TUNISNEWS
7 ème année, N° 2261 du 31.07.2006
Luiza Toscane: Adel Tebourski : retour à la case prison ? Mustapha Tlili : 26éme jour de greve de la faim de Abderrahmane Tlili L’éditorial de l´Audace: Lettre ouverte a l’opposition tunisienne Dr Moncef Marzouki: Ce qui pourrait détruire Israël AFP: Israël condamné après le drame de Cana, nombreux appels à une trêve AFP: Les leaders du monde musulman en colère face au “massacre” de Cana Sami Ben Abdallah: « Coup d’Etat » au Club Africain – « des élections libres seraient nuisibles» Réalités: Où en est la Tunisie dans l’économie du savoir ? Mouvement des indigènes de la république : “Le Monde” offre deux pages à la propagande militaire sioniste Prospect Magazine : Interview with Tariq Ramadan
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Adel Tebourski : retour à la case prison ?
Libéré le 22 juillet de la prison de Nantes après cinq années d’incarcération pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, Adel Tebourski, de nationalité tunisienne (1), a été conduit directement au centre de rétention du Mesnil Amelot, en région parisienne, dans l’attente de son renvoi en Tunisie puisqu’il avait reçu quasi simultanément notification d’un arrêté ministériel d’expulsion (2). Lundi 24, Adel Tebourski déposait une demande d’asile, qui devait suivre un traitement prioritaire (3) puisque déposée depuis un centre de rétention. Le surlendemain, Adel Tébourski, fut informé qu’il rencontrerait les services consulaires tunisiens le vendredi suivant, alors qu’il était encore demandeur d’asile… L’issue de la procédure était-elle connue d’avance ?
Mercredi 26 juillet, la CIMADE et l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) déposaient un recours auprès du Comité contre la Torture des Nations Unies, lequel enjoignait dès le lendemain à la France de surseoir à l’exécution du renvoi de M. Tebourski en Tunisie “ en raison des risques de torture et de mauvais traitements encourus par ce dernier en cas de retour dans son pays d’origine ». Le ministre de l’Intérieur décidait de passer outre et dès réception de la réponse négative à sa demande d’asile vendredi 28, Adel Tebourski était conduit au Consulat de Tunisie à Paris pour que ce dernier lui délivre un laissez-passer. Adel Tébourski eut alors la désagréable surprise de constater que les gendarmes du Mesnil-Amelot avaient transmis aux services consulaires le rejet de sa demande d’asile, en toute illégalité. Les risques de torture en cas de retour s’en trouveront accrus.
Adel Tebourski, sans illusion aucune sur le sort qui lui serait réservé en Tunisie, entamait le jour même une grève de la faim et de la soif.
On voit mal en effet comment il pourrait échapper à la torture devenue systématique dans les affaires de terrorisme, ou à l’arsenal législatif tunisien, qui dispose de trois articles punissant les activités terroristes commises à l’étranger (4). C’est en vertu de ces lois que plusieurs Tunisiens s’étant vu refuser l’asile en Europe sont aujourd’hui incarcérés en Tunisie (Tarek Belkhirat, Taoufik Selmi ou Adel Rahali, pour ne citer qu’eux, ces deux derniers ayant été atrocement torturés après leur descente d’avion). C’est toujours en vertu du code des plaidoiries et sanctions militaires qu’une cour militaire a condamné le réfugié Salem Zirda, expulsé des Etats-Unis en Tunisie, à une peine de sept ans d’emprisonnement…. Et ce sont les services du ministère de l’Intérieur tunisien qui ont systématiquement torturé, dans une période toute récente, des centaines de personnes lors de leur garde à vue dans des affaires de terrorisme. C’est dans ce cadre que Moncef Louhichi a perdu la vie à l’issue de sa garde à vue en juin 2005.
