8 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3913 du 08.02.2011 archives : www.tunisnews.net


Liberté et Equité: Arrestation de Mohammed Amine Houta, exilé de retour

Ahmed BEN AMOR: Jasmin ou cactus

Hachem H. Informaticien: Quelques conseils pratiques aux jeunes révolutionnaires Tunisiens pour que l’on ne leur vole pas leur Révolution.


AFP: Au Forum social, Lula appelle l’Afrique à “prendre conscience de sa force”   Reuters: L’armée tunisienne mobilise ses réservistes  Reuters: Un ministre tunisien contesté pour ses propos sur Alliot-Marie Reuters: Tunisians join furore over French foreign minister Reuters: L’armée tunisienne mobilise ses réservistes Reuters: Tunisia calls up army reserve to tackle violence Reuters: Le président tunisien autorisé à gouverner par décrets AFP: Visite en Tunisie du ministre britannique des Affaires étrangères AFP: France: Alliot-Marie a “la confiance” de Sarkozy (porte-parole du gouvernement) AFP: Les voyagistes français en Tunisie pour préparer la relance du tourisme AFP: Des eurodéputés appellent à une conférence de donateurs pour la Tunisie AFP: Tunisie: le gouvernement avance à petit pas, l’armée rappelle des réservistes Reuters: Gunshots heard in centre of Tunis–witnesses AFP: Tunisie: le gouvernement navigue à vue, en pleine crise de confiance Reuters: Coups de feu dans le centre de Tunis


REVUE DE PRESSE


Congrès Pour la République (CPR) Meeting politique Le CPR organise un meeting le Mercredi 9 février à 19h00, en présence de Moncef Marzouki, Abdelwaheb Matar, Salim Ben Hamidane et d’autres membres dirigeants du parti. ça sera l’occasion de présenter les positions du parti et de discuter des différents sujets d’actualité avec le public. Présence libre. Salle AGECA – 177 rue Charonne Paris – Metro : Alexandre Dumas (Ligne2) ou Charonne (ligne 9)

 

Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation indépendante de Droits Humains 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel. Fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 7 février 2011

Nouvelles des libertés en Tunisie


1)   Arrestation de Mohammed Amine Houta, exilé de retour Des agents de la police politique ont arrêté dans la matinée du lundi 7 février 2011 monsieur Mohammed Amine Houta, exilé, condamné dans le cadre d’une affaire concernant le mouvement En Nahdha, de retour de Khartoum à bord d’un avion turc. Dès son arrivée à l’aéroport à midi il a été interpellé et emmené dans un lieu inconnu. Messieurs Hamza Hamza et Omar Graïdi ont tenté d’obtenir des explications auprès de la police de l’aéroport dont le responsable a dit que monsieur Mohammed Amine Houta avait été livré à l’administration des frontières rue du 18 janvier dans la capitale […] son père nous a informés que la police l’avait contacté pour l’informer que son fils serait présenté demain au tribunal pour examen de son affaire.   2)   Harcèlement de Moncef Laamari, exilé, lors de son retour en Tunisie Moncef Laamari, exilé de retour en Tunisie, frère du militant syndicaliste Mohammed Laamari, a été harcelé lors de son retour lundi 7 février 2011 à l’aéroport de Tunis Carthage, par des agents de la police politique qui ont voulu confisquer son passeport […]   3)   La police agresse Nasreddine Ben Hamouda alors qu’il se trouvait dans ses locaux pour porter plainte. Le jeune Nasreddine Ben Hamouda a été violemment agressé, verbalement et physiquement, samedi 5 février 2011 par un agent de police nommé «Ali » qui travaille à Gorjani, alors que le jeune était présent au district sus mentionné pour protester contre le vol avec violence et sous la menace d’armes perpétré par un groupe qui avaient investi un wagon du métro et avaient volé son ordinateur, son portable et l’avaient frappé avant de prendre la fuite. Pour le bureau exécutif de l’organisation Le président Maître Mohammed Nouri. (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

APRÈS LA TUNISIE, ÉGYPTE  SOUTENONS LA LUTTE EXEMPLAIRE DU PEUPLE ÉGYPTIEN


 

Alors que la révolution populaire en Tunisie est loin d’être finie, elle devient dors et déjà un exemple pour tous les peuples dominés. Des manifestations continuent de se dérouler en Jordanie, au Yémen et en Algérie. En Egypte ces manifestations se sont transformées en nouvelle révolution.    Depuis la “Journée de la colère” du 25 janvier 2011 en Egypte contre la dictature et la pauvreté (la moitié de la population -soit 40 millions de personnes- vit avec moins de 2 $ par jour), un mouvement populaire sans précédent dans son histoire récente se développe partout dans le pays, du Caire à Suez, d’Alexandrie à Assouan, d’Ismaïlia au bastion ouvrier de Mahalla el Koubra etc. Elle touche désormais l’ensemble des couches sociales. Malgré la censure (y compris coupures internet et tél.), l’intimidation policière, les provocations, le couvre-feu et une répression sanglante (plus de 300 morts et des milliers de blessés au 1er février selon l’ONU), des millions de gens manifestent et tiennent la rue, exigeant la chute de Moubarak et de son régime. Ils réclament la LIBERTE. La DIGNITE. La JUSTICE SOCIALE.   Aujourd’hui, tout change ! L’Egypte ne sera plus jamais la même car son peuple à relevé la tête et le défi du changement, bien décidé à ne plus accepter la soumission. Le vent de liberté réclamant démocratie et justice sociale, venu de Tunisie, a désormais atteint l’Egypte et se propage dans l’ensemble du monde arabe et africain. Les gens n’ont plus peur.  Le soulèvement populaire ne se contentera pas de vagues promesses de “transition” démocratique. Et les Egyptiens n’entendent se faire dicter par personne – surtout pas par les dirigeants français, européens et américains complices de Moubarak et du régime – la conduite pour la suite de leur mouvement. Ils comptent  sur un large mouvement de solidarité internationale pour dire Halte ! à maquillés en manifestants “pro-Moubarak” – à l’assaut du mouvement qui occupait pacifiquement la place Tahrir pour provoquer un sentiment de chaos et pour diviser la population, dans la répression de leurs aspirations à la liberté, et pour gagner ensemble de nouvelles conquêtes démocratiques, sociales et politiques au niveau international, à commencer par la liberté d’aller et venir et de s’organiser. Plus que jamais, la paix passe par la réussite de la révolution démocratique en cours.   Dans l’immédiat, le peuple égyptien veut mettre en échec les manœuvres dilatoires d’un régime aux abois. Celui-ci a lancé depuis le mercredi 2 février 2011 ses “baltaguiya” – des nervis et des milices armées l’espoir de reprendre la main. Le bilan de ces provocations contre-révolutionnaires est lourd : encore des morts et des centaines de blessés. Avec les Egyptiens, la communauté internationale doit dire :   HALTE A LA REPRESSION ! DISSOLUTION DES MILICES PARA-MILITAIRES DU REGIME ! MOUBARAK DEGAGE !                                      VIVE LA REVOLUTION EGYPTIENNE !               VIVE LE PEUPLE TUNISIEN ! VIVE LE PEUPLE EGYPTIEN ! VIVENT LES PEUPLES  EN LUTTE !   Manifestation de solidarité avec les peuples en lutte : Tunisie, Egypte, Algérie etc. Le dimanche 13 février 2011 à 11 H à la station Metro Wazemmes. Collectif pour les libertés et la démocratie en Tunisie Soutenu par : Association des  Tunisiens du Nord de la France, Collectif Afrique, La Voie Démocratique, CSP 59, Mémoire Vive, Les Amis de l’Association Marocaine des Droits Humains, ADN, MRAP, Coordination communiste, Cordillera, LDH, UL CGT Tourcoing, Europe Ecologie- les verts NPDC , NPA, FSU,CGT Educ’Action, PCF Nord ,Parti de Gauche, Actus/prpe (Tchad)


JASMIN OU CACTUS


Un ministre est prié de rentrer chez lui. Un wali « préfet » est chahuté par une foule en rage. Un directeur ou responsable est débarqué par ses employés. Les citoyens sont allergiques à tout ce qui rappelle  le  pouvoir déchu. En quelques sortes un gouvernement  propose et le peuple dispose. Et c’est facebook qui fait et défait les responsables en l’absence des médias locaux, qui cherchent à occuper l’opinion publique par des révélations sensationnelles sur la famille mafieuse autour de l’ancien président.  Face à cette contestation  le gouvernement se montre fragile car il lui manque une légitimité populaire. Le pouvoir provisoire hésitant donne l’impression d’être chancelant  et suit le mouvement de la  rue. La révolte est devenue une machine de nettoyage. Elle n’a pas l’odeur de jasmin comme le voulait la presse occidentale. C’est la griffe de la  Tunisie profonde, de Kasserine et Thala. Là  bas on produit la figue de barbarie « hindi » de la famille de cactus, un fruit qui bloque la digestion. Cette révolte bloque tout penchant autoritaire et tout relent opportuniste. La rue est en avance sur la classe politique et les journalistes. L’information est tellement devenue « fluide » que la réaction est immédiate. L’image de ces responsables conspués est hallucinante. Hier ils étaient inaccessibles aujourd’hui ils rasent le mur. Il faut finir avec le statut d’impunité et de passe droit. Chacun  doit rendre compte de sa gestion sur le plan national ou local.  C’est la compétence qui compte dans la Tunisie révoltée. Ahmed BEN AMOR    Paris le 08/02/2011     abenamor94400@yahoo.fr

 

Quelques conseils pratiques aux jeunes révolutionnaires Tunisiens pour que l’on ne leur vole pas leur Révolution.


Après une prière sur l’âme de nos martyrs, Je salue les centaines de milliers qui sont descendus dans les rues pendant plusieurs semaines pour faire fuir le dictateur Ben Ali. La révolution n’est pas seulement de se débarrasser du dictateur, mais c’est aussi et surtout, de changer les structures, les méthodes et les instruments du gouvernement – dit provisoire – qu’il nous a laissé, cela au niveau du fond, puis, au niveau de la forme, en créant de nouveaux symboles et une nouvelle signature. Voici quelques conseils pour transformer le fond et donner de la couleur à la forme : (1)   La Police : Après la formation du gouvernement provisoire, et comme vous venez de vous en rendre compte, la police continue d’agir avec les mêmes méthodes de violence et terreur contre les manifestants pacifiques comme si de rien n’était. L’attaque violente de la police contre les manifestants a la Kasbah il y a quelques jours,  et plus récemment, la mort de 4 manifestants au Kef, et la mort de deux jeunes brulés au poste de police de Sidi Bouzid, source même de l’étincelle de la révolution, nous rappelle que les méthodes du régime du dictateur Ben Ali se portent bien. Depuis plus de 23 ans, la police n’a fait que terroriser le peuple. Les postes de police se sont transformés en centre de terreur et chambres de torture, cela en plus de sa notoriété en matière de corruption. Les derniers évènements révolutionnaires ont très clairement montré la nature de cette police. La terreur, la torture et la corruption se sont devenues des réflexes pour la police. Il serait naïf et irresponsable de penser qu’elle va changer du jour au lendemain après la fuite du dictateur. On ne peut pas faire du nouveau avec de l’ancien: notre police est trop vieille dans sa mentalité et ses méthodes. Il va falloir identifier ceux qui ont torturé ou commis des violences contre les citoyens et les traduire devant la justice. Il faut le faire tout de suite et en se faisant tester notre nouvelle justice. Quant aux autres policiers il va falloir les envoyer dans des centres de réhabilitation où ils devront passer un à deux ans à étudier les droits de l’homme, les droits du citoyen, la constitution, et un nouveau « Guide du Policier » – qui reste à rédiger – et qui définit les fonctions de la police autour de la défense des droits du citoyen, et qui détaille ses procédures. Deux années de formation et réhabilitation sont nécessaires pour que la police devienne civilisée et apprenne de nouvelles méthodes adaptées à une Tunisie démocratique. Pour maintenir la sécurité de la révolution et des citoyens, il faudrait recruter un corps de police provisoire parmi les jeunes éduqués, et sans travail, qui ont participé au mouvement révolutionnaire. Les jeunes de Sidi Bouzid, de Regueb, Maknassi, Kasserine, Thala, le Kef, etc… qui ont manifesté avec ardeur et mis leur vie sur la ligne pour libérer le pays de la dictature, sont les premiers à mériter d’assurer la fonction de gardiens de la révolution, et de la sécurité publique. Ainsi, les citoyens, au niveau des villes et villages, doivent immédiatement choisir leurs agents de police et les installer dans les postes de police, en exigeant du ministère de l’intérieur de les reconnaitre. Car une police encore à la solde de l’ancien régime RCD (même après sa dissolution) restera la première source de troubles dans les localités, puisqu’ elle fera tout pour faire échouer la révolution. Il faudra aussi corriger la fonction sécuritaire du gouvernement en : –    Transformant le bâtiment du ministère de l’intérieur Avenue Bourguiba en musée de l’histoire de la Révolution du peuple Tunisien. –    Changeant le nom du Ministère de l’intérieur en Ministère de la Protection des Citoyens (ou quelque autre nom qui a le même sens).  –    Hébergeant ce ministère dans un autre immeuble (par exemple celui du défunt RCD sur l’avenue Mohamed V) en attendant de construire un nouveau bâtiment transparent – tout en  glace – de manière à ce que les passants puissent voir ce qui s’y passe. Ce sera une première que le monde ne tardera pas à imiter. –    Changeant le nom du Ministère des affaires étrangères en Ministère de l’Amitié avec les Nations. En 1981, et pour marquer l’arrivée des socialistes au pouvoir, un évènement bien en deçà de notre belle et glorieuse révolution, Mitterrand avait changé le nom du ministère des affaires étrangères au Ministère des Relations Extérieures. Nous sommes en droit de faire mieux et d’annoncer au monde notre vision amicale avec toutes les nations, une vision qui oppose la compétition et la belligérance. À d’autres de suivre notre démarche. (2)   La dissolution immédiate du RCD et de leur tribune : le Parlement Le gouvernement provisoire tergiverse sur ce point crucial. Plusieurs membres du gouvernement sont depuis longtemps des membres du RCD (ils viennent juste d’en démissionner apparemment par opportunisme plutôt que par conviction). S’il est possible de le faire dans le cadre de la constitution c’est tant mieux, sinon, la volonté du peuple a force de loi ; dans ce cas, la tache de démonter le RCD incombera au peuple. Il doit le faire au niveau local, dans chaque ville et village, en occupant leurs bureaux, dont le loyer et la maintenance restent aux frais du peuple. Ceci représentera aussi une dissolution du parlement ; d’une pierre deux coups. Le RCD a une longue histoire de comploter contre le peuple au bénéfice du dictateur et à leurs propres bénéfices : ne sont-ils pas de gros rats qui se sont engraissés sur le dos du peuple ? (3)– L’Organisation des Citoyens : Il faut maintenir et développer la structure de base des comités de quartiers, et en faire des lieux de rencontre et de discussion. Les comités de quartier peuvent élire des comités de village ou ville. Ces comités de citoyens constituent dans la situation actuelle encore incertaine, un contre-pouvoir pour contrer le pouvoir du gouvernement provisoire qui ressemble à chaque jour qui passe, par les actions qu’il prend, ou les actions qu’il tarde à prendre, aux gouvernements passés du dictateur déchu. (4) – Les Autorités Locales : les gouverneurs (préfets) et les mu3tamads (sous-préfets) :    Les gouverneurs et les mu3tamads ont été le bras droit de la conduite sur le terrain de la politique d’un  gouvernement autoritaire et trop centralisé. Il faut rompre avec l’autoritarisme en rompant avec la centralisation du système politique. La décentralisation donnera aux communautés locales la possibilité de participer aux décisions et la gestion de leurs affaires. Elle permettra aussi de limiter les effets excessifs d’une dictature nécessairement centralisatrice. Ce qui veut dire que les citoyens doivent choisir leur gouverneur et leur mu3tamad. Donc ne soyez pas naïfs, n’attendez pas de Mr. Mbazzaa ou de Mr. Ghannouchi de vous envoyer des gouverneurs ou mu3tamads que vous allez accepter, choisissez les vous-mêmes et mettez ainsi les Mbazzaa et Ghannouchi devant le fait accompli. En faisant ainsi vous annoncez vos anticipations de la nouvelle constitution qui doit garantir la décentralisation.    Actuellement, les maires des municipalités sont choisis à la suite d’élections locales. Cela doit être pareil pour les gouverneurs et les mu3tamads. À ce propos, les maires récemment élus sont des marionnettes de l’ancien régime. Il faut faire vite de s’en débarrasser.    Aussi, le maire doit être l’autorité responsable de la police locale, et pas le sinistre ministère de l’intérieur. Ainsi la police cessera d’être un instrument de répression aux mains d’un ministère lointain et centralisé, et deviendra au service du citoyen pour veiller à la paix sociale. (5)   – Les nouvelles Commissions Nationales : Les commissions nationales qui viennent d’être nommées ne semblent pas pressées de commencer à travailler. Aussi on reste dans l’ignorance de la portée et de l’étendue de leur travail, de l’agenda de leur progrès et publication de leurs rapports, et des mécanismes de comment traduire leurs résultats.    Déjà la Commission supérieure pour la réforme politique est dit on dominée par les caciques du régime déchu. Sa composition est critiquée par tous, et elle doit être corrigée immédiatement. La pression populaire doit continuer afin de changer sa composition.    Quand à la a commission d’établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption, rien que son nom ne laisse pas présager des résultats à la mesure des attentes du peuple.    On a besoin d’une commission sérieuse et déterminée à découvrir toutes les affaires de grosse corruption. Une commission large et bien dotée de moyens et qui commence à travailler tout de suite. Une commission que l’on nomme, sans détour, Min Ayna Laka Hadha ? (6)   – La Justice : Nous avons besoin d’une justice reformée afin de mener à bien et dans la transparence les nombreux procès à venir : parmi lesquels : le procès des criminels qui ont terrorisé la population ou tiré sur les manifestants, des tortionnaires qui ont torturé les personnes arrêtées ou les prisonniers, les membres de la famille du dictateur en arrêt ou qui vont bientôt être extradées, et du dictateur lui-même. Le peuple compte sur les avocats et les juges qui se sont ralliés à la révolution pour nettoyer dans l’enceinte du ministère de la justice et des tribunaux. (7)   Le palais de Carthage : Compte tenu que le luxueux et impérial palais de Carthage est associé dans l’esprit des Tunisiens avec le culte de la personnalité et de la dictature, et du fait que le régime vers lequel on s’achemine sera plus parlementaire et moins présidentiel, on doit décider si l’on doit faire  du palais de Carthage un musée, comme c’est le cas du château de Versailles, ou les visiteurs auront à s’ ahurir (ou s’émerveiller) à la vue du lit du dictateur ou de la coiffeuse de sa dame, car après tout, notre magnifique révolution a bien détrôné un roi, sa reine, et leur vaste cour. Ce sont là quelques actions à conduire urgemment car la préservation des acquis de la Révolution en dépend. Hachem H. Informaticien

