale loin de la récupération politicienne et de l’instrumentalisasion dégoutante de l’aide humanitaire, orchestrée à outrance récemment. Les acteurs humanitaires doivent respecter les principes d’Humanité, d’Impartialité et de Non-Discrimination, édictés par le mouvement international de la croix et du croissant rouge, autorité morale de l’action humanitaire. Les acteurs doivent en outre se conformer à la “Charte Humanitaire et les Régles Minimas” et les lignes directives du projet SPHERE, bien connues par l’équipe du Dr Ibrahim El-Gharbi, Présdient du Croissant rouge tunisien.
 
Seul le Croissant rouge tunisien a la capacité et la légitimité de coordonner l’effort national de solidarité avec les sinistrés de Redeyef. Les nouveaux acteurs doivent se conformer aux normes et aux consignes du Croissant. Il y va de la vie de dizaines de milliers de nos concitoyens.
 
La société civile, et même la société politique, peuvent et doivent apporter leurs contributions à l’oeuvre de la solidarité nationale et de l’action en faveur des plus démunis. C’est même là une obligation civique et une obligation religieuse pour nous autres musulmans. Mais la médiatisaon à outrance, les discours immoraux de certains “responsables”, faussement associatifs, en manque de députation, de “sénatorialisation” ou de “ministration”, et les sacs d’aide placardés de slogans politiciens sont une insulte à celles et à ceux de nos concitoyens sont dans le besoin. Notre noble religion nous enseigne de “donner par la main droite ce que la main gauche ne pourra pas voir”, et non d’exhiber les assistés comme des tableaux de chasse. Que Allah pardonne aux outranciers et les guide au juste chemin, celui du respect de la dignité de tout Etre humain.
 
La reprise en main, cet après-midi, de l’assistance humanitaire par les services de l’Etat, l’Armée nationale, les Sapeurs pompiers, le Croissant rouge tunisien, l’Union tunisienne de solidarité nationale, ainsi que l’activisation des structures de coordination nationale et régionale de lutte contre les catatrophes et d’acheminement de l’aide est un bon signe. L’intervention énergique du Chef de l’Etat et l’envoi sur place de trois ministres de la République (et non de telle ou telle association, parti ou patron qui veut se mousser avant les élections) est un bon signe.
 
C’est une preuve que la raison peut prendre le dessus sur les passions et les désirs des uns et des autres.
 
C’est une preuve que des Conseillers, du Palais de Carthage, peuvent orienter le Chef de l’Etat à prendre les bonnes décisions et à couper court aux commerçants des malheurs des pauvres, de la veuve et de l’orphelin pour assouvir les bas désirs de leurs carrières, éphémères.
 
Ces inondations doivent nous permettre de mieux réfléchir aux besoins de protection des populations, des biens publics et privés, du bétail et de de la nature, face au risque de catastrophes naturelles. Evaluer les besoins et mieux rationaliser les interventions et les modes d’assistance est une priorité nationale, notamment que notre pays dispose d’une bonne expérience en la matière.
 
Il s’agit d’actualiser les tablequx des risques et en évaluer leurs degrés, pour tout le territoire de la République, toutes ses régions, ses terres et ses mers.
 
Il s’agit aussi de faire participer tous les acteurs, publics, privés, associatifs, les assurances, les corporations professionnelles, les médias, les autorités religieuses… etc, dans cette entreprise nationale de prévention des catstrophes naturelles et de pointer les défaillances et les dysfonctionnement pour pouvoir améliorer les dispositifs de prévention, de réponse d’urgence, d’alerte précoce, de redéfinition des périmètres de risque pour mieux rationaliser l’aménagement du territoir.
 
La Tunisie dispose d’une bonne expérience et d’une bonne réputation en la matière, grace notamment à l’oeuvre du Croissant rouge tunisien et de l’Armée nationale, qui se sont taillés depuis l’Indépendance une solide réputation de gestion, de prévision et d’assistance.
 
Ces inondations doivent permettre la révision des dispositifs législatifs en vigueur, et notamment la déclaration de Catsrophe naturelle, permettant la prise en charge des opérations de réhabilitation, sur le budget régulier de l’Etat. La nouvelel Chambre qui sortira des urnes le 25 octobre prochain doit s’y atteler dès son entrée en fonction.
 
Ces inondations doivent aussi inciter le gouvernement et surtout le Chef de l’Etat à offrir aux habitants de Redeyef la libération de leurs enfants, prisonniers du bassin minier, pour extirper les foyers de la haine et permettre à la région de combattre les effets de cette catastrophe, dans l’Union et la Sérénité. Un ancien Ministre de la République, ayant servi sous lusieurs gouvernements m’expliquait il y a quelque temps une maxime de feu le Zaïm Habib Bourguiba, héros de l’Indépendance et père de la Tunisie moderne: “Al Amn Alladhi Yastatibbou Fi Al Qouloub Houa Al Amn Al Haqiqi” (seule la sûreté qui atteint les coeurs et y repose est la vraie sûreté).
 
La libération des prisonniers du bassin minier offrira, en ces temps de deuil, à quelques jours de la joie de l’Aïd Al-Fitr, une joie que seuls la maman, le papa, les enfants, les proches et les amis de prisonniers savent en apprécier la portée.
 
Les Conseillers, dignes de ce nom, qui ont conseillé le Chef de l’Etat aujourd’hui, doivent le tenir informer de l’évolution de la situation à Redeyef et ailleurs, le conseiller (c’est leur métier, fallait-t-il le rappeler à certains Conseillers!) dans l’intérêt suprême de la Nation et de l’Etat et non de leurs petites personnes, quitte à froisser les courtisanes et courtisans qui ne cherchent que leurs propres intérêts, souvent impropres et incompatibles avec ceux de la Patrie.
 
De nouveau, bravo, notamment, au Croissant rouge tunisien, à la Sécurité civile tunsienne, au Génie civil tunisien, au service sanitaire national tunisien et surtout à l’Armée nationale tunisienneune, pour les efforts surhumains qu’ils sont, certainement, en train de déployer. 
 
Une pensée et les prières les plus sincères vont aux victimes des inondations de Redeyef, que Allah les accueille dans son paradis éternel.
 
“On imagine mal la somme de catsrophes que chacun peut supporter dans l’indifférence, pour peu qu’elles s’abatttent sur autrui”, Georges Elgozy
 
 
Genève, Entourage de la Fédération Internationale de la Croix et du Croissant Rouge
23 septembre 2009
Abdel Wahab Hani
+33 6 17 96 00 37

Ma  Declaration
le  23.9.2009    J’ai mené des grèves de la faim pour avoir accès à des soins médicaux car je suis malade. Ma demande a été rejetée par les autorités tunisiennes ; l’année passée, j’ai continué la grève de la faim jusqu’ à l’épuisement total ; j’ai été transféré d’urgence à hôpital en réanimation et soins d’urgence. Mon état de santé s’est détérioré d’une façon alarmante,  ce qu’a confirmé le docteur Jean-Robert Pradier, qui m’a supplié d’arrêter ma grève, ce que j’ai fait. Par ailleurs, ma demande de passeport a été rejetée bien que j’ai déposé un dossier auprès du poste de police depuis avril 2008 . J’ai déposé une requête dans ce sens auprès du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Justice, qui sont à ce jour restées sans réponse. Si je n’ai pas droit aux soins en Tunisie comme tout citoyen, alors qu’on me laisse quitter le pays. Pour toutes ces raisons, je vous demande de relancer une action pour me sauver : je souffre toujours, j’ai des problèmes cardiaques, des problèmes au niveau des reins et des membres inferieurs. Tout ce que je demande c’est d’avoir un passeport pour pouvoir me soigner à l’étranger . Je compte beaucoup sur votre soutien et sur celui de toutes les organisations humanitaires et je vous en serai toujours reconnaissant. > Amicales pensées  Adeltif Bouhjila


