7 septembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3029 du 07.09.2008

 archives : www.tunisnews.net  


« Liberté et Equité »:communiqué

Maghreb Confidentiel: Les boucs émissaires de Ben Ali

VOA News: Top US Diplomat Presses for Democratic Reform in Tunisia

Reuters: Rice seeks closer Maghreb counter-terror links

AFP: Rice meets Kadhafi on historic Libya visit

Sami Ben Abdallah :Nejib Chebbi, Bilmakchouf et  facebook Le Parisien: « Aujourd’hui, le phénomène se retrouve en Tunisie ou en Grèce » Courrier international: Le ramadan, un temps mort avant la déflagration


Sauvez la vie de l’ex-détenu politique : l’ingénieur El Boukadi Ridha

« Liberté et Equité »

Association indépendante des Droits de l’homme 33 Rue Mokhtar Attia Tel-Fax : 71.340.860 Email :liberte.equite@gmail.com Tunis le 01/09/2008 correspondant au 01 du mois de ramadan 1429 communiqué  

 
 
 
Tout le long de cette saison estivale qui a été le théâtre d’ une vaste campagne d’arrestations et de procès – montés de toutes pièces – intentés contre plusieurs militants dans les domaines social, politique et droits de l’homme d’une part et des grèves de la faim sur le tas parmi les détenus politiques et les mis en liberté d’autre part ; la censure quasi-permanente du réseau Internet , le harcèlement des jeunes dévots et leurs condamnations sous le couvert de la ‘’loi anti-terroriste’’, loi anticonstitutionnelle par excellence ! Dans cette atmosphère étouffante des droits et libertés, le rythme des harcèlements policiers s’accentue contre les militants des droits de l’homme voire en particulier contre les membres du bureau exécutif de l’Association ‘’Liberté et Equité ‘’ pour étouffer leur voix, paralyser leur mouvement et finir par liquider l’activité de l’Association au rôle prépondérant dans la défense des libertés et droits de l’homme ainsi que la dénonciation des violations et abus de toutes sortes. Pour ces raisons combien arbitraires , le siège de l’Association sis au 33 Rue Mokhtar Attia-Tunis  est assiégé en permanence par un imposant dispositif policier appartenant à la police politique qui s’emploie sans répit du matin au soir à bloquer l’entrée de l’immeuble y empêchant en conséquence l’accès aussi bien aux membres de bureau exécutif de l’Association qu’aux citoyens qui désirent prendre contact avec celle-ci afin d’en informer les membres des divers injustices qu’ils subissent, tout comme aux clients des avocats qui ont leurs, Etudes dans l’immeuble. S’y ajoute à ce calvaire le sabotage cynique du réseau Internet au sein du siège de l’Association ainsi qu’aux domiciles des membres  de son bureau exécutif  et assorti d’une ‘’écoute-surveillance’’ impudique et illégale permanente des lignes téléphoniques doublée à la fois d’un contrôle policier serré et d’un harcèlement par le moyen des voitures de policier en civil , et des mobylettes, allant jusqu’à l’installation d’un siège permanent autour de leurs domiciles exerçant ‘’un terrorisme’’ direct contre les membres de l’Association pour les empêcher de se réunir et cela, même  contre les membres de leur famille , et tout le voisinage pour assurer leur isolement ! Lequel terrorisme s’étend à leurs convives qui se voient essuyer l’humiliation de l’interpellation effrontée et un contrôle hargneux de leur identité ! Ces pratiques arbitraires et oppressives ne s’arrêtent pas là. La violence verbale et la violence matérielle en corollaire sont le lot quasi quotidien de certains membres de l’Association ! Sur ce : l’Association ‘’Liberté et Equité’’ -En tenant à informer l’opinion publique nationale  et internationale de ses évolutions dangereuses : -Condamne, en conséquence, avec force cette pratique illégale, anti- civilisation- nelle et inhumaine à l’ endroit des membres d’une Association nationale et indépendante des droits de l’homme exerçant ses activités, au quand jour, dans un cadre strictement légal, et sans faillir à ses principes et responsabilités en matière de défense des Libertés et Droits de l’Homme ! -Invoque tous les hommes épris de liberté en Tunisie et de part le monde  à savoir : Personnalités, Organisations et Associations ainsi que la Presse libre à témoigner leur solidarité active et à soutenir notre Droit en même temps que toutes les autres associations des droits de l’homme en Tunisie à la liberté d’expression et d’activité pour contribuer à la lutte contre les violations et les abus de toutes sortes,  la diffusion et le rayonnement des valeurs de la Liberté et de la Justice dans notre pays ! -Atteste encore une fois que l’état de siège ne l’empêchera ni à poursuivre sa démarche militante ni à accomplir sa mission nationale, civilisationnelle et humanitaire qui consiste en la défense de la Liberté pour tous sans exception et la garantie de l’équité pour les victimes des injustices sans exclusion d’une façon normative, objective et responsable au service des intérêts de la Nation et des citoyens qu’elles que soient les sacrifices ! -Revendique enfin que les autorités mettent un terme à ces pratiques anti – constitutionnelles, illégales et contraire à ses engagements internationaux en faveur de la protection des militants des Droits de l’Homme : Personnalités et Associations en engageant avec tous un dialogue en vue de l’amélioration de l’état des libertés et droit de l’homme ! Pour le bureau exécutif  de l’Association Le Président Maitre Mohamed Ennouri


