TUNISNEWS
7 ème année, N° 2391 du 08.12.2006
AISPP: Communiqué
HRinfo: Tunisian Government Commits a New Crime
AFP: Relations Tunis-Doha : Le président Ben Ali dépêche un émissaire au Qatar
Omar Khayyam: TNA – Tunis confirme les agresions contre des défenseurs des droits de l’Homme
Fadhel Ouerimi : Lamentable, lamentable le régime de ben ali
Sadok Amine: L’A.J.T, tout agitée
Felsafa: Serment d’Hippocrate…morale d’hypocrite Daikha Dridi: Egypte, de la difficulté du hijab au cinéma
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ALERTE : la voiture de Me Ayadi sabotée
les fonctionnaires voyous de Ben Ali ont frappé ce matin aussi en toute impunité. Ils ont saboté la voiture du Me Abderraouf Ayadi, vice-président du CPR et membre du conseil de l’ordre des avocats devant son domicile à Tunis.
Contact : +216 98 31 71 92
Imed Daimi
Responsable du site du CPR
Tunisian Government Commits a New Crime: Attacking Dr. Moncif Al-Marzouky and Samia Abou and Preventing Them from Visiting Mohamed Abou
Relations Tunis-Doha : Le président Ben Ali dépêche un émissaire au Qatar
AFP, mercredi 6 décembre 2006
TUNIS – Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a dépêché un émissaire à Doha, porteur d’un message à l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a indiqué mercredi l’agence officielle TAP, six semaines après la fermeture de l’ambassade de Tunisie à Doha. Ce message écrit sera remis par le ministre directeur du cabinet présidentiel, Ahmed Iyadh Ouederni, a indiqué TAP sans en préciser la teneur.
L’émir du Qatar s’était entretenu avec M. Ben Ali, le 22 novembre à Tunis, lors d’une visite impromptue, près d’un mois après le rappel par la Tunisie de son ambassadeur à Doha et la fermeture, annoncée le 25 octobre, de sa mission diplomatique pour protester contre la couverture de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira. Le ministère tunisien des Affaires étrangères avait indiqué riposter ainsi à une « campagne hostile à la Tunisie » menée par Al-Jazira accusée de « prises de position délibérément malveillantes ».
Cette décision avait suivi la diffusion par Al-Jazira d’interviews d’un opposant tunisien, Moncef Marzouki, qui avait appelé à « la résistance civile en utilisant tous les moyens pacifiques ». Les autorités tunisiennes avaient qualifié cet appel d’ »incitation à la désobéissance civile » pouvant semer « le désordre et la sédition ». Al-Jazira avait également organisé un débat sur le voile islamique interdit en Tunisie dans les administrations et établissements scolaires et qualifié par les autorités de « sectaire et étranger à la culture et aux traditions du pays ».
Collision au large de la Tunisie: 3 morts et 2 disparus
AFP, le 8 décembre 2006 à 10h53
TUNIS, 8 déc 2006 (AFP) – Trois marins italiens sont morts et deux pêcheurs tunisiens sont portés disparus après la collision d’un cargo italien avec un chalutier tunisien au large de la Tunisie, a rapporté vendredi le journal tunisien Essabah.
La collision survenue jeudi à quelque 22 milles du port de Kélibia (60 km au sud de Tunis) a provoqué le naufrage du chalutier italien Francesco Kenjitano, qui avait à son bord des marins tunisiens et italiens.
Plusieurs membres d’équipage ont été secourus et trois corps de marins italiens ont été repêchés par des bateaux de pêche, a ajouté le journal.
Des hélicoptères et des unités de la marine et de la gendarmerie tunisiennes se sont rendus sur les lieux. Des recherches sont en cours pour tenter de retrouver d’éventuels rescapés.