De 4 à 7 ans ferme requis pour 4 islamistes liés à un réseau kamikaze belge

PARIS, 22 sept 2009 (AFP)         Des peines de quatre à sept ans de prison ferme ont été requises mardi devant la cour d’appel de Paris à l’encontre de quatre Tunisiens accusés de participation à une filière de recrutement de jihadistes, liée au réseau belge qui, en 2005, a acheminé vers l’Irak une Belge convertie à l’islam en vue d’y commettre un attentat suicide.         Sept ans de prison ont été requis à l’encontre d’Ahmed Bentaïeb, cinq ans contre Mourad Loghmari et Fredj Aloulou, soit des peines d’un à deux ans supérieures au jugement de première instance du 11 décembre 2008.         La confirmation de la peine de quatre ans infligée à Kamel Mosbah a été requise. Des interdiction de séjour en France ont également été demandées à l’encontre de l’ensemble des prévenus.         Les quatre hommes étaient jugés, sur appel du parquet et de trois d’entre eux, pour avoir participé à “une association de malfaiteurs à visée terroriste”. Tous ont contesté cette accusation à l’audience.         Bentaïeb avait été interpellé le 30 novembre 2005 à Paris. La police le soupçonnait d’avoir apporté un soutien logistique à la cellule belge de recrutement de jihadistes qui avait envoyé en Irak Muriel Degauque.         Cette Belge de 38 ans convertie à l’islam est devenue le 9 novembre 2005 la première Occidentale à se faire exploser lors d’une attaque suicide contre un convoi américain en Irak. Son mari, Issam Goris, a été tué par des soldats américains en Irak avant de commettre un attentat.         Après l’interpellation de Bentaïeb, les enquêteurs étaient remontés vers Mosbah, Aloulou et Loghmari. Pour l’accusation, cette filière d’envoi de jihadistes en Irak constitue le volet français, et plus précisément niçois, de la filière irakienne démantelée en Belgique.         L’arrêt de la cour a été mis en délibéré au 20 novembre.


 « La répression fait le lit de l’islamisme »

Tunisie . Des représentants de la société civile sont en France pour demander plus de solidarité envers les syndicalistes et militants emprisonnés. Cela fait plus d’une année, et à moins d’un mois de l’élection présidentielle tunisienne, que le syndicaliste Adnane Hajji et les 17 principaux animateurs du mouvement de contestation sociale du bassin minier de Gafsa sont en prison. Pour rappel, cette région a été le théâtre d’un mouvement social pacifique – emplois, salaires, développement de la région et éduca-tion – qui avait duré de janvier à juin 2008 et qui fut durement réprimé par les autorités tunisiennes. Condamnés lourdement en appel en février dernier à des peines allant de deux à dix ans de prison, les 18 syndicalistes ont été depuis séparés et incarcérés dans différents centres de détention loin de leurs lieux d’habitation et de leurs familles résidant dans la région de Gafsa. C’est pour alerter de cette situation, et d’une répression qui se poursuit, qu’une délégation de la société civile tunisienne a rencontré plusieurs partis politiques – PCF, PS, NPA -, syndicats et associations ATTAC, FSU, Solidaires… « La situation a empiré à tous les niveaux », explique Messaoud Romdhani, président du comité de soutien aux habitants du bassin minier de Gafsa. « La compagnie des phosphates de Gafsa est l’unique et principal employeur dans cette région enclavée. Il faut savoir que du fait du désengagement de l’État et des réformes structurelles, les effectifs salariés sont passés de 17 000 à 5 000 en l’espace de quelques années, et ce, dans un contexte où le taux de chômage (38 %) représente le double de la moyenne nationale. Or, dans le même temps, la production minière a augmenté et les cours du phosphate ont flambé. La situation est devenue socialement intolérable notamment pour les familles de détenus : « Le salaire de ces derniers était leur unique ressource. Ailleurs dans le pays, ce n’est guère mieux. Ces jeunes qui bravent la mort en traversant la Méditerranée pour aller en Europe le montrent amplement. Autrement ils seraient restés en Tunisie. En tout cas, le mécontentement social est bien là ». Plus généralement, « la situation se détériore. C’est l’avenir du pays qui est en jeu », explique-t-il. Et d’argumenter. « S’agissant des droits de l’homme, les sections de la LTDH (Ligue des droits de l’homme) ne travaillent pas. Leurs locaux sont fermés par les autorités. L’Association des magistrats a été mise au pas, ce qui fait qu’il n’y a plus de voix indépendante au sein de la justice pour s’élever ou dénoncer si besoin est les dérives actuelles. Le Syndicat des journalistes a subi le même sort : il est sous la coupe des autorités. En résumé, ce climat antidémocratique et répressif, ce bâillonnement des voix libres, ajouté à l’absence de presse libre, de culture – disparition des ciné-clubs, des maisons de la culture -, de débats contradictoires, fait le lit du fondamentalisme islamiste. Ce dernier gagne de plus en plus de terrain, occupe l’espace et relève la tête. Rien d’étonnant que de plus en plus de jeunes soient attirés par l’islamisme et que le voile islamique soit de plus en plus présent dans la société tunisienne. De ce fait, le régime tunisien que l’on présente comme un rempart contre l’islamisme n’est qu’une fiction », conclut-il. Hassane Zerrouky (Source: “L´Humanité” (Quotidien – France) le 22 septembre 2009)


Tunisie : Perturbations sur Facebook

 
Le piratage des comptes de Facebook, fait des victimes parmi des célébrités en Tunisie. Or le réseau social connait plusieurs difficultés techniques qui altèrent la qualité de ses services. Le numéro mondial des réseaux sociaux vient de confirmer dans un message laconique diffusé sur leur section Aide lundi dernier, que Facebook connait plusieurs difficultés techniques qui altèrent la qualité de service du site. Une information qui ne fait qu’affirmer ce que plusieurs facebookeurs ont expérimentés depuis plusieurs jours. Problèmes d’authentification, des statuts et des vidéos partagées qui disparaissent sans explication, des messages d’erreurs lors des publications/consultation des messages, les lenteurs, etc… Les plaintes fusent et ces «couacs» commencent à faire des gorges chaudes sur le web. Facebook se veut rassurant et déclare sur son site qu’il est en train de travailler pour résoudre le problème le plus tôt possible. L’affaire prend des dimensions relativement importantes en Tunisie, puisque pas moins de 783 960 de nos compatriotes sont inscrits sur le réseau social numéro un, selon les derniers chiffres publiés par checkfacebook.com. Mieux : avec une proportion d’utilisateurs supérieure à celle de pays comme le Maroc, l’Egypte, ou même l’Espagne et le Portugal, l’affaire Facebook deviendrait presque une question nationale. D’autant plus que l’on a rarement vu un phénomène a priori virtuel, en tout cas tout droit issu de l’internet faire autant de fois la une des journaux imprimés de Tunisie. Rappelons que Facebook vient d’atteindre récemment la barre des 300 millions d’affiliés et qu’il a subi des attaques de flood le mois dernier (lire notre news) qui ont ralenti ses services. Reste à savoir si la mode des piratages des comptes de Facebook, qui sévit dans notre pays et dont sont victimes quelques personnalités tunisiennes connues, font aussi partie de ces «erreurs techniques» du serveur. Des «célébrités» nationales ont été la cible d’une vague d’usurpations d’identité qui envoie à leur insu des invitations à des groupes et des messages de spams non sollicités, bien que leurs comptes soient théoriquement sécurisés par mot de passe personnalisé. W.N
(Source: “Tekiano.con” le 23 septembre 2009)


Washington courtise Tunis (d’après « Le Monde »)

Mme Obama pousse sa ville, Chicago, pour les JO de 2016

A la Maison Blanche, ces temps-ci, on ne parle que de Copenhague. Il serait prématuré d’en conclure que les responsables américains sont obnubilés par le sommet sur le changement climatique qui doit se tenir début décembre dans la capitale danoise. En fait de Copenhague, il s’agit de la prochaine réunion du Comité olympique international (CIO), le 2 octobre. Le CIO va y annoncer son choix pour les Jeux olympiques de 2016. Madrid, Tokyo et Rio de Janeiro sont candidates. Et surtout, Chicago, la ville de Barack Obama.

