8 juillet 2011

 

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TUNISNEWS

11ème année, N°4063 du 08.07.2011  

archives :www.tunisnew .net


 

Avis à nos aimables lectrices et lecteurs:

 
Nous informons nos aimables lectrices et lecteurs que la mise à jour du site et la diffusion de la newsletter
s´ arretera pour 5 semaines à partir du 9 juillet, La prochaine mise à jour du site aura lieu le 15 août inchaAllah.
D’ici là nous vous souhaitons de bonnes et paisibles vacances !
 
L´equipe de TUNISNEWS


INRIC: Tunisie: Appel à candidature pour l’attribution de licences à des télévisions

Libération: Tunisie: gouvernement et médias font connaissance après 23 ans de silence

Le Post: Tunisie – Qui arrêtera la violence politique qui s’installe dans le pays?

Business News: La marche pour la liberté et contre la violence a failli tourner au vinaigre

Kapitalis: Tunisie. Une heure avec Mustapha Ben Jaafar, leader d’Ettakattol

Tekiano: Tunisie : Comment Rue89 a suivi la Révolution?

WMC: Tunisie-Média: La difficile mutation du métier de journaliste

L’Humanité: Femmes aux aguets Les menaces contre les acquis de la révolution au féminin

Leaders: Décortiquons le mode d’élection de la constituante: Les jeux ne sont pas encore faits!

Le Temps: L’âge et le look des hommes politiques – Trop vieux Mebazaâ et Caïd Essebsi ?

All Africa: Prize-Winning Blog Threatened With Legal Action


 
L’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC)
Tunis, le 8 juillet 2011
 

Tunisie: Appel à candidature pour l’attribution de licences à des télévisions


L’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC) annonce qu’elle a reçu, jusqu’à ce jour, 33 demandes de licences pour le lancement de chaînes de télévision et que le dernier délai pour la réception des candidatures a été fixé au 15 juillet 2011 à 13 Heures.
L’INRIC invite tous les candidats ayant déjà déposé leurs dossiers à les actualiser comme suit, avant le délai fixé plus haut.
Les dossiers de candidature doivent comporter les pièces suivantes :
– Une copie de la Carte d’identité nationale et un extrait de Naissance
– Un curriculum vitae du candidat.
– Un extrait du cahier judiciaire (bulletin N°3) ou une copie du récépissé attestant le dépôt de la demande de ce bulletin.
– Le nom de la chaîne et sa catégorie (associative, régionale, généraliste, thématique, locale, culturelle, commerciale, etc.)
– La nature du service proposé
– Le Siège de la chaîne et sa zone de couverture (nationale, régionale, précisez, éventuellement, la région).
– Une étude technique du projet, y compris les moyens techniques qui seront utilisés (studios, équipements de télédiffusion, etc.)
– Un plan financier sur trois ans mentionnant les sources de financement et un document officiel attestant la situation financière du promoteur, qu’il soit personne physique ou morale.
– Si le demandeur est une personne morale, précisez la liste des membres du conseil d’administration et leur curricula Vitae détaillés.
– Un descriptif des programmes proposés avec une grille d’une semaine.
– Un descriptif des équipes rédactionnelle et technique.
– La date du dépôt de la première demande.
– La date prévue pour le démarrage des programmes
L’INRIC attire l’attention des candidats sur la nécessité de tenir compte des critères d’évaluation qui seront adoptés lors de l’évaluation des dossiers. Ces critères sont les mêmes qui ont été appliqués lors de l’attribution des licences aux radios privés, à savoir :
– Le projet proposé ne doit pas être sous le contrôle d’un organisme gouvernemental, d’un parti politique ou d’une organisation religieuse
– Il ne doit pas conduire à une concentration excessive de la propriété dans le domaine des médias
– Il doit contribuer à la diversification et à l’amélioration de la qualité des services dans les différentes zones de couverture
– Son impact social sur le paysage médiatique national est un facteur déterminant
– Le promoteur de projet ne peut cumuler entre ses fonctions et celles de responsable d’une entreprise de publicité ou de communication
L’INRIC fixera, ultérieurement, la date des séances d’audition des candidats.
Pour plus de renseignements, veuillez nous contacter au N° : 71 84 25 88
 

Tunisie: gouvernement et médias font connaissance après 23 ans de silence


Par Cécile FEUILLATRE
Loin des conférences au ton feutré, le point de presse bi-hebdomadaire du gouvernement, instauré depuis deux mois en Tunisie, tourne régulièrement au débat entre journalistes avides de réponses et officiels naviguant entre langue de bois et sincérité.
Les rendez-vous du mardi et du jeudi à la Kasbah, le siège du gouvernement à Tunis, sont assidûment suivis par une vingtaine de journalistes. Ils débordent toujours allègrement la durée d’une heure officiellement impartie.
Les points presse n’existaient pas sous Ben Ali, les médias utilisaient les communiqués de l’agence TAP, souvent rédigés par la présidence, et les journalistes entraient au compte-goutte à la Kasbah. Ils y accèdent désormais sans protocole particulier, même si la cellule de communication entend mettre en place une liste d’accrédités en bonne et due forme.
Jeudi, trois intervenants se succèdent sous l’immense lustre en cristal et les dorures de la salle de presse, attenante au bureau du Premier ministre Béji Caïd Essebsi.
Son porte-parole, Moez Sinaoui, détaille la récente visite effectuée par M. Essebsi dans les Etats du Golfe. Un journaliste intervient: le cas de Sakher el-Materi, le gendre de Ben Ali réfugié au Qatar, a-t-il été évoqué à Doha ? M. Sinaoui sourit. « Il y a eu des entretiens privés. Vous me comprenez ». Rires dans l’assistance.
Vient le tour du porte-parole de l’Intérieur, Mohamed Hichem Moueddeb. Les questions fusent. Menaces salafistes, mouvements d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) à la frontière algéro-tunisienne… Les journalistes insistent, reviennent à la charge, contredisent le responsable.
Dont les réponses frôlent parfois le surréalisme. Sur l’inertie des forces de l’ordre lors de l’attaque par des salafistes d’un cinéma à Tunis: « les policiers portaient des gilets pare-balle, ils étaient encombrés et ne pouvaient pas passer des menottes aux manifestants ». Sur les menaces d’AQMI: « En Tunisie, les citoyens sont vigilants. Les forces de l’ordre font les finitions, en quelque sorte ».
« Il a tourné et tourné autour du pot, j’ai fini par lui dire: tu nous racontes des choses qui ne nous intéressent pas!  » sourit Arbeya Cheikh, une jeune journaliste de Nessma TV, à l’issue du point de presse.
Aïda Klibi, responsable au sein de la cellule communication du gouvernement, s’amuse de l’effervescence journalistique. « Tout ça est très nouveau, au fond. Mais il faut qu’ils apprennent. On n’arrête pas de leur répéter: UNE question, et courte si possible. Or tout se transforme toujours en débat, et les journalistes se posent systématiquement en opposition par rapport à l’intervenant officiel », estime-t-elle.
« Tout le monde essaye d’utiliser sa liberté. On travaille comme si on avait faim, on est avide, ça bouillonne. Alors parfois les journalistes confondent insolence et pertinence », analyse Tarak Khalladi, un réalisateur de documentaires.
« C’est la première fois qu’il y a des conférences de presse, la première fois qu’on permet de poser de vraies questions », rappelle-t-il, en évaluant les les réponses des officiels « à 50% correctes et à 50% langue de bois ».
La Tunisie compte 1.600 journalistes dont 1.200 sont membres du SNJT (Syndicat national des journalistes tunisiens), selon son président, Néji Bghouri.
Outre les radios, dont 12 nouvelles devraient obtenir une licence, les Tunisiens peuvent s’informer via deux chaînes publiques et deux privées, ainsi que par le biais d’internet, qui a joué un rôle décisif de mobilisation lors de la révolution.
Côté presse écrite, le ministère de l’Intérieur a récemment délivré 9 nouvelles autorisations. Au total, 142 publications sont autorisées.
(Source : « Liberation.fr », le 8 juillet 2011)

Tunisie – Qui arrêtera la violence politique qui s’installe dans le pays?