Ettounsi Il n’aimait pas beaucoup que l’on fête son anniversaire. Donc, contentons-nous de dire rapidement que Zouhair Yahyaoui aurait eu 39 ans, ce 8 décembre 2006, et que ses amis ont une pensée émue pour sa mémoire… Taïeb Moalla
DOCUMENT INTERESSANT
ENQUETE DEMOGRAPHIQUE ET DE SANTE EN TUNISIE 1988
Touhami ALOUI
Mohamed AYAD
Habib FOURATI
Cette étude bien fouillée a été réalisée par l’Office National de la Famille et de la Population en Tunisie, publiée en octobre 1988. Travail de terrain effectué de juin en octobre 1988.
http://www.measuredhs.com/pubs/pdf/FR40/00%20Front%20Matter.pdf
INVITATION
L’institut international de la pensée islamique – IIIT France a le plaisir de vous inviter à participer à une rencontre débat (en langue arabe)
avec le penseur Khalis JALABI autour de la question :
Mouvements de réforme en Islam :
Devoir de l’autocritique
Date : Samedi 9 Décembre 2006 à 14 H 00
Lieu : IIIT France : 9 – 11 Avenue Michelet 93400 Saint Ouen
Métro : 13, Arrêt : « Carrefour Pleyel », Sortie : BD Ornano
Entrée libre
Tunis confirme les agresions contre des défenseurs des droits de l’Homme
Lamentable, lamentable le régime de ben ali
L’A.J.T, tout agitée
Serment d’Hippocrate…morale d’hypocrite
« Je jure par Apollon médecin, par Esculape, … par tous les dieux et toutes les déesses, et je les prends à témoin que, dans la mesure de mes forces et de mes connaissances, je respecterai le serment … ».
Et que sont loin nos médecins de Apollon…et que sont loin des Dieux et Déesses…
Un monsieur ramène sa mère à un médecin qui lui prescrit des analyses. Le résultat sonne comme une tonnerre. La vieille mère est atteinte de Cancer. Le monsieur panique, il téléphone à ses amis qui lui conseillent un médecin privé. Il accompagne sa mère au noble médecin qui ajoute le feu : URGENT…il faut l’opérer URGENT…sinon ca va se propager très vite …Si vous êtes prêts, j’opère demain.
Demain ?!!! où ? et combien ca va me couter ? se demande le pauvre fils qui n’a même pas de quoi se payer le taxi du retour chez lui…
Pas grand-chose, répond le médecin, au maximum…2500 dinars.
2500 dinars !!! le monsieur ne peut même plus avaler sa salive. Tout au long du chemin du retour ne pensais qu’à la façon avec laquelle il va réunir cette somme…Pour sauver sa mère, il est prêt à tout…sacrifier…prêt même à se sacrifier.
Et une nuit blanche passée…à la première lueur de l’aube, il prend le chemin de son agence bancaire. Les larmes aux yeux, il explique au chef d’agence son drame. Heureusement que Ouled le7lel mezzalou…et Dieu …est là. Quelques secondes ont suffit pour que le monsieur quitte son agence avec 3000 dinars cash, dans les poches.
Mais en Tunisie, ouled le7lel y en a encore. Heureusement…
Arrivé à son travail, certains de ses collègues insistent pour qu’il aille voir un autre médecin qu’ils connaissent, afin d’avoir un autre avis…
Le médecin « ami » l’accueil chaleureusement. Il examine les analyses…confirme le diagnostic…mais s’exclame : « 2500 dinars ?? tu parles !!! c’est juste le coût de son intervention. L’opération te coutera pas moins de 4000-5000 dinars au clinique …et ensuite, attends toi à la chimio…dont le cout de l’injection est de l’ordre de 980 dinars pour 5 ou 6 séances.. ».
Le pauvre est sorti avec un visage pale. En réalité, il n’a rien à faire avec ses 3000 dinars. Il lui faut au moins…au moins …10.000 dinars.
Et une autre journée terrible …mais tous ses amis le conseillent d’aller voir du coté de l’institut Salah Azaiez pour voir ce qu’il peut faire.
Le lendemain, de bonheur aussi, il se point devant le guichet pour un RDV.
Vous n’allez pas le croire : On lui donne un rdv dans presque 2 mois. Quoi ? 2 mois ? mais elle va mourir d’ici là !!!
Mais grâce à un autre weld 7lel, il a pu avoir un rdv dans 3 jours !!!
Le Jour J, il se présente avec sa mère devant le Docteur…qui examine les radios, analyses et prescrit d’autres analyses et radios !! encore ? Oui, encore. Et rdv dans une semaine devant « la commission».
2 jours…le pauvre court avec sa vielle mère de blocs en blocs, de bureaux en bureaux, d’étages en étages pour faire les radios et analyses…2 jours…
Le Grand jour J arrive ; mère et fils sont là ; attendent l’appel. La foule est immense. Les patients comptent par dizaines !!! « on dirait que tout le monde est cancéreux !! » …et des images terribles…terrifiantes…de la souffrance…mais aussi des images extraordinaires de l’espoir…de la bataille pour la vie…de la sagesse…et la croyance en Dieu.
