7 janvier 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2056 du 07.01.2006

 archives : www.tunisnews.net


Edito de l’Audace: Tentatives de sabotage du Mouvement du 18-Octobre – Les sycophantes Texte du Mémorandum adressé par Mohamed Harmel à Mr Zakaria Ben Mustapha Tunisie, Réveille-toi : Plainte contre l’administration de la prison du 9 avril: Une pétition de 86 prisonniers tunisiens The Jerusalem Post: Tunisia looking for ties with Israel Le Temps: Fuite des cerveaux et compétences un peu trop volatiles Le Temps: Enseignement: Le niveau cale dangereusement Biju: Il suffit.. Le Monde : Abdel Halim Khaddam veut « oeuvrer à la chute du régime » syrien

 
Edito de l’Audace janvier 2006

 

Tentatives de sabotage du Mouvement du 18-Octobre : Les sycophantes

 

 
Une dépêche de l’AFP en date du 4 janvier 2006 nous apprend, comme dans un grand scoop, « la naissance d’une coalition démocratique (sans guillemets) en  rupture avec les islamistes. » Cette initiative semble s’inscrire dans une  action studieuse et concertée ayant accompagné tardivement et du bout des  lèvres le Mouvement du 18-Octobre. Elle est le fait d’une certaine gauche  tellement compromise avec le général Ben Ali dans l’édification de sa  tortiocratie qu’elle est considérée à juste raison comme un appendice du régime. Les éradicationistes semblent avoir la haute main sur le groupe. Ils  semblent ravis de rapporter au général Ben Ali la potion magique qui a fait sa force  depuis 1987 : diviser l’opposition tunisienne sous prétexte d’anti-islamisme « démocratique ». Le processus avait commencé avant même la fin de la grève du 18-Octobre, notamment dans le magazine en ligne Alternatives citoyennes  (N° 17 de novembre2005). Nadia Omrane elle-même a cru bon d’attribuer la  paternité du mouvement à M. Ghannouchi en personne. Sans la moindre prudence ni le  moindre souci de preuve, au moins par une honnêteté intellectuelle à laquelle  Mme Omrane semblait attachée. Dans le même numéro, Neila Jrad se perdait en conjecture sur l’attitude actuelle et le sort qui attend la « gauche démocratique » pour aboutir à la conclusion que « ce ne sera certainement pas le projet démocratique tel qu’en rêve l’opposition de gauche qui  triomphera…», mais les Américains et leurs alliés islamistes qu’ils auront portés au pouvoir…
On retrouvera donc le même refrain chez Mohamed Harmel et les autres  tenants de son affaire. En effet, dans tous leurs les propos à l’AFP, jamais il  n’a été question de la torture ni des grands crimes qui ont jalonné les longues  années du règne de M. Ben Ali.
M. Harmel, vraisemblablement promoteur du projet, se dit fort  curieusement hostile à toute action commune avec les Islamistes. Mais il oublie de  préciser que, longtemps avant le 7-novembre, il avait constitué une vraie  coalition, au grand jour et sur plusieurs années, avec MM. Rached Ghannouchi, pour le  MTI, et Ahmed Ben Salah, pour le MUP. Il n’a pas mentionné non plus qu’il  s’était rendu personnellement, accompagné de Mohamed Ennafaâ, autre dirigeant du PCT  de l’époque, au domicile de M . Ghannouchi pour le féliciter de sa sortie  de prison en 1984. Avant de devenir le sycophante d’un pouvoir auquel il a l’illusion de participer par le truchement de sa poignée de députés en carton-pâte. C’est d’ailleurs pour conserver ces postes fort lucratifs  que Harmel avait refusé de faire alliance avec M. Ben Jaâfar aux élections d’octobre 2004.
Le seul souci d’Ettajdid durant la grève de la faim a été de trouver le  moyen de la dynamiter en collaboration avec Mohamed Kilani, autre recrue tardive  de la tortiocratie, toujours mû par les meilleurs intentions de gauche qui soient.
Ces individus ne pouvaient avoir aucun courage pour affronter directement le mouvement du 18-Octobre. Sa dynamique était telle qu’elle les eût  balayés sans ménagement. Ils ont donc attendu, couchés au pied de leur maître, que l’effet SMSI retombe pour lui offrir sa vengeance.
Ceux qui marcheront dans cette combine doivent être « conscients que leur alliance avec Ettajdid, un parti dont le crédit s’est considérablement effrité au cours de la dernière décennie pour avoir soutenu la politique de verrouillage des espaces de liberté, constitue un handicap… », selon l’euphémisme de l’excellent journaliste Kamel Labidi (Le Monde  diplomatique, octobre 2004. Page 3)
Mais qu’est donc allé faire Mahmoud Ben Romdhane dans cette galère ?
L’ancien président de la section tunisienne d’Amnesty International s’est laissé rabaissé à mettre la main dans la main avec un Harmel qui n’avait rien  fait au plus fort de la répression contre la Section. Mais un militant qui  semble hésiter dangereusement. C’est ainsi que dans le même numéro  d’Alternatives citoyennes, il avait refusé de qualifier le régime actuel de dictature.
D’ailleurs M. Ben Rodhane s’était déjà retrouvé en si charmante  compagnie à l’occasion de la « lettre au chef de l’Etat tunisien » publiée sur le site manifeste.org., à propos d’une obscure Charte arabe des droits de  l’homme débattu par « le parleme », toujours sans guillemets…
Dans ce texte invraisemblable, où les auteurs prétendaient défendre les  acquis de la femme tunisienne, on a donné du « Monsieur le Président » à un  Ben Ali qui n’en demandait certainement pas tant. Et encore une fois, le nom de M. Ben Romdhane est noyé dans le magma des Harmel, Kilani et autres serviteurs  de fait, zélés, inconscients ou intéressés du régime.
La société civile tunisienne, avec toute l’expérience qu’elle a accumulée durant ces années de braise est-elle capable de se remettre les chaînes aux pieds aussitôt après s’en être (presque) affranchie ? La réponse viendra de la suite ferme et énergique qui devra être donnée par l’opposition à la manœuvre  du tortiocrate Mohamed Harmel. Si l’action désespérée de ces  individus  réussit à rallumer la sempiternelle guerre entre les grands courants anti-Ben Ali, la lutte des Tunisiens pour leur liberté prendra des années de retard,  d’où la nécessité de contrecarrer cette entreprise par davantage de rapprochement et de concorde, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, entre tous les courants et les militants qui oeuvrent pour l’émancipation du peuple tunisien. Les tenants de l’isolationnisme et du tout ou rien; ainsi que les faux opposants, doivent être dénoncés à l’opinion publique et laissés dans la marge qu’ils auront choisi d’occuper. C’est un devoir national et une nécessité politique pour éviter le sombre dessein imaginé par Neila Jrad et les Cassandre de cette gauche qui s’acharne à précipiter la gauche tunisienne militante dans un précipice de collaboration et d’infamie. Khaled Beb M’barek & Slim Bagga  

