L’OLPEC: Recrudescence des actes de harcèlement à l’égard des journalistes Committee to Protect Journalists: Exiled Tunisian journalist receives multiple death threats Liberté et Equité: procès de Lassaad Jouhri, Maatoug El Ir et Abderrazak Ounifi FTCR: Mort suspecte dans un centre de rétention belge Collectif Tunisien du 18 octobre pour les droits et les libertés: Les relations entre l’Etat, la religion et l’identité Abdelbaki FETHI: Rectification de l’info concernant Mme AFIFA MAKHLOUF Khemaies Chammari: “Tant va la cruche à l’eau…”, Débat Tunisie: La Démocratie selon Platon le mauve Abdel Wahab Hani: Le Comité central du RCD au pouvoir les 16, 17 et 18 janvier.. Le remaniement semble être imminent RABAM: Au secours pour une subsistance ! AFP: Lutte contre le terrorisme: la Mauritanie va réorganiser son armée Reuters: Un cadre d’une entreprise canadienne enlevé en Algérie AFP: France: la droite endeuillée par la mort d’un de ses ténors, Philippe Séguin AFP: France: les écoles des élites critiquées pour leur refus de s’ouvrir Le Monde: L’épouse de Mehdi Karoubi, figure de la contestation en Iran, inquiète pour sa vie
L’Observatoire de la Liberté de Presse, d’Edition et de Création
Recrudescence des actes de harcèlement à l’égard des journalistes
Tunis le 7 janvier 2010
L’OLPEC est vivement préoccupé par la détérioration de l’état de santé du journaliste et écrivain Taoufik Ben Brik ; Il a été alerté par sa famille qui vient de lui rendre visite le 6 janvier courant d’une dégradation inquiétante de son état suite aux négligences des responsables de la prison et de la mauvaise hygiène à laquelle il a été soumis dans ce pénitencier de Siliana où il a été transféré illégalement par mesure de représailles.
Ses médecins avaient publié dernièrement un communiqué où ils attirent l’attention sur la fragilité de sa santé précisant que « son état de santé et la prise de son traitement hormonal sont à l’origine d’une fragilité importante de son système immunitaire…Son état nécessite un suivi et une surveillance régulière par un médecin spécialiste compétent pour cette pathologie lourde. Des règles d’hygiène draconiennes doivent être respectées afin d’éviter toute décompensation pouvant menacer son pronostic vital. » ;
Sa femme, sa sœur ainsi que ses frères, dont les domiciles sont soumis à une surveillance policière permanente, ont décidé d’entamer une grève de la faim à compter du 6 janvier afin de protester contre « cette mort lente à laquelle il est soumis ».
Rappelons que Taoufik Ben Brik avait été condamné en première instance le 26 novembre 2009 à l’issue d’un procès inéquitable à 6 mois de prison ferme pour avoir publié des articles critiques à l’égard de Ben Ali dans la presse étrangère durant la campagne électorale.
Notons que les élections d’octobre 2009 ont constitué pour le pouvoir un moment de répression sans précédent contre les journalistes qui ont osé critiquer les autorités ;
Un autre journaliste, correspondant d’Assabilonline, Zouhayr Makhlouf est également détenu dans de mauvaises conditions, après avoir été condamné le 1er décembre par la Cour d’appel à Trois mois de prison ferme et 6000 Dinars d’amende pour avoir produit une vidéo sur la pollution dans une zone industrielle. Sa femme subit elle aussi une surveillance policière étroite et se voit privée du droit de visite par intermittence.
Par ailleurs l’OLPEC constate que les actes de harcèlement à l’égard des journalistes se poursuivent encore.
· Le 28 décembre, Moez Jemai, correspondant de radio kalima à Gabes a été délesté de ses documents d’identité par un individu qu’il suspecte de travailler avec la police politique ; Immédiatement après une entrevue qu’il a eue avec Omar Mestiri, le directeur de la radio à Tunis, Moez Jemai a été pris en chasse par une équipe de la police politique à laquelle il a déjà eu à faire. Dès qu’il s’est attablé dans un restaurant, l’individu s’est approché de lui et l’a délesté de son porte document où se trouvait sa carte d’identité, son passeport, sa carte de presse de la FIJ ainsi qu’une importante somme d’argent. Lorsqu’il s’est rendu au poste de police pour faire sa déclaration, les agents lui ont proposé une somme d’argent consistante en contre partie de l’arrêt de sa collaboration avec radio Kalima et lui ont promis de recouvrir ses documents d’identité le lendemain. Face à son refus, ils lui ont répondu qu’il devra attendre un an pour que ses documents lui soient restitués.
· Le 30 décembre, le président du syndicat des journalistes, Néji Bghouri, a été empêché d’accéder à son lieu de travail, la Presse (gouvernementale), par plusieurs agents de la police politique qui invoquaient des « instructions » ; il a fallu que plusieurs de ses collègues sortent et décident de n’entrer qu’en sa compagnie, pour que les policiers s’écartent pour le laisser passer. Le 31, un autre dispositif policier s’est interposé sur l’autoroute menant de Tunis à Kairouan, afin de l’empêcher de parvenir à Kairouan où il était attendu pour faire une conférence ; Il a été obligé à la fin de rebrousser chemin.
