Préface des « Rendez-vous à Jehenne » de Taoufik Ben Brik. Contes poétiques, édition bilingue, Dar El kaws, Beyrouth, 2007 Par Youssef Seddik, philosophe et anthropologue Quand j’ai demandé à Taoufik Ben Brik quel poète de France ou des Navarre d’Europe a-t-il aimé et le mieux fréquenté, histoire de trouver « le juste ton » pour un rendu français digeste de ce recueil écrit en arabe classique, il m’a donné en guise de réponse une première clef : « C’est Rimbaud… Arthur Rimbaud à l’instant précis où son Bateau ivre a accosté avec sa gueule de bois dans le silence d’Aden, quand l’auteur de Voyelles n’a plus rien dit. Pour moi, a-t-il ajouté, il est là son vrai poème ! » Poète, Taoufik Ben Brik ? Qui, devant une telle réponse pourra en juger ? Je m’en vais seulement ici conter ce qui fait, pour nous autres, Arabes de culture islamique, que c’est plutôt le silence du poète en effet, non le poème comme l’avait chuchoté Char, qui reste l’unique « zir », l’antique « amour réalisé » d’un « désir demeuré désir »… Et alors il faut qu’en vérité je vous le dise : par chance ou par malheur, c’est selon, pour les Arabies poétiques, la police des poètes n’est pas de ce monde. Si nos polices politiques savaient lire, elles sauraient qu’il n’y a pas dans notre « génie » de Boileau qui tienne, il n’y a pas de Sainte-Beuve, il n’y a même pas, figurez-vous, de Président… Mais il y a le Coran ! Notre police des Lettres, à nous les Arabes, ne se dit pas huilée comme dans le sottisier qui la définit « efficace » : elle est ointe par Dieu en personne : « Quant aux poètes, décrète le seigneur, dans une sourate qui porte même leur nom, seuls les égarés les suivent. Ne vois-tu pas qu’en tout val ils dérivent, et qu’ils disent ce que point ils ne réalisent… » Depuis ce bannissement sans appel, la République des poètes arabes reste une vaste léproserie. Quelque chose comme une quarantaine perpétuelle qui frappe ces « dérivants en tout val », tout en les conservant à l’abri des normes, là où ils vont développer d’immondes excroissances, d’innommables tumescences et n’avoir, quoi qu’ils auront développé, rien que leurs yeux immunisés pour « bien » pleurer et la souffrance pour espérer trouver la force de mourir un jour de plaisir. Tout ce que je dis là, n’importe comment, c’est pour que l’on sache, bon sang, qu’un poète arabe le devient comme Taoufik, dès l’instant où il voue son silence à l’instance sans visage qui annule sa voix, au texte divin qui maudit son inscription dans le graphe, son incursion dans la nuit de la Lettre, ce « métal du diable », comme le dit Niffarî, un immense soufi du Xe siècle… C’est alors que le poète arabe se met à aimer à la passion le Coran. Il en attendra humble et infatigable, tel un parieur du loto, une absolution qui, loin d’effacer son péché, l’accueille et le protège. Tout poète arabe rêve du fier destin de la sainte catin Marie-Madeleine, face au divin pêcheur venu rendre impossible la lapidation, avant qu’il ne l’étreigne et ne monte avec elle dans sa chambre de pécheresse. Qui pourra dire ce qu’ils se sont dit sans blasphémer ou tout au moins sans déroger à la pudeur ? Sachant tout cela de l’incomparable sort de la poésie arabe, j’ai lu et traduit les textes que voici dans la pudeur de celui qui ne violera à aucun prix l’intimité de Dieu et de la catin ! Je ne dirai, « pour éclairer le lecteur étranger à cette langue arabe », comme l’exige le détestable rôle du préfacier, que ce que l’auteur lui-même m’a autorisé à dire sur quelques-uns de ses modèles, ses références, ses complices. Rien que de la vraie police ou celle de la critique ne puissent connaître pour autant qu’elles tiennent à le perdre. Auquel cas, tant pis pour elles. Premier modèle de Taoufik, Abû Nuwâs. Poète