7 janvier 2010

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3516 du 07.01.2010

 archives : www.tunisnews.net 


L’OLPEC: Recrudescence des actes de harcèlement à l’égard des journalistes Committee to Protect Journalists: Exiled Tunisian journalist receives multiple death threats Liberté et Equité: procès de Lassaad Jouhri, Maatoug El Ir et Abderrazak Ounifi FTCR: Mort suspecte dans un centre de rétention belge Collectif Tunisien du 18 octobre pour les droits et les  libertés: Les relations entre l’Etat, la religion et l’identité Abdelbaki FETHI: Rectification de l’info concernant Mme AFIFA MAKHLOUF Khemaies Chammari: “Tant va la cruche à l’eau…”, Débat Tunisie: La Démocratie selon Platon le mauve Abdel Wahab Hani: Le Comité central du RCD au pouvoir les 16, 17 et 18 janvier.. Le remaniement semble être imminent RABAM: Au secours pour une subsistance ! AFP: Lutte contre le terrorisme: la Mauritanie va réorganiser son armée Reuters: Un cadre d’une entreprise canadienne enlevé en Algérie AFP: France: la droite endeuillée par la mort d’un de ses ténors, Philippe Séguin AFP: France: les écoles des élites critiquées pour leur refus de s’ouvrir Le Monde: L’épouse de Mehdi Karoubi, figure de la contestation en Iran, inquiète pour sa vie


 

L’Observatoire de la Liberté de Presse, d’Edition et de Création

Recrudescence des actes de harcèlement à l’égard des journalistes

 Tunis le 7 janvier 2010

 

L’OLPEC est vivement préoccupé par la détérioration de l’état de santé du journaliste et écrivain Taoufik Ben Brik ; Il a été alerté par sa famille qui vient de lui rendre visite le 6 janvier courant d’une dégradation inquiétante de son état suite aux négligences des responsables de la prison et de la mauvaise hygiène à laquelle il a été soumis dans ce pénitencier de Siliana où il a été transféré illégalement par mesure de représailles.

Ses médecins avaient publié dernièrement un communiqué où ils attirent l’attention sur la fragilité de sa santé précisant que « son état de santé et la prise de son traitement hormonal sont à l’origine d’une fragilité importante de son système immunitaire…Son état nécessite un suivi et une surveillance régulière par un médecin spécialiste compétent pour cette pathologie lourde. Des règles d’hygiène draconiennes doivent être respectées afin d’éviter toute décompensation pouvant menacer son pronostic vital. » ;

Sa femme, sa sœur ainsi que ses frères, dont les domiciles sont soumis à une surveillance policière permanente, ont décidé d’entamer une grève de la faim à compter du 6 janvier afin de protester contre « cette mort lente à laquelle il est soumis ».

Rappelons que Taoufik Ben Brik avait été condamné en première instance le 26 novembre 2009 à l’issue d’un procès inéquitable à 6 mois de prison ferme pour avoir publié des articles critiques à l’égard de Ben Ali dans la presse étrangère durant la campagne électorale.

 

Notons que les élections d’octobre 2009 ont constitué pour le pouvoir un moment de répression sans précédent contre les journalistes qui ont osé critiquer les autorités ;

Un autre journaliste, correspondant d’Assabilonline, Zouhayr Makhlouf est également détenu dans de mauvaises conditions, après avoir été condamné le 1er décembre par la Cour d’appel à Trois mois de prison ferme et 6000 Dinars d’amende pour avoir produit une vidéo sur la pollution dans une zone industrielle. Sa femme subit elle aussi une surveillance policière étroite et se voit privée du droit de visite par intermittence.

Par ailleurs l’OLPEC constate que les actes de harcèlement à l’égard des journalistes se poursuivent encore.

·        Le 28 décembre, Moez Jemai, correspondant de radio kalima à Gabes a été délesté de ses documents d’identité par un individu qu’il suspecte de travailler avec la police politique ; Immédiatement après une entrevue qu’il a eue avec Omar Mestiri, le directeur de la radio à Tunis, Moez Jemai a été pris en chasse par une équipe de la police politique à laquelle il a déjà eu à faire. Dès qu’il s’est attablé dans un restaurant, l’individu s’est approché de lui et l’a délesté de son porte document où se trouvait sa carte d’identité, son passeport, sa carte de presse de la FIJ ainsi qu’une importante somme d’argent. Lorsqu’il s’est rendu au poste de police pour faire sa déclaration, les agents lui ont proposé une somme d’argent consistante en contre partie de l’arrêt de sa collaboration avec radio Kalima et lui ont promis de recouvrir ses documents d’identité le lendemain. Face à son refus, ils lui ont répondu qu’il devra attendre un an pour que ses documents lui soient restitués.

·        Le 30 décembre, le président du syndicat des journalistes, Néji Bghouri, a été empêché d’accéder à son lieu de travail, la Presse (gouvernementale), par plusieurs agents de la police politique qui invoquaient des « instructions » ; il a fallu que plusieurs de ses collègues sortent et décident de n’entrer qu’en sa compagnie, pour que les policiers s’écartent pour le laisser passer. Le 31, un autre dispositif policier s’est interposé sur l’autoroute menant de Tunis à Kairouan, afin de l’empêcher de parvenir à Kairouan où il  était attendu pour faire une conférence ; Il a été obligé à la fin de rebrousser chemin.

·        Le 30 décembre, les journalistes Faten Hamdi (Radio Kalima) et Slim Boukhdhir (freelance) ont été agressés par la police politique qui avait interdit un meeting de solidarité avec Zouhayr Makhlouf et Taoufik Ben Brik organisé par le comité national de soutien aux journalistes au local du PDP ; tandis que Lotfi Hajji (Al jazeera) et Mahmoud Dhaouadi (La presse), ont été empêchés d’accéder au même local et copieusement insultés par la police politique.

 

·        De nombreux journalistes et défenseurs de droits humains ont été la cible d’une campagne de diffamation et d’insultes de la part de la presse de caniveau proche du pouvoir, qui ne s’est pas arrêtée depuis la campagne électorale ; ils sont accusés d’être des agents d’Israël, des corrompus et des prostituées ; Un appel au lynchage public a été lancé contre eux et ils ont été prétendument accusés d’être sur les listes noires du Hezbollah et de Hamas, l’un d’entre eux, Slim Bagga a reçu une lettre de menaces de mort à Paris où il réside.

 

L’OLPEC

·        condamne avec la plus grande fermeté ces campagnes qui visent à réduire au silence toutes les voix libres en Tunisie ;

·        Il exige la libération immédiate de Taoufik Ben Brik et de Zouhayr Makhlouf.

·        Il appelle à l’arrêt de toute forme de harcèlement contre les journalistes.

·        Rappelle à l’Etat tunisien ses engagements internationaux pour le respect de la liberté d’expression et la protection des défenseurs de droits humains.

  

Pour l’Observatoire

Le président

Mohamed Talbi


 

Committee to Protect Journalists  330 Seventh Avenue, New York, NY 10001 USA     Phone: (212) 465‑1004     Fax: (212) 465‑9568     Web: www.cpj.org     E-Mail: media@cpj.org Contacts: Mohamed Abdel Dayem, program coordinator Phone: (212) 465-1004, x103; E-mail:m.abdel.dayem@cpj.org

Exiled Tunisian journalist receives multiple death threats

New York, January 6, 2010—The Committee to Protect Journalists is greatly concerned by repeated death threats made against a critical Tunisian journalist living in France. Slim Bagga, former editor of the now-defunct opposition monthly L’Audace, told CPJ the latest threat arrived at his Paris home in December in the form of a letter mailed from Lebanon and signed by a man claiming he is a Palestinian refugee living in northern Lebanon. “You will never escape our vengeance. Neither will your companions among the pawns of Zionism and remnants of despicable colonialism,” said the letter, signed by a man calling himself Abu Hazem. The writer called Bagga a “traitor.” Human rights lawyers told CPJ that the threat reflects a “dangerous escalation” in tactics against critical journalists and democracy advocates. Bagga and Ahmed Bennour, a former Tunisian ambassador living in Paris who received a similar threat, issued a statement calling on French authorities to fully investigate. Bagga, who has been a target of government-backed smear campaigns, told CPJ he believes Tunisian authorities had promoted this and several earlier threats mailed from Egypt, France, and Syria. In November, the Tunisian government-backed weekly Kull Ennass said Palestinian groups were keeping Bagga and Kamel Jendoubi, head of a Paris-based Tunisian human rights group, under surveillance and planning to “settle old scores with them” for “collaborating with the Israeli and European secret services” and “plotting against the Palestinian Resistance and Arab states.” “We are deeply disturbed by the death threats sent to our colleague Slim Bagga, which appear to echo what government-backed media has been saying. We call on the French authorities to investigate thoroughly and to ensure the safety of our colleague,” said Mohamed Abdel Dayem, CPJ Middle East and North Africa program coordinator. “We urge President Ben Ali to bring rising attacks against critical journalists to an end.” Bagga told CPJ he believes the latest threat stems from the Tunisian government’s anger over the recent publication in France of La Regente de Carthage, a book detailing the influence of Ben Ali’s wife over political and economic life. The two French authors thanked Bagga for his “precious insight” and for being one of their main sources of information. Meanwhile, scores of Tunisian bloggers, journalists, and civil society advocates launched a hunger strike on Tuesday to denounce the ongoing imprisonment of journalists Taoufik Ben Brik and Zouhair Maklouf, according to local and international human rights groups. Earlier today, Ben Brik’s wife, Azza Zarrad and other relatives also began a hunger strike, according to Naziha Rejiba, an independent Tunisian journalist and 2009 CPJ International Press Freedom Awardee.

Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, Tunis Tel.Fax : 71 340 860 Libertéequite@gmail.com Tunis, le 6 janvier 2010

1) procès de Lassaad Jouhri, Maatoug El Ir et Abderrazak Ounifi

La sixième chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Faouzi Jebali, examinera jeudi 7 janvier 2010 l’affaire n°33965 dans laquelle sont déférés – Maatoug Ben Abdallah Ben Mohammed El Ir (détenu) – Abderrazak Ben Hédi Ben Ahmed Ounifi (détenu) – Lassaad Ben Mohammed Ben Ali Jouhri (non détenu) – Abdelwahed Ben Houssine Ben Ali Sayeh (hors de Tunisie) – Brahim Ben Ali Ben Mohammed Laamouri (hors de Tunisie) – Mohammed Habib Ben Abdessalam Ben Mohammed Farah (hors de Tunisie) Pour collecte de fonds non autorisée en vertu des dispositions du décret du 8 mai 1922.

2) Détérioration de l’état de santé de Mohammed Lafi, prisonnier d’opinion

La famille du prisonnier d’opinion Mohammed Lafi, actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia, a fait part lors d’un contact avec Maître Najet Laabidi,de sa profonde inquiétude et de sa préoccupation face à la détérioration de l’état physique et psychique du prisonnier précité. Ce dernier a demandé à maintes reprises à l’administration de la prison d’être examiné par un médecin après s’être plaint en permanence d’éruptions cutanées, de boutons, d’allergies, d’hypertension. L’administration a refusé de lui transmettre les médicaments achetés par la famille. Mohammed Lafi es taccusé d’adhésion à une entente en relation avec les infractions terroriste et de tenue de réunions non autorisées. Après que le sixième juge d’instruction eût émis un décret de clôture de l’instruction, le parquet a fait appel, puis le procureur général près la cour d’Appe s’est pourvu en cassation et l’affaire n’a toujours pas été examinée. Mohammd Lafi est détenu avec un groupe d’étudiants qui sont privés de leurs droits aux études […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 La Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives (FTCR)  
Communiqué

Le drame des migrants continue Mort suspecte dans un centre de rétention belge

Lundi 4 janvier, M. Yahya Tabbabi, 31 ans, demandeur d’asile politique de nationalité tunisienne, originaire de la ville de Redeyef du bassin minier de Gafsa, est décédé dans le centre de détention pour étrangers en situation irrégulière à Vottem, près de Liège, en Belgique. Les circonstances de son décès restent obscures. Alors que le directeur du centre fermé et la porte-parole de l’Office des Etrangers évoquent un problème de toxicomanie, la famille de M. Tabbabi, que nous avons contactée, plusieurs autres retenus au centre de Vottem et les associations locales de défense des droits de l’Homme évoquent un problème de maladie non soignée. Rappelons que M. Tabbabi, était parmi les sans papiers Nantais, originaires de Redeyef, qui occupaient un immeuble du quartier  « Sillon de Bretagne » à Saint Heberlain  dans la Banlieue de Nantes, que Ce groupe avait été expulsé par la police le 15 décembre 2009 et leurs affaires jetées à la déchetterie. Suite à cette expulsion M. Tabbabi a choisi de partir en Belgique où il a été interpellé le 31 Décembre 2009 avant de décéder trois jour après au centre de rétention de Vottem. La Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives (FTCR) : –       présente ses sincères condoléances à la famille de M. Tabbabi, à ses proches et à ses amis et les assure de son soutien dans ces moments difficiles. –       Affirme son soutien aux détenus au centre de rétention de Vottem qui ont entamé une grève de la faim. –       demande la libération et la régularisation de tous les détenus. –       demande que toute la vérité soit faite concernant la mort de M. Tabbabi. –       condamne les politiques européennes en matière d’immigration qui  nient les fondements de la liberté et des droits démocratiques en permettant  d’emprisonner les étrangers sans jugement. –       dénonce la collaboration des pays du sud avec les autorités des pays européens, notamment de la Tunisie, dont les services consulaires collaborent « admirablement » avec les administrations françaises et européennes sans  prendre en compte les intérêts des  ressortissants tunisiens qu’ils seraient pourtant sensés défendre. –       exige l’arrêt des expulsions et la fermeture des centres de rétention en France, en Europe et au Maghreb. Pour la FTCR Mouhieddine CHERBIB


Collectif Tunisien du 18 octobre pour les droits et les  libertés

Les relations entre l’Etat, la religion et l’identité

( traduit de l’arabe)

 Au terme d’une série de conférences publiques et de débats internes sur les thèmes des « relations entre la religion et l’Etat » et « l’identité nationale » ; le « Collectif tunisien du 18 octobre pour les droits et les libertés »est parvenu à dégager, entre ses composantes, un certain nombre de dénominateurs communs qui peuvent être considérés comme la base minimale de convergences et d’inspiration pour la construction de la démocratie à laquelle nous aspirons. Ce projet vise à prendre en compte et à garantir l’exercice des droits des citoyens, leurs libertés, leurs croyances et leurs convictions.

L’analyse des prises de positions des différentes visions en présence et de l’expérience tunisienne contemporaine relative aux relations entre la religion et l’Etat ; a permis de mettre en exergue trois défis majeurs auxquels le peuple tunisien est confronté dans sa quête pour la mise en œuvre d’une démocratie effective et pour l’instauration de rapports pacifiques entre la religion et l’Etat.

1) Le premier de ces défis est celui de l’oppression exercée par le pouvoir et sa détermination à soumettre l’exercice de la religion musulmane à la volonté du régime en place en l’instrumentalisant à ses fins propres.  Cette démanche procède d’un choix récurant visant à imposer sa vision de la religion à l’ensemble de la société conformément à ses intérêts politiques et à son exigence de monopole sur tous les espaces religieux. Les imams sont ainsi choisis prioritairement en fonction du critère d’allégeance et leurs prêches sont strictement encadrés. Les libertés individuelles des citoyens et des citoyennes, dans la diversité de leurs convictions religieuses, intellectuelles et politiques, sont à ce niveau systématiquement bafouées.

2) Le deuxième défi relève de l’oppression exercée au nom de la religion.

Celle-ci découle d’une lecture dogmatique et maximaliste des prescriptions et des interprétations du texte sacré qui conduit à des intrusions violentes dans le vécu privé des citoyens, portant atteinte à leurs libertés et à leurs droits fondamentaux ainsi qu’aux principes démocratique.

3) Le troisième défi est celui exercé, abusivement au nom de la modernité qui vise à exclure la religion de la vie publique par la contrainte en s’appuyant à la fois sur les moyens de coercition de l’Etat et par d’autres moyens tout en poussant à l’affrontement entre la religion et l’Etat. Cette démarche ne peut que favoriser le maintien du pouvoir oppressif en place et à renforcer les atteintes aux libertés et aux droits humains, retardant ainsi la réalisation du projet démocratique.

Face à des défis, le « Collectif du 18 octobre » s’engage à faire sienne, et à défendre, une vision des relations entre l’Etat, la religion et l’identité nationale découlant de l’interaction créatrice entre les fondements de notre civilisation arabo-musulmane et les acquis modernes de l’Humanité. Au premier rang de ces acquis il y a la référence à la défense des droits humains et des libertés individuelles et collectives dont l’exercice effectif est une condition primordiale au progrès, au développement et à la sauvegarde de la dignité.