· Le 30 décembre, les journalistes Faten Hamdi (Radio Kalima) et Slim Boukhdhir (freelance) ont été agressés par la police politique qui avait interdit un meeting de solidarité avec Zouhayr Makhlouf et Taoufik Ben Brik organisé par le comité national de soutien aux journalistes au local du PDP ; tandis que Lotfi Hajji (Al jazeera) et Mahmoud Dhaouadi (La presse), ont été empêchés d’accéder au même local et copieusement insultés par la police politique.
· De nombreux journalistes et défenseurs de droits humains ont été la cible d’une campagne de diffamation et d’insultes de la part de la presse de caniveau proche du pouvoir, qui ne s’est pas arrêtée depuis la campagne électorale ; ils sont accusés d’être des agents d’Israël, des corrompus et des prostituées ; Un appel au lynchage public a été lancé contre eux et ils ont été prétendument accusés d’être sur les listes noires du Hezbollah et de Hamas, l’un d’entre eux, Slim Bagga a reçu une lettre de menaces de mort à Paris où il réside.
L’OLPEC
· condamne avec la plus grande fermeté ces campagnes qui visent à réduire au silence toutes les voix libres en Tunisie ;
· Il exige la libération immédiate de Taoufik Ben Brik et de Zouhayr Makhlouf.
· Il appelle à l’arrêt de toute forme de harcèlement contre les journalistes.
· Rappelle à l’Etat tunisien ses engagements internationaux pour le respect de la liberté d’expression et la protection des défenseurs de droits humains.
Pour l’Observatoire
Le président
Mohamed Talbi
Exiled Tunisian journalist receives multiple death threats
1) procès de Lassaad Jouhri, Maatoug El Ir et Abderrazak Ounifi
La sixième chambre correctionnelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Faouzi Jebali, examinera jeudi 7 janvier 2010 l’affaire n°33965 dans laquelle sont déférés – Maatoug Ben Abdallah Ben Mohammed El Ir (détenu) – Abderrazak Ben Hédi Ben Ahmed Ounifi (détenu) – Lassaad Ben Mohammed Ben Ali Jouhri (non détenu) – Abdelwahed Ben Houssine Ben Ali Sayeh (hors de Tunisie) – Brahim Ben Ali Ben Mohammed Laamouri (hors de Tunisie) – Mohammed Habib Ben Abdessalam Ben Mohammed Farah (hors de Tunisie) Pour collecte de fonds non autorisée en vertu des dispositions du décret du 8 mai 1922.
2) Détérioration de l’état de santé de Mohammed Lafi, prisonnier d’opinion
La famille du prisonnier d’opinion Mohammed Lafi, actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia, a fait part lors d’un contact avec Maître Najet Laabidi,de sa profonde inquiétude et de sa préoccupation face à la détérioration de l’état physique et psychique du prisonnier précité. Ce dernier a demandé à maintes reprises à l’administration de la prison d’être examiné par un médecin après s’être plaint en permanence d’éruptions cutanées, de boutons, d’allergies, d’hypertension. L’administration a refusé de lui transmettre les médicaments achetés par la famille. Mohammed Lafi es taccusé d’adhésion à une entente en relation avec les infractions terroriste et de tenue de réunions non autorisées. Après que le sixième juge d’instruction eût émis un décret de clôture de l’instruction, le parquet a fait appel, puis le procureur général près la cour d’Appe s’est pourvu en cassation et l’affaire n’a toujours pas été examinée. Mohammd Lafi est détenu avec un groupe d’étudiants qui sont privés de leurs droits aux études […] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Le drame des migrants continue Mort suspecte dans un centre de rétention belge
Collectif Tunisien du 18 octobre pour les droits et les libertés
Les relations entre l’Etat, la religion et l’identité
( traduit de l’arabe)
Au terme d’une série de conférences publiques et de débats internes sur les thèmes des « relations entre la religion et l’Etat » et « l’identité nationale » ; le « Collectif tunisien du 18 octobre pour les droits et les libertés »est parvenu à dégager, entre ses composantes, un certain nombre de dénominateurs communs qui peuvent être considérés comme la base minimale de convergences et d’inspiration pour la construction de la démocratie à laquelle nous aspirons. Ce projet vise à prendre en compte et à garantir l’exercice des droits des citoyens, leurs libertés, leurs croyances et leurs convictions.
L’analyse des prises de positions des différentes visions en présence et de l’expérience tunisienne contemporaine relative aux relations entre la religion et l’Etat ; a permis de mettre en exergue trois défis majeurs auxquels le peuple tunisien est confronté dans sa quête pour la mise en œuvre d’une démocratie effective et pour l’instauration de rapports pacifiques entre la religion et l’Etat.
1) Le premier de ces défis est celui de l’oppression exercée par le pouvoir et sa détermination à soumettre l’exercice de la religion musulmane à la volonté du régime en place en l’instrumentalisant à ses fins propres. Cette démanche procède d’un choix récurant visant à imposer sa vision de la religion à l’ensemble de la société conformément à ses intérêts politiques et à son exigence de monopole sur tous les espaces religieux. Les imams sont ainsi choisis prioritairement en fonction du critère d’allégeance et leurs prêches sont strictement encadrés. Les libertés individuelles des citoyens et des citoyennes, dans la diversité de leurs convictions religieuses, intellectuelles et politiques, sont à ce niveau systématiquement bafouées.