de toutes les ivresses y compris celles qui vous fait perdre les boussoles de vos trop humaines limites. Il a titillé des vertiges théologique qu’il a toujours déclarés par ailleurs indignes de « foi » : « Seigneur ! Admettons que le nombre de mes péchés ait été immense. C’est ce que j’ai su, pardi, que plus grande encore était Ta clémence… » Mettant l’éternel au pied du mur, rendant futile et « illogique » tout repentir, il a fait de la récidive sa voie royale pour s’en tenir à son éternité à lui, toute faite de plaisirs terriens. Et il communique ainsi à ses compagnons de délices ses dernières volontés : « Si je meurs enterre-moi sous un cep de vigne Ainsi ses racines abreuveront encore mes os ! » L’autre référence arabe de Taoufik parmi tant d’autres aussi « hors norme », c’est ce monstre désigné sous le vocable sauvage de Su’louk… Mot étrange même dans la langue arabe qui l’a mis au monde, Su’lûk tangue entre toutes les équivoques : héros ou brigand, rebelle ou ermite de l’égotisme, justicier de grands chemins ou violeur de la loi tribale, gueux ou prince, sans doute tout cela à la fois ! Des fellaghas, ils frappent un coup et filent dans la nuit. Impossible de les suivre à la trace, trop mobiles, trop insaisissables. Des Mavericks, ces chevaux sauvages qui s’écartent du troupeau. Des Su’lûk, ces poètes brigands de la Jahilia, ces samouraïs sans maître. Le guerrier japonais est un vassal, le su’lûk, paria qui n’a d’attaches que ses vers qui chevauchent les étendues de la désolation. Et les rares Su’lûk répertoriés dans les manuels scolaires qu’une tradition littéraire hypocrite a daigné nous transmettre répondraient tous de l’honorabilité du rétif dont se pare Taoufik notre contemporain : Ta’abbatta Charra et le grand Chanfarâ pour ne citer que les plus curieux. Ces deux-là sont dans toutes les nostalgies de Taoufik. Le premier était la calamité de sa mère qui lui a donné ce sobriquet impayable, qui veut dire « [En sortant] il a dissimulé sous le bras la malfaisance ». Le second, le plus grand dans son genre, du haut de sa nudité antique, est la voix du désert, l’espace qui n’attend que « ses éclats de vers » pour dire combien les silences y sont diserts. Devenu paria pour tous « les enfants de sa mère », comme il nous a appelé dès l’ouverture de son hymne à la solitude, il s’est juré, dit la légende qui va le momifier dans les livres scolaires, de tuer cent individus sur le tas du bétail des gens sans histoire. Mais il a été lui-même tué après en avoir occis « seulement » quatre-vingt-dix-neuf ! L’un de ses pourfendeurs, bien plus tard, croyant reconnaître son crâne pouffant du rire franc et définitif des vains triomphes, le piétine, se blesse et passe de vie à trépas. Vœu de poète ne saurait mentir. Et bien, le lecteur apprendra peut-être dans ces bris de vécu, de vœux impies et d’imprécations que nous conte Ben Brik, que rien n’a changé dans le paysage poétique de ces Arabies essoufflées à force de taire leur silence, qui n’ont même plus, que ce soit à Tunis ou au Caire, à Damas ou à Casa, le désir de border leurs voyous, d’en étreindre l’âme frêle et de l’accompagner jusqu’à sa chambre de pécheresse, après avoir paralysé les bras hideux du premier jeteur de pierre.
(Source : le blog médias (de RSF – France), le 6 mars 2007 à 09h00) Lien :
http://www.leblogmedias.com/archive/2007/03/05/the-last-su-lûk.html#more
Stop au déni !
plus que jamais, solidarité entre toutes les femmes !
Journée de lutte des femmes depuis 1910 et de solidarité à travers le monde, le 8 mars peut être aussi un moment de réflexion sur nos actions et notre cheminement et pour réaffirmer notre engagement féministe pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes et pour TOUTES les femmes.