Le « Collectif du 18 octobre », à l’unanimité de ses composantes intellectuelles et politiques, met l’accent, dans ces conditions, sur les éléments focaux suivants :

1– l’Etat démocratique auquel nous aspirons ne peut être qu’un Etat de nature civile fondé sur les principes Républicains et le respect des droits Humains. Cet Etat puise sa légitimité dans la volonté populaire qui est appelée, dans le cadre de la mise en œuvre de ces principes, à assurer l’élection périodique des institutions du pouvoir et à leur demander des comptes ; gouvernants et gouvernés se conformant aux règles et aux lois adoptées par les institutions constitutionnelles élues. Sur cette base, il convient, bien entendu, de garantir le droit pour chacune des parties concernées par ce consensus à s’inspirer, de ses propres référents intellectuels et spirituels, dans la formulation de ses propositions programmatiques, dans tous les domaines.

2- Les pratiques politiques sont le résultat d’un effort de création et d’interprétation (ijtihad) humain et cela vaut pour tous et pour toutes, par delà les convictions et les croyances des uns et des autres. Cela ôte à ces pratiques politiques tout  caractère sacré quelle qu’en soit la forme. Le champ politique est, dans ces conditions, un espace libre pour le dialogue et le débat entre les protagonistes politiques et civils – et leurs programmes – dans la diversité de leurs propres références intellectuelles.

3- L’Etat démocratique auquel nous aspirons se fonde sur les normes et les principes de la citoyenneté, de la liberté et de l’égalité. Sur cette base, l’Etat se doit de garantir l’exercice effectif de la liberté de croyance et de conscience, tout en luttant contre toutes les formes de discrimination entre les citoyens qui seraient fondées sur les convictions, les opinions, le sexe, l’appartenance sociale, politique, régionale ou autre. Le plein exercice, pour tous les citoyens de toutes libertés et tous les droits fondamentaux, est garanti en tant que fondement même du système démocratique.

4- L’Etat démocratique que nous appelons de nos vœux s’engage, en paroles et dans les faits, à garantir l’intégrité physique de la personne humaine  et à proscrire toute forme de torture et de sévices corporels ou moraux portant atteinte à la dignité humaine. Le « Collectif au 18 octobre »  dans l’unanimité de ses composantes, s’engage à ce que ses propositions programmatiques soient conformes à ces principes fondamentaux ; l’Etat s’engageant de se conformer – en les mettant effectivement en œuvre – aux dispositions de la « Convention Internationale » des Nations Unies de 1984 « relative à la lutte contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant ».

Le choix doit être ainsi fait, sur cette base, de mettre en place les mécanismes visant à éradiquer la pratique de la torture dans notre pays.

5- L’Etat démocratique auquel nous aspirons a l’obligation de donner à l’Islam, en tant que religion de la majorité du peuple, une place particulière en se gardant de tout monopole et de toute instrumentalisation et en garantissant le droit d’exercice à toutes les croyances et à toutes les convictions par la mise en œuvre effective de la liberté religieuse et de culte.

6- L’identité du Peuple Tunisien s’est constituée tout au long d’un long processus historique. Elle s’est enrichie, et elle continue de le faire, par l’interaction féconde et créatrice entre les fondements de la culture arabo-musulmane et les acquis universels de la modernité. Sur cette base, l’Etat démocratique auquel nous aspirons s’engage à :

    a) défendre la langue arabe qui est la langue nationale en usage dans l’administration, l’enseignement et la culture et son enracinement continu dans la société avec constamment le souci d’ouverture sur les autres langues et les autres cultures.

    b) favoriser l’ancrage du peuple tunisien dans sa civilisation arabe et musulmane en privilégiant tous les acquis positifs de celle-ci et en s’attachant à son évolution par la prise en compte des acquis modernes de l’Humanité qu’elle contribue elle-même à enrichir par une interaction positive et féconde. Dans le même temps, il nous faut être vigilants pour faire face à toutes les entreprises d’aliénation culturelle et de domination qui viseraient à mettre un terme à la diversité culturelle en imposant, plutôt que des références culturelles et des valeurs partagées, une vision hégémonique niant, de fait, toute diversité.

   c) garantir la pratique de l’éducation religieuse en dehors de tout esprit d’instrumentalisation politique dans le cadre d’un système éducatif qui favorise le droit à l’enseignement et à la diffusion des valeurs de la réflexion critique et scientifique, ainsi que de l’effort d’interprétation (ijtihad) ; renforçant par la même la promotion d’une personnalité tunisienne ancrée dans son identité nationale et ouverte aux valeurs modernes.

7- L’Etat démocratique auquel nous aspirons se doit de défendre les causes justes des peuples arabes et musulmans et leurs légitimes aspirations à la liberté, à la démocratie et à la justice sociale. Il favorisera la recherche de l’unification des efforts pour faire face à l’oppression interne ainsi qu’à toute forme de colonialisme et d’hégémonie étrangère dans la détermination du destin des peuples concernés et dans la concrétisation de leur avenir commun.

Le « Collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » dans la diversité de ses composantes, rend publics ces principes et ces constats de convergences consensuels et prend l’engagement d’en favoriser la réalisation, tout en insistant sur le fait que l’expérience historique confirme que le contenu des rapports entre l’Etat, la religion et l’identité nationale ne peut se concevoir comme une ordonnance établie à priori et de façon inversible.

Ces rapports se fondent en effet, sur un pacte social. Celui-ci est appelé à évoluer en interaction avec les réalités politiques, culturelles et économiques de chaque société. Ce pacte est par essence évolutif.  

 A travers le temps, c’est un système de valeurs et de règles de conduite, non figées, que les générations successives doivent adapter à leurs conditions de vie et à leurs aspirations constantes au progrès. L’objectif est de favoriser un ancrage populaire de ce système de valeurs, de façon directe ou indirecte, à travers des institutions constitutionnelles représentatives fondées sur les principes du régime Républicain, les droit humains et l’identité nationale de notre peuple. ▪ 


 

Rectification de l’info concernant Mme AFIFA MAKHLOUF

Vous avez publié une information concernant le retour de Mme AFIFA MAKHLOUF épouse ELEUCH, disant qu’elle, ainsi que son mari étaient « réfugiés politiques », or cette information est complètement fausse, ils n’ont jamais été des réfugiés ni en France ni ailleurs. Ils avaient leurs passeports Tunisiens jusqu’à leur naturalisation (obtention de la nationalité Française). Merci de corriger cette information Abdelbaki FETHI