Les événements qui ont eu lieu dans la capitale et certaines villes du pays tendent à le confirmer ce qui préoccupe beaucoup de citoyens habitués à un pays où seules les structures de l’Etat ont le monopole de la violence et de la répression.

A l’occasion d’une manifestation culturelle organisée dimanche dernier au centre ville par le mouvement Lam Echaml pour soutenir les artistes qui ont été agressés ou harcelés ces derniers mois pour leurs positions, des islamistes radicaux ont saccagé la salle où la manifestation a eu lieu et s’en sont pris aux participants armés de bâtons et de couteaux.

Ils voulaient interdire la projection d’un film. ?Sans l’intervention, même tardive des forces de l’ordre, les dégâts auraient été plus importants et les blessés plus nombreux et plus graves.Le lendemain, ces mêmes salafistes se rassemblent devant le tribunal de Tunis pour réclamer la libération de sept de leurs collègues interpellés la veille et s’en prennent aux avocats.

Les forces de l’ordre ont dû intervenir de nouveau pour limiter les dégâts. Deux avocats au moins ont été blessés dans cette descente islamiste. ?Quelques jours avant, des jihadistes à Sousse s’en sont pris à l’église de la ville et ont voulu l’incendier. La porte, centenaire en porte encore les stigmates. Plus au sud, à Gafsa, des membres de Hezb Ettahrir sont allés jusqu’à remplacer le drapeau national par un drapeau noir, sous l’œil effaré des habitants, indignés mais terrorisés.??Face à cette déferlante de violence, les réactions ont été timides.

Seuls quelques partis politiques dont notamment Ettajdid et le PDP, quelques organisations de la société civile comme l’Association des femmes démocrates et la Ligue des droits de l’Homme et quelques départements gouvernementaux tels que le ministère de l’intérieur et celui des Affaires religieuses ont réagi d’une manière claire et rapide. Les autres ont brillé par leur silence qui en dit long sur les convictions démocratiques et les calculs pré-électoraux des uns et des autres. ??Quant au mouvement Ennahdha, son leader Rached Ghannouchi a exprimé lors d’une conférence de presse tenue lundi, ses simples regrets face à ces violences, les expliquant toutefois par les multiples provocations qui touchent à l’identité arabo-musulmane du pays.

Le dirigeant islamiste ne pouvait pas en effet ignorer ces violences, lui qui cherche aujourd’hui à donner à son parti l’image d’un parti islamiste assagi à la turque, mais ne pouvait pas non plus aller trop loin dans la condamnation des violences islamistes au risque de se couper de sa base.?Mais au-delà de cet aspect factuel et des réactions des uns et des autres, cette violence, qui prend de plus en plus un aspect idéologique et politique, interpelle l’ensemble de la société tunisienne, non pas parce qu’elle est une société pacifique qui refuse la violence mais parce que cette violence renvoie à des modèles de société antagonistes. ??En effet, ces violences, enregistrées la période passée, opposent systématiquement des islamistes radicaux à des non islamistes.

Qu’on appelle les uns Hezb Ettahrir, salafistes ou jihadistes ne change rien à leur identité ; une identité qui se réfère exclusivement à la religion dans son interprétation la plus radicale et qui cherche à imposer cette vision de l’islam à l’ensemble de la société comme étant le seul modèle acceptable dans un pays où la quasi-totalité de ses habitants sont musulmans.

La position inconfortable du mouvement Ennahdha émane du fait qu’étant un parti islamiste, il ne peut que partager cette vision islamiste mais étant aussi plus calculateur et tactique, il se doit de se démarquer des méthodes utilisées par ces islamistes radicaux.?Qu’on appelle leurs opposants laïcs, athées, éradicateurs ou mécréants ne change pas non plus leur identité. Ils sont républicains, modernistes, attachés aux acquis de la Tunisie contemporaine, aux principes des droits de l’Homme et aux valeurs de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’égalité.

Il s’agit en somme de la confrontation de deux modèles de sociétés. Le premier est un modèle religieux importé des pays du Golfe et de la région de l’Extrême-Orient asiatique. Il profite d’un soutien financier important. Il profite aussi d’une base qui, même si elle n’est pas très nombreuse, est très active, disciplinée et organisée. ?Les militants de cette vision religieuse du monde et de ce modèle sociétal ne rechignent pas à utiliser tous les moyens allant jusqu’à soudoyer, intimider, violenter, agresser et terroriser.

Ils profitent de la faiblesse toute compréhensible de l’Etat dans cette phase de transition pour essayer de s’imposer envers et contre tous.??Le second est un modèle de société installé depuis l’indépendance de la Tunisie sinon avant. C’est un modèle d’une société ancrée dans son identité arabe et musulmane mais attachée à son histoire riche et plurielle.

C’est un modèle d’une société inscrite dans la modernité, ouverte sur le monde, jalouse de ses acquis notamment concernant l’éducation, les droits de la femme, la liberté de pensée et d’expression, l’attachement à la démocratie et aux valeurs de la république.

C’est un modèle qui voit dans la révolution du 14 janvier 2011 une chance et une occasion pour consolider et fructifier ses acquis et non pas les renier.??Dans ce contexte, les tensions sont exacerbées et seul un Etat fort peut garantir la paix sociale et prévenir les risques de fratricides connus par d’autres pays proches ou lointains, avant nous. Autant dire que la vigilance s’impose.