Nous nous inscrivons dans la filiation de toutes les féministes de par le monde qui se sont rebellées et ont revendiqué l’égalité des droits : de Nawal Saadaoui à Simone de Beauvoir, en passant par Manoubia Ouertani, Hubertine Auclert, Houda Chaaraoui, Louise Michel, Nazik al-Abid… Toutes ces figures ont marqué notre trajectoire et contribué à bâtir nos revendications communes : l’autonomie, l’égalité et la liberté.
Nous nous inscrivons également dans les mouvements et associations qui se sont développés depuis les années 1970 et qui se sont situés au croisement des dynamiques des mouvements féministes et de celles des mouvements de l’immigration. C’est ainsi que l’une des premières batailles commune, menée et gagnée, a été celle de l’invalidation du décret Stoléru qui prétendait, en 1977, interdire aux femmes et aux enfants de travailleurs immigrés d’avoir un emploi.
Nombreuses parmi celles qui nous ont précédées étaient partie prenante du mouvement de libération des femmes et y ont œuvré pour rendre visible leur lutte et la faire prendre en charge collectivement par toutes les femmes. Celles qui ont suivi ont repris cette même trajectoire. Les initiatives se sont multipliées avec un même objectif, celui de marquer notre solidarité à l’égard de toutes les femmes et de porter les revendications ensemble, au-delà de nos différences objectives et subjectives et de nos parcours. Les associations ont participé aux nombreuses actions collectives organisées dans ces années-là: meeting avec les femmes marocaines à la suite de la mort, après une grève de la faim en prison, de Saida Menedbi en 1978, ou en soutien aux femmes d’Amérique latine, dans les années 1970, manifestations contre l’apartheid, contre la répression, contre les crimes racistes, à partir des années 1980, en solidarité avec les femmes algériennes et les femmes afghanes…
Citons certaines des associations qu’on a pu voir se retrouver dans ces actions: les Nanas beurs, le Groupe “femmes algériennes”, l’EMAF, la Coordination des femmes noires, le Collectif de soutien aux femmes sans papiers, le Collectif femmes immigrées, le collectif féministe contre le racisme, le mouvement des femmes noires, le CERFA, le GAMS, de nombreux groupes femmes, la Maison des femmes, le Collectif National pour les Droits des Femmes et bien sûr les associations signataires de ce texte …Elles se sont inscrites dans les solidarités, en France avec les migrantes, les exilées, les sans-papiers, pour leurs droits et une aide concrète, contre les lois sur l’immigration qui maintiennent ou produisent dépendance, précarité et également sur le plan international. L’action de terrain au plus près des réalités d’oppressions multiples rencontrées par les femmes les ont amenées à dénoncer les violences (familiales, étatiques, discriminations…), y compris les violences spécifiques dont elles sont victimes (excision, mariage forcé…). Ces thématiques ont toujours été abordées par les groupes de femmes sans aucune stigmatisation des populations et des cultures.
Nos associations s’inscrivent dans cette continuité des luttes et elles n’ont cessé de revendiquer la reconnaissance des droits des femmes, tous leurs droits, dans tous les pays où notre parole peut être entendue, à partir du constat que l’idéologie patriarcale a les mêmes effets partout. Aucune société ne reconnaît spontanément le droit à l’autonomie et à l’égalité. Là où des progrès ont été réalisés, ils sont le résultat de luttes persévérantes de femmes.
Les modes de vie se sont différenciés en fonction de l’histoire des peuples, mais les mêmes constantes se retrouvent : relégation des femmes dans la famille, non partage des tâches domestiques et de soin, confiscation de la parole dans la sphère privée comme dans la sphère publique, utilisation comme objets sexuels à travers les représentations de la publicité et le système prostitutionnel, marchandisation des corps, contrôle de la sexualité des femmes qui génère un enfermement au sens propre et figuré, discriminations à différents niveaux pour la formation, l’orientation, la vie professionnelle, non reconnaissance dans la vie politique, instrumentalisation par les religions et surtout violences dans toutes les sphères….
