AISPP: Hafedh Mezhoudi, une famille assiĂ©gĂ©e ! VĂ©ritĂ©-Action: P Ă© t i t i o n – A lâattention de Monsieur Nicolas SARKOZY Luiza Toscane: Encore un report du procĂšs de Sameh Harakati APA: La libertĂ© de la presse entre ouverture et statu quo en Tunisie Abdelaziz Agoubi: Monsieur Philippe LĂ©glise – Un grand ami de la Tunisie libre Hichem Skik : le paysage mediatique en Tunisie Le Quotidien: «Bourguiba et les MĂ©diasâŠÂ» : A livre ouvertâŠ
Houcine Bardi: Plaidoyer pour une « schizo-analyse » collective
Hafedh Mezhoudi, une famille assiégée !
P Ă© t i t i o n 1 A lâattention de Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République française
ÂP Ă© t i t i o n 2
Encore un report du procĂšs de Sameh Harakati
Voici le numĂ©ro 104 d’ELKHADRA .Bonne lecture
elkhadra@hotmail.com http://elkhadra.over-blog.com/ ***********************************************     -LA LETTRE DE L’aispp   – POETES VOS PAPIERS   – NICOLAS BEN ALI      _ LETTRE DE A. HAROUNI   _Un grand ami de la Tunisie libre   – La nĂ©buleuse   – BEN ALI SOUS LA BOTTE A SARKO…LA LIBERTE DES TUNISIENS AUSSI     – Military or Market-Driven Empire Building:   – Tunisie: Lune de miel franco-tunisienne   – Dissident tunisien Moncef Marzouki   – Haitham Sabbah, Most Famous Palestinian Blogger   – ASSABILONLINE .NET   -ELBATHA   – Des caniches Ă vendre…   – La dĂ©mocratie plutĂŽt que Ben Ali   – Le “business” Ă©vangĂ©lique Ă JĂ©rusalem   – Droits humains dans le monde arabe   – Droits humains dans le monde arabe   – TĂ©moins de moralitĂ© sans moralitĂ©   – Le Hamas   – FITNA RELIGIEUSE   – MĂȘme le FIGARO se pose des questions   – BAKCHICH.INFO VS SARKO/BEN ALI   – K.TRAOULI…  – Earth Hour   – AccĂšs refusĂ©   – Le prĂ©sident Sarkozy au chevet du dictateur Ben Ali   -“Saint-Empire dâOccident”La libertĂ© de la presse entre ouverture et statu quo en Tunisie
Monsieur Philippe Léglise, Un grand ami de la Tunisie libre
M. Philippe Léglise à M. Abdelaziz Agoubi
Subject: Triste continuitĂ© de la politique française en Tunisie Date: Wed, 30 Apr 2008 20:45:05 +0200 Mon cher Abdelaziz Depuis hier, je voulais vous envoyer un mail. Je suis consternĂ© par les propos de Sarkozy. Mais je ne suis pas surpris. A Dakar, l”an dernier, dans un discours, il avait dĂ©jĂ montrĂ© son vrai visage par un discours colonialiste, mĂ©prisant et quasiment raciste envers les noirs. Cette fois-ci, ce sont les Tunisiens qui font les frais de sa politique etrangĂšre. C’est lamentable. D’abord sur le fond, puisque la France entiĂšre sait bien, depuis un moment, que la dictature tunisienne est l’une des plus fĂ©roces du bassin mĂ©diterranĂ©en. Si Sarkozy ne le sait pas, c’est qu’il ne veut pas le savoir. Alors on aurait pĂ» (peut-ĂȘtre) comprendre – mais sans l’admettre – qu’il choisisse de se taire sur la question des Droits de l’Homme, pendant ses quelques jours en Tunisie. Au lieu de ça, il fat pire Presque monstrueux. Ildonne doublement quitus Ă Ben Ali et Ă sa clique. D’abord en dĂ©clarant que l’espace de libertĂ©s progresse. Ce qui est un mensonge Ă©hontĂ© et une perversion de l’esprit. Ensuite en signant des contrats dont on sait trĂšs bien que ce ne sont pas des contrats avec la Tunisie , mais avec les familles qui gravitent autour de Ben Ali.On est Ă la limite de la pratique du grand banditisme et de la mafia. C’est rĂ©voltant. Alors, mĂȘme si je n’ai aucune lĂ©gitimitĂ© pour le faire, je vous prĂ©sente, Ă vous et au peuple tunisien opprimĂ©, les excuses de tous les Français qui ont trouvĂ© Sarkozy effrayant. Et je resterai Ă vos cĂŽtĂ©s pour d’autres combats, comme ceux que nous avons menĂ©s ensemble depuis 1991. AmitiĂ© Philippe LĂ©glise, journaliste pleglise@lejsl.frM. A. Agoubi Ă M. Philippe LĂ©glise