2) Le deuxième défi relève de l’oppression exercée au nom de la religion.
Celle-ci découle d’une lecture dogmatique et maximaliste des prescriptions et des interprétations du texte sacré qui conduit à des intrusions violentes dans le vécu privé des citoyens, portant atteinte à leurs libertés et à leurs droits fondamentaux ainsi qu’aux principes démocratique.
3) Le troisième défi est celui exercé, abusivement au nom de la modernité qui vise à exclure la religion de la vie publique par la contrainte en s’appuyant à la fois sur les moyens de coercition de l’Etat et par d’autres moyens tout en poussant à l’affrontement entre la religion et l’Etat. Cette démarche ne peut que favoriser le maintien du pouvoir oppressif en place et à renforcer les atteintes aux libertés et aux droits humains, retardant ainsi la réalisation du projet démocratique.
Face à des défis, le « Collectif du 18 octobre » s’engage à faire sienne, et à défendre, une vision des relations entre l’Etat, la religion et l’identité nationale découlant de l’interaction créatrice entre les fondements de notre civilisation arabo-musulmane et les acquis modernes de l’Humanité. Au premier rang de ces acquis il y a la référence à la défense des droits humains et des libertés individuelles et collectives dont l’exercice effectif est une condition primordiale au progrès, au développement et à la sauvegarde de la dignité.
Le « Collectif du 18 octobre », à l’unanimité de ses composantes intellectuelles et politiques, met l’accent, dans ces conditions, sur les éléments focaux suivants :
1– l’Etat démocratique auquel nous aspirons ne peut être qu’un Etat de nature civile fondé sur les principes Républicains et le respect des droits Humains. Cet Etat puise sa légitimité dans la volonté populaire qui est appelée, dans le cadre de la mise en œuvre de ces principes, à assurer l’élection périodique des institutions du pouvoir et à leur demander des comptes ; gouvernants et gouvernés se conformant aux règles et aux lois adoptées par les institutions constitutionnelles élues. Sur cette base, il convient, bien entendu, de garantir le droit pour chacune des parties concernées par ce consensus à s’inspirer, de ses propres référents intellectuels et spirituels, dans la formulation de ses propositions programmatiques, dans tous les domaines.
2- Les pratiques politiques sont le résultat d’un effort de création et d’interprétation (ijtihad) humain et cela vaut pour tous et pour toutes, par delà les convictions et les croyances des uns et des autres. Cela ôte à ces pratiques politiques tout caractère sacré quelle qu’en soit la forme. Le champ politique est, dans ces conditions, un espace libre pour le dialogue et le débat entre les protagonistes politiques et civils – et leurs programmes – dans la diversité de leurs propres références intellectuelles.
3- L’Etat démocratique auquel nous aspirons se fonde sur les normes et les principes de la citoyenneté, de la liberté et de l’égalité. Sur cette base, l’Etat se doit de garantir l’exercice effectif de la liberté de croyance et de conscience, tout en luttant contre toutes les formes de discrimination entre les citoyens qui seraient fondées sur les convictions, les opinions, le sexe, l’appartenance sociale, politique, régionale ou autre. Le plein exercice, pour tous les citoyens de toutes libertés et tous les droits fondamentaux, est garanti en tant que fondement même du système démocratique.
4- L’Etat démocratique que nous appelons de nos vœux s’engage, en paroles et dans les faits, à garantir l’intégrité physique de la personne humaine et à proscrire toute forme de torture et de sévices corporels ou moraux portant atteinte à la dignité humaine. Le « Collectif au 18 octobre » dans l’unanimité de ses composantes, s’engage à ce que ses propositions programmatiques soient conformes à ces principes fondamentaux ; l’Etat s’engageant de se conformer – en les mettant effectivement en œuvre – aux dispositions de la « Convention Internationale » des Nations Unies de 1984 « relative à la lutte contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant ».
Le choix doit être ainsi fait, sur cette base, de mettre en place les mécanismes visant à éradiquer la pratique de la torture dans notre pays.
5- L’Etat démocratique auquel nous aspirons a l’obligation de donner à l’Islam, en tant que religion de la majorité du peuple, une place particulière en se gardant de tout monopole et de toute instrumentalisation et en garantissant le droit d’exercice à toutes les croyances et à toutes les convictions par la mise en œuvre effective de la liberté religieuse et de culte.