Samedi 29 juillet, le tribunal administratif de Paris a rejeté le second référé liberté déposé contre l’expulsion de M. TEBOURSKI contestant le choix de la Tunisie comme pays de destination. Aucune mention n’a été faite de la décision du Comité contre la torture des Nations Unies. Jeudi 4 août, ce sera le tour du référé suspension d’être examiné par ce même tribunal. Les autorités françaises attendront-elles cette échéance ? Assurance a été donnée par un conseiller du ministre de l’Intérieur aux associations qui suivent l’affaire qu’Adel Tebourski ne serait pas renvoyé avant l’examen des référés. (5) Mais après ? Dans un communiqué, l’ACAT et la CIMADE expliquent que leurs craintes ne sont pas basées sur des hypothèses : « Nous rappelons qu’en 2002, l’ACAT-France avait déjà tout fait pour sauver M. BRADA d’une expulsion, ce qui n’avait pas abouti. M. BRADA, algérien qui avait fui son pays après avoir été torturé pour refus de porter les armes, avait été, contre toute attente, expulsé, et ce, malgré la mobilisation des associations. Il a été réceptionné à l’aéroport par les services de police puis sauvagement torturé. A la suite de cette affaire, l’Etat français avait été condamné pour violation des articles 3 et 22 de la Convention contre la torture. Faudra-t-il recommencer avec M. TEBOURSKI ? “ (5)
Tunis le 31 juillet 2006
26éme JOUR DE GREVE DE LA FAIM DE ABDERRAHMANE TLILI
Autorisée à ce jour à lui rendre visite, la mère de Abderrahmane TLILI a constaté que son fils poursuit sa grève de la faim entamée le 6 juillet 2006 pour revendiquer son droit à des soins appropriés au diabète et autres maladies dont il est atteint depuis des années.
Selon sa mère, l’état de santé de Abderrahmane TLILI s’est détérioré depuis sa dernière visite du jeudi 27 juillet 2006.
Ce même constat très préoccupant est partagé par un médecin spécialiste, le professeur Khmais Nagati, qui a pu l’ausculter samedi 29 juillet 2006. Celui-ci a tenu à expliquer à Abderrahmane TLILI les dangers qu’il encourt à poursuivre sa grève de la faim, mais en vain. Ce dernier continue donc une grève de la faim illimitée avec pour unique revendication celle de se faire reconnaître son droit à des soins appropriés.
Mustapha TLILI
Tel. : 0021622027700
LETTRE OUVERTE A L’OPPOSITION TUNISIENNE
Par Slim Bagga et Khaled Ben M’Barek
Mesdames, messieurs, le peuple vous en veut ! Oui, il vous en veut autant que vous vous en voulez à vous-mêmes ; il vous en veut à plus d’un titre. Et d’abord, d’être à ce point incapable de trouver un terrain d’entente minimal (un « SMIC démocratique »), qui vous confère un poids que vous ne pouvez atteindre autrement. Il vous en veut ensuite, et par conséquent, pour l’image d’unique possible pour la Tunisie que votre comportement grégaire confère au général Ben ali. Votre peuple vous en veut parce que vous êtes son seul espoir et son unique déboire. Combien de fois vous avez donné l’impression de fouler aux pieds ses plus ardentes aspirations en vous agrippant les uns au cou des autres à chaque fois qu’il vous a été donné de vous retrouver. Cela a été la règle depuis le milieu des années 1990 et les meetings unitaires du CRLDHT jusqu’au puissant mouvement du 18-Octobre, en passant par l’occasion en or d’Aix-en-Provence.
A chacun de ces rendez-vous manqués, vous aviez rétabli un contact, brisé un tabou, abattu un mur, jeté un pont entre vous, avant de vous effaroucher, de ruer les uns contre les autres et de tout ramener à la case départ ; comme si la force nouvellement acquise vous effrayait plus qu’elle n’inquiétait votre ennemi.
De fait, ce dernier se comporte comme seul joueur sur le terrain. Pensez donc : il nomme Ganzoui ambassadeur en Allemagne, Habib Ammar président du Comité d’organisation des Jeux méditerranéens, puis du SMSI… Regardez-y de près, vous verrez que ces actes de défiance à votre égard et à l’endroit de vos soutiens extérieurs vont de pair avec les succès que vous réalisez : en 1995, les visites de Ben Ali à Genève et à Paris ; au début des années 2000, les scandales mondiaux de Habib Ammar et Abdallah Kallel, et jusqu’au stade ultime d’un président suisse – pourtant invité d’honneur – censuré en direct, en passant par les désormais innombrables résolutions du Parlement européen sur le cas tunisien.