Cher Philippe, Permettez-moi cher ami de vous remercier du fond du coeur pour ce nouveau tĂ©moignage de sympathie avec le peuple tunisien qui souffre depuis des dĂ©cades sous un rĂ©gime qui n’a plus rien Ă voir avec la politique au sens primaire du mot, mais comme vous l’avez bien dĂ©crit vous-mĂȘme : « On est Ă la limite de la pratique du grand banditisme et de la mafia », une « dictature des plus fĂ©roces du bassin mĂ©diterranĂ©en ». Vous ĂȘtes bien placĂ© pour dire cette vĂ©ritĂ© que l’on oublie souvent de rappeler et de dire tout haut, y compris au sein d’une certaine opposition peu sensible au sort des hommes et des femmes qui souffrent dans leur chair depuis que cette malĂ©diction a frappĂ© notre peuple un certain 7 novembre 1987 avec ses morts, ses bagnards d’un autre Ăąge, et toute une population humiliĂ©e et terrorisĂ©e par une flicaille qui a fait de la torture et de la violence physique et morale contre tout un peuple la colonne vertĂ©brale de tout un rĂ©gime et l’arme privilĂ©giĂ©e dans la protection de la maffia prĂ©sidentielle. Vous ĂȘtes, dis-je, bien placĂ© pour le dire, vous qui nous avez soutenu la cause tunisienne depuis 1991 quand la terreur sĂ©vissait â et qui sĂ©vit encore de nos jours – dans les rues et les maisons des citoyens innocents Ă Tunis et ailleurs, dans les villes et les campagnes arrachant hommes et femmes de leurs lits pour les violer et les torturer, sans espoir de sortir d’un trou noir dans lequel ils ont basculĂ© parce que leur nom s’est trouvĂ© par hasard sur un carnet d’adresses d’un suspect ou arrachĂ© sous la torture, ou glanĂ© dans une conversation tĂ©lĂ©phonique. Vous vous ĂȘtes rĂ©voltĂ© contre cet innomable et vous nous avez ouvert les colonnes du ProgrĂšs de Lyon pour que la voix de l’opprimĂ© puisse sourdre de dessous une chappe de silence imposĂ©e avec la complicitĂ© d’un Occident aveuglĂ© par la propagande de Carthage, et dont certains de ses dirigeants ou reprĂ©sentants sont oublieux des valeurs sacrĂ©es attachĂ©es Ă la personne humaine pour lesquelles la France rĂ©sistante a pourtant payĂ© le prix du sang pour dire non Ă la barbarie. Cher ami, les paroles blessantes de Sarkozy ne sauraient engager le peuple français qui a toujours Ă©tĂ© aux cĂŽtĂ©s des causes justes et dont vous ĂȘtes un des reprĂ©sentants les plus sincĂšres; elles n’engagent qu’une minoritĂ© d’affairistes et de nostalgiques de la coloniale. Ne vous excusez pas pour un acte qui viole tout d’abord la conscience et les sentiments profonds du peuple français tout entier. Notre crainte et notre obsession aujourd’hui, comme hier, c’est la perpĂ©tuation de la torture dans notre pays, une politique et un flĂ©au qui continuent Ă humilier et Ă briser tout un peuple. C’est un crime contre l’humanitĂ© qui est une grande hypothĂšque pour tout combat pour notre dignitĂ©, et pour tout projet d’Ă©mancipation et de libĂ©ration. La torture continue Ă ĂȘtre pratiquĂ©e dans tous les centres de police, dans des villas banalisĂ©es et en premier lieu dans les bureaux mĂȘmes du MinistĂšre de l’IntĂ©rieur oĂč siĂšge le Ministre de l’IntĂ©rieur lui-mĂȘme. La Cour europĂ©enne vient de le reconnaĂźtre officiellement en accusant la Tunisie dans son jugement du 28 fĂ©vrier dernier de pratique « grave » de la torture, sans que malheureusement les milieux de l’opposition tunisienne n’aient jugĂ© bon de prendre bonne note de ce grand Ă©vĂ©nement qui dĂ©passe mĂȘme le cadre tunisien. Disons-le tout haut : l’urgence en Tunisie c’est l’Ă©radication de la torture, et il n’y a pas d’autre urgence, et il n’y a pas d’autre prioritĂ©. C’est notre vrai combat contre la maffia de Carthage, et notre vrai combat pour la libĂ©ration de la Tunisie. Merci du fond du coeur pour votre engagement Ă nos cĂŽtĂ©s, et nous comptons bien, cher ami, comme nous l’avons fait depuis toujours, sur vous pour dire Ă Sarkozy que ce n’est pas une MĂ©diterranĂ©e des dictateurs, de la police et de la torture que nous voulons, mais une MĂ©ditarranĂ©e fraternelle qui est dĂ©jĂ en construction Ă travers nos luttes communes pour un monde solidaire et humain. Je vous demanderais de bien vouloir me permettre de faire partager votre message de sympathie avec mes compatriotes tunisiens pour leur rappeler que la vraie France est toujours Ă leur cĂŽtĂ©. Recevez, Cher Philippe, mes salutations les plus cordiales, Abdelaziz Agoubi Villefranche-Sur-SaĂŽne, le 1er Mai 2008LE PAYSAGE MEDIATIQUE EN TUNISIE
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 Le point de vue de Hichem Skik
Si on examine le paysage médiatique dans notre pays du point de vue quantitatif, on constate indubitablement une augmentation continue du nombre de media et une diversification de leur statut juridique : de nouveaux journaux paraissent, de nouvelles stations de radio, des chaßnes de télévision sont créées ; ces media sont publics ou privés, nationaux ou régionaux, généralistes ou thématiques etc.