AFP, le 7 février 2011 à 17h44 GMT
 
 

Au Forum social, Lula appelle l’Afrique à “prendre conscience de sa force”


 DAKAR, 07 Fev 2011 (AFP) – L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui participait lundi au Forum social mondial (FSM) à Dakar, a appelé l’Afrique à “prendre conscience de sa force”, au moment où “l’espoir d’un monde nouveau renaît” à Tunis, au Caire et “dans tant d’autres villes africaines”. Lula, fidèle aux réunions des altermondialistes depuis le premier FSM organisé au Brésil en 2001, a affirmé qu’en dix ans, les “dogmes” libéraux avaient fait “faillite”. “En Amérique du Sud, mais surtout dans les rues de Tunis et du Caire et de tant d’autres villes africaines, renaît l’espoir d’un monde nouveau”, a dit M. Lula, dont les propos en portugais étaient traduits en français par un interprète. “Des millions de personnes sont en mouvement contre la pauvreté à laquelle elles sont soumises, contre la domination des tyrans, contre la soumission de leurs pays à la politique des grandes puissances”, a-t-il assuré. Rappelant que le Brésil abritait “la deuxième plus grande communauté noire du monde après le Nigeria”, il a appelé l’Afrique à prendre conscience qu’elle avait “un avenir extraordinaire” avec “ses 800 millions d’habitants, son territoire immense et riche”, et qu’elle pouvait bâtir son “indépendance en matière de production d’aliments”. Interrompu par des applaudissements, Lula a soutenu que “l’ordre économique mondial ne serait plus façonné par quelques économies dominantes”. Les pays riches “nous considéraient comme des périphéries problématiques et dangereuses”, a-t-il dit, mais “ceux qui, avec arrogance, donnaient des leçons sur la façon dont nous devions gérer notre économie n’ont pas été capables d’éviter la crise qui a atteint leurs propres pays et l’ensemble de l’humanité”. “Tous les efforts pour affronter la pauvreté et l’inégalité étaient vus comme de l’assistanat ou du populisme (…) mais l’histoire a démenti ces fausses théories (…), le marché n’est plus la panacée”, a-t-il conclu. Il s’exprimait aux côtés du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui s’est présenté pour sa part comme “un libéral”, restant “partisan de l’économie de marché et non de l’économie d’Etat qui a fait faillite partout ou presque dans le monde”.  

Reuters, le 7 février 2011 à 20h52 GMT

L’armée tunisienne mobilise ses réservistes


 

TUNIS, 7 février (Reuters) – Les autorités tunisiennes ont mobilisé lundi les réservistes de l’armée pour rétablir l’ordre dans le pays alors que des incidents se multiplient ces derniers jours. Dans un communiqué diffusé par l’agence officielle de presse TAP, le ministère de la Défense ordonne aux réservistes de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation de “rejoindre les centres régionaux de conscription et de mobilisation les plus proches de leurs lieux de résidence”. Le ministère de l’Intérieur a ordonné pour sa part aux policiers de reprendre leur mission de maintien de l’ordre. Depuis la “révolution du jasmin”, l’armée s’est déployée pour assurer l’ordre public tandis que la police, qui porte l’image deu bras armé de la répression sous le régime de Zine ben Ali, a subi désertions et absentéisme en série. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur prévient les policiers que s’ils ne regagnent pas leur poste, ils seront considérés comme coupables d’un refus de travail. Depuis vendredi, cinq personnes au moins ont été tuées dans des incidents en Tunisie, dont deux tombées sous les balles à El Kef (nord) où des policiers tentaient de disperser des manifestants. La situation est restée tendue lundi dans cette localité du nord du pays, où de nouveaux accrochages ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Aucune victime supplémentaire n’a cependant été signalée. Les incidents enregistrés récemment en Tunisie sont imputés par certains à des policiers qu’ils accusent de vouloir saper les bases du nouveau gouvernement.  

Reuters, le 7 février 2011 à 19h42 GMT

Un ministre tunisien contesté pour ses propos sur Alliot-Marie


 

TUNIS, 7 février (Reuters) – Les collaborateurs du nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères ont réclamé lundi sa démission pour les propos louangeurs qu’il a tenus à l’égard de Michèle Alliot-Marie, son homologue française. Ahmed Ounaiss a suscité la colère de ses collaborateurs en indiquant qu’il avait toujours rêvé de rencontrer la ministre française, sur la sellette en France pour ses liens avec un homme d’affaires tunisien. Quelque 300 fonctionnaires du ministère tunisien des Affaires étrangères ont cessé le travail lundi et manifesté devant le bâtiment. “Notre priorité est de contraindre le ministre à la démission”, a expliqué Abderaouf Taieb, fonctionnaire du ministère. “Il n’est pas digne de la révolution. Nous n’acceptons plus de travailler avec lui et nous continuerons de manifester tant qu’il ne sera pas parti”, a-t-il ajouté. Un autre fonctionnaire des Affaires étrangères, Mohamed Nejib Gorji, a souligné qu’il refusait de travailler avec un ministre “qui dit que son rêve est de rencontrer la ministre française des Affaires étrangères qui a soutenu le régime de Ben Ali et qui se préparait à fournir en armes la répression contre le peuple tunisien”. Le fonctionnaire faisait notamment allusion à une déclaration très contestée de Michèle Alliot-Marie, qui avait proposé devant les députés français le 11 janvier, trois jours avant la chute de Ben Ali, “le savoir-faire” de la France sur les “techniques de maintien de l’ordre”. Elle est aujourd’hui au centre d’une polémique sur ses vacances tunisiennes. Les déclarations d’Ahmed Ounaiss remontent elles à la semaine dernière. Le ministre, en visite en France, avait dit: “C’était un rêve de rencontrer Mme Alliot-Marie et maintenant, ce rêve est devenu réalité.”   

Reuters, le 7 février 2011 à 20h21 GMT

Tunisians join furore over French foreign minister


* Tunisian foreign minister praised his French counterpart * Ministry workers in Tunisia say their boss must quit * French minister in row over ties to Tunisia ex-leader   By Tarek Amara   TUNIS, Feb 7 (Reuters) – Staff of Tunisia’s foreign minister said on Monday their boss was not worthy of their country’s revolution and should quit after he paid lavish compliments to his French opposite number.   Tunisian Foreign Minister Ahmed Ounaiss said he had always dreamed of meeting his French counterpart Michele Alliot-Marie, who is accused at home of having excessively cosy ties to associates of Tunisia’s ousted president. [ID:nLDE7161G0]   About 300 employees at the foreign ministry stopped work and staged a protest in front of their building to demand the minister — appointed less than a month ago — step down.   “Our priority is to force this minister to quit,” said Abderaouf Taieb, a ministry official. “He is not worthy of this revolution. We no longer accept to work with him and we will continue our demonstration until he leaves.”   Another ministry employee, Mohamed Nejib Gorji, said: “We refuse to work with a minister who says that his dream is to meet the French foreign minister who supported the regime of Ben Ali and who was preparing to supply it with arms for the repression of the Tunisian people.”   Weeks of protests in Tunisia, during which dozens of people were killed by police, forced President Zine al-Abidine Ben Ali to flee to Saudi Arabia last month after 23 years in power.   France, the former colonial power which had forged close ties to Ben Ali’s administration, was caught off guard by his sudden overthrow. [ID:nLDE70E0BP]   Alliot-Marie caused indignation among French opposition lawmakers when she announced days before Ben Ali’s departure that Paris was offering to share with Tunisia the crowd control know-how of French security forces.   She is now at the centre of a new furore for taking a holiday in Tunisia during the protests and for accepting two rides on a private jet owned by a Tunisian businessman.   The Tunisian foreign minister made his comments about Alliot-Marie during a visit to France last week. “It was a dream to meet Madame Alliot-Marie and now that dream has come true,” he said.   He also provoked anger with a television interview on Sunday night when he refused to describe the change of power as a revolution — a point of pride for many Tunisians who see the events in Tunisia as an inspiration for the Arab world.   

Reuters, le 7 février 2011 à 20h52 GMT

L’armée tunisienne mobilise ses réservistes


TUNIS, 7 février (Reuters) – Les autorités tunisiennes ont mobilisé lundi les réservistes de l’armée pour rétablir l’ordre dans le pays alors que des incidents se multiplient ces derniers jours. Dans un communiqué diffusé par l’agence officielle de presse TAP, le ministère de la Défense ordonne aux réservistes de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation de “rejoindre les centres régionaux de conscription et de mobilisation les plus proches de leurs lieux de résidence”. Le ministère de l’Intérieur a ordonné pour sa part aux policiers de reprendre leur mission de maintien de l’ordre. Depuis la “révolution du jasmin”, l’armée s’est déployée pour assurer l’ordre public tandis que la police, qui porte l’image deu bras armé de la répression sous le régime de Zine ben Ali, a subi désertions et absentéisme en série. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur prévient les policiers que s’ils ne regagnent pas leur poste, ils seront considérés comme coupables d’un refus de travail. Depuis vendredi, cinq personnes au moins ont été tuées dans des incidents en Tunisie, dont deux tombées sous les balles à El Kef (nord) où des policiers tentaient de disperser des manifestants. La situation est restée tendue lundi dans cette localité du nord du pays, où de nouveaux accrochages ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Aucune victime supplémentaire n’a cependant été signalée. Les incidents enregistrés récemment en Tunisie sont imputés par certains à des policiers qu’ils accusent de vouloir saper les bases du nouveau gouvernement.  