Depuis quelques semaines, la presse de l’Illinois est en émoi : le président n’a pas l’intention de se rendre à Copenhague pour appuyer cette candidature. Le porte-parole Robert Gibbs a fait valoir que M. Obama a des obligations à Washington, la réforme du système de santé par exemple, et la nouvelle révision de la stratégie en Afghanistan. La Maison Blanche a aussi allumé des contre-feux : Michelle Obama a été désignée pour conduire la délégation américaine chargée de faire un dernier forcing auprès du CIO à Copenhague. Elle entend présenter la candidature de sa ville dans toute sa dimension symbolique : c’est justement dans cette enclave noire du South Side où elle a grandi que les épreuves sportives vont se dérouler. Elle est un produit de “l’esprit olympique”, explique Valerie Jarrett, la conseillère spéciale du président.

Une cellule de huit personnes travaille à la Maison Blanche sur le dossier. Mme Jarrett a organisé une réception à la Maison Blanche avec une dizaine de sportifs et le maire de Chicago, Richard Daley. L’élu était en pays de connaissance. Une demi-douzaine de figures de la Maison Blanche ont travaillé pour lui à la mairie. De Valerie Jarrett, qui a été sa directrice adjointe de cabinet, à Susan Cher, l’assistante de la First Lady, ou à David Axelrod, qui a été consultant pour la mairie. Jusqu’à Michelle Robinson, alors fiancée à Barack Obama.

Cibler les pays africains

A New York, Mme Obama a l’intention de profiter de la présence des 192 Etats membres pour vanter les qualités de sa ville. Ceux des 106 membres du CIO qui sont encore indécis ont été dûment répertoriés, au terme d’une campagne digne des primaires de 2008. La Maison Blanche a décidé de cibler plus particulièrement les pays africains, qui n’ont pas d’attaches particulières avec les autres villes candidates. Valerie Jarrett a organisé des réunions au Capitole entre les élus de l’Illinois et les ambassadeurs des pays africains (18 votes). Les représentants de Tunisie, du Maroc et d’Afrique du Sud ont été courtisés.

A côté de ses briefings quotidiens sur la sécurité nationale et sur l’économie, le président reçoit un compte rendu des efforts de l’équipe, a indiqué Mme Jarrett. Le sommet de l’ONU et celui du G20 de Pittsburgh sont “deux excellentes occasions” pour lui de présenter la cause de Chicago. Et il n’exclut pas de décider à la dernière minute d’aller lui-même à Copenhague, finalement.

Corine Lesnes (New York, envoyée spéciale)

(Source : « LE MONDE » (quotidien – France), le 22 septembre 2009)


NEWS BRIEFS August 14th, 2009

By Catholic News Service

Like shifting sands, Tunisian church is always in flux, says bishop

TUNIS, Tunisia (CNS) — For many, the term “North Africa” evokes images of “Casablanca,” indigo-veiled warriors on steeds and camels, and sand — lots of sand. Although the North African country of Tunisia also has lush forests, rich farmland and popular seaside vacation havens, sand may be the best image for its Catholic Church: always present, but also ever shifting, always in flux and movement. Bishop Maroun Lahham of Tunis knows something about movement firsthand. Of Palestinian parentage, he was born and raised in Jordan and later ordained to the priesthood in Jerusalem. He was rector of the Latin Patriarchate of Jerusalem’s seminary in Beit Jalla, West Bank, when he was named bishop of Tunis in 2005. Having lived in an ethnically and religiously diverse region — and one in which Catholics are a minority — he sees both the promise and the challenges the church in Tunisia is facing. A strong plus for the church in the country, he said in a recent interview in his Tunis chancery, “is that we really do have a good margin of freedom in our … work — in our parishes, our schools, our activities, our hospitals.”

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Tunisia’s Catholics comfortable working in predominantly Muslim nation

TUNIS, Tunisia (CNS) — Although Tunisia’s 20,500 Catholics make up less than 1 percent of the country’s 11 million people, church officials say they are comfortable working in the country. About 98 percent of Tunisians are Muslim, and formal Muslim-Catholic dialogue has been going on “from the top down” for a long time, “but also at the grass roots,” said Father Ramon Echeverria, a member of the Missionaries of Africa and vicar general of the Diocese of Tunis. In Tunisia, the dialogue tends to be richer than in some other places, he said, “because many Tunisians are well-educated and very progressive. … They are more knowledgeable of other religions, as well as open to globalization and intellectual interests.” The former French colony has had a relationship with the Catholic Church for several hundred years, and church officials say that familiarity is one factor in Tunisians’ comfort level with the church. But more than length of presence, said Tunis Bishop Maroun Lahham, “I would say it’s the quality of our presence.” Catholics are “very well-appreciated, especially in the educational field,” he said. “There are many mothers and fathers who say, ‘I want to put my children in Catholic schools, because I was taught by the sisters, by the brothers.'”

(Source: “Catholic News Service” (USA), le 14 août 2009)

Lien : http://www.catholicnews.com/data/briefs/cns/20090814.htm

 

 Synod may not reflect reality of North Africa, say church leaders

By Pat Morrison

Catholic News Service

TUNIS, Tunisia (CNS) — As the 2009 Synod of Bishops for Africa approaches, some portions of the African church do not find their experiences or issues reflected in the synod’s themes, but at least one bishop believes North Africans can offer something unique to synod discussions.

Primarily in North Africa, bishops, their clergy and pastoral workers have said that while the Oct. 4-25 synod is well-intentioned, the Vatican does not seem to recognize that there are different issues in North Africa and sub-Saharan Africa.

Among those concerned that their situation will not be represented are Catholics in Africa’s Maghreb region — Algeria, Morocco and Tunisia — as well as Libya and Mauritania.

In an interview in his Tunis office earlier this year, Tunisian Bishop Maroun Lahham told Catholic News Service that CERNA, the regional bishops’ conference of North Africa, sent a letter to the synod planners urging that the unique situation of the church in the Maghreb be taken into account.

He said that although “the Maghreb is geographically in Africa, it’s another reality totally.”

“We are two very different worlds,” he said, adding that when he read the working papers for the synod, “I have to say I didn’t find myself or this church” reflected in them.

When Vatican officials speak of Africa, he said, “it’s black Africa,” not the northern countries.

“I think there should be a synod for the Middle East, for the Arab world, North Africa,” Bishop Lahham said.

On Sept. 19 the Vatican announced a synod for the Middle East for 2010, but it will not include North Africa.

Bishop Lahham said the church in Tunisia has much more in common with the Arab world and with Europe than with the southern part of the continent, he said.