 Mais, bizarrement, malgrĂ© cette multiplicitĂ© numĂ©rique et cette diversitĂ© juridique le citoyen a la nette impression â Ă quelques rares exceptions prĂšs, sur lesquelles je reviendrai – que le paysage mĂ©diatique est restĂ© immuable depuis plusieurs dĂ©cennies.
Câest que cette diversitĂ© de statut est plus juridique que pratique, plus apparente que rĂ©elle. En effet :
·        les organes officiels, gouvernementaux et officieux ont certes connu des changements importants sur les plans technique, formel etc. Mais ils nâont pratiquement rien changĂ© Ă leur tonalitĂ©, Ă leur discours politique .Toujours la mĂȘme prĂ©sentation idyllique de notre rĂ©alitĂ© ( il ne sây passe que des choses positives : pas ou presque dâinondations ni de tornades ni de tremblements de terre ni dâattentats terroristes ni de rĂ©volte populaire dans le bassin minier de Gafsa⊠grĂące Ă la politique clairvoyante et Ă Â la vision futuriste de nos responsables,comme en tĂ©moignent nos rĂ©alisations avant-gardistes ; le peuple est solidement resserrĂ©, dans une unitĂ© sans faille, autour de sa sage direction, le monde entier, lui aussi unanime, nâa dâautre prĂ©occupation que de faire lâĂ©loge de notre rĂ©ussite sur tous les plans : les seules voix discordantes sont le fait dâextrĂ©mistes de mauvaise foi et de  nostalgiques de la pĂ©riode coloniale, jaloux de nos rĂ©ussites) .Toujours la mĂȘme monopolisation de toutes ces tribunes par le pouvoir et le parti au pouvoir, agissant, depuis plus de cinquante ans, comme un rĂ©gime de parti unique, en se souvenant parfois quâune dose de pluralitĂ© ferait bonne impression et donnant alors la parole Ă dâautres voix, mais⊠des voix qui ressemblent comme deux gouttes dâeau Ă la voix officielle.
·        les « privĂ©s » auxquels on attribue des autorisations ne sont pas nâimporte qui : alors que plusieurs demandes de radios et de tĂ©lĂ©s privĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es depuis longtemps, les heureux bĂ©nĂ©ficiaires dâautorisations ont tous Ă©tĂ© soigneusement triĂ©s sur le volet : des « gens de confiance » dont on est sĂ»r que, non seulement ils respecteront les « lignes rouges »- quâon leur dicte ou , le plus souvent quâils sâimposent et quâils imposent vigoureusement Ă leurs journalistes- mais quâils sauront aussi se rendre utiles en se faisant les thurifĂ©raires de la  politique officielle, avec la mĂȘme vision unilatĂ©rale, la mĂȘme langue de bois, les mĂȘmes tics, car puisant Ă la mĂȘme source : lâAgence de presse censĂ©e ĂȘtre nationale, mais qui est, en fait, officielle⊠comme tout le reste.
Par cet aspect, la plupart des media, anciens ou nouveaux, se ressemblent Ă©trangement, au point que, comme lâa relevĂ© le chef de lâEtat lui-mĂȘme il y a dĂ©jĂ plusieurs annĂ©es, et cela nâa guĂšre changĂ© depuis ! – on a souvent lâimpression dâavoir affaire au mĂȘme journal, Ă la mĂȘme station, Ă la mĂȘme chaĂźne.
·        Faute de pouvoir montrer leur originalitĂ© sur le plan de la politique intĂ©rieure et pour attirer des lecteurs ou des auditeurs- et, surtout, de la publicitĂ©, une vĂ©ritable manne, objet dâune concurrence acharnĂ©e entre eux- la plupart de ces media se rabattent sur des thĂšmes moins dĂ©rangeants(pour le pouvoir,bien sĂ»r) et au succĂšs garanti : sport Ă gogo, faits divers plus croustillants les uns que les autresâŠet politique internationale, rĂ©duite presque exclusivement aux conflits de Palestine, dâIrak et dâAfghanistan, eux-mĂȘmes traitĂ©s sur le mode Ă©motionnel, jouant sur les sentiments, exacerbant les ressentiments, favorisant dans le public- et particuliĂšrement chez les jeunes- le passionnel, lâirrationnel, lâextrĂ©misme.