6- L’identité du Peuple Tunisien s’est constituée tout au long d’un long processus historique. Elle s’est enrichie, et elle continue de le faire, par l’interaction féconde et créatrice entre les fondements de la culture arabo-musulmane et les acquis universels de la modernité. Sur cette base, l’Etat démocratique auquel nous aspirons s’engage à :
a) défendre la langue arabe qui est la langue nationale en usage dans l’administration, l’enseignement et la culture et son enracinement continu dans la société avec constamment le souci d’ouverture sur les autres langues et les autres cultures.
b) favoriser l’ancrage du peuple tunisien dans sa civilisation arabe et musulmane en privilégiant tous les acquis positifs de celle-ci et en s’attachant à son évolution par la prise en compte des acquis modernes de l’Humanité qu’elle contribue elle-même à enrichir par une interaction positive et féconde. Dans le même temps, il nous faut être vigilants pour faire face à toutes les entreprises d’aliénation culturelle et de domination qui viseraient à mettre un terme à la diversité culturelle en imposant, plutôt que des références culturelles et des valeurs partagées, une vision hégémonique niant, de fait, toute diversité.
c) garantir la pratique de l’éducation religieuse en dehors de tout esprit d’instrumentalisation politique dans le cadre d’un système éducatif qui favorise le droit à l’enseignement et à la diffusion des valeurs de la réflexion critique et scientifique, ainsi que de l’effort d’interprétation (ijtihad) ; renforçant par la même la promotion d’une personnalité tunisienne ancrée dans son identité nationale et ouverte aux valeurs modernes.
7- L’Etat démocratique auquel nous aspirons se doit de défendre les causes justes des peuples arabes et musulmans et leurs légitimes aspirations à la liberté, à la démocratie et à la justice sociale. Il favorisera la recherche de l’unification des efforts pour faire face à l’oppression interne ainsi qu’à toute forme de colonialisme et d’hégémonie étrangère dans la détermination du destin des peuples concernés et dans la concrétisation de leur avenir commun.
Le « Collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » dans la diversité de ses composantes, rend publics ces principes et ces constats de convergences consensuels et prend l’engagement d’en favoriser la réalisation, tout en insistant sur le fait que l’expérience historique confirme que le contenu des rapports entre l’Etat, la religion et l’identité nationale ne peut se concevoir comme une ordonnance établie à priori et de façon inversible.
Ces rapports se fondent en effet, sur un pacte social. Celui-ci est appelé à évoluer en interaction avec les réalités politiques, culturelles et économiques de chaque société. Ce pacte est par essence évolutif.
A travers le temps, c’est un système de valeurs et de règles de conduite, non figées, que les générations successives doivent adapter à leurs conditions de vie et à leurs aspirations constantes au progrès. L’objectif est de favoriser un ancrage populaire de ce système de valeurs, de façon directe ou indirecte, à travers des institutions constitutionnelles représentatives fondées sur les principes du régime Républicain, les droit humains et l’identité nationale de notre peuple. ▪
Rectification de l’info concernant Mme AFIFA MAKHLOUF
Vous avez publié une information concernant le retour de Mme AFIFA MAKHLOUF épouse ELEUCH, disant qu’elle, ainsi que son mari étaient « réfugiés politiques », or cette information est complètement fausse, ils n’ont jamais été des réfugiés ni en France ni ailleurs. Ils avaient leurs passeports Tunisiens jusqu’à leur naturalisation (obtention de la nationalité Française). Merci de corriger cette information Abdelbaki FETHI
“Tant va la cruche à l’eau…”,
La Démocratie selon Platon le mauve
Par : -z-
Décidément les cyberpatriotards ont réussi leur coup sur la blogosphère, on ne parle plus que d’eux. Le cas de mon ami “penser et agir” en particulier est très intéressant. Ce monsieur sait argumenter et dépasse de loin tous ses médiocres collègues mauves qui sévissent sur le réseau. Mais savoir argumenter ne veut pas dire savoir convaincre. Et pour cause, sur son blog, celui-ci nous dévoile au grand jour, sa vision de la démocratie. Il cite Platon. Philosophe antique qui a certes révolutionné la pensée occidentale, mais qui est connu pour son hostilité envers la démocratie. Ainsi retient-on des articles repris par notre blogueur, que la démocratie conduit a terme à la tyrannie. Ou encore :«l‘État idéal de ne saurait être le démocratie qui donnerait le pouvoir au désirs et aux opinions», ce pourquoi, lit-on par la suite que Platon souhaiterait que le pouvoir reste entre les mains d’une aristocratie. Je ne m’aventurerai pas dans une analyse de la société grecque antique et je ne porterai pas de jugement sur un philosophe qui a vécu dans une autre époque et dans un autre contexte. C’est l’extrapolation de notre ami “penser et agir” qui m’intéresse. D’autant plus intéressante que celui-ci nous dévoile par la même, la philosophie officieuse du parti est qui est celle-ci: -L’horreur des désirs et des opinions de la plèbe, assimilés comme pour Platon aux pulsions animales d’une masse d’incultes. -La concentration du pouvoir entre les mains d’une “aristocratie”. Si dans le cas de Platon celle-ci devait être composée «desplus sages, des plus savants, des plus raisonnables et des plus désintéressés» dans le cas de notre triste régime, ils sont tout l’inverse (surtout la dernière vertu)
Ce que nous livre notre blogueur mauve sous un emballage philosophique n’est rien d’autre que le complexe de supériorité de cette clique au pouvoir qui a décrété que le peuple était immature et qu’elle se devait de le domestiquer. Je me rappelle avoir eu une discussion avec un RCDiste orthodoxe qui était convaincu que le peuple tunisien est génétiquement incompatible avec la démocratie à cause de ses pulsions et désires irrationnels. (Il n’y a pas que les RCDisites qui pensent ainsi). Bien sûr il n’avait pas oublié de me citer le cas de l’intégrisme algérien qui pour lui illustre parfaitement cet impératif catégorique. La psychologie nous apprend que tout complexe de supériorité répond à un sentiment d’infériorité et d’une haine de soi. Selon Albert Memmi il s’agit d’un complexe de colonisé qui demeure enfoui dans l’inconscient et qui s’exprimerait par ce genre de discours dénigrant envers “l’arabe” et par extension “le tunisien”. Ainsi donc, l’idéologie mauve dans ses profondeurs, relève plus du type psychologique que de la philosophie grecque.