Reuters, le 8 février 2011 à 00h31 GMT

Tunisia calls up army reserve to tackle violence


* Violence flares, weeks after revolt ousted president * Govt asks reservists to report, warns absentee police * New clashes in flashpoint provincial town * President granted power to rule by decree By Tarek Amara and Christian Lowe   TUNIS, Feb 7 (Reuters) – Tunisia asked military reservists to report for duty and warned police they would be fired for skipping work on Monday, in a new drive to restore order three weeks after an uprising overthrew the president.   Security officials in the coalition government put in place after President Zine al-Abidine Ben Ali fled to Saudi Arabia have said there is a conspiracy by officials close to the old administration to spread chaos and take back power.   After days of gunfights and looting immediately after Ben Ali was pushed out, it had seemed security was being restored but since last week violence has flared again, raising new questions about Tunisia’s stability.   The military has for weeks been in the streets helping keep order and filling the gap left by a police force whose ranks have been thinned by desertions and absenteeism.   “The Defence Ministry has called on retired members of the army, navy and air force … to go to the regional centres of conscription and mobilisation nearest to their place of residence,” said a ministry statement reported by the official TAP news agency.   Tunisia’s uprising against Ben Ali’s authoritarian rule inspired protest movements elsewhere in the Arab world, notably in Egypt, and its halting progress towards stability is being watched closely in the region.   Britain announced its foreign minister William Hague will have talks with officials in Tunisia on Tuesday, becoming the highest-ranking Western official to visit since Ben Ali was overthrown.     PRESIDENTIAL POWERS   In a further effort to help restore order, Tunisian lawmakers voted to give interim president Fouad Mebazza the power to rule by decree, allowing him to bypass parliament.   Addressing the chamber, Prime Minister Mohamed Ghannouchi said those powers were needed to allow the government to respond quickly to the challenges it faces.   The Interior Ministry urged police to play their role in bringing back security.   Public respect for the police is low because many Tunisians blame them for carrying out acts of violent repression during Ben Ali’s rule, and suspect them of trying to undermine the new government after he fled.   “The Ministry of Interior calls on police officers to guarantee the security of the country and to act to help all those who ask their help in case of danger,” the official news agency quoted the ministry as saying.   “In cases where police leave their workplace to answer urgent calls they must return as soon as the emergency is dealt with. If they do not return they will be considered as having left their job,” the ministry said.   At least five people have been killed in provincial towns since Friday, including two shot dead in the northern city of El Kef when police tried to disperse protesters.   There were no reports of any deaths or injuries on Monday but protesters clashed with police again in El Kef and set fire to buildings in the town, local media reported.   In the Tunisian capital, about 300 employees of the foreign ministry staged a protest rally outside their workplace to demand that the minister, Ahmed Ounaiss, step down.   He had angered many Tunisians by lavishing praise on French Foreign Minister Michele Alliot-Marie, who is under fire at home from opposition politicians who accuse her of having cosy relations with Tunisia’s ousted administration.  

Reuters, le 8 février 2011 à 00h42 GMT

Le président tunisien autorisé à gouverner par décrets


TUNIS, 8 février (Reuters) – Le parlement tunisien a autorisé lundi le président par intérim Fouad Mebazaa à gouverner par décrets. Ces pouvoirs spéciaux sont nécessaires pour permettre à l’exécutif de relever les défis auxquels il est confronté, a justifié le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, s’adressant aux députés. Le ministère de Défense avait ordonné un peu plus tôt aux réservistes de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation de “rejoindre les centres régionaux de conscription et de mobilisation les plus proches de leurs lieux de résidence”. Le ministère de l’Intérieur a par ailleurs demandé aux policiers de reprendre leur mission de maintien de l’ordre. Fahrat Rajhi, ministre de l’Intérieur, a évoqué mardi dernier un complot contre la sâreté de l’Etat au sein des forces de l’ordre. Depuis la “révolution du jasmin”, l’armée s’est déployée pour assurer l’ordre public tandis que la police, jugée complice de la répression sous le régime de Zine ben Ali, est en proie à des désertions en série et à une vague d’absentéisme. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur prévient les policiers qui refuseraient d’obtempérer seront jugés coupables d’abandon de poste. Depuis vendredi, cinq personnes au moins ont été tuées en Tunisie, dont deux à El Kef, où des policiers tentaient de disperser des manifestants. La situation est restée tendue lundi dans cette localité du nord du pays, où de nouveaux accrochages ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Aucune victime supplémentaire n’a cependant été signalée.  

AFP, le 8 février 2011 à 03h02 GMT

Visite en Tunisie du ministre britannique des Affaires étrangères


LONDRES, 08 Fev 2011 (AFP) – Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague est arrivé mardi en Tunisie, première étape d’une tournée en Afrique du Nord et au Proche-Orient, a annoncé le Foreign Office dans un communiqué. M. Hague, qui se rendra dans cinq pays, doit rencontrer à Tunis des responsables gouvernementaux, dont le Premier ministre Mohammed Ghannouchi. Au cours de sa tournée, il appellera le Proche-Orient à favoriser son développement économique et à accroître son ouverture politique à la lumière des soulèvements populaires en Egypte et en Tunisie, précise le Foreign Office. M. Hague devrait également annoncer des projets britanniques destinés à développer la justice et la liberté d’opinion dans la région.   

AFP, le 8 février 2011 à 08h37 GMT

France: Alliot-Marie a “la confiance” de Sarkozy (porte-parole du gouvernement)


 

 PARIS, 08 Fev 2011 (AFP) – La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, empêtrée dans une polémique sur des vacances en Tunisie, a la confiance du président Nicolas Sarkozy et elle peut poursuivre sa mission, a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement.    “Elle a la confiance du Premier ministre et du président, cela a été réaffirmé, et dans la mesure où elle a la confiance, il n’y a aucune difficulté pour qu’elle poursuive cette mission” à la tête de la diplomatie française, a assuré sur la chaîne France 2 le porte-parole, François Baroin, qui est aussi ministre du Budget.    La ministre affronte en France depuis une semaine des appels à sa démission, pour avoir utilisé par deux fois l’avion privé d’un ami tunisien lié au clan Ben Ali, durant des vacances fin 2010 en Tunisie, au début de la révolution du jasmin.    “Michèle Alliot-marie s’est expliquée (…) elle a dit honnêtement que si c’était à refaire, elle ne le referait pas, elle a redit qu’elle ne le referait pas, elle a reconnue son erreur”, a déclaré François Baroin.    Le président Nicolas Sarkozy avait lui-même alimenté les spéculations sur le sort de sa ministre lundi en refusant de commenter cette polémique, alors qu’il se trouvait à Varsovie pour un sommet Pologne-Allemagne-France. Il doit s’exprimer plus tard dans la semaine.    Dans la soirée de lundi, l’entourage de Michèle Alliot-Marie avait démenti un départ de ses fonctions de la ministre qui aurait été décidé, selon un journal polonais, lors du voyage vers Varsovie de la délégation française.    “Nous démentons formellement cette information qui n’a aucun fondement. Nous l’avons démentie auprès du site polonais ainsi qu’auprès des sites français ayant repris cette information absolument ridicule”, a déclaré à l’AFP Guillaume Didier, conseiller en communication de Michèle Alliot-Marie.    Le site internet du quotidien polonais Gazeta Wyborcza avait auparavant affirmé que “Michèle Alliot-Marie ne dirigeait plus la diplomatie française”. “Le président le lui a fait savoir sur la route de Varsovie”, ajoutait le journal citant des “sources diplomatiques”.  

AFP, le 8 février 2011 à 09h43 GMT

Tunisie/Révolution: pertes pour l’économie évaluées à 2,6 milliards d’euros (ministre)


 

PARIS, 08 Fev 2011 (AFP) – Le ministre tunisien du Développement régional Néjib Chebbi a évalué à 5 milliards de dinars (2,58 milliards d’euros) à terme les pertes pour l’économie enregistrées lors de la Révolution du jasmin, soit 4% du PIB, dans une interview au quotidien français Libération parue mardi.    “La première estimation des pertes est de 3 milliards de dinars (1,55 md euros). Mais il y a des effets qui viennent avec le temps. On peut donc l’estimer à terme à 5 milliards de dinars (2,58 mds euros), soit grosso modo 4% du PIB”, déclare M. Chebbi.    “La Tunisie est un pays très ouvert sur le plan économique. Près d’un million de Tunisiens, donc près de la moitié de la population, vit des échanges extérieurs aussi bien dans le tourisme que dans l’industrie”, ajoute l’opposant historique, chef du Parti démocrate progressiste (PDP).    Le départ le 14 janvier du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, après un mois de révolte populaire, a été suivi de violences et de scènes de pillage.    Des milliers de touristes ont été évacués de Tunisie en décembre et début janvier. Première pourvoyeuse de devises, l’industrie touristique représente 6,5% du Produit intérieur brut et emploie plus de 350.000 personnes sur dix millions d’habitants.    Estimant que la Tunisie a gardé la “confiance de (ses) partenaires étrangers”, le nouveau ministre affirme que la “Tunisie nouvelle” remboursera ses emprunts tout en prévoyant d’en contracter d’autres.    “Nous avons une échéance de 450 millions d’euros à honorer d’ici le mois d’avril. La Tunisie les honorera. Nous n’avons jamais demandé de rééchelonnement de notre dette et nous n’avons pas de raisons de l’envisager. Cela étant nous souhaitons améliorer notre situation de manière à ce que notre notation remonte car nous aurons besoin de nouveaux emprunts”, dit-il.    “Nous comptons donc sur la compréhension de nos partenaires, que ce soit l’Europe, les pays du Golfe, les Etats-Unis, le Japon”, ajoute-t-il. “Nos besoins se chiffrent entre 5 et 10 milliards de dollars (3,7 et 7,4 milliards d’euros) que l’on pourrait rembourser dans des conditions exceptionnelles par exemple sur 40 ans”.  

AFP, le 8 février 2011 à 10h57 GMT

Les voyagistes français en Tunisie pour préparer la relance du tourisme


 

PARIS, 08 Fev 2011 (AFP) – Les voyagistes français s’envolaient ce mardi en Tunisie pour rencontrer le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas afin de préparer la relance du tourisme dans ce pays, a-t-on appris de sources concordantes.    Les départs de vacanciers français ont été suspendus mi-janvier et pour l’instant jusqu’au 14 février après les troubles survenus en Tunisie durant la Révolution du jasmin et après le départ le 14 janvier du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.    La Tunisie représente pour certains tour-opérateurs et agences de voyage une part importante de leur chiffre d’affaires, certains travaillant même essentiellement avec cette destination.    Pour le pays, l’industrie touristique est le premier pourvoyeur de devises. Le secteur couvre 60% du déficit de la balance commerciale et y représente 6,5% du Produit intérieur brut (PIB). Le secteur emploie plus de 350.000 personnes sur dix millions d’habitants.    Les présidents de l’Association nationale des tour-opérateurs (Ceto) et du Syndicat national des agences de voyage (Snav), des représentants des grands voyagistes concernées par la destination (Thomas Cook France, Transat France, Fram, Nouvelles Frontières, Club Méditerranée, etc.) se rendent à Tunis pour rencontrer le nouveau ministre du Tourisme dès mardi soir.    Mercredi, en fin de journée, la plupart d’entre eux et d’autres acteurs du tourisme français se retrouveront à l’Institut du monde arabe, à Paris, où doit se dérouler une soirée dédiée à la relance du tourisme en Tunisie.    Vendredi soir, le gouvernement tunisien a allégé une nouvelle fois le couvre-feu qui s’applique de minuit à 04H00 locales. Mais lundi soir, le ministère de la Défense a décidé de rappeler des réservistes et des conscrits, signe d’une tension persistante dans le pays.    Le ministère français des Affaires étrangères déconseille toujours les voyages non urgents à destination de la Tunisie.  

AFP, le 8 février 2011 à 11h00 GMT

Des eurodéputés appellent à une conférence de donateurs pour la Tunisie


 

BRUXELLES, 08 Fev 2011 (AFP) – Des députés européens ont appelé mardi à une conférence de donateurs pour la Tunisie, destinée à coordonner l’aide internationale à la transition démocratique dans ce pays après la chute du régime de Ben Ali.    Rendant compte lors d’une conférence de presse à Bruxelles d’une visite sur place, la présidente de la sous-commission du Parlement aux droits de l’homme, la Finlandaise Heidi Hautala, a estimé que “l’aide internationale devait être coordonnée”.    Une conférence des donateurs permettrait de mettre en place “une bonne division du travail entre l’UE, les Nations unies, le Conseil de l’Europe”, a-t-elle estimé.    L’UE a promis son soutien à la transition démocratique dans le pays après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, en particulier concernant la tenue d’élections libres.    “Nos voisins attendent notre aide, ils ont besoin de faire un long chemin vers la démocratie, et ce n’est pas un chemin facile”, a estimé le président du Parlement Jerzy Buzek. “Il y a 20 ans, en Europe centrale et orientale, nous avions le même chemin difficile et peu carrossable devant nous”, a estimé l’ancien dissident polonais.    Outre les autorités, la délégation du Parlement européen a rencontré sur place tous les acteurs de la transition: forces politiques, associations de magistrats et avocats, acteurs de la société civile, notamment syndicaux et des droits de l’homme.    Dans le pays, le débat fait rage entre les tenants d’une normalisation rapide, avec un scrutin présidentiel et législatif dans six mois pour répondre à l’impatience de la rue, et ceux qui mettent en garde contre une confiscation de la révolution.  

AFP, le 8 février 2011 à 13h16 GMT

Tunisie: le gouvernement avance à petit pas, l’armée rappelle des réservistes


Par Jacques LHUILLERY TUNIS, 08 Fev 2011 (AFP) – Vote “hara-kiri” de l’Assemblée nationale, suspension du parti de Ben Ali, le gouvernement tunisien continue à assurer à petit pas la transition vers la démocratie mais la convocation des réservistes de l’armée vient rappeler la fragilité de la situation. Selon un communiqué officiel, le ministère de la Défense a appelé lundi soir les militaires partis en retraite entre 2006 et 2010 et les conscrits de fin 2008 et de 2009 à se présenter à partir du 16 février “dans les centres régionaux de conscription et de mobilisation les plus proches de leurs lieux de résidence”. Le ministère n’a toutefois donné aucune indication sur la raison de cette décision. L’armée compte environ 35.000 hommes, des effectifs sans commune mesure avec ceux des forces de police du temps de Ben Ali, estimés à plus de 100.000 hommes. Depuis la chute de Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier, le gouvernement de transition de Mohammed Ghannouchi est confronté à de fortes tensions et de nombreuses contestations, d’abord à Tunis puis un peu partout en province. Mardi, entre 400 et 500 personnes ont pénétré dans le bâtiment du gouvernorat de Tunis pour réclamer du travail et des aides sociales. A chaque poussée de fièvre, la police héritée du régime précédent, est absente et c’est l’armée qui rétablit puis maintient l’ordre, dernièrement à Kasserine, à Gafsa (centre-ouest) ou au Kef (nord-ouest). Plusieurs ministres ont été jusqu’à évoquer ces derniers jours un “complot” contre la révolution, qui, selon eux, serait l’oeuvre de partisans ou hommes de main du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de l’ex-président. Lors d’un débat lundi à l’Assemblée nationale, appelée à se saborder pour autoriser le président par intérim Foued Mebazaa à organiser la transition par décrets-loi, Mohammed Ghannouchi a d’ailleurs insisté sur les “dangers” qui menacent le pays car “il y a des personnes qui veulent faire revenir la Tunisie en arrière”. Pour cette première et houleuse séance depuis la chute de Ben Ali, 195 des 214 députés étaient présents. 177 ont voté pour le texte qui sera examiné mercredi par le Sénat, pour permettre au président par intérim d’avancer à marche forcée pour organiser le nouveau paysage politique en vue des élections présidentielle et législatives. Ces scrutins sont prévus dans six mois mais aucune date précise n’a encore été annoncée par le gouvernement et de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que ce délai n’est pas tenable. “Le temps est précieux. Ces décrets-lois, la Tunisie en a vraiment besoin pour écarter les dangers”, a plaidé lundi Mohammed Ghannouchi. La veille, le gouvernement avait frappé un grand coup en décidant de suspendre le RCD, désormais interdit de toutes activités en prélude à une dissolution programmée par voie de justice. Le temps presse aussi économiquement. Interrogé par le quotidien français Libération, le ministre du Développement régional Néjib Chebbi a évalué à 5 milliards de dinars (2,58 milliards d’euros) à terme les pertes durant la révolution qui a mis à bas le régime Ben Ali. En Tunisie pour quelques heures, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a rencontré mardi les autorités de transition pour affirmer le soutien de Londres et promettre un appui financier (justice, institutions, société civile). Une délégation de voyagistes français était également attendue mardi pour rencontrer le ministre du Tourisme Mehdi Houas afin de préparer la relance de ce secteur vital pour le pays. Enfin, de retour de Tunisie, des députés européens ont appelé à une conférence de donateurs pour la Tunisie, destinée à coordonner l’aide internationale nécessaire à la transition démocratique.