Mais mĂȘme par cet aspect, ces media ne se distinguent que trĂšs peu les uns des autres : ils tirent Ă qui mieux mieux sur les mĂȘmes ficelles, cherchent Ă racoler les mĂȘmes publics et (surtout !) se livrent la mĂȘme concurrence effrĂ©nĂ©e pour la mĂȘme publicitĂ©, qui occupe chez eux le mĂȘme espace, de plus en plus considĂ©rable.
On conçoit, dÚs lors, que les Tunisiens se tournent de plus en plus souvent vers des médias étrangers, principalement des chaßnes satellitaires qui adoptent un ton plus libre, moins stéréotypé, et donc plus persuasif et proposent les unes une information plus objective ou plus « engagée » dans le sens souhaité par la majorité du public, les autres des variétés considérées comme plus vivantes, moins artificielles que celles des media officiels.
Lâattrait exercĂ© par ce type de media ne va, cependant, pas sans « risque » , car il y a, dans tout cela, Ă boire et Ă manger : des programmes divertissants et des programmes abĂȘtissants, des programmes dâinformation et des programmes de manipulation, des programmes Ă©largissant les horizons et des programmes favorisant le dogmatisme, des programmes prĂŽnant lâouverture , la comprĂ©hension  et le dialogue et des programmes faisant la promotion du repli, de lâintolĂ©rance et de la violence.
Face Ă ce dernier danger, on a cru intelligent de les combattre avec les mĂȘmes armes .On a, ainsi, lancĂ© une station radio dont les programmes, exclusivement religieux, sont destinĂ©s Ă promouvoir une conception modĂ©rĂ©e de lâislam. LâexpĂ©rience est trop rĂ©cente pour en Ă©valuer les effets, mais dâaprĂšs mes observations, cette station ne concurrence, pour lâinstant, que les radios nationale et rĂ©gionales, ainsi quâune radio « privĂ©e » qui Ă©tait Ă©coutĂ©e surtout par les jeunesâŠet les taximen : bien mince rĂ©sultat ! Sans parler du risque de conforter, non pas le sentiment religieux -qui nâa, apparemment, besoin de lâaide de personne pour bien se porter- mais une forme de religiositĂ© austĂšre, rigoriste,bigote, hostile aux divertissements, Ă la musique etc. : lĂ , cela serait carrĂ©ment se tirer une balle dans le pied !
Heureusement pour nous, dans le paysage mĂ©diatique, tout nâest pas  morose, voire dĂ©primant, il y a quelques Ăźlots moins sombres,  qui donnent des raisons d âespĂ©rer :
  -Il y a des media privĂ©s- des journaux, mais aussi, dans une certaine mesure, une chaĂźne de tĂ©lĂ©vision- qui dĂ©ploient des efforts pour faire leur travail en obĂ©issant Ă des impĂ©ratifs essentiellement professionnels .Mais leur tĂąche est rude, les tentations trop grandes et les pressions trop fortes : il est si facile, sâils dĂ©plaisent, de leur mettre des bĂątons dans les roues ! Les moyens sont nombreux, le plus efficace Ă©tant sans doute la fameuse publicitĂ©, qui peut se tarir brusquementâŠ
  -Il y a les media des partis dâoppositionâen fait des journaux papier- . Les trois hebdomadaires -Mouatinoun, Al Mawqef et Attariq Al Jadid- constituent une rĂ©elle exception dans le paysage mĂ©diatique, du point de vue de la marge dâautonomie dont ils bĂ©nĂ©ficient (ou quâils se donnent) par rapport aux autres media. Cette marge sâest rĂ©cemment accrue par la suppression du dĂ©pĂŽt lĂ©gal â en fait une censure prĂ©alable. Leur existence, leur libertĂ© (relative !) de ton, la rĂ©gularitĂ© (relative aussi !) de leur parution laissent espĂ©rer quâils pourront contribuer Ă crĂ©er une vĂ©ritable opinion publique dans notre pays, susceptible dâimposer le respect effectif du pluralisme en gĂ©nĂ©ral et plus particuliĂšrement dans lâinformation, pour quâelle puisse jouer son rĂŽle de « contre-pouvoir ».                                                                                                            HĂ©las ! LĂ aussi, le chemin est semĂ© dâembĂ»ches, et la vie de ces journaux est loin dâĂȘtre un long fleuve tranquille ! Les subventions lĂ©gales et la publicité dâEtat ne sont pas accordĂ©es Ă tous. Responsables et rĂ©dacteurs sont toujours sous tension, se demandant âfaute dâinformation officielle- ce qui est « publiable » et ce qui ne lâest pasâŠMalgrĂ© cela,on nâest jamais Ă lâabri de diffĂ©rentes sortes de « tracasseries » : elles viennent dâatteindre un degrĂ© de gravitĂ© intolĂ©rable pour lâun de ces trois journaux, Al Mawqef, qui subit ces derniĂšres semaine un vĂ©ritable harcĂšlement au niveau de sa distribution, ce qui risque de mettre en danger lâexistence mĂȘme de notre confrĂšre et rĂ©duirait gravement lâespace de pluralisme.