Démocratie, c’est quoi ce machin ?
Je ne vais pas ici définir ce qu’est la démocratie. Je reste convaincu que ce système de gouvernance est le moins pire et qu’il est applicable à n’importe quelle société indépendamment de son histoire, de sa culture et de sa religion. Bien sûr que chaque pays l’adaptera à ses spécificités d’où l’impossibilité de réduire la démocratie à un modèle unique. Un rapport établi par la revue The Economist classe les 164 pays que compte la communauté internationale par degré de démocratie. De manière générale on retrouve une corrélation évidente entre démocratie et développement. Notre pays figure dans la dernière catégorie: “régime autoritaire” au 142ème rang. Ce qui lui vaut la minable note de 3/10. Il est intéressant de noter que le seul indicateur qui nous a été le plus favorable est celui de la culture politique (5/10) dû, à mon avis, à l’activisme de certains militants, au dynamisme de notre blogosphère et tout ce que le régime réprime. Les autres indicateurs qui sont du ressort de l’État, (processus électoral, fonctionnement du gouvernement, participation, libertés civiles) sont en dessous de la moyenne. Il ne va sans dire, que le premier responsable du Bug démocratique, c’est d’abord l’État (donc le régime) et les tenants de la théorie de la haine de soi. Mon analyse est simpliste certes, mais je défie quiconque qui pourrait me montrer en quoi le peuple est responsable de ce blocage tant que l’espace du débat en Tunisie reste confisqué par cette “aristocratie”?
Et pourtant notre président croit en la démocratie!
Si à la limite, notre régime reconnaissant son mépris pour la démocratie, on y gagnerai en transparence et en honnêteté. Et pourtant pour les vœux de la nouvelle année, notre président nous ressort encore sa rengaine «d’aller de l’avant sur la voie de la consolidation du processus démocratique pluraliste»(ici). 22 ans qu’il nous tend cette carotte! Pour revenir à “penser et agir”, je lui signale tout de même qu’il devrait faire plus attention à ce qu’il dit. Par sa prose savante notre ami trahit la ligne du parti qui en apparence prône la démocratie et qui en coulisse crache dessus. “Penser à Agir” est pourtant un mauve orthodoxe qui devrait jouer à ce jeu hypocrite. Mais il est plus sincère et intelligent que ses collègues. Il me rappelle le personnage de Syme dans 1984 de George Orwell. Syme était aussi un membre du parti mais qui s’était fait “vaporiser” parce qu’il voyait trop clairement et parle franchement. Le parti n’aime pas ces individus.
A toi “penser et agir”: garde ton anonymat car un jour l’ironie du sort nous jettera toi et moi dans le même cachot. Moi pour avoir critiqué le parti, et toi pour l’avoir dévoilé… Sur ce Bonne Année 2010 tant que nous restons libres et en bonne santé!
(Source : le blog « Débat Tunisie » (censuré en Tunisie), le 5 janvier 2010)
Lien :http://debatunisie.canalblog.com/archives/2010/01/05/16374433.html
Le Comité central du RCD au pouvoir les 16, 17 et 18 janvier.. Le remaniement semble être imminent
Au secours pour une subsistance !
Lutte contre le terrorisme: la Mauritanie va réorganiser son armée
AFP, le 6 janvier 2010 à 18h41
NOUAKCHOTT, 6 jan 2010 (AFP) – Le Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a annoncé mercredi devant l?Assemblée nationale une “vaste réorganisation et professionnalisation de l?armée et des forces de sécurité” dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
“Dans le domaine de défense et de sécurité, le gouvernement entreprendra (…) les procédures de modernisation des forces armées et de sécurité”, a-t-il affirmé devant les députés en lisant la déclaration de politique générale du gouvernement issu de l’élection présidentielle du 18 juillet. “Il compte renforcer leurs capacités défensives et les impliquer, en temps de paix, dans les activités de développement”, a-t-il ajouté. “Il va sans dire que ces hautes ambitions supposent, en plus de l?amélioration des conditions de vie, une réorganisation et une professionnalisation de l?armée nationales et des forces de sécurité”, a-t-il souligné. “Une attention particulière sera alors accordée à la mise en place de corps professionnels en mesure d?assumer leurs tâches de défense et de sécurité, de servir la République et de lutter, en toute efficacité, contre le trafic de drogue, le terrorisme et la migration clandestine”, a-t-il encore précisé . Mardi, l’Assemblée nationale mauritanienne avait adopté des amendements à la loi antiterroriste de 2005, qui autorisent notamment les écoutes téléphoniques et suppriment la prescription en matière de terrorisme. Ces deux dernières années, des combattants islamistes de la mouvance d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont multiplié les attaques meurtrières et les enlèvements d’Occidentaux en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien a introduit ces amendements à la loi antiterroriste après les rapts de trois humanitaires espagnols le 29 novembre et de deux touristes italiens en décembre sur le sol mauritanien. Mais l’opposition a vivement critiqué ces nouveaux amendements. “Cette loi vise à restreindre les libertés individuelles et collectives et à donner carte blanche aux forces de sécurité pour malmener qui ils veulent”, a indiqué le député Mohamed Moustapha Ould Bedreddine (Union des forces du progrès, opposition).