Source: “Le Post” Le 08-07-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/07/08/2543520_tunisie-qui-arretera-la-violence-politique-qui-s-installe-dans-le-pays.html


La marche pour la liberté et contre la violence a failli tourner au vinaigre


Par Radhouane Somai

19 h50, avenue Mohamed V, à côté de la désormais place « des sit-in », deux groupes se font face des deux côtés de la large artère. La tension est palpable, mâchoires et poings serrés, des slogans à la mémoire des martyrs sont entonnés, certains tentent de calmer le jeu et d’éviter le contact. Finalement, plus de peur que mal, il n’y aura pas de grabuge. Les deux groupes se mêlent et chantent l’hymne national d’une seule voix. On discute, on s’explique et on comprend vite les causes de cette méprise. Le premier groupe, participant à une marche pour la liberté de pensée et contre le fanatisme, s’est cru confronté à un regroupement de salafistes, les quelques personnes portant la barbe islamique n’ont rien arrangé à l’affaire. Les seconds, venus de toute la Tunisie et qui ont posé leur campement pour protester contre le gouvernement provisoire, croyaient faire face à des anciens militants du RCD. Des activistes n’ont pas hésité à sortir l’explication, désormais, classique depuis le 14 janvier : la police politique, dont ils ont reconnu des membres d’ailleurs, ont tenté de semer le trouble pour casser les deux manifs. Tout avait bien commencé pourtant. Quelques minutes avant 18h, les premiers participants ont commencé à affluer sur la place Pasteur. La canicule commençait à s’adoucir. Les visages avenants, l’humeur est au beau fixe, quelques uns en pompette. Des jeunes et des moins jeunes, seuls, en couple ou en famille, certains de blanc et de rouge vêtus ou drapés dans le drapeau national engageaient la conversation, essayant d’expliquer l’acharnement depuis quelques semaines contre le film de Nadia El Fani. Tous avaient répondu à l’appel lancé sur Facebook pour une marche pour la liberté et contre la violonce. Des militants associatifs (l’Initiative citoyenne, Lam Echaml) et de partis politique (Attajdid, PDM, Parti socialiste de gauche) brandissaient des banderoles affichant des slogans dans ce sens : « liberté pour tous », « pour une Tunisie moderne démocratique indépendante », « non à la régression ». Dans les discussions, Ennahdha et les islamistes en prennent pour leur grade, aucun doute, ils agacent. Un « barbu » désirant expliquer ses vues sur la liberté se mêle aux présents. Vite pris à parti, il préfère disparaître. Certains disent le reconnaitre : un militant d’Ennahdha ni plus ni moins. On taquine la vieille dame qui l’a affronté sans sourciller, elle-même porte le voile. J’ai fait le Hadj cette année, s’explique-t-elle le plus calmement du monde. De nouveaux manifestants rejoignent la marche au fur et à mesure que celle-ci avancent sur l’avenue Mohamed V. Mais on ne risque pas de se perdre dans la foule non plus. On y aperçoit des hommes et des femmes de culture : Anouar Braham, Ibrahim Ltaïf, Nawfel Saheb-Ettabaâ, Sami Ben Ameur, Lotfi Abdelli en fin de cortège traînant sa mobylette … L’accent rive gauche est de rigueur, ça rouscaille bigorne dirait Gavroche. Défendre la liberté de penser et de croyance semble être le cadet des soucis du Tunisien moyen. Monia Ben Hamadi membre de l’association Génération Jasmin créée par des Tunisiens vivant à Paris après le 14 janvier nous avoue sa désillusion. La jeune femme pensait, quand elle a débarqué, récemment, à Tunis, trouver une condamnation massive, claire et sans détour de l’attaque de l’AfricArt.Quelle ne fut sa déception quand elle a entendu toutes les dénonciations molles mêlées de « mais », de ces déclarations condamnant la « violence du film » et de toutes les attaques personnelles et des quolibets injurieux lancés par des anonymes contre la réalisatrice. Les moqueries lancées par les quelques badauds croisant la marche ne trompe pas sur l’opinion de « l’homme de la rue ». « Eh les cocus ! », n’a pas hésité à crier un jeune, ou peut-être voulait-il signifier lèche-cul, le mot en dialecte tunisien pouvant prendre, selon le contexte, les deux sens. 19h20, la motivation de départ s’épuise lentement. Les forces de l’ordre présentes mais discrètes depuis le début, donnent des signes d’impatience. Arrivés au niveau de la Cité de la culture, les manifestants commencent à se poser des questions : poursuivre jusqu’au bout ou rebrousser chemin pour faire une sorte de circuit et regagner le point de départ. Les partis politiques se retirent provoquant l’ire des plus téméraires. Un homme s’en prend à un policier en civil qui visiblement dirige les opérations : vous leur avez fait peur (des infos sur un attroupement d’extrémistes cherchant l’affrontement commencent à circuler). Le policier agacé s’emporte à son tour : les forces de sécurité ne sont pas un « porte-manteau », on bloque le centre-ville pour vous depuis quatre heures, on ne fait que protéger. Certains rebroussent chemin, une minorité impatiente d’en découdre avec « les ennemis de la liberté » poursuit son chemin. 20h les participants à la marche ont été invités avec une insistante toute orientale à venir sur la place des sit-in. Des discussions à bâtons rompus s’engagent. Certains y passeront peut-être la nuit pour refaire la nuit avec leurs camarades du jour.

Source: “Business News” Le 08-07-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Tunisie-%E2%80%93-La-marche-pour-la-libert%C3%A9-et-contre-la-violence-a-failli-tourner-au-vinaigre-,520,25604,1


Tunisie. Une heure avec Mustapha Ben Jaafar, leader d’Ettakattol


Par Zohra Abid

«C’est une période de transition et d’apprentissage politique avec tous ses aléas. Le Tunisien n’a plus peur de rien. Mais il craint que des forces reviennent et tirent le pays vers le bas», déclare Dr Ben Jaafar à Kapitalis.

Mardi, il a fait près de 40° à l’ombre sur Tunis. Dans les petites rues de la capitale écrasées par le soleil de midi, les petites gens ne se cachent plus pour parler de la politique, des violences des derniers jours, des islamistes, des salafistes, des laïcs, de la faiblesse du gouvernement, de la police démissionnaire, d’une centaine de partis et de leur baraka en berne… Ils ont horreur de rater la dernière foulée de leur révolution qui a pris un bon départ, avant de commencer à battre de l’aile. Ça chauffe un peu partout et personne n’est vraiment dans le cirage. Parler un peu de l’avenir du pays avec un sage s’impose. Kapitalis s’est rendu au n°4 de la rue d’Angleterre de Tunis, à deux pas de la grande gare ferroviaire. A l’accueil: Mustapha Ben Jaafar, tiré à quatre épingles. Comme toujours.

Comment va Ettakattol? Apparemment, ça baigne à Ettakattol! Dans le quartier général du parti, au premier étage d’un immeuble de style colonial, ça bouge de partout. Hommes et femmes s’affairent. Comme des abeilles mais sans bourdonnement. Sur l’un des bureaux à l’entrée, des liasses de cartes d’adhésion prêtes à la distribution. «A côté des contributions des adhérents, il y a quelques hommes d’affaires, des sympathisants, mais ça reste dans les limites du raisonnable», dit M. Ben Jaâfar. «La question du financement des partis politiques s’impose… Il faut accorder aux différents partis une égalité des chances pour que les prochaines élections soient exemplaires», enchaîne le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl), qui était en rendez-vous avec un ambassadeur européen. Il n’a pas tardé à nous ouvrir les portes de son bureau au fond d’un long couloir. Meubles de caractère, de chez nous et d’ailleurs (d’une autre époque, occidentale), bibliothèques, livres bien rangés, pas trop de gadgets, tableaux et autres affiches-symboles de la chère patrie, un ordi par-ci, un autre par là. Comment va le parti? Réponse de M. Ben Jaâfar: «On a pour le moment un petit problème de gestion de ces nouvelles adhésions. Nous sommes débordés (petit sourire, Ndlr); ils sont des milliers. Face à cette forte poussée de demandes, on va bientôt améliorer la structure».