–         Un autre motif dâespoir est constituĂ© par les journalistes qui sont de plus en plus nombreux Ă sâĂ©lever contre les conditions qui leur sont faites, notamment dans les media officiels et officieux. Et ils ne dĂ©noncent pas seulement leur situation matĂ©rielle et leurs conditions de travail : ils sâĂ©lĂšvent dĂ©sormais, et ouvertement, contre la censure dont ils font lâobjet et « les ordres venus dâen haut » quâon oppose Ă leurs protestations.
–           Quand on sait la toute puissance des directions des media officiels, directement sous les ordres du gouvernement, et la bienveillance dont bĂ©nĂ©ficient les patrons de presse lorsquâil sâagit de « tenir » leurs journalistes, on ne peut que rendre hommage au courage de ces journalistes qui se lĂšvent pour dĂ©fendre leur dignitĂ© et celle de leur beau mĂ©tier. Â
–           Cette prise de conscience des journalistes et, surtout, leur volontĂ© de dĂ©fendre eux-mĂȘmes leurs droits matĂ©riels et moraux vient de se concrĂ©tiser par la crĂ©ation dâun syndicat des journalistes autonome, dĂ©barrassĂ© de toute tutelle: pour moi, câest lĂ le principal motif pour espĂ©rer que notre pays connaisse enfin une information indĂ©pendante, objective et, surtout, plurielle.
–         Pour terminer, je citerai ce formidable moyen de communication quâest internet, créé pour assurer une communication planĂ©taire, sans entrave de temps, dâespace ou de censure. Quand on sait les difficultĂ©s que connaissent les internautes dans notre pays et la vĂ©ritable tutelle quâexercent sur nous les AutoritĂ©s pour dĂ©cider des sites qui nous conviennent et de ceux qui ne nous conviennent pas, on peut sâĂ©tonner que je classe internet parmi les motifs dâespoir. En fait, je pense surtout Ă lâintelligence que dĂ©ploient nos compatriotes pour rĂ©ussir Ă contourner tous ces obstacles, notamment Ă travers les blogs, qui constituent dĂ©sormais un espace de libertĂ© auquel ont recours des jeunes -et aussi des moins jeunes, je lâavoue- de plus en plus nombreux.
    Hichem Skik
(Source LâExpression ( Hebdomadaire â Tunisie) du 02 au 08 mai 2008)
PLAIDOYER POUR UNE « SCHIZO-ANALYSE » COLLECTIVE
H. BARDI
« La mort naturelle de lâEsprit dâun peuple peut se manifester par la nullitĂ© politique »
Hegel, La raison dans lâHistoire, 10/18, p. 90-91.
« Si, dans un mĂȘme Sujet, deux actions contraires sont provoquĂ©es, il devra se faire un changement nĂ©cessairement, soit dans lâune et lâautre, soit dans une seule, jusquâĂ ce quâelles cessent dâĂȘtre contraires »
Spinoza, LâĂ©thique, Folio, p. 354.
Ce papier Ă©crit Ă la hĂąte et qui se voudrait succinct ne vise nullement Ă passer au crible tout le verbiage, fourni sâil en fĂ»t (on y tire Ă boulets puantes dans tous les sens), de lâami Hamadi, mais de rĂ©agir sereinement et de « maniĂšre constructive » âcomme aimaient Ă le rĂ©pĂ©ter mes vieux camaradesâ Ă certaines questions dont il faut tout de mĂȘme lui reconnaĂźtre le mĂ©rite de les avoir effleurĂ©es…
Je retiendrai essentiellement deux idĂ©es qui me paraissent dignes dâintĂ©rĂȘt dans le flot langagier dĂ©versĂ© par Hamadi, sur pratiquement tout le monde, durant le mois dâavril. La premiĂšre porte sur la critique du stalinisme persistant chez une certaine gauche tunisienne qui se dit radicale, et la deuxiĂšme concerne lâactualitĂ© indĂ©niable de la « question sociale » en Tunisie.
Dâaucuns pourraient protester de lâimpertinence dâune niĂšme rĂ©ouverture du « dossier stalinien », dont lâHistoire (avec un grand « h ») sâest, depuis fort longtemps, chargĂ©e dâen sceller dĂ©finitivement le sort. Combat dâarriĂšre-garde, superfĂ©tatoire et inutile renchĂ©rissent ceux, tournĂ©s vers lâavenir, pour qui lâaffaire est close et la messe bel et bien dite.