Reuters, le 8 février 2011 à 14h14 GMT

Gunshots heard in centre of Tunis–witnesses


 

 * Source of shooting in capital not clear * Govt struggles to restore order since leader’s overthrow * EU says working on aid package for Tunisia * Foreign ministry workers strike for second day    By Tarek Amara and Christian Lowe   TUNIS, Feb 8 (Reuters) – Gunshots were fired in the centre of the Tunisian capital on Tuesday, people in the area said, in a further blow to faltering efforts to restore security after the overthrow of the autocratic president.   Three witnesses told Reuters they heard shooting coming from streets near Avenue Bourguiba, the main thoroughfare in Tunis, but none could see who was responsible.   “I heard sporadic gunfire,” one of the witnesses, who was near the Tunis city government building, told Reuters.  Security had seemed to be slowly returning to Tunisia three weeks after a wave of protests forced President Zine al-Abidine Ben Ali, in power for 23 years, to flee to Saudi Arabia.   But in the past few days violence has flared up again, with at least five people killed since Friday in clashes between police and protesters in provincial towns.   The gunshots on Tuesday were the first time shooting had been heard in the capital for at least two weeks.   The defence ministry ordered army reservists on Monday to report for duty so they could reinforce overstretched police and soldiers trying to keep order.    EUROPEAN AID   Tunisia’s uprising against Ben Ali’s authoritarian rule inspired protest movements elsewhere in the Arab world, notably in Egypt, and its halting progress towards stability is being watched closely in the region.   The European Union, Tunisia’s biggest trading partner and a major donor of development aid, said it was putting together an assistance package at the request of the Tunisian authorities.   “The aim of that process is to address first of all the short-term needs of the transition process in Tunisia,” European Enlargement Commissioner Stefan Fule told reporters on a visit to the Moroccan capital Rabat.   In a further show of international support, Britain’s foreign minister had talks with Tunisian Prime Minister Mohamed Ghannouchi, becoming the most senior Western official to visit since Ben Ali’s ouster.   “I think Tunisia is starting to move on from a profound crisis,” the minister, William Hague, told a news conference. “We are witnessing a moment of opportunity here in Tunisia and in many other countries, an opportunity which should be seized rather than feared.”   But in a sign that turmoil had spread to the Tunisian leadership, Hague did not meet his opposite number Ahmed Ounaiss because he is embroiled in a dispute over his future.   Workers at the Tunisian Foreign Ministry were on strike for a second day to demand that Ounaiss step down over comments which many Tunisians felt served to show he did not fully support the country’s change of ruler.   A source at the ministry, who did not want to be identified, confirmed that Ounaiss did not meet Hague because of internal problems in the ministry.  

AFP, le 8 février 2011 à 14h23 GMT

Tunisie: le gouvernement navigue à vue, en pleine crise de confiance


Par Sofia BOUDERBALA   TUNIS, 08 Fev 2011 (AFP) – Chacune de ses décisions est contestée, ses hésitations sont considérées comme une marque de faiblesse voire une volonté de pérenniser l’ancien régime: le gouvernement tunisien de transition navigue à vue dans un climat délétère, jugent politiques, syndicats et observateurs. Pas un jour sans une manifestation. Les Tunisiens maintiennent l’exécutif sous pression, soucieux de “ne pas se laisser voler la révolution” qui a chassé le président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier. Pour donner des gages de sa volonté de réforme, le gouvernement a commencé par purger la haute hiérarchie de la police et des administrations, puis a suspendu avant une dissolution programmée le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le tout puissant parti de l’ère Ben Ali. Lundi, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a obtenu de l’Assemblée nationale, dominée par le RCD, qu’elle permette au président de gouverner sans elle, par décrets-lois. Les islamistes d’Ennahda et le RCD, qui ont polarisé la vie politique tunisienne pendant des années, sont étonnamment silencieux. L’opposition de gauche dénonce, elle, des “gesticulations”. “Ce gouvernement n’a aucune légitimité. Nous voulons un véritable gouvernement de transition, avec des femmes et des hommes qui n’ont aucun lien avec l’ancien régime”, tranche mardi Hamma Hammami, patron du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT). Cet opposant historique, plusieurs fois emprisonné, réclame une “Assemblée constituante, seule habilitée à jeter les bases de la démocratie et à organiser des élections vraiment libres et transparentes”. Pour le “Front du 14 janvier”, qui regroupe dix partis interdits sous Ben Ali, le gouvernement a “achevé de se discréditer” en nommant des gouverneurs “dont 19 sur 24 sont issus du RCD”. Moins sévère, Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (PDP, opposition légale sous Ben Ali qui participe au gouvernement), reconnaît toutefois que “de vieux réflexes” perdurent. “Ce gouvernement semble puiser dans un cercle fermé, être incapable de reconnaître qu’il y a une société civile qui doit être associée aux réformes”, affirme-t-elle. “Le gouvernement prend des décisions sur lesquelles il est obligé de revenir, refait les mêmes erreurs”, dit-elle. A l’appui, elle rappelle qu’il a fallu remanier l’équipe pour écarter les derniers caciques du RCD et qu’il faudra probablement revoir la liste des nouveaux gouverneurs. Pas question pour autant de remettre en cause la participation du PDP au gouvernement: “Il n’y a pas d’alternative. Nous soutenons un processus qui est le seul à pouvoir conduire à des élections libres”, dit-elle. “La contestation qui consiste seulement à dire +dégage!+ ne peut conduire qu’au chaos. Si ce gouvernement tombe, il y a un risque de voir s’intaller un régime militaire. L’armée doit rester dans les casernes et il faut rétablir la confiance en fixant un cap clair, en annonçant un date crédible pour les élections”, affirme Maya Jribi. Officiellement, les autorités de transition ont le soutien de la communauté internationale, Union européenne en tête, mais en coulisse, l’inquiétude gagne. “Actuellement, on ne va nulle part. Politiquement, il y a un vide total. La chance de la Tunisie, c’est que le peuple fait preuve d’une grande maturité, mais il pourrait à nouveau descendre dans la rue”, analyse un diplomate en poste à Tunis, qui juge urgent de fixer un calendrier électoral. De son côté, la puissante centrale syndicale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est satisfaite de voir “le parlement de Ben Ali” court-circuité, mais exige toujours la mise en place d’un “conseil de protection de la révolution”. Même son de cloche du côté de l’ordre des avocats, en pointe de la contestation pendant la révolution, qui juge indispensable un “contre-pouvoir”.  

Reuters, le 8 février 2011 à  15h00 GMT

Coups de feu dans le centre de Tunis


* Trois témoins entendent des coups de feu * Le calme semble précaire en Tunisie * Grève au ministère des Affaires étrangères   par Tarek Amara et Christian Lowe   TUNIS, 8 février (Reuters) – Des coups de feu ont retenti mardi dans le centre de Tunis, ont rapporté des témoins sans pouvoir préciser l’origine de ces tirs, les premiers depuis deux semaines dans la capitale tunisienne.   Trois personnes ont déclaré à Reuters avoir entendu des coups de feu en provenance de rues proches de l’avenue Bourguiba, l’artère principale de Tunis.   “J’ai entendu des tirs sporadiques”, a déclaré un des témoins qui se trouvait près de la mairie.   Le calme est lentement revenu en Tunisie après le renversement le 14 janvier de Zine ben Ali, au pouvoir depuis 1987, au terme d’un mois de soulèvement populaire.   De nouvelles violences ont toutefois été signalées ces derniers jours en divers endroits du pays.   Cinq personnes au moins ont été tuées depuis vendredi dans des affrontements entre des policiers et des manifestants dans des villes de province.   Le ministère de la Défense a fait appel lundi aux réservistes pour renforcer les effectifs des forces de sécurité et éviter ainsi un nouvel embrasement du pays.   L’Union européenne, principal partenaire commercial de la Tunisie, a annoncé qu’elle était en train de finaliser un plan d’aide au pays à la demande des autorités tunisiennes.   Le secrétaire britannique au Foreign Office s’est entretenu ce mardi avec le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. William Hague est le plus haut responsable occidental à se rendre en Tunisie depuis le renversement de Zine Ben Ali.   “Je pense que la Tunisie commence à sortir d’une crise profonde”, a-t-il déclaré. “Nous sommes les témoins d’une occasion, ici en Tunisie et dans de nombreux autres pays, qui ne doit pas être crainte mais saisie”, a-t-il ajouté.   Signe que les tensions restent vives, William Hague n’a pas pu rencontrer son homologue Ahmed Ounaïss.   Les employés du ministère tunisien des Affaires étrangères ont observé mardi une deuxième journée de grève pour réclamer la démission d’Ahmed Ounaïss en raison de déclarations prouvant aux yeux de ses détracteurs que le ministre n’est pas franchement favorable au changement.


MAM tente de clore le débat sur ses vacances en Tunisie


 

“La polémique, ça suffit !” a lancé à l’Assemblée nationale la ministère des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, sommée de s’expliquer sur ses vacances tunisiennes lors des questions au gouvernement, mardi 8 février. “Les mensonges, les insinuations malveillantes, les contre-vérités ne sont pas dignes du débat politique français”, a-t-elle appuyé.

L’éventualité d’un départ de la chef de la diplomatie s’est fortement éloignée mardi avec la réaffirmation de la confiance de Nicolas Sarkozy et de son premier ministre. “Je voudrais dire à Michèle tout mon soutien. Elle a le soutien du président de la République”, a assuré François Fillon lors de la réunion hebdomadaire des députés de l’UMP, à laquelle assistait la ministre.

Peu après, on apprenait que le premier ministre a lui-même séjourné en Egypte en fin d’année, hébergé par les autorités égyptiennes, et qu’à deux reprises, il a emprunté un avion de la flotte présidentielle de Hosni Moubarak.

En réponse à l’Assemblée nationale au député Bruno Le Roux, qui demandait sa démission, Michèle Alliot-Marie a asséné qu’après avoir “répondu avec franchise et honnêteté à tout”, elle “ne répondrait plus à rien”“Je suis honnête et soucieuse d’éthique, toute ma vie politique en témoigne”, a-t-elle ajouté, tout en reconnaissant que ses vacances fin 2010 en Tunisie et qu’accompagner un ami dans son avion “constituaient a posteriori une maladresse au regard des événements qui se sont déroulés depuis”.

La ministre affronte depuis une semaine des appels à sa démission pour avoir utilisé par deux fois pendant ses vacances en Tunisie l’avion privé d’un ami tunisien qui entretenait des relations d’affaires avec le clan Ben Ali-Trabelsi. Lundi, Nicolas Sarkozy avait refusé de commenter la polémique touchant sa ministre, précisant qu’il s’exprimerait plus tard dans la semaine.

Source : « Le Monde » Le 08-02-2011

La nouvelle Tunisie confrontée au rebut de l’ancien système


 

Tunisie – La Tunisie, devenue symbole d’émancipation populaire pour l’ensemble du monde arabe et pas seulement, fait l’apprentissage nécessairement cahoteux de la démocratie. La formidable explosion de joie et de rage après que le peuple a dit son «mot» fait place à la réalité du terrain. Le «grand nettoyage» ne peut se faire sans heurts. Beaucoup de situations de rente sont maintenant directement menacées et vont nécessairement opposer des résistances. Ainsi, depuis le «grand soir», de fortes tensions restent tenaces dans diverses régions du nord, du sud et du centre du pays, alors que le gouvernement vient d’alléger le couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier, après un grand coup de balai à la tête de la police et dans ses diverses structures. Les nominations récentes de 24 nouveaux gouverneurs de province ont du mal à passer. Les services de police faisant partie du puissant ministère de l’Intérieur qui contrôlait le pays se retrouvent au centre d’un grand bras de fer où les recompositions font rage. Dans plusieurs régions de Tunisie, des manifestants réclament leur départ quelques jours à peine après leur prise de fonction pour cause d’accointances avec le RCD. De hauts responsables sont également rejetés par la population. Le gouverneur de Gafsa a même dû quitter dimanche ses bureaux sous protection militaire. Plus au nord, la ville du Kef a connu un week-end d’émeutes que des habitants attribuent à des provocations orchestrées par le RCD. Les événements du Kef ont fait des morts et des blessés. Un commissariat de police et un immeuble administratif ont été incendiés deux fois, et des groupes de pillards ont semé la panique dans la ville, plongeant toute la Tunisie dans la consternation. La Tunisie après Ben Ali La Tunisie post-Ben Ali tente de se réorganiser. De nouvelles règles de jeu sont inévitables pour le bon fonctionnement des institutions de transition. Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi appelle les députés, réunis pour la première fois depuis la chute de Ben Ali, à adopter une loi qui devrait aider à contourner les verrous induits par l’ancien système. La loi en question permettrait au président intérimaire de gouverner par décrets-lois et d’échapper ainsi à un Parlement dominé par l’ex-parti au pouvoir. «Ce projet de loi va permettre au président intérimaire Foued Mebazaa de prendre des décrets-lois, conformément à l’article 28 de la Constitution», a déclaré le Premier ministre devant les députés réunis en session plénière au siège du Parlement. Le temps presse pour une Tunisie qui se doit de se remettre en route au risque de vivre les dangers des situations de blocage politique. «Ces décrets-lois, la Tunisie en a vraiment besoin pour écarter les dangers» qui menacent les acquis de la révolution populaire, a martelé Mohammed Ghannouchi, de moins en moins contesté. «La Tunisie est confrontée à des dangers. Il y a des personnes qui veulent faire revenir la Tunisie en arrière, mais nous devons honorer nos martyrs qui se sont battus pour la liberté», a dit celui qui a été Premier ministre sous Ben Ali durant une dizaine d’années. Les 125 députés présents sur 214 sont priés d’adopter le texte qui devra ensuite passer devant la Chambre des conseillers (Sénat) avant d’être exécuté. Le «projet de loi portant habilitation du président de la République par intérim à prendre des décrets-lois» revêt une importance décisive pour l’avenir immédiat du pays. A l’extérieur du palais du Bardo, des centaines de manifestants réclament la «dissolution du Parlement», dominé à 80% par le Rassemblement constitutionnel démocratique, l’ex-parti-Etat au pouvoir sous Ben Ali. Le RCD, parti honni Ben Ali et son clan familial déchu, le RCD, l’inamovible parti du pouvoir, reste toujours là dans tous les coins et recoins de la Tunisie. Afin de gagner la confiance du peuple, le gouvernement tunisien annonce la suspension du parti. Une première étape avant sa possible dissolution. Une mesure qui devrait, si elle aboutissaitt, répondre à une forte attente des Tunisiens dans leurs différences. Le RCD reste le symbole de l’ancien régime. Et depuis la chute de Ben Ali, ce parti doit impérativement «dégager», selon beaucoup de Tunisiens pour que la construction se fasse sur des bases saines. Déjà, quelques jours après la fuite rocambolesque de l’autocrate, le siège du parti au pouvoir, un immeuble luxueux de 50 étages au centre de Tunis, avait été symboliquement démantelé. Sous la pression de milliers de manifestants, les lettres du «Rassemblement constitutionnel démocratique» ont été une à une arrachées de la façade. Plusieurs sièges du parti à travers le pays ont été saccagés et brûlés au même moment et les portraits de Ben Ali détruits. La suspension du RCD annoncée par les autorités est une nouvelle étape dans le processus engagé de tourner la page avec l’ancien système. Des réunions du parti sont déjà interdites et des locaux fermés. A en croire les autorités, la dissolution pure et simple du parti est officiellement prévue. Pour les opposants à l’ancien régime, c’est, certes, une étape inévitable mais pas suffisante. Nombreux parmi le paysage politique tunisien sont ceux qui demandent la dissolution du Parlement dominé actuellement par le RCD. Idem pour le départ de tous les gouverneurs nommés par les nouvelles autorités qui sont aussi, dans leur majorité, issues des rangs de l’omnipotent ex-parti-Etat. Pour l’heure, les manifestations ne s’arrêtent pas à Sfax, Gafsa ou encore Nabeul pour demander le départ des gouverneurs du RCD venant juste d’être nommés par les autorités de transition. La Tunisie post-Ben Ali entame la véritable bataille de la construction d’un Etat de droit. Et pour une fois depuis l’indépendance, la donne «peuple» est loin d’être fortuite.