MAGHREB CONFIDENTIEL N° 845 du 4 septembre 2008 Tunis

Les boucs émissaires de Ben Ali

 

En piste pour un nouveau mandat, le président tunisien Ben Ali cherche à se démarquer des échecs du gouvernement. Le remaniement du 29 août vient donc sanctionner un certain nombre de ministres aux résultats jugés insuffisants. Ainsi, celui de l’éducation nationale, Sadok Korbi, dont le mandat a été marqué par un conflit chronique avec les syndicats, est remplacé par Hatem Ben Salem. Ce dernier était jusqu’ici secrétaire d’Etat au ministère des affaires étrangères, tout comme Abderraouf El Basti qui a été nommé à la culture. La ministre de l’équipement, Samira Khayache, paye sa gestion des inondations meurtrières de l’an passé : elle est remplacée par Slaheddine Malouche. Le ministre des sports, Abdallah Kaâbi, qui n’a pu offrir aux Tunisiens qu’une seule médaille olympique, laisse sa place à Samir Laabidi. Le titulaire du portefeuille de l’agriculture, Mohamed Habib Haddad, est remplacé par Abdessalem Mansour. Enfin, le ministre de l’emploi Chédli Laroussi n’a pas résisté au fort taux de chômage des jeunes diplômés : Slim Tlatli lui succède.

Top US Diplomat Presses for Democratic Reform in Tunisia

By VOA News 06 September 2008 U.S. Secretary of State Condoleezza Rice has pressed for democratic reform in Tunisia, as she met Saturday with Tunisian’s president in the latest stop on her North Africa tour. Rice says she also spoke with Tunisian President Zine El Abidine Ben Ali in the capital, Tunis, about security and counter-terrorism efforts and internal Tunisian issues. Rice traveled to Tunis from Libya, where she became the first U.S. secretary of state to step on Libyan soil in 55 years. After meeting Friday with Libyan leader Moammar Gadhafi in the capital, Tripoli, Rice said U.S.-Libyan relations are ‘off to a good start.’ Rice also said the two sides discussed cooperation on trade, culture and education. Libya is a major oil exporter. Libyan Foreign Minister Mohammed Abdel-Rahman Shalgam said the two parties also talked about counter-terrorism and the situations in Iraq and Sudan’s troubled Darfur region. Rice said her visit to Libya shows Washington does not have permanent enemies but noted the U.S. and Libya still have a long way to go to advance their relations. The U.S. and Libya broke off relations in the 1970s. U.S. warplanes bombed Mr. Gadhafi’s compound in 1986 in retaliation for what it said was Libya’s involvement in a terrorist attack on Americans. Relations began to improve in 2003 when Libya accepted responsibility for acts of terrorism and agreed to end its weapons of mass destruction program. Rice’s North Africa tour also takes her to Algeria and Morocco. Some information for this report was provided by AFP and AP.
 
(Source: ‘VOICE OF AMERICA’ le 7 septembre 2008)


Rice seeks closer Maghreb counter-terror links

Sat Sep 6, 2008 6:52pm EDT By Sue Pleming RABAT (Reuters) – Secretary of State Condoleezza Rice pushed for closer north African counter-terrorism cooperation on Saturday on a tour of an oil-rich region hit by attacks blamed on al Qaeda. Rice, who arrived in staunch U.S. ally Morocco late on Saturday after visiting Algeria and Tunisia and holding a historic meeting with Libyan leader Muammar Gaddafi in Tripoli, told reporters in Algiers she had been saddened by attacks in Algeria that killed scores of people. ‘The cooperation here is good,’ she said after talks with Algerian President Abdelaziz Bouteflika, adding the two countries had affirmed their ‘strong ties’ in the discussions. ‘But there is always more that you can do to tighten sharing of information, to make sure you have all the right channels to give technical support in terms of the terrorism threat,’ she said, referring to north African states generally. ‘It is not a secret that it is a problem that has really been very salient in the Maghreb.’ An estimated 125 people were killed in an upsurge of political violence in Algeria in August in attacks by al Qaeda’s north Africa wing and clashes between the army and militants. The periodic violence worries many in the region because the country on the southern shores of the Mediterranean is a major energy exporter to Europe and its 34 million people are still searching for stability after years of political strife. An Islamist revolt began in 1992 in Algeria after the then military-backed authorities, fearing an Iran-style revolution, scrapped an election an Islamist party was set to win. More than 150,000 people have been killed in the ensuing violence. Rice said she also discussed security with President Zine al-Abidine Ben Ali on a visit to Tunisia earlier in the day. Arriving in Rabat, she was greeted by Morocco’s Foreign Minister Taieb Fassi Fihri and the two were due to meet on Sunday for talks, state news agency MAP reported. POLITICAL REFORM Security concerns focus on oil- and gas-exporting Algeria, although pro-Western Morocco and Tunisia have also been hit by attacks by al Qaeda-aligned militants in recent years. Rice said she had raised the question of Algerians held at the Guantanamo detention camp with Bouteflika and added the two countries had a good working relationship on the question. ‘It is important to have both security assurances and human rights protection and we feel we have done well with Algeria on both,’ she said, reiterating the U.S. aim to close the centre. Human Rights Watch this week urged Rice to press Algeria to ensure the well-being and status of Guantanamo detainees returned to Algeria. The group says four have returned to Algeria in the past two months while 21 remain in the camp. Algerian officials have said any return of Algerians could only happen ‘without any condition or constraint’. U.S. officials say some governments will not take custody of their citizens held at Guantanamo, others will not treat their citizens humanely and still others are not willing to provide security guarantees Washington believes are necessary. Hundreds of Algerian Islamist fighters joined the Afghan opposition to Soviet occupation in the 1980s and became involved with what is now al Qaeda in the 1990s. Rice also said she had pushed for deeper political reform and free elections on her visit to Tunisia, long accused by critics of rights abuses and stifling press freedom. On Friday Rice made the first trip by a U.S. secretary of state to Libya in 55 years, a move intended to end decades of enmity following the signing of a compensation package to cover legal claims involving victims of U.S. and Libyan bombings. (Writing by William Maclean; Editing by Alison Williams)