Texte du Mémorandum (traduit de l’arabe) adressé par Mohamed Harmel, Secrétaire Général du Mouvement Ettajdid à Mr Zakaria Ben Mustapha. Ce texte a été élaboré collectivement par les composantes de l’Initiative /Coalition Démocratique et Progressiste (Ettajdid- Parti du Travail Patriotique et Démocratique- Communistes Démocrates –Les Indépendants-).

A L’ATTENTION DE Mr ZAKARIA BEN MUSTAPHA

Président du Comité Supérieur des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales. Monsieur,

Dans le cadre de la mission qui vous a été confiée par le Président de la République en vue de recueillir les préoccupations et les attentes des partis politiques, nous vous présentons le Mémorandum suivant, en étant disposés, si vous le souhaitez, à vous rencontrer pour vous fournir les précisions et les clarifications éventuelles. Monsieur, Les préoccupations, les revendications et les attentes de l’opposition démocratique sont connues depuis de nombreuses années. Elles ont été exprimées sans relâche à travers les déclarations, les articles de presse, ainsi qu’au cours des campagnes électorales .Nous en rappelons l’essentiel ci –dessous. Premièrement : Cinquante ans après l’indépendance et dix-huit ans après les promesses clairement énoncées par le pouvoir dans la Déclaration du 7 Novembre 1987, la situation politique dans notre pays se caractérise par un blocage dans tous les domaines. A l’aube du 21e siècle et à l’ère de l’extension du savoir, le blocage actuel a phagocyté le pluralisme intellectuel et politique devenu strictement formel et vidé de tout contenu réel .Les libertés publiques et individuelles sont en constante régression, les activités de l’opposition démocratique et de ses partis, et celles des composantes de la société civile sont en permanence contrôlées et fréquemment interdites, y compris lors des élections présidentielles, législatives et municipales. L’opposition démocratique est exclue des espaces publics et empêchée de jouer son rôle dans des conditions normales. Cette situation résulte d’une vision erronée des exigences d’une vie politique réelle dans un processus de construction démocratique. Cette vision signifie le refus de toute opinion différente ou opposée, de toute critique, et se complait dans l’auto-satisfaction, l’unanimisme formel, le clientélisme. Tout cela dans le cadre d’un système politique qui ignore la séparation entre les pouvoirs, qui n’a cesse de combattre toute tentation d’autonomie par rapport au pouvoir établi, porter atteinte à l’indépendance de la société civile, de ses associations et de ses organisations, imposant constamment la domination du Parti Unique, et de l’opinion unique, monopolisant tous les espaces .Les possibilités de toute alternance sont verrouillées. Aucune place n’est laissée à un dialogue sur les graves insuffisances, les disfonctionnements et les blocages .Aucun débat n’est possible sur la nécessité de sauvegarder le pays et la société de tous les soubresauts, des alternatives trompeuses et de la fuite vers l’inconnu .Une telle situation commande des réformes politiques, législatives fondamentales dans les divers champs, dont l’objectif doit être de jeter les bases d’une vie démocratique réelle, de mettre fin au déséquilibre grandissant entre l’appareil d’Etat et la société. .Ces indispensables réformes doivent faire l’objet d’un vaste débat national entre toutes les forces nationales et démocratiques. Deuxièmement : Afin de faciliter ce débat national et rendre possible la réalisation de ces réformes, il est indispensable que des mesures soient prises en urgence afin de créer un climat favorable .Ces mesures sont les suivantes: 1-Lever l’encerclement policier et médiatique dont sont victimes l’opposition démocratique et ses partis et les composantes de la société civile. 2-Ouvrir la Télévision et la Radio nationales aux mouvements de l’opposition démocratique dont les partis, même légaux et reconnu sont empêchés depuis plusieurs années de faire connaître à l’opinion leurs positions à travers les médias nationaux. 3-Légaliser les partis civils qui ont présenté des demandes dans ce sens, et en particulier le Parti du Travail Patriotique et Démocratique et le Parti Tunisie Verte, et lever toutes les entraves à la légalisation de nombreuses associations. 4-Donner la possibilité à tous les Partis de l’opposition démocratique d’utiliser les espaces publics et reconnaître leur droit à l’exercice de leurs activités hors de toute pression et de toute contrainte, notamment le droit de tenir des réunions publiques, de diffuser des communiqués et publications, d’organiser des manifestations pacifiques, tout cela à l’instar de ce qui se passe dans les pays démocratiques. 5-Mettre fin aux tentatives d’imposer la tutelle sur les associations, et en particulier La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, qui subit des entraves et pressions sur ses activités, y compris pour l’empêcher de tenir son Congrès National. Il en est de même des attaques dont est l’objet l’Association des Magistrats Tunisiens. 6-Libérer les prisonniers condamnés dans des procès politiques et promulguer une Loi d’Amnistie Générale. 7-Mettre fin à la répression et aux pressions dont sont victimes de plus en plus fréquemment les militants dans les régions. Avec mes sincères salutations: Mohamed HARMEL, Secrétaire Général du Mouvement ETTAJDID