Plus de peur donc sur la santé d’Ettakattol, qui a tant souffert sous Ben Ali. Le parti (fondé en 1994, il n’est reconnu qu’en 2002) n’avait qu’un local à Tunis et deux ou trois autres à l’intérieur du pays. Aujourd’hui, son logo est à l’affiche un peu partout. Il fait tout pour monter dans les sondages, mais sans brûler les étapes au risque de trébucher. C’est à l’image de son leader qui, outre ses meetings à l’intérieur du pays, essaie d’être présent auprès des Tunisiens à l’étranger. Quelques jours auparavant, il a fait Paris, Genève, Berlin, Lyon et Marseille. M. Ben Jaafar semble satisfait de sa tournée et des foules qui croient en lui.

Du benalisme sans Ben Ali Le programme d’Ettakattol sera fin prêt dans une semaine. Les Tunisiens s’impatientent. Sur l’échiquier, près d’une centaine de partis qui parlent parfois trop pour ne rien dire et tout est pratiquement dans le flou. Il y a même des troubles, qu’en pense M. Ben Jaafar? «Malgré ces forces de régression, le peuple tunisien est vigilant. Il réagit quand il faut, comme dans le report des élections. C’est quand même une victoire pour que le processus aille jusqu’à son terme et pas avec des élections bâclées», a-t-il dit. Et le gouvernement de Caïd Essebsi? Sa réponse est mi-figue, mi-raisin. «Il y a une absence d’une politique franche pour aller dans le sens de la rupture avec le passé, mais pour être objectif, il y a aussi des forces de résistance auxquelles se heurte le gouvernement actuel, même si la volonté existe». Selon notre interlocuteur, certains partis considèrent que la parenthèse de la révolution est fermée et que l’objectif consiste, aujourd’hui, à «faire du benalisme sans Ben Ali». Selon lui, il n’y a pas de doute : certains partis pensent qu’un simple toilettage suffirait pour donner l’illusion d’un changement. «Nous devons continuer à appeler à la vigilance !», dit-il sur un ton calme, comme il l’est toujours. Et la sécurité ! Là aussi, M. Ben Jaafar n’a pas de doute: malgré les turbulences, il y a quand même une amélioration dans l’ensemble du pays à comparer avec les premiers mois de l’année.

Un manque de réactivité dans l’appareil sécuritaire «Mais, il reste que l’appareil sécuritaire du ministère de l’Intérieur n’a pas été recyclé, surtout si l’on en juge par le comportement des agents lors des derniers incidents au CinemAfricArt, et dans quelques cités périphériques», fait remarquer le chef d’Ettakatol. Il déchausse ses lunettes de vue, gratte ses sourcils et reprend: «On a noté un manque de réactivité manifeste qui nous laisse perplexe. Nous pensons que la sécurité est un élément essentiel pour mener la transition à son terme dans le respect des objectifs de la révolution. Il ne faut pas que ça dérape». Le regard du professeur de médecine et ancien chef de service de radiologie à l’hôpital de La Rabta, vire au rouge. Il hausse le ton et dit que cela n’est pas dans l’intérêt du pays. Selon lui, il y a des gens qui profitent de la situation. «Ça les arrange qu’on jette de l’huile sur le feu, c’est voulu», affirme-t-il, sans donner plus de précision.

Que réserve Ettakattol aux Tunisiens, que les autres partis n’ont pas déjà proposé? Pour le numéro Un du Ftdl, le premier objectif est de lancer une campagne pour mieux faire connaître la ligne du parti et ses projets à travers les meetings qui vont se multiplier et les rencontres avec les médias, les tractings, le porte-à-porte… Second objectif: appeler les forces politiques à adopter un discours cohérent pour redonner confiance au citoyen. «Il y a trop de querelles intestines et de la focalisation excessive sur la question de l’identité, et ce n’est pas là l’enjeu principal des prochaines échéances électorales. On semble utiliser cette question comme un dérivatif pour créer des tensions artificielles au risque de faire échouer le processus de la transition. On en fait l’alpha et l’oméga et on parle d’islamisme, de laïcité, de régionalisme», s’indigne-t-il.

Vie publique, vie privée Côté vie privée M. Ben Jaafar a, lui aussi, ses petites habitudes. Une petite baignade à Gammarth où il habite, une causerie familiale avec son épouse franco-tunisienne (une agrégée en géo) et ses quatre enfants (Soufiène, Hafedh, Fadhel et la petite dernière Kaouthar), qui ont brillé dans les grandes écoles de gestion, de finances, d’ingéniorat et qui ont un faible pour la politique, mais sans l’exercer. Il faut dire que chez les Ben Jaafar, ça coule dans le sang. Le chef d’Ettakattol, lui, a attrapé le virus de son oncle Nacer Ben Jaafar. Ah oui ! Quelque part à Halfaouine, il y a une rue qui porte le nom de ce patriote. Et ce n’est pas très loin de la rue où est né Mustapha à l’orée des années 1940, à Bab Souika, rue Qaâdine, impasse Alqaddachi. A part la baignade, M. Ben Jaafar aime de temps à autre manger son plat favori: sauce avec de l’agneau, des petits pois et de cœur d’artichaut. Il en raffole. Comme les belles mélodies d’Oum Kalthoum, de Farid, de Abdelawahab, de Saliha, de Jouini, de Gharsa, père et fils. N’est-il pas le petit-fils d’un membre de la Rachidia. Du théâtre, oui. «Comme ‘‘Klem Ellil’’, ‘‘Familia’’, mais, pour lui, Ben Ayed reste au dessus de tout». Et la lecture! Il bouffe tout ce qui lui tombe sous la main surtout les livres d’histoire et de politique tout en jetant le regard sur autre chose. «Mais là, s’il me reste du temps!», dit le radiologue. Qui, orphelin du père à l’âge de 5 ans, a consacré toute une vie à la santé et à la politique. La politique? M. Ben Jaafar n’oublie pas qu’un jour, dans le syndicat hospitalo-universitaire qu’il a fondé, il a rencontré une jeune dame extraordinaire. Il s’agit d’Emna Mnif, aujourd’hui porte-parole du parti Afek Tounès. Le médecin aurait certainement aimé qu’elle soit avec lui, surtout qu’elle incarne les idées d’Ettakattol. Nous avons lu cela dans ses yeux quand il a parlé d’elle.

Source : « Kapitalis » Le 08-07-2011

Lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4745-tunisie-une-heure-avec-mustapha-ben-jaafar-leader-dettakattol.html


Tunisie : Comment Rue89 a suivi la Révolution?


Les médias français ont eu du mal à assurer un suivi de l’actu de la Révolution tunisienne. Le site d’information indépendant, Rue89, s’est distingué avec une couverture médiatique s’appuyant sur une démarche participative favorisée par la dynamique des réseaux sociaux. Samy Ben Naceur, notre envoyé spécial à Paris, a rencontré Pierre Haski, co-fondateur de Rue89.