TUNISIE

“Tant va la cruche à l’eau…”,

par Khemaies Chammari
Les cris d’orfraies et les dénégations faussement outrés des propagandistes de l'”Etat-RCD” n’y changeront rien. Hormis la presse locale aux ordres et quelques rares publications internationales à diffusion plus ou moins confidentielle, les plaidoyers des thuriféraires de l’Ordre “destourien” sur le respect des libertés et des droits humains en Tunisie, ne trouvent décidément plus preneurs. Et pour cause ! Surfez sur la “Toile” et vous constaterez, sur ce plan, deux choses. La première est celle de la disproportion, en nombre et en crédibilité, entre ceux- très minoritaires- qui croient ou font semblant de croire à la fable d’un pouvoir en Tunisie respectueux des libertés et des droits humains et ceux qui sont plutôt sceptiques et, pour l’essentiel, critiques sur l’état des droits civils et politiques dans notre pays. La quasi unanimité des ONG internationales et la grande majorité des institutions interétatiques de la coopération multilatérale internationale (ONU et UE notamment) vont, à l’évidence, dans ce sens. Mais, que voulez vous, et comme l’affirme l’adage populaire tunisien, “ce sont bien des chèvres même si elles volent au dessus de nos têtes” ! Le second constat est qu’une page sur trois de ces informations et de ces commentaires critiques est censurée (“page non disponible”) par une cyber police tatillonne (1). Un chapelet de “dépassements” quotidiens Toujours est-il que les citoyens sont en butte quotidiennement à des “dépassements” arbitraires (les fameuses “tajaouzates”) sous le couvert des non moins fameuses “ta’ limâtes” (entendez les ordres “venus d’en haut” incontournables et qu’il est vain de vouloir discuter). Les sentiments de frustration et de colère que cela suscite sont à la mesure des injustices subies et de l’arrogance de ceux qui se prévalent de ces “ta’ limâtes”. C’est la “hagra” si souvent évoquée en Algérie. Une chronique de ces mesures arbitraires pourrait occuper chaque semaine cinq ou six pages de ce journal ! Rien que pour ces derniers jours – et sans revenir sur les abus administratifs et d’autorité à l’égard des citoyens, et des plus humbles d’entre eux, évoqués de façon plus ou moins discrète dans les rubriques des “faits divers” des titres officiels et officieux de la presse locale – on pourrait citer, pour mémoire, quelques uns de ces “dépassements” ouvertement politiques. Tel le cas de cet “imam” de Gabès limogé par le mo’tamed (sous- préfet) aux affaires religieuses pour avoir critiqué dans son prêche le “mur d’acier” égyptien renforçant le blocus israélien de Gaza. Ou bien encore, les conditions du décès le 30 décembre 2009 à l’hôpital de Sfax du détenu politique Mohamed Kordi ; l’agression violente de grévistes de Sfax par des “nervis” cagoulés à l’heure où se multiplient à travers l’ensemble du pays des charrettes de sanctions syndicales sans précédents ; la récente condamnation par contumace d’un citoyen résidant en Allemagne (Mohsen Jendoubi), “coupable” d’avoir organisé une collecte en faveur des victimes des inondations de la région de Redeyef et la condamnation à un mois de prison ferme du citoyen destinataire, à Tunis, de cette collecte (Lotfi Dassi) ; l’acharnement, durant la semaine écoulée, à l’égard des prisonniers ou anciens prisonniers Ramzi Romdhani, Zyad Fakraoui et Lassaad Jouhri ; ou la situation de mes amis Hamma Hammami (obligé d’éviter le domicile familial par crainte des représailles) et M° Radhia Nasraoui poursuivis pour violences – alors que ce sont eux qui ont été agressés – dans le cadre d’une procédure kafkaïenne actionnée par …une victime inconnue !! Et j’ai quelque pudeur à évoquer les tracasseries dont je fais l’objet : entraves à la liberté de déplacement, procédure dite “A6” de fouilles renforcées à la douane, contrôle policier de notre domicile depuis dix mois avec un “tri” sélectif de mes visiteurs et, à présent depuis trois semaines, obligation de ne recevoir librement mes amis que…un par un ! Une incroyable et pourtant vraie assignation à résidence qui ne dit pas son nom ! Comment ne pas accueillir, dans ce contexte, avec soulagement, la libération anticipée de l’étudiant Mohamed Soudani arrêté dans des conditions invraisemblables et arbitraires, le 22 octobre dernier pour avoir accompagné des journalistes français lors de la campagne électorale. Mais comment, dans le même temps, ne pas redire mon entière solidarité avec les étudiantes et les étudiants en grève de la faim, à la suite du verdict de la fin décembre à La Manouba au cours duquel l’impasse a été faite sur les causes matérielles et politiques de la colère dans les cités et dans les facultés ; aucun des critères du droit à un procès équitable n’ayant été ,de surcroit, respecté. Taoufik et Zouhaier Je voudrais toutefois évoquer, de façon moins incidente, la situation de Taoufik Ben Brik et de Zouhaier Makhlouf. Au delà de ce qui peut politiquement les séparer et nous séparer, je voudrais dire combien l’arbitraire qui les frappe me choque. Deux procès décrétés de “droit commun” qui cachent mal une volonté de persécution politique avérée. A cela s’ajoute une transgression délibérée par les services pénitentiaires de leurs droits les plus élémentaires de détenus concernant les conditions de visites de leurs familles, à Siliana et à Messadine – alors qu’ils auraient dû rester à Tunis-; des parloirs qui constituent des épreuves physiques et morales pour les familles humiliées et que l’on cherche en vain à intimider. Et puis il y a, surtout, l’inquiétude légitime qui est la notre à propos de leur état de santé. Celui de Taoufik, en particulier, ce “cheval fou aux sabots cassés” (2) et à la santé fragile, qualifié de “pervers et d’immoral” et pourtant si profondément humain. Anticipant sur ses épreuves actuelles, il écrivait dans un poème intitulé “Le seuil des ans : la complainte de janvier” : (…) Mère de mon pays / L’honneur de l’hospitalité est sous ta garde/ Et le plomb est à mon chevet(…). Maitre William Bourdon, son avocat, ne rappelait-il pas, par ailleurs, dans une lettre au chef de l’Etat français le 15 décembre 2009, que “les logiques de vengeance sont toujours meurtrières. En l’espèce -insistait-il- elles risquent fort de l’être dans la mesure où l’état de santé de M. Taoufik Ben Brik ne cesse de se dégrader jour après jour.”. Atteint du syndrome de Cushing- maladie dégénérative des défenses immunitaires – comme l’ont rappelé, il ya quelques jours , les membres de son comité médical de soutien- TBB ne peut continuer à être embastillé à Siliana où le minimum de suivi sanitaire ne peut lui être assuré. Aussi, pour ce SMIG humanitaire et pour la libération de Taoufik et de Zouhaier, me suis-je joint à l’appel à la grève de la faim – symbolique mais exprimant une profonde solidarité- du mardi 5 janvier 2010 lancée par le “Comité de soutien et de protection des journalistes”. Face à ces protestations et à ces appels à la raison, le pouvoir s’en tient à une attitude, quasi autiste, de dénégation et de fin de non recevoir, bloquant, par exemple l’accès des sièges de partis légaux – tel le PDP- à toute personne non identifiée par la police comme étant membre de ce parti ( !!) à l’occasion, mercredi dernier 30 décembre 2009, d’une réunion publique de soutien à Taoufik et à Zouhaier (3). Trop, c’est trop ! Enfin, il ya le “black-out” systématique des autorités contre la nouvelle “Commission Nationale Pour les Libertés d’expression et d’information” (CNLEI) regroupée autour de trois journaux légaux (At-Tarik Al Jadid, Al Mawkef et Mouatinoun)t parrainée, pour le moment, par plus de 130 personnalités nationales de toutes obédiences, pou réclamer des réformes indispensables et urgentes en ce domaine. Les accès au siège d’At-Tarik Al Jadid ont été bloqués pour un certain nombre d’entre nous le lundi 14 décembre sur la foi d’une rumeur, non fondée d’ailleurs, d’une réunion de la CNLEI. Et dimanche dernier 3 janvier 2010, Rachid Khechana (membre de la direction du PDP et rédacteur en chef d’Al- Mawkef , Néji Bghouri ( Président légitime du Syndicat National des Journalistes qui s’était fait vu interdire par la police ,durant quelques heures, l’accès du journal As-sahafa où il travaille !) et Abderahmane Hédhili ( enseignant, syndicaliste et membre du comité directeur de la LTDH ), tous les trois membres de la CNLEI, ont été empêchés par la police par la contrainte, et de façon scandaleuse, de quitter Tunis –pour les deux premiers- et Ksiba – pour le 3ème, pour se rendre à Kairouan pour participer, en tant qu’intervenant, à un débat public sous l’égide d’Al Mawkef et d’At-Tarik Al Jadid sur “la liberté de l’information” ; Lotfi Hajji étant , de son coté, bloqué à Bizerte par une décision sans doute préventive mais qui se traduit, depuis, par une “filature rapprochée” dite “collante” tout à fait insupportable. Trop, c’est trop ! Et “tant va la cruche qu’à la fin, elle se brise”… Ce n’est surement pas ce que désirent les démocrates sincères –ceux et celles qui font la preuve que le pot de terre peut résister au pot de fer – qui continuent, tel Galilée répétant obstinément au sujet de la Terre son fameux : “Et pourtant, elle tourne !”, à appeler à savoir raison garder et à l’ouverture d’un débat libre et serein sur les indispensables réformes politiques aujourd’hui devenues inéluctables. K.C 1. Cf la remarquable étude, en trois langues ( arabe, français, anglais) de l’OLPEC sur “la censure de l’internet en Tunisie” pilotée par Sihem Ben Sedrine qui fait l’objet depuis plusieurs mois d’une odieuse campagne de calomnie doublée depuis deux semaine d’un procès en inquisition des plus inquiétants. 2. Selon la belle formule de pour la libération de Chawki Amari dans sa préface au livre-samizdat de TBB “Je ne partirai pas”. 3. A l’heure de la remise de ce papier, la famille de TBB –sa femme Azza , ses frères et ses sœurs- inquiets et excédés, ont annoncé qu’ils entamaient une grève de la faim collective, à leur sortie de la visite hebdomadaire au cours de laquelle ils ont constaté la dégradation de l’état de santé de Taoufik.
 