As a result, when “(sub-Saharan) Africa looks at the Maghreb, it sees us as Europe, as the West.”

It’s not just a matter of geography. The pastoral and social concerns of the two parts of the continent are very different. As the synod background paper noted, sub-Saharan Africa wrestles with population-decimating AIDS and other endemic diseases, genocide, increasing desertification and consequent food shortages, arms trafficking and government corruption, the rise of cults and religious fundamentalism, and ongoing ethnic violence.

For the church in Tunisia and its northern neighbors, the challenges are much more those of First World countries: globalization, growing commercialism and secularization, dealing morally with new wealth and modernization, expanded educational opportunities, maintaining traditional values in a rapidly changing society, and assimilating immigrants from other African countries.

Even the positive elements the synod documents outline about Africa do not fit the North.

“The vitality of typical African liturgies,” for example, is not really applicable in the Maghreb, where French, Italian and German are the liturgical languages, because the majority of the Catholic population is made up of expatriates and tourists. The growing indigenous vocations to the priesthood and religious life of the sub-Saharan countries are not found in the North, which relies on church personnel from other nations for its pastoral outreach.

Father Ramon Echeverria, a member of the Missionaries of Africa and vicar general of the Tunis Diocese, has served in Africa for more than 30 years, in the Maghreb and Tanzania. He said the Catholic Church in the Maghreb is “neither totally Arab nor European nor African. And, we are different from the Middle East.”

Being a bridge, Father Echeverria said, “seems to be part of our specificity and vocation.”

Bishop Lahham said that, as a part of this vocation, the churches of North Africa have a unique gift to give to the universal church and the African synod: their positive relationship with Islam.

He noted that two-thirds of Arab Muslims — 200 million — live in North Africa, and the church co-exists peacefully and well with the Muslim world here. Because of the tolerance and openness of Tunisia, the Catholic Church enjoys freedom unknown in other places, the bishop said. Its work is highly respected, especially in education and health care, he added.

Father Echeverria said that because of their ongoing contact with Europe through business and their higher educational levels, Muslims of the Maghreb tend to be more open to dialogue and to Western values than Muslims in other parts of Africa.

“Here in Tunisia we have a lot of Muslims who are more secularized; they value their religion, but they also value moderation and dialogue with other religions, especially the Catholic Church,” he said. “That’s not the case in other parts of Africa. The experience we can bring is a very positive one.”

“We have specific experience that can help the (wider) church know how to deal with Islam,” he added.

“(Our experience) would also help the other African countries, because they have a quite different experience of Islam than ours” — more militant Islam in the South, for example, and the push among some governments for Shariah, or Islamic law, to replace existing constitutions.

(Source: “Catholic News Service” (USA), le 22 septembre 2009)

Lien : http://www.catholicnews.com/data/stories/cns/0904215.htm


 

Mohamed Bouchiha : « Nous avons une vision claire de la société tunisienne »

 

Mardi 22 septembre 2009, par Maryam Mnaouar

 

Interview du candidat du Parti de l’unité populaire à l’élection présidentielle

Ancien député de l’opposition, Mohamed Bouchiha, 61 ans, est candidat à la magistrature suprême cette année, en Tunisie, après y avoir prétendu une première fois, en 2004, à la tête de sa formation politique, le Parti de l’unité populaire (PUP). L’élection a été fixée au 25 octobre.

Le Parti de l’unité populaire (PUP), se réclamant du socialisme et du nationalisme arabe, est l’un des premiers partis d’opposition en nombre de députés au Parlement tunisien. Il en compte 11 sur 189, l’essentiel d’entre eux appartenant au Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), le parti du président Ben Ali. Le PUP déclare s’attacher aux acquis du pays et plébiscite les bonnes réformes engagées par le gouvernement, tout en tachant d’en signaler les échecs. Il affiche sa volonté de peser sur la vie politique et de jouer son rôle d’opposition sans chercher systématiquement la confrontation. Il considère le gouvernement comme un partenaire avec lequel il peut collaborer à rectifier les anomalies liées à sa gestion.L’Unité, hebdomadaire bilingue du parti, suit la même ligne éditoriale. Le candidat Mohamed bouchiha, a accepté de répondre aux questions d’Afrik.com.

Afrik.com : Vous avez obtenu 5,05% des voix aux élections présidentielles de 2004, comment définiriez vous votre électorat ? Plutôt d’opposition ? Est-il formé de votants contestataires ou simplement de progressistes de gauche ? Mohamed Bouchiha : Tout d’abord, j’aimerais rectifier. Le chiffre que vous avancez est au-delà de la réalité, notre score a été en effet d’un peu moins de 4%. Mais ça reste un résultat très satisfaisant pour notre parti. Nous avons tout même dépassé le cap du « zéro virgule » habituel depuis les premières élections plurielles de 1999. Quant à notre électorat, il adhère à nos idées et croit en nos fondements et dans les réformes et changements entrepris.

Afrik.com : Quelles réformes ? Celles du pouvoir ? Mohamed Bouchiha : C’est un peu cela. Nous avons opté pour appuyer tout ce qui se fait comme avancées et changements bénéfiques au pays dont l’objectif reste dans notre vision, des réformes qui ont commencé depuis 1987. Ces réformes ont satisfait dans un sens à nos revendications. Mais nous restons lucides et demandons davantage, ce n’est pas assez.

Afrik.com : Par exemple ? Mohamed Bouchiha : Nous demandons à ce que les réformes engagées reflètent par exemple la pluralité, qu’elles reflètent aussi l’attachement de la société à ce que l’Etat accomplisse sa fonction, sa mission de protecteur de la société, de dirigeant au niveau économique, parce que nous sommes absolument contre la privatisation à outrance.

Afrik.com : Votre électorat ne représente donc pas un public contestataire qui vote pour vous parce qu’il n’est pas satisfait par ce que lui propose le parti au pouvoir… Mohamed Bouchiha : Non, la majorité de notre public a des demandes claires qui coïncident avec les nôtres. Ils votent pour une certaine vision de la société, c’est à dire qu’ils observent les changements et mutations en cours et tendent vers plus d’émancipation et plus d’engagement de la part de l’Etat dans les institutions telles que le transport, la santé ou l’éducation.

Afrik.com : En quoi le PUP serait-il différent du parti au pouvoir et des autres partis d’opposition ? Mohamed Bouchiha : Nous nous distinguons par rapport au parti au pouvoir par nos revendications et nos actions. Nous ne sommes pas dans l’allégeance et nous avons une vision claire de la société tunisienne que nous nous appliquons à maintenir. Sur le plan économique et celui de la particularité des régions, nous avons beaucoup de divergences avec le gouvernement. Je vous l’ai dit, nous sommes contre les privatisations à outrance et pour un engagement massif de l’Etat. Sur ces points nous avons toujours été intransigeants. Il y a aussi le code de la presse, le code électoral, le code de la municipalité… Ces codes, qui régissent la vie publique en général, sont à revoir.