Source : « Afrique en kigne » Le 08-02-2011

Tunisie : pertes économiques de 2,6MdsE


 

Le ministre tunisien du Développement régional Néjib Chebbi, a évalué à 5 milliards de dinars (2,58 milliards d’euros) à terme les pertes pour l’économie enregistrées lors de la Révolution du jasmin, soit 4% du PIB, dans une interview au quotidien français Libération parue mardi. “La première estimation des pertes est de 3 milliards de dinars (1,55 md euros). Mais il y a des effets qui viennent avec le temps. On peut donc l’estimer à terme à 5 milliards de dinars (2,58 mds euros), soit grosso modo 4% du PIB”, déclare M. Chebbi. “La Tunisie est un pays très ouvert sur le plan économique. Près d’un million de Tunisiens, donc près de la moitié de la population, vit des échanges extérieurs, aussi bien dans le tourisme que dans l’industrie”, ajoute l’opposant historique, chef du Parti démocrate progressiste (PDP). Des milliers de touristes ont été évacués de Tunisie en décembre et début janvier. Premier pourvoyeur de devises, l’industrie touristique représente 6,5% du produit intérieur brut et emploie plus de 350.000 personnes sur dix millions d’habitants.

Source : « Le Figaro » le 08-02-2011

WikiLeaks accable la France sur la Tunisie


 

La diplomatie française jugeait la Tunisie comme “le pays le plus stable du Maghreb”.

La France avait visiblement mal évalué la situation tunisienne. Selon des documents diplomatiques obtenus par WikiLeaks et publiés mardi matin par 20minutes.fr, un an avant la chute du président tunisien Ben Ali, la France considérait la Tunisie comme “le pays le plus stable du Maghreb”.

C’est ce qui ressort notamment d’un échange entre deux diplomates du Quai d’Orsay avec des confrères américains, en janvier 2010 et qui pourraient expliquer la frilosité de la France à réagir face à la révolution tunisienne, en décembre dernier.

“La Tunisie ne connaîtra pas de période de déstabilisation”

La raison ? Dans le câble diplomatique confidentiel, l’un des diplomates français explique que “la Tunisie a le taux de chômage le plus faible de la région et une bureaucratie qui fonctionne raisonnablement bien. L’économie tunisienne a une bonne réputation […]”. C’est pourquoi, assure-t-il, “la France ne croit pas que le pays connaîtra, à court terme, de période de déstabilisation, à part lors de la succession de Ben Ali”.

Pour autant, un diplomate français note que la gouvernance de Ben Ali “contient des risques significatifs : le développement d’une classe moyenne qui réclame plus de liberté politique et le risque que la croissance du pays freine ou s’arrête. Si le gouvernement ne peut plus fournir une sécurité sociale et financière, il aura rompu son contrat tacite. Et sa population pourrait devenir moins docile”.

“Je voyais ça dans 10 ans”

La France n’imaginait pas que le peuple tunisien serait capable de se révolter ainsi, il y a un an, comme le confirme un diplomate français interrogé par 20minutes. “Je voyais plutôt ça dans dix ans”, assure-t-il. Mais, précise un ancien diplomate et conseiller Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales, Denis Bauchard, “ce mouvement a surpris tout le monde : diplomates, journalistes et les Tunisiens eux-mêmes”.

Mais si la France n’a pas réalisé ce qui allait se passer, c’est pour une simple raison selon Jacques Lanxade, ancien ambassadeur à Tunis. “Les alertes du terrain ne remontaient pas jusqu’au Quai d’Orsay. On faisait la sourde oreille, on n’a pas pris la mesure de ce qui se passait”, assure-t-il dans le quotidien gratuit. Et ce, parce que “de Mitterrand jusqu’à Sarkozy, la politique de l’Elysée a toujours été de soutenir Ben Ali. On le voyait comme un rempart à l’islamisme”, conclut Denis Bauchard.

Source : « europe1 » Le 08-02-2011

                                                                                        Tunisie: comment le clan Ben Ali a arnaqué Nestlé


 

Millions détournés | Le régime de Ben Ali a empoché des millions sur le dos de Nestlé et des Tunisiens, selon une enquête dévoilée mardi par “Le Monde” et la Télévision Suisse Romande.

Nouveau scandale au sein du clan Ben Ali. 40% des actions de la filiale tunisienne de Nestlé ont été rachetés en 2006 par le gendre de l’ex-président tunisien. Ce transfert d’actions a été effectué sans en informer le siège du géant agroalimentaire de Vevey. La transaction est illégale et a permis aux Ben Ali d’empocher des millions aux dépens de Nestlé et des Tunisiens, rapportent mardi la Télévision Suisse Romande et le journal “Le Monde”.

Comment cela a-t-il pu arriver? En 2005, Nestlé Tunisie, présent sur place depuis 1960, est détenu à 59,2% par la société mère de Vevey. Le reste est en mains d’actionnaires publics tunisiens, dont la Banque nationale agricole et la Société tunisienne des industries laitières. Le chiffre d’affaire de la société s’élève à 50 millions de francs. Une usine est implantée à Carthage. En tout, 300 employés travaillent pour le groupe dans le pays.

En parallèle, le gendre de Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi, né en 1981, développe son groupe Princesse Holdings. Il est l’époux de Nesrine Ben Ali, la fille aînée du couple présidentiel.

Transaction illégale

En 2006, Mohamed Sakhr El Materi fait pression sur les actionnaires et  rachète 40% des actions de Nestlé Tunisie à un prix plancher de 4 millions de francs suisses. Une transaction totalement illégale faite sans en informer le siège de Vevey: «Cette transaction s’était faite sans consultation préalable avec Nestlé, en violation du droit de préemption de Nestlé et en dehors des transactions officielles de la Bourse de Tunis», a confirmé Nestlé à la TSR. Les dirigeants du groupe suisse ont donc été mis devant le fait accompli. Leurs démarches juridiques n’ont en outre jamais abouti.

Ce n’est pas tout. Comme cerise sur le gâteau, les dirigeants de Nestlé en Suisse, dont à l’époque Peter Brabeck, apprennent que le père de Mohamed Sakhr El Materi, Moncef el-Materi, a pris la présidence du conseil d’administration de Nestlé Tunisie.

Bénéfice démentiel

En mai 2008, le groupe Princesse Holdings revend soudainement à Nestlé SA les actions incriminées. La transaction s’est effectuée un an plus tard, selon l’enquête de la TSR. Le hic? Les actions, achetées 4 millions de francs, sont revendues 30 millions de francs, permettant à Princesse Holdings d’empocher un coquet bénéfice.

Les actions vendues, tous les soucis de Nestlé ne sont toutefois pas réglés. Moncef el-Materi reste encore président du conseil d’administration. Il ne démissionnera que le 20 janvier 2011, lorsque son nom est apparu dans la liste noire du Conseil fédéral, conduisant au blocage de ses avoirs en Suisse.

A l’heure actuelle, Mohamed Sakhr el-Materi et ses proches sont en fuite. Tout comme le reste du clan Ben Ali. En Tunisie, une Commission d’établissement des faits sur les affaires de malversations et de corruption vient d’être instaurée. Cette affaire ne manquera pas de susciter son attention, souligne encore le site de la TSR.

Source : « 24 heures » Le 08-02-2011

Tunisie: une conférence de donateurs?


 

Des députés européens ont appelé mardi à une conférence de donateurs pour la Tunisie, destinée à coordonner l’aide internationale à la transition démocratique dans ce pays après la chute du régime de Ben Ali. Rendant compte lors d’une conférence de presse à Bruxelles d’une visite sur place, la présidente de la sous-commission du Parlement aux droits de l’homme, la Finlandaise Heidi Hautala, a estimé que “l’aide internationale devait être coordonnée”. Une conférence des donateurs permettrait de mettre en place “une bonne division du travail entre l’UE, les Nations unies, le Conseil de l’Europe”, a-t-elle estimé. L’UE a promis son soutien à la transition démocratique dans le pays après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, en particulier concernant la tenue d’élections libres. “Nos voisins attendent notre aide, ils ont besoin de faire un long chemin vers la démocratie, et ce n’est pas un chemin facile”, a estimé le président du Parlement Jerzy Buzek. “Il y a 20 ans, en Europe centrale et orientale, nous avions le même chemin difficile et peu carrossable devant nous”, a estimé l’ancien dissident polonais. Outre les autorités, la délégation du Parlement européen a rencontré sur place tous les acteurs de la transition: forces politiques, associations de magistrats et avocats, acteurs de la société civile, notamment syndicaux et des droits de l’homme. Dans le pays, le débat fait rage entre les tenants d’une normalisation rapide, avec un scrutin présidentiel et législatif dans six mois pour répondre à l’impatience de la rue, et ceux qui mettent en garde contre une confiscation de la révolution.

Source : « Le Figaro » Le 08-02-2011

                                                                                                         Le réenchantement tunisien par les mots


 

Quels enseignements politiques tirer du moment tunisien dont nous sommes les spectateurs ébahis ? Au fil des témoignages, on découvre que ce ravissement doit être mis en relation avec un effet de langage. Ce sont les mots de liberté, de fierté, d’identité et de foi dans l’avenir qui transcendent les Tunisiens et qui éclairent notre perception de l’événement. La fuite du président tunisien, consécutive à une révolte sociale, s’est transformée en émancipation narrative : la soudaine possibilité de formuler simplement et sans censure des convictions positives à la fois sur le sens de l’existence et sur le vivre ensemble.

A bien des égards, le phénomène rappelle le frémissement planétaire déclenché lors de la dernière élection présidentielle aux Etats-Unis, cette sensation inédite que le champ des possibles pouvait être immense dès lors que la politique était portée par des mots qui faisaient sens. A l’époque, Obama avait su trouver un style qui permettait, dans son pays mais aussi à l’échelon international, d’établir un lien symbolique direct entre l’action politique et une conception universelle de la fraternité et de la justice.

Toute la magie du moment tunisien est contenue dans la même combinatoire réussie au profit d’un certain idéal démocratique. Curieusement, les témoignages s’attardent peu sur les dérives et les délits du régime (pourtant considérables), comme si, au temps de l’indignation lié à la répression, devait succéder immédiatement celui des responsabilités collectives de la liberté retrouvée. Tendez l’oreille sur les déclarations émues et solennelles détaillant, avec délice et tellement de vigueur, l’adhésion aux valeurs républicaines, aux mondes de la culture et des savoirs, à l’égalité hommes-femmes, à la laïcité de l’Etat, au respect des traditions cultuelles aussi.

En termes de science politique, on peut faire l’hypothèse que le réenchantement opère parce que cet événement présente une conjonction rare : l’articulation de trois niveaux d’adhésion à la politique que l’on peut aisément repérer dans les témoignages des protagonistes.

Il y a d’abord le registre des traumatismes historiques qui font la grandeur d’une nation. La Tunisie est tout entière décrite à partir de ses actes fondateurs et donc des blessures, des déchirures et des victoires qui forgent son identité méditerranéenne, africaine et post coloniale. Le sentiment national est puissamment situé et contextualisé. Les discours préfèrent par exemple puiser dans le lexique réformiste de la transition plutôt que dans celui plus radical des idéaux révolutionnaires. Tout se passe comme si l’évocation des traumatismes tunisiens avait une fonction thérapeutique : éclairer les conditions de remise en conformité du système politique aux valeurs du “pays réel”.

A ces témoignages sur l’épaisseur sociale du temps long se superpose le registre des promesses de la politique. On perçoit dans les interviews une forme spécifique d’énonciation de la confiance qui relie les individus aux élus. Les arènes classiques de la démocratie représentative semblent clairement légitimées sur le triple socle de la séparation des pouvoirs, des élections libres et du syndicalisme. La clémence des jugements sur la personnalité du premier ministre et de son gouvernement constitue à cet égard une singularité signifiante : la Tunisie a des élites qu’elle ne renie pas, elle en forme même beaucoup plus que ses voisins. La promesse du politique, c’est l’espoir que les élus (locaux et nationaux) et les hauts fonctionnaires élaborent les “accommodements raisonnables” d’un nouveau pacte social avec les habitants et les syndicats.