Nous nâen pensons pas moins, Ă dire vrai. Mais il est parfois des clous rouillĂ©s (parsemĂ©s dans notre pauvre demeure qui menace de sâeffondrer) qui aiment Ă sâattirer, Ă intervalle quasi-rĂ©gulier, les coups du marteau salvateur (celui de Nietzsche, si vous voyez ce que je veux dire). Si nous avons dĂ©cidĂ© dâen assĂ©ner celui-ci, câest que Hamadi a fait montre de frilositĂ©, de partialitĂ© et de manque flagrant dâobjectivitĂ© (on nâira pas jusquâĂ dire quâil a frĂŽlĂ© la malhonnĂȘtetĂ© intellectuelle). DâoĂč, dâailleurs, son Ă©chec Ă atteindre la cible… pourtant statique ! Et comme celui qui « arrose » mal sâexpose, par la force des choses, Ă ce quâil soit arrosĂ© Ă son tour, nous nous donnerons Ă cĆur joie de lui diriger ce « jet »…
Dans le premier texte (commis par « H » en rĂ©ponse Ă un article dithyrambique sur Staline, propagĂ© par le journal en ligne Al Badil : « Staline ou « les socialisme des imbĂ©ciles » ») qui avait pour point de dĂ©part (mais seulement pour point de dĂ©part, car rapidement lâauteur Ă©gare sa boussole âsi tant est quâil en avait une !â et nous inflige un indigeste marathon labyrinthique) lâidĂ©e « juste » consistant Ă vilipender le stalinisme Ă la tunisienne qui sâobstine encore, non sans une particuliĂšre bĂȘtise anhistorique, Ă nier avec une malhonnĂȘtetĂ© sidĂ©rante les crimes monstrueux commis par la dictature bureaucratique stalinienne Ă lâencontre de millions dâhommes, de femmes et dâenfants, sacrifiĂ©s sur lâautel nausĂ©abond du « capitalisme bureaucratique dâEtat » ; cette « gauche » amnĂ©sique qui sâagrippe effrontĂ©ment, sans rougir le moins du monde, au plus grand mensonge de lâhistoire de lâhumanitĂ©, qui a rĂ©duit le « socialisme » Ă une construction dâusines (lâindustrialisation), relĂ©guant ainsi au magasin des accessoires futiles lâessence mĂȘme de ce que devait ĂȘtre lâidĂ©al socialiste, Ă savoir : rĂ©volutionner les rapports humains en vue de les asseoir sur le respect de la dignitĂ© irrĂ©ductible de chacun, abolir lâexploitation de lâhomme par lâhomme (et non pas substituer lâexploitation bourgeoise et koulak par lâexploitation bureaucratique), et instaurer la dĂ©mocratie ouvriĂšre… au-dedans comme en dehors des partis politiques (et non pas seulement du PCUS !)
Cet idĂ©al a Ă©tĂ© foulĂ© aux pieds des TchĂ©kistes et autres GuĂ©pĂ©ou âĂ la solde des Staline, Zinoviev, Kamenev, Boukharine… (Avant que ces derniers ne soient, Ă leur tour, broyĂ©s par la machine infernale stalinienne) â qui semaient la terreur dâun bout Ă lâautre de lâURSS, emprisonnant par centaines de milliers, sous les mĂȘmes toits pĂ©nitentiaires et Ă lâintĂ©rieur des mĂȘmes camps de concentration, les opposants de tous bords : mencheviques, socialistes rĂ©volutionnaires, sociaux-dĂ©mocrates, communistes, socialistes, anarchistes, religieux, etc. ; quâon qualifiaient de « contre-rĂ©volutionnaires », de « saboteurs », de « petits-bourgeois », et jâen passe…
Lâami Hamadi ne va donc pas Ă lâessentiel dans sa critique des « survivances staliniennes » chez les nostalgiques tunisiens du « soviĂ©tisme ». Il ne dĂ©veloppe guĂšre une critique radicale de lâhorreur dictatoriale bolchevique. Celle-ci nâĂ©tant en fait que lâaboutissement dâune politique bureaucratique anti-prolĂ©tarienne, originairement conçue et mise sur pied par LĂ©nine lui-mĂȘme, soutenu par Trotski (qui avait dĂ©sormais pris lâhabitude, depuis son ralliement au bolchevisme ambiant, de sâaligner aveuglement sur les positions du maĂźtre Vladimir Illich…). Nâest-ce pas ce duo (et notamment lâexĂ©cutant, « le camarade » Trotski qui se trouvait alors Ă la tĂȘte de lâarmĂ©e rouge) qui, en 1921, a rĂ©primĂ© dans un bain de sang la rĂ©volte des marins de Kronstadt ? : Plus de dix milles en ont Ă©tĂ© froidement fusillĂ©s ! Ceux qui ont rĂ©ussi Ă sâenfuir en Finlande ont reçu lâassurance dâĂȘtre amnistiĂ©s Ă leur retour en Russie. Ils furent eux aussi fusillĂ©s !