Afrik.com : Que leur reprochez-vous ? Mohamed Bouchiha : Au niveau du code électoral, et malgré les avantages acquis, il reste des choses à revoir. Le déséquilibre des forces reste flagrant. Entre un parti omniprésent, puissant comme le parti au pouvoir et un parti comme le nôtre, il n’y a pas photo. Prenons, par exemple, les élections municipales qui se basent sur un système de listes électorales. C’est un système qui ne permet pas de refléter correctement la diversité de la société. Quand un parti l’emporte, c’est toute sa liste qui passe. Et, en l’occurrence, avec l’hégémonie du parti au pouvoir et ses moyens, la victoire de ses candidats ne laisse pas de place pour des élus d’autres couleurs, puisqu’ils arrivent à la mairie avec tous les noms de leur liste. Nous demandons à ce niveau la démocratisation totale, et qu’on adopte la méthode proportionnelle, et ce pour refléter au moins l’hétérogénéité au niveau des régions. Que les responsabilités soient attribuées proportionnellement aux voix, et non raflées par le parti qui a le plus de voix. En attendant une réforme à la proportionnelle, on demande une réduction de la taille de ces listes pour que l’opposition puisse mener correctement sa campagne.

Afrik.com : Et au niveau du code de la presse ? Mohamed Bouchiha : A ce niveau, je ne peux nier les améliorations, mais je constate aussi les carences.

Afrik.com : Des améliorations au niveau de la presse, dites-vous ? Lesquelles ? Mohamed Bouchiha : Eh bien, la presse d’aujourd’hui n’est pas celle d’il ya 20 ans. Aujourd’hui, la presse écrite et la télé couvrent largement les meetings et activités de l’opposition, ce qui était impensable il y a encore quelque temps. Il y aussi les encouragements au profit de la presse des partis politiques, c’est grâce à ce genre d’aide que beaucoup de titres d’opposition subsistent. Le système du dépôt légal a disparu, ce qui constitue une belle avancée.

Afrik.com : Et si on en venait aux carences ? Mohamed Bouchiha : Il y a encore des petites entraves, par exemple au niveau de la demande de parution. L’autorisation de parution des journaux reste administrativement une procédure lourde à simplifier. Je vous signale aussi que le dépôt légal a disparu. Et ça, nous le sentons. Il y a aussi beaucoup d’autocensure. Les médias sont appelés à évoluer parce qu’ils sont la locomotive de la démocratie.

Afrik.com : Et pour votre journal, soumettez-vous vos articles à lecture avant parution ? Mohamed Bouchiha : Non, pas du tout. Nous n’avons pas ce genre de choses, nous publions librement et tel que nous le pensons, juste et adéquat avec le devoir d’informer.

Afrik.com : Vous comptez à l’assemblée nationale 11 députés. Comment se distinguent ils des autres ? Jouent-ils un vrai rôle d’opposition lorsqu’un projet ne les convainc pas ? Mohamed Bouchiha : Il y a une nouveauté. Nous avons constitué au sein de l’assemblée un groupe parlementaire important qui a son mot à dire au niveau de la vie parlementaire. Jusqu’à maintenant, l’ensemble de nos députes a surtout pratiqué la discussion au niveau des projets de lois. 11 députés, c’est important, mais nous savons que nous n’avons pas la majorité. Et au niveau de l’opposition nous ne sommes pas regroupés, et nous n’avons pas les mêmes priorités. Alors, bien entendu, si nous jugeons qu’un projet de loi ne va pas dans le sens de nos revendications et de nos valeurs, nous manifestons notre désaccord

Afrik.com : Comment ? Mohamed Bouchiha : Non, nous agissons au niveau des commissions. Il y a 7 commissions. Il y a un travail en profondeur qui se fait, et ce n’est pas au niveau de l’assemblée générale qu’il se réalise. Nous avons un membre dans chaque commission qui agit quand il le juge nécessaire, et cela peut influer sur un projet de loi. A diverses reprises, le gouvernement a retiré des projets de loi, les a réétudiés et leur a donné une nouvelle forme afin qu’il reçoive l’appui de tout le monde.

Afrik.com : Avez-vous présenté des propositions de loi, fait retirer une loi ? Mohamed Bouchiha : Non, légalement nous ne pouvons pas, nous n’avons pas la majorité et pas d’alliances. Mais je vous signale qu’en Tunisie, il y a en plus des commissions, pour les partis politiques légaux, les conseils supérieurs qui nous permettent de présenter nos suggestions et de discuter efficacement des problèmes que nous posons avec le conseil des ministres. Pour le gouvernement, c’est une façon de favoriser le contact et la consultation avec les différentes composantes de la vie politique, et bien sûr, il existe des contacts avec le président de la République pour s’entretenir des choses importantes.

Afrik.com : Le RCD est visiblement en campagne depuis fin 2006, quand ont poussé partout les pancartes géantes exhortant le président à se présenter. Des pancartes émanant des mairies et des institutions. Vous, par contre, avez commencé à annoncer vos ambitions en septembre 2008. N’y a-t-il pas là un déséquilibre ? Mohamed Bouchiha : C’est sans doute un déséquilibre, mais ce qui compte pour nous, c’est que nous continuons à mener cette ouverture pour des élections plurielles et transparentes. Même si notre annonce s’est faite par voie de presse fin 2008, le principe a été acquis depuis notre congrès en mars 2006. Et depuis, nous avons inauguré une série de meetings, de réunions, de congrès et de visites sur le terrain qui ont été toutes couvertes par les médias, et cç c’est un acquis supplémentaire. Nous n’attendons plus l’ouverture officielle de la campagne électorale, soit 2 semaines avant le scrutin, pour faire la promotion de notre programme en multipliant les rencontres.

Afrik.com : Justement, à part vos adhérents et vos cadres, avez-vous un problème de remplissage ? Arrivez-vous à rassembler un auditoire large, ou constatez-vous les réticences qu’ont les gens à assister à des meetings de partis dits d’opposition ? Mohamed Bouchiha : En effet, certains ont cette appréhension qui consiste à se dire pourquoi irai-je assister et perdre mon temps alors que ma voix ne sera peut-être pas prise en compte ?

Afrik.com : Y a-t- il de la crainte dans tout ça ? L’existence d’une opposition reste-t-elle tabou ? Mohamed Bouchiha : C’est clair pour moi, je l’ai déjà dit en 1999, nous participons pour casser un tabou. La société tunisienne a vécu sous le joug d’un pouvoir personnel du parti unique. Ca laisse des traces, une sorte de tabou transmis de génération en génération. Vous savez qu’on ne change pas une société en quelques heures, d’où notre satisfaction à imprégner les électeurs dès 1999 du jeu électoral pluriel. Et nous participons à ces élections avec enthousiasme ; les choses évoluent dans le bon sens depuis. Nous avons de plus en plus d’adhérents, et nos cadres ne sont plus les cadres d’il ya 10 ans. Ce sont des cadres politisés et mobilisés qui ont reçu une formation digne de ce nom. Nos cadres se mobilisent sur tout le territoire et ce même en milieu rural. Je vous signale que pour les prochaines législatives, le PUP a des problèmes de désignation de ses listes électorales. Avant, pour constituer une liste, il fallait chercher et batailler.

Afrik.com : On vous a déjà posé cette question : que pensez vous lorsqu’on vous traite de « parti de décor » ? Mohamed Bouchiha : Tout d’abord, ceux qui nous taxent de « parti de décor », je leur demanderai où ils ont cherché ce terme ? Car je sais d’où il provient. Et les personnes qui l’ont inventé ne sont pas nombreuses et connaissent l’effritement dans leur parti. Je ne veux pas renter dans leur système de dénigrement, mais je vous dis que nous sommes parmi les rares partis politiques dans le pays, à part le RCD, à posséder un programme général de gouvernement sans faire de surenchère au niveau des revendications. nous ne faisons pas que constater les échecs comme certains. Nous constatons les problèmes et nous proposons des solutions. Si être un vrai parti politique signifie, le dénigrement, laver le linge sale en public, dire des méchancetés sur telle ou telle personne, prendre des détails de la vie quotidienne pour en faire un problème et dire que c’est un Etat policier…

Afrik.com : Justement, la Tunisie a-t-elle un Etat policier ? Mohamed Bouchiha : Ce n’est pas un Etat policier, c’est un Etat policé.