Enfin, l’appel…mère et fils entrent…pour voir la « commission »…Mais à la grande surprise, y avait pas de commissions…au fait, juste un seul docteur avec des centaines de dossiers.
Bonjour..sbah el5ir wlidi, disaient mère et fils
Muet…même pas « tfadhlou o93dou » (asseyez vous) …il regarde le dossier et sans même regarder la vielle mère…quelques secondes …il regarde le fils…et lui bombarde :
J’ai discuté avec le docteur X (le médecin privé qui a recommandé l’opération)…pourquoi vous ne faites pas l’opération ailleurs ???
(le mec est resté sur place)…euh !!!
Et le médecin enchaine : « …ça ne va pas vous couter les yeux de la tête…tu sais ?? »
(et le mec encore sur sa place..)…euh !!!
Et le médecin continue… : « …la maladie va se propager très rapidement…il faut agir vite… »…
(et le mec toujours immobilisé…ne sait quoi dire…)…et ici…
Et avant même qu’il termine, le médecin, finit de l’égorger : « ici c’est impossible…il faut attendre au moins 3 mois…c’est moi qui gère les rdv…y a pas de place actuellement disponible… allez voir Monsieur X…c’est un conseil. »
RDV terminé. Verdict annoncé. Aucun Appel. Aucun recours.
En sortant du bureau, la mère et le fils trainaient leurs pieds comme s’ils tiraient des tonnes d’acier avec…
Le monsieur privé…discute avec le Monsieur public…des patients…peut être même des « marchés » ou « affaires à conclure »…à propos des êtres humains.
Heureusement que wled le7lel sont partout…et cette fois-ci c’est une bent 7lel qui ramène mère et fils à une collègue du Monsieur Docteur Public.
Cette fois-ci le médecin est une femme. Elle regarde le fils abattu…contemple le dossier…et s’adresse , enfin à la mère :
« Ommi (ma mère), t’as pas besoin d’intervention…juste une radiothérapie…et on commence ça dès demain…puisque c’est moi qui gère ça. ».
Dieu est là…Dieu est grand…en Tunisie, bnet et ouled le7lel…y en a encore….et Heureusement.
C’était il y a presque 10 ans…la mère est encore là.
(Source: le blog tunisien «FELSFA », le 7 décembre 2006 à 11h15)
Lien: http://felsfa.hautetfort.com/archive/2006/12/07/serment-d-hippocrate…serment-d-hypocrite.html
Les huit ressortissantes tunisiens morts dans un accident en Libye
Commerçants itinérants, tous gafsiens et soutiens de familles
Un sombre manteau de douleur, de tristesse et de consternation enveloppe entièrement la ville de Gafsa. Pas un seul quartier n’a été épargné par l’impact déchirant de la macabre nouvelle qui s’est abattue sur la tête des habitants comme un coup de massue avant de se répandre telle une traînée de poudre toute une ville noyée dans une marée de torpeur, et paralysée par la douleur.
On vient d’apprendre que 8 jeunes gens tous originaires de Gafsa, à la fleur de l’âge (entre 18 et 25 ans) ont péri dans un tragique accident de la circulation à 200 km de la frontière Egypto-Libyenne.
Tous ces jeunes sont bien connus à Gafsa, notamment dans les milieux négoces et commerçants avec lesquels ils entretiennent d’excellentes relations professionnelles. Car tous sans exception traqués par le démon de chômage et gangrenés par l’indigence et le besoin, ont fini par faire de ces allers-retours Gafsa – le Caire (plus de 400 kms) un moyen de subside et une façon de bâtir le présent dans l’espoir de se confectionner un avenir. Ici on les appelle « Les commerçants de la valise ».
Habituellement, ces regrettés jeunes hommes font du porte à porte auprès des tenanciers des échoppes de la ville, et des étalages des souks où ils écoulent leur maigre marchandise, importée lors du dernier voyage, sans toutefois oublier de prendre note des prochaines commandes de leurs clients qu’ils reviendront livrer à l’issue du prochain voyage, qui dure habituellement entre 10 et 15 jours.
Les habitués de ces éreintantes navettes connaissent mieux que quiconque la fatigue, l’épuisement et les risques qu’encourent tous les usagers de ces voyages à haut risque. Un périple de 400 kms en plein désert sur des routes hantées et sillonnées, par des bolides fous de vitesse.