 


Plainte contre l’administration de la prison du 9 avril

Une pétition de 86 prisonniers tunisiens

L’article ci-après contient (sur le site « Tunisie, Réveille-toi ») plusieurs photos intéressantes prises clandestinement :

Le « parloir » ou la double grille séparant le prisonnier du visiteur.

Fouille des prisonniers dans l’attente du parloir.

Attente des familles pendant la fouille.

Entrée de la prison du 9 Avril (1)

Entrée de la prison du 9 Avril (2)

Ces photos sont visibles sur le lien suivant :

http://www.reveiltunisien.org/

1ére partie de la traduction de l’article « Une pétition de 86 prisonniers tunisiens »

(voir l’original en arabe sur le lien suivant : http://www.reveiltunisien.org/article.php3?id_article=2036 )

Tunis, avril 2005

Louanges à Dieu seul

Objet : plainte contre l’administration de la prison du 9 avril

Nous prisonniers soussignés, après vous avoir salué, vous adressons depuis la prison du 9 avril, boulevard du 9 avril à Tunis, par le biais d’un « prisonnier libéré » et l’un des agents dévoués à la noblesse de sa mission, la description de ce qui se passe quotidiennement et à une grande échelle à l’intérieur de la prison du 9 avril, en termes de violations graves des droits des prisonniers : en tout premier lieu, la violence, les insultes, les injures, les relations homosexuelles, la corruption, le népotisme, le courtage, la prolifération des rats à taille de chats, les souris, les odeurs pestilentielles qui s’exhalent des canalisations, l’eau froide en hiver dans les douches, la ventilation toujours en panne en été, la surpopulation (84, 90, voire 100 prisonniers pour une seule aile), les dépassements commis par les agents pénitentiaires, un capitaine qui a le grade de directeur adjoint de la prison qui loue clandestinement son téléphone portable aux prisonniers en échange de quinze dinars pour une seule communication.

Il serait possible de vérifier immédiatement ces dépassements si l’on confiait cette tâche à une main dévouée à l’ère du président Ben Ali. Certains sont évidents au vu des indices et des preuves que nous allons exposer dans cette pétition, démasquant ainsi cette poignée de renégats évoquée par le président Ben Ali lors d’une de ses allocutions télévisées.

La santé à la prison du 9 avril

Trois médecins travaillent à la prison du 9 avril. Il s’agit de Abderrahmane Torjman, Abdelhafidh Ouertani et Lotfi Bettaieb. Ils disent ne pas être satisfaits de leur situation matérielle, d’où leur manque d’intérêt pour les plaintes des malades emprisonnés. Pire, ils vont jusqu’à les humilier et les menacer de faire des rapports à l’administration de la prison pour qu’ils soient soumis aux sanctions du cachot, c’est essentiellement le cas du docteur Abderrahmane Torjman.

L’activité de ce trio se résume à donner des sédatifs et des décès de certains prisonniers ont été tenus secrets.

On peut revoir la liste des décès et des familles des morts emprisonnés, comme ce jeune qui s’est électrocuté dans la prison à un pylône électrique et est mort sur le coup. Sa mère a été appelée et elle a donné mille dinars pour faire face aux dépenses d’enterrement. Il s’agit de

Mohammed Ali Souheili.

Nombre de prisonniers par aile :

Dans une seule aile, on emprisonne de 80 à 90 voire 100 prisonniers. Il en résulte l’étouffement des prisonniers non fumeurs, la propagation de la gale, et des cas récurrents d’homosexualité et de prostitution.

Le chauffage :

Les appareils de chauffage sont disponibles pour les bureaux des agents mais n’existent pas pour les prisonniers

La douche :

En général, chaque semaine elle est en panne. Les prisonniers ne peuvent s’y laver qu’une fois à l’eau froide, même si le prisonnier à une ordonnance médicale prescrivant deux ou trois douches.

La ventilation

Elle aussi est en général en panne en été. Il en résulte des cas fréquents d’évanouissement des prisonniers qui ont été isolés dans la prétendue infirmerie de la prison.

Méthodes et conduites des agents pénitentiaires

Il y a un colonel, nommé

Mourad Hannachi, qui travaille comme directeur adjoint et réside à Hammam Lif (nous ne cessons d’observer ses déplacements, son comportement et avons noté le numéro de portable par lequel il contacte les familles en échange de quinze ou vingt dinars pour une seule communication).