Lors d’une rencontre organisée sous l’égide du ministère des affaires étrangères françaises à Paris, Pierre Haski, un des fondateurs du célèbre média en ligne Rue89, est revenu sur la démarche journalistique de ce site d’information. Traitant aussi bien l’actualité économique que politique, Rue89 a toujours traité l’information d’une façon beaucoup plus poussée et sous un angle assez différent. D’ailleurs, Pierre Haski ne manque pas de rappeler que ce média était présent durant tout le processus de la révolution tunisienne. Au point que le journaliste n’a lui-même cessé durant deux jours, de remonter et de rassembler les tweets et les témoignages de différents activistes et internautes tunisiens. Plusieurs articles ont été soigneusement peaufiné en s’appuyant sur les tweets de Slim Amamou ou encore les publications de la page Facebook de Lina Ben Mhenni et autres cyber-militants tunisiens.

«Ces articles avaient intéressé pas mal de lecteurs tunisiens durant la Révolution du Jasmin» relève Pierre Haski. Le lectorat français de ce site d’information a également pu avoir plus d’informations sur l’actualité de la Révolution tunisienne grâce à ce journal en ligne. Après quatre ans d’existence (2007), Rue89 arrive actuellement à drainer près de deux millions et demi de visites mensuelles! Une recette qui semble avoir donné ses fruits. De quoi avoir une influence non-négligeable sur l’opinion publique française.

Alors que le rapport entre les médias dits classiques et les médias sociaux défraye la chronique et alimente la polémique, Pierre Haski a toujours trouvé la formule. «Grâce à cette démarche participative, effectuée par le biais de plusieurs commentaires, nous sommes arrivés à proposer des informations dotées de crédibilité!» nous confie Haski. Et il avise: «Bien entendu, à la fin du processus, une validation professionnelle s’avérait être nécessaire! Ce qui a d’ailleurs fini par créer une relation de confiance, voire une crédibilité à long terme» renchérit le journaliste.

«Crédibilité», un mot d’ordre redondant dans les propos de Pierre Haski, une devise en or qu’il faut maintenir même s’il nous explique, en quelques sorte, que le web a redéfinit le rapport entre le journaliste et son lectorat. «Dans un journal papier, le lecteur est une abstraction, alors que dans un média en ligne, il peut contribuer, voir enrichir un débat autour d’un sujet d’article précis» explique-t-il. Le co-fondateur de rue 89 relève : «Le lien de confiance entre le lecteur et le journaliste (dans un contexte où le métier de journaliste a toujours été considéré comme étant élitaire), pourra ainsi être rétabli, d’où cette obligation de casser cette image d’Epinal liée à une certaine caste».

Source : « Tekiano » Le 08-07-2011

Lien : http://www.tekiano.com/medias/11-medias-et-satellite/4017-tunisie-comment-rue89-a-suivi-la-revolution-.html


Tunisie-Média: La difficile mutation du métier de journaliste


Comment passer d’un journalisme sur lequel un pouvoir a mis une mainmise quasi-totale pendant 23 ans à un journalisme libre. Cela exige de la patience –de nombreuses années seront nécessaires pour réussir cette mutation-, des efforts et de la formation. La révision du Code de la presse, promulgué en avril 1975, a été l’invité surprise du workshop organisé le 6 juillet 2011 par le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs (CAPJC) sur «Le rôle du journaliste dans l’édification de la démocratie».

La nécessaire révision de ce code, qui constitue une pierre angulaire dans l’exercice de la profession journalistique» a dominé l’intervention de Mme Amel Mzabi Bourarras, présidente du Syndicat tunisien des directeurs des médias (STDM), qui a largement évoqué les insuffisances du projet, du reste encore à l’étude au niveau d’une sous-commission de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Juriste de formation, Mme Mzabi, qui dirige la rédaction de l’EcoJournal, a mis notamment en exergue quelques aberrations du projet qui mérite d’être harmonisé avec les textes en vigueur au sujet des sociétés et qui ne couvre pas le champ de la presse électronique. Respecter des «fondamentaux» Intervenant dans les débats, Mongi Khadraoui, secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a, quant à lui, tracé le parcours de ce syndicat qui a longtemps souffert des tentatives de mainmise du pouvoir sous le règne de Ben Ali. Le pouvoir en place a réalisé un véritable putsch en 2009 pour remplacer la direction du SNJT par une seconde largement acquise à lui. Président de l’Association tunisienne des directeurs de journaux (ATDJ), Moncef Ben Mrad a, quant à lui, évoqué des «préalables» pour une pratique saine du journalisme. Il a notamment souligné la nécessité d’œuvrer à donner la parole au grand nombre et à respecter des «fondamentaux»: respect de la personne, égalité de tous les citoyens qui doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs, égalité des sexes et dans toutes les régions du pays,… Au sujet de la presse écrite tunisienne, il a exprimé le vœu que les patrons de presse et les journalistes ouvrent une page nouvelle en regardant dans la même direction avec un seul et unique objectif : construite une Tunisie nouvelle et forte qui puisse résister à toutes les tempêtes. Mme Saloua Charfi, professeur de communication politique à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) de Tunis, a défendu, dans son intervention, l’idée que la liberté d’expression et d’opinion et l’accès libre à l’information, un droit fondamental inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, ne signifie pas que l’on n’œuvre pas au respect de la déontologie journalistique. Eviter les pièges Elle a présenté au travers de certains exemples comment les journalistes peuvent tomber dans des pièges comme le fait de mélanger fait et commentaire. Les débats qui ont suivi et qui ont été animé par Abdelkrim Hizaoui, maître de conférence à l’IPSI on souligné la difficile mutation d’un journalisme sur lequel un pouvoir a mis une mainmise pendant 23 ans à un journalisme libre. Une fois le constat établi, les solutions appellent de la patience –de nombreuses années seront nécessaires pour réussir cette mutation-, des efforts et de la formation. Une œuvre collective qui nécessite la participation de tous: la profession, les patrons de presse, l’administration –qui est une source d’informations inégalée- et la société civile, qui constitue un levier important et un accélérateur du changement.

Source:”wmc” Le 08-07-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-107814-tunisie-media-la-difficile-mutation-du-metier-de-journaliste


Fees aux aguets Les menaces contre les acquis de la révolution au féminin


Par Françoise Germain-Robin

La place des femmes dans la société en train de se construire est l’un des enjeux du combat des forces progressistes contre tous les préjugés réactionnaires, comme ceux véhiculés par le parti islamiste, Ennahda. Tunisie, envoyée spéciale.

Depuis la révolution du 14 janvier, la Tunisie bouillonne. Pas un jour sans meetings, débats, sit-in, grèves, manifestations. Pas un jour sans que de nouvelles associations, de nouveaux partis ne voient le jour. Depuis que la parole s’est libérée, tout le monde veut la prendre. Tout le monde veut dire son mot sur ce que doit être la Tunisie de demain. « Libre et démocratique ! » Beau slogan, auquel il s’agit de donner un contenu. Car si tous les partis qui entendent participer au scrutin du 23 octobre le reprennent en cœur, de la gauche à la droite sans oublier les islamistes, il est des thèmes tests sur lesquels on peut juger des différences. L’un d’entre eux, c’est la place et le rôle des femmes.

Nous en avons rencontré beaucoup lors des cinq jours passé à Tunis en juin avec l’association Coup de soleil. L’un des discours les plus saisissants fut celui de Monia Ben Jemai lors de l’hommage rendu au professeur Mohammed Charfi (1) pour le 3e anniversaire de sa mort, à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Tunis.