Des familles profondément endeuillées, des proches et des amis durement éprouvés et toute une population compatissante et attristée se réunissent aujourd’hui dans les quartiers populaires d’Elmouella et Hay Essourour où habitent régulièrement toutes les victimes pour partager la douleur et l’amertume causées par cette tragique catastrophe.
Notons que les jeunes disparus sont des soutiens de familles, porteurs de lourdes responsabilités au sein des leurs.
Ici, les cœurs bien que meurtris ont été réchauffés et hautement réconfortés par l’attention paternelle du président Zine El Abidine BEN ALI, et son suivi personnel du protocole de rapatriement des dépouilles mortelles de victimes.
Les autorités consulaires Tunisiennes en Libye ne manqueront sûrement pas de suivre de prés l’instruction de l’enquête afin de préserver les intérêts des familles éprouvées.
Que c’est bête de mourir à la fleur de l’âge et que c’est triste de perdre un être cher, si courageux et si serviable.
Puisse Dieu accueillir leurs âmes dans sa large miséricorde.
Nizar GHARIB
(Source : « Le Temps » du 8 décembre 2006)
Egypte: de la difficulté du hijab au cinéma
Daikha Dridi
Elle s’appelle Amira (princesse en arabe). C’est une solitaire, couverte de la tête aux pieds dans un monde où ne circulent que des décolletés trop généreux, des nuques et des épaules dévoilées et des cuisses sous des jupes plus mini que mini. Amira est néanmoins grande et belle, elle a le regard réservé et le sourire timide, elle préfère les livres (religieux) aux clips vidéos que ses deux sœurs dévorent goulûment, mais c’est elle l’héroïne du film et c’est elle que préfère le beau brun sexy et branché, heureux en affaires comme en amour.
C’est donc fait, le hijab a fini par faire son apparition sur les écrans des cinémas du Caire et le premier film qui campe une héroïne en hijab s’appelle « Kamel el Awsaf » (Aspects Parfaits) sorti avec la vague de nouveautés qui suivent traditionnellement les fêtes de l’Aïd en Egypte.
La tendance avait été amorcée en octobre dernier à l’occasion du mois du ramadan qui représente pour les producteurs égyptiens et arabes en général la plus prolifique des saisons pour le feuilleton télévisé, et où le public a été surpris de découvrir plus de sept feuilletons télévisés dont les rôles principaux étaient tenus par des femmes en hijab. L’arrivée du hijab dans le feuilleton avait d’ailleurs suscité des débats tellement polarisés dans la presse écrite et les médias télévisés qu’ils avaient fini par atterrir dans l’auguste salle du parlement égyptien où des députés affiliés au mouvement des Frères musulmans ont sommé le ministre de l’Information de s’expliquer sur « l’embargo » que la télévision publique avait exercé sur les feuilletons des « mouhajabate » (les femmes voilées).
En effet, tous les feuilletons qui avaient pour héroïnes des actrices voilées étaient exclusivement diffusés par les télévisions privées satellitaires et non pas sur les chaînes d’Etat. Mais si les explications officielles – seuls les critères de qualité ont présidé au choix des feuilletons projetés – n’ont convaincu personne sur les motivations de la censure du hijab à la télévision publique, une avalanche de critiques avait dans le même temps plu sur les feuilletons des « mouhajabate » et sur les actrices elles-mêmes.
On a ainsi souvent reproché à ces actrices, qui sont issues de toutes les générations, de vouloir arracher une popularité factice coûte que coûte en recourant au voile musulman: les plus âgées d’entre elles se sont ainsi vu vertement rappeler que lorsqu’elles ne portaient pas le foulard, « leur seul talent consistait à dévoiler leurs attributs féminins » et qu’aujourd’hui elles essaient « de compenser leur manque de talent et les dégâts de l’âge en se couvrant le corps et en se présentant comme des donneuses de leçons ».