(Source: NouvelObs.com le 7 janvier 2009)

La Démocratie selon Platon le mauve

Par : -z-

Décidément les cyberpatriotards ont réussi leur coup sur la blogosphère, on ne parle plus que d’eux. Le cas de mon ami “penser et agir” en particulier est très intéressant. Ce monsieur sait argumenter et dépasse de loin tous ses médiocres collègues mauves qui sévissent sur le réseau. Mais savoir argumenter ne veut pas dire savoir convaincre. Et pour cause, sur son blog, celui-ci nous dévoile au grand jour, sa vision de la démocratie. Il cite Platon. Philosophe antique qui a certes révolutionné la pensée occidentale, mais qui est connu pour son hostilité envers la démocratie. Ainsi retient-on des articles repris par notre blogueur, que la démocratie conduit a terme à la tyrannie. Ou encore :«l‘État idéal de ne saurait être le démocratie qui donnerait le pouvoir au désirs et aux opinions», ce pourquoi, lit-on par la suite que Platon souhaiterait que le pouvoir reste entre les mains d’une aristocratie. Je ne m’aventurerai pas dans une analyse de la société grecque antique et je ne porterai pas de jugement sur un philosophe qui a vécu dans une autre époque et dans un autre contexte. C’est l’extrapolation de notre ami “penser et agir” qui m’intéresse. D’autant plus intéressante que celui-ci nous dévoile par la même, la philosophie officieuse du parti est qui est celle-ci:    -L’horreur des désirs et des opinions de la plèbe, assimilés comme pour Platon aux pulsions animales d’une masse d’incultes.    -La concentration du pouvoir entre les mains d’une “aristocratie”. Si dans le cas de Platon celle-ci devait être composée «desplus sages, des plus savants, des plus raisonnables et des plus désintéressés» dans le cas de notre triste régime, ils sont tout l’inverse (surtout la dernière vertu)

Ce que nous livre notre blogueur mauve sous un emballage philosophique n’est rien d’autre que le complexe de supériorité de cette clique au pouvoir qui a décrété que le peuple était immature et qu’elle se devait de le domestiquer. Je me rappelle avoir eu une discussion avec un RCDiste orthodoxe qui était convaincu que le peuple tunisien est génétiquement incompatible avec la démocratie à cause de ses pulsions et désires irrationnels. (Il n’y a pas que les RCDisites qui pensent ainsi). Bien sûr il n’avait pas oublié de me citer le cas de l’intégrisme algérien qui pour lui illustre parfaitement cet impératif catégorique. La psychologie nous apprend que tout complexe de supériorité répond à un sentiment d’infériorité et d’une haine de soi. Selon Albert Memmi il s’agit d’un complexe de colonisé qui demeure enfoui dans l’inconscient et qui s’exprimerait par ce genre de discours dénigrant envers “l’arabe” et par extension “le tunisien”. Ainsi donc, l’idéologie mauve dans ses profondeurs, relève plus du type psychologique que de la philosophie grecque.

Démocratie, c’est quoi ce machin ?

Je ne vais pas ici définir ce qu’est la démocratie. Je reste convaincu que ce système de gouvernance est le moins pire et qu’il est applicable à n’importe quelle société indépendamment de son histoire, de sa culture et de sa religion. Bien sûr que chaque pays l’adaptera à ses spécificités d’où l’impossibilité de réduire la démocratie à un modèle unique. Un rapport établi par la revue The Economist classe les 164 pays que compte la communauté internationale par degré de démocratie. De manière générale on retrouve une corrélation évidente entre démocratie et développement. Notre pays figure dans la dernière catégorie: “régime autoritaire” au 142ème rang. Ce qui lui vaut la minable note de 3/10. Il est intéressant de noter que le seul indicateur qui nous a été le plus favorable est celui de la culture politique (5/10) dû, à mon avis, à l’activisme de certains militants, au dynamisme de notre blogosphère et tout ce que le régime réprime. Les autres indicateurs qui sont du ressort de l’État, (processus électoral, fonctionnement du gouvernement, participation, libertés civiles) sont en dessous de la moyenne. Il ne va sans dire, que le premier responsable du Bug démocratique, c’est d’abord l’État (donc le régime) et les tenants de la théorie de la haine de soi. Mon analyse est simpliste certes, mais je défie quiconque qui pourrait me montrer en quoi le peuple est responsable de ce blocage tant que l’espace du débat en Tunisie reste confisqué par cette “aristocratie”?

Et pourtant notre président croit en la démocratie!

Si à la limite, notre régime reconnaissant son mépris pour la démocratie, on y gagnerai en transparence et en honnêteté. Et pourtant pour les vœux de la nouvelle année, notre président nous ressort encore sa rengaine «d’aller de l’avant sur la voie de la consolidation du processus démocratique pluraliste»(ici). 22 ans qu’il nous tend cette carotte! Pour revenir à “penser et agir”, je lui signale tout de même qu’il devrait faire plus attention à ce qu’il dit. Par sa prose savante notre ami trahit la ligne du parti qui en apparence prône la démocratie et qui en coulisse crache dessus. “Penser à Agir” est pourtant un mauve orthodoxe qui devrait jouer à ce jeu hypocrite. Mais il est plus sincère et intelligent que ses collègues. Il me rappelle le personnage de Syme dans 1984 de George Orwell. Syme était aussi un membre du parti mais qui s’était fait “vaporiser” parce qu’il voyait trop clairement et parle franchement. Le parti n’aime pas ces individus.

A toi “penser et agir”: garde ton anonymat car un jour l’ironie du sort nous jettera toi et moi dans le même cachot. Moi pour avoir critiqué le parti, et toi pour l’avoir dévoilé… Sur ce Bonne Année 2010 tant que nous restons libres et en bonne santé!

(Source : le blog « Débat Tunisie » (censuré en Tunisie), le 5 janvier 2010)

Lien :http://debatunisie.canalblog.com/archives/2010/01/05/16374433.html


Le Comité central du RCD au pouvoir les 16, 17 et 18 janvier.. Le remaniement semble être imminent

 
Remarques à chaud par: Abdel Wahab Hani D’habitude banales, les sessions ordinaires, et mêmes exceptionnelles, de Comité centrale du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti  au pouvoir, n’attirent guère l’intérêt du public, étant un rendez-vous habituel bi-annuel, tournant souvent au rituel ‘organique’ de la vie du parti. Mais la 2e session ordinaire, annoncée à l’instant même (sur le portail de la Présidence Carthage..tn), pour les 16, 17 et 18 janvier, attire l’attention. ومن جهة أخرى أعلن الأمين العام للتجمع أن سيادة الرئيس قرر دعوة اللجنة المركزية للانعقاد في دورتها العادية الثانية أيام السبت والأحد والاثنين 16 و17 و18جانفي 2010. Elle intervient alors que le pays attend, depuis des mois, la confirmation / infirmation d’un probable remaniement ministériel, en ce début du dernier quinquennat du Chef de l’Etat en exercice. Les coutumes du RCD veulent que les membres de son CC se réunissent à la Maison du Parti, Avenue Mohamed V, sans leur Président. Et qu’ils se rendent au Palais présidentiel de Carthage pour le jour de clôture, avec un discours ‘présidentiel’ du Président du Parti. Cette “présidence présidentelle” du parti présidenteil et le” rituel présidentiel” qui l’accopmagne n’ont pas manqué d’appeler les vives protestations de l’opposition, qui dénonce un traitement privilégié du parti au pouvoir, alors que le Chef de l’Etat est le Président de tous les Tunisiens, dès l’annonce des résultats officiels de son élection.
 
Pour pallier à cette critique, le RCD au pouvoir s’est doté, très tôt, d’une Vice-Présidence, assumée jusqu’en juillet 2008, par un Tandem, composé par l’ancien (Hamed Karoui) et l’actuel Premier Ministre (Mohamed Ghannouchi), avant de limiter le nombre, à l’unicité, la Vice-Présidence. C’est désormais l’actuel Premier Ministre qui assume seul, cette fonction.
 
Mais le problème de l’Impartialité institutionnelle de la fonction du Chef de l’Etat, soulevé par l’opposition, reste pertinent, notamment en ce dernier quinquennat.
 
Tous les acteurs de la vie politique nationale eppaellent de leurs voeux un Développement politique digne du Développment social et Humain de la Nation, y compris l’actuel Chef de l’Etat lui même, lors de sa prestattion de Serment du 12 novembre dernier, devant les deux chambres réunies au Bardo.
 
Les récents débats budgétaires ont largement abandé dans ce sens, que se soit dans les interventions des Députés et des Conseillers ou des les réponses des Ministres, notamment du Premier Ministre Mohamed Ghannouchi.
Hormis cet aspect qui ne manqeura pas d’êre rappelé, cette 2e session ordinaire du CC du RCD, devrait accompagner, en amont ou en aval, le remaniement tant attendu. Les tunisiens auront donc une idée claire sur le Gouvernement qui présidera à leurs destinés durant les ces cinq prochaines années. Et qui préparera, de surcroit, l’avenir de la Nation.
 