AFP
Un cadre d’une entreprise canadienne enlevé en Algérie
Reuters, le 6 janvier 2010 à 19h18
ALGER, 6 janvier (Reuters) – Un ingénieur algérien travaillant pour l’entreprise canadienne de construction SNC-Lavalin (SNC.TO:Cotation) a été enlevé par un commando armé lundi en Kabylie, à environ 150 km au sud-est de la capitale, rapportent mercredi les quotidiens El Watan et Le Soir d’Algérie.
Les autorités algériennes n’ont pas confirmé l’information. L’entreprise canadienne de BTP n’a pas pu être jointe. D’après ces journaux, qui citent des sources proches des services de sécurité, l’homme travaillait sur un projet de construction d’une usine de traitement de l’eau dans la région de Bouira et a été enlevé alors qu’il se rendait à son travail. Les forces de sécurité ont lancé une opération de recherche. Des insurgés affiliés à Al Qaïda continuent de faire sauter des bombes et d’enlever des personnes de temps à autre en Algérie, mais le niveau de violences a considérablement baissé ces dernières années dans le pays. En octobre, sept policiers avaient été tués par des rebelles alors qu’ils escortaient près de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, des agents de sécurité privés travaillant pour SNC-Lavalin, d’après les médias locaux. (Lamine Chikhi, version française Jean-Loup Fiévet)
France: la droite endeuillée par la mort d’un de ses ténors, Philippe Séguin
AFP, le 7 janvier 2010 à 12h33
PARIS, 7 jan 2010 (AFP) Orateur brillant et personnage ombrageux, l’ancien ministre Philippe Séguin, figure de la droite gaulliste en France et adversaire résolu du traité de Maastricht en Europe, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 66 ans. Premier président de la Cour des comptes depuis 2004, cet ancien ministre des Affaires sociales, ancien député des Vosges (est), ancien maire d’Epinal, qui présida pendant cinq ans l’Assemblée nationale, est mort d’une crise cardiaque dans son appartement parisien. Ses obsèques auront lieu lundi en l’église Saint-Louis-des-Invalides à Paris, en présence du président Nicolas Sarkozy qui prendra la parole lors de la cérémonie. “Serviteur de l’Etat” exigeant et “gardien des valeurs républicaines”, “doté de beaucoup d’audace” et d'”indépendance d’esprit”, “capable de dire non”: l’ensemble de la classe politique, émue à droite comme à gauche, a salué la mémoire de celui que M. Sarkozy a qualifié de “grande figure” de la vie nationale. Stature massive, prenant ou perdant des kilos au fil du stress et des régimes, voix de stentor et barbe intermittente, Philippe Séguin s’était imposé comme un leader de premier plan en prenant la tête en 1992 de la campagne contre le traité européen de Maastricht. Contre une majorité de son camp, il s’était opposé à la monnaie unique et à l’idée de toute perte de souveraineté pour la France. Il n’avait pas non plus hésité à démissionner de la présidence du parti gaulliste RPR (ancêtre du parti UMP actuellement majoritaire) en pleine campagne des européennes en 1999. Ni à prendre ses distances avec l’ancien président Jacques Chirac, dont il fut l’un des acteurs du succès lors de la campagne présidentielle de 1995. Célèbre pour ses courroux “aussi brusques qu’inattendus”, selon les termes du président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, il était aussi réputé pour ses talents d’orateur. Sa prestation en septembre 1992 défendant le “non” à Maastricht face à un François Mitterrand malade est restée célèbre en France. Nicolas Sarkozy a salué “un homme particulièrement attachant”, “à l’intelligence rare”, “au tempérament chaleureux et généreux”, “entier et absolument passionné”. “Il n’avait peur de personne, il résistait à tout”, a dit l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. C’était un “sage” dont “la voix était une référence et une boussole”, a réagi de l’autre côté de l’échiquier politique la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry. “Son érudition, son affabilité, ses connaissances personnelles du Maghreb et de la civilisation andalouse font de sa disparition une perte irréparable pour ses amis, en particulier pour les musulmans de France”, a réagi le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker. Philippe Séguin était né à Tunis le 21 avril 1943 dans un milieu modeste avant de rejoindre l’école des élites de l’administration française, l’ENA. Député pendant 24 ans, il avait renoncé à se représenter aux législatives de 2002 et s’était rangé de la politique un an après sa défaite aux municipales à Paris contre l’actuel maire socialiste Bertrand Delanoë. Il avait alors réintégré la Cour des comptes pour en devenir le président, c’est-à-dire chargé de contrôler l’ensemble des budgets publics. Père de quatre enfants issus de deux mariages, il était aussi un passionné d’histoire et de football, omniprésent dans les stades, pas forcément à la tribune d’honneur.