Rice meets Kadhafi on historic Libya visit

 

TRIPOLI (AFP) — US Secretary of State Condoleezza Rice arrived in Tunis early Saturday to pursue a North Africa tour after a landmark meeting in Libya with its leader Moamer Kadhafi. The United States has key military ties with Tunisia and is also seeking to conclude a free trade accord with the Maghreb nation. Rice arrived in Tunis from Tripoli where she was the first US secretary of state to visit for 55 years and held a meeting with Kadhafi to seal a US-Libya rapprochement. Rice said Saturday that the United States and Libya had decided ‘to move forward in a positive way’ and deal ‘as well as we can with issues of the past.’ Kadhafi and Rice exchanged gifts — he gave her a lute instrument and she presented a shield with the department’s coat of arms. But the tensions have not completely disappeared. Libyan Foreign Minister Abdelrahman Mohammed Shalgam said his country does not need ‘pressure’ or ‘lectures’ on human rights, one of the issues raised by Rice in talks. Rice declared however: ‘After many, many years it is a good thing that the US and Libya found a way forward.’ She praised some ‘strategic choices’ made by Libya. ‘This is a good time for a constructive relationship between the US and Libya to emerge,’ Rice said. Shalgam said the world has changed and Rice’s groundbreaking visit to Libya was proof of the new mood. ‘The time of confrontation is over. There may still be differences of opinion but this will not endanger the relationship.’ Rice earlier described her brief visit as ‘historic’. ‘That is not to say that everything has by any means been settled between the United States and Libya. There is a long way to go,’ she told reporters travelling with her. ‘But I do believe that it has demonstrated that the United States doesn’t have permanent enemies. It demonstrates that when countries are prepared to make strategic changes in direction the United States is prepared to respond.’ Diplomats said Rice wanted Iran and North Korea to know that they could benefit from rapprochement with the West, highlighting Libya’s commitment to abandon nuclear, biological and chemical weapons programmes. Rice met Kadhafi — once described by President Ronald Reagan as a ‘mad dog’ — at his Tripoli residence, Bab al Azizia, which was hit in US bombing raids ordered by Reagan in 1986. After talks they shared an Iftar meal which breaks the fast during the Muslim holy fasting month of Ramadan. Rice’s visit comes less than a month after the two governments reached an agreement on a plan to compensate US victims of Libyan attacks and Libyan victims of US reprisals. Both sides acknowledged they have differences and Rice said she had raised with Kadhafi the issue of human rights, including the case of jailed dissident Fathi al-Jahmi, 66. ‘It is important to have dialogue, including on issues of human rights,’ she said at the news conference. ‘As this relationship goes forward and deepens it will continue to be important for us to have transparency and to talk about these issues in a respectful way.’ Shalgam, however, clearly angry at the question raised at the news conference, said Jahmi was receiving medical treatment at a private clinic. ‘We care about our own people,’ he said. ‘We do need not anybody to come put pressure on us or give us lectures.’ US-Libya ties were suspended in 1981 when Washington put Kadhafi’s regime on its list of state sponsors of terrorism. It was forced even further into isolation after the bombing of a US airliner over Lockerbie, Scotland, in 1988. The White House said Rice’s visit marked a ‘new chapter’ and that cooperation could expand in education and culture, commerce, science and technology, and security and human rights. The last US secretary of state to visit was John Foster Dulles in 1953, who met King Idris — the ruler ousted in a bloodless military coup led in 1969 by Kadhafi. Last year, Kadhafi proclaimed his love for ‘Leezza,’ telling Al-Jazeera television: ‘I support my darling black African woman. I admire and am very proud of the way she leans back and gives orders to the Arab leaders.’ Kadhafi’s December 2003 announcement that he was giving up weapons programmes followed secret talks with the United States and Britain. Rice moved on to Tunisia, a strong US military ally with whom it is trying to negotiate a free trade deal. She will go from there to Algeria and Morocco.