Notons que cette 2e session ordinaire est marquée par Saïd Gombra n° 66 et peut être d’autres dont le décès nous a échappé.
 
Le règlement du RCD ne prévoit pas de remplacement des membres décédés du CC, mais la question devrait se poser.
 
D’ailleurs, les Statuts sont très basique pour un grand parti, au pouvoir de surcroit. Il y a beaucop à faire à son jeune Secrétaire général Mohamed Ghariani, ou à son successeur, pour les moderniser et les démocratiser.
 
Cinq points retienennt notre attention:
 
1-La nomination par le Bureau politique des Secrétaires généraux des Comités de coordination devrait être remplacé par un processus d’élection démocratique;
 
2-La nomination de plus de 40% des membres du CC, par le Président du Parti réduit la légitimité dméocratique de cette institution. Si ces nominations peuvent pallier des manques, par exemple dans la représentation des femmes ou des jeunes, leur nombre trop élevé fait entrer en conflit une légitimité de nomination et une autre des urnes et risque de ce fait de bloquer l’institution.
 
3-La présence au sein du CC de commis d’Ambassadeurs, de Gouverneurs ou de de Présidents d’Institutions nationales devant revetir le cachet de l’Impartialité. En suivant la logique établie par le Code électoral, comme il a été amendé par le Loi organique du 14 juin 2004, les critères d’Inégibilité pour l’appartenance à l’une des Chambres du Parlement, les Députés ou les Sénateurs, doivent être observées par les partis politiques, ainsi que les critères d’incompatabilité avec lesdites fonctions. Il y va de la sérénité et de la pérennité des Institutions de la République.
 
Nous avons à l’esprit à titre d’exemples: le Président du Comité supérieur des droits de l’homme, M. Moncer Rouissi, n° 18, dont la présence au CC amoindrit les chances dudit Comité d’accéder au rang “A” des institutions nationales des droits de l’homme, auprès des Nations Unies. Nous pensons aussi à M. Sadok Chaabane, Président du Conseil économique et sociale, n° 13.. Ainsi qu’aux Présidents et membres des Conseils d’Administration des Institutions financières, faisant appel public à l’Epargne, au Crédit et à la Participation.
 
4-La stricte conformation aux lois de la république fait parfois défaut. Par exepmle les Secrétaires généraux des Comités de coordination se comportent comme des représentants de l’Etat et sont traités d’une manière privilégié par les Wollat/Gouverneurs et les Mootamads/Délégués, ce qui n’est pas conforme à l’esprit de la loi républicaine. Nous viens à l’esprit le retard pris par le Secrétariat général du parti d’informer le Ministère de l’Intérieur des changements intervenus dans ses structures dirigeantes.
 
5-Ainsi que le non respect des termes des Statuts et du Réglement intérieur, lors des décisions. Par exemple lors de la nomination des Secrétaires généraux des Comités de coordination et de leurs adjoints, qui sont des préprogatives du Bureau politique, et non du Président du parti… etc
 
6-Lors des nominations qui interviennent dans sa structure et qui émanent de son Président, le parti doit distinguer entre la fonction de Président du parti et de Président de la République. Il doit en tenir compte de cete distinction dans ses somuniqués, sa presse et ses médias, et tenir la presse et les médias nationaux à ce stricte respect. Par exepmle, lors du futur et inéluctable changement imminent de Bureau politique, préropgative du Président du parti, selon les termes des qrticles 25 et 26 de son règlement intérieur, il ne faut pas dire: “Le Chef de l’Etat a décidé”… mais plutôt : “le Président du parti”… Il y va de cette noble séparation appelé par nos citoyens.
 
Nous adressons ces remarques amicales aux sages du parti au pouvoir et à sa direction, pour qu’il renforcent la Démocratie interne dans leurs structures, ce qui aura un impact inéluctable dans la démocratisation de la vie politique dans le pays. Remarquons au passage, que la clôture, prévue le 18 janvier, coincidera avec le 58e anniversaire de la Révolution, commémorant le déclechement de la Révolution bénie et l’arrestation du Zaïm feu Habib Biourguiba et ses compagnons et ayant enclenché le processus final de l’épopée nationale de l’Indépendance. Ext-ce le hasard du calendrier ou un choix réfléchi pour mieux encrer le parti au pouvoir dans son histoire, après des tentatives de lui en donner une autrem en substitution? A suivre.. Paris, le 6 janvier 2010 Abdel Wahab Hani

 

 Au secours pour une subsistance !

 

On avait cru un temps, à la suite de l’élection de monsieur Barak OBAMA, président de la plus grande puissance du monde, que la justice sur le globe aller régner, ou au moins s’améliorer. Dans ses promesses électoralistes (j’ose l’affirmer de la sorte, maintenant, il me semble), il ne cessait de promettre la dignité à l’humanité. Les damnés de la terre croyaient voir enfin la lumière, au bout du tunnel. Persuadés qu’il était l’un des rares à percevoir l’origine du mal : les causes de désespérances et le terrorisme qui s’ensuit souvent. Les voilà maintenant éclairés sur la nature de l’individu (guerres multiples appuyées ou déclarées, en Irak, en Afghanistan, en Somalie…et maintenant au Yémen), alors qu’il aurait suffi de soigner l’origine du mal, humainement.   Les USA fournissent matériels et assistances techniques au harkis égyptien, MOUBARAK pour fermer définitivement, sur 1.5 million de « musulmans »survivants, le caveau GAZA, de son coté, à l’aide du mur d’acier bientôt achevé, car les sionistes qui ont occupé la Palestine en 1948, ont verrouillé les portes de tous les autres accès : terre, mer et air. Il ne faut pas être un génie pour s’apercevoir que le « terrorisme » n’a comme source qu’un autre terrorisme, officiel celui-là, et autrement plus pernicieux : la criminalité des dictatures et leurs suppôts, à travers la planète terre : traitements  inhumains, pillages orchestrés, interdiction de tout visage de vie décente, parfois même de toute subsistance (se référer aux détenus en Tunisie, aux « libérés » et aux familles de ce monde, nombreux dans notre pays de jasmin.   Par quel moyen veut-on que des humains réduits à néant par tous les moyens inhumains, se défendent ? Car les lois de la subsistance nous impose, me semble-t-il, de nous défendre pour ne pas disparaître. Il semble certain, maintenant, que tout souffle de liberté, de dignité ou d’humanité est interdit au monde arabo-musulman par l’occident qui le revendique continuellement, mais pour chez lui seulement. Aux sceptiques, je dis : les dictatures sanguinaires sont créées et entretenues par cet occident arriviste et criminel, ne voyant que des intérêts matériels à court terme, et pratiquant la politique du tac au tac, ou de l’autruche, c’est selon. Taoufik BEN BRIK, comme tout journaliste intègre, est une des victimes du massacre des plus élémentaires droits de citoyen de ce monde. La mafieuse loi de la jungle dans la Tunisie de ZABA, qui l’a embastillé, est la feuille de route des despotes du reste du monde, arabe surtout. Elle ne ménage pas un seul être digne, qui oserait demander qu’on ôte la botte tyrannique écrasant son coup. Mais notre très cher Taoufik est un homme de plume, acerbe de surcroît. Et c’est le pire adversaire des ennemis de l’existence, car il déculotte magistralement leur cul de macaque. Il est difficile de contredire, en effet, les faits qu’il décrit, dépeint ou rapporte, tant ils sont si éclaircis. Le 4ème pouvoir (les mass medias) est celui qui surveille “normalement”, entre autres, le mode de fonctionnement des 3 autres (législatif, judiciaire et exécutif) relevant de l’état. Il rend donc compte de la nature  du pouvoir en place. Il est aisé de  comprendre que toute bande organisée ne peut que le craindre. Il la met à nu. Le TYRAN tunisien, par exemple, continue impunément sa basse besogne. Sa place à lui, par contre, est en prison, comme cela devrait être le cas de ses suppôts arabes, mais surtout occidentaux des prétendues démocraties (France,  USA etc.). Je dis bien surtout occidentaux, parce que si ceux-là étaient démocrates, comme ils le ressassent à tout bout de chemin, ils ne laisseraient jamais l’arbitraire détruire  l’Homme, où que ce soit sur le globe : n’étant nous pas tous des humains ? Justice donc !     Le peuple tunisien, comme ses frères arabes, en appelle à la conscience de ce monde pour lui venir en aide, afin qu’il soit libéré de la haine mafieuse conjuguée, entre harkis arabes  et leurs associés d’Occident.   RABAM, un tout juste rescapé.
 