« La question des femmes est la question fondamentale, dit-elle d’entrée, et c’est le moment de la poser. Si la moitié de la population n’accède pas à la dignité, les objectifs de la révolution ne peuvent être atteints. Il n’y aura pas de démocratie dans le pays sans démocratie familiale, pas d’égalité si celle-ci n’existe pas dans la famille. Or, on en est loin, contrairement au discours convenu qui veut que les femmes tunisiennes n’aient plus rien à revendiquer. » Et de rappeler, entre autres exemples : « La fille hérite toujours de la moitié de la part du garçon, le mari reste le chef de famille, le viol conjugal n’est pas réprimé et le viol des mineures est absous par le mariage ! »

La famille est loin d’être le seul lieu de discrimination. Le chômage des jeunes filles diplômées de l’enseignement supérieur est deux fois plus élevé que celui des jeunes gens. Le déséquilibre devient abyssal dans les régions déshéritées du centre du pays. Les femmes y ploient toujours sous les grossesses multiples, non maîtrisées, qui, trop souvent encore, les tuent.

Une réalité qui contredit le discours entendu la veille au Club Averroès, où une avocate en herbe affirmait fièrement : « La femme tunisienne n’a rien à craindre de l’avenir. Elle a les mêmes droits que les hommes et réussit mieux : il y a 80 % de filles dans nos universités. Il va bientôt falloir que les hommes se protègent de notre pouvoir ! »

Le problème, c’est que certains y ont déjà pensé. Comme le montre le faible pourcentage de femmes dans les organes dirigeants des partis, au gouvernement et dans l’instance qui prépare les élections d’octobre, ce que souligne l’Association des femmes démocrates qui tenaient leur congrès à Tunis. Des idées insidieuses font leur chemin. À Ennahda (parti islamiste) et chez les conservateurs, on suggère que faire rentrer les femmes à la maison permettrait de lutter contre le chômage galopant, aggravé depuis mars par le retour des travailleurs émigrés de Libye et la quasi-disparition des touristes. L’idée d’un retour de la polygamie est même avancée dans certains cas : si l’épouse est stérile, ou pour « caser » les mères célibataires. Tout cela dans le cadre d’un retour rampant – pour l’instant – d’éléments de législation islamique, même si Ennahda et les autres partis islamiques (15 au total) jurent par Allah qu’ils ne veulent pas imposer la charia et s’inspirent juste du « modèle turc » et du « relativisme culturel » à la mode.

L’influence de ce courant, dont Ennahda est la figure de proue, avec son aura de martyr de la dictature, a déjà imposé sa marque. Le mot laïcité est banni du débat politique comme étranger à l’islam et sa civilisation. Les femmes qui ont eu l’audace de s’en réclamer sont menacées de mort. C’est le cas de la cinéaste Nadia El Fani, dont le film Ni Allah ni maître a provoqué la colère des intégristes (l’Humanité du 28 juin). Son père Béchir, ancien directeur de la Bibliothèque nationale, rencontré à Sidi Bou Saïd, s’en inquiète fort. « Comment construire une démocratie dans ces conditions ? » demande-t-il, avant de dévider la cascade des questions qui se posent aujourd’hui aux progressistes. « Comment déjouer ce piège ? Comment combattre le libéralisme sans tomber dans le totalitarisme ? Comment empêcher qu’un parti ne domine les autres et ne tue la liberté ? »

Un diplomate note des signes préoccupants : « Le discours policé des chefs d’Ennahda est contredit par la radicalité d’une base qui, dans les banlieues et en province, s’attaque aux femmes dévoilées. »

Des obstacles que la jeunesse affronte avec lucidité. Filles et garçons, s’ils peinent parfois à se reconnaître dans la multitude de partis qui se veulent « centristes », s’engagent résolument dans les associations. « L’important, quel que soit le pouvoir demain, c’est d’avoir des contre-pouvoirs, une société civile forte », explique Nadia, étudiante qui milite dans l’Organisation tunisienne pour la citoyenneté. « Nous voulons être les combattants et les gardiens de cette liberté toute neuve que notre peuple a conquis. Avant, j’étais juste une habitante de ce pays. Maintenant, j’en suis citoyenne, j’en ai pris possession, et rien n’est plus précieux. »

 

(1)Mohammed Charfi a créé le mouvement « Perspectives » puis la Ligue tunisienne des droits de l’homme, ce qui lui vaudra des séjours en prison.

Source : « L’humanite » Le 08/07/11

Lien : http://www.humanite.fr/06_07_2011-femmes-aux-aguets-les-menaces-contre-les-acquis-de-la-r%C3%A9volution-au-f%C3%A9minin-475888


Dertiquons le mode d’élection de la constituante: Les jeux ne sont pas encore faits!


Par Bahoueddine et Mariem TANGOUR

Ce texte est une nouvelle contribution sur l’actualité politique en Tunisie|1,2]. Le mode électoral adopté par Le conseil de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique pour la constituante s’intitule : Scrutin proportionnel plurinominal (également appelé représentation proportionnelle à scrutin de liste) et il est le système électoral proportionnel le plus répandu. La variante choisie est la Méthode du plus fort reste.

Il est très important de vulgariser son mode opératoire et ses conséquences en termes d’alliances politiques si on veut que tout le monde sente que sa voix n’a pas été usurpée. De plus, les candidats doivent le décortiquer car le décompte final des sièges dépend de plusieurs facteurs. Nous allons montrer les dangers des phrases-résumés du type « Ce mode favorise les petits partis » ou « On peut toujours obtenir un siège même avec un faible score » qui sont des manifestations de naïveté politique. Rappelons que ce mode n’était même pas inscrit dans la première proposition du texte de la loi électorale et que c’était la méthode de la plus grande moyenne qui était privilégiée. Nous étions quelques uns à épingler le danger du mode de scrutin à la plus grande moyenne dans un paysage politique caractérisé potentiellement par l’existence d’un parti présentant un écart important en intentions de votes par rapport à ses adversaires. Ce changement de mode a été interprété par certains comme une combine pour « court-circuiter le parti Ennahdha » [3]. Ceci est tout à fait faux car le mode de scrutin à la plus grande moyenne est opérationnel dans un pays bipolaire et favorise la formation de majorités stables. Or, nous sommes face aux élections d’une constituante qui exige une répartition équilibrée de tous les courants de pensée pour rédiger un texte qui perdure et qui permet l’alternance.

On peut reprendre une distribution des voix à partir de l’article précédent [3] qui peut très bien se révéler représentative d’une circonscription à 8 sièges dont le quotient électoral (défini par le nombre total des voix exprimées divisé par le nombre de sièges de la circonscription) est de 50000 voix ou 12,5%. Même si le nombre de listes dépasse la centaine, seules les 8 listes arrivées en tête sont concernées par l’attribution des sièges. On appellera dorénavant loosers les listes qui n’entrent pas dans la compétition du décompte des voix qui se fait en deux rounds.

Le premier round va faire apparaitre les gagnants, vocable pour caractériser ceux qui obtiennent d’ores et déjà des sièges. Leur score doit dépasser le quotient électoral. Dans l’exemple proposé, seule la liste A avec 70000 voix possède ce privilège et gagne un siège. Il lui reste 20000 voix qu’elle va remettre en compétition avec les scores des 7 autres listes B à H. On attribuera un siège et un seul à chacune des 7 listes (scores ou restes) qui auront le plus de voix. Dans notre cas de figure et dans l’ordre on aura les listes B ; C ; D ; A ; E, F et G.