 

Bloc-notes de Sami Ben Abdallah : Nejib Chebbi, Bilmakchouf et  facebook

Chaque lundi- le bloc-notes de Sami Ben Abdallah sur www.samibenabdallah.com L’ANCIEN ET LE NOUVEAU NEJIB CHEBBI. Il y a  une semaine, Nejib Chebbi était à Paris pour participer à une émission à Aljazeera. Candidat aux présidentielles de 2009, son emploi du temps était chargé. J’ai eu «la chance » de le voir deux fois après une période de deux ans où ni lui ni moi n’étions enthousiastes pour  nous voir. A Paris, j’ai vu un «nouveau » Nejib Chebbi. Il m’a paru assez lucide quant  au supposé poids de ses soutiens politiques. Il était partagé entre l’optimisme et le pessimisme en faisant le bilan de la situation politique en Tunisie . Il était triste pour ce qui est arrivé à Tarek Dhiab, la censure de facebook, celle de pdpinfo.org, le site du PDP (Parti Démocratique Progressiste, légal) et pleins d’autres sites. Néanmoins, j’ai vu  un Nejib Chebbi presque « dopé », en très bonne santé politique, un Nejib Chebbi déterminé à mener son combat  pour les présidentielles de 2009 . « L’ancien » Nejib Chebbi ne me plaisait pas. Je lui en ai voulu pour la gestion catastrophique de l’après « Mouvement 18 octobre 2005 ». Au lendemain de la médiatique grève de la faim qui a donné naissance au Comité du 18 octobre, il était parti avec les grévistes  à l’étranger remercier ses soutiens internationaux, au lieu de partir  dans les villes tunisiennes remercier ceux qui ont fait le déplacement à Tunis pour les soutenir. J’ai trouvé que le comité du 18 octobre, avec la composition annoncée, était du bidon et n’irait pas loin. L’esprit rassembleur qui a animé la grève a été trahi au profit d’une logique de copinage. Le mouvement était devenu une sorte de gâteau à partager entre les copains et les copines. Il s’agit des mêmes qui depuis 30 ans squattent la scène politique oppositionnelle et enregistraient échec après échec. Et je trouvais enfin, que le poids d’Ennahdha (le parti islamiste)  était très  surestimé dans toutes les analyses faites.  S’il y avait des vraies élections en Tunisie, Ennahdha ne dépasserait pas les 10%, car l’Islam c’est une chose, l’Islam politique c’en est une autre et Ennahdha c’est une troisième chose.  D’un coup, je voyais en Nejib Chebbi une facette que j’ai jamais supporté chez lui, celle d’un «homme du  microcosme ». Le nouveau Nejib Chebbi que j’ai vu à Paris après deux ans m’a paru assez diffèrent de l’ancien. Certes, il y a quelque chose en Néjib Chebbi qui ne changera pas et c’est tant mieux. Il est courtois, très cultivé, trilingue, assez sympathique, bon communicant (bon vivant aussi ) et rusé comme un renard. Il n’est pas de ceux qui vous regardent d‘en haut  croyant avoir inventé la politique, la dissidence,  les droits de l’homme ou même la liberté d’expression. Avec lui, il faut oser, car, il y a du « Chirac » dans Nejib Chebbi. Quand il approuve tout ce que vous dites sans broncher, c’est qu’il ne partage rien de tout ce qu’il entend. Il y a aussi du Mitterrand en lui, Rocard disait de ce dernier «méfie-toi de Mitterrand, c’est quand il te sourit qu’il a le poignard le plus près de ton dos. » Pourquoi a-t-il changé ? Car l’ancien convainquait par la séduction qu’il opère sur son interlocuteur et par sa grande capacité de rhétorique, mais on ne sentait pas de sincérité. Il était indécis et hésitant.  Le nouveau Nejib Chebbi dit les choses plus simplement, il n’est plus hésitant, il n’est plus indécis, il dit les choses avec plus de conviction, il est –comme Juppé- «droit dans ses bottes ». Cela se sent car  il dégage une sorte de courant. Il est devenu plus «humain ».  Cécilia Sarkozy disait  que son ex mari avait changé grâce à elle, car il est devenu plus «humain ». Oui car  la politique est une grande souffrance. Nejib Chebbi a longuement souffert de la prison, de l’exil, de ses propres erreurs et  de ses faux calculs. Depuis qu’il a pris ses distances avec le pouvoir, il se sait «exposé à tout » et il dit qu’il est «prêt à tout ». Dans toutes ces étapes difficiles qu’il a traversé, il a pu compter sur une femme- Safia Mestiri- une ancienne journaliste, une militante des droits de l’homme, une mère et une femme d’une grande valeur humaine . L’ancien Nejib Chebbi m’inspirait cette image du «petit bourgeois intello, incapable de comprendre les vrais problèmes du peuple. Au niveau des relations humaines, l’amitié n’était pas son point fort ». Dans le nouveau, on sent une grande humilité. Il n’est plus, comme ses  hommes du pouvoir, opposants, militants des droits de l’homme, retranchés dans leur tour d’ivoire. Ceux-là, passent leur temps à discourir sur le peuple sans jamais le connaître. Ils le regardent d’en haut, avec mépris, ils le  considèrent comme un mineur qui ne peut pas réfléchir de lui-même, ils pensent qu’il est incapable de deviner ses problèmes …. Des 11 millions de Tunisiens et de Tunisiennes, ils ne voyaient, ils ne voient et ils ne verront  que leur seule personne, si unique, si exceptionnelle si prophétique. Quand ils se regardent dans un miroir, une lumière jaillit et un cri retentit : « les droits de l’homme, c’est toi, la liberté d’expression, c’est toi, l’opposition, c’est toi, l’islam c’est toi, c’est toi qui a tout inventé. Tout a commencé avec toi ». Le nouveau Nejib Chebbi  comprend aussi bien la Tunisie d’en-haut et la Tunisie d’en-bas. Le peuple ? Il n’a plus peur de lui, il va vers lui, il ne le fuit plus. Il comprend ses espérances, ses peurs, ses angoisses et ses souffrances. La peur  de la chute du pouvoir d‘achat, la peur de la cherté de la vie, la peur de la montée du sentiment d’insécurité, la peur du chômage endémique,  la peur du désespoir des jeunes, la peur de l’avenir…la peur tout court. Il est candidat aux présidentielles de 2009 sans être candidat. La nième réforme de la Constitution  lui a dénié le droit de se présenter aux présidentielles.  