La dernière en date, votée le 16 juin dernier, a donné lieu pour la première fois à une forme de contestation implicite, mais indéniable, de l’article 2 de l’Accord d’association entre l’Union européenne et la Tunisie. Cette clause relative au respect des droits de l’homme est, en effet, la première référence du PE dans ses textes sur la Tunisie. Tunis voudrait donc simplement la supprimer…
Mais il n’y a pas que cela. Le gouvernement de Ben Ali remet en cause dans la pratique ses engagements internationaux. Le Comité contre la torture et le Comité des droits de l’homme attendent depuis longtemps les rapports en retard parfois depuis une décennie, de façon qu’il ne sera plus possible de les soumettre.
Face à une telle situation, comment l’opposition[1] tunisienne peut-elle se dire étonnée de ce qu’aucune voix audible ne s’élève pour contrer l’impérialisme dévastateur et dévorant d’un général sénilissant, mais toujours aussi nuisible.
Pour cela aussi, chers compatriotes, le peuple vous en veut, car là également vous cherchez à évacuer votre responsabilité. Chacun dans son coin, vous le savez bien, vous ne valez pas grand-chose. Unis, au moins en majorité – vous en avez eu plusieurs fois la preuve – vous pouvez peser sur la situation politique, voire faire vaciller le pouvoir. Gageons encore une fois que cet été, lourd et interminable, verra l’aboutissement des conciliabules nécessaires à une rencontre de l’opposition – la vraie – au grand complet. D’autant que ses rangs seront renforcés par la nouvelle ATFD issue du 7ème congrès tenu le 11 juin. Désormais présidée par l’infatigable Khedija Chérif, cette association promet de re-prendre la place qui lui revient dans une société civile tout entière orientée vers la reconquête des libertés.
Mesdames, Messieurs, le peuple tunisien n’a rien fait pour mériter les désillusions, les manquements et les promesses non tenues que vous lui faites depuis qu’il espère en vous.
A quand donc votre sursaut salutaire ?
Avant ou après 2009, c’est-à-dire demain ou jamais ??
[1] Ce vocable englobe toutes les structures, socioprofessionnelles et associatives, ainsi que les personnalités qui se veulent indépendantes du pouvoir et qui sont soucieuses du bien public tunisien actuel et à venir. Il est donc à la fois illusoire et inutile de s’amuser à citer des noms. En revanche, au moment où un processus se mettra en marche, nous n’hésiterons pas à dénoncer tout acte parasite ou hostile, d’où qu’il vienne et qui tenterait de l’entraver.
Ce qui pourrait détruire Israël
Moncef Marzouki*
La guerre que livre actuellement l’Etat hébreu aux palestiniens et aux libanais est jugée par beaucoup d’observateurs, y compris les plus favorables à la cause sioniste, comme étant totalement disproportionnée. C’est le moins qu’on puisse dire au regard de véritables crimes de guerre , d’ailleurs ainsi qualifiés par ‘’Human Rights Watch’’.
Ils répètent, qu’au regard de ses causes, à savoir le kidnapping de trois soldats, l’usage que fait Israël de la force est excessif. Des centaines de civils arabes tués et des milliers de blessés, un acharnement sur les infrastructures nécessaires à la vie de millions de gens …. Tout se passe comme si la vie de tant d’Arabes ne pèse rien face à celle de trois Israéliens.
Le problème c’est que cette attitude faite d’arrogance, de mépris et d’extrême brutalité n’est pas nouvelle. C’est même la seule image qui s’impose à l’esprit de tous les Arabes quand le mot honni d’Israël est prononcé. Et pour cause, Ils n’ont connu depuis plus d’un demi siècle qu’usage extrême de la force, sur- représailles, extrême dureté et absence totale de sens de la négociation et du dialogue. Cela s’explique certainement par le traumatisme de la Shoah, mais cela n’excuse en rien le transfert.