AFP
France: les écoles des élites critiquées pour leur refus de s’ouvrir
AFP, le 6 janvier 2010 à 18h16
Par Deborah PASMANTIER
PARIS, 6 jan 2010 (AFP) – Fleuron de l’enseignement supérieur, les Grandes écoles sont accusées en France de bloquer l’ouverture des élites aux classes sociales les moins favorisées, parmi lesquels les jeunes issus de l’immigration, prônée par le président Nicolas Sarkozy.
Le plan pour la promotion sociale des minorités du président français avait été lancé il y a à peine plus d’un an et l’objectif fixé en novembre: “porter à 30% le nombre de boursiers” dans les Grandes écoles.
Ces institutions, très difficiles d’accès, accueillent essentiellement des jeunes issus des milieux socio-culturels élevés
– souvent de génération en génération – qui forment des bataillons de politiques, hauts fonctionnaires et économistes. Face à des universités, peu coûteuses, de plus en plus dévalorisées.
“Soyez volontaristes, n’ayez pas peur” de faire évoluer les méthodes de recrutement, a lancé la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, aux vénérables établissements.
Mais fin décembre, la Conférence des grandes écoles (CGE), qui regroupe la plupart des établissements renommés tels l’Ecole polytechnique (ingénieurs) ou HEC (commerce), a fait savoir qu’elle désapprouvait d'”une manière générale la notion de +quotas+ et réaffirme que les niveaux des concours doivent être les mêmes pour tous”.
“Tout en reconnaissant que des soutiens individualisés doivent être apportés aux candidats issus de milieux défavorisés pour les aider à réussir des épreuves qui peuvent leur sembler plus difficiles parce que leur contexte familial ne les y a pas préparés”, elle estime que “toute autre politique amènerait inévitablement la baisse du niveau moyen”.
Une prise de position interprétée par certains comme l’expression d’une “réticence” à s’ouvrir aux jeunes issus de ces milieux, qui concentre la plus grande partie des immigrés du Maghreb et d’Afrique.
Le grand patron français François Pinault et l’économiste influent proche de l’Elysée Alain Minc disent avoir eu un “haut-le-coeur”, dans une tribune au quotidien le Monde.
Même indignation chez le commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, Yazid Sabeg, un homme d’affaires d’origine algérienne, nommé à ce poste fin 2008 par Nicolas Sarkozy, ou encore de la part de l’association SOS Racisme, fer de lance des luttes contre les discriminations.
Face aux critiques, le regroupement des grandes écoles a précisé sa position: “Nous ne refusons pas d’accueillir 30% de boursiers dans les grandes écoles, nous refusons d’accueillir, école par école, 30% de boursiers”, a déclaré son délégué général, Pierre Aliphat.
Mais cette nuance est rejetée par le directeur de l’Institut d’étude politique de Paris (Sciences Po), seule grande école à s’être ouverte à des étudiants des banlieues, théâtre en 2005 de graves émeutes sociales.
Car elle risque de générer “des grandes écoles pour riches” sans boursiers, et des établissements moins cotés accueillant de nombreux boursiers, a prévenu Richard Descoings.
Seul le proviseur du très réputé lycée parisien Henri-IV met en garde contre les “effets pervers” que risquent de provoquer les quotas. “Aux États-Unis, la Cour suprême a censuré il y a dix ans la discrimination positive. Elle avait été saisie par des étudiants noirs qui se plaignaient de leurs diplômes dévalorisés sur le marché du travail”, rappelle Patrice Corre.
Pour la quatrième année consécutive, HEC s’est retrouvée en tête du classement des écoles de commerce européennes réalisé par le quotidien Financial Times.
Mais la France reste l’un des pays “où les destins scolaires sont les plus fortement liés aux origines sociales et au capital culturel des familles”, ont estimé récemment deux sociologues dans le livre “L’élitisme républicain”.
L’épouse de Mehdi Karoubi, figure de la contestation en Iran, inquiète pour sa vie
A plusieurs reprises, ces derniers mois, Mehdi Karoubi, ce religieux de 72 ans, ancien président du Parlement et candidat réformateur malheureux à l’élection présidentielle iranienne contestée du 12 juin, où il est arrivé troisième derrière Mahmoud Ahmadinejad et Mir Hossein Moussavi, l’actuel chef de file de l’opposition, a été pris à partie et menacé. Y compris physiquement. Son journal, Ettemad-e-melli, a été fermé, ses conseillers arrêtés.