En 2004, il a été aussi écarté de la course à la magistrature suprême. A la veille du scrutin, il s’est contenté de publier un communiqué dénonçant cette injustice. Que pouvait-il faire de plus ? Il y a quelque chose d’un peu magique dans le nouveau Nejib Chebbi …pourvu qu’il continue.  Il dit qu’il  ne se contentera pas d’un communiqué cette fois-ci, il promet de ne pas faire une sortie à la Ahmed Mestiri,  il ne sait pas ce que l’avenir lui réserve mais répète avec force qu’il est « prêt à tout ». Au fond de lui, il a fait ce saut dans l’inconnu après tant d’hésitations. A 64 ans aujourd’hui, il sait qu’il lui reste 10 ans d’espérance de vie politique. Il devra jouer le tout pour le tout. Ses adversaires lui reprochent son pragmatisme qui l’a fait passer de l’extrême gauche, à ses débuts, à un homme qui se classe aujourd’hui entre le centre de la gauche et le centre de la droite acceptant même d’intégrer dans son parti des islamistes modérés. Il est clair qu’il a une grande capacité d’apprentissage et d’adaptation. Quand on sait qu’il n’a pas hésité à  suivre des cours d’anglais à 52 ans, et qu’il sait parfaitement utiliser les nouvelles technologies… c’est tout dire. Intelligent comme il est, il devrait comprendre que l’ancien Nejib Chebbi n’a aucune chance quand le nouveau en a une… si minime soit-elle. Une chance que le pouvoir pourrait ou devrait saisir en  s’ouvrant vers lui et vers tous les autres opposants exclus.  Oui, car au Maroc, sous Hassan II, le Roi a eu l’intelligence politique de charger son ancien farouche opposant – Abderrahmene Youssfi- exilé durant plus de 25 ans, de constituer le premier gouvernement  assez démocratique du Royaume, à la grande satisfaction des Marocains et des pays amis du Maroc. En France, la Cinquième République a connu des phases de cohabitation entre Mitterrand et Chirac, Mitterrand et Balladur, et Chirac et Jospin où le président de la République avait son premier opposant comme Premier ministre. En Tunisie, on pourrait s’inspirer de pareilles expériences,  car le  régime a tout intérêt à s’ouvrir, à intégrer dans ses rangs des hommes qui sont certes des opposants, mais qui peuvent apporter de nouvelles idées, de nouvelles énergies, de nouveaux projets, et fonder ainsi de nouvelles traditions politiques dans notre pays. La première cohabitation en France s’est passée dans la douleur. Cependant, elle a été une expérience inédite qui a institué  de nouvelles traditions politiques en France. Celle vécue au Maroc entre le Roi et Youssefi a eu les mêmes conséquences. En Tunisie, le pouvoir est le premier à reconnaître la lenteur de l’évolution du processus démocratique. Oui, il y a des choses qui ont été faites, des reformes à soutenir, oui, la logique du pouvoir est soumise à des  contraintes et des  pressions souvent invisibles mais nécessaires, oui  il y a des résistances au changement mais le bilan des libertés demeure en deçà des attentes. Presque un quart de siècle  ans après le Changement de 1987, on ne peut pas dire que les Tunisiens sont encore fragiles, qu’il faut encore être patient, que nous sommes encore immatures pour la démocratie. De 1987 à 1990, il y a eu un vrai changement en Tunisie et des millions de Tunisiens sont nostalgiques à cette période. Aujourd’hui, le pays est privé de beaucoup d’énergie de personnes qui peuvent aider. A quoi bon continuer dans une voie qui ne mènerait qu’à une impasse  ? Pourquoi ne pas tourner la page et essayer d’autres voies ? BILMAKCHOUF. A Paris, Nejib Chebbi était assez écœuré du niveau assez bas des attaques personnelles dont il est victime. Il n’est pas la «seule » victime. «  Nos mœurs politiques sont au plus bas » dit-il. Et d’ajouter : « c’est une honte pour le pays ».  Cet homme qui, il y a quelques années était régulièrement invité au Palais et reçu par le président de la République est qualifié par le site Bilmakchouf, alimenté probablement par des proches de la police politique tunisienne,  ‘d’animal’. Il est vrai qu’en Tunisie, la qualité du débat politique ne fait pas honneur ni au pouvoir ni à l’opposition. D’un coté, M. Ben Ali subit des attaques regrettables portant sur des faits relevant de sa vie privée ou celle de sa famille. D’un autre coté, des sites Internet tel Bilmakchouf, se lâchent … D’autres mœurs politiques existent en France. En juin 2006, Dominique Devillepin, alors Premier ministre a dénoncé la «lâcheté » de M. François Hollande, Chef des socialistes et de l’opposition. Les Français étaient émus, et le Premier ministre n’a pas hésité de présenter ses excuses le lendemain.  En octobre 2007, le parti socialiste a tenu des propos assez durs à l’encontre du président de la République Nicolas Sarkozy, l’accusant d’être atteint du «syndrome du petit  homme qui considère que tout ce qu’il fait est plus grand que tout ce qui est jamais arrivé ». Beaucoup y ont vu une allusion à la petite taille de Nicolas Sarkozy. Oui on peut critiquer Sarkozy. Non on ne peut pas se moquer de lui à cause de sa taille. Et  la majorité des Français a désapprouvé ce vocabulaire. La politique n’est pas un jeu d’enfants et les coups bas sont inhérents au jeu politique. En France, les politiques commettent des écarts de langage, les médias les relèvent, les dénoncent, et les politiques apprennent de leurs erreurs. C’est ainsi que le débat évolue.  En Tunisie, on se demande pourquoi  ne pas s’inspirer des Français ? C’est quand même plus saint que de continuer à faire des montages pornographiques contre des dissidents, à orchestré des campagnes médiatiques les accusant d’être des «traîtres »  et de les traiter «d’animaux ».  