Un infirmier nommé

Mohammed Ben Brahim qui emprunte le pseudonyme de Béchir Ben Béchir, et qui travaille sous le régime de la séance unique de nuit et de jour, qui était en congés annuels et a repris son travail de nuit la dernière fois le 25 février 2005. Cet agent contacte les personnes qui nous rendent visite à nous les prisonniers. Il a piégé nombre d’entre eux en réceptionnant des médicaments ou de l’argent dont nous n’avons jamais vu la couleur. Cet agent utilise pour communiquer avec les familles un portable dont le numéro est 98 513 202

Un autre agent qui s’appelle

Abdelaziz Mejri prend les adresses de nos parents et se rend à leur domicile pour recevoir des cadeaux en échange de promettre de faire pénétrer des produits interdits comme le chocolat ou les chaussures. Il a un portable dont le numéro est 96 795 677. Nadia, son épouse, répond aux interlocuteurs et fixe les rendez-vous avec eux. Cet agent a eu une mutation disciplinaire à la prison de Gabès, lorsque l’ex directeur, isolé, Ridha Boubaker, s’en est aperçu. Il exploite un prisonnier coiffeur qui le rase dans la prison,

C’est aussi le cas de l’adjoint au directeur Mourad Hannachi.

(…) Fin de la traduction de la première partie

Liste des signataires (traduction) :

Choukri Ben Brahim Ayari

Ramzi Ben Abdelmajid Ben Mohammed

Hassen Ben Belkacem Elbarhoumi

Hassen Ben Mohammed Ali Ayari

Faouzi Ben Ali Gassoumi

Zine El Abidine Ferchichi

Nizar Ben Mohammed Salah Sellami

Mohammed Ben Béchir Jlidi

Hassen Ben Mrad Ben Hassen Hakimi

Hichem Ben Mohammed Hamadi

Mohammed Salah Kefi

Nabil Kharzi

Lotfi Ayari

Mourad Rahim

Mohammed Ali Toumi

Mohammed Mouldi Harzallah

Anis Hamdi

Krï Ferchichi

Samir Souissi

Ahmed Oueslati

Ramzi Ouali

Laroussi Ben Jaafar

Anis Jebali

Khaled Chaabani

Allala Trabelsi

Abdelwahab Hannachi

Fethi Ounas

Nizar Mohammed Salah Sellami

Taoufik Dridi

Amor Aouini

Fethi Maalaoui

Jamel Riahi

Mohammed Ali Bougarrin

Aziz Harzi

Samir Soussi

Rafik Jebali

Mohammed Ali Ayari

Samir Arfaoui

Mounir Sassi

Nabil Zarhouni

Abdallah Zouaoui

Riadh Ben Alia

Fayçal Abdessalam Bahri

Houssine Nefzi

Ouahid Jebali

Anis Jendoubi

Hassen Riahi

Nizar Hedi Ben Saïd

Badreddine Laabidi

Mohammed Rezgui

Jalel Zayati

Tarek Bahlaouani

Saber Fatnassi

Nabil Hidoussi

Béchir Almi

Abdelwahab Mouqaddam

Salah Mathlouthi

Mohsen Bahri

Mehrez Ouertani

Mohammed Zoghlami

Ahmed Hamza

Nabil Zahani

Lotfi Boulaabi

Amor Laouini

Mounir Euchhi

Saber Ben Saad

Mohammed Jomni

Hassen Dridi

Chir Ayari

Fethi Hammami

Samir Snoussi

Mehrez Chatti

Ahmed Abdi

Azzedine Hannachi

Ahmed Jeridi

Larbi Dridi

Tahar Hamouda

Moncef Hamdi

Mohammed Sassi

Tarek Riahi

Mehrez Hamrani

Ali Chahed

Youssef Chelaouati

Khaled Dridi

(86 témoins de ce qui s’est passé et de ce qui continue de se passer et que nous avons relaté dans cette pétition)

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)

(Source : www.reveiltunisien.org, le 4 janvier 2006)