Afrik.com : Policé ? Mohamed Bouchiha : Oui, policé pour se défendre contre les intégristes par exemple. Même si je le dis, la solution policière n’est pas la seule, il faut trouver d’autres solutions sur le plan culturel, social et économique. C’est-à-dire des solutions pour le chômage, assurer le bien-être pour tout le monde, l’équilibre entre les régions. Et malgré ça, nous ne sommes pas dans une aussi mauvaise posture que d’autres pays qui se disent démocratiques.

Afrik.com : Vous avez déclaré dans une précédente interview que votre candidature n’a qu’une portée pédagogique. N’est-ce pas déjà là un aveu d’impuissance ? Mohamed Bouchiha : Oui, absolument. Je ne vends pas les rêves, et je reste réaliste. Il sera très difficile de remporter les élections contre le président Ben Ali. Attention, ce n’est pas que j’appelle les gens à voter Ben Ali, mais sur la base des acquis qu’a accumulé mon pays sous sa gouvernance nous ne pouvons rivaliser aisément. Beaucoup de gens ont vu leur vie changer, et j’ai constaté la mutation moi-même dans les régions. Il y a eu une évolution sociale extraordinaire. Ca, on ne peut le nier.

Afrik.com : Sur le plan des droits de l’homme, un dossier qui ressort périodiquement, que pensez de la situation en Tunisie ? Et comment réagissez-vous lorsqu’un cas de non-respect de ces droits vous parvient ? Mohamed Bouchiha : Quand un cas nous parvient, grâce au dialogue que nous avons avec le gouvernement et le président, nous intervenons, et nous obtenons des réponses positives. Généralement, nous sommes efficaces. Pas la peine donc d’en parler en premier lieu dans notre journal. A l’inverse, bien sûr, s’il n’y a pas de solution, nous informons par le biais de notre journal de façon à influer sur le pouvoir politique. S’il fallait vous parler des problèmes de droits de l’homme, je vous dirais qu’ils sont l’apanage de tous les pays.

(Source: “AFRIK.COM” le 22 sept.-09)

Lien: http://www.afrik.com/article17600.html

 


Elie Wiesel : l’Unesco a échappé à un “désastre” avec Farouk Hosni

 
AFP, le 23 septembre 2009 à 10h34 PARIS, 23 sept 2009 (AFP) – Le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel a estimé que l’Unesco, qui a élu mardi à sa tête la Bulgare Irina Bokova, avait échappé à un “désastre” en écartant Farouk Hosni, le ministre égyptien ayant selon lui un “passé lourd” lié notamment à la prise d’otages de l’Achille Lauro en 1985. “L’Unesco vient d’échapper à un scandale, à un désastre moral. M. Farouk Hosni ne méritait pas ce travail; il ne méritait pas cet honneur. Ce n’est pas quelqu’un, à mon avis, qui aurait dû même être candidat à ce poste”, a déclaré M. Wiesel à l’antenne de la radio France Inter. Mme Bokova a été désignée mardi soir par le Conseil exécutif de l’Unesco –instance dirigeante de l’organisation– au cinquième tour d’un scrutin tendu dont le candidat égyptien était initialement considéré comme le grand favori. Des organisations juives et des intellectuels, dont Elie Wiesel, avaient dénoncé une candidature selon eux entachée de déclarations antisémites et anti-israéliennes, et représentant un régime pratiquant la censure. “C’est lui a fait évader les terroristes de l’Achille Lauro (paquebot italien visé en 1985 par une prise d’otages par un commando palestinien, ndlr), qui avaient littéralement jeté dans la mer un homme invalide (américain juif, ndlr) dans sa chaise roulante”, a encore affirmé M. Wiesel. Un site d’information arabe, Elaph.com, a accusé samedi Farouk Hosni d’avoir collaboré avec les services secrets égyptiens alors qu’il était conseiller culturel de l’ambassade de son pays à Paris, et d’avoir organisé en 1985 l’évacuation vers l’Egypte des preneurs d’otage de l’Achille Lauro alors qu’il était conseiller culturel à Rome. Le site affirme que M. Hosni a lui-même relaté ces faits à des journalistes, sans toutefois préciser les circonstances de ces révélations. Le philosophe Bernard-Henry Lévy, qui s’était engagé avec Elie Wiesel et le cinéaste Claude Lanzmann contre la candidature de Farouk Hosni, a lui aussi salué mercredi la victoire de la candidate bulgare à l’Unesco. “C’est la victoire de la morale sur la realpolitik, sur les petits arrangements politiques”, a-t-il déclaré à l’antenne de la radio RTL. Les trois intellectuels avaient dénoncé le soutien selon eux apporté par Paris à la candidature égyptienne.


 

Unesco: l’Egypte blâme le “lobby juif” et le “choc des civilisations”

AFP, le 23 septembre 2009 à 12h09 Par Jailan ZAYAN LE CAIRE, 23 sept 2009 (AFP) – La presse et les intellectuels égyptiens se sont déchaînés mercredi contre le “lobby juif” et le “choc des civilisations” après le fiasco du ministre de la Culture Farouk Hosni pour la direction de l’Unesco, au terme d’une campagne marquée par des accusations d’antisémitisme. Le quotidien Al-Ahram al-Messai (gouvernemental) attribue cet échec cuisant à “des attaques indignes de la part d’intellectuels juifs en France” et aux efforts de sape “de l’ambassadeur américain à l’Unesco ainsi que des médias sionistes en Europe et aux Etats-Unis”. Même écho dans la presse d’opposition, où le journal Al-Ahrar dénonce une “campagne féroce de l’administration américaine, sous pression juive” qui a abouti mardi à la victoire de la diplomate bulgare Irina Bokova. Pour Al-Masry al-Youm (indépendant), la bataille pour la direction de l’Organisation de l’ONU pour l’Education, les Sciences et la Culture a été “déterminée par un choc des civilisations” entre Occidentaux et pays en développement. Le pouvoir égyptien, qui s’était engagé massivement en faveur de M. Hosni, un pilier du gouvernement à la tête depuis 22 ans du ministère de la Culture, est en revanche resté discret sur ce revers, laissant manifestement la presse et les intellectuels donner de la voix. A Paris, l’ambassadeur d’Egypte Nasser Kamel s’est refusé à spéculer sur cet échec. “L’important, c’est le principe du dialogue des civilisations, nouer des liens entre notre courant culturel et ceux qui n’ont pas voulu qu’il soit directeur général”, a-t-il dit à l’AFP. Longtemps donné favori, M. Hosni a vu sa candidature ternie par des déclarations en 2008 dans lesquelles il affirmait qu’il “brûlerait lui-même” les livres israéliens qu’il trouverait en Egypte. Ces propos et d’autres déclarations anti-israéliennes lui ont valu l’opposition farouche de personnalités juives, au premier rang desquelles le prix Nobel de la Paix et survivant de l’Holocauste Elie Wiesel et l’écrivain-philosophe français Bernard-Henri Lévy. M. Hosni s’est excusé pour ces propos selon lui sortis de leur contexte et a démenti tout sentiment antisémite, sans parvenir à conjurer un malaise croissant à l’étranger. De fait, sa candidature, destinée à mettre en valeur la richesse culturelle unique de l’Egypte et sa place de pays modéré au sein du monde arabe, a fini en polémique sur fond d’accusations d’antisémitisme et de censure. Dès la défaite, des voix se sont élevées dans les milieux intellectuels égyptiens pour fustiger le “mouvement sioniste”, mais aussi dénoncer le peu de considération des Occidentaux pour les pays du Sud. “Pour la première fois, la course (pour la tête de) cette organisation était politique”, a déclaré à l’AFP Mohammed Salmaoui, président de l’Union des écrivains. “C’est la première fois qu’il y a une telle polarisation entre le nord et le sud”, a commenté pour sa part Gaber Asfour, chef du service des traductions au ministère de la Culture. “C’est la première fois que l’Europe s’élève contre le monde arabe avec une telle férocité”. Premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, l’Egypte est très engagée dans les efforts de paix israélo-arabes. L’Etat hébreu s’était d’ailleurs engagé à ne pas faire campagne contre M. Hosni. La normalisation entre les deux pays reste toutefois encore très incomplète, en particulier dans le secteur culturel, un contexte qui a pesé sur M. Hosni. Signe de cet état de “paix froide”, une journaliste égyptienne, Hala Moustafa, rédactrice en chef du magazine al-Demoqratiya (La démocratie), vient d’être vivement mise en cause par le syndicat des journalistes égyptiens pour avoir reçu à son bureau l’ambassadeur israélien au Caire, Shalom Cohen.