Lutte contre le terrorisme: la Mauritanie va réorganiser son armée

AFP, le 6 janvier 2010 à 18h41

NOUAKCHOTT, 6 jan 2010 (AFP) –  Le Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a annoncé mercredi devant l?Assemblée nationale une “vaste réorganisation et professionnalisation de l?armée et des forces de sécurité” dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

“Dans le domaine de défense et de sécurité, le gouvernement entreprendra (…) les procédures de modernisation des forces armées et de sécurité”, a-t-il affirmé devant les députés en lisant la déclaration de politique générale du gouvernement issu de l’élection présidentielle du 18 juillet. “Il compte renforcer leurs capacités défensives et les impliquer, en temps de paix, dans les activités de développement”, a-t-il ajouté. “Il va sans dire que ces hautes ambitions supposent, en plus de l?amélioration des conditions de vie, une réorganisation et une professionnalisation de l?armée nationales et des forces de sécurité”, a-t-il souligné. “Une attention particulière sera alors accordée à la mise en place de corps professionnels en mesure d?assumer leurs tâches de défense et de sécurité, de servir la République et de lutter, en toute efficacité, contre le trafic de drogue, le terrorisme et la migration clandestine”, a-t-il encore précisé . Mardi, l’Assemblée nationale mauritanienne avait adopté des amendements à la loi antiterroriste de 2005, qui autorisent notamment les écoutes téléphoniques et suppriment la prescription en matière de terrorisme. Ces deux dernières années, des combattants islamistes de la mouvance d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont multiplié les attaques meurtrières et les enlèvements d’Occidentaux en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien a introduit ces amendements à la loi antiterroriste après les rapts de trois humanitaires espagnols le 29 novembre et de deux touristes italiens en décembre sur le sol mauritanien. Mais l’opposition a vivement critiqué ces nouveaux amendements. “Cette loi vise à restreindre les libertés individuelles et collectives et à donner carte blanche aux forces de sécurité pour malmener qui ils veulent”, a indiqué le député Mohamed Moustapha Ould Bedreddine (Union des forces du progrès, opposition).  

AFP


 

Un cadre d’une entreprise canadienne enlevé en Algérie

Reuters, le 6 janvier 2010 à 19h18

ALGER, 6 janvier (Reuters) – Un ingénieur algérien travaillant pour l’entreprise canadienne de construction SNC-Lavalin (SNC.TO:Cotation) a été enlevé par un commando armé lundi en Kabylie, à environ 150 km au sud-est de la capitale, rapportent mercredi les quotidiens El Watan et Le Soir d’Algérie.

Les autorités algériennes n’ont pas confirmé l’information. L’entreprise canadienne de BTP n’a pas pu être jointe. D’après ces journaux, qui citent des sources proches des services de sécurité, l’homme travaillait sur un projet de construction d’une usine de traitement de l’eau dans la région de Bouira et a été enlevé alors qu’il se rendait à son travail. Les forces de sécurité ont lancé une opération de recherche. Des insurgés affiliés à Al Qaïda continuent de faire sauter des bombes et d’enlever des personnes de temps à autre en Algérie, mais le niveau de violences a considérablement baissé ces dernières années dans le pays. En octobre, sept policiers avaient été tués par des rebelles alors qu’ils escortaient près de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, des agents de sécurité privés travaillant pour SNC-Lavalin, d’après les médias locaux. (Lamine Chikhi, version française Jean-Loup Fiévet)  

 


 

 

 

France: la droite endeuillée par la mort d’un de ses ténors, Philippe Séguin

AFP, le 7 janvier 2010 à 12h33

PARIS, 7 jan 2010 (AFP) Orateur brillant et personnage ombrageux, l’ancien ministre Philippe Séguin, figure de la droite gaulliste en France et adversaire résolu du traité de Maastricht en Europe, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 66 ans. Premier président de la Cour des comptes depuis 2004, cet ancien ministre des Affaires sociales, ancien député des Vosges (est), ancien maire d’Epinal, qui présida pendant cinq ans l’Assemblée nationale, est mort d’une crise cardiaque dans son appartement parisien. Ses obsèques auront lieu lundi en l’église Saint-Louis-des-Invalides à Paris, en présence du président Nicolas Sarkozy qui prendra la parole lors de la cérémonie. “Serviteur de l’Etat” exigeant et “gardien des valeurs républicaines”, “doté de beaucoup d’audace” et d'”indépendance d’esprit”, “capable de dire non”: l’ensemble de la classe politique, émue à droite comme à gauche, a salué la mémoire de celui que M. Sarkozy a qualifié de “grande figure” de la vie nationale. Stature massive, prenant ou perdant des kilos au fil du stress et des régimes, voix de stentor et barbe intermittente, Philippe Séguin s’était imposé comme un leader de premier plan en prenant la tête en 1992 de la campagne contre le traité européen de Maastricht. Contre une majorité de son camp, il s’était opposé à la monnaie unique et à l’idée de toute perte de souveraineté pour la France. Il n’avait pas non plus hésité à démissionner de la présidence du parti gaulliste RPR (ancêtre du parti UMP actuellement majoritaire) en pleine campagne des européennes en 1999. Ni à prendre ses distances avec l’ancien président Jacques Chirac, dont il fut l’un des acteurs du succès lors de la campagne présidentielle de 1995. Célèbre pour ses courroux “aussi brusques qu’inattendus”, selon les termes du président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, il était aussi réputé pour ses talents d’orateur. Sa prestation en septembre 1992 défendant le “non” à Maastricht face à un François Mitterrand malade est restée célèbre en France. Nicolas Sarkozy a salué “un homme particulièrement attachant”, “à l’intelligence rare”, “au tempérament chaleureux et généreux”, “entier et absolument passionné”. “Il n’avait peur de personne, il résistait à tout”, a dit l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. C’était un “sage” dont “la voix était une référence et une boussole”, a réagi de l’autre côté de l’échiquier politique la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry. “Son érudition, son affabilité, ses connaissances personnelles du Maghreb et de la civilisation andalouse font de sa disparition une perte irréparable pour ses amis, en particulier pour les musulmans de France”, a réagi le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker. Philippe Séguin était né à Tunis le 21 avril 1943 dans un milieu modeste avant de rejoindre l’école des élites de l’administration française, l’ENA. Député pendant 24 ans, il avait renoncé à se représenter aux législatives de 2002 et s’était rangé de la politique un an après sa défaite aux municipales à Paris contre l’actuel maire socialiste Bertrand Delanoë. Il avait alors réintégré la Cour des comptes pour en devenir le président, c’est-à-dire chargé de contrôler l’ensemble des budgets publics. Père de quatre enfants issus de deux mariages, il était aussi un passionné d’histoire et de football, omniprésent dans les stades, pas forcément à la tribune d’honneur.  

AFP


 

France: les écoles des élites critiquées pour leur refus de s’ouvrir

AFP, le 6 janvier 2010 à 18h16

Par Deborah PASMANTIER

PARIS, 6 jan 2010 (AFP) – Fleuron de l’enseignement supérieur, les Grandes écoles sont accusées en France de bloquer l’ouverture des élites aux classes sociales les moins favorisées, parmi lesquels les jeunes issus de l’immigration, prônée par le président Nicolas Sarkozy.

Le plan pour la promotion sociale des minorités du président français avait été lancé il y a à peine plus d’un an et l’objectif fixé en novembre: “porter à 30% le nombre de boursiers” dans les Grandes écoles.

Ces institutions, très difficiles d’accès, accueillent essentiellement des jeunes issus des milieux socio-culturels élevés

– souvent de génération en génération – qui forment des bataillons de politiques, hauts fonctionnaires et économistes. Face à des universités, peu coûteuses, de plus en plus dévalorisées.

“Soyez volontaristes, n’ayez pas peur” de faire évoluer les méthodes de recrutement, a lancé la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, aux vénérables établissements.

Mais fin décembre, la Conférence des grandes écoles (CGE), qui regroupe la plupart des établissements renommés tels l’Ecole polytechnique (ingénieurs) ou HEC (commerce), a fait savoir qu’elle désapprouvait d'”une manière générale la notion de +quotas+ et réaffirme que les niveaux des concours doivent être les mêmes pour tous”.

“Tout en reconnaissant que des soutiens individualisés doivent être apportés aux candidats issus de milieux défavorisés pour les aider à réussir des épreuves qui peuvent leur sembler plus difficiles parce que leur contexte familial ne les y a pas préparés”, elle estime que “toute autre politique amènerait inévitablement la baisse du niveau moyen”.