Brutalité et mépris , voilà le seul mode de fonctionnement que l’Etat d’Israël est capable d’entretenir avec la région où il veut en plus se faire accepter.
l’odieuse propagande de 1967 faisait rimer lâche et Arabe . la même propagande stupide fait rimer aujourd’hui arabe et terroriste. Mais nul ne songe à se poser la question : qu’est ce qui pousse des gens à aller se faire exploser.
Ah si , il y a ce grand esprit qu’est Georges Bush qui s’est posé une fois la question et qui y a répondu ( authentique) parce qu’ils n’aiment pas la liberté.
Rien n’est peut –être plus profondément ancré dans la mentalité israélienne que la croyance mille fois répétée que les Arabes ne comprennent que la force.
C’est cette fausse évidence qui a nourri les attitudes et les comportements de tous les gouvernements israéliens décidés à imposer à leurs voisins des droits’’ d’un peuple sans terre sur une terre sans peuple’’
Le problème, c’est que cette assertion est absolument stupide, car, primo les Arabes comprennent autre chose que la force ; secundo parce que la force même excessive loin de les plier renforce en cette vieille et orgueilleuse nation sa détermination à résister.
Les dirigeants israéliens ne comprennent pas que la poigne de fer qui ne détruit pas l’ennemi une fois pour toutes, le renforce par des mécanismes dont l’histoire des hommes et de la nature donne d’innombrables exemples.
Or ni les Palestiniens, encore moins les trois cent millions d’Arabes, ne sont passibles de destruction pure et simples comme le furent les Amérindiens ou les Tasmaniens.
On me permettra ici une comparaison de médecin et peu importe que les malins en rient en suggérant que c’est moi qui compare les miens aux bactéries.
En fait je suis frappé depuis longtemps par le fait que la machine militaire israélienne joue au proche orient, sans le savoir, le rôle que joue une molécule d’antibiotiques sur une colonie bactérienne.
Plus l’antibiotique est puissant plus il détruit de germes … plus ils sélectionnent les formes résistantes, qui ont vite fait de reconstruire de nouvelles populations. Il faut tout de suite recommencer et faire usage d’une ‘’force’’ plus grande. Le même mécanisme recommence à jouer et c’est de nouvelles bactéries encore plus résistantes qui vont germer. Tout cela jusque à ce que s’épuise la technique même d’opposer un antibiotique à un être vivant capable de s’adapter à tout.
Depuis plus d’un demi siècle la machine militaire israélienne, poursuit dans un incroyable aveuglement la sélection des forces capables un jour de la neutraliser et de la détruire.
Le Hezbollah n’est qu’une étape d’un implacable processus de sélection naturelle, où l’on est passé des Bédouins de 48 mal armés et mal préparés, aux combattants palestiniens de Karameh , aux fantassins égyptiens de 73 surprenant les invincibles guerriers.
Après le Hezbollah et quelque soit l’issue de la bataille en cours , la réponse arabe se fera encore plus adaptée , plus incisive et plus ‘’ efficace’’.
Ici seul le facteur temps joue , et il joue pour les Arabes .
Se trouvera-t-il parmi les Juifs éclairés et les vrais amis de ce peuple malheureux et dispensateur de tant de malheurs , des sages pouvant ramener les dirigeants israéliens à une approche moins pathologique de la politique , et ce faisant éviter à la région et au monde d’irrémédiables catastrophes.
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(Source: L´Audace numéro 137- 138 aout 2006)
Israël condamné après le drame de Cana, nombreux appels à une trêve
Les leaders du monde musulman en colère face au “massacre” de Cana
« Coup d’Etat » au Club Africain :
« des élections libres seraient nuisibles»
Où en est la Tunisie dans l’économie du savoir ?
Apologie de crimes de guerre
A confident, modern Islam must challenge the victim mentality of western Muslims and a crisis of authority across the faith, says Tariq Ramadan. But can you be a gay Muslim?