Il est vrai que tout le monde doit jouer le jeu de part et d’autres. Voulons-nous vraiment changer ou voulons-nous continuer  à s’entre-tuer médiatiquement  avec ce vocabulaire qui ne fait honneur à aucun des Tunisiens, qu’il soit au pouvoir ou à l’opposition ? Et  à ce jeu là, personne ne peut gagner et tout le monde est condamné à perdre. FACEBOOK. Le président de la République est intervenu pour «corriger » la censure de facebook. Un geste assez courageux qui pose néanmoins nombre d’interrogations : qui a censuré facebook ? Pourquoi l’a-t-il fait ? Si le Président  n’avait pas appris cette censure, facebook serait-il  censuré encore en Tunisie ? Pourquoi d’autres sites sont censurés ? Tuniswatch, Pdpinfo, Tunisnews et pleins d’autres sites ! Qui corrigera la censure de ces sites ? Le site pdpinfo.org est un exemple de cette logique illogique de la censure.  Le pouvoir appelle quotidiennement à la liberté d’expression ! pdpinfo est le site d’un parti légal qui a un journal –Al Mawquif-  dont 10.000 exemplaires sont vendus chaque semaine en Tunisie.  Le PDP est un parti légal –reconnu par le pouvoir- son journal est légalement  distribué en Tunisie. Récapitulons ! Le pouvoir appelle quotidiennement à la liberté d’expression, mais le site du parti est censuré en Tunisie ! Allez comprendre quelque chose ! La célèbre liste Tunisnews est un autre exemple irrationnel (parmi tant d’autres) de cette censure. Beaucoup d’officiels la lisent et y participent parfois.  Il ne s’agit pas donc d’une liste subversive ou pornographique qui devrait être censurée ! D’autant plus que –rappelons-le- le pouvoir appelle quotidiennement les journalistes à ne plus s’autocensurer, à dire toutes les vérités et à s’exprimer en toute liberté. Si c’était le cas, pourquoi censurer Tunisnews ? Pourquoi les officiels la lisent ? Son « contenu donnerait une «mauvaise » image de ce qui se passe en Tunisie »  dit-on? Mais l’image n’est-elle pas la réalité ? Ce qui est publié à Tunisnews est-il la réalité de notre pays ou Tunisnews a tout inventé ? Dans notre pays, il y a du bien, du moins bien et du mauvais.  Tous les pays ont des problèmes, mais ils les exposent et essayent de trouver des solutions. En France, les journalistes évoquent la montée du racisme, la chute du pouvoir d’achat et  l’insécurité dans les banlieues. Ce n’est pas pour autant que la France ait une « mauvaise » image. La France est une démocratie,  si imparfaite soit-elle, et les Français jouissent d’une très grande liberté d’expression. C’est l’image qu’ont les Français et les étrangers de la France.  En Tunisie, on fonctionne selon une autre logique : «  on cache tout, on ne montre que les choses bien et on accuse tous ceux qui évoquent les problèmes d’être des traîtres et de salir l’image du pays ». Et pour quel résultat ? Notre pays est-il vu comme étant une «démocratie» ? Une  patrie des droits de l’homme et de la liberté d’expression ?  Absolument pas. Ils nous présentent comme étant une dictature. Sous Bourguiba nous avons fonctionné aussi selon cette logique. Des années après, les langues se sont déliées et  tout ce qui a été caché a été exposé. Faut-il alors attendre  2020 pour savoir ce qui se passe en Tunisie en 2008 ? Ou aurons nous le courage politique d’exposer  ce qui est caché aujourd’hui et d’apporter des solutions à nos  problèmes ? En avril 2001, (comme le rappelle jeuneafrique) M. Slaheddine Maaoui, alors ministre de la communication et des droits de l’homme, avait reçu un feu vert pour promettre  de «ne plus se taire »  (Le Monde, le 5 avril). Il avait promis de «libérer l’information de son carcan », afin qu’elle «cesse d’être insipide », condamnant au passage la censure sur Internet, qualifiée d’« absurde » et de « contre-productive ».  « Je veillerai personnellement à ce que les journalistes puissent faire leur travail dans le respect de la loi », a-t-il dit notamment, après avoir déploré le harcèlement dont sont l’objet les défenseurs des droits de l’homme. Le président a même déclaré aux directeurs de journaux « Ecrivez sur tous les sujets et donnez-nous des choses à lire. S’il advient que vous soyez victimes de tracasseries, demandez à me voir ou appelez-moi au téléphone ».  Ce qui était  vraiment tragi-comique, c’est que le numéro de Le Monde  qui a publié les  déclarations du ministre a été censuré en Tunisie et le ministre a «sauté » des mois après. Tout dans notre pays devient un cercle vicieux comme c’est le cas du Conseil Supérieur de la Communication, créé depuis  le 30 janvier 1989, (composé de 15 personnes, il  est chargé notamment d’examiner et de proposer toutes mesures de nature à contribuer à l’élaboration d’une politique de communication, visant essentiellement à permettre au citoyen d’accéder à une information libre et pluraliste et de participer à l’évolution de la législation dans ce domaine. Il est chargé de présenter un rapport annuel dans ce sens) 20 ans après, le Conseil Supérieur de la Communication comme tant d’autres (le Conseil Economique et Social, le Conseil Constitutionnel, le Comité Supérieur des droits de l’homme) a montré ses limites, car  comme tous les conseils créés, il a un rôle consultatif, il ne peut être saisi que par le président de la République et ses travaux sont confidentiels. Pourquoi il y a un échec? Car on a essayé à chaque fois de copier le modèle français ( le CSA et la CNIL, le Conseil Constitutionnel…etc), mais on n’a copié que la forme pas le fond. Résultat : les Tunisiens ne croient plus en les discours, car entre le discours et la réalité, il y a un fossé. Il y a des mécanismes qui permettent de corriger ce fossé, mais on refuse de les instituer. On fragilise tout  et on  perd notre temps à s’interroger après, pourquoi tout est fragile ? Non, c’est facile de dire que tout est la faute du pouvoir. L’émission sportive Belmakchouf  diffusée par HannibalTV constitue un contre-exemple. Cette émission a prouvé que quand il y a des journalistes assez courageux, un concept novateur, un patron de chaîne qui prend le risque, beaucoup de choses peuvent  changer dans notre pays. Il n’empêche, tout cela n’explique pas pourquoi pleins de sites sont censurés ni qui les censure ? sami_tunisie_soir@yahoo.fr ou tn_sba@yahoo.fr