Une prise de position interprétée par certains comme l’expression d’une “réticence” à s’ouvrir aux jeunes issus de ces milieux, qui concentre la plus grande partie des immigrés du Maghreb et d’Afrique.

Le grand patron français François Pinault et l’économiste influent proche de l’Elysée Alain Minc disent avoir eu un “haut-le-coeur”, dans une tribune au quotidien le Monde.

Même indignation chez le commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, Yazid Sabeg, un homme d’affaires d’origine algérienne, nommé à ce poste fin 2008 par Nicolas Sarkozy, ou encore de la part de l’association SOS Racisme, fer de lance des luttes contre les discriminations.

Face aux critiques, le regroupement des grandes écoles a précisé sa position: “Nous ne refusons pas d’accueillir 30% de boursiers dans les grandes écoles, nous refusons d’accueillir, école par école, 30% de boursiers”, a déclaré son délégué général, Pierre Aliphat.

Mais cette nuance est rejetée par le directeur de l’Institut d’étude politique de Paris (Sciences Po), seule grande école à s’être ouverte à des étudiants des banlieues, théâtre en 2005 de graves émeutes sociales.

Car elle risque de générer “des grandes écoles pour riches” sans boursiers, et des établissements moins cotés accueillant de nombreux boursiers, a prévenu Richard Descoings.

Seul le proviseur du très réputé lycée parisien Henri-IV met en garde contre les “effets pervers” que risquent de provoquer les quotas. “Aux États-Unis, la Cour suprême a censuré il y a dix ans la discrimination positive. Elle avait été saisie par des étudiants noirs qui se plaignaient de leurs diplômes dévalorisés sur le marché du travail”, rappelle Patrice Corre.

Pour la quatrième année consécutive, HEC s’est retrouvée en tête du classement des écoles de commerce européennes réalisé par le quotidien Financial Times.

Mais la France reste l’un des pays “où les destins scolaires sont les plus fortement liés aux origines sociales et au capital culturel des familles”, ont estimé récemment deux sociologues dans le livre “L’élitisme républicain”.


 

L’épouse de Mehdi Karoubi, figure de la contestation en Iran, inquiète pour sa vie

A plusieurs reprises, ces derniers mois, Mehdi Karoubi, ce religieux de 72 ans, ancien président du Parlement et candidat réformateur malheureux à l’élection présidentielle iranienne contestée du 12 juin, où il est arrivé troisième derrière Mahmoud Ahmadinejad et Mir Hossein Moussavi, l’actuel chef de file de l’opposition, a été pris à partie et menacé. Y compris physiquement. Son journal, Ettemad-e-melli, a été fermé, ses conseillers arrêtés.

Le lendemain, alors qu’il quittait une cérémonie de deuil dans une mosquée de l’est de Téhéran, un petit groupe de nervis fondamentalistes l’a attaqué. Il était en voiture, le pare-brise a volé en éclats. La foule a dû disperser les assaillants. M. Karoubi, qui, le premier, a eu le courage de dénoncer les tortures et les viols en prison des manifestants, est devenu l’un des chefs de file les plus écoutés du mouvement “vert” de contestation. Il poursuit sa lutte, mais qu’en est-il de sa sécurité ? Fatemeh, son épouse, qui dirigeait le magazine féminin Irandokht, fermé, lui aussi, manu militari il y a quelques jours, jointe à Téhéran, a répondu à nos questions. Pense-t-elle que le pouvoir ira jusqu’au bain de sang, jusqu’au bout de cette répression qui a déjà fait des dizaines de morts ? “La politique sans compromis n’a pas de sens, estime-t-elle, mais ceux qui détiennent le pouvoir en Iran semblent avoir choisi la voie de la répression. Or, jamais dans notre histoire les méthodes répressives n’ont eu de succès contre le peuple courageux de l’Iran. Je crois qu’elles n’en auront pas davantage cette fois-ci.” Et Fatemeh Karoubi, qui dit espérer que les responsables de son pays “changeront bientôt leur vision et leurs méthodes vis-à-vis des revendications du peuple”, n’en est pas moins inquiète pour la sécurité de son mari, la sienne et celle de ses enfants. “Actuellement, le pouvoir ne nous assure aucune assistance ou protection notable, précise Fatemeh Karoubi, une ancienne infirmière, qui, par respect, désigne souvent son mari comme “M. Karoubi”. En fait, durant ces deux dernières semaines, même l’équipe chargée de la protection de M. Karoubi a manqué à ses devoirs, en raison des ordres mêmes qui lui ont été donnés.” “Alors que la situation a beaucoup empiré, le niveau de protection de M. Karoubi et celui de la résidence de notre famille s’est réduit à un niveau très bas, insuffisant. Nous avons dû, nous-mêmes, prendre des mesures pour assurer notre protection…”, raconte-t-elle. Cette femme courageuse, elle aussi – tenue à une certaine discrétion -, entend-elle par là que sa famille a été l’objet de menaces accrues ? “Oui, il y a eu, à plusieurs occasions, des agressions et des menaces de la part d’agents qui sont habillés en civil, mais munis d’une arme. Ces mêmes agents sont d’ailleurs soutenus et protégés par les forces de sécurité. La voiture de M. Karoubi a été sabotée.” Et elle ajoute : “Ce qui m’a inquiétée et m’a fait réagir, c’était la menace manifeste, lancée contre nous par le président de la commission de la sûreté nationale du Parlement, et celle de certaines figures extrémistes dans les médias nationaux. Le fait que les autorités du pays lancent un appel public pour que “le peuple, lui-même, agisse directement et de sa propre initiative, contre les dirigeants du mouvement vert”.” Qu’est-ce que cela signifie ? “Que le pouvoir donne son aval à des mercenaires qui se doivent, au nom du “peuple”, d’accomplir leurs devoirs en nous attaquant.” Estime-t-elle que sa vie et celle de son mari sont en danger ? “Oui, contenu de l’absence de protection adaptée, je suis inquiète pour moi, pour mon époux, et même pour mes enfants. Car les figures extrémistes qui ne pensent qu’à la répression croient en cette idée fausse, selon laquelle, avec la suppression physique de M. Karoubi et de M. Moussavi, ils peuvent jeter les revendications du peuple aux oubliettes.” Et elle ajoute ces mots très forts : “Moi, je déclare catégoriquement : si quelque chose de grave arrive à M. Karoubi, c’est le gouvernement qui en sera responsable. Le gouvernement ne doit ni ne peut se décharger de ce crime éventuel, en l’imputant aux étrangers ou à d’autres groupes.” Sans aller jusqu’à cette extrémité, que se passerait-il, à son avis, en cas d’arrestation des deux figures de proue de la contestation, son époux et Mir Hossein Moussavi ? Le mouvement “vert” du peuple d’Iran à des revendications conformes à la Constitution de la République islamique de l’Iran, tient-elle à préciser. M. Karoubi, dans ses déclarations, a réclamé à plusieurs reprises l’application de tous les articles de la Constitution iranienne, et M. Moussavi en a fait autant dans son communiqué n° 17, réclamant que, conformément à la Constitution, une partie des revendications soient prises en compte.” “Quiconque voudrait trouver une solution au problème actuel, doit admettre, dit-elle encore, que la loi est souveraine et qu’elle s’applique de la même façon pour tous. Il faut en finir avec les comportements illégaux. Sinon, prévient-elle, la crise actuelle ne s’en approfondira que davantage, chaque jour. L’arrestation de MM. Karoubi et Moussavi, non seulement serait injuste, mais jeterait de l’huile sur le feu, provoquant la colère de la société.” Que deviendrait le mouvement “vert” dans ce cas ? “Dans une telle hypothèse, nous devrons tous faire un effort pour que le peuple continue, comme avant, à manifester pacifiquement , et qu’il n’ait pas un lourd prix à payer pour cela.” Quant à l’attitude à l’étranger des militants des droits de l’homme et des défenseurs de la démocratie, vis-à-vis de la crise iranienne, Fatemeh Karoubi préfère ne pas se lancer dans des commentaires politiques : “Moi, répond-elle avec humilité, je ne suis pas en mesure de déterminer quel doit être le devoir des autres… Je préfère me référer à ce que mon époux a déclaré à plusieurs reprises : “J’ai accompli mon devoir religieux, légal et national. Je n’attends rien de personne”.”  

Marie-Claude Decamps

(Source : Article paru dans l’édition du 8 janvier 2010 du journal « Le Monde » (Quotidien – France))

 

 

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