Liste

A

B

C

D

E

F

G

H

Voix

70000

30000

27000

23000

18000

15000

10000

7000

Nombre fractionnaire de sièges

1,40

0,60

0,54

0,46

0,36

0,30

0,20

0,14

Attribution 1er round

1

0

0

0

0

0

0

0

Reste en Voix

20000

30000

27000

23000

18000

15000

10000

7000

Reste en nombre fractionnaire de sièges

0,4

0,60

0,54

0,46

0,36

0,30

0,20

0,14

Attribution 2èmeround

1

1

1

1

1

1

1

0

Total en sièges

2

1

1

1

1

1

1

0

On a l’impression que les 7 listes B, C, D, E, F, G et H jouent le même rôle dans le second round mais ceci est complètement faux. Les 6 listes B à G se font attribuer leurs sièges en même temps que A, c’est-à-dire à la fin du 1er round. On va les appeler les challengers. En réalité le second round ne concerne que la liste A, le gagnant, et la liste H qui le postulant. En effet, à la fin du 1er round, il reste 7 sièges à pourvoir mais un seul nouveau compétiteur qui est le gagnant avec son reste R. Si le reste R est supérieur au score de la liste H ; A engrange un second siège. C’est le cas de figure étudié et A gagne un second siège. Pour mieux comprendre ceci, faisons varier le reste R d’une valeur supérieure à 30000 (liste B) à une valeur légèrement supérieure à 7000 voix (liste H). Si R est égal à 40000 voix, A prend un second siège, les listes de B à G prennent chacun siège et H n’en prend pas. Si R prend une valeur égale à 8000 voix ; on a strictement la même chose que précédemment. Cet exemple montre qu’à la fin du 1er round, il y a eu 7 sièges attribués et ceci indépendamment des scores obtenus. Le score des gagnants va servir à générer les restes qui entreront en compétition avec les scores des postulants uniquement. Les challengers engrangent des sièges grâce à leur rang.

Prenons un cas de figure sans fixer de score pour une circonscription à 10 sièges et supposons que le décompte du 1er round a fait sortir deux gagnants : la liste A avec 2 sièges et la liste B avec 1 siège. Il reste donc 7 sièges à pourvoir. Le nombre de listes de challengers qui se verront automatiquement attribuer un siège avant le 2ème round est la différence entre le nombre de sièges restants qui est 7 et le nombre de gagnants qui est 2. Les 5 listes C à G auront chacune un siège. Les 2 gagnants vont croiser leurs restes avec les scores des 2 postulants qui sont les listes H et I.

Ce dernier exemple montre la prédominance du rang sur le score. Les challengers engrangent des sièges sans être obligés d’avoir des scores élevés, il suffit d’être bien classé à chaque fois. Il va de soi que cette facilité est d’autant plus intéressante que le nombre de sièges est important. Elle est l’argument clé des partis qui ont choisi de faire cavaliers seuls car ils considèrent qu’ils sont la 2ème ou la 3ème force électorale dans toutes les régions. Ce raisonnement devient dangereux si les autres partis se regroupent et avancent ainsi en rang. Ces alliances sont parfois vitales pour les circonscriptions à 4 ou 5 sièges car le nombre de challengers peut être réduit à 2 ou 3.

Après avoir compris comment fonctionne le mode électoral, on passe à la problématique du jour : faut-il se regrouper ou y aller seul ?

Les alliances seront nécessaires pour aboutir à un score permettant au moins d’être postulant. Ceci a été bien expliqué par Elyès Jouini [4]. Oui « l’union fait la force » est valable pour les petits partis. Cette approche peut aussi se justifier dans les petites circonscriptions pour ceux qui aspirent à être challengers car la place de postulant est très risquée vu que les restes peuvent être forts. Par contre, comme cela a été montré dans une autre contribution [5], la subdivision d’un score d’un gagnant en plusieurs listes de challengers permet d’améliorer le score en sièges, ce qui est le but recherché. On peut dire la même chose différemment : regrouper deux listes de challengers en une liste unique vous donnera un gagnant avec un seul siège. L’union des challengers vous fait perdre des sièges.

La solution gagnante est un ensemble de partis pouvant intégrer aussi une liste d’indépendants et qui font une alliance souple basée sur la coordination circonscription par circonscription pour optimiser le gain en sièges. C’est l’union dans la diversité et dans l’adversité car la comptabilité finale en sièges à l’échelle nationale se fera sous le label de l’union alors que les campagnes électorales se feront dans l’adversité véhiculée comme la complémentarité ou la diversité. L’arc carthaginois est le modèle illustrant cette alliance électorale. Le nombre de piliers de cet arc variera de 2 à 4 ou 5 selon la taille des circonscriptions et le potentiel électoral de chaque composante de cette alliance. La déclaration de la formation de cet arc carthaginois boostera son audience. Sa diversité est à la fois sa richesse et la garantie que l’assemblée ne sera pas dominée par une idéologie donnée ou par des modèles figés. Références

1- Ne reculons pas devant les intégristes, par Mariem Tangour ; Leaders, 06 Juin 2011 2- Les Listes Nationales des Indépendants pour La constituante : L’Alternative de la Société Civile, Par Mariem et Bahoueddine Tangour, Leaders – 17 Juin 2011 – Rubrique : Opinions 3- Comment le mode de scrutin va-t-il court-circuiter Ennahdha? Par Mehdi Khemakhem, Étudiant, Kapitalis, 04 Mai 2011 4- Petit traité d’arithmétique électorale ou lorsque l’union fait la force! Par Elyès Jouini, Leaders, 09 Juin 2011 5- Le piège fatal du scrutin proportionnel au plus fort reste sans seuil de représentation, Par Anis Achek Ingénieur en informatique et étudiant en Droit, Nawaat, 14 Avril 2011

Source: “Leaders” Le 08/07/11

Lien: http://www.leaders.com.tn/article/decortiquons-le-mode-d-election-de-la-constituante-les-jeux-ne-sont-pas-encore-faits?id=5692


âge et le look des hommes politiques – Trop vieux Mebazaâ et Caïd Essebsi ?


N’est-ce pas dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes !

 

Par Badreddine BEN HENDA

• Un citoyen a demandé (sans succès) à la justice que le Président et le Premier ministre intérimaires soient soumis à un examen mental et physique… Or Churchill et de Gaulle gouvernent toujours…

L’affaire qui nous inspire cet article est inhabituelle sous nos cieux comme dans le monde : un citoyen tunisien a tout récemment demandé à la justice de soumettre l’actuel président provisoire, Fouad Mebazâa, et son Premier ministre Béji Caïd Essebsi à un examen médical pour vérifier si les aptitudes physiques et mentales des deux hommes leur permettent de diriger convenablement les affaires de la Tunisie.