Il nâest pas dans notre intention ici dâĂ©voquer toutes les horreurs perpĂ©trĂ©es au nom du « communisme » (quâil soit dit « de guerre » ou autre), de la nouvelle politique Ă©conomie (NEP), du plan quinquennal, ou de nous appesantir sur les sombres chapitres de Brest-Litovsk, des Goulags, et autres « procĂšs iniques » orchestrĂ©s par la dictature stalinienne, etc., mais seulement de rappeler modestement quelques vĂ©ritĂ©s historiques aussi Ă©lĂ©mentaires quâĂ©videntes pour celui qui accepte/veut/nâa pas peur de regarder la rĂ©alitĂ© en face ; la rĂ©alitĂ© non-Ă©triquĂ©e et dans toute sa complexitĂ©… hĂ©las souvent dĂ©plaisante, et dont les bornes ne peuvent ĂȘtre arbitrairement dĂ©limitĂ©es par lâĂ©vocation, teintĂ©e de « religiositĂ© profane », dâun LĂ©nine, encore moins un Trotski…
Lâami Hamadi a donc occultĂ©, sans en donner lâair, la complicitĂ© passive de Trotski qui sâest longtemps refusĂ© Ă voir dans le pouvoir instaurĂ© au lendemain de la rĂ©volution dâoctobre, une dictature bureaucratique sanguinaire qui sâest imposĂ©e au dessus (et par-dessus) des/les travailleurs par la terreur aussi gĂ©nĂ©ralisĂ©e quâimpitoyable. Cette complicitĂ© sâorigine dans le dĂ©dain, qui ne sâest jamais dĂ©menti, manifestĂ© par lâauteur de « La rĂ©volution trahie » [livre dans lequel, faut-il le rappeler, Trotski considĂšre que le pouvoir alors en place est fort bien « un pouvoir ouvrier », et que les mĂ©thodes rĂ©pressives, sanguinaires et dictatoriales employĂ©es par la clique stalinienne dĂšs avant le plan quinquennal, sont « des mĂ©thodes socialistes qui ont fait leurs preuves » !!] Ă lâĂ©gard de la classe ouvriĂšre et âsurtoutâ de la paysannerie russe dĂ©pouillĂ©e jusquâĂ lâos…
FidĂšle, en effet, jusquâau bout des ongles au dogmatisme lĂ©niniste fait, entre autres aberrations, du systĂšme de parti unique « guide du prolĂ©tariat » et son « rĂ©dempteur », il postule avec morgue lâincapacitĂ© rĂ©dhibitoire des travailleurs Ă sâauto-organiser et pose comme vĂ©ritĂ© « officielle absolue » leur impuissance Ă participer librement aux affaires de lâEtat, lesquelles doivent par consĂ©quent rester Ă jamais le domaine rĂ©servĂ© du ComitĂ© central… LĂ rĂ©side le point commun (fondamental) entre LĂ©nine, Staline et Trotski. Les Ă©vĂšnements (et les Ă©crits post-octobre de Trotski) confirment sans lâombre dâun doute son approbation de principe de « lâindustrialisation poussĂ©e et rapide » mĂȘme au prix de lâesclavage de masses. Tant que Staline applique la politique prĂŽnĂ©e naguĂšre par « lâopposition » âdisait en substance lâancien pourfendeur du « socialisme dans un seul Etat »â, et mĂȘme sâil va « un peu trop loin » dans lâinhumaine exploitation en particulier de la paysannerie, lâon ne peut quâapprouver dans sa globalitĂ© une pareille politique, tout en « critiquant » (pour se donner bonne conscience) quelques unes de ses « dĂ©viations »…. Trotski, nâen dĂ©plaise Ă ses fervents adorateurs, nâest au fond que le thĂ©oricien, non pas seulement dâune politique autoritariste, mais de tout un rĂ©gime dont Staline a Ă©tĂ© le fidĂšle rĂ©alisateur ! (A. Ciliga, Au pays du mensonge dĂ©concertant, 10/18).
Ceci Ă©tant dit, revenons Ă prĂ©sent Ă nos staliniens qui, certes ne sont âfort heureusementâ guĂšre nombreux, mais leur simple persistance en marge de la scĂšne politique locale (et seulement locale) en ce dĂ©but de XXIĂšme siĂšcle nâest pas dĂ©pourvue de signification.