Le troisième registre concerne les croyances sur le service public. Là aussi, il ressort des discours que les Tunisiens conçoivent le rôle des administrations sur un mode pragmatique qui tient à distance les doctrines de l’Etat providence comme celles du libéralisme triomphant. Les commentaires dessinent les contours d’une nation indépendante et accueillante, la coloration nationaliste se doublant toujours d’une touche volontariste sur les thématiques du tourisme et des coopérations internationales. Ce positionnement identitaire d’ouverture reflète un ensemble de croyances sur les sacrifices que la société est prête à accepter collectivement pour stimuler le développement économique.

Au total, le moment tunisien semble tout entier construit et porté par un récit politique qui combine avec simplicité ces trois niveaux que sont les traumatismes fondateurs du territoire, les promesses de la politique et les croyances sur le service public. Le résultat ? La fulgurance des mots justes, quand leur expression publique et politique entre soudainement en phase avec des questionnements existentiels. Il s’agit assurément d’un enseignement précieux pour tous ceux qui cherchent à comprendre les énigmes du réenchantement par la politique.

Source : « Le Monde.fr » Le 08-02-2011

                                                                                        Tunisie, Côte d’Ivoire, Soudan… La fin de l’Etat postcolonial


 

En deux mois, trois pays anciennement colonisés ont marqué l’actualité internationale. La Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Soudan. Même si les événements qui les ont mis sous les projecteurs sont différents, leur objectif est le même : dépasser l’Etat légué par la période coloniale

Gouvernée d’une main de fer depuis son indépendance en 1957, la Tunisie connait les premières violences populaires en cinquante ans. La flambée des denrées alimentaires, symbolisée par un homme qui s’est immolé par le feu, avait probablement mis en relief l’abîme séparant la quiétude des gouvernants de la détresse des gouvernés. Mais elle n’en est que le prétexte. La cause essentielle réside dans l’impossibilité de l’alternance au pouvoir. A force d’empêcher un peuple de respirer, un pays de s’aérer par des élections démocratiques, on finit par produire ce type d’explosion qui, soudain, anéantit l’ensemble des repères.

Le chaos laissé par la fuite du dictateur ne sera pas résorbé de sitôt. Ceux qui, pour arbitrer des litiges de succession et de légitimité politiques, se réfèrent encore à la Constitution ayant consacré le pouvoir personnel depuis plus de cinquante ans, sauveront peut-être pour quelques temps le régime que les Tunisiens rejettent violemment. La “révolution du jasmin” risque de tourner court si une nouvelle constitution n’est pas rédigée par une assemblée élue à cet effet. Le glas a sonné aussi pour l’Etat postcolonial, en Côte d’Ivoire et au Soudan.

La Côte d’Ivoire se retrouve avec deux présidents. Ce n’est pas la première fois que cela arrive en Afrique aux frontières scandaleuses. Contrairement à ce que la communauté internationale redoutait, cela n’a pas généré plus de violence qu’il n’y en avait ; comme si, pour les Ivoiriens, cela allait de soi d’avoir deux chefs d’Etat, légitimes. L’un pour le Nord et l’autre pour le Sud. De toutes les manières, la Côte d’Ivoire vit coupée en deux depuis septembre 2002. Le plus étrange dans cette affaire est que là où l’Occident voit un problème, les Ivoiriens, eux, trouvent leur solution. Ils préfèrent avoir deux présidents qu’une guerre de dix ans. Il serait donc plus avisé d’entériner un état de fait qui existe depuis la rébellion du Nord. Le mieux est de prendre acte de cette réalité et de la consolider par des  frontières reconnues, dans l’intérêt de la paix, de la stabilité et du respect des droits humains. Imposer aux peuples ivoiriens un seul président, c’est, à coup sûr, les pousser à la guerre civile.

La guerre civile, celle qui a duré plus de vingt ans, vient d’être enterrée au Sud-Soudan. L’Accord global de paix, signé le 9 janvier 2005, est mis en application par un référendum qui consacre la partition du pays. La nouveauté dans cette démarche est la pulvérisation, par voie démocratique, du principe de “l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation”. Désormais,  dans le monde anciennement colonisé, nous entrons dans une ère où les frontières vont souvent bouger. Cette étape marque la fin des Etats postcoloniaux.

Les convulsions politiques de la Tunisie, la Somalie ou du Congo, d’Afghanistan, du Cachemire ou d’Irak sont celles de l’héritage étatique colonial agonisant. Les troubles vont, à terme, se généraliser à la plupart des pays dessinés par la colonisation, cet acte inaugural de la mondialisation. En effet, l’Etat qui les incarne y est encore celui-là même que  la colonisation s’était donné par la force pour imposer l’ordre international contemporain.

Aujourd’hui, l’Etat postcolonial perd le nord. Cette mondialisation, dont il ignorait n’en être qu’une étape, réveille les peuples à leurs droits. Tout à coup, on lui demande  de servir au lieu de réprimer, autoriser là où il interdisait… Pour cet Etat, la démocratie, c’est le monde à l’envers. Il se retrouve le jouet de l’Histoire qui l’a instrumentalisé avant de lui signifier sa fin de mission.

L’Europe gagnerait à adopter une attitude conciliatrice à l’égard des bouleversements géopolitiques que cela commence à engendrer. L’Occident en général, a plutôt intérêt à s’y préparer, les accompagner, voire les impulser pour ne pas avoir à les subir. Quelles que soient les nouvelles entités politiques qui prendront le relais, les intérêts occidentaux seront préservés. Par exemple, la France a regardé, impuissante, le régime tunisien s’écrouler. Elle n’a pas pu, non plus, imposer sa solution en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas pour autant que ses intérêts y seront remis en cause !

Le cas tunisien pose un problème commun à tous les pays issus de la décolonisation : celui de la nature de l’Etat. Celle-ci, en étant d’origine coloniale, les condamne à n’être que des dictatures. Même si pour la Tunisie il existe encore une question identitaire berbère, les troubles d’aujourd’hui posent plutôt l’impérieuse nécessité d’en finir avec l’Etat postcolonial et son remplacement par un Etat de droit et de liberté. Un Etat qui soit au service des peuples et des citoyens et non de la dictature.

Quant aux cas du Soudan et de la Côte d’Ivoire, ils montrent l’exemple de pays où les problèmes identitaires, laissés en suspens, ont prédominé au point de provoquer la séparation et l’éclatement du pays. C’est probablement ce qui arrivera à tous ceux qui, au nom de la raison d’Etat, nient les droits des peuples qui les composent. Le déni génère crispation identitaire et résistance. Le bras de fer qu’il engage porte en lui tous les risques de guerre et, en fin de parcours, ceux de la sécession. Dans ces pays, la seule manière d’éviter le pire, est de les pousser au respect des identités des peuples par le truchement d’autonomies régionales ou de fédéralismes. Le Conseil de sécurité de l’ONU, en votant la résolution 1813 qui entérine la proposition marocaine d’une autonomie régionale au Sahara, a envoyé un signal fort dans ce sens.

La Kabylie, que le pouvoir algérien refuse toujours de reconnaître, se bat déjà depuis dix ans pour son autonomie régionale. Elle montre également la voie à l’Afrique et à l’Asie des peuples en guerre, pour un combat pacifique. Même en état de légitime défense (127  manifestants tués par le pouvoir algérien entre 2001 et 2003) le peuple kabyle a préféré la politique à la guerre. La mise sur pied de l’Anavad (gouvernement provisoire Kabyle en exil) le 1er juin 2010 est de nature à en renforcer le processus.

La reconnaissance de ce gouvernement par la communauté internationale va sûrement encourager, chez les peuples opprimés en mal d’existence, les options politiques les moins radicales. Nous aurons, ainsi, une évolution du monde, sinon heureuse, du moins beaucoup moins chaotique vers la fin des Etats postcoloniaux, ce boulet qui, depuis tant de décennies, occasionne à l’Afrique et à l’Asie d’interminables soubresauts.

Source : « Le Monde.fr » Le 08-02-2011

Les Tunisiens sauvent les dossiers de l’ère Ben Ali


 

À chacun sa révolution. Celle de Hasra Trii est un combat de la mémoire contre l’oubli. Un combat de longue haleine qui a commencé le vendredi 14 janvier au soir, une fois Ben Ali parti. Assise dans son bureau des ­Archives nationales – où elle officie comme directrice adjointe -, cette infatigable Tunisienne se souvient: «Ce soir-là, le premier ministre venait d’annoncer la “vacance du pouvoir”. Notre pays oscillait entre euphorie et chaos. Dans mon quartier, ça tirait dans tous les sens. Des comités de protection se formaient contre les pillages. La priorité, c’était les maisons. Soudain, j’ai paniqué en pensant aux documents contenus dans les placards des ministères: tous ces dossiers gênants sur la corruption, la torture et les abus de pouvoir qui risquaient de disparaître… Pendant des années, Ben Ali nous avait volé notre dignité. Il était hors de question que ses hommes, restés au pays, nous volent la vérité!» Le week-end des 15 et 16 janvier se transforme alors en une course contre la montre. Impossible, pour Hasra, de trouver le sommeil. Elle passe ses journées au télé­phone, à contacter les radios locales, toujours occupées, pour inciter ses concitoyens à faire preuve de responsabilité. Internet sera sa planche de salut. Ses deux fils s’empressent d’inscrire sur leurs pages Facebook le message suivant: «Protégez vos documents comme vous avez protégé vos cités.» «On s’est battu avec les moyens du bord, sans vraiment savoir si nous serions entendus», concède-t-elle.

De retour au travail, lundi 17, Hasra Trii pousse son premier soupir de soulagement. Non seulement l’armée, déployée aux quatre coins de Tunis, s’est chargée de sécuriser le grand bâtiment blanc des Archives nationales – qui abrite essentiellement des documents historiques – mais elle réalise que la plupart de ses collègues ont, comme elle, activé leurs réseaux. Dans un élan de spontanéité, impensable sous l’ancien régime, une réunion s’improvise immédiatement au troisième étage. Il y est décidé de rédiger, au plus vite, un communiqué invitant les fonction­naires et le public à «préserver les documents» et à «veiller à leur protection et leur conservation». Le message, diffusé quelques jours plus tard dans les médias locaux, est entendu. «Depuis, nous avons reçu trois plaintes venant des douanes, du Conseil constitutionnel, et d’un citoyen tunisien vivant à l’étranger qui s’inquiétait de la possible destruction de documents au sein des consulats tunisiens. Nous avons aussitôt alerté le gouvernement transitoire», raconte Hasra Trii.

Des journalistes étrangers sous surveillance

Des initiatives encourageantes, mais qui restent isolées. «Il y a des masses de documents qui ont eu le temps de disparaître», regrette l’avocat tunisien Yassine Labib. Dépassé par ses propres problèmes internes – liés, entre autres, à des préoccupations d’ordre sécuri­taire et à un remaniement ministériel, sous la pression de la rue -, le gouvernement transitoire n’a pas fait des archives sa priorité. Si la récente mise en place des trois nouvelles commissions – sur les réformes politiques, la corruption et les exactions – devrait permettre de pallier ce manque, des kilogrammes de papier sont certainement déjà partis en fumée.

Des soldats chargés de protéger l’immeuble du RCD des pillages racontent avoir assisté, impuissants, au va-et-vient des employés de cet ex-parti au pouvoir, les bras remplis d’archives sans doute compromettantes. «On les a laissé faire parce qu’on ne savait pas où donner de la tête», concède l’un d’entre eux, sous couvert de l’anonymat. Il y a quelques jours, une télévision a pu filmer, in extremis, d’importantes quantités de documents détruits devant le siège de l’ATCE (Agence tunisienne de communication extérieure), cet organe mandaté par le pouvoir, du temps de Ben Ali, pour surveiller le travail des journalistes étrangers et s’offrir des publireportages en échange de voyages tout frais payés. «Ce sont des documents sans importance», s’est empressé d’affirmer son responsable. «J’ai du mal à y croire. Aujourd’hui, il est de notre devoir de savoir, de tout savoir!», s’insurge un reporter tunisien.

Quant aux rapports des tortionnaires du puissant ministère de l’Intérieur, personne n’est capable, à ce jour, de dire ce qu’ils sont devenus. «Il est important de préserver ces archives au nom de la justice, pour éviter un retour en arrière», prévient Eric Goldstein, le représentant de Human Rights Watch pour le Maghreb. Hasra Trii, elle, y voit l’occasion d’écrire «la véritable histoire de la Tunisie». «Mes fils ne connaissent de leur pays que ce que les livres d’école ont bien voulu leur montrer: une information censurée et déformée. Ils méritent mieux que ça», dit-elle.

Source : « Le figaro » Le 08-02-2011

Tunisie. Un comité pour démasquer les journalistes pro-Ben Ali


 

Un Comité de dénonciation des journalistes pro-Ben Ali est en voie de constitution par un groupe de journalistes patriotes qui étaient muselés sous l’ancien régime. 

La mission de ce Comité, dont la composition sera annoncée bientôt, consiste à démasquer les journalistes collabos d’hier, qui faisaient partie d’une véritable milice médiatique pilotée par Abdelwaheb Abdallah, le communicateur en chef du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali. Sa mission consiste aussi à veiller à ce que les propagandistes de Ben Ali, qui continuent de sévir notamment à la tête de certains médias (presse imprimée ou électronique, radios et chaînes de télévision), ne se replacent pas dans le nouveau paysage médiatique post-Ben Ali et phagocytent ainsi la volonté de changement exprimée par 10 millions de Tunisiens voulant rompre définitivement avec l’ancien système.

Une douteuse proximité avec la dictature Le Comité va publier des rapports détaillés et documentés sur les journalistes, communicateurs et publicitaires, qui ont contribué avec force conviction à la propagande de Ben Ali, de son clan de sa cour. Et qui ont tiré des bénéfices sonnants et trébuchants de cette douteuse proximité avec la dictature. Ces journalistes ripoux, serviles et obséquieux ne se contentaient pas de chanter les louanges du dictateur et de sa bande de malfaiteurs, ils trempaient aussi leurs plumes dans le fiel pour s’attaquer aux journalistes patriotes, qui osaient critiquer les pratiques mafieuses de ce régime ou seulement prenaient leurs distances vis-à-vis de ses officines, telle l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) de triste mémoire. Les journalistes ripoux s’attaquaient aussi, nommément et parfois avec des mots à la limite de la décence, aux représentants de l’opposition et aux défenseurs des droits de l’homme, qu’ils traînaient dans la boue en colportant des insanités à leur propos. Certains de ces collabos de la première heure se sont métamorphosés, au lendemain du 14 janvier, en deux temps et trois mouvements, en révolutionnaires de la dernière heure, cherchant à se replacer dans la nouvelle Tunisie en construction.