Quand Kadhafi vient parler de paix à l’ONU

 

Par Marie Simon, publié le 23/09/2009 

 

Le colonel Kadhafi doit assister, pour la première fois en 40 ans de pouvoir, à l’Assemblée générale de l’ONU ce mercredi, quelques semaines après la libération controversée du Libyen responsable de l’attentat de Lockerbie. Un appel à manifester contre sa venue a été lancé.

Parmi les participants à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, ce mercredi, il en est dont lavenue est jugée embarrassanteMuammar Kadhafi est de ceux-là.

Redevenu “fréquentable” aux yeux de nombreux chefs d’Etat depuis quelques années, et même s’il suit une “évolution plutôt positive” selon le secrétaire d’Etat français à la Coopération Alain Joyandet, le Guide libyen n’en garde pas moins une réputation de leader dangereux lié au terrorisme.  

La libération de l’agent de Tripoli condamné en 2001 à la prison à viepour l’attentat de Lockerbie hérisse encore davantage ses opposants. L’Ecosse, indépendante de Londres en matière de justice, a en effet décidé le 20 août dernier de laisser Abdelbaset al-Megrahi rentrer en Libye, pour raisons de santé, malgré son implication dans l’explosion d’un avion de la Pan Am au-dessus de ce village écossais en 1988.

Cette décision et l’accueil réservé àAbdelbaset al-Megrahi à son arrivée à Tripoli ont profondément choqué aux Etats-Unis, d’où étaient originaires 189 des 270 victimes de l’attentat.

Le président de l’associationVictimes du vol Pan Am 103 (VPAF103) s’est dit “outragé” par ce spectacle et appelle à manifester, ce mercredi à 8h du matin, heure locale, devant le siège de l’ONU, où le colonel Kadhafi prendra la parole à la tribune. Le président de l’association, Frank Duggan, espère une “manifestation massive contre sa présence sur le sol américain”. 

Même appel à manifester, même colère à l’American Libyan Freedom Alliance (ALFA), une ONG qui promeut les droits de l’homme et la justice en Libye et lutte contre “la tyrannie, le terrorisme et les crimes contre l’humanité que Kadhafi continue de commettre”.

Irrité par la venue du colonel Kadhafi à New York, il regrette aussi que le leader libyen prenne la parole à la tribune de l’Assemblée générale, ce mercredi, au même titre que ses homologues américain ou russe…

“Kadhafi, connu pour ses liens avec le terrorisme, va tenir conférence sur la paix et la sécurité devant l’Assemblée générale de l’ONU et son Conseil de sécurité… alors qu’il a passé les 40 dernières années à détruire la paix et la sécurité! Demandez au peuple libyen s’il se sent en sécurité sous ce tyran!”, s’insurge Mohamed Bugaighis, son président.

“Si la communauté internationale ne peut pas aider le peuple libyen, qu’elle reste en dehors de tout cela. Qu’elle n’apporte pas son soutien à Kadhafi afin d’avoir son pétrole ou de lui vendre des armes… au détriment des aspirations des Libyens”, ajoute cet homme pour qui l’ONU n’a “aucune crédibilité, dans cette affaire, et en général”.  

Pour lui, la libération d’Abdelbaset al-Megrahi a d’ailleurs été obtenue par Tripoli contre des “contrats commerciaux, certainement du pétrole”. Londres nie l’existence de tels accords… mais reconnaît, par la voix de sonministre de la Justice, Jack Straw, que des intérêts pétroliers et commerciaux ont pu jouer “une grande part” dans un accord de transfèrement de prisonniers, dont Megrahi devait bénéficier. Il a finalement été libéré pour raisons de santé avant la mise en oeuvre de cet accord.

Son état de santé, l’ALFA et les familles des victimes le remettent également en question. Les bulletins établissant que son cancer de la prostate était en phase terminale auraient-ils été fournis ou “payés par Tripoli”? “Kadhafi veut le garder près de lui. Et s’il devait devenir un obstacle aux accords passés à huis clos, il n’hésiterait sans doute pas à se débarrasser de lui”, assène Mohamed Bugaighis qui espère une forte mobilisation ce mercredi matin à New York.

Ce “comité d’accueil” attendra le Guide libyen à son arrivée à l’ONU. Une première: en40 ans de pouvoir, il n’avait jamais participé à ce rendez-vous. Frank Dunnan, de la VPAF103, “comprend que les Etats-Unis veuillent ramener la Libye dans la communauté internationale… mais il ne faut pas pour autant dérouler le tapis rouge” sous les pieds du colonel Kadhafi “qui n’aime rien autant que mettre du sel sur nos plaies”.

(Source:”lexpress.fr” le 23 sept. 09)

Lien:http://www.lexpress.fr/actualite/monde/quand-kadhafi-vient-parler-de-paix-a-l-onu_789402.html


Moi, Mustapha Kessous, journaliste au “Monde” et victime du racisme

“Le Monde” a demandé à un de ses journalistes, Mustapha Kessous, 30 ans, d’écrire ce qu’il racontait en aparté à ses collègues : les préjugés contre les Maghrébins, qui empoisonnent sa vie privée et professionnelle.

Récit

“Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom quand je me présente au téléphone”

Mustapha Kessous

Brice Hortefeux a trop d’humour. Je le sais, il m’a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l’immigration et de l’identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l’avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : “Vous avez vos papiers ?”

Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m’approche d’une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. “Je te parle pas, à toi”, me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n’a aucun souci à discuter avec cette “France profonde”. Il m’avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l’organisation l’a appelé pour savoir si j’étais bien son… chauffeur.

Je pensais que ma “qualité” de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux “défauts” : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des “crochets” balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l’endroit, la population, les préjugés sont poisseux.

J’en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet “apartheid mental”, lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n’hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'”un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !”

Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c’est toujours “M. Kessous”. Depuis 2001, depuis que je suis journaliste, à la rédaction de Lyon Capitale puis à celle du Monde, “M. Kessous”, ça passe mieux : on n’imagine pas que le reporter est “rebeu”. Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, m’avait avoué, en souriant : “Je croyais que vous étiez de notre communauté.”