Les inégalités sociales renforcent ces caractéristiques: les femmes sont plus nombreuses parmi les pauvres, les chômeuses plus nombreuses que les chômeurs…. Le capitalisme néo –neo-libéral, responsable de l’accroissement de la pauvreté et de la précarisation de la population féminine, tente de transformer les femmes en consommatrices dociles et de les utiliser comme un volant de main-d’œuvre malléable, en s’appuyant sur le patriarcat.
En promouvant l’illusion du choix, le libéralisme tente d’enterrer la véritable autonomisation, la liberté réelle pour les femmes de décider de leur vie. En ne laissant des marges de choix qu’aux femmes des couches les plus privilégiées, il isole et divise.
Les femmes migrantes et immigrées subissent plus violemment cette situation car à la domination sexiste s’ajoutent les discriminations dues leurs origines et les discriminations “légales” : effets possibles des statuts personnels égalitaires, droits au séjour et droits sociaux dérivés…
Nos luttes contre les statuts inégalitaires et leurs effets discriminatoires en France sont indissociables de notre revendication d’un statut juridique autonome des femmes migrantes, notre soutien aux femmes sans papiers, demandeuses d’asile et réfugiées vise à la reconnaissance des violences spécifiques dont elles sont l’objet.
En menant ces luttes, nous nous sommes inscrites dans le combat plus large des groupes féministes pour le respect des droits. Nous savons que tout progrès dans un domaine, dans un pays est un soutien pour toutes où qu’elles vivent et en cela notre combat est universel.
C’est aussi la raison de la solidarité que nous avons exprimée à l’égard des femmes d’Afrique du sud, des femmes palestiniennes, des femmes afghanes, celle pour laquelle nous avons participé aux forums internationaux : Forum social européen, Forum social maghrébin, Marche mondiale des femmes contre les violences et la pauvreté.
L’oppression peut prendre des formes différentes suivant les pays, mais le patriarcat sévit par delà les cultures et les traditions. Aucun repli communautaire ne saurait y répondre : il reviendrait à accepter l’oppression de son propre groupe.
Décider de “choisir” celles dont les droits valent d’être défendus “à part” conduit à une impasse. Nier les luttes menées au fil des décennies, opposer les femmes les unes aux autres en fonction de leur histoire, “les féministes blanches”, “les occidentalisées” (en n’hésitant pas à reprendre l’appellation utilisée par certains hommes politiques des pays du sud opposés à l’égalité) d’un côté, “les indigènes” de l’autre, ou encore , pour d’autres, ne retenir que les revendications correspondant à l’air du temps et préférer la médiatisation à l’action, ne peut que faire le jeu de ceux des politiques qui, dans la situation économique actuelle, veulent utiliser encore davantage la main-d’œuvre féminine comme main-d’œuvre d’appoint, exercent de nouvelles pressions pour le retour au foyer au nom de supposées préoccupations démographiques : Ils n’hésitent pas à stigmatiser l’immigration responsable de tous les maux pour opposer les uns, et les UNES aux autres…. Le déni des luttes historiques, le discours et les pratiques de division du mouvement féministe, le sectarisme, ne font que renforcer un système politique et économique qui entretient les inégalités et s’appuie cyniquement sur l’idéologie patriarcale.
Aujourd’hui aucun groupe ne peut s’approprier la fonction de porte- parole. Les femmes se sont battues durant des siècles contre la confiscation de leur expression. Ce n’est certainement pas en jouant le jeu du communautarisme ni celui de l’instrumentalisation, qu’on arrivera à bâtir un monde égalitaire mais en nous rassemblant autour de la construction de l’égalité effective qui ne souffre d’aucun compromis, ni aménagement.
– C’est ensemble que les femmes doivent se mobiliser contre les obstacles à leurs libertés, qu’ils soient d’ordre social, économique, légal, coutumier ou religieux,
– C’est ensemble, en toute autonomie, qu’elles doivent lutter contre les discriminations sexistes, lesbophobes, racistes, contre la reproduction des rôles traditionnels dans la famille et l’ensemble de la société, contre la domination de genre,
– C’est ensemble qu’elles doivent se retrouver, quelle que soit leur histoire, pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes, entre françaisEs et étrangerEs, pour les libertés individuelles et collectives.