Source : « Kapitalis » Le 08-02-2011

Main mise sur 130 chevaux pur-sang de Slim Chiboub


 

A Sidi Thabet, la Fondation Nationale d’amélioration de la race chevaline (FNARC), a pu récupérer 80% des chevaux pur-sang arabe et anglais qui appartenaient à Slim Chiboub et ce, en collaboration avec les services de sécurité et les responsables en charge de la ferme située à Sidi Othmane, dans la délégation d’Utique (Bizerte).

 

Ces chevaux sont au nombre de 130 chevaux pur-sang, la plupart dans cette ferme et le reste à l’hippodrome de Ksar Saïd.

 

Le Directeur de la fondation, M. Mohamed Habib Zaouia, a indiqué que ces chevaux constituent une véritable richesse et que des efforts sont déployés pour les mettre définitivement à la disposition de L’Etat tunisien et ce après les procédures légales nécessaires.

 

C’est aussi le cas pour les chevaux appartenant à Houssem Trabelsi (25 juments) qui ont été pillés d’une ferme située à Beni Khaled et d’autres chevaux de Imed Trabelsi qui n’ont pas été déterminés jusqu’à présent.

 

Selon M. Zaouia, la fondation n’a pas subi, ces derniers temps, de dégâts matériels malgré des tentatives de pillage sans succès grâce à la vigilance de ses agents. Il a précisé que la direction suit, en coordination avec le syndicat de base des agents relevant de l’Union générale Tunisienne du Travail, les négociations engagées avec les responsables au ministère de l’agriculture et de l’environnement pour la régularisation de la situation socioprofessionnelle de plus de 40 agents temporaires sur un total de 141 employés dans la fondation.

 

Il convient de rappeler que la FNARC, à Sidi Thabet, constitue l’une des plus importantes structures publiques en charge de l’élaboration, de l’exécution et du suivi du programme de développement du secteur équestre en Tunisie.

 Source : « tunivisions » le 08-02-2011

Tunisie SA : l’heure des comptes


 

Les Tunisiens sont décidés à faire toute la lumière sur les biens mal acquis par le clan Ben Ali et à restituer au pays les avoirs confisqués. Ce travail d’inventaire est lancé, et des solutions émergent pour permettre à l’économie du pays de rebondir.

La contestation n’était pas leur fort. Ils ont toujours préféré composer avec le pouvoir. Mais en ce début 2011, les hommes d’affaires tunisiens sont les premiers supporteurs de la révolution. « Le départ de Ben Ali va libérer les énergies. C’est la fin de la prédation », ­s’enthousiasme Najed, un jeune chef d’entreprise. Détournements, intimidations, spoliations: une dizaine de frères, sœurs, beaux-frères et gendres du dictateur avaient fait de l’économie nationale leur chasse gardée, surtout depuis le début des privatisations il y a une dizaine d’années, amassant un magot évalué à 3,7 milliards d’euros. Matières premières, télécoms, automobile, immobilier, tourisme, pêche, agriculture, industrie, médias, tous les secteurs étaient concernés. Maisl’heure des comptes a sonné.

Le 26 janvier, laTunisie a lancé une procédure pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l’étranger » contre l’ex-président Ben Ali, son épouse Leïla et le frère de celle-ci,Belhassen Trabelsi – qui font l’objet d’un mandat d’arrêt international –, ainsi que contre huit autres membres du clan.

En parallèle, le gouvernement a créé une commission chargée de faire la lumière sur ces malversations. « Un travail qui sera exercé dans la plus totale indépendance », affirme Abdelfattah Amor, doyen honoraire de la faculté de droit de Tunis, qui présidera ce comité d’experts. Les enquêtes seront transmises au parquet, qui décidera des poursuites à engager. Avant même sa première réunion, le 27 janvier, la commission s’est déjà saisie de plusieurs dossiers. Dont celui de la famille Cheikhrouhou, contrainte de vendre son groupe de presse Dar Assabah en 2009 au gendre le plus en vue, Sakhr el-Materi.

Trente-trois arrestations

Un travail minutieux l’attend pour débrouiller les fils de ces petits empires – trente-trois personnes ont été arrêtées, alors que des milliers d’emplois se trouvent en balance et que tout le système bancaire national pourrait en pâtir. Des établissements comme la Société tunisienne de banque (STB) ou la Banque de l’habitat (BH) ont servi de marchepied à la « famille », allant jusqu’à octroyer des prêts sans garantie. « Heureusement, rassure un diplomate, même si personne n’a encore évalué les dégâts, l’économie n’est pas menacée, car hormis quelques-unes, ces entreprises n’ont pas une trop grande envergure. »

L’automobile a été l’un des secteurs les plus noyautés, grâce à un monopole de fait accordé à des membres de la « famille » pour l’importation de véhicules. Les constructeurs s’inquiètent de leur futur en Tunisie. Pour calmer les esprits des clients et des salariés affolés, la Banque centrale a décidé de placer sous le contrôle d’un administrateur temporaire la société Ennakl (Volkswagen, Audi, Porsche…), le fleuron d’El-Materi, avec 25 % du marché (15000 véhicules vendus en 2010). Solution identique pour un autre actif d’El-Materi, la banque islamique Zitouna, confrontée à des clients paniqués.

« En moins d’une semaine, ils ont retiré 25,6 millions d’euros, soit 12 % de nos dépôts, révèle Hichem Ben Fadhel, le secrétaire général de la banque, resté en place. Grâce à l’État, l’atmosphère s’est apaisée, mais en l’absence de notre actionnaire majoritaire, notre plan de développement est au point mort. » Hichem Ben Fadhel assure que pour les mois à venir les salaires des 300 employés sont garantis, mais l’avenir de l’institution est compromis.

Les patrons s’impliquent

« La fin du régime Ben Ali risque fort d’aboutir à des destructions de valeur dans les entreprises que ses proches possédaient », estime un patron de fonds d’investissement. Pour minimiser l’onde de choc et en l’absence de ligne gouvernementale claire, des hommes d’affaires font des propositions. « Il ne faut pas dilapider ces fortunes car elles reviennent au peuple. Les actifs devraient être nationalisés temporairement, puis revendus aux enchères par blocs d’actions à des entrepreneurs nationaux », juge Bassem Loukil, PDG du groupe Loukil. Un message qu’il a adressé au gouvernement ces derniers jours avec une dizaine d’autres entrepreneurs. La création d’un holding financier regroupant les biens mal acquis et rapportant des dividendes à l’État pourrait également être envisagée, au moins temporairzement, avance un professionnel de la finance, qui suggère en outre que l’argent collecté soit redistribué aux régions les plus défavorisées du pays. Autre possibilité, autoriser la vente des actifs les plus importants pour rembourser les crédits accordés aux proches de Ben Ali.

Une gestion au cas par cas qui concernera aussi les dizaines de participations minoritaires de la « famille ». Quelles que soient les mesures adoptées par les autorités – revente ou confiscation des avoirs –, les dirigeants des sociétés concernées se veulent rassurants. « Nous continuons à travailler normalement, la situation de notre actionnaire minoritaire Sakhr el-Materi n’a aucune incidence sur les affaires courantes », indique par exemple Yves Gauthier, directeur général de Tunisiana. Le groupe français Plastivaloire, associé à Slim Zarrouk, autre gendre, n’a pas reporté l’ouverture d’une seconde usine, prévue au premier semestre. « La Tunisie possède plus que jamais les qualités requises », réagit Jean-Pierre Baldet, directeur commercial.

Au sein de la compagnie aérienne Nouvelair, en revanche, la participation (13 % du capital) du frère de Leïla Trabelsi, le « parrain » Belhassen Trabelsi, est plus épineuse, même si une source proche du PDG assure que les tour-­operateurs européens ont maintenu le gros de leurs réservations. Divers projets de celui que l’on surnommait aussi le Vice-Roi sont compromis. Avec Carthage Cement, Belhassen Trabelsi voulait créer un complexe cimentier pour un montant de 384 millions d’euros, le plus important investissement privé jamais réalisé en Tunisie. Il était parvenu à lever 69 millions d’euros à la Bourse de Tunis en 2010 pour financer son usine fantôme, alors que, selon la loi, une entreprise devait exister depuis au moins deux ans pour être cotée.

Grand déballage

« Le projet n’est plus viable sans les facilités qu’aurait pu accorder le pouvoir », estime un observateur avisé. Également en suspens, l’arrivée de Hilton à Tunis, prévue mi-2011, en partenariat avec Belhassen Trabelsi. Le groupe américain explique qu’« au vu de la situation actuelle, le projet est suspendu ». Bien d’autres annonces pourraient rester sans lendemain. C’est le cas des assurances islamiques Zitouna, qui mobilisent depuis des mois soixante personnes et devaient être lancées en mai prochain.

Dans ce grand déballage, la famille Mabrouk refuse d’être associée au naufrage des Ben Ali. Vent debout, le clan nie avoir pris à la hussarde le contrôle de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), de la société Le Moteur (la concession Mercedes et Fiat) et s’affirme étranger à la privatisation suspecte de la Banque du Sud. La fratrie reste soudée autour de Marouane, gendre de l’ex-président depuis 1996. Tous sont préoccupés par l’avenir de leur empire, l’un des plus grands de Tunisie, avec plus de 12000 emplois directs et près de 895 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé grâce à la Biat, l’agro­alimentaire (Sotubi, Sotuchoc…), Monoprix, Géant ou encore Orange. Leur défense est simple: toutes nos affaires ont été faites dans les règles, répliquent-ils. Sauf que le groupe, créé dans les années 1950, s’est considérablement développé sous le règne de l’ex-président (banque, automobile, télécoms). Faux procès, rétorque un proche: « Ils ont su tirer parti de la libéralisation de l’économie et ils ne sont pas sous le coup d’une enquête. »

Mais le séisme de la chute de l’ancien régime s’étend également à la sphère publique. La Société tunisienne d’assurance et de réassurance (Star), la Société nationale de distribution des pétroles (SNDP) et la Banque de Tunisie ont ainsi perdu leurs directeurs, virés par les salariés. 

Harcèlement administratif

Et des plaintes seront bientôt déposées contre d’anciens ministres qui auraient exercé des pressions sur des entrepreneurs à coups de blocages administratifs et de redressements fiscaux. « Nous avons constitué des dossiers et nous allons prochainement porter plainte contre Mondher Zenaidi [ancien ministre du Commerce, NDLR] et Abderrahim Zouari [ancien ministre des Transports] », annonce Bassem Loukil.

En conflit avec Belhassen Trabelsi depuis sa reprise de la concession Citroën en 2006, il affirme que son groupe a subi un harcèlement permanent et estime son préjudice à 5 millions d’euros. « Nous avons eu dix-sept contrôles fiscaux en trois ans, jure-t-il. L’administration avait un bureau permanent dans nos locaux. » Après s’être réjouis de la fin du règne d’un président surnommé désormais Ben « Ali Baba », beaucoup d’entrepreneurs tunisiens semblent décidés à mettre hors d’état de nuire la famille des quarante voleurs.

Source : « Jeune Afrique » le 08-02-2011

Les 48 personnes dont les fonds sont bloqués en Suisse


 

La Direction du droit international public (DDIP) du Département fédéral des Affaires étrangères Suisse (DFAE) vient de réviser la liste des personnalités tunisiennes frappées d’embargo. En effet, une deuxième liste publiée le 4 février 2011 relative au blocage des éventuels fonds de Ben Ali et de son entourage, est venue remplacer la première.

 

 

 

Des noms qui n’avaient aucun lien direct avec la famille Ben Ali et qui d’autant plus ne possèderaient même pas de compte en Suisse ont été retirés de la liste. Parmi les familles retirées on peut citer à titre indicatif les Ben Yedder, les Loukil, les Djilani etc.

 

La nouvelle ordonnance instituant des mesures à l’encontre des personnes originaires de la Tunisie comprend les 48 personnes concernées par la liste adoptée par l’Union Européenne

 

1. Zine El Abidine ben Hadj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

2. Leïla Bent Mohamed ben Rhouma TRABELSI

 

3. Moncef Ben Mohamed ben Rhouma TRABELSI

 

4. Mohamed Ben Moncef ben Mohamed TRABELSI

 

5. Fahd Mohamed Sakher Ben Moncef ben Mohamed Hafiz MATERI

 

6. Nesrine Bent Zine El Abidine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

7. Halima Bent Zine El Abidine BEN ALI

 

8. Belhassen Ben Mohamed ben Rhouma TRABELSI

 

9. Mohamed Ennacer Ben Mohamed ben Rhouma TRABELSI

 

10. Jalila bent Mohamed ben Rhouma TRABELSI

 

11. Mohamed Imed Ben Mohamed Ennacer Ben Mohamed TRABELSI

 

12. Mohamed Adel Ben Mohamed TRABELSI

 

13. Mohamed Mourad Ben Mohamed Ben Rhouma TRABELSI

 

14. Samira Bent Mohamed Ben Rhouma TRABELSI

 

15. Mohamed Montassar Ben kebaier Ben Mohamed MEHREZI

 

16. Nefissa Bent Mohamed Ben Rhouma TRABELSI

 

17. Habib ben Gaddour ben Mustapha BEN ZAKIZ

 

18. Moez Ben Moncef ben Mohamed TRABELSI

 

19. Lilia bent Noureddine ben Ahmed NACEF

 

20. Mourad ben Hédi ben Ali MAHDOUI

 

21. Houssem Ben Mohamed Ennacer ben Mohamed TRABELSI

 

22. Bouthaïna bent Moncef ben Mohamed TRABELSI

 

23. Nabil ben Abderrazzak ben Mohamed TRABELSI

 

24. Mehdi ben Ridha ben Mohamed BEN GAÏED

 

25. Mohamed Slim ben Mohamed Hassen ben Salah CHIBOUB

 

26. Dorsaf bent Zine El Abidine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

27. Sirine bent Zine El Abidine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

28. Mohamed Marouane ben Ali ben Mohamed MABROUK

 

29. Ghazoua bent Zine El Abidine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

30. Slim ben Mohamed Salah ben Ahmed ZARROUK

 

31. Farid ben Hadj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

32. Faouzi ben Hadj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

33. Hayet bent Hadj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

34. Najet bent Hadj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

35. Slaheddine ben Haj Hamda ben Hadj Hassen BEN ALI

 

36. Kaies Ben Slaheddine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

37. Hamda Ben Slaheddine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

38. Nejmeddine Ben Slaheddine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

39. Najet Bent Slaheddine ben Hadj Hamda BEN ALI

 

40. Douraïd Ben Hamed Ben Taher BOUAOUINA

 

41. Akram ben Hamed ben Taher BOUAOUINA

 

42. Ghazoua bent Hamed ben Taher BOUAOUINA

 

43. Imed ben Habib ben Bou-Ali LETAÏEF

 

44. Naoufel ben Habib ben Bou-Ali LETAÏEF

 

45. Montassar ben Habib ben Bou-Ali LETAÏEF

 

46. Mehdi Ben Tijani Hadj Hamada Ben Hadj Hassen Ben Ali

 

47. Slim ben Tijani ben Hadj Hamda BEN ALI

 

48. Sofiane ben Habib ben Hadj Hamda BEN ALI

Source: ”Le Temps” Le 08-02-2011

Mémoire du temps présent


 

M. Dick Cheney : «Shut up»!

Par Khaled GUEZMIR

M. Dick Cheney ancien vice-président des Etats-Unis d’Amérique sous l’ère Bush junior, a encore une fois raté l’occasion de se taire ! Il vient de faire une déclaration fracassante d’appui à l’ami « indispensable » selon lui de l’Amérique : M. Hosni Moubarak président égyptien, au moment où le peuple par dizaines de millions exigent son départ !