« Aujourd’hui, le phénomène se retrouve en Tunisie ou en Grèce »

CHRISTINE SALOMON, anthropologue à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale)*

07.09.2008, 07h00
 
APRÈS avoir travaillé sur le monde des boîtes de nuit afro-antillaises à Paris, et observé que de nombreuses relations s’y nouaient entre des femmes d’un certain âge et des hommes plus jeunes, Christine Salomon est partie au Sénégal plusieurs mois pour observer le même phénomène sur la Petite Côte et dans tous les lieux touristiques. Est-il possible de dater le début du tourisme sexuel au féminin ? Christine Salomon . Les premières études nous viennent des Antilles : Haïti, Cuba, Jamaïque. C’est là que des femmes nord-américaines allaient passer des vacances au soleil dans les années 1970 et certaines avaient des aventures avec des hommes plus jeunes qu’elles. En Afrique, on trouve des témoignages qui évoquent des relations contre compensations entre des jeunes employés d’hôtel et des Occidentales plus âgées dès les années 1980. Mais le phénomène s’est vraiment développé dans les années 1990 avec l’arrivée du tourisme de masse de Français et d’Européens au Sénégal, en Gambie, au Kenya, à Zanzibar… Aujourd’hui, cela se retrouve aussi sur les plages en Tunisie, en Grèce, sur les pourtours du bassin méditerranéen et jusqu’en Indonésie. Comment peut-on l’expliquer ? D’un côté, on trouve des pays qui vivent de graves crises économiques. Les jeunes y sont souvent sans emploi stable, ils cherchent des portes de sortie. Pour eux, une relation avec une femme blanche, quel que soit son âge, représente de l’argent et peut-être un mariage et un visa. De l’autre côté, les touristes occidentales ont un pouvoir d’achat décuplé là-bas et elles ne sont pas marginalisées en raison de leur âge. Certaines ont également en tête des clichés hérités du colonialisme, selon lesquels les hommes noirs ont une réputation sexuelle flatteuse. Comme les hommes, peut-on dire que les femmes sont de vraies « touristes sexuelles » ? J’ai pu observer que le sexe est rarement le but initial d’une femme alors qu’il l’est d’avantage pour les hommes. La plupart viennent juste en vacances avec des copines pour profiter du soleil. Puis, sur place, elles se rendent compte qu’elles sont courtisées, sollicitées… alors qu’en raison de leur âge elles sont totalement dévalorisées chez nous. Elles se disent donc : pourquoi pas ? Et en échange de la jeunesse et de la virilité de leur « compagnon », elles sont prêtes à donner de l’argent, des cadeaux, peut-être une voiture ou un logement. Elles peuvent ensuite décider de revenir. D’autres femmes se rapprochent plus des « touristes sexuels », enchaînent les aventures et multiplient les amants. Mais c’est souvent lorsqu’elles ont d’abord vécu une histoire qui a mal tourné avec un jeune Africain. * Elle est l’auteur d’une étude intitulée « Echanges économico-sexuels entre jeunes hommes sénégalais et touristes européennes au Sénégal », disponible sur www.imea.fr.