Mars 2007
Association de Solidarité avec les Femmes algériennes Démocrates (ASFAD), Association des Tunisiens en France (ATF),
Association pour l’Egalité devant la Loi (APEL),
Pluri-elles Algérie, …
Par Pia OHLIN AFP, le 7 mars 2007 à 06h53 STOCKHOLM, 7 mars 2007 (AFP) – Un vaste programme de mise sur écoutes concocté par le gouvernement suédois pour lutter contre une menace extérieure suscite une levée de boucliers en Suède où les critiques voient se profiler un Etat “Big Brother”. Le projet de loi, qui sera soumis au parlement jeudi par le gouvernement de centre-droit du Premier ministre Fredrik Reinfeldt, permettrait à l’Agence d’écoutes militaires (FRA) d’élargir considérablement son champ d’action en lui donnant la possibilité d’intercepter toutes les communications, téléphones ou internet, en provenance ou en direction de la Suède. Actuellement, la FRA, son acronyme en suédois, a essentiellement un rôle de surveillance des ondes dans le cadre militaire. Pendant la Guerre Froide, l’agence était l’oreille de la Suède pour surveiller l’Union soviétique. Le ministre suédois de la Défense Mikael Odenberg souligne que le changement est nécessaire dans le monde actuel où les communications passent de plus en plus par les câbles à fibre optique. “Il s’agit de collecter des informations pour la sécurité, la défense et la politique étrangère du pays, pour protéger la Suède de menaces extérieures”, a déclaré le ministre à l’AFP. “Nous voulons être capables de détecter très tôt des menaces militaires et aussi contrer les risques terroristes, la menace des armes de destruction massive, les attaques contre l’internet et aussi protéger nos troupes impliquées dans des opérations internationales”, a-t-il ajouté. Si elle est adoptée, la loi entrera en vigueur le 1er juillet. Les critiques les plus virulentes sont venues de l’ancien ministre de la Justice, Thomas Bodström, un social-démocrate aujourd’hui dans l’opposition. “Cela équivaut à donner l’autorisation de mettre sur écoute des millions d’appels téléphoniques, de courriels ou d’autres messages”, a-t-il protesté quand le projet de loi est sorti des cartons en janvier dernier. Contrairement à la police, la FRA n’aurait pas besoin de mandat judiciaire pour mettre sur écoute. Une commission parlementaire des affaires de renseignement militaire devrait néanmoins donner son feu vert. La FRA n’aurait pas le droit de surveiller une personne enm particulier mais procéderait à des surveillances plus larges à l’aide de mots-clés par exemple. Plus surprenant que les critiques des partis de gauche et des Verts, celles émanant de l’agence suédoise du renseignement, la Säpo. Le conseiller juridique de la Säpo, Lars-Aake Johansson, a estimé que le projet était “totamement étranger à notre forme de gouvernement”. “Le gouvernement pourrait exercer un contrôle direct dans des domaines où même la police ne peut pas aller” sans cadre juridique, a-t-il averti. Donner un plus large pouvoir au renseignement militaire “pourrait conduire à violer le droit individuel”, a-t-il souligné. La responsable du barreau suédois, Anne Ramberg, n’est pas en reste. “Si ce projet est adopté, nous allons devenir le pays le plus en pointe dans la surveillance des citoyens”, Etats-Unis compris, a-t-elle déclaré. Un député de la coalition au pouvoir, Henrik von Sydow, a lui-aussi rejoint le camp des critiques, estimant qu’un gouvernement mal intentionné pourrait détourner ce système “pour des buts totalement opposés à ce qui était prévu à l’origine”. Pour amadouer les critiques, le gouvernement pourrait amender le projet en proposant notamment la création au sein du FRA d’un conseil spécial pour protéger les libertés individuelles. L’opinion publique est partagée. Un sondage en janvier commandité par le gouvernement montrait que 4 Suédois sur 5 étaient favorables à une surveillance accrue des citoyens par des écoutes ou la mise en place de caméras dans les endroits publics. Mais un autre sondage de l’institut Skop avait en février des résultats opposés, avec 60% des personnes contre toute écoute. AFP