Tunisia looking for ties with Israel

HILARY LEILA KRIEGER,
Tunisia is interested in establishing diplomatic relations with Israel, according to Tunisia’s only Jewish legislator, though he defended his government’s decision to close Israel’s liaison office in 2000.
« There is really a wish to open relations, » Senator Joseph Bismuth told The Jerusalem Post while in Jerusalem Wednesday, but he noted that the « when and how » remains a question, and is linked to the general relationship between Israel and the Arab world. He did say, though, that, « There are many signals that the situation will improve very soon. »
During the Oslo process, Tunisia established low-level relations with Israel by opening an office here. Israel reciprocated by opening a representation office in Tunisia. A reopening of relations should be on the embassy level, he said, adding: « They should not give it another try as a [liaison] office. It doesn’t make sense. »
But Bismuth supported the government’s closure of the Israeli office in Tunis at the beginning of the second intifada.
« I think it was a good move, because there probably would have been some problems. At the time, it was very agitated, so in closing the office it made it completely quiet, » he explained.
« It made things safer for the Tunisian population, » he added. « Tunisia never wants to show itself as a violent country. »
But Tunisia’s 1,350 Jews were never in danger, he said, because they have enjoyed peaceful relations with the Arab majority.
Bismuth said he even used to converse with members of the PLO when they were headquartered in Tunis. Following their relocation to Gaza and the West Bank, he said there has been no noticeable PLO presence.
In fact, the government was seeking to raise the profile of Jews when political figures pushed the successful businessman and president of the Jewish community to join the new senate, inaugurated last year.
« They wanted to have a Jew » in the senate, he said. « It’s a big step forward to show their will to go to more openness, to more democracy. »
He said that his Jewishness had not caused him to be treated differently from other parliamentarians. « First of all I’m a Tunisian, so I’m treated as a Tunisian member of the senate, » he said.
The government, which he is not part of, was supportive of Bismuth’s trip to Israel – the octogenarian’s first – to participate in the International Convention of Jewish Parliamentarians.
He said his visit so far had been « emotional, » though he had never considered emigrating from Tunisia like so many of his Jewish brethren did. He noted that many members of the Jewish community were Frenchmen who left when Tunisia gained independence in 1956 and others were businessmen who couldn’t tolerate the socialist system.
Though Bismuth quipped that « if the socialist period lasted one extra month, I would have been completely ruined, » he had never thought about leaving because his family – whose roots stretch back to the Spanish Inquisition – was all there.
Nowadays, however, one of his six children and two of his grandchildren live in Israel.
His wife, Aase, was born in Denmark – she met her husband while on vacation in Tunisia 42 years ago – and isn’t Jewish, but she identifies with the Jewish people and wears a Star of David around her neck.
She said that attending synagogue with her husband every Saturday – and 41 years of marriage – had made her « feel » Jewish. She, like her husband, described arriving in the Jewish state as « moving. »
Bismuth stressed that diplomatic relations would help both Tunisia and Israel.
« For the Israelis it’s very, very important to put a real foot in Arab countries, » he said. « For the Tunisians it’s also a good possibility because when you have relations with Israel, it’s a big, good sign to European countries and America. »
(Source : « THE JERUSALEM POST », le 5 janvier 2006)


 

Enseignement

Le niveau cale dangereusement

MOHAMED SALAH FLISS
Il est des situations qui ,à force de dégradation continue , imposent l’imminente prise en main du dossier sans plus tarder.
Ainsi, notre système éducatif est entré, de l’aveu même des éducateurs à tous les échelons, dans une phase où les interrogations ne manquent pas. Ces interrogations s’articulent autour des aspects que voici:
L’aspect quantitatif
Maintenu depuis les premières années de la tunisification de l’enseignement à un niveau hautement élevé , cet aspect a constitué , sans conteste, le point le plus fort de la politique éducationnelle tunisienne .
Conformément aux revendications des nationalistes tunisiens du temps de la lutte de libération nationale , et notamment au programme de l’union générale des travailleurs tunisiens ,la mise sur pied d’une infrastructure graduelle à l’échelle de toutes les régions du pays a été assidûment maintenue .Bon gré, mal gré , les écoles et lycées ainsi que la
jeune université tunisienne ont été dotés enseignant requis dans les limites du possible en terme quantitatif .
L’aspect qualitatif
Il a été dans un premier temps correctement acceptable puisque le niveau des différentes promotions formées dans le système tunisien étaient valablement comparables au niveau prodigué aux élèves et étudiants français par exemple .
Toutefois , la politisation de plus en plus accrue du système éducatif , les fréquentes -beaucoup plus fréquentes que nécessaire – nominations ministérielles à ce département ,et le caractère franchement discutable de la pertinence du choix du titulaire ont fait que la qualité de la formation prodiguée ont connu un début de régression qui n’a pas été jugulé à
temps par une politique consensuelle, courageuse et ambitieuse .
Qui plus est , la tendance délibérément quantitativiste a accordé la priorité au taux élevé de réussite qui a acquis une nette prééminence sur tout autre aspect .
Aussi, est-il clair que le réflexe du bilan systématisé avec l’impérative participation des techniciens ,dans l’acception la plus technicienne , c’est à dire la moins politisée dans un sens ou dans l’autre , a fait malheureusement défaut .
Ce qui n’a pas manqué d’imprégner l’effort éducationnel d’anomalies et d’insuffisances qui se sont systématisées au fil des années pour aboutir à la situation actuelle qui appelle maintes interrogations . En effet, la question du contenu des programmes a-t-elle trouvée sa pleine réponse à travers une
analyse posée et clairvoyante dans ses dimensions d’abord techniques et ensuite de choix stratégique ?
Ensuite la qualité du personnel mis à profit ne manque -t-il pas à un niveau ou à un autre d’éléments nécessaires à la réussite du projet ?
A ce titre une question mérite d’être franchement élucidée : c’est la question de la relation enseignant/enseigné dans la mouvance générale des rapports régissant les différents niveaux relationnels de la vie sociale .
A ce titre également se pose immanquablement la question du sérieux des uns et des autres dans le cadre plus général du devenir global du pays .
Enfin, en jaugeant depuis quelques années le résultat final du secteur de l’éducation on ne peut pas rester indifférent aux flagrantes faiblesses qui ne cessent d’altérer ce résultat .
Les manifestations les plus patentes relevées peuvent se résumer en un niveau culturel général laissant à coup sûr à désirer .
Rares sont les élèves qui échappent à la nouvelle règle des cours supplémentaires qui , en plus de leur dimension économique horriblement coûteux impose à l’élève notamment des classes terminales un double emploi de temps. Le premier fonctionnel,en classe ,et le deuxième réel dans les locaux privés contre paiement .Comment l’élève peut-il se concentrer pour d’éventuelles préparations ou comment peut-il trouver le temps de se documenter et se cultiver ?
Pourquoi a- t-on supprimer la neuvième année juste après la deuxième promotion ?A quelle finalité a-t-on introduit le principe des vingt cinq pour cent sur le système de décompte au baccalauréat ?
Toutes ces questions et bien d’autres méritent d’être discutées, et analysées avec tout le sérieux que revêt l’éducation de nos générations futures avec une participation des plus larges de tous les protagonistes .Aux fins de s’acquitter d’un devoir national on ne peut plus brûlant et lourd d’implications .
La capacité d’un pays à résister aux vicissitudes de la vie n’est-elle pas fonction de sa faculté a préparer les forces de la relève en leur octroyant une solide et rationnelle éducation
(Source : « Le Temps » du 7 janvier 2006)