Il est vrai que, dans leur grande majorité, les rôles joués par ces actrices ont été des rôles de femmes pieuses tentant d’apporter un brin de moralité dans des entourages dévastés par le manque de foi, la corruption, le mensonge et la traîtrise. Il est vrai aussi que certaines parmi ces actrices avaient publiquement annoncé lorsqu’elles avaient décidé de porter le hijab – il y a plusieurs années de cela – qu’elles quittaient le métier d’actrice qui ne sied pas à celles qui ont décidé d’emprunter le chemin de Dieu. Mais il est tout aussi vrai que ceux qui ont applaudi à l’apparition du hijab dans la fiction télévisée ont raison de penser qu’il n’est pas normal que, dans une société où les femmes sont à plus de 90% voilées, le public soit constamment appelé, dans une sorte de distanciation schizophrénique, à consommer des films où pas une femme ne porte le hijab.
Certains réalisateurs avaient expliqué cette absence criarde par la difficulté qu’ils éprouveraient à diriger une actrice voilée: le choix du rôle, de l’action et des scènes concernant la « mouhajaba » seraient totalement conditionnés par le hijab et non par des considérations cinématographiques et artistiques. Ainsi par exemple on ne pourrait pas faire jouer à une mouhajaba le rôle d’une femme malveillante car les religieux protesteraient contre l’atteinte à un symbole de la foi, on pourrait encore moins respecter les règles de vraisemblance en filmant l’intimité d’une mouhajaba chez elle, en famille, ou avec son mari, puisqu’elle ne devrait à ce moment-là pas porter de hijab, etc.
Et pour l’instant, force est de constater que toutes les productions qui ont fait le choix d’une héroïne en hijab ont fait dans la facilité de la caricature: hijab égale femme droite, pieuse, respectable, etc. Une tendance confirmée et poussée à des extrêmes presque burlesques par le premier film du genre en salle, Kamel el Awsaf.
L’héroïne, jouée par l’actrice Hala Chiha, qui avait elle aussi annoncé qu’elle quittait le métier en adoptant le voile, y est une caricature invraisemblable de la fille jeune, moderne et dévote. Si elle se retrouve devant un ascenseur en même temps qu’un inconnu, elle préférera s’abstenir de monter avec lui et attendra patiemment que l’ascenseur revienne; à la télé elle ne regarde que les prêches du prédicateur fétiche des classes bourgeoises égyptiennes, Amr Khaled; elle n’accepte pas de se retrouver seule en compagnie du beau jeune homme qui lui fait la cour; il n’est pas jusqu’à la sonnerie de son portable qui fait retentir des chants religieux.
Bref, elle ne ressemble pas vraiment aux millions de jeunes Egyptiennes qui portent le hijab mais qui n’en sont pas pour autant obsédées par la religion, qui adorent regarder les clips aguicheurs des chanteuses de pop connues pour leur érotisme survolté, qui s’accrochent aux bras de leurs compagnons dans les rues, etc. Et ce qui est encore plus invraisemblable est non seulement que notre sainte héroïne est bien la seule femme voilée du film mais de plus elle n’est entourée que de jeunes femmes aux chevelures lâchées toutes brides et aux corps à peine recouverts et qui vont et qui viennent comme si c’était comme cela que ça se passait dans la vraie vie du Caire. L’irréalisme du film aboutit à une sorte de surréalisme grotesque, qui voudrait qu’en Egypte, le hijab soit l’exception!
C’est probablement la raison pour laquelle, Kamel Al Awsaf a si peu fait parler de lui, ayant été classé dernier du box-office dans la liste des nouveautés de la saison. Alors que le film qui caracole au sommet du box-office égyptien est une comédie musicale dont le rôle principal est campé par une sulfureuse danseuse professionnelle, Dina, qui s’est attiré des tonnes de médisances et les foudres du syndicat des acteurs pour avoir fait la promotion de son film en allant se trémousser live pour le public à l’entrée du plus grand cinéma du centre-ville.
Le plus croustillant dans l’affaire est que ces deux films aux « antipodes moraux » l’un de l’autre sont l’œuvre du même réalisateur, Ahmad Badri. Incapable, comme ses prédécesseurs du feuilleton télévisé, de créer des œuvres où les actrices voilées ne sont pas réduites à des porte-hijab mais jouent de vrais personnages.
En attendant donc d’avoir à regarder des vrais films égyptiens, où la société réelle n’est pas évacuée au profit d’univers factices produits des pires clichés qui macèrent dans la tête de réalisateurs peu inventifs et aveugles au monde dans lequel ils vivent, le public a préféré le divertissement pur.
(Source : le site www. babelmed.net, le 14 novembre 2006)
Lien: http://www.babelmed.net/index.php?menu=31&cont=2323&lingua=fr