 

(Source: ‘Le Parisien’ (Quotidien – France) le 7 septembre 2008)


 

MONDE MUSULMAN • 
 

Le ramadan, un temps mort avant la déflagration

 

Chômage en hausse, envolée des prix des produits alimentaires, répression accrue : dans les pays musulmans, tous les élements sont réunis pour une explosion de violence, juge une grande spécialiste israélienne du monde arabe. Nous allons bientôt voir des dirigeants du monde arabe se rendre en avion privé dans les somptueux palais de leurs homologues pour partager l »iftar’, le repas quotidien de rupture du jeûne pendant le ramadan. Le président Moubarak fera un saut en Arabie Saoudite, le roi Abdallah de Jordanie prendra le chemin des Emirats arabes unis (EAU), le président irakien se rendra dans le golfe Arabo-Persique et le dirigeant libanais ira à Dubaï. C’est là que se trouve l’argent, que la politique de haut niveau est convertie en dollars. L’homme de la rue, lui, verra les accolades sur le tapis rouge mais pas les fastueux banquets, qui ne pourront pas être photographiés. Cette année plus que jamais, la vue de tables couvertes de mets délicats et de serveurs en gants blancs risquerait de mettre le feu aux poudres dans cette région où vivent des centaines de millions d’affamés. Le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans le monde arabe a atteint dernièrement des proportions alarmantes. Le mois du ramadan intervient alors qu’un profond et dangereux fossé sépare les citoyens ordinaires de leurs dirigeants. Les statistiques font état d’une hausse vertigineuse du nombre de chômeurs mais aussi du prix du pain, du riz, des légumes, des noix et autres denrées présentes dans les repas de rupture du jeûne. En Egypte, des personnages qui ont fait fortune grâce aux relations de corruption qui unissent les milieux d’affaires et le gouvernement feront taire leur conscience en offrant de quoi manger à des dizaines de milliers de déshérités. Le jeûne du ramadan vise à purifier l’âme des péchés commis pendant l’année écoulée et permet aux fidèles de s’adresser à Allah sans passer par les dirigeants. Tout comme en Israël, les Arabes mangeront, tout en se plaignant de l’apport excessif de calories et de la corruption des politiciens. Un débat animé s’est engagé entre les muftis saoudiens et les médecins du monde arabe sur l’interdiction de boire durant le jeûne par des températures extrêmement élevées. Est-il possible de se mouiller les lèvres ? Ou faut-il mourir de déshydratation au nom de l’islam ? Les premières images du ramadan sont loin d’être encourageantes. Les mosquées sont encerclées par des forces de l’ordre en nombre accru. Un moment d’inattention, un prédicateur prononçant un mot de trop, et la foule descendra dans la rue pour régler ses comptes avec les dirigeants. Le feu couve au Pakistan, et des vagues de colère menacent l’Egypte et la Syrie. La situation n’est pas plus calme au Liban, en Jordanie, en Tunisie, en Arabie Saoudite et même aux EAU. Au lieu de purifier leur âme, les gens, affamés, n’attendent plus que l’occasion d’entrer en action. Ce n’est pas un hasard si la frontière de Rafah [entre la bande de Gaza et l’Egypte] a été ouverte pendant deux jours. Si elle n’avait pas été ouverte – et bien refermée ensuite –, la foule se serait à nouveau jetée à l’assaut des clôtures. Ce mois de souffrance interdit d’autres plaisirs : les médisances, les calomnies mais aussi les rapports charnels. Le peuple est invité à s’asseoir devant la télévision et à ingurgiter les centaines d’émissions spécialement préparées par les chaînes. Mais pourra-t-il se refréner plus longtemps ? Ce ramadan est le temps mort qui précède la déflagration, une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment. Le déclic pourrait venir de Gaza, du Hezbollah libanais, de la rue égyptienne, de cellules dormantes du Hamas jordanien, ou d’agents d’Al-Qaida. Laissez passer le jeûne et préparez-vous : l’explosion ne va pas tarder. Smadar Peri Yediot Aharonot
 
(Source: Courrier international’ le 5 septembre 2008)

 

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