Recherche scientifique tunisienne

Fuite des cerveaux et compétences un peu trop volatiles

SALAH BEN HAMADI
Pour beaucoup de spécialistes, qualifier, comme autrefois, l’émigration des universitaires et des scientifiques de  »fuite de cerveaux », à l’heure de la mondialisation, serait anachronique et inapproprié.
Le terme adéquat pour bien apprécier le phénomène, dans le nouveau contexte est, selon eux, la libre mobilité des compétences et des populations universitaires. Mais la question n’est pas pour autant tranchée.
Le cas de la Tunisie :
Dans cette perspective, les études récentes ont même développé le concept de mobilité entrante applicable aux flux d’entrée des scientifiques et universitaires dans un pays donné et celui de mobilité sortante pour décrire le flux de sortie et d’émigration des scientifiques et universitaires d’un pays vers d’autres pays.
S’agissant de la Tunisie, des recoupements concordants estiment à 3600 le nombre des scientifiques, chercheurs et enseignants universitaires tunisiens établis à l’étranger, principalement dans les pays développés d’Europe et d’Amérique du Nord, dont 80 tunisiens hautement qualifiés dans les divers domaines des sciences informatiques exerçant dans 10 pays étrangers, essentiellement européens, selon un répertoire établi par le ministère de l’enseignement supérieur. Deux d’entre eux sont installés aux États Unis et 6 au Japon.
Parallèlement, on compte 1718 étudiants tunisiens boursiers à l’étranger, en 2004, répartis entre 1447 étudiants bénéficiant d’une bourse nationale et 271 d’une bourse de coopération.
Dans l’optique actuelle d’ouverture et de globalisation, les décideurs et beaucoup de spécialistes indépendants jugent le fait très positif et profitable pourvu de savoir en tirer le meilleur parti.
Les savants et universitaires tunisiens dans les pays développés sont considérés comme une tête de pont facilitant l’accès aux sources du savoir. Mais au même moment, la mobilité sortante des cerveaux est une forme d’exportation des compétences qui permet d’offrir à nos scientifiques et cadres supérieurs, des emplois bien rémunérés et adaptés à leurs qualifications. D’ailleurs, la Tunisie a, dans ce domaine, des traditions ancrées en matière d’envoi de cadres supérieurs tunisiens à l’étranger à titre de coopérants . D’autant que ces mêmes cadres ont toujours été nombreux à rechercher des emplois à l’étranger.
Consolider les liens :
Diverses actions sont, parallèlement, entreprises pour consolider les liens avec les scientifiques et universitaires tunisiens à l’étranger de manière à mettre à profit leurs compétences et leur contact direct avec les sources du savoir, au service du développement scientifique et économique du pays. Plusieurs associations de scientifiques, chercheurs et étudiants tunisiens à l’étranger ont été créées , à cet effet, en 2004-2005, les Universités tunisiennes ont invité 126 compétences tunisiennes à l’étranger, à venir, comme professeurs visiteurs, animer des cours intensifs semestriels dans divers établissements tunisiens d’enseignement supérieur.
Par ailleurs, près de 6000 demandes d’équivalence de diplômes étrangers sont déposés auprès du ministère de l’enseignement supérieur par des tunisiens revenus de l’étranger, ce qui montre que la mobilité sortante des étudiants est largement compensée par une mobilité entrante.
Élite :
Cependant, plusieurs esprits, parmi lesquels des professeurs universitaires, continuent de voir dans l’émigration des scientifiques et des universitaires tunisiens à l’étranger, une perte et un manque à gagner aux plans tant scientifique qu’économique, social et culturel, en arguant qu’il s’agit de l’élite et de la crème scientifique du pays dont la formation a coûté des dépenses considérables pour la collectivité nationale. Aussi, leur départ entraîne un appauvrissement certain au niveau des ressources humaines les plus créatives.
D’après eux, le fait incite d’autant plus à la méditation que les pays européens développés deviennent de plus en plus avides de compétences, de scientifiques et de chercheurs performants, à telle enseigne que la coopération scientifique et académique est utilisée par eux, parfois, comme un support pour recruter les étudiants et les éléments brillants en général, grâce à l’octroi de bourses d’études de toutes sortes, des études de premier cycle aux études post-doctorales, outre les divers encouragements consentis , à titre exclusif, aux scientifiques et universitaires, en matière d’émigration dans les pays de l’Europe occidentale et en Amérique du Nord.
Cependant, rien n’empêche tous les pays du monde entier de faire autant de sorte qu’au cours de l’année 2004-2005, la Tunisie, par exemple, a invité 365 professeurs universitaires étrangers de haut niveau ,à venir dispenser des cours intensifs, dans les établissements tunisiens d’enseignement supérieur.
(Source : « Le Temps » du 7 janvier 2006)

14 nouvelles agences pour l’UBCI en 2005

L’UBCI du groupe BNP Paribas a ouvert, en 2005, 14 nouvelles agences, dont la dernière à Bab El Jazira, outre le Kram, Sousse Corniche, Mokenine, El Mourouj, Ezzahra, Beni Khalled, Avenue de Londres, Sfax, Moulinville, Sakiet Ezzit, La Soukra, Ariana, Hammam-Sousse et Sousse Senghor.
La banque compte aujourd’hui un réseau de 66 agences, signe d’une volonté d’expansion et de repositionnement en termes de part de marché.
 