Ce qui est frappant dans lâattitude des staliniens tunisiens a trait Ă ce que la psychanalyse qualifie de « refus du principe de rĂ©alité ». En effet, par crainte dâaccomplir un travail de deuil (par dĂ©finition pĂ©nible et douloureux) idĂ©ologique, politique et historique (voire mĂȘme philosophique), ils refusent de prendre au sĂ©rieux les rĂ©vĂ©lations atroces faites par les contemporains des rĂ©volutionnaires russes, et encore moins celles rendues publiques par les quelques rescapĂ©s des Goulags, sans parler des nombreux tĂ©moignages authentiques dâintellectuels sincĂšres déçus de ce quâils ont pu dĂ©couvrir de visu, et non par ouie dire, dans le pays « des soviets ». Quand ils nâĂ©cartent pas cette littĂ©rature, aujourdâhui abondante et accessible, dâun revers de main dĂ©daigneux nây voyant quâ« une habituelle propagande impĂ©rialiste, anti-socialiste, etc. », les inconditionnels du PĂšre/dictateur vous rĂ©torquent quâil nây avait guĂšre de choix, dans un contexte de guerre civile, dâagression Ă©trangĂšre (les armĂ©es blanches), et de sous dĂ©veloppement. Lorsque vous leur rappelez que lâexploitation et lâoppression, tout autant que la stratification « catĂ©gorielle » (sic) de la sociĂ©tĂ© du temps de Staline (mais pas que du temps du « PĂšre fouettard » !) nâavaient rien Ă envier Ă celles de la Russie tsariste, et quâelle Ă©tait davantage encore plus inhumaine que celles des rĂ©gimes capitalistes (oĂč il est au moins permis de faire grĂšve, dâavoir des syndicats, des partis politiques, des associations, et de protester…). Il vous rĂ©pondent Ă lâunisson : câest le prix Ă payer pour la construction du « socialisme », « on ne fait pas dâomelettes sans casser des Ćufs »… Foutaises ! Nous leur rĂ©pliquons (aprĂšs C. Castoriadis, C. Lefort et E. Morin) que ce nâest nullement le socialisme qui Ă©tait Ă lâĆuvre en URSS, mais la pire des barbaries… car perpĂ©trĂ©e au nom des nobles idĂ©aux progressistes, Ă©galitaires et humanitaires…
Ce qui est encore dĂ©routant chez les « stal-tun » câest que leur amnĂ©sie volontaire se trouve doublĂ©e dâune schizophrĂ©nie (psychose, comme tout un chacun le sait, incurable !) particuliĂšrement avancĂ©e. Que dire, en effet, de ces gauchistes qui, tout en sâagrippant aussi discrĂštement quâils peuvent (la honte nâest pas loin !) Ă la faucille et au marteau staliniens (le premier pour « cueillir » les tĂȘtes qui pensent mal le deuxiĂšme sert Ă les Ă©craser), luttent actuellement avec, je pense, une sincĂ©ritĂ© qui nâest pas feinte, pour les libertĂ©s politiques, le pluralisme, la tolĂ©rance, la dĂ©mocratie et les droits de lâhomme ! Le cerveau âle leurâ se trouve pour ainsi dire scindĂ© en deux : une zone dâinteractions neuronales primitives qui demeure fidĂšle jusquâĂ la servilitĂ© au mensonge, Ă la dictature, Ă lâoppression, Ă lâexploitation bureaucratique dâune sauvagerie inouĂŻe ; et une autre zone encore frĂȘle « dĂ©vouĂ©e » et dĂ©diĂ©e presque entiĂšrement Ă la libertĂ© politique et Ă la dĂ©mocratie « bourgeoise » ! Et il ne sert strictement Ă rien dâinviter les concernĂ©s Ă tenter ne serait-ce quâune seule « association » (dans le sens toujours psychanalytique) entre ces deux mondes diamĂ©tralement opposĂ©s, et qui ne « cohabitent » pas moins au sein de cette mĂȘme unitĂ© bizarre quâest le cerveau compartimentĂ© « stal-tun » !
Dans « SchizophrĂ©nie & sociĂ©té » (Encyclopaedia Universalis) Deleuze dit que « Le caractĂšre spĂ©cial des machines schizophrĂ©niques vient de ce quâelles mettent en jeu des Ă©lĂ©ments tout Ă fait disparates, Ă©trangers les uns aux autres » et lâauteur de lâAnti-Ćdipe dâajouter « à la limite, le schizophrĂšne fait une machine fonctionnelle avec des Ă©lĂ©ments derniers, qui nâont plus rien Ă voir avec leur contexte, et qui vont entrer en rapport les uns avec les autres Ă force de ne pas avoir de rapports : comme si la distinction rĂ©elle, la disparitĂ© des diffĂ©rentes piĂšces devenait une raison pour les mettre ensemble, conformĂ©ment Ă ce que les chimistes appellent des liaisons non localisables » (lâitalique est de Deleuze).
Quid alors de la logique, de la cohĂ©rence, du bon sens, autrement dit de cette « chose du monde la mieux partagĂ©e [quâest] la puissance de bien juger, et distinguer le vrai dâavec le faux » (Descartes) ?
Comment peut-on prĂŽner, lutter, militer, pour les lumiĂšres, pour la LibertĂ© (politique entre autres) en y concĂ©dant parfois un lourd tribut (emprisonnement, torture, exil, etc.) et rester, tel le MĂ©phistophĂ©lĂšs de Goethe, lâesclave du « malin » ?
Comment pourrait-on revendiquer aujourdâhui une quelconque crĂ©dibilitĂ© dans le combat dĂ©mocratique tunisien, tout en continuant Ă coller au plus prĂšs de lâhorreur dictatoriale dâhier ?
Il est sans doute grand temps pour nos « stal-tun » de se livrer sans plus tarder Ă une rĂ©elle « schizo-analyse » ! Ils y gagneront, croyez-moi, en clartĂ© et en cohĂ©rence. Et nous nâen serons que mieux renseignĂ©s sur leurs rĂ©elles intentions politiques !
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Houcine Bardi Docteur en Droit Avocat au Barreau de Paris
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«Bourguiba et les MĂ©diasâŠÂ» : A livre ouvertâŠ
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