J’ai dû amputer une partie de mon identité, j’ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c’est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s’est si souvent produit…

A mon arrivée au journal, en juillet 2004, je pars pour l’île de la Barthelasse, près d’Avignon, couvrir un fait divers. Un gamin a été assassiné à la hachette par un Marocain. Je me retrouve devant la maison où s’est déroulé le drame, je frappe à la porte, et le cousin, la cinquantaine, qui a tenté de réanimer l’enfant en sang, me regarde froidement en me lançant : “J’aime pas les Arabes.” Finalement, il me reçoit chez lui.

On pensait que le meurtrier s’était enfui de l’hôpital psychiatrique de l’endroit : j’appelle la direction, j’ai en ligne la responsable : “Bonjour, je suis M. Kessous du journal Le Monde…” Elle me dit être contente de me recevoir. Une fois sur place, la secrétaire lui signale ma présence. Une femme avec des béquilles me passe devant, je lui ouvre la porte, elle me dévisage sans me dire bonjour ni merci. “Il est où le journaliste du Monde ?”, lance-t-elle. Juste derrière vous, Madame : je me présente. J’ai alors cru que cette directrice allait s’évanouir. Toujours pas de bonjour. “Vous avez votre carte de presse ?, me demande-t-elle. Vous avez une carte d’identité ?” “La prochaine fois, Madame, demandez qu’on vous faxe l’état civil, on gagnera du temps”, riposté-je. Je suis parti, évidemment énervé, forcément désarmé, avant de me faire arrêter plus loin par la police qui croyait avoir… trouvé le suspect.

Quand le journal me demande de couvrir la révolte des banlieues en 2005, un membre du club Averroès, censé promouvoir la diversité, accuse Le Monde d’embaucher des fixeurs, ces guides que les journalistes paient dans les zones de guerre. Je suis seulement l’alibi d’un titre “donneur de leçons”. L’Arabe de service, comme je l’ai si souvent entendu dire. Sur la Toile, des sites d’extrême droite pestent contre “l’immonde” quotidien de référence qui a recruté un “bougnoule ” pour parler des cités.

Et pourtant, s’ils savaient à quel point la banlieue m’était étrangère. J’ai grandi dans un vétuste appartement au coeur des beaux quartiers de Lyon. En 1977, débarquant d’Algérie, ma mère avait eu l’intuition qu’il fallait vivre au centre-ville et non pas à l’extérieur pour espérer s’en sortir : nous étions parmi les rares Maghrébins du quartier Ainay. Pour que la réussite soit de mon côté, j’ai demandé à être éduqué dans une école catholique : j’ai vécu l’enfer ! “Retourne dans ton pays”, “T’es pas chez toi ici”, étaient les phrases chéries de certains professeurs et élèves.

Le 21 décembre 2007, je termine une session de perfectionnement dans une école de journalisme. Lors de l’oral qui clôt cette formation, le jury, composé de professionnels, me pose de drôles de questions : “Etes-vous musulman ? Que pensez-vous de la nomination d’Harry Roselmack ? Si vous êtes au Monde, c’est parce qu’il leur fallait un Arabe ?”

A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : “Vous êtes le prévenu ?” par l’huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.

Le quotidien du journaliste ressemble tant à celui du citoyen. Depuis plusieurs mois, je cherche un appartement. Ces jours derniers, je contacte un propriétaire et tombe sur une dame à la voix pétillante : “Je m’appelle Françoise et vous ?” “Je suis M. Kessous “, lui répondis-je en usant de mon esquive habituelle. “Et votre prénom ?”, enchaîne-t-elle. Je crois qu’elle n’a pas dû faire attention à mon silence. Je n’ai pas osé le lui fournir. Je me suis dit que, si je le lui donnais, ça serait foutu, qu’elle me dirait que l’appartement avait déjà été pris. C’est arrivé si souvent. Je n’ai pas le choix. J’hésite, je bégaye : “Euhhhhh… Mus… Mustapha.”

Au départ, je me rendais seul dans les agences immobilières. Et pour moi – comme par hasard – il n’y avait pas grand-chose de disponible. Quand des propriétaires me donnent un rendez-vous pour visiter leur appartement, quelle surprise en voyant “M. Kessous” ! Certains m’ont à peine fait visiter les lieux, arguant qu’ils étaient soudainement pressés. J’ai demandé de l’aide à une amie, une grande et belle blonde. Claire se présente comme ma compagne depuis cet été et fait les visites avec moi : nous racontons que nous allons prendre l’appartement à deux. Visiblement, ça rassure.

En tout cas plus que ces vigiles qui se sentent obligés de me suivre dès que je pose un pied dans une boutique ou que ce vendeur d’une grande marque qui ne m’a pas ouvert la porte du magasin. A Marseille, avec deux amis (un Blanc et un Arabe) – producteurs du groupe de rap IAM -, un employé d’un restaurant a refusé de nous servir…

La nuit, l’exclusion est encore plus humiliante et enrageante, surtout quand ce sont des Noirs et des Arabes qui vous refoulent à l’entrée d’une boîte ou d’un bar. Il y a quatre mois, j’ai voulu amener ma soeur fêter ses 40 ans dans un lieu parisien “tendance”. Le videur nous a interdit l’entrée : “Je te connais pas !” Il aurait pourtant pu se souvenir de ma tête : j’étais déjà venu plusieurs fois ces dernières semaines, mais avec Dida Diafat, un acteur – dont je faisais le portrait pour Le Monde – et son ami, le chanteur Pascal Obispo.

Fin 2003, je porte plainte contre une discothèque lyonnaise pour discrimination. Je me présente avec une amie, une “Française”. Le portier nous assène le rituel “Désolé, y a trop de monde.” Deux minutes plus tard, un groupe de quinze personnes – que des Blancs – entre. Je veux des explications. “Dégage !”, m’expédie le videur. La plainte sera classée sans suite. J’appellerai Xavier Richaud, le procureur de la République de Lyon, qui me racontera qu’il n’y avait pas assez d'”éléments suffisants”.

Que dire des taxis qui après minuit passent sans s’arrêter ? Que dire de la police ? Combien de fois m’a-t-elle contrôlé – y compris avec ma mère, qui a plus de 60 ans -, plaqué contre le capot de la voiture en plein centre-ville, fouillé jusque dans les chaussettes, ceinturé lors d’une vente aux enchères, menotté à une manifestation ? Je ne compte plus les fois où des agents ont exigé mes papiers, mais pas ceux de la fille qui m’accompagnait : elle était blonde.

En 2004, une nuit à Lyon avec une amie, deux policiers nous croisent : “T’as vu le cul qu’elle a !”, lance l’un d’eux. “C’est quoi votre problème ?” rétorqué-je. Un des agents sort sa matraque et me dit en la caressant : “Il veut quoi le garçon ?” Le lendemain, j’en ai parlé avec Yves Guillot, le préfet délégué à la police : il m’a demandé si j’avais noté la plaque de leur voiture. Non…

En 2007, la brigade anticriminalité, la BAC, m’arrête sur les quais du Rhône à Lyon : j’étais sur un Vélo’v. On me demande si j’ai le ticket, si je ne l’ai pas volé. L’autre jour, je me gare en scooter sur le trottoir devant Le Monde. Je vois débouler une voiture, phares allumés : des policiers, mains sur leurs armes, m’arrêtent. Je leur dis que je travaille là. Troublés, ils me demandent ma carte de presse, mais pas mon permis.

Des histoires comme celles-là, j’en aurais tant d’autres à raconter. On dit de moi que je suis d’origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un “beurgeois”, un enfant issu de l’immigration… Mais jamais un Français, Français tout court.

(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 24 septembre 2009)

 

 

 

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