Toutefois, il est intéressant de constater que plusieurs banques et institutions financières de la place de Tunis multiplient les expansions de leur réseau commercial, et que le nombre des banques ne cesse d’augmenter, alors que la population bancarisée reste stable, que le taux des crédits douteux s’élève à 30% du volume total des crédits, au point de constituer l’un des taux parmi les plus élevés dans le monde arabe.
Par ailleurs, cette expansion du réseau commercial des banques ne s’est pas vraiment traduite pour les clients par des nouveautés au niveau produit, ou des conditions de crédit différentes, d’autant que la plupart des banques continuent à afficher le même taux de crédit, les mêmes conditions, les mêmes services ; rares aussi sont les banques qui font du scoring pour le crédit, ou n’offrent des cartes de crédit revolving.
Espérons que cela viendra en 2006, c’est tout le vœu qu’on peut leur souhaiter. T.B.
(Source : www.webmanagercenter.com , le 07/01/2006 à 07h00)

IL SUFFIT…
Par Biju.
Je crois que le fait d’être extrêmement mal dans son quotidien , son pays , sa terre , ses proches , ses rêves , ses visions et ses projections, c’est quand même l’ état le plus primitif , le plus bestial et dégradant de la nature humaine , c’est la cas de la majorité des tunisiens , qui par la force des choses et l’horreur de la dictature , vivent dans le renoncement , la lâcheté et l’imposture . Je crois que c’est cette habitude au compromis , à l’arrangement , à une certaine forme d’atavisme socioculturel qui nous le donne , et c’est la société humaine qui nous entoure,celle , minoritaire de l’excellence , et l’autre majoritaire de la déchéance , encore plus que nous , c’est notre regard soumis porté sur eux qui nous le donne et nous fige dans la suffisance ,la surenchère , l’autosatisfaction , la frilosité et la prudence qui sont véritablement les chaînes qui nous clouent à la passivité mortelle , et à ce laisser aller , ce laisser mourir qui frappent toutes les classes et toutes les générations confondus de cette Tunisie formatée, pour toutes les desiderata du système, paupérisée sous vide, et face à ça, je ne suis pas seul dans ce cas à tourner en rond , je lis des textes limitatifs et stylistiques qui ne veulent rien dire ,des textes inquisiteurs et qui ne proposent rien , ne poussent à rien d’autre qu’à donner l’illusion de déranger les espaces lunaires de notre chère opposition , des textes réquisitoire où il est question d’islamisme et de laïcité , de lâcheté, résignation et double pensée , des discours pédants à dégorger toutes et les rares bonnes volontés .Des textes qui dénoncent évidemment comme toujours chez les autres , leurs propres tares , la facilité est aussi une forme de lâcheté et de résignation et tient toujours sans aucun doute de la multiplicité des discours. Moi qui fais partie des inexpérimentés néophytes en tout, je vois tellement d’esquisse de projets défiler,de délires avorter ect…mais ce que je vois bien , surtout, c’est qu’il n’y a que les jeunes tunisiens qui vivent la réalité tunisienne , les hittistes , les diplômés , les chômeurs , et comble de l’horreur les « harragua » les kamikaze d’un genre nouveau , notre Intifada à nous les tunisiens , qui se sacrifient pour essayer de nous libérer de cet autre colonialisme qui nous spolie de nos vies , je crois qu’il n’y’a pratiquement que ces jeunes là qui vivent vraiment le cancer qui peu à peu se généralise chez nous , et qui ont une conscience d’eux-mêmes , et de notre patrie , qui est une conscience flamboyante et dramatique. La plupart des tunisiens sont « assassinés » sur place. La plupart, ça ne les rend même pas irréductibles parce qu’ils n’ont pas conscience d’être assassinés sur place, tout cela est devenu naturel et coule de source pour eux. Même l’immonde et l’inacceptable quand ils sont matraqués finissent par trouver leur place dans le décor des peuples faibles, nous sommes un peuple faible, par manque de reconnaissance à la vie tout simplement, et par manque de respect envers nous-même.
 

 