Le lendemain, alors qu’il quittait une cérémonie de deuil dans une mosquée de l’est de Téhéran, un petit groupe de nervis fondamentalistes l’a attaqué. Il était en voiture, le pare-brise a volé en éclats. La foule a dû disperser les assaillants. M. Karoubi, qui, le premier, a eu le courage de dénoncer les tortures et les viols en prison des manifestants, est devenu l’un des chefs de file les plus écoutés du mouvement “vert” de contestation. Il poursuit sa lutte, mais qu’en est-il de sa sécurité ? Fatemeh, son épouse, qui dirigeait le magazine féminin Irandokht, fermé, lui aussi, manu militari il y a quelques jours, jointe à Téhéran, a répondu à nos questions. Pense-t-elle que le pouvoir ira jusqu’au bain de sang, jusqu’au bout de cette répression qui a déjà fait des dizaines de morts ? “La politique sans compromis n’a pas de sens, estime-t-elle, mais ceux qui détiennent le pouvoir en Iran semblent avoir choisi la voie de la répression. Or, jamais dans notre histoire les méthodes répressives n’ont eu de succès contre le peuple courageux de l’Iran. Je crois qu’elles n’en auront pas davantage cette fois-ci.” Et Fatemeh Karoubi, qui dit espérer que les responsables de son pays “changeront bientôt leur vision et leurs méthodes vis-à-vis des revendications du peuple”, n’en est pas moins inquiète pour la sécurité de son mari, la sienne et celle de ses enfants. “Actuellement, le pouvoir ne nous assure aucune assistance ou protection notable, précise Fatemeh Karoubi, une ancienne infirmière, qui, par respect, désigne souvent son mari comme “M. Karoubi”. En fait, durant ces deux dernières semaines, même l’équipe chargée de la protection de M. Karoubi a manqué à ses devoirs, en raison des ordres mêmes qui lui ont été donnés.” “Alors que la situation a beaucoup empiré, le niveau de protection de M. Karoubi et celui de la résidence de notre famille s’est réduit à un niveau très bas, insuffisant. Nous avons dû, nous-mêmes, prendre des mesures pour assurer notre protection…”, raconte-t-elle. Cette femme courageuse, elle aussi – tenue à une certaine discrétion -, entend-elle par là que sa famille a été l’objet de menaces accrues ? “Oui, il y a eu, à plusieurs occasions, des agressions et des menaces de la part d’agents qui sont habillés en civil, mais munis d’une arme. Ces mêmes agents sont d’ailleurs soutenus et protégés par les forces de sécurité. La voiture de M. Karoubi a été sabotée.” Et elle ajoute : “Ce qui m’a inquiétée et m’a fait réagir, c’était la menace manifeste, lancée contre nous par le président de la commission de la sûreté nationale du Parlement, et celle de certaines figures extrémistes dans les médias nationaux. Le fait que les autorités du pays lancent un appel public pour que “le peuple, lui-même, agisse directement et de sa propre initiative, contre les dirigeants du mouvement vert”.” Qu’est-ce que cela signifie ? “Que le pouvoir donne son aval à des mercenaires qui se doivent, au nom du “peuple”, d’accomplir leurs devoirs en nous attaquant.” Estime-t-elle que sa vie et celle de son mari sont en danger ? “Oui, contenu de l’absence de protection adaptée, je suis inquiète pour moi, pour mon époux, et même pour mes enfants. Car les figures extrémistes qui ne pensent qu’à la répression croient en cette idée fausse, selon laquelle, avec la suppression physique de M. Karoubi et de M. Moussavi, ils peuvent jeter les revendications du peuple aux oubliettes.” Et elle ajoute ces mots très forts : “Moi, je déclare catégoriquement : si quelque chose de grave arrive à M. Karoubi, c’est le gouvernement qui en sera responsable. Le gouvernement ne doit ni ne peut se décharger de ce crime éventuel, en l’imputant aux étrangers ou à d’autres groupes.” Sans aller jusqu’à cette extrémité, que se passerait-il, à son avis, en cas d’arrestation des deux figures de proue de la contestation, son époux et Mir Hossein Moussavi ? “Le mouvement “vert” du peuple d’Iran à des revendications conformes à la Constitution de la République islamique de l’Iran, tient-elle à préciser. M. Karoubi, dans ses déclarations, a réclamé à plusieurs reprises l’application de tous les articles de la Constitution iranienne, et M. Moussavi en a fait autant dans son communiqué n° 17, réclamant que, conformément à la Constitution, une partie des revendications soient prises en compte.” “Quiconque voudrait trouver une solution au problème actuel, doit admettre, dit-elle encore, que la loi est souveraine et qu’elle s’applique de la même façon pour tous. Il faut en finir avec les comportements illégaux. Sinon, prévient-elle, la crise actuelle ne s’en approfondira que davantage, chaque jour. L’arrestation de MM. Karoubi et Moussavi, non seulement serait injuste, mais jeterait de l’huile sur le feu, provoquant la colère de la société.” Que deviendrait le mouvement “vert” dans ce cas ? “Dans une telle hypothèse, nous devrons tous faire un effort pour que le peuple continue, comme avant, à manifester pacifiquement , et qu’il n’ait pas un lourd prix à payer pour cela.” Quant à l’attitude à l’étranger des militants des droits de l’homme et des défenseurs de la démocratie, vis-à-vis de la crise iranienne, Fatemeh Karoubi préfère ne pas se lancer dans des commentaires politiques : “Moi, répond-elle avec humilité, je ne suis pas en mesure de déterminer quel doit être le devoir des autres… Je préfère me référer à ce que mon époux a déclaré à plusieurs reprises : “J’ai accompli mon devoir religieux, légal et national. Je n’attends rien de personne”.”
Marie-Claude Decamps
(Source : Article paru dans l’édition du 8 janvier 2010 du journal « Le Monde » (Quotidien – France))
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