Pour ceux qui ne connaissent pas M. Dick Cheney rappelons un peu pour l’Histoire quelques-uns de ses titres de « noblesse » et de ses faits « glorieux » (sic) !

Pur produit de la doctrine Kissinger, inspirée de Spartes plutôt que d’Athènes pour imposer la suprématie américaine sur le monde par la ruse, la diffusion des conflits internes et l’usage nécessaire de la force militaire excessive pour consacrer cette hégémonie, Dick Cheney était avec Donald Rumsfeld l’ennemi juré de l’Union soviétique et de la Russie, du temps de Gérald Ford. Parmi ces positions tristement célèbres celle d’avoir voté contre l’imposition de sanctions conter l’Afrique du Sud sous le régime de l’Apartheid et d’avoir qualifié le grand militant pour la liberté Nelson Mandela de « terroriste »  et l’Anc « d’organisation terroriste » ! Inutile de rappeler son rôle déterminant dans les deux guerres d’Iraq avec les Bush père et fils, et ses tromperies au sujet des fameuses armes de destruction massives y compris la bombe atomique que possèderait (sic) Saddam Hussein. D’où la nécessité de l’éliminer physiquement ce qui fut fait par un jour d’aïd mémorable !

Quant à son implication dans les « Affaires » pétrolières et autres avec « sa » compagnie Halliburton, il faut juste citer un des contrats juteux attribué à une de ses filiales en mars 2003 d’un montant de 7 milliards de dollars avec son approbation personnelle et celle de son cabinet… Excusez du peu car notre « ami » peut constituer à lui seul une aile de la fédérale réserve américaine !

Nous laissons de côté son appartenance au courant extrémiste « Think tank » néo conservateur bien connu, et dont le but est tout simplement de promouvoir le leadership global des Etats-Unis sur le monde au 21ème siècle (Project for new americain century) car à la limite « dominer le monde » fait partie de la « légitimité » internationale et de la culture politique de la classe dirigeante américaine !

Dick Cheney et ses semblables ne veulent même pas reconnaître leurs erreurs et forfaits et admettre le gâchis énorme qu’ils ont fait subir au monde, mais aussi à l’Amérique elle-même !

M. Barak Obama aurait été bien plus heureux de trouver, à son élection, l’Amérique en meilleur état, du fait de la mauvaise gestion de Dick Cheney and co ! Un pays pratiquement décimé est à terre dans ses finances avec une dette hallucinante et un déficit budgétaire jamais atteint !

Une image de marque totalement laminée et atteinte parce que l’Amérique du temps de Cheney était le premier destructeur des droits de l’homme et de la liberté dans le monde, contrairement à ses valeurs historiques et constitutionnelles !

Pour ce qui nous concerne dans le monde arabo-musulman, Dick Cheney a été l’ami n°1 de toutes les dictatures et de tous les despotismes totalitaires et l’ennemi n°1 des aspirations populaires et des élites pour la liberté l’égalité et la dignité qui sont des valeurs universelles, mais aussi essentiellement américaines !!!

Maintenant que M. Obama et Mme Clinton ont compris que l’Amérique doit retrouver son âme et défendre à nouveau ses valeurs inscrites dans sa propre constitution de 1776, y a-t-il un vrai sage et patriote américain pour dire à Dick Cheney « Please Shup up » (fermez la… votre grande gueule !).

C’est déjà bien que les morts par millions d’arabes et de musulmans, victimes de votre politique en Iraq, en Afghanistan, au Pakistan et en Palestine, ne vous traduisent pas devant la cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité !

M. Cheney les arabes et les musulmans sont aussi des êtres humains qui ont le droit à la liberté et à la démocratie malgré vous et surtout sans vous ! O.K. !

Vos idées rétrogrades, gardez les pour votre pays : l’Amérique ! Les musulmans et les Arabes eux, vous ont évacué à jamais de leur présent et de leur avenir !

Source : « Le Temps » Le 08-02-2011

                                                                      Maroc : un mouvement islamiste appelle à “un changement démocratique urgent”


 

Le mouvement islamiste marocain Justice et Bienfaisance, interdit mais toléré par les autorités marocaines, a appelé lundi à un “changement démocratique urgent” et à “l’établissement de mécanismes mettant fin à l’autocratie”

Dans un texte publié sur son site Internet, il “salue les manifestations en Tunisie et en Egypte” et appelle “à un changement fondamental démocratique urgent (…) afin d’instaurer une véritable séparation des pouvoirs”. Il réclame aussi “l’abrogation” de l’actuelle Constitution.

Justice et Bienfaisance, qui se “définit comme un mouvement pacifique à référence islamique”, est l’un des mouvements islamistes les plus importants du Maroc. Il est dirigé par le cheikh Abdessalam Yassine, 83 ans, un ancien inspecteur de l’enseignement influencé par le soufisme. “Pour les autorités, [ses membres] seraient entre 30 000 et 40 000. Mais les responsables du mouvement islamiste estiment que celui-ci compte près de 200 000 adhérents”, a déclaré le politologue Mohamed Darif, spécialiste de l’islamisme marocain. “Mais la principale force de Justice et Bienfaisance est son organisation et sa capacité de mobiliser”, ajoute-t-il.

EN FINIR AVEC LA “BENALISATION”

“Des millions de Marocains souffrent de la pauvreté et du manque. Il est injuste que la richesse du pays soit accaparée par une minorité”, souligne le mouvement sur son site Internet. “Nous demandons aux autorités de mettre un terme à la ‘benalisation’ [du nom de l’ex-président tunisienBen Ali]que connaît le Maroc et de crédibiliser les institutions constitutionnelles”, précise encore Justice et Bienfaisance.

Jeudi dernier à Rabat, le ministre de la communication, Khalid Naciri, a assuré à la presse que le Maroc “s’est engagé depuis longtemps dans un processus irréversible de démocratie et d’ouverture de l’espace des libertés”.“Les citoyens peuvent s’exprimer librement (…), tant que cela se déroule dans le plein respect des intérêts vitaux”. Il s’exprimait ainsi après des appels, diffusés sur le Web, à une manifestation pacifique le 20 février, en faveur d’une “large réforme politique”.

Le Maroc doit veiller à ce que les bénéfices du développement économique “soient partagés par tout le peuple marocain”, a estimé lundi le commissaire européen à l’élargissement, Stefan Füle, en évoquant les “leçons” des événements de Tunisie et d’Egypte. M. Füle a souhaité que les autorités marocaines “avancent davantage” sur la voie des réformes qu’elles ont engagées. Il a notamment cité les domaines “de l’éradication de la pauvreté, du développement social (…), des réformes démocratiques, de la liberté d’expression et de la réforme de la justice”, lors d’un point de presse commun avec le chef de la diplomatie marocaine.

Source : « Le Monde.fr » Le 08-02-2011

                                                                                                           Change in Tunisia ‘must be swift’


 

Foreign Secretary William Hague used a visit to Tunisia to declare that change in the country where protests sparked flare-ups across the region must be “swift, comprehensive and irreversible”.

He made his comments after talks with interim Prime Minister Mohamed Ghannouchi and International Co-operation Minister Mohammed Jouini.

The Foreign Secretary is on the first leg of a three-day visit taking in five countries in north Africa and the Middle East.

His trip comes at a time of continuing street demonstrations challenging the position of President Hosni Mubarak in Egypt – though Downing Street made clear Mr Hague would not be visiting the strife-torn country.

Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali fled his country on January 15 after violent street protests.

Before flying on to Jordan for talks on the Middle East peace process, Mr Hague said: “It is a time of great opportunity for the Middle East. The courage, dignity and sacrifice of ordinary people in Tunisia in pursuit of universal freedoms that we take for granted has been inspiring.

“Freedom of assembly, the rule of law, freedom of speech and free and fair elections – these are inalienable rights that are the building blocks of free and open societies.

“The UK stands ready to support those across the region who aspire to greater economic development and more open political systems. A remarkable transition is under way in Tunisia. The government has made encouraging progress in responding to the aspirations of its people.

“It must now ensure that change is swift, comprehensive and irreversible. As the Tunisian people look to build a brighter future, they will find the UK a steady and committed friend.”

Mr Hague also confirmed Tunisia would qualify for a share of £5 million Foreign Office funding to support reform projects across the Middle East to promote access to justice, freedom of expression, democratic institutions and civil society.

Source: “The Press association” Le 08-09-2011

En Egypte, rien n’est joué


La chaîne satellitaire Al-Arabiyya, concurrente d’Al-Jazira et proche de l’Arabie saoudite, publie une étonnante nouvelle : l’ancien ministre de l’intérieur, l’homme responsable depuis des années de la répression, des arrestations et de la torture en Egypte, Habib Al-Adly, est soupçonné d’être derrièrel’attentat contre l’Eglise à Alexandrie le 31 décembre dernier (« Probe starts on Adly’s reported role in Alex church attrack. Ex-minister suspected behind Alex church bombing », 7 février).

« Selon des sources diplomatiques britanniques, l’ancien ministre de l’intérieur a établi depuis six ans une organisation dirigée par 22 officiers qui employait d’anciens islamistes radicaux, des trafiquants de drogue et des sociétés de sécurité pour mener des actes de sabotage à travers le pays au cas où le régime serait en difficulté. »

Il faut ajouter, concernant les coptes, que le pouvoir voulait attiser les divisions entre musulmans et chrétiens pour pouvoir se présenter comme le garant de la stabilité. D’ailleurs, depuis le début des événements, et alors que la police a disparu des rues, aucun attentat contre un lieu de culte chrétien n’a eu lieu. Dans de nombreux cas, des prêtres et des imams ont prêché ensemble et des jeunes ont assuré la sécurité.

Pendant ce temps, s’est tenue dimanche une rencontre entre le vice-présidentOmar Suleiman, l’homme des services secrets, avec l’opposition (y compris, et cela est historique, avec les Frères musulmans). Elle vise avant tout, pour le pouvoir, à diviser l’opposition et à éluder la demande centrale des manifestants, le départ immédiat du président Moubarak.

Certes, Moubarak a choisi un vice-président et annoncé qu’il ne se représenterait pas en septembre à l’élection présidentielle ; un nouveau gouvernement a été nommé et certains des éléments les plus compromis et les plus corrompus (comme l’ancien ministre de l’intérieur) ont été arrêtés ; les dirigeants du Parti national démocratique, le parti presque unique, ont démissionné et ont été remplacés. Et on sent des craquements dans le système, qui se reflètent jusque dans la presse officielle, comme Al-Ahram (ainsi, la Une du journal, jusque-là réservée aux activités du président,titre le 8 février sur le fait que les organisations qui ont commencé à manifester le 25 janvier tentent de créer un rassemblement politique).

La libération de Wael Ghonim, chef du marketing de Google au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et l’un des instigateurs de la manifestation du 25 janvier, confirme les atermoiements du pouvoir (Issandr El Amrani, « Wael Ghonim relaunches the revolution », The Arabist, 8 février).

Mais, pour l’essentiel, s’il est ébranlé, le régime policier reste en place. La disparition des forces policières ne doit pas faire illusion. Le témoignage d’un journaliste du New York Times sur son arrestation et sur ce qu’il a vu dans des prisons secrètes (des centaines de prisonniers politiques, des gens battus et torturés, etc.) le prouve (Souad Mekhennet et Nicholas Kulish, « 2 Detained Reporters Saw Police’s Methods », 6 février).

En deuxième lieu, l’armée. Son haut-commandement est profondément lié à Moubarak, lui-même un militaire (le pouvoir, depuis 1952, est contrôlé par l’armée). Elle est aussi, ne l’oublions pas, une force économique, dirigeant non seulement l’industrie militaire, mais aussi des industries civiles. Elle assure à une partie de ses membres, notamment aux officiers supérieurs, des revenus substantiels. Elle a refusé de participer à la répression, mais elle n’est pas du côté des manifestants. Elle cherche aujourd’hui, comme Moubarak, à mettre un terme au mouvement et à assurer une transition « tranquille » qui équivaut à maintenir le même régime sans Moubarak. L’armée est sans doute divisée (et elle rechigne aussi à intervenir pour ne pas se diviser davantage), elle n’est pas à l’abri des courants qui irriguent la société égyptienne, mais pour l’instant, elle a réussi à maintenir son unité et vise la stabilité.

Dans cette situation ouverte, alors que la victoire des forces démocratiques n’est pas assurée, loin de là, nombre d’intellectuels et de politiques français et étrangers s’inquiètent des menaces qui pèseraient sur l’avenir de l’Egypte et pas sur le maintien de la dictature (lire Pascal Boniface, « Adler, BHL et Finkielkraut anxieux face à la perspective d’une Egypte démocratique », 7 février) ! Pour ceux-là, qui ont rarement protesté contre la répression en Egypte ou en Tunisie (des milliers de personnes arrêtées, torturées, condamnées), qui sont bien silencieux sur le Maroc, le danger ne vient pas du maintien du régime, mais des Frères musulmans.

Cette manière de décider pour les autres peuples est caractéristique d’une vision coloniale, d’une vision de grande puissance. Personne ne s’étonne que le président Obama affirme qu’il faut que Moubarak s’en aille, qu’il s’en aille maintenant (« now ! »). Personne ne s’étonne que, après avoir soutenu pendant des décennies le dictateur, les pays occidentaux expliquent qu’il est temps de changer. Il est d’ailleurs paradoxal que Moubarak utilise ces ingérences pour présenter l’opposition comme pro-américaine, voire pro-israélienne.

Tentons une comparaison osée. Imaginons que lors de l’élection présidentielle américaine de 2000, durant laquelle le résultat a été incertain et la ratification de la victoire de George W. Bush problématique, un dirigeant chinois, russe, ou égyptien, se soit rendu aux Etats-Unis pour expliquer au Sénat ce qu’il fallait faire…

En attendant, les manifestations ont repris en Egypte et l’opposition espère regrouper encore une fois un million de personnes. Avec toujours la même revendication : le départ immédiat de Moubarak…

Source : « Le Monde diplomatique » Le 08-02-2011

Lien :http://blog.mondediplo.net/2011-02-08-En-Egypte-rien-n-est-joue


 

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