La demande n’eut certes pas de suites judiciaires, mais il nous reste loisible de nous demander en effet, jusqu’à quel point l’âge d’un homme d’Etat entre en jeu dans sa direction des affaires de son pays. Il y a lieu aussi de s’interroger sur les avantages et les inconvénients de la jeunesse ou de la vieillesse chez un chef politique. Depuis l’âge des contes de fées, nous colportons un certain nombre de clichés sur le sujet et croyons encore, parfois, que la sagesse est systématiquement l’apanage des vieux dirigeants tandis que la jeunesse est toujours synonyme d’ambition et en même temps d’égarement et de turbulence. Or, bien des exemples dans l’Histoire des Etats et des peuples nous prouvent l’extrême fragilité de cette représentation manichéenne. Il n’est pas dit non plus que les dirigeants « séniles » ne font que radoter ni que leurs homologues à la force de l’âge ont toujours raison !

Comédie de jeunesse

Le cas de Bourguiba est présent dans tous les esprits : jusqu’à ses 70 ans, l’homme restait relativement lucide, mais les nombreuses pathologies dont il souffrait finirent par le handicaper sur le plan physique et sur le plan mental. C’est d’ailleurs sur cette donnée médicale que son successeur Ben Ali s’est appuyé pour le destituer. Retenant la leçon de son prédécesseur, Ben Ali accorda beaucoup d’importance à son look et fit en sorte que jamais il ne paraisse vieux aux yeux de son peuple. Un article de presse mémorable, dû (chose extrêmement rare) à un journaliste tunisien, nous le dépeignait au lendemain de sa prise du pouvoir comme un grand sportif aux qualités athlétiques enviables. L’homme affichait une vigueur et une santé insolentes à chacune de ses apparitions et on ne parlait jamais à son sujet d’indisposition physique, quelque légère qu’elle fût ! La chevelure entièrement et invariablement noire du président déchu lui conférait la jeunesse inaltérable des héros de bandes dessinées. Le peuple tunisien sortait comme d’un livre de contes justement le soir où, aux abois, Ben Ali lui promettait monts et merveilles à quelques heures de sa fuite : l’homme avait subitement maigri ; les stigmates d’une vieille maladie devenaient lisibles sur son visage et sur son corps très manifestement amoindri. On trouva aussi que même son discours trahissait les signes évidents d’un début d’état délirant. Bref, Ben Ali joua sa comédie de la jeunesse si longtemps et si méthodiquement qu’on ne lui donna jamais son âge. Il faut reconnaître tout de même que pour beaucoup de Tunisiens, cette vigueur et cette fraîcheur affectées étaient préférables à l’image de cacochyme gâteux qu’avait laissée Bourguiba à la deuxième moitié de son règne.

Un maître-mot : la démocratie

Chez d’autres présidents, l’âge avancé n’est pas forcément synonyme d’incapacité : De Gaulle ou Churchill eurent de vrais éclairs de génie alors qu’ils dépassaient allègrement la soixantaine. La question de l’âge est par exemple très relative quand il est question d’intelligence. L’expérience fait, elle aussi, les grands hommes. C’est pour cela que dans certains Etats on se fiait et l’on se fie encore aux avis des « guides », des « timoniers » et des « sages ». Les sénats (mot de la même famille lexicale que « sénilité ») ont toujours leur mot à dire dans les grandes démocraties. Dans un Etat bien dirigé, on consulte ses « aînés » et on écoute leurs conseils sans toutefois les suivre aveuglément. Des équipes de conseillers plus jeunes, plus au fait des grandes évolutions des temps modernes, doivent apporter leur eau au moulin national. Jamais donc de rupture entre les générations politiques. D’autre part, il faut barrer la route à toute sorte de pouvoir individualiste, parce que là, on autorise le chef, jeune ou vieux, à gouverner selon ses humeurs, ses caprices et ses accès de folie ! Pour en revenir à notre sujet sur l’âge de Mbazzaa et Caïd Essebsi, nous dirions que toutes les tranches d’âge ont leurs qualités et leurs défauts. Le meilleur gouvernement est celui qui tire profit des seules qualités de ses membres. Mais le droit à l’erreur est accordé à tous les hommes, aux politiques à plus forte raison. Si Mbazaa et Caïd Essebsi se sont trompés, ce n’est forcément pas la faute de leur âge. Le contexte dans lequel la révolution a placé les gouvernements successifs de l’après 14 janvier n’était pas de nature à favoriser des prises de décision mûrement réfléchies. On agissait constamment sous plusieurs pressions à la fois. En toute logique, cela a provoqué quelques « déraillements ». Certains de ces « accidents » ne sont pas aussi involontaires qu’on veut le faire croire ; toujours est-il que leurs auteurs pouvaient nous les épargner s’ils avaient le temps et l’envie de se concerter et de s’écouter les uns les autres. Il serait donc intelligent de ne pas commettre de pareilles erreurs après la période de transition : « démocratie » doit être le maître-mot de la prochaine étape pour reconstruire une Tunisie qui n’exclut ni ses vieux ni ses jeunes, qui unit toutes les générations autour du même objectif, à savoir le progrès du pays et la dignité pour tous ses habitants. Si au contraire, nous remettons notre destin à un cénacle formé seulement d’anciens combattants ou à une bande de jeunes loups affamés, nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes le jour où nous découvrirons que nos chefs, les jeunes comme les vétérans, nous ont tout simplement arnaqués !

Source: “Le Temps” Le 08/07/11

Lien: http://www.letemps.com.tn/article-57426.html


ize-Winning Blog Threatened With Legal Action


Nawaat.org, a Tunisian blog that received the 2011 Netizen Prize from Reporters Without Borders, is threatened with legal action by Antoine Sfeir, a journalist and academic with dual French and Lebanese nationality, over a 20 March article by Lebanese journalist René Naba about the « Ben Ali dictatorship’s Lebanese sycophants. » Sfeir edits the magazine Les Cahiers de l’Orient.

The lawsuit threat comes at time when Tunisia continues to face the possibility of generalized Internet censorship.

Nawaat.org received a letter from Sfeir’s lawyer on 16 June demanding the article’s withdrawal within 48 hours under threat of a libel action. After getting no reply, his lawyer sent the same warning to Dreamhost, a US-based company that hosts the Nawaat.org website. Dreamhost passed the letter to Nawaat.org.

Four other websites that had posted the article – Oumma, Palestine-Solidarité, Izuba and Reneaba – received the same warning.

Reporters Without Borders condemns these intimidation attempts reminiscent of the Ben Ali era and points out that developing democracy requires respect for press freedom and free speech. The organization also urges Dreamhost not to yield to Sfeir’s pressure and to stand by its commitment to freedom of expression.

In a joint statement, the five websites said they would not withdraw the disputed article and would fight for freedom of expression.

Nawaat.org said the letter from Sfeir’s lawyer « mentioned no specific passage and just talked of defamation. » It is well known that anyone who disputes claims made in an article has the right of reply, the website said. « Demanding the complete withdrawal of an article without making prior use of the right of reply is tantamount to censorship, » Nawaat.org said. « Such censorship is all the more unacceptable as less than a fifth of the article refers to the plaintiffs. »

Sfeir told Reporters Without Borders he was not necessarily demanding the withdrawal of Naba’s entire article, just the « defamatory » insinuations that he had personally received money from former President Ben Ali.

Created in 2004, Nawaat.org is an independent collective blog operated by Tunisian bloggers. Access to the blog was blocked in Tunisia by the Ben Ali regime’s censorship apparatus.

Source: “All Africa” Le 08/07/2011

Lien: http://allafrica.com/stories/201107080446.html

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