Abdel Halim Khaddam veut « oeuvrer à la chute du régime » syrien

Mouna Naïm
Cinq jours après que la commission d’enquête internationale a demandé à l’auditionner à propos de l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, l’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam a été entendu, vendredi 6 janvier à Paris, pendant deux heures, par Detlev Mehlis. Le juge allemand continue d’assumer la présidence de la commission jusqu’à la nomination officielle prévue le 11 janvier de son successeur, le juge belge Serge Brammertz. M. Khaddam refuse de faire la moindre confidence. Dans son hôtel particulier du 16e arrondissement, il affiche néanmoins la sérénité d’un homme qui estime avoir fait son devoir.
La commission veut également entendre le chef de l’Etat syrien, Bachar Al-Assad. Si ce dernier « accepte, ironise l’ancien vice-président, il faudra que les enquêteurs se fassent accompagner par un expert psychologue. Bachar Al-Assad est un impulsif, un nerveux et un grand peureux. Il suffit que le dernier venu lui rapporte qu’untel a médit de lui pour que ce dernier se retrouve immédiatement en prison, quitte à être libéré trois ou quatre jours plus tard, parce qu’un autre quidam aura assuré le président du contraire ». Influençable aussi, si l’on en croit M. Khaddam, qui raconte comment, dès 1999, lorsque feu son père lui avait confié le dossier du Liban, Bachar Al-Assad avait été littéralement dressé contre Rafic Hariri par un groupe de jeunes Libanais de son âge, à l’instigation d’officiers des services de renseignement de l’armée de leur pays et du président libanais, Emile Lahoud.
Plus sérieusement, M. Khaddam, devenu un paria dans son pays pour avoir osé critiquer publiquement le pouvoir, est déterminé à « oeuvrer à la chute du régime » dont « les politiques erronées » à l’intérieur et avec l’étranger « infligent au peuple syrien de grandes souffrances, étouffent les libertés et interdisent toute participation politique, alors que la crise économique est étouffante et que les pressions extérieures suscitent de vives inquiétudes ». Ses biens en Syrie ainsi que ceux de ses enfants viennent d’être saisis, et il dit savoir que « la décision a été prise de [le] tuer », avant même les critiques publiques qu’il a faites au régime. Mais il affirme n’en avoir cure et qu’il fallait une « décision courageuse ». Il est convaincu que « le processus de changement va se déclencher ». Il est « hostile à un coup d’Etat militaire, et à l’ingérence de l’armée dans la politique ». « La Syrie en a suffisamment pâti, dit-il. C’est le peuple qui doit conduire le changement. Ce n’est pas la voie la plus facile, mais c’est la plus sûre et une meilleure garantie pour l’avenir. » FAUTES PRÉSIDENTIELLES Est-ce l’âge et/ou son entrée dans l’opposition « extérieure au régime » ou encore le rôle qu’il veut visiblement se donner de sauveur de la Syrie ? Abdel Halim Khaddam a en tout cas changé. Le dirigeant sévère, au regard bleu d’acier, glacial et glaçant, est aujourd’hui un homme affable, disponible, qui assure que « depuis des années, en particulier depuis l’accession à la présidence de Bachar Al-Assad en juillet 2000, il est porteur de vues différentes des vues officielles ». Il affirme aussi ne pas être seul, que d’autres que lui en Syrie « se manifesteront en temps opportun », le temps que « certaines dispositions soient complétées et grâce au cadeau que le régime » offre aux partisans du changement « par l’effet accumulé de ses erreurs ».
Lui-même a des « contacts » et des « amis » dans son pays, où une « coopération s’est instaurée avec différents courants », hommes politiques et dirigeants « de l’intérieur et de l’extérieur du parti » Baas au pouvoir. « Un processus est en cours, affirme-t-il, pour les réunir autour d’un programme dont l’objectif est de bâtir un système démocratique, qui autorise les libertés publiques, abroge la loi sur l’Etat d’urgence en vigueur depuis 1963, trouve des solutions à la crise économique et permette à la Syrie de recouvrer sa place sur les plans arabe et international. »
M. Khaddam admet que, sous la présidence d’Hafez Al-Assad, dont il était l’un des plus proches compagnons, le régime ne s’illustrait pas par son ouverture et son respect des libertés. Mais il s’en distancie en faisant valoir que, en tant que ministre des affaires étrangères puis vice-président, il ne s’occupait que de politique extérieure. Ce qui ne l’a jamais empêché de dire sa différence, comme en attestent, selon lui, dès 1971, les procès-verbaux des réunions des instances dirigeantes du parti et de l’Etat, et en 2002 dans un ouvrage, Le Système arabe contemporain.
« Les choses sont devenues plus évidentes pour moi après la chute de l’Union soviétique, indique-t-il. J’ai dit alors que la Syrie devait changer l’aiguillage d’une politique intérieure pratiquée à l’ombre de nos relations avec ce pays qui nous apportait son soutien à l’intérieur et sur le plan international. J’étais un opposant de l’intérieur. »
M. Khaddam est plus mal à l’aise lorsqu’on lui demande pourquoi il ne s’est pas insurgé contre la répression qui s’est abattue sur les Frères musulmans en 1982 et qui a fait entre 10 000 et 15 000 victimes dans la ville de Hama. « Un quart de siècle est passé sur cette affaire, et je préfère ne pas en parler pour ne pas rouvrir des plaies à un moment où nous avons besoin de l’unité nationale qui requiert la participation de tous les citoyens, Frères musulmans inclus », fait-il valoir. Il fait tout de même remarquer que les Frères musulmans « furent les premiers à tuer » des cadets alaouites de l’Académie militaire d’Alep en 1979 , tout en admettant que « la répression officielle fut totalement démesurée ».
Ce qui a amené ce vieux routier des cercles officiels à entrer en dissidence, à annoncer, en juin 2005, au 10e congrès du Baas, sa démission de ses fonctions au sein de l’Etat et de la direction du parti, c’est « la désespérance de voir le pays se réformer en dépit de tous les efforts, des études et des dossiers » plaidant en ce sens qu’il a lui-même présentés au président syrien. C’est aussi une accumulation de fautes présidentielles, tant dans les relations avec la France qu’avec le Liban, où Bachar Al-Assad a, selon lui, sacrifié l’intérêt national au profit d' »intérêts véreux de membres de sa famille singulièrement de son frère Maher et de son beau-frère Assef Chawkat et de certains officiers de sécurité au Liban et en Syrie ».
(Source : « Le Monde » du